27 oct. 2022
Rencontre en ligne Un endroit où aller du20/10/2022 avec Christine Cayol pour son roman "L'amour est un thé qui infuse lentement", paru aux éditions Hervé Chopin.
Elle est interviewée par Nathalie Couderc.
« Pratique le non- agir ,
Laisse faire le laisser - faire ,
Savoure l’insipide .
Magnifie l’infime .
Fais cas du peu » ..
LAO TSEU , stance LXIII éditions Belles-lettres .
Vérité du temps : c'est lui qui permet de se découvrir, de se comprendre, de se pardonner. Il est la clef du pouvoir mais aussi du don.
Il est la grâce par laquelle nous nous sentons légers et qui nous fait avancer les uns vers les autres, en rythme, tels des danseurs.
Le temps permet à toute chose d'exister. A force de le percevoir comme un ennemi ou une denrée rare, nous avons oublié ce qu'il était.
Pour qu'il y ait "culture", il faut des hommes et des femmes qui se risquent à dire ce qu'ils comprennent devant ces oeuvres déposées dans nos églises, nos palais, nos musées, nos livres. Il faut bien sûr des artistes, écrivains, scientifiques, architectes, musiciens... qui expriment leur vision et leur pensée, mais il faut tout autant de lecteurs qui osent lire, relire et relier ces oeuvres, dans une "interprétation" singulière. Chacun de nous peut le faire, car là commence le premier acte d'une culture vraiment personnelle, dans le désir de regarder "par soi-même".
Attendre l'avenir comme une femme son enfant :
non pas sans rien faire mais en le portant avec confiance
« Je crois en l’amour qui vient du ciel et nous ré- unit , nous fait retrouver alors même que nous nous égarons dans toutes sortes d’activités qui aident à ne pas penser.
Je crois en l’amour comme certains croient en Dieu , non pas parce qu’ils le désirent mais parce qu’ils savent qu’il existe, c’est tout .Cela n’a rien à voir avec la pensée. »
Le temps numérique n'a pas éclipsé ce sens du rythme et de la disponibilité que l'on perçoit dans la façon dont les choses se vivent et dont les personnes entrent en relation.
En Chine, "time is money", mais il reste aussi agricole : le temps demeure sensible et naturel, réglé sur un ordre cosmique, épousant les saisons.
L'utilisation du temps "occidental" n'a donc pas éclipsé la perception culturelle du temps chinois : celle du nuage, du bâton d'encens, celle des vagues et des moissons, des poètes et des papillons. Le temps, comme l'espace, se doit de respirer en laissant du vide, et en permettant d'autres respirations.
Le temps industriel et numérique est donc en permanence régulé par une perception plus ancienne et plus profonde, dont le fondement est culturel : celle d'une durée qui se règle sur la calligraphie, l'acupuncture, le tai-chi, le feng shui et l'art de l'amitié. Durée ample et souple comme les manches des vêtements des mandarins, elle laisse passer les souffles et ne se confond pas avec le "timing serré" des Occidentaux qui ont du mal à se "dégager".
« Dire que j’ai aimé Paris, ferme et étroite comme des hanches de petite femme, puis soudain vaste et généreuse , c’est peu dire.
Cette ville donne l’impression, à ceux qui ne la connaissent pas, que vous êtes un ami puis , à ceux qui la connaissent un peu, que vous êtes un intrus et que vous le resterez » …
Ils voient la Chine à travers des codes, des conduites à suivre, un marché à conquérir, cela pour une durée de trois ans. Ils ont besoin d'un kit pour aller vite et je leur fais croire qu'il en existe un.
« Encore aujourd’hui, nous ne nous comprenons vraiment qu’en passant à l’écrit ; vous le voyez dans la rue : quand nous avons du mal à nous comprendre, nous dessinons des caractères dans la paume de la main pour voir à quel sens nous nous référons. »
« La voie est une eau tempétueuse qui se répand de tous côtés , elle pourvoit sans mot dire à l’existence des êtres » ….
LAO TSEU , stance IIIIV .