Christophe Houdaille

Ici, on est loin de ces hommes sur-médiatisés qui arpentent les mers du monde sur le Vendée Globe ou sur la Route du Rhum.

Ici, avec Christophe Houdaille, on est dans un océan d'humilité, de solitude absolue et d'osmose totale avec les éléments de la nature.

Cet homme est bien quand il est éloigné des turpitudes de ce monde, dans ces îles australes que personne ne connait (Crozet, Géorgie du Sud,...) ou au milieu de vagues assassines du côté des quarantièmes rugissants.

Dans ce périple "sans escale", Christophe part, seul, huit mois pour une circumnavigation. Pas de fête de départ en grande pompe au départ de St Malo ou des Sables d'Olonne, pas de sponsor, pas de radio pour discuter avec le reste de la planète, et pas de bateau high-tech pour battre un quelconque record.

Son idée, c'est partir, sans forcément une idée de retour. Son bateau, le Saturnin, minutieusement préparé pour cette aventure est paré pour affronter les affres du climat.

Et dans ce livre, on est avec lui pour sentir la brise, puis le vent, la tempête, les vagues qui ressemblent à des murs insurmontables.

Et Christophe vit toutes les phases émotionnelles depuis la résignation (parfois), jusqu'à l'extase en passant l'angoisse et la peur, des sensations qui lui semblent incontournables dans ce périple où l'on ne peut pas s'accrocher à un ponton ou à une côte toute proche.

Qu'on soit marin ou pas, on se laisse facilement embarquer dans cette aventure (car il faut se laisser embarquer) dans un monde hors du temps, une planète qui ressemble en rien au monde des hommes.

Une nouvelle aventure en compagnie de la collection "petites philosophies du voyage".

Cette fois-ci, j'ai embarqué à bord de Saturnin avec Christophe Houdaille, j'ai observé quantités d'oiseaux (un albatros m'a jeté un regard intrigué), j'ai entendu le vent claquer dans les voiles (néophyte je n'ai pas retenu toutes les dénominations), j'ai été aux Kerguelen, doublé le Cap Horn (même pas eu peur). On a navigué aux côtés d'énormes cachalots et patienté au soleil dès que le vent se faisait attendre.

Le roulis des mots ne m'a pas retourné l'estomac...il y a longtemps que je n'avais pas été sur l'eau sans être malade, merci monsieur Houdaille.
Lien : http://ausautdulivre.blogspo..

Los Pireneos.

Les 916 kilomètres du chemin de grande randonnée (GR) 10 reliant Hendaye à Banyuls peuvent se parcourir en une cinquantaine de jours d’affilée. Sans jamais chercher l’exploit, Christophe Houdaille va traverser les Pyrénées françaises d’ouest en est, de l’Atlantique à la Méditerranée, en 47 jours, sur les mois de septembre, octobre 2013. Son récit, fluide, évocateur et attachant relate son voyage pédestre en solitaire. Aguerri à la navigation hauturière, l’auteur a su troquer les déferlantes pour la houle des cimes. Le texte n’est cependant pas un guide de terrain bien qu’il se charpente sur l’itinéraire labellisé par la Fédération française de randonnée pédestre (FFRP). Les indications pratiques (étapes, temps, dénivelés, etc.) n’apparaissent qu’à la marge. Le ressenti alimente l’essentiel d’un récit documenté. La météorologie, le relief, les rencontres, les lieux de bivouac occupent les pensées de l’auteur et s’inscrivent de fait dans ses écrits. Le lecteur se plaît à cheminer avec un homme qui se dépouille, s’amaigrit et se transcende à mesure que les jours défilent et que l’osmose opère avec les paysages : « Mes journées se sont épurées à l’extrême. Dormir, manger, marcher. Mon existence physique est simplifiée, dépouillée de tout artifice, de toute chose inutile ». Le GR 10, à l’instar du GR 5 traversant les Alpes françaises, est un support pratique pour s’immerger dans une itinérance de plusieurs semaines : « Au bout de quelques semaines, on atteint un état d’équilibre, on devient alors le nomade absolu : mince, droit, se déplaçant à grandes enjambées ». L’auteur incite le lecteur à se lancer dans cette aventure : « Comme il n’y a rien de bien compliqué, le succès d’une randonnée est avant tout une question de bon sens. » Plus loin, il écrit : « L’erreur serait de ne pas se mettre en route si l’on en éprouve le besoin ». Maintenant les Pyrénées constituent une chaîne montagneuse d’une exceptionnelle richesse floristique, faunistique, géologique et humaine qui s’étend davantage encore en Espagne. Les sentiers pour les parcourir sont multiples et peuvent s’ordonner à l’envi. Entre le GR 10 en France et le GR 11 en Espagne, la haute route pyrénéenne (HRP) sinue sur les hauteurs. Trans Pyr’ est un panachage de ces trois grands axes, évitant le yoyo lié au franchissement des vallées transversales, notamment en Ariège où l’itinéraire espagnol, davantage en courbe de niveau, est privilégié. Les éditions Transboréal, à travers sa collection « Voyage en poche », propose de très intéressants témoignages qu’une ligne éditoriale exigeante permet de peaufiner tant dans la forme qu’à travers les thématiques abordées. En fournissant la photographie couleur en couverture, Christophe Houdaille montre simplement, en passant, la somptuosité de la montagne baignée dans une lumière aurorale.

Les iles de la désolation (Kerguelen) m’intriguent. Ses terres volcaniques aux portes de l’antarctique sur le 40eme rugissant ont quelques choses d’effrayant et de fascinant. On suppose que c’est ce qui poussa Christophe Houdaille dans cette expédition et j’espérais découvrir ces iles à travers sa plume.

Finalement, il s’agit plutôt du récit plaintif d’un aventurier qui ne sait pas ce qu’il veut.

Tantôt en recherche, tantôt en souffrance de cet isolement, on regrette de lire en boucle les (mêmes) états d’âme de l’auteur qui manque dès lors de capturer l’âme de l’ile.