Citations de Christina Sweeney-Baird (23)
Je pensais que virer Raymond m'apaiserait. De fait, je suis dépitée. Je pensais me sentir vengée, vivante, prête à avancer. Je pensais éprouver du soulagement, sachant que cet homme minable et incompétent était hors d'état de nuire. Cela semble si simple puis, une fois l'acte accompli, on se rend compte à quel point il est vide de sens. Je viens de découvrir sur le tard que désigner un bouc émissaire est une solution de facilité. Qu'arrive-t-il lorsque vous avez dénoncé le coupable ? Le monde ne change pas pour autant. Que fait-on ensuite ?
Ceux qui ont survécu sont désespérés et les plus grandes découvertes scientifiques naissent rarement du désespoir. Une persévérance sereine est bien plus susceptible de remporter la bataille.
Pourquoi les hommes mauvais survivent-ils ? Il doit y avoir une erreur.
Maintenant, pour parler des gens, on dit " les femmes ". Je n'aime pas ça. Je l'ai fait remarquer à une prof de sociologie. Selon elle, c'est une question de majorité. À mon avis, ce n'est pas une raison suffisante pour ignorer les hommes qui ont survécu. Je n'ai pas insisté, parce que je ne veux pas m'attirer d'ennuis.
Les femmes n'ont pas inventé Le Fléau toutes seules. Les bêta ont sacrifié leur genre pour que la gynarchie puisse nous détruire. Et je sais comment ça va se terminer. Les hommes vont être affectés aux fermes et aux travaux forcés. Ils serobt obligés de donner leur sperme pour que les femmes continuent à procréer sansxeux. Nous assistons à la fin des hommes.
J'étais si convaincue d'avoir causé la perte de ma famille qu'il m'était impossible d'écouter mon désir d'enfant. Je veux un bébé. Je veux être une mère à nouveau. Je veux m'ouvrir à la vie au lieu de ressasser mon deuil. Vivre et survivre sont deux choses très différentes.
-Rappelez- leur qu'avoir un travail, c'est avoir un but. Même si on n'en veut pas, un travail est une raison de se lever le matin. C'est avoir un avenir auquel on ne croyait plus.
Marianne est une créature rare : une fonctionnaire compétente dotée d'un sens de l'humour.
- Vous avez perdu qui? Qui dans votre famille est mort ?
Jamais on ne m'a posé la question de manière si directe.
- Anthony, mon mari et Theodore, mon fils, dis-je d'une voix douce.
Déconcertée, je sens monter les larmes.
- Je demande, comme ça ils ne sont pas oubliés, dit Poppy. Vous vous souvenez d'eux et moi aussi, maintenant.
Je suis toujours à Devon. Rester ici n'a aucun intérêt, pour autant, je ne peux me résoudre à partir. J'ai commis le premier crime de ma vie : j'ai enterré mon fils. Drôle de manière d'enfreindre la loi, après des années d'obéissance civile scrupuleuse. Je n'aurais pas supporté que l'on emporte le corps de mon fils pour l'incinérer. Je n'ai rien, ni objet ni endroit, pour commémorer Anthony. Je refus d'être privée de Théodore aussi.
« Personne n’est censé tirer profit de l’Apocalypse. » (p. 250)
Jamais je me suis sentie aussi puissante. Voilà ce que devaient éprouver les hommes avant. Quand leur seule présence physique suffisait à mettre un autre être humain en fuite. Pas étonnant qu'ils en aient tant profité.
Je suis censée rentrer dans trois semaines, juste à temps pour reprendre le travail en janvier. « Le Fléau européen est voué à disparaître, Elizabeth, a déclaré mon supérieur. De toute évidence, il comporte un élément génétique. » Son arrogance est à couper le souffle. Nous ne sommes généticiens ni l’un ni l’autre. J’aimerais posséder cette assurance, cette confiance en ma propre opinion qui me permettrait d’affirmer qu’un virus comporte un élément génétique bien que je ne connaisse rien à la génétique et que je n’aie jamais observé ledit virus sous un microscope.
Un vieux sage avait l'habitude de me répéter un proverbe : "Plus on travaille, plus on a de la chance."
Je ne peux pas contribuer aux efforts pour trouver un vaccin – je manque de compétences médicales – et je n'ai plus personne sur qui veiller. A tout le moins, je peux relater le Fléau, les vies brisées, perdues ou transformées. Je vais recueillir les témoignages des survivants. J'ignore de quelle manière la crise se terminera. Personne ne le sait. La race humaine va peut-être s'éteindre. 10% des hommes sont immunisés. En l'absence d'un vaccin, 10% des hommes ne peuvent concevoir plus de 10% des bébés qu'ils concevaient avant. La moitié de ces bébés seront des filles. Seuls 10 à 15% des garçons seront immunisés. Les chiffres ne font pas le compte. Le Fléau sera peut-être notre ruine. (p. 193)
- Pendant le Fléau, l'hôpital s'apparentait à une zone de guerre. Je ne pouvais me préoccuper de la santé malade des gens, j'étais trop occupée à m'assurer que nous avions assez de gaze, d'antibiotiques et d'antiseptiques pour opérer les patients et leur sauver la vie.
Tania pousse un grognement.
- Devinez quoi, la santé mentale est aussi une question de vie ou de mort.
Les trolls se font plus rares, toutefois les femmes trans continuent d'être la cible de commentaires malveillants. Selon certains, j'aurais mieux fait de mourir - le monde n'a pas besoin d'hommes qui se déguisent en femme, le monde a besoin d'hommes tout court et je n'aurais pas dû changer de sexe. Je suis une femme, je n'y peux rien si une maladie atroce a ravagé la planète. Le monde a besoin d'êtres humains.
Ce n'est pas parce que votre mari vous quitte que votre maison ne risque pas de brûler. En d'autres termes une tragédie ne vous premunit pas contre une autre tragédie.
Tu sais, le monde n'a pas besoin de se souvenir de toi pour que tu aies compté. Ceux que nous aimions nous aimaient. Peu de gens peuvent en dire autant.
« À mon avis, Bernard est immunisé parce qu’après l’avoir entendu débiter ses âneries misogynes, le Fléau s’est dit ‘Non merci, je n’en veux pas de celui-là’. S’il vous fallait une preuve que les meilleurs partent toujours en premier, considérez le fait que Bernard est l’un des seuls députés de son parti qui ait survécu. » (p. 232)