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Citations de Christine Féret-Fleury (410)


C’est connu : les humains ne cessent de se battre comme des chiens enragés qu’en se mettant à table. Et pour bien cuisiner, goûter, rectifier un assaisonnement ou l’épaisseur d’une sauce, se laisser aller enfin à sa propre satisfaction avant d’en faire cadeau aux autres convives.
(pages 62-63)
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Quand nous sommes entrés dans le camp, je ne m’y étais pas habituée, pas encore, mais mes vêtements et mes cheveux en étaient déjà imprégnés. Elle nous accompagnés comme une chienne malade et trop fidèle. Excréments, déchets pourrissants, fumée, eau croupie. Milliers de bouches mâchant une nourriture insipide ou simplement la faim, la colère, la fatigue. Milliers de corps transis de froid. Milliers de mains tendues – vers nous, vers eux… Eux qui, désormais incarnaient le pouvoir.
(page 85)
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Voilà. C’est comme ça que débute la grande dégringolade : on se met à parler à un chat, ou à un ridicule petit chien pourvu d’un manteau écossais et de petites bottines imperméables pour l’hiver. À brève échéance, c’est l’hôpital psy, la télé allumée en permanence, les séances d’art-thérapie, puis, à la fin de tout ça, l’urne funéraire proposée en dix modèles dans le catalogue des pompes funèbres, du plastique moulé en faux marbre de Carrare.
(page 53)
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On ne voit plus la côte. L’eau nous cerne, faussement paisible. Ils sont si nombreux à s’être noyés. Des hommes, des femmes, des pères des mères avec leurs enfants, des familles entières. Je crois voir leurs visages monter vers moi au creux de chaque vague qui gonfle et déferle sous le bateau.
(page 41)
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Je sentais que cette crasse pelucheuse était montée à l’assaut de mon corps, l’avait recouvert et terni, et que plus personne ne voyait qui se cachait derrière. Fabrizio et d’autres s’étaient chargés de me le faire comprendre : j’étais un thon, une grande gueule, une mal baisée pour faire court et brutal, deux adjectifs qui caractérisaient assez bien les hommes du genre de Fabrizio.
(page 22)
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Près du lit d’une enfant endormie, l’espoir ne peut pas mourir. Il suffit d’un rien pour le ranimer.
Il suffit d’un mot.
(page 237)
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Une cuisine en dit long sur celle ou celui qui y travaille, car ce sont ses gestes qui la modulent : son ordre, ses routines, son passé.
(page 103)
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Depuis un moment, j'avais l'impression que le moteur émettait un bruit bizarre. Une sorte de grondement. Ou de vrombissement. Pourvu que ce vieux clou ne tombe pas en panne ! Je n'avais pas besoin de ça. J'ai trituré le rétroviseur, donné un coup du plat de la main sur le tableau de bord, mais le bruit semblait gagner en intensité. Je me sui rangée sur le bas-côté et j'ai coupé le contact.
Le bruit ne venait pas du moteur, mais du chat. Il ronronnait.
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Je dois apprivoiser chaque vague, chaque secousse – mon corps reviendra aux jours où je portais notre enfant en moi, il s’oubliera pour ne plus être que la forteresse où elle s’abritera, où le destin cessera enfin de la maltraiter – jusqu’à ce que la nuit touche à son terme et que la côte apparaisse dans les vapeurs de l’aube.
(page 39)
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Les nuages, très longs, dérivaient doucement. J’aurais pu croire que je volais. Et, enfin, l’horizon s’ouvrait devant moi.
(page 156)
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C’est ça, la beauté. Une sorte d’invasion qui vous repousse autant qu’elle vous attire.
(page 134)
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Quand nous mettons un enfant au monde, nous ne sommes préparées à rien.
(page 59)
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Je sentais que cette crasse pelucheuse était montée à l’assaut de mon corps, l’avait recouvert et terni, et que plus personne ne voyait qui se cachait derrière. Fabrizio et d’autres s’étaient chargés de me le faire comprendre : j’étais un thon, une grande gueule, une mal baisée pour faire court et brutal, deux adjectifs qui caractérisaient assez bien les hommes du genre de Fabrizio.
(page 22)
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C'est un cadeau que je me suis fait à moi même. J'ai décidé de ne plus attendre ceux des autres. Désormais, je vais prendre soin de moi. Je vais m'offrir tout ce que je désire.
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Un peu de jour filtrait encore par les trous de la bâche, je voyais les têtes en face de moi, osciller en cadence, oui, signifiait-elles, oui, je suis d’accord. Faites de moi ce que vous voulez, vous aurez tout, mon argent, mes prières, ma reconnaissance. Je ne sentirai rien, ni la soif, ni la faim, ni la saleté lentement cristallisée sur ma peau, accumulée entre mes orteils et sous mes ongles. Je ne crierai pas. Mon corps évidé ne demandera plus à se soulager. Mes yeux se fixeront sur le néant, ouverts et aveugles.
J’oublierai.
(page 11)
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Mais c'était une idée d'enfant, une idée d'avant, quand le fil des légendes brillait encore dans la trame de nos vies.
Qui s'était déchirée. Et qui ne pourrait jamais être réparée.
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Les hommes, eux, se taisaient. Quand je les regardais, immobiles en plein vent ou adossés à un mur, les mains enfoncées dans les poches de leurs parkas, je ne voyais pas des êtres vivants, mais des statues en train de se désagréger dans la poussière. Jour après jour, ils se pétrifiaient, à la merci de la pluie et des bourrasques de tout ce qui griffe, lamine, use, déchire, consume, éparpille et finalement détruit.
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Les hommes ne lisent pas dans leur bain. D'ailleurs, les hommes ne prennent pas de bain, ils sont toujours pressés, et le seul moyen de les faire tenir tranquilles, c'est de les poser sur un canapé devant une demi-finale de Ligue des champions.
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" A Versailles, on est ce qu'on prétend être ."
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Dura lex, sed lex : si les pages roses du Larousse n'avaient pas existé, je n'aurais jamais pu aligner trois mots de latin, mais elles m'ont offert pour à peu près chaque circonstance de la vie une sentence ciselée, mystérieuse, des mots dont l'enchaînement m'est resté obscur alors même que leur sens était aussi évident, aussi puissant que la décharge sucrée d'une première bouchée de chocolat.
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