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Critiques de Christopher Cantwell (34)
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Everything

Ouah, en voilà une bande dessinée qui fait son poids !

Avec ses 200 et quelques pages dans un beau papier bien épais et avec une très belle reliure, cette bande dessinée d’un format facile à prendre en main est un très bel objet.

Mais qu’en est-il du contenu ?

Nous allons suivre le quotidien de toute une brochette de personnages qui gravitent tous autour du tout nouveau complexe commercial qui vient de s’installer dans une ville du Michigan.

Le début de ma lecture fut un peu laborieux, justement à cause de la multitude de personnages, vraiment très nombreux, et dont les histoires se superposent parfois sur une même page.

Cette bande dessinée prend son temps pour nous immerger dans l'ambiance des années 80, avec une démonstration de ce que les centres commerciaux représentaient pour l’époque, des sortes de paradis sur terre où on pouvait acheter de tout ou presque, mais où les conditions de travail n’étaient pas forcément optimum et où régnaient une certaine “dictature du bonheur”, une obligation absolue d’être heureux, à grand renfort de publicités colorées, voire criardes placardées un peu partout.

On va découvrir qu’il se passe des choses étranges dans ce temple de la consommation, des choses pas toujours honnêtes ni tout à fait réelles d’ailleurs.



J’ai bien aimé le mélange entre cette critique de la surconsommation et le fait de plonger dans une atmosphère surréaliste, même si cela embrouille un peu le lecteur, qui ne sait pas très bien vers quel genre d’intrigue il se dirige.

Le récit semble parfois un peu chaotique, il faut vraiment avancer loin dans le récit pour que tout s’éclaire et encore….

J’ai bien aimé le jeu des couleurs très vives, à la sauce des années 80, même si ce genre de graphisme ressemblant beaucoup aux comics n’est pas ce que je préfère, mais là, ça s’y prête bien.

J’ai toutefois été un peu déçue par le propos qui m’a semblé un peu réchauffé, car des critiques de la société de consommation, j’en ai déjà lu plusieurs, je pense par exemple à l’excellent “Days” de James Lovegrove, qui se passait dans le plus grand centre commercial jamais construit.

En ce qui concerne la partie qui met en avant l’obligation d’être heureux, ça m’a rappelé tous les livres à la mode sur le développement personnel, et ça, ce n’est vraiment pas mon truc.

Cette bande dessinée a des qualités et je l’ai lue sans déplaisir mais elle ne me restera pas en mémoire très longtemps.

Je remercie chaleureusement Babelio et 404 Editions pour cet envoi.
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Everything

Un comics généreux qui bouscule par son originalité mais difficile de savoir réellement quoi en penser.



Le début d'Everything est perturbant et c'est au lecteur de faire l'effort de comprendre l'intrigue et les enjeux, tout semble un peu flou. Christopher Cantwell et Ian Culbard nous propose un comics engagée et qui fait réfléchir mais j'avoue être resté un peu à côté de l'ensemble sans pour autant ne pas y voir la qualité du récit.
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She Could Fly, tome 3 : Fight or Flight

Appréhender la réalité

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Ce tome fait suite à She Could Fly Volume 2: The Lost Pilot (2019) qu'il faut avoir lu avant. Celui-comprend les épisodes 1 à 5 constituant la saison 3, initialement parus en 2021, écrits par Christopher Cantwell, dessinés et encrés par Martín Morazzo, avec une mise en couleurs réalisée par Miroslav Mrva. Il comprend une postface d'une page, rédigée par Cantwell expliquant que son héroïne ne sait pas où elle va que ce soit en termes de sens, de santé ou d'amour. Cantwell est le cocréateur de la série TV Halt And Catch Fire.



Au recto et au verso d'une page blanche, avec une tâche de rond de café, Luna Brewster a établi une liste de gens disposant de la capacité de voler. Il y a en a plus de soixante-dix, allant de Superman et des frères Wright, à peut-être Jésus (mais ce n'est pas sûr) et tous les pilotes de la première guerre mondiale et des suivantes, en passant par Jean-François Pilâtre de Rosier, Mary Poppins, Ultraman, John Alcock et Arthur Brown, Buzz Aldrin, Shazam, Howard Hughes, Tom Cruise dans Top Gun, Mario avec une cape et bien d'autres. Au temps présent, des images défilent dans la tête de Luna Brewster qui se tient immobile sur une passerelle piétons : une palette de peinture, une girafe sur le terrain d'un match de baseball, c'est son animal favori, une girafe, un éléphant et un zèbre se tenant sur une tourte. Son flux de pensée s'interrompt et elle se demande ce qu'elle était en train de faire. Elle se tient immobile, debout dans la grande pièce unique de son appartement, avec encore son bonnet de laine sur la tête. Ou alors elle est derrière le comptoir de l'établissement Good's Popcorn où elle travaille en tant qu'employée servant du popcorn dans des cornets, aux clients. C'est là qu'elle travaille. Et maintenant elle a son appartement. Parois elle se trompe d'arrêt de bus pour descendre.



Luna Brewster sait qu'elle souffre d'un syndrome dysexécutif qui a été causé par une intervention chirurgicale sur son cerveau. Ses parents avaient décidé de cette opération de chirurgie du cerveau, à cause de la gravité de ses troubles obsessionnels compulsifs. Elle n'avait que seize ans. Maintenant elle a treize ans, non dix-huit ans, dix-huit ans. Ce n'est pas si grave que ça en a l'air, malgré la cicatrice sur la partie gauche de son crâne, là où les cheveux ne repoussent pas. Mais elle n'aurait pas dû avoir une opération du cerveau : c'était plus de dérangement que ça n'en valait la peine. Du coup elle ne parle plus à ses parents même s'ils l'appellent très régulièrement, car elle est en colère contre eux du fait de l'opération. Elle a dix-huit ans : à son âge, les autres vont à la fac, mais elle, elle travaille à Good's Popcorn. Mais elle est plutôt heureuse de sa vie : son appartement, une vie d'adulte. Évidemment, elle a tendance à s'embrouiller parfois, et le syndrome dysexécutif ressemble parfois aux troubles obsessionnels compulsifs : s'inquiéter, prendre beaucoup de notes écrites, penser qu'on va tout oublier, tout vérifier beaucoup trop de fois, s'inquiéter qu'on la replace dans une institution. Parfois elle est très en colère, sans bien savoir pourquoi. De temps à autre, la femme volante passe dans le ciel.



Le lecteur retrouve avec plaisir Luna Brewster au comportement un peu bizarre, comme lié à une légère déficience mentale. Il a conscience qu'il a failli ne jamais pouvoir découvrir la dernière partie de cette trilogie de miniséries, la pandémie globale ayant remis en cause la viabilité économique de la parution en épisode mensuel. Il soupire de soulagement en découvrant ce troisième et dernier tome : il va pouvoir passer plus de temps avec Luna et découvrir ce qu'elle va faire de son harnais lui permettant de voler dans le ciel. Le tome s'ouvre avec cette liste un peu étrange de personnes ayant la capacité de voler, mêlant des individus de genre différent, réels ou imaginaires, avec des interrogations car Luna n'est pas très sûre de sa liste. Il y a une liste en ouverture de chacun des quatre chapitres. Le lecteur la parcourt curieux, identifiant sans peine 80% des personnes citées, s'interrogeant sur les autres. Jean-François Pilâtre de Rozier (1754-1785) fut l'un des deux premiers aéronautes de l'histoire le 21 novembre 1783, avec le marquis d'Alandre. Puis il découvre la narration si particulière : des dessins descriptifs très premier degré, les courts cartouches de texte reprenant le flux de pensée de Luna Brewster. Elle a conscience de son état : des difficultés de concentration, et des états émotionnels perturbants. Dans un premier temps, le lecteur un peu sceptique se dit que ça ne va pas durer : l'auteur a trouvé un truc pour produire un effet bizarre, mais il va rapidement se laisser entraîner par son intrigue, et abandonner ce dispositif en cours de route.



Dans les faits, le lecteur partage le point de vue de Luna Brewster tout du long du récit : il appréhende la réalité et prend connaissance des faits et des événements, par le biais de son regard. La narration visuelle n'est pas réalisée en vue subjective, comme vue par les yeux de Luna : elle est représentée dans les cases comme les autres personnages. Mais le commentaire qui court dans les cartouches de texte s'apparente à son flux de pensées, à ses réflexions intérieures, du début à la fin. Ce n'est donc pas un artifice pour installer le personnage, mais bien un mode narratif tenu tout du long. Luna explique elle-même qu'elle souffre d'un syndrome dysexécutif. Elle n'explicite pas ce que c'est. Le lecteur voit bien qu'elle souffre de trouble de la concentration, ce qui l'empêche parfois de trouver le comportement adapté à un événement, à un interlocuteur. Effectivement, une recherche en ligne permet de trouver que les fonctions exécutives permettent au cerveau de s’adapter à de nouvelles situations, de mettre en place des stratégies et de réaliser des tâches cognitives complexes. Ce syndrome touche plutôt les enfants, et se manifeste sous la forme de déficits d’inhibition, de planification, de jugement. Cela se traduit par une incapacité partielle ou totale de développer et de planifier un comportement dirigé vers un but. Luna Brewster ne se conduit pas vraiment comme une enfant, ou comme une personne souffrant de déficience mentale, mais de temps à autre elle n'arrive pas à maintenir son attention, à mener un raisonnement complexe, à prendre du recul sur une émotion. Christopher Cantwell fait preuve d'une sensibilité remarquable en mettant en scène ces moments de désarroi intérieur, dont Luna a conscience, tout en montrant qu'elle continue à vivre et à agir.



La narration présente donc une saveur assez particulière qui n'est ni de la naïveté, ni de la crétinerie, mais qui est en léger décalage avec un comportement normal d'adulte. Le lecteur se rend compte dès la première page que les dessins présentent des caractéristiques en cohérence parfaite avec les fonctionnements mentaux de Luna Brewster. Le détourage est réalisé par un trait fin, générant une impression à la fois de précision obsessionnelle, et un peu mal assurée par endroit. La façon de montrer les choses et les gens est très littérale, descriptive, parfois jusqu'à l'obsession. En particulier le lecteur peut passer un temps certain à détailler certains décors : la pièce principale de l'appartement de Luna, l'architecture des différents immeubles quand elle lève les yeux au ciel pour voir passer la femme volante, tous les produits et ustensiles de nettoyage dans le réduit où elle trouve refuge le temps de reprendre contenance, les différents ingrédients composant son hamburger qu'elle a lâché en prenant de la hauteur dans le ciel, la grille lumineuse formée par les rues de la ville vue du ciel la nuit. Morazzo apporte la même application précise à représenter les personnages, sans chercher à les rendre beaux, mais plutôt en capturant leur expression de visage quand ils ne font pas attention, très naturelles et parlantes. Le lecteur peut également prendre le temps de jeter un coup d'œil aux tenues vestimentaires des uns et des autres, également banales et différentes pour chacun. Il remarque que l'artiste a une préférence marquée pour l'emploi de cases de la largeur de la page, avec des informations présentes sur toute la largeur. Du coup, le contraste s'avère saisissant quand une chute se produit, tout en cases de la hauteur de la page.



L'intrigue suit un fil directeur très simple : une nouvelle femme vole dans le ciel au-dessus de la ville. Elle assassine des personnes en les soulevant du sol et en les laissant tomber depuis une grande hauteur. Ayant conscience du fonctionnement troublé de son cerveau, Luna Brewster hésite entre l'existence réelle de cette femme volante, et le fait qu'elle présente peut-être des épisodes psychotiques dont elle ne garde aucun souvenir. Le lecteur suit donc une intrigue bien construite, sous forme d'enquête pour découvrir qui est la meurtrière et quel est son motif. Le scénariste se sert également du vol autonome comme d'une métaphore : bien sûr s'échapper, être indépendant. Cette capacité et se retrouver libre et détachée dans le ciel génèrent un réel sentiment de bonheur chez Luna. La possibilité de s'envoler et d'évoluer libre de toute contrainte dans le ciel devient un voyage vers le bonheur et les émotions positives qui l'accompagnent. Or l'auteur le rappelle : sur le mode de tout ce qui monte doit redescendre, tout ce qui vole doit finir par se poser.



Ce dernier tome vient conclure la trilogie de manière admirable. La narration visuelle n'a rien perdu de sa rigueur et de la beauté bizarre qui nait de la représentation de l'ordinaire sans fard, ce qui n'exclut pas un sens du spectaculaire maîtrisé. La narration réussit le pari de raconter l'histoire du point de Luna Brewster, jeune femme un peu perturbée, sans moquerie ni condescendance, avec un véritable suspense et une affection palpable pour ce personnage principal dont les aspirations sont les mêmes que celles de tout être humain.
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Everything

Un étrange magasin que ce Everything, mais on peut y trouver de tout ! (Everything) Nous sommes à Holland, dans le Michigan, dans les années 30.

Car comment être heureux sinon en possédant ? Si, si je vous assure, rentrez !

Un joli sourire pour vous accueillir et y trouver votre bonheur.



Cette bande dessinée est curieuse, on y suit plusieurs fils qui se croisent et décroisent. L'intrigue est un peu complexe, les dessins colorés peuvent néanmoins retourner l'estomac, on progresse rapidement dans les desseins de quelque entité, tout en montrant la surconsommation d'une nation à qui on prouve de plus en plus d'objets variés.



Une BD marquante quoiqu'un peu complexe.
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Everything

Dans ce comics book le lecteur va se voir plonger au cœur d'une petite ville un peu perdue du Michigan qui se nomme "Holland".



À Holland va s'implanter un grand magasin, temple de la consommation, l'enseigne "Everything" ("tout").



Nous allons donc aborder un sujet sensible, la consommation à outrance, le fait d'acheter pour acheter, de posséder pour posséder car pour être heureux on a besoin de tout, même si tout c'est rien ou inutile, du moment que le centre d'intérêt exclusif des habitants est "Everything" tout ira pour le mieux, enfin en principe...



En plus du thème de la surconsommation on aborde également différents sujets comme le bouleversement émotionnel suite à la frustration de ne pouvoir être heureux par la possession d'objets physiques, la dépression ou encore le complotisme consumériste, la politique ou le totalitarisme commercial.



Il y a autour de cela toute une intrigue sf qui est la bienvenue pour donner du piment à l'histoire car c'est tout de même un peu long, ça se déroule sur 264 pages.



La fin, elle, est surprenante et vraiment bien pensée.

J'ai eu un peu de mal à tout comprendre tout de même, mais une seconde lecture vous aide à y voir mieux.



Les dessins eux sont bons, une véritable "patte" américaine dans la veine des comics de super-héros malgré qu'ici il n'y en ai pas et pour ce qui est des couleurs c'est très bon, très coloré mais pas agressif (sauf le orange et le bleu, mais cela se justifie car on peut considérer ces couleurs comme un "personnage" à part entière).



Je vous conseille donc cet album si vous êtes prêts à vous investir dans une lecture un peu exigeante de prime abord mais qui dénonce des problèmes très actuels.
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Iron Man, tome 2 : Books of Korvac II - Ove..

Créer un paradis.

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Ce tome fait suite à Iron Man, tome 1 (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 6 à 11, initialement parus en 2021, écrits par Christopher Cantwell, dessinés et encrés par CAFU (Carlos Alberto Fernandez Urbano) pour les épisodes 6, 7, 9 et 10, par Angel Unzueta pour les épisodes 8 et 11, mis en couleurs par Frank d'Armata, avec des couvertures toujours mémorables d'Alex Ross. Il contient également les couvertures variantes d'Ernanda Souza, Jen Bartel (magnifique portrait de Patsy Walker), Michael Cho, Carlos Pacheco, Dan Panosian, John Cassaday.



Quelque chose a cassé, et il n'est pas certain que Tony Stark soit en mesure de le réparer. Il git au sol dans son armure, alors que Hellcat est assise à même le sol, les jambes dans ses bras, sous la pluie. Tony a le cou cassé et il crie mentalement un appel à l'aide à Patsy Walker. Celle-ci se met debout et entre dans la laverie automatique pour remettre Iron Man debout, malgré son poids. Tant bien que mal, elle y parvient, et elle apporte un caddie dans lequel il s'affale pour se faire déplacer. Elle parvient à arrêter un taxi dans la circulation newyorkaise, en se mettant devant sur la chaussée. Elle aide Iron Man pour passer du caddie à la banquette arrière. Tony murmure qu'il ne faut pas le conduire à l'hôpital : sa nuque est brisée, et seule l'armure maintient sa tête en place. Il faut le confier à un technicien, à Halcyon. Dans un hangar, les copains d'Iron Man reprennent conscience. Gargoyle (Isaac Christians) est parvenu à les protéger avec un bouclier d'énergie en puisant dans ses forces métaboliques. Il s'écroule par terre, alors que ses coéquipiers reprennent connaissance et se relèvent : Scarlet Spider (Ben Reilly), Misty Knight, Halcyon, Frog-Man (Eugene Patilio).



Blizzard (Donnie Gill) est en train de faire préchauffer les moteurs du vaisseau spatial de l'équipe. Michael Korvac l'appelle et le pilote l'informe que le décollage aura lieu dans quatre minutes et vingt-trois secondes, Unicron (Milos Masaryk) et Controller (Basil Sandhurst) étant déjà à bord. Ce dernier précise que l'inventaire de l'armement est terminé, Korvac indique qu'ils auront besoin de tout pour contrer les défenses du vaisseau Taa II, celui de Galactus. Il sort du vaisseau pour aller s'occuper de leur prisonnier. Il découvre que Guardsman se tient devant lui, venant offrir ses services. Le colonel Jim Rhodes en profite pour détruire la canalisation à laquelle il est menotté, puis enlever les disques du Contrôleur sur son front, et fuir en courant. Avec l'assentiment de Korvac, Guardsman se lance à ses trousses. Iron Man est allongé sur une solide table d'opération et Halcyon est penché sur lui. Misty Knight s'apprête à lui injecter un mélange de stéroïdes et d'hydromorphone. Stark a bien conscience du risque que cela représente : sa personnalité est celle d'un addict. Mais c'est soit mourir maintenant, soit prendre le risque d'une nouvelle addiction. Halcyon se montre particulièrement compétant en soudant les anneaux de la colonne cervicale de l'armure.



Dès le premier tome, le scénariste proposait une dynamique personnelle pour la série : Tony Stark est la cible de critiques désagréables sur les réseaux sociaux, Patsy lui demande s'il a jamais regardé au-delà de ses privilèges, un homme blanc de plus, avec un complexe divin, et il avait posé la problématique de la décroissance pour un personnage assimilable à un petit garçon se heurtant au fait que le monde n'est pas comme il veut et ne tourne pas autour de lui. L'artiste CAFU avait décidé, vraisemblablement sous la consigne des responsables éditoriaux, d'opter pour une esthétique cohérente avec celle de Salvador Larocca pour la saison écrite par Matt Fraction, rappelant également un peu la froideur des dessins d'Adi Granov pour Extremis de Warren Ellis. Sans grande surprise, la suite d'aventures du premier tome va vers une escalade, avec la révélation du retour de Michael Korvac, un ennemi mémorable des Avengers (épisodes 167 à 177). Cet individu est de retour et il veut remodeler la réalité pour en faire un paradis pour tous. Raté pour la décroissance de la menace. L'intrigue suit son cours, pas forcément au rythme auquel s'attend le lecteur. Le scénariste prend le temps de remettre Stark plus ou moins sur pied. Il prend le temps de mettre en place un dispositif télépathique entre lui et Patsy Walker (1 épisode), de raconter l'histoire personnelle de Korvac (1 épisode), de faire faire un arrêt inopiné à Stark (2 épisodes). Le lecteur se retrouve décontenancé par ses chemins de traverse qui prennent une place majeure dans ce tome.



En revanche, le lecteur prend grand plaisir à retrouver l'équipe de CAFU et d'Armata, pendant 4 épisodes sur 6. Il comprend bien qu'au vu de la qualité de leurs planches, ils ne puissent pas tenir un rythme mensuel. Pour ces épisodes, le coloriste utilise toujours des couleurs denses et épaisses, avec des dégradés consistants, donnant une apparence en trois dimensions avec relief à chaque surface, ajoutant encore des effets de texture, par exemple métallique pour l'armure d'Iron Man. Cela donne une sensation de dessins très denses, très tangibles, ce qui peut ne pas être du goût de tout le monde. Il met en œuvre des effets spéciaux tout aussi sensoriels : la trace des gouttes de pluie dans la lumière des voitures, les flammes qui entourent Hellcat, la lumière lunaire, l'éclat des écrans tactiles, les dalles de lumière au plafond d'un couloir de lycée, l'intensité de la flamme de Jim Hammond, la force d'un rayon destructeur perforant le torse d'un Ultimo, etc. Le coloriste participe autant que le dessinateur à la narration visuelle.



CAFU reste dans une veine réaliste, avec des traits de contour assez doux, plutôt aérés pour laisser la place à d'Armata de s'exprimer. Il utilise à plus de 50% des cases de la largeur de la page, en mettant à profit toute la largeur, sans se contenter d'un élément à gauche ou à droite, ou juste au centre. Le lecteur remarque qu'il met plus de détails représentés dans l'armure d'Iron Man que dans la silhouette de Hellcat, ce qui est cohérent avec la complexité technologique de la première, et la grâce féline de la seconde. Il utilise une mise en scène assez naturaliste, sans exagération du langage corporel pendant les scènes de dialogues, sans exagération de la masse corporelle masculine ou des courbes féminines, à l'exception de la silhouette de Controller, ce qui est cohérent avec le personnage. Il prend le temps de concevoir des plans de prise de vue adaptés à la séquence, des personnages qui se déplacent et qui agissent pendant les dialogues, des postures plus dramatiques pour les combats, avec une attention particulière aux angles de vue et à l'enchaînement des coups portés, des décharges d'énergie. Le lecteur ressent la différence lors des épisodes 8 et 11. Unzueta se cale sur les caractéristiques visuelles de la série, sans chercher à les singer. Ses traits de contour sont plus acérés, ce qui amène d'Armata à changer un peu sa colorisation en la faisant moins dense pour ne pas écraser les traits, et ne pas surcharger les cases. La narration visuelle reste agréable, en un peu moins gracieuse, avec plus de cases en gros plan sur la tête des personnages. Tout du long, le lecteur apprécie de voir les personnages dépeints comme des adultes, et en prend plein la vue à plusieurs reprises : Hellcat essayant de relever Iron Man, Michael Korvac montrant son paradis à venir dans une vision télépathique, Gargoyle tenant le corps inanimé de Hellcat dans ces mains monstrueuses, Jim Hammond surgissant de terre, les Badoons expérimentant sur le corps de Korvac, le combat d'Iron Man et Avro-X (Colin Richard) contre un Ultimo.



En cours de route, le lecteur s'interroge vraiment sur ce qui apparaît comme des digressions. D'accord, il est important pour la suite que Patsy Walker regagne la majeure partie de ses capacités télépathiques. Mais pourquoi Tony Stark doit-il séjourner sur le monde d'origine des Ultimos, au sein d'une petite communauté d'humains ? Le scénariste avait-il besoin de ces trois supercriminels avec Korvac ? Ils font surtout tapisserie, sans être développés au-delà de leur costume et e leurs superpouvoirs. Mais dans le même temps, l'auteur développe la stratégie comportementale de Tony Stark sur le principe de l'addiction. Isaac Christians évoque le caractère sacré de l'équilibre comme une vocation intrinsèque de chaque être humain. Michael Korvac expose sa conception du paradis qu'il souhaite mettre en œuvre. Heather Douglas explique la notion de peur. L'histoire personnelle de Michael Korvac met en évidence le traumatisme qu'il a subi aux mains des extraterrestres, et l'intensité de syndrome de stress post traumatique. Le séjour de Tony Stark dans la petite communauté propose une forme de vie beaucoup plus agréable, sans être paradisiaque. En y réfléchissant, le lecteur se dit que c'est à la fois un parallèle avec ce que propose Michael Korvac, mais aussi le résultat d'une décroissance exemplaire. Il peut bien sûr ne pas partager cette vision d'une vie heureuse et plus épanouissante.



Le lecteur attendait avec impatience la suite du premier tome, la suite des aventures d'Iron Man sous la houlette de Christopher Cantwell qui maîtrise très bien la mythologie du personnage et sa continuité, tout en introduisant des thèmes personnels et d'actualité. Il retrouve avec grand plaisir la narration visuelle du tandem CAFU & d'Armata, toujours aussi épatant. Unzueta s'en tire bien, même si ses pages ne sont pas tout à fait au même niveau. L'intrigue donne l'impression de prendre des chemins détournés, et ce n'est qu'en repensant aux thèmes qui courent en toile de fond, que le lecteur constate que ces détours y participent pleinement.
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Captain America : Les Etats-Unis de Captain..

Fédérer un peuple

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Ce tome contient une histoire complète qui demande une connaissance préalable du personnage pour pouvoir en apprécier tous les ingrédients. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, écrits par Christopher Cantwell, dessinés et encrés par Dale Eaglesham pour les épisodes 1 à 3 et 5, et dessiné par Ron Lim pour l'épisode 4, avec un encrage de Cam Smith & Scott Hanna. La mise en couleurs a été réalisée par Matt Milla. Les couvertures ont été réalisées par Alex Ross pour l'épisode 1, par Gerald Parel pour les 2 à 5. Les épisodes 1 à 4 comprennent une histoire supplémentaire présentant un individu ayant endossé les couleurs de Captain America, écrite par Josh Trujillo et dessinée par Jan Bazaldua pour le numéro 1, par Darcie Little Badger et David Cutler pour le 2, par Mahale Mashigo et Natacha Bustos pour le 3, par Alyssa Wong et Jod Nishijima pour le 4. Il comprend également les couvertures variantes de Carmen Carnero, Nick Robels, Todd Nauck, Ernanda Souza, Jeffrey Verrege, Peach Momoko.



Par le passé, Steve Rogers a déclaré qu'il n'était loyal qu'au rêve. Mais voilà : un rêve, ce n'est pas quelque chose de réel. Quand on se réveille, il s'évanouit et il n'en reste qu'un désir ardent comme s'il avait été enlevé quelque chose à l'individu. Mais avec les années qui passent, Rogers commence à penser que les États-Unis ont deux rêves et que l'un des deux ment. Il se lève et commence à faire un mélange pour une préparation servant à nettoyer le métal, tout en continuant en laissant aller ses pensées. Le premier rêve est celui qui n'est pas réel, celui que les gens espèrent qu'on va leur donner, et la colère monte quand il disparaît, quand en vérité il n'a jamais existé, une sorte d'Americana illusoire. En outre ce rêve d'une Amérique du bon vieux temps ne se marie pas bien avec la réalité, celle des immigrants, des pauvres, de la souffrance, celle où les gens différents sont vite catalogués non-américain. La jolie petite barrière blanche du jardinet devient une porte qui laisse les autres à l'extérieur.



Un rêve ne vaut que s'il est partagé, sinon il devient le mensonge américain, une promesse creuse, une promesse non tenue. Steve pense à l'exposition qui se tient à l'institut Smithsonian : le combattant américain. Il estime que parfois il part au combat, alors qu'il y a d'autres possibilités d'action. Il y a des Américains qui ont combattu, mais il y en a aussi qui ont tendu la main. L'institut veut mettre son bouclier en exposition, ce qui lui fait penser que le symbole que Captain America représente a souvent été détourné pour des fins peu louables. Il en est au point de se demander si son identité de superhéros ne divise pas plus qu'elle ne rassemble. Soudain, un individu fait irruption en faisant voler en éclats la fenêtre. Il prend Rogers par surprise, le frappe et parvient à s'emparer de son bouclier et à s'enfuir avec.



Il ne faut pas longtemps au lecteur pour comprendre la nature du récit. Le titre donne déjà une indication en évoquant des états unis, mais pas ceux d'Amérique, ceux de Captain America. Le récit s'ouvre sur les réflexions intérieures de Steve Rogers : le rêve américain, l'aptitude au combat du citoyen, le dévoiement d'un symbole que chaque faction s'accapare pour justifier ses valeurs, ses actions, divisant au lieu de rassembler. S'il n'a pas encore compris à ce stade, le premier récit supplémentaire explicite le thème pour le lecteur : un adolescent vivant comme un vagabond et portant un uniforme de Captain America qu'il a adapté à sa sauce. Christopher Cantwell utilise le symbole qu'est Captain America (un superhéros dont le costume est le drapeau de son pays) pour évoquer l'état de l'union. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut trouver que le scénariste prêche un point de vue moral, transformant une histoire de superhéros en une tribune appuyée, ou au contraire qu'il met à profit l'évidence - un superhéros patriotique incarnant l'esprit de son pays - pour parler d'un thème qui lui tient à cœur. Il peut trouver que le scénariste aurait pu faire preuve de plus subtilité, ou au contraire estimer qu'il est nécessaire de mettre les points sur les I pour se faire comprendre. Mais il ne peut pas douter de l'honnêteté de la démarche de Cantwell : il parle de la différence de l'autre, quelle que soit la nature de cette différence, en la montrant sous l'angle de la richesse, plutôt que sous l'angle de la défiance et de la peur. En outre, le scénariste fait la preuve de sa maîtrise du personnage, en relevant à quelques reprises ses références culturelles datées avec élégance, et en employant le point Godwin avec un sens de l'ironie et de la pertinence.



Pour autant, les auteurs racontent bien une histoire de superhéros, avec superpouvoirs, criminels irrécupérables, mal intentionnés et méchants, et combats physiques incarnant l'affrontement idéologique. Le bouclier de Captain Amercia a été volé, et les criminels ont bien l'intention de pervertir ce symbole pour en faire celui de la discorde. Captain America requiert l'aide de Falcon (Sam Wilson) pour l'aider à retrouver son bien, en se mettant à la poursuite d'un individu ayant usurpé son identité de superhéros et disposant d'une super-vitesse, et de Superior, une mystérieuse tireuse d'élite. Les deux superhéros vont parcourir une partie des États-Unis pour essayer de les rattraper, étant aidé à chaque étape par un individu ayant adapté le costume de Captain America à sa propre identité sociale ou culturelle. Eaglesham dessine dans un registre descriptif et réaliste avec un bon niveau de détails. Il utilise les conventions visuelles habituelles du genre superhéros : Captain America, Falcon et les autres superhéros sont dotés d'une musculature parfaite et imposante, avec des costumes moulants. Les combats physiques sont spectaculaires, tout en restant à un niveau de prouesses physiques raisonnables.il représente régulièrement les décors en fond de case, sans détails très poussés. Le coloriste effectue un travail correct : naturaliste, avec des couleurs un peu plus vives que la réalité, en rehaussant discrètement le relief de chaque surface par un léger dégradé, mais sans exagération. Visiblement, Eaglesham a souffert d'un contretemps, ou d'un rythme trop soutenu, et il est remplacé le temps d'un épisode par Ron Lim. Celui-ci fait l'effort de rester dans un registre proche de son prédécesseur, sans verser dans les exagérations (carrure trop forte des personnages, postures trop posées, etc.) qui étaient les siennes dans les années 1980. Le lecteur ne ressent pas de hiatus entre les deux.



En fin d'épisode des numéros 1 à 4, le lecteur découvre donc une histoire courte de 10 pages mettant en scène le membre du réseau des Captains qui a secondé Captain America dans son aventure. Le lecteur découvre ainsi un adolescent queer vagabond, une fugueuse afro-américaine adolescente, un adulte amérindien et une jeune adolescente hispanique pas du tout intégrée dans son lycée. Alors bien sûr, il est un peu difficile de croire à l'assistance apportée par les plus jeunes. Ils ne sont guère plausibles à vivre des aventures où ils en remontrent à tous les adultes, à parvenir à se battre avec une telle efficacité contre des adultes. Les dessins de chacun de ces suppléments sont d'un niveau professionnel, très agréables à l'œil pour le premier, frappés de jeunisme pour les 3 autres, ce qui tranche un peu avec la narration visuelle des chapitres de Captain America. Même s'ils sont réalisés par quatre équipes différentes, il règne une ambiance bon enfant dans tous. Ces histoires sont sans incidence sur le récit principal : elles viennent étoffer le personnage qui a été introduit dans le chapitre correspondant. Avec ce principe, Cantwell reprend l'idée d'un réseau d'individus disséminés à travers les cinquante états, déjà imaginés par Mark Gruenwald dans les années 1980. Néanmoins, il ne s'agit pas d'un copier-coller : ce réseau ne sert pas de logistique d'information pour le superhéros. Chacun d'entre eux a décidé d'utiliser à son compte le symbole de Captain America pour faire valoir ses valeurs. Au travers de ces chapitres supplémentaires, le lecteur peut voir chacun de ces personnages être victime de discrimination parce qu'il appartient à une minorité, mais aussi refuser d'être cantonné au rôle de la victime, réagir en se battant, mais aussi en mettant en œuvre le principe évoqué tout au début : tendre la main, et pas seulement chercher à imposer ses valeurs en frappant jusqu'à la défaite de son adversaire.



De nombreux auteurs ont écrit le personnage de Captain America en assumant qu'il s'habille du drapeau américain et qu'il est de fait le symbole d'une nation : Steve Englehart, Mark Gruenwald, Robert Morales, Mark Waid, Nick Spencer, Ta-Nehisi Coates, etc. Christopher Cantwell fait sciemment de même sur le thème de la richesse d'une nation d'immigrants, et le rêve d'unité qui rassemble plutôt que la politique démagogique qui divise et qui oppose en pointant du doigt telle communauté comme étant l'ennemi. Sous réserve qu'il ne soit pas allergique à cette dimension du récit, le lecteur plonge dans une aventure de superhéros classique et bien menée, avec une narration visuelle solide démontant la nature suicidaire et débile de nourrir des guerres intestines au sein d'une nation.
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Iron Man, tome 1

Décroissance

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Ce tome est le premier d'une saison, et il ne nécessite qu'une connaissance superficielle du personnage pour pouvoir l'apprécier, car le scénariste effectue les rappels nécessaires en cours de route. Il regroupe les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2020, écrits par Christopher Cantwell, dessinés et encrés par Carlos Alberto Fernandez Urbano (CAFU), avec une mise en couleurs de Frank d'Armata, et des couvertures magnifiques d'Alex Ross. Il contient également les couvertures alternatives réalisées par Mark Brooks (rutilante), Hidetaka Tenjin (superbe), Dustin Weaver, R.B. Silva, Mattia de Iulis, Skan, Jeffrey Veregge, Rick Leonardi, Todd Nauck, Dave Rapoza, Peach Momoko, Aco, Frank Cho.



Deux personnes discutent de modèles de voiture, pendant ce temps-là, Iron Man est en plein combat contre Terrax (Tyros) dans un centre commercial à New York. Alors qu'il entraine Terrax toujours plus haut dans le ciel jusqu'à l'écraser contre un satellite de communication, Tony Stark est en train d'échanger avec l'intelligence artificielle B.O.S.S. de son armure pour réaliser des transactions boursières. Une fois revenu sur Terre, il poste un message sur les réseaux sociaux indiquant que Terrax n'est plus une menace. Les réactions ne font pas attendre : il se fait insulter par des individus qui n'ont plus d'internet à la suite de la destruction du satellite. Plus tard dans la journée, il donne une interview expliquant qu'il a décidé de se retirer de Stark Unlimited, qu'il est temps que les machines construisent elles-mêmes d'autres machines, et que lui puisse revenir à ses racines, se souvenir ce que c'est d'être humain. La journaliste ne se laisse pas prendre au numéro de charme et lui demande si ses racines, c'est bien d'être à la tête d'une fortune de 65 milliards de dollars, d'être propriétaire d'une demeure de 14,8 millions de dollars à Malibu, d'être propriétaire d'une armure aussi dangereuse qu'une bombe thermonucléaire. Elle finit par lui demander combien d'êtres humains ont été tués à cause de ses innovations. Le mercredi, il est au volant d'une belle décapotable avec Gloria Grant à ses côtés qui veut l'interviewer. Il ne maîtrise pas bien le véhicule et ils manquent de basculer dans le vide après un tête à queue.



Tony Stark finit par se décider à acheter un Ford Mustang de 1970 le jeudi, ainsi qu'un petit immeuble de type Brownstone à New York. Alors qu'il regarde les pièces vides, Janet van Dyne vient lui dire qu'elle est passé à autre chose, et elle lui dit de prendre soin de lui. Le soir dans Amsterdam Avenue, Tony Stark arrive avec sa voiture et propose plusieurs centaines de dollars pour participer dans une course urbaine illégale, à un groupe de jeunes. Halcyon, un jeune mutant muet accepte sa proposition. C'est parti. Après quelques rues à fond, et quelques virages serrés, Stark arrive second : il paye la somme convenue à Halcyon. Le lendemain soir, il donne une réception pour ses amis dans sa maison de ville, les réseaux sociaux se moquant de son train de vie et de la liste de ses invités, des PDG et de millionnaires. Plusieurs invités essayent de le brancher sur des affaires juteuses pour lesquelles ils ont besoin de capitaux. Dans la foule des invités, il reprend contact avec Patsy Walker. Leur discussion est interrompue par Fuller Tielhard qui souhaite lui présenter son projet permettant de capturer l'énergie des éclairs.



Nouvelle saison, nouveau scénariste, nouvelle direction : c'est le principe. Christopher Cantwell s'est fait remarquer avec deux très bonnes séries indépendantes : She Could Fly avec Martín Morazzo, et Everything avec I.N.J. Culbard. Il a également réalisé une saison en 10 épisodes de Doctor Doom avec Salvador Larroca. Fort de ces réussites, l'éditeur Marvel lui a confié un de ses principaux héros. Le scénariste l'emmène dans une direction prometteuse : Tony Stark en a sa dose d'être un inventeur de tous les instants et un capitaine d'industrie : il décide de tout plaquer, mais en empochant ses dividendes et de revenir à une vie plus simple, une forme de décroissance. Il souhaite redevenir un simple superhéros, avec une envergure modérée, et ainsi retrouver la faveur du public grâce à ses sauvetages, et à la neutralisation de supercriminels. Sans grande surprise, le public n'est pas si épaté que ça par ses bonnes actions dont il n'hésite pas à critiquer les retombées néfastes, ni par ses frasques dans vie civile comme cette course de voiture dans les rues de New York. Sans grande surprise non plus, quelques supercriminels ont décidé de lui pourrir la vie.



Quand il commence sa lecture, le lecteur est frappé par la tonalité des dessins avec des couleurs denses et un peu sombre, et des représentations très réalistes. Cela lui rappelle le début de la saison réalisée par Matt Fraction & Salvador Larroca. Effectivement, il s'agit bien du même coloriste qui apporte le même habillage, fortement influencé par Adi Granov, l'illustrateur de Iron Man : Extremis (2005) de Warren Ellis, avec des teintes plus chaudes. Le lecteur peut ainsi s'immerger dans les différents endroits : sur un trottoir devant la façade monumentale en pierre et en verre d'un gratte-ciel, sur une route de corniche, chez un vendeur de voitures, sur un ring de boxe, dans l'appartement pas encore meublé de Tony Stark, dans une laverie automatique, etc. Les couleurs apportent une consistance palpable à chaque élément, l'artiste s'attache à représenter les détails que ce soient les lames de parquet ou les programmateurs des machines à laver. Il apporte un soin similaire à la représentation des voitures et des tenues vestimentaires. En civil, il représente des personnages élégants, un peu élancé, sans musculature extraordinaire, des êtres humains proches de la normalité. Le lecteur prend plaisir à côtoyer un Tony Stark très humain, doutant de lui, cherchant à retrouver une forme d'authenticité, en accomplissant des choses plus normales… enfin pour quelqu'un riche à millions.



Les auteurs ne négligent pas pour autant la composante superhéros. Ce tome s'ouvre avec un premier combat contre Terrax, un ancien héraut de Galactus. Iron Man a une belle armure rouge & or. Le premier épisode comprend également une page silencieuse dans laquelle Tony Stark revêt son armure. Il se balade de toit en toit avec Patsy Walker qui a revêtu son costume de superhéroïne. Il fend le ciel à toute vitesse et percute un champ de force, avec perte et fracas. Il utilise bien sûr ses rayons répulseurs, et son armure est rutilante. Il doit se battre contre une demi-douzaine de supercriminels successifs, et il faut attendre le troisième épisode pour que l'ennemi principal soit révélé. Un peu dépassé par les événements, Tony Stark finit par faire appel à d'autres superhéros, mais ils sont loin d'être les Avengers. D'un côté, le lecteur pourrait s'en trouver déçu ; de l'autre côté, c'est cohérent avec la volonté du héros de revenir à un niveau d'intervention moins global, que ce ne soit ni la Terre qui soit en passe d'être détruite, ni l'univers tout entier qui soit menacé. Mais quand même Eugene Patilio dit Frog Man ?!? En outre Frank d'Armata maîtrise parfaitement les effets spéciaux pour les décharges d'énergie ce qui apporte une dimension spectaculaire très forte.



Dans le même temps, tout du long du récit, les auteurs ne perdent pas de vue l'humanité de Tony Stark. Depuis plusieurs décennies, les scénaristes jouent avec l'assurance parfois arrogante du personnage, multimillionnaire, inventeur et créateur de génie, sans oublier homme à femmes. Il est très rafraîchissant de le voir essayer de laisser une partie de ses responsabilités derrière lui pour revenir à une vie à échelle plus humaine. L'artiste lui a donné une nouvelle coupe de cheveux mi-longue, et une moustache un tout petit peu différente, avec des expressions de visage comportant assez de nuance pour bien traduire son état d'esprit et le rendre irrésistible dans son assurance qui n'est en rien entamée, et sa surprise quand Patsy lui explique gentiment à quel point il est à côté de la plaque. Dans le premier épisode, Stark se prend des critiques désagréables sur les réseaux sociaux, alors qu'il est convaincu d'avoir sauvé des êtres humains. Le scénariste s'amuse discrètement avec le principe que les récits doivent faire toujours plus fort, plus spectaculaires, plus global. À la fin de l'épisode 2, Patsy lui pose les questions sans filtres. A-t-il jamais été contraint de regarder au-delà de ses privilèges ? Se rend-il compte qu'il s'est donné toujours plus de puissance, et qu'il n'a de compte à rendre devant personne ? N'est-il qu'un homme blanc de plus, avec un complexe divin ? Tony Stark est autant déstabilisé par le fait de devoir voler en classe économique (il n'y a pas de place pour les jambes), que de se rendre compte que le monde n'attend pas qu'il le sauve, que la reconnaissance des individus ne lui est pas acquise. La caractérisation du personnage trouve le juste milieu entre le petit garçon se heurtant au fait que le monde n'est pas comme il veut et ne tourne pas autour de lui, et l'individu qui n'avait pas imaginé que se remettre en question puisse être douloureux.



Une itération d'Iron Man de plus, qui ne durera que le temps du séjour du scénariste sur le titre. Encore un artiste qui se coule dans le moule qui lui est fixé par les responsables éditoriaux. Certes, mais du coup cela signifie également que le scénariste a pour mission de donner une version personnelle du superhéros, et que l'artiste en présente une version cohérente. Pour ce premier chapitre, Cantwell, Aco et d'Armata atteignent l'objectif, avec Tony Stark en pleine crise d'humilité (tout est relatif), des dessins qui reviennent à l'esprit de la version d'Adi Granov et Salvador Larroca avec respect et compétence, et une mise en couleurs riche et sophistiquée. Le lecteur peut s'amuser de l'ingénuité un peu suffisante de Tony Stark, tout en dégustant un récit de superhéros d'excellente facture.
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Everything, tome 2

Peindre un sourire

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Ce tome fait suite à Everything Volume 1 (épisodes 1 à 5) qu'il fait avoir lui avant, car les deux constituent une histoire complète. Il regroupe les épisodes 6 à 10, parus directement en recueil, sans prépublication pour cause de crise sanitaire. Comme le premier tome, le scénario est de Christopher Cantwell, les dessins, l'encrage et les couleurs ont été réalisés par I.N.J. Culbard. Ce tome apporte une conclusion au récit.



Page de réclame : toutes les formes de montre sont disponibles au grand magasin général Everything. Dans la belle maison de Owl's Perch, la vieille femme du phare pénètre de nuit dans la chambre des enfants. Elle leur touche le front du doigt, laissant une trace bleue et une trace orange, sans les réveiller, leur souhaitant une meilleure santé. Leur père se réveille alors qu'il rêvait de la bicyclette que son grand-père lui avait offerte. La vieille femme se tient devant lui et lui dit qu'elle peut soigner ses blessures. Ils sont interrompus par l'arrivée de trois individus armés qui défoncent la baie vitrée. Elle leur lance son pot de peinture orange à la figure, ce qui crée une diversion lui permettant de fuir avec le père. Ils passent prendre les deux filles dans leur chambre. Ils parviennent jusqu'à l'abri du canot : la femme et les filles montent à bord et s'éloignent. Le père a conservé une rame et se retourne pour faire face à son poursuivant. Il lui en assène un grand coup et fracasse son casque : il découvre que c'est un robot.



Alors que l'hypermarché n'est pas encore ouvert, l'équipe d'employés se retrouve pour la réunion préparatoire : le responsable Steven, et les autres Lori, Ned, Michelle, Scotty, Mandy, Dobie, et même Shirley est de retour prête à reprendre sa place de manager. Elle comprend à demi-mots que Lori a pallié son absence, et elle l'invite à une soirée cinéma chez elle pour la soirée. En 1970, pendant la guerre du Vietnam, Rick et Hutch sont en opération au milieu de la jungle, en observation. Soudain une explosion se produit et Hutch se retrouve coupé en deux. Il meurt sous les yeux de son camarade en évoquant son groupe de rock au lycée. En réalité, Rick se trouve inconscient allongé et entravé sur une table, en train de subir un endoctrinement subliminal. Mais ce dernier ne prend pas à cause de ses tympans endommagés. Marshall Gooder répète à Steven qu'il est indispensable que l'antenne puisse moduler les ondes Béta de tout le monde, sinon l'attrition, la mort et l'insurrection continueront de régner. Il demande ensuite si Lori Dunbar a été complètement modulée : Steven répond par l'affirmative, qu'elle est entièrement sous leur contrôle. Shirley ajoute qu'elle a prévu de le vérifier le soir même. Gooder demande à cette dernière de s'occuper également de Turmon, le père des deux fillettes. Enfin il demande à Steven de continuer les investigations relatives au phare car il impératif qu'ils sachent ce qu'il y a à l'intérieur.



Dans la préface du premier tome, le scénariste avait explicité son intention : raconter une histoire de genre, en considérant Twin Peaks de David Lynch & Mark Frost, comme un genre en soi. Il avait plutôt bien réussi à capturer l'étrangeté de cette série, les sous-entendus, le mystère. Le lecteur revient donc en supposant qu'il en sera de même pour cette deuxième partie. Il découvre qu'il s'agit de la fin de la saison avec une résolution qui n'appelle pas particulièrement de suite. Du coup, le récit change un peu de genre puisque les auteurs apportent une explication à chaque mystère. Ils retracent la vie de Marshall Gooder, le propriétaire des magasins Everything, et expliquent comment il a acquis et mis en œuvre la capacité d'influencer les clients. Ils expliquent également qui est l'Interlocuteur et son lien avec Shirley, qui est la vielle dame du phare, et ce que Lori Dunbar a de particulier, sans oublier Mister Bear. En fonction de ses attentes, le lecteur peut se trouver un peu désappointé de ce changement de registre, ou au contraire satisfait de comprendre la logique qui sous-tend ce récit. Dans les deux cas, la surprise est au rendez-vous.



L'intrigue reprend donc le dessus et le petit groupe d'individus qui n'ont pas succombé à la bienveillance imposée de Everything, entre en résistance active. Le lecteur retrouve ces individus bizarres : Lori Dunbar paisible et calme, acceptant les choses comme elles sont, Shirley qui apparaît plus carriériste que jamais, Steven (ou Steve, ou Stephen) aussi sérieux qu'intransigeant, et Marshall Gooder à l'apparence affable et débonnaire, mais aux idées bien arrêtées. Les dessins ont conservé leur apparence simple et gentille, avec des émotions parfois peu filtrées, et des décors simplifiés, ce qui donne une lecture rapide, et une assimilation immédiate de chaque case. Effectivement en regardant Lori, le lecteur voit une jeune trentenaire posée, tranquille au point de paraître parfois naïve, et sûre de ses valeurs. Elle possède un physique ordinaire, et n'est jamais réduite à un simple objet même dans sa robe bras nu. Par comparaison, Shirley apparaît beaucoup plus dynamique dans son langage corporel, beaucoup plus entreprenante, avec une silhouette plus soignée et plus séduisante, mais là encore sans être réduite à un objet de concupiscence. Il est impossible de ne pas se détendre devant la bonhommie de Marshall Gooder, un homme d'une soixantaine d'années, de petite taille, toujours souriant, avec une belle moustache, une sorte de grand-père affectueux, avec un petit air de Stan Lee, sans son côté bateleur et bonimenteur. Sarah, l'habitante du phare, est son pendant féminin, petite et rassurante également, mais sans la fausseté inquiétante de Marshall. Mister Bear, la peluche d'ours bleu, reste de la partie, élément enfantin en décalage avec le reste, faisant ressortir le réalisme avec lequel l'artiste dessine les autres personnages.



Dans cette deuxième partie, ce thriller comporte plus de séquences d'action : combat physique contre des agresseurs casqués et armés, explosion sur un champ de bataille, combustion spontanée d'un être humain, filature, intervention violente d'une femme cagoulée, acte terroriste avec une ceinture d'explosifs, etc. À nouveau, les dessins s'approchant de la ligne claire savent montrer l'horreur de la violence, des chairs meurtries et les corps abimés. Le lecteur se rend compte que I.J.N. Culbard est un maître pour réaliser des dessins semblant un peu naïfs et simplets, mais en fait comprenant un nombre de détails qui les rend très consistants, y compris pour les décors. Ainsi il constate la présence d'architectures singulières (la maison au bord du lac), les escalators à l'intérieur du centre commercial Everything, les casiers dans le vestiaire, le mobilier de bureau impersonnel, les étagères remplis de Mister Bear, le champ de fleurs vermillon et azur. À plusieurs reprises, le lecteur se retrouve surpris par la force d'un dessin que son apparence n'aurait pas laissé supposer.



Le lecteur retrouve avec plaisir les principaux protagonistes de l'histoire, et regrette un peu que Rick ou un autre employé de Everything ne dispose pas de plus de place pour exister. Il est fort aise que le récit avance rapidement qu'il apprenne de quoi il retourne dans le fond. Il s'attendait à ce que le scénariste continue de développer les effets du consumérisme, non pas comme dévoration de ressources finies, mais comme succédané à toute spiritualité, à toute réflexion. En introduisant les Vrom, il préfère reprendre un thème plus classique : un individu animé de bonnes intentions souhaite imposer la sérénité et le bonheur à la population mondiale. Cantwell sait monter comment Gooder en est arrivé à cet objectif dans sa vie, lui donnant ainsi une crédibilité d'individu, et le rendant en même temps tragique. Mais dans le même temps, ce thème s'avère moins prometteur que celui du consumérisme gratuit, peu développé. Le lecteur peut alors prendre un peu de recul et considérer le récit sous un autre angle : un individu animé de bonnes intentions pour faire le bien de la société, et qui reçoit les moyens de le faire selon sa vision, selon sa volonté. Outre la notion de bonheur imposé et de totalitarisme, vient l'échec assuré d'un projet égocentré, excluant tout apport extérieur, toute forme de construction à plusieurs.



Ce deuxième tome vient conclure le récit de manière claire et satisfaisante, tout en changeant un peu l'orientation thématique. Le lecteur apprécie toujours autant de côtoyer ces individualités marquées, et reste très impressionné par l'apparente simplicité évidente des dessins qui pourtant racontent beaucoup plus de choses qu'il n'y paraît. Il prend plaisir à ce thriller divertissant, à ces révélations sur la finalité d'Everything, tout en regrettant un peu l'abandon du thème du consumérisme qui semblait plus prometteur que celui d'une harmonie imposée à la population humaine. Cela ne l'empêche pas de sourire au constat formulé par un des résistants : on est peut-être des consommateurs, mais on veut rester libres.
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Docteur Fatalis, tome 1 : Mort dans l'après-m..

Ce tome est le premier d'une série consacrée au personnage dont une connaissance superficielle suffit pour apprécier la trame générale de l'histoire. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2019/2020, écrits par Christopher Cantwell, dessinés et encrés par Salvador Larroca, et mis en couleurs par le studio Guru-eFX. Les couvertures ont été réalisées par ACO (épisodes 1 à 3) et par Tomm Coker (épisodes 4 & 5). Le recueil contient également les couvertures alternatives d'Arthur Adams, Steve Ditko, Simone Bianchi, Cliff Chiang, Larry Stroman, Patch Zircher, Will Sliney, Belén Ortega. Le tome se termine avec une histoire de 10 pages, illustrée par Cian Tormey, initialement parue dans War of the Realms: War Scrolls 1.



Tony Stark et Reed Richards ont conçu une technologie permettant de créer un mini trou noir afin d'absorber les émissions de CO2 de la Terre. Cette machine a été construite installée sur une base lunaire, appelée Centre de Contrôle Antlion, et elle va être mise en service. Le résultat attendu est estimé à 35% d'absorption lors de la première année d'exploitation de cette usine d'assainissement. Lors d'une émission de télévision, Steve, le journaliste, interroge un scientifique sur la possibilité que cette installation mette un terme au réchauffement climatique : la réponse est peut-être, mais cela n'annulera pas la fonte des glaciers. Puis le journaliste interroge son autre invité par satellite : le docteur Victor von Doom, en direct de Doomstadt en Latverie. Il lui pose des questions orientées, ironisant sur son titre de docteur, et sur sa position de dictateur. Doom met fin à l'entretien, énervé. Il sort ensuite de la pièce, dans l'immense corridor, pour se rendre sur les fortifications. Chemin faisant, il écoute les dernières informations que lui annonce Zora Vukovic, et lui répond en lui donnant ses consignes. Il termine en demandant que le journaliste Steve lui soit amené. Arrivé à l'air libre, il se tourne vers Petra, une assistante, prend des nouvelles de son père Larin, lui demande de regarder la Lune un instant, et souhaite savoir si elle pense que l'installation Antlion va sauver quoi que ce soit.



Le soir, Doom est dans son immense bureau en train de rédiger ses mémoires, mais il bute sur une phrase. Subitement, Kang se matérialise dans la pièce, en demandant où il se trouve, et ce qu'il fait là. Doom en profite pour lui demander s'il se souvient du projet Antlion et ce qu'il en est advenu. Son interlocuteur répond qu'il ne s'en souvient que très vaguement. Son hôte évoque l'histoire d'un artiste qui peignait avec toutes les couleurs de sa palette, mais qui en appréciait une plus que les autres. Mais quand il n'eut plus de cette couleur, il fut incapable d'en retrouver. Kang saisit parfaitement cette parabole sur la poursuite du bonheur. Et il disparaît. Doom se décide à aller faire ses ablutions avant d'aller se coucher avec les paroles d'une chanson romantique en tête. Alors qu'il ajuste les bandelettes sur son visage pour la nuit, il éprouve la sensation d'être ailleurs, assis par terre en train de jouer avec ses deux enfants, le visage intact, alors que son épouse Fruzsina rentre du travail, évoquant le succès proche de son projet de maîtrise du climat. Victor tourne le bouton de la poignée de porte et a l'impression de se retrouver sur la surface de Lune, devant l'installation Antlion, avec un trou noir dans le ciel. Le lendemain, Petra lui donne des informations sur les premiers résultats à la suite à la mise en service d'Antlion : ils sont excellents. Elle suggère à Doom de faire une déclaration à la presse sur le sujet : il refuse. Quelques heures après la station Antlion explose à la surface de la Lune.



Une nouvelle série sur Doctor Doom ? Pourquoi pas, mais ce n'est pas si facile que ça de le sortir de sa posture caricaturale de dictateur, ou de sorcier irresponsable. D'un autre côté, Christopher Cantwell a acquis sa notoriété en tant que cocréateur de la série TV Halt And Catch Fire . Puis il a écrit deux séries de comics intéressantes : She could fly avec Martin Morazzo, et Everything avec I.N.J. Culbard. Enfin il est accompagné par un dessinateur expérimenté. L'histoire commence abruptement par cette invention sortant de nulle part et un peu déconcertante : une fois n'est pas coutume, deux superhéros de génie ont décidé de mettre leur intelligence au service d'un vrai problème. Sous réserve de ne pas trop tiquer sur l'invention de départ qui rompt une convention implicite des comics de superhéros (ils ne résolvent aucun problème réel), le lecteur suit le docteur dans une histoire mêlant politique et psychologie, sur fond de course-poursuite et d'enquête pour trouver le coupable. À peine la station Antlion a-t-elle explosé que les nations estiment que le coupable ne peut qu'être Doctor Doom et elles envoient une délégation du pays voisin (Symkaria) pour aller arrêter le dictateur. S'il est habitué de l'univers partagé Marvel, le lecteur en déduit tout de suite quel autre superhéros va être impliqué. Bien sûr Doctor Doom ne va pas se laisser faire… Hé bien si, il se laisse arrêter et destituer par les autorités d'une autre nation. Mais sa détention est de courte durée et il devient un fuyard. Enfin, il reste la question de savoir qui a réellement provoqué la destruction d'Antlion. Doom en vient à douter de lui-même, se demandant s'il ne s'est pas arrangé pour faire commettre ce sabotage, et parvenir à l'oublier.



Le scénariste développe ainsi plusieurs pans de son intrigue, s'appuyant sur les dessins du vétéran Salvador Larroca. Celui-ci réalise des dessins dans un registre réaliste et descriptif, avec des traits de contours très fins, et un peu souple, et un usage très modéré des surfaces noires, généralement de petite taille. Ses dessins sont complétés par une mise en couleurs soutenue, avec une palette plutôt sombre, sauf lors de l'utilisation de superpouvoirs ou de sorcellerie. Le studio Guru-eFX installe une ambiance pour chaque scène avec une tonalité lumineuse ou une nuance principale. Il rehausse systématiquement le relief de toutes les surfaces. Les pages ainsi complétées donnent l'impression que les couleurs apportent au moins un tiers des informations visuelles, participant dans une part significative à raconter l'histoire. L'artiste respecte complètement l'apparence du docteur, avec son masque de fer, son gros ceinturon de cuir, sa tunique et son armure. Il n'y a pas une once de moquerie dans ses dessins ce qui convainc le lecteur de les prendre au premier degré. Il n'y a que lorsque Doom n'a plus son masque de fer, que les cicatrices de son visage ne semblent pas si hideuses que ça. Mais le lecteur se souvient qu'il s'agit avant tout d'une question de fierté pour le personnage, et qu'effectivement, il a déjà été indiqué que ses cicatrices ne sont peut-être pas si profondes.



De même, le dessinateur représente les autres superhéros au premier degré, avec toujours ce souci d'être réaliste. Comme ils sont intégrés sur le même plan que le reste, ils ne déparent pas et ayant accepté l'armure de Doom, le lecteur n'a pas besoin de consentir un petit plus de suspension d'incrédulité, car tous les autres personnages les considèrent comme allant de soi. Les civils sont plausibles, représentés de manière naturaliste, avec des tenues vestimentaires ordinaires et différenciées. Larroca s'investit pour représenter les décors. Ils le sont avec une régularité, et un bon niveau de détails. Le lecteur peut prend son temps pour observer l'architecture de la base lunaire, le couloir monumental et sa riche décoration, le luxueux ameublement du bureau du dictateur, la salle de commandement ultramoderne du palais, les remparts et les tours massives du château de Doomstadt, les néons de Time Square, le Flatiron Building, la Statue de la Liberté, la salle des serveurs de l'AIM, etc. Les affrontements sont brefs, dans des séquences rapides montrant clairement les dégâts occasionnés par les superpouvoirs, ainsi que la force des coups portés.



Le lecteur se laisse facilement emporter dans le récit, se demandant ce que le scénariste réserve au monarque. Ce dernier est donc rapidement déposé, et le voici devenu un fugitif. C'est une bonne tactique scénaristique : Doom passe ainsi du statut de dictateur tout puissant, à victime (peut-être), obligé de se défendre, alors qu'il ne dispose plus d'aucune ressource. Bien secondé par les dessins, Cantwell insère des références à l'univers partagé Marvel, les utilisant avec une réelle élégance, et un bel à propos. Le lecteur souri en voyant passer Spider-Man devant la fenêtre d'un appartement où discutent deux personnages. Il sourit de nouveau en voyant arriver HERBIE, le robot utilisé par les Fantastic Four, doté une intelligence artificielle à la personnalité un peu particulière. Il constate que le scénariste connaît bien son affaire et est au fait de la continuité, que ce soit avec la présence de Victorious (Zora Vukovic), l'antagonisme entre la Latvérie et le Symkarnia, ou encore les pouvoirs de Blue Marvel (Adam Brashear). Pour autant, Cantwell n'en abuse pas, ne noie pas son récit dans les références. Il entremêle donc plusieurs composantes dont une mystérieuse sur une vie alternative de Doom, et sait ménager des surprises de taille (un personnage abattu par une balle qui lui traverse le crâne). Il ne cherche pas à révolutionner le personnage, mais à raconter une bonne histoire, et ça fonctionne bien.



Alors qu'il peut estimer que le personnage de Doom est daté et difficile à écrire, le lecteur se rend vite compte que Cantwell s'en sort très bien avec une histoire originale et consistante, intrigante, bien ancrée dans l'univers partagé Marvel mais sans en devenir absconse, respectant le caractère de Doom, sans le caricaturer ou le railler. Il bénéficie de la solide narration visuelle de Salvador Larroca fortement impliqué, que ce soit pour les personnages ou pour les environnements, avec des dessins bien nourris par la mise en couleurs.
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The Mask : I Pledge Allegiance to the Mask

Ce tome contient une histoire complète dont les détails s'apprécient mieux si le lecteur a une connaissance préalable des premières histoires du personnage. Il comprend les 4 épisodes de la minisérie, initialement publiés en 2019, écrits par Christopher Cantwell, dessinés et encrés par Patric Reynolds et mis en couleurs par Lee Loughridge. Les couvertures originales ont été réalisées par Reynolds, les couvertures variantes par Rafael Albuquerque, James Harren, Daniel Warren Johnson, Duncan Fegredo.



Dans un quartier pauvre en bordure de Edge City, Miss Doreen est en train de houspiller les trois enfants placés chez elle. Dans cette maison infestée de cafards, elle en envoie deux, Eduardo et Scotty, se coucher avec une cuillère de sirop. En revanche, Lima est enfermée dans une cage de transport pour chat, sans cuillère de sirop. Les trois enfants obéissent à contre cœur, mais sans faire d'histoire. Doreen hurle à son mari Keith de s'occuper du chien : l'attacher à sa niche. Enfin elle peut s'avachir dans son lit et regarder ses émissions à la télé. Son mari râle, éteint la télé du salon et se lève de son fauteuil pour aller s'occuper du chien. Il passe devant Lima dans sa cage et lui dit qu'il la libèrera si elle vient coucher dans son lit. Le chien aboie de plus belle. Un individu entre dans la cuisine. Il décoche un coup de poing en avant, transperçant le bas du visage de Keith. Puis Mask monte à l'étage et fait ingurgiter de force du sirop de chocolat à Doreen, tant et plus qu'elle finit par exploser. The Mask s'en va ensuite tranquillement, se retournant dans la rue pour jeter un regard méchant aux trois enfants qui sont sortis sur le trottoir.



Sur le parcours de golf de Loquasta Shores en Californie, Mitch Kellaway s'apprête à balancer son club pour taper la balle. Il fait le grand geste en arrière et le club lui échappe des mains, allant frapper Charles en plein nez. Après s'être fait soigner à l'infirmerie du Clubhouse, Charles demande à Kellaway de prendre en charge les frais, mais ce dernier indique qu'avec sa pension de policier, il est tout juste au revenu minimum. À la télé, l'animateur rapporte la mort atroce d'un couple chargé de trois enfants placés, l'un des enfants évoquant une tête verte. Celle de Kellaway devient toute blanche. Le journaliste continue avec la campagne d'élection de Kathy Matthews pour se faire réélire au poste de maire de Edge City. Elle est en train de faire un discours devant ses électeurs. Une fois terminé, elle monte dans sa voiture et son assistante lui montre le même reportage, avec l’enfant qui parle de tête verte : elle aussi, elle blêmit. Sur l'un des ponts qui enjambent la rivière de Edge City, un homme avec un capuche sur la tête balance un masque dans l'eau. Le lendemain, Mitch Kellaway sort de l'aéroport et hèle un taxi pour l'emmener au commissariat de Edge City. Abner Mead effectue lui aussi un discours de campagne, mais devant une salle qui ne compte que deux personnes. Dans le commissariat, Kellaway demande à voir Lionel Ray. L'inspecteur à qui il s'adresse lui apprend que Ray est décédé : il s'est suicidé en s'ouvrant les veines, il y a deux Thanksgiving de cela. Dans les locaux de l'entreprise Concept, Kathy Matthews essaye de convaincre Lazlo de devenir un donateur. Celui-ci est prêt à financer sa campagne à hauteur de 30 millions de dollars, mais avant il veut qu'elle lui parle de Stanley Ipkiss.



C'est très particulier : le personnage de The Mask a été créé par Mike Richardson en 1982, et il a connu une véritable existence sous sa forme actuelle avec 3 miniséries successives, réalisées par John Arcudi & Doug Mahnke, à partir de 1991. Sa renommée a ensuite encore pris de l'ampleur avec le film The Mask (1994) de Chuck Russell, avec Jim Carrey. Le scénariste a choisi de se référer aux 2 premières miniséries, en reprenant les principaux personnages encore en vie. Il est possible de les lires dans The Mask Omnibus Volume 1 . Le lecteur plus curieux peut continuer avec The Mask Omnibus Volume 2 , mais ce n'est pas indispensable pour la compréhension de la présente histoire. Il retrouve donc Kathy Matthews, la compagne de Stanley Ipkiss, le premier porteur du masque, Mitch Kellaway le premier officier de police à enquêter sur The Mask. En l'occurrence, il vaut mieux connaître les antécédents de ces personnages pour pouvoir apprécier tous les éléments du présent récit. Le lecteur connaisseur de The Mask attend alors que le récit reprenne les éléments récurrents de la série, à commencer par la violence démesurée, nourrissant un humour macabre et gore, rendu énorme par le décalage entre une représentation exubérante de dessin animée, et l'horreur des corps mutilés. Patric Reynolds ne joue pas sur ce décalage visuel comme le faisait Doug Mahnke. Dans ces pages, The Mask est représenté de la même manière que les autres personnages et les décors, sans décalage de registre visuel. À part sur les couvertures, sa représentation ne bascule pas dans le registre comique outrancier et méchant ; il reste dans un registre visuellement premier degré.



Lorsque The Mask intervient pour la première fois, le dessinateur montre de manière réaliste le poing de The Mask s'enfoncer dans la bouche de Keith, et ressortir de l'autre côté de la tête, avec une giclée de sang, et un œil sortant de son orbite sous la force de l'impact. L'exagération provoquant l'horreur est donc générée par la puissance impossible de ce coup de poing. Dans l'épisode 2, les coups de The Mask arrachent la peau du visage de son interlocuteur, puis la chair de son crâne. Il s'agit d'une séquence d'horreur corporelle premier degré résultant de la force et de la rapidité des coups portés. Dans ce même épisode, les auteurs reprennent un gag déjà utilisé précédemment : The Mask sort de la cuvette des toilettes en combinaison de plongée. Dans cette séquence, le récit bascule dans le registre de l'absurde de manière franche et patente, les dessins montrant bien que le corps de The Mask ne peut pas passer par la canalisation d'évacuation de la cuvette des toilettes. Même si le registre de dessin n'a pas changé, la narration visuelle reconnaît explicitement le caractère surnaturel des capacités du personnage. Comme dans le film, les auteurs ont choisi de ne pas transformer leur histoire en une succession de numéros horrifiques du Mask, en limitant le nombre de ses apparitions, et donc la pagination correspondante.



Le lecteur évolue donc dans cette ville de moyenne importance aux États-Unis, avec sa banlieue dortoir défavorisée, son centre d'affaires avec une poignée de gratte-ciels, des immeubles avec des façades remarquables et des bureaux. Il accompagne les personnages dans les bureaux fonctionnels d'un commissariat de police, une énorme salle de réunion avec des canapés pour la société Concept, une mission accueillant des sans-abris, un ring de boxe pour entraînement, des urinoirs, et même le bureau ovale de la Maison Blanche. Patric Reynolds détoure les formes avec des traits un peu griffés, leur donnant une apparence plus spontanée, et apportant une impression de texture et de relief. L'ensemble donne une impression de bon niveau de description et le metteur en couleurs complète bien les fonds, avec une habileté telle que le lecteur ne prête pas forcément attention à l'absence d'arrière-plan. Le lecteur peut donc bien reconnaître cet environnement, s'y projeter et s'impliquer dans cette campagne pour l'élection de maire de Edge City, puis de président des États-Unis.



Effectivement, Christopher Cantwell, également scénariste de She Could Fly (avec Martin Morazzo), montre le retour de Big Head, la réapparition du masque, concomitante avec des élections. Le lecteur comprend l'intention de parallèle entre une course au pouvoir politique, et le pouvoir conféré par le masque à son porteur. Dans un premier temps, Big Head défend les opprimés en massacrant leurs tortionnaires, alors que la maire en place prononce un discours démagogique en sachant pertinemment qu'il ne changera rien à l'ordre établi et qu'il n'a pour seule fonction que de lui permettre de rentrer dans les bonnes grâces des électeurs afin d'être réélue. Mais le masque apporte le chaos dans l'esprit de celui qui le porte, et par voie de conséquence, dans ses actions, alors que la maire et son équipe essayent de construire un parcours pour atteindre un but. Puis la répartition s'inverse et il apparaît une méthode dans la folie de Big Head, alors que la stratégie de la maire ne lui permet pas de progresser. Finalement tout dégénère dans une succession de violences semblant incarner les travers de l'Amérique, mais beaucoup trop vite et schématiquement pour le lecteur continue de se sentir concerné.



Les auteurs ont choisi un parti pris un peu déstabilisant. Patric Reynolds réalise des dessins intéressants, mais il se tient à l'écart de l'exagération outrageuse de The Mask, préférant le représenter comme s'il était partie intégrante de la réalité, ce qui diminue fortement son impact visuel, et neutralise le mauvais goût de son humour énorme et malsain. Le scénariste choisit de faire référence à la continuité du personnage, nécessitant que le lecteur en soit familier, mais sans la mettre à profit, dans une intrigue qui gagne en ampleur, tout en donnant la sensation de perdre en maîtrise.
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Doctor Doom, tome 2

Ce tome fait suite à Docteur Fatalis: Mort dans l'après-midi (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Les 2 tomes forment une saison complète. Il regroupe es épisodes 6 à 10, initialement parus en 2020, écrits par Christopher Cantwell, dessinés et encrés par Salvador Larroca, avec une mise en couleurs réalisée par le studio Guru-eFX. Les couvertures ont été réalisées par Larroca. Le tome comprend également deux couvertures alternatives : une réalisée par Miguel Mercado, l'autre par Declan Shalvey.



À quarante-huit miles au nord de Terlingua dans le Texas, Doom et Kang sont installés dans un fourgon à bestiaux vide à bord d'un train traversant un désert. Kang essaye d'engager la conversation, mais en vain. Un autre passager clandestin essaye de s'incruster dans le wagon, mais il se fait violemment dégager. Au cours de la nuit, les deux dictateurs sont installés devant un feu de camp, en train de faire rôtir leur repas à la broche. Doom fait remarquer à son interlocuteur qu'il a entendu des rumeurs qui voudraient que Kang soit le père de Reed Richards. L'autre répond qu'il ne lui ressemble pas. Le lendemain il ajoute qu'il n'est pas non plus le père de Doom. Ce dernier le sait, mais il répond qu'il pourrait être son père à lui. Kang tourne sa phrase en dérision : Doom a engendré Kang qui engendré Nathaniel qui a engendré Reed. Doom murmure presque inconsciemment : Doom qui a engendré Costin et Doru. Kang demande : qui ? Puis il se plaint de devoir se déplacer comme un paysan. Doom explique qu'ils doivent échapper aux outils de surveillance des mercenaires qui le traquent. Un pickup vient à passer et le passager tourne en dérision l'apparence des deux voyageurs. Doom les détruit d'un rayon généré par son gant droit.



Doom et Kang ont progressé et ils traversent un fleuve de nuit à bord d'une petite embarcation à moteur. Le premier redemande au second pour quelle il veut l'aider. Kang répond qu'il conquerra le monde que Doom va sauver. L'autre se défend de vouloir sauver quelque monde que ce soit. Il ajoute qu'il est misanthrope. Kang le traite de crapaud romantique avec une colonne vertébrale en liège et un crâne plein de guimauve brûlée. Les deux rient de bon cœur, et Doom ajoute qu'il détruira Kang, ce à quoi ce dernier rétorque qu'il le détruira en premier. Enfin, ils sont arrivés à destination, dans les ruines de Terlingua. Kang demande à Doom comment détruire l'invincible. Il répond qu'il pense à de l'énergie négative, en quantité généralement engendrée pendant des milliards d'années. Ils en sont là de leur réflexion quand une explosion se produit juste derrière eux : le mercenaire Paladin se tient bien campé sur ses deux jambes, venant d'ouvrir le feu avec une énorme mitrailleuse. Doom et Kang s'abritent derrière la carcasse d'une voiture, mais un autre mercenaire se tient derrière eux. Orb dispose d'un fusil à rayon et profère des phrases dépourvues de sens avec force. Il finit par projeter un rayon destructeur avec le globe oculaire qui lui sert de tête, Kang & Doom se retrouvant à nouveau tenus en joue par Paladin.



Le premier tome était sympathique, le scénariste ayant su trouver comment écrire Doom en lui conservant sa superbe, et Larocca réalisant une narration visuelle solide, à défaut d'être spectaculaire. Le lecteur revient donc avec plaisir pour cette deuxième moitié, espérant trouver la réponse à ses questions, à commencer par l'existence de Costin et Doru, les deux enfants de Doom. Le premier épisode apparaît très détendu : c'est l'histoire de deux individus qui ne peuvent qu'à peine se supporter, obligés de voyager ensemble, s'envoyant des vannes à froid, oscillant entre une considération contrainte, et une détestation feutrée. L'artiste s'amuse à représenter ces deux individus au costume très particulier effectuer un périple de vagabond, avec le cliché du passager clandestin sans le sou dans le wagon à bestiaux. L'apparence quasi photographique fonctionne bien : la locomotive massive, le cimetière basique laissé à l'abandon, le petit bateau sur une étendue d'eau étale, les ruines des maisons d'un village ayant passé le stade de ville fantôme, pour finir sur le magnifique dessin en double page de Doom toujours en armure chevauchant un fougueux cheval. Le lecteur se laisse prendre à ces images inattendues : le long convoi ferroviaire sous le soleil couchant, les deux hommes assis à regarder un lièvre griller à la broche au-dessus du feu de bois, les deux ploucs dans le pickup, l'irruption impromptue de paladin dans son costume noir et pourpre avec son énorme mitrailleuse, sans parler de Orb bien parti dans sa tête. Il n'est pas très sûr que cet épisode fût indispensable au récit, mais c'était un intermède surprenant et agréable.



D'une certaine manière, l'intrigue reprend son cours normal avec l'épisode 7 : Victor von Doom compte bien rentrer chez lui, retrouver son trône, et faire amende honorable. Il ne faut pas oublier ce trou noir qui menace d'engloutir la terre, la prétention de Reed Richards qui estime être capable d'arrêter son expansion, mais qui est tout aussi prêt à reconnaitre que Doom a conçu un plan qui tient la route pour neutraliser cette singularité, sans oublier cette histoire de ce qui aurait pu être une autre existence avec une femme aimante Fruzsina et deux enfants Costin et Doru. Le scénariste connaît bien l'univers partagé Marvel et il sait mettre à profit sa richesse avec la mention ou l'apparition de personnages comme Blue Marvel (Adam Brashear), Nova (Richard Rider), Silver Sable (Silvija Sablinova), Kristoff Vernard, et même un personnage plus récent comme Victorious (Zora Vukovic). Le lecteur se retrouve donc facilement entraîné dans cette aventure, tout en sachant qu'elle ne peut connaître que deux issues. Soit Victor von Doom décide effectivement de se racheter et cette histoire sert à le placer dans cette position pour sa future apparition dans la série Fantastic Four. Soit il va revenir à son comportement habituel. Cantwell joue avec le lecteur car il sait qu'il sait que cela ne peut être que l'un ou l'autre, et il déroule son récit de manière à préserver les deux possibilités jusqu'à la fin, créant paradoxalement un effet de surprise.



Salvador Larocca ne change rien à sa manière de dessiner : un équilibre précaire entre une apparence quasi photographique par endroit, et des formes très épurées détourées par un trait fin uniforme très clinique. Il laisse les studio Guru-eFX apporter des textures et de la consistance aux surfaces ainsi détourées. Le lecteur se retrouve parfois décontenancé quand il passe d'une page avec un haut niveau de détails (Doom à bord de sa station spatiale, dans la salle de commandement, avec de nombreux appareillages électroniques de pilotage et de mesurage) à une page avec uniquement des têtes en train de parler sur un fond vide. Dans ces cas-là, il se produit un décalage qui peut faire sortir de la lecture. La plupart du temps, l'artiste assure le spectacle, faisant honneur à un scénario qui ménage régulièrement des moments de grande ampleur. Ainsi le lecteur découvre les l'équipe de 6 loyalistes à Doom (Boris Karela, Petra Karela, Larin, Vasily Makeyev, Kristoff Vernard et Zoza Vkovic) dans un beau dessin en double page avec une neige bleu acier. Il sourit en voyant Doom chevaucher un ours, dans une image convaincante. Il est fortement impressionné par la narration en pleine page et en double page, de la campagne militaire menée par Doom pour reconquérir son état, Larocca se montrant très inspiré tout au long de cet épisode 8. Il apprécie le temps passé par l'artiste pour donner corps à l'opération spatiale, à la technologie futuriste déployée pour neutraliser la singularité spatiale.



En dessinant de manière descriptive et premier degré, l'artiste parvient à faire exister Doom dans ce monde réaliste, malgré son apparence simili moyenâgeuse, et même Kang passe bien dans son habit violet et vert. Il ne fait pas surjouer ses personnages et reste dans un registre presque naturaliste, s'en tenant à une cohérence narrative bien pensée entre les scènes de dialogue entre adultes capables de réfléchir, plutôt que de bondir partout, et scène d'action bien construite, plutôt que des cases juste pour en mettre plein la vue. Il n'y a qu'un seul détail qui dénote : les talons hauts de Silver Sable, peu probable pour une femme d'action. Le scénariste se focalise lui aussi sur les personnages, et bien évidemment sur Doom. Dans un premier temps, il le met en scène comme un individu quasi normal obligé de voyager clandestinement, avec un compagnon de route qu'il n'a pas choisi. Puis le lecteur retrouve le monarque conquérant, le tyran qui n'hésite pas à assoir son pouvoir dans le sang. Enfin, il passe à la phase où Doom sauve le monde en neutralisant la singularité. Et là, l'étude de caractère prend une toute autre dimension. Non seulement, le lecteur obtient sa réponse quant au chemin que va suivre le personnage, mais en plus il assiste aux moments qui le convainquent de faire un choix plutôt qu'un autre. En deux scènes d'anthologie, Christopher Cantwell met en scène la psychologie de Victor von Doom, montrant ses réactions, ce qui s'avère très révélateur sur ses schémas de pensée.



Le lecteur attaque cette deuxième moitié de saison en se demandant à quoi sert l'épisode 6, si ce n'est à amener Doom là où le scénariste veut l'amener. L'intrigue principale reprend solidement son cours avec l'épisode 7. Salvador Larroca réalise les dessins propres sur eux qu'on connaît de lui, avec une bonne complémentarité des couleurs, pour une narration visuelle consistante, plus axée sur l'objectif de raconter que de faire dans l'épate. Le lecteur se prend au jeu de découvrir le fin mot de l'histoire, à la fois la manière de neutraliser la singularité sur la Lune, à la fois le mystère derrière l'existence de l'épouse et des enfants de Doom. Il observe alors un individu au caractère bien marqué, réagir à une situation qui lui est intolérable, puis à une autre, le lecteur ayant la sensation de plonger son regard dans les abysses.
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She could fly, tome 2 : The lost pilot

Il s'agit du deuxième tome d'une série indépendante de toute autre. Celui-comprend les épisodes 1 à 5 constituant la saison 2, initialement parus en 2019, écrits par Christopher Cantwell, dessinés et encrés par Martín Morazzo, avec une mise en couleurs réalisée par Miroslav Mrva. Il comprend une postface d'une page, rédigée par Cantwell expliquant que son héroïne ne sait pas où elle va que ce soit en termes de sens, de santé ou d'amour. Cantwell est le cocréateur de la série TV Halt And Catch Fire.



Luna Brewster raconte son rêve récurrent à Jeremy Spooner son psychothérapeute : elle se tient sur une longue arche en pierre au-dessus d'un lac de lave en fusion dont s'élèvent des flammes. Elle avance et finit toujours par tomber dans la lave où elle ne brûle pas mais se transforme en verre, dans une substance sans défaut, et le rêve se termine. Le psy en déduit qu'elle est toujours traumatisée par l'intrusion survenue dans le pavillon de ses parents. Il lui demande comment elle progresse dans sa thérapie d'exposition (Exposure and response prevention) : pas beaucoup. Comment ça va à l'école ? Pas terrible. Elle bénéficie ensuite de l'écoute de Joan, une autre thérapeute, qui lui demande comment se termine ses scénarios de thérapie d'exposition : Luna répond que ça se termine toujours de la même manière, elle meurt, seule, et tout le monde la hait après coup. Le docteur Kermit lui demande si elle souffre d'effets secondaires des médicaments qu'elle prend : elle répond que le seul effet est une miction plus lente. Les trois terminent par la même question : a-t-elle eu des contacts récents avec Dana Church. À chaque fois la réponse est négative. Elle ne l'a pas revue depuis que Dana a volé une voiturette de golf il y a plus d'un an.



Au Cap Dehznev en Russie, un groupe de militaire en tenue neige surveille l'arrivée d'une motoneige. Il en descend 2 personnes : le professeur Nathan Wonderbuck de l'université Caltech, et Verna. Cette dernière entame les négociations. Pendant ce temps-là, Bill Meigs (Earl) est torturé par l'armée : 2 soldats lui versent de l'eau sur la tête alors qu'il est allongé, les pieds plus que la tête, avec un risque de noyade. Ils veulent connaître le nom de l'ingénieure qui a inventé le harnais pour voler, et comment elle le faisait fonctionner. Il répond qu'il ne sait rien. Suite aux recommandations des médecins, Luna Brewster travaille à la bibliothèque pour aider à ranger les ouvrages. Elle a tendance à marmonner à haute voix en écoutant les scénarios d'exposition, et à imaginer que les élèves en train d'étudier la regardent bizarrement. Elle s'approche de 2 d'entre eux qui font des messes basses. La fille commence à dire qu'elle pense que Luna a tué sa grand-mère et a été envoyée à l'asile, quand Luna Brewster ne peut plus supporter la vue de ses bagues dentaires et lui ferme la bouche en l'agrafant avec une agrafeuse. Dana Church la voit faire en regardant depuis l'extérieur par une vitre. Elle s'enfuit et se réfugie dans une ruelle. Dans sa cellule, Bill Meigs tape sur un clavier dessiné à même le sol pour envoyer des messages à Luna Brewster. Ses deux tortionnaires font leur rapport à la chercheuse qui chapote le laboratoire où un autre scientifique analyse les reste du jetpack qui a explosé. Il explique qu'il y a dû y avoir un problème avec le fluide de refroidissement.



Le tome précédent s'était terminé par une explosion de violence, et le lecteur se demande bien dans quel état il va retrouver les protagonistes. Luna Brewster est devenue le personnage principal sans doute possible. Le lecteur la suit dans sa maladie mentale, ses traitements, ses délires et ses hallucinations, son obsession de comprendre les motivations de Mayura Howard, la femme qui volait. Les autres personnages sortent également de l'ordinaire. Verna (la prostituée à 42 dollars la passe) a donc décidé de voler de ses propres ailes : elle a dérobé les plans du prototype de jetpack et s'apprête à les vendre au plus offrant, c’est-à-dire l'armée russe. Elle entame elle-même les négociations. Bill Meigs résiste plutôt bien à la torture, sans rien lâcher comme information, en s'imaginant qu'il communique avec Luna Brewster par un ordinateur imaginaire. Les parents de Luna sont totalement dépassés par les événements, très éloignés de ce qui se passe dans la tête de leur fille, tout en lui laissant beaucoup d'autonomie car elle est adulte. Comme on peut s'y attendre, Gary le copain de Luna a un sérieux grain. Dana Church a quitté le monde de la rationalité. Kido est de retour, toujours aussi en décalage avec les normes sociales.



Le lecteur côtoie ces individus en décalage avec la santé normale et regarde comment ils se comportent. Il voit passer des expressions étranges sur le visage de Luna Brewster : un regard fuyant avec les yeux vers le côté, la bouche souvent entrouverte comme si elle ne savait quelle expression adopter, le regard apeuré alors que la panique est en train de monter quand elle conduit, les yeux écarquillés quand elle ne comprend rien à une situation, le visage attristé quand elle s'inflige elle-même une coupure au visage. Son langage corporel est tout aussi parlant : il suffit d'observer sa pantomime en cours alors qu'elle subit les effets secondaires de ses médicaments et qu'elle émet des vents dans tous les sens. Du coup, le lecteur regarde également avec attention les autres personnages : le visage plein d'une fausse sollicitude de ses trois thérapeutes, les expressions toujours craintives de Dana Church, la confiance inébranlable de Bill Meigs, l'empathie de Gary pour Luna, etc. Après seulement quelques pages il peut ressentir toute la bizarrerie de chaque individu, se souvenant de l'aphorisme : tout le monde semble normal jusqu'à ce qu'on commence à le connaître. Ici, tout le monde semble avoir un grain, Luna Brewster plus que les autres, mais certains ne sont pas loin.



Le récit ne donne pas l'impression d'être une simple collection de moments bizarres mis bout à bout, et uniquement portés par le comportement décalé des personnages. Le scénariste raconte bien une histoire. La trame de base est simple : Luna Brewster souhaite savoir ce qui est arrivée à Mayura Howard, la femme au jetpack qui a explosé en plein ciel. Mais cette technologie intéresse plusieurs factions qui sont prêtes à beaucoup de choses pour récupérer les informations afférentes. C'est ainsi que s'entrelace la vie de cette femme déséquilibrée, de ses parents, de sa grand-mère (elle-même bien déséquilibrée également), celle d'une prostituée, celle d'un scientifique de haut niveau, de militaires, sans oublier l'es-psy de Luna qui se déguise en poulet. Effectivement, Christopher Cantwell pense son récit en termes visuels et Martín Morazzo s'avère capable de tout illustrer, même les situations les plus improbables. Il s'investit pour représenter les décors qui sont présents dans plus de 95% des cases, soit un ratio très élevé pour un comics. Il utilise un trait très fin pour le détourage, ce qui donne une impression très descriptive des objets et des environnements. Le lecteur se projette avec aisance dans le cabinet des différents thérapeutes, chacun avec un aménagement et un mobilier différent, sur la plaine enneigée de Cap Dehznev, dans la bibliothèque de l'institution où séjourne Luna, dans le dortoir d'un centre d'accueil pour sans-abri, dans la chambre de Luna, au sommet d'une antenne relais à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol, dans le salon des Brewster, dans un laboratoire abandonné, etc.



Le scénariste a donc bâti de nombreuses scènes dans lesquelles s'expriment les différences mentales des personnages. Certaines contiennent une dose d'humour parfois teinté de noir : la hantise de la conduite qui fait que Luna panique au volant avec des résultats plus risibles que catastrophiques, les effets secondaires des médicaments avec les pets en classe, la présentation de Gary aux parents de Luna, Dana Church déguisée en poulet, ou encore les apparitions de la grand-mère Kido. Beaucoup relèvent de l'horreur corporelle assez éprouvante. Le lecteur voit la bouche agrafée de l'étudiante dont la tête ne revenait pas à Luna, Luna en train de mâcher du papier peint, une mâchoire à demi brûlée et à demi édentée, et même un individu s'ouvrant le crâne en deux avec une scie sauteuse. Martín Morazzo a l'art et la manière de représenter ces événements de manière pragmatiques, sans dramatisation artificielle, confrontant le lecteur à leur horreur pleine et entière. Comment quelqu'un peut se donner un coup de scie circulaire dans le crâne pour échapper à la situation dans laquelle il se trouve ? Comment quelqu'un peut trouver intrigant de se crever l'œil avec la pointe d'un compas, en se regardant dans le miroir de la salle de bain ? Dans sa postface, Christopher Cantwell espère qu'il a réussi à écrire quelque chose d'aussi profond qu'il le souhaitait, sur le thème de l'identité, de ce qui nous fait, sur les processus de gestion des émotions. Quoi qu'il en soit, il sait montrer ce qui se passe quand un individu ne sait pas le faire, a été déconstruit par des actes de violence subis ou dont il a été témoin.



Alors que le premier tome laissait une impression intrigante mais décousue, ce second tome apparaît beaucoup plus cohérent, avec une direction principale claire, une inventivité mêlant folie et horreur, sans rien sacrifier à la fibre humaine, et un artiste capable de donner corps à toutes les situations, de faire vivre les personnages dans des environnements variés plausibles.
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Everything

Holland, Michigan, 10 octobre 1980, c’est l’inauguration du magasin Everything. « Aujourd’hui, vous allez franchir nos portes et Everything changera tout ! »



C’est une promesse et un espoir pour les habitants de la ville qui vont pouvoir assouvir leurs besoins et ainsi trouver le bonheur. Mais des phénomènes étranges alertent certains citoyens… Et si Everything manipulait ses clients ? Que se passe-t-il derrière ces portes en verre, qu’y a-t-il vraiment sous les masques au sourire figé des employés du magasin ?



« Mais qu’est ce que je suis entrain de lire ? » Réflexion de lecteur, assumée par Cantwell le scénariste de ce roman graphique ingénieux, audacieux, rythmé. Un auteur par ailleurs fan de David Lynch qui nous offre une intrigue lente à se révéler, un mystère omniprésent dans une SF vintage du meilleur effet.



Everything est également un très bel objet, beau livre coloré au dessin expressif et délicieusement rétro. Cette intégrale qui regroupe les 2 tomes précédemment publiés aux USA est à découvrir !



Entre métaphore du consumérisme et interrogation sur le vrai bonheur, Everything est un roman graphique plutôt fascinant si on se laisse embarquer….
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The Blue Flame

Je lis très peu d'albums super-héroïques car cela représente souvent la lutte du bien contre le mal et même si les scénarios sont variés cela devient à force redondant. Il faut donc que ma lecture du genre sorte de l’ordinaire pour que je l'apprécie. The Blue Flame fait partie de cette catégorie car il n’y a pas de super-héros ni de méchant, juste l’humanité !

On poursuit à travers Sam Brausam alias The Blue Flame deux histoires, celle de la Terre et celle de l’homme en lui-même. Christopher Cantwell, l’auteur pointe les faiblesses de l’un et de l’autre, de l’humanité en réalité et cela sans tomber dans le pathos. Le récit est une critique sociale efficace et totalement inattendue pour ma part.

Graphiquement on sent que Adam Gorham est plus à l’aise quand il peut déployer son art sur des plans larges ou de magnifiques pleines pages. Il est plus serré quand il doit illustrer des petits cases mais heureusement il y en a peut dans l’album. La mise en couleur est faite par Kurt Michael Russel qui excelle sur les planches cosmiques.



Merci aux éditions 404 comics de proposer un album de cette qualité tant pour le récit que pour l’objet lui-même. L’illustration de couverture est superbe (Sam Brausam à l’intérieur de Blue Flame, le tout illuminé par un halo argenté). On peut aussi noter que c’est un des rares éditeurs à indiquer tous les acteurs du livre sur la couverture, là où les principaux se contentent d’indiquer le scénariste et le dessinateur, parfois le coloriste, eux indique également le traducteur et la personne qui a réalisé le lettrage.
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Everything, tome 1

Ce tome correspond au début d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisode 1 à 5, initialement parus en 2019, écrits par Christopher Cantwell, dessinés, encrés et mis en couleurs par I.N.J. Culbard qui a également réalisé les couvertures. Il commence par une introduction d'une page rédigée par le scénariste qui évoque l'omni-disponibilité des œuvres culturelles en 2020, le plaisir de ressentir de rien avoir à faire de temps à autre, l'étrangeté des œuvres de David Lynch en général et de Twin Peaks (avec Mark Frost) en particulier, ainsi que l'acceptation de ne pas aller bien de temps à autre sans plier à l'obligation de se déclarer toujours être dans une forme éclatante.



L'hypermarché Everything affiche une promotion sur ses produits de l'hiver. Lori rêve qu'elle est en uniforme de policière en train d'essayer de refaire respirer un individu blessé à terre. Elle a du sang sur sa chemise Une mélodie retentit : elle se réveille alors que le soleil se lève sur la petite ville de Holland dans le Michigan. Le 10 octobre 1980, l'hypermarché Everything est prêt à ouvrir ses portes en périphérie de Holland. Lori se lève, prend un œuf dans un fond de vodka comme petit-déjeuner et elle se regarde quelques minutes de son film préféré : Call of San Berdoo. Elle prononce les paroles du personnage à l'écran en même temps que l'acteur. À 10 kilomètres de là, Eberhard Friendly termine son petit-déjeuner avec son café dans sa belle maison d'Owl's Perch, à Macatawa, également dans le Michigan. Dans une petite maison, Remo Mundy, jeune adulte, se fait frapper par son père parce qu'il est en train de ne rien faire sur son lit. Le fils répond qu'il a un entretien d'embauche le jour même, pour travailler chez Everything. Peu avant 09h00, devant l'hypermarché, Eberhard Friendly, gestionnaire de Holland, commence un discours devant la foule de consommateurs attendant l'ouverture, se félicitant de l'implantation de Everything. Il est interrompu en milieu de phrase par Shirley, la gérante de l'hypermarché qui invitent les clients à pénétrer dans le magasin flambant neuf, ce qu'ils font avec ordre, calme et presque révérence.



À 09h30, la secrétaire Grace indique à Lori que son rendez-vous est arrivé. Elle referme le tiroir avec le verre dans lequel elle vient de se servir une généreuse rasade, et les accueille pour leur prêt. Elle se montre assez caustique en indiquant qu'ils en ont jusqu'à 60 ans pour tout rembourser ce qui les obligent à bien bosser pendant toutes ces années. Rick est le propriétaire de magasin de chaînes hi-fi et autres produit stéréo : ce matin il fait essayer une chaîne à un client, en mettant un disque de Toto à fond. Il se produit un bruit assourdissant bizarre et sa vitrine explose. Remo Mundy se présente à son entretien d'embauche, et Shirley est convaincue : il est embauché. Le soir Rick va prendre un verre au bar du coin, et en propose un à Lori qui est à moitié avachie au comptoir : elle l'envoie paître. Elle finit par sortir dehors et éprouve la sensation d'entendre une étrange mélodie. Elle veut caresser un chien dans la rue, mais il lui aboie dessus. Elle prend sa voiture et va se garer sur le parking quasi désert de Everything. La musique lui provoque des réactions bizarres.



Comme c'est le scénariste qui le pointe du doigt, le lecteur prête une attention particulière aux éléments sortant de la réalité banale, ainsi qu'à la satisfaction qu'apporte ce magasin qui propose tout (Everything). Cantwell prend le risque de la comparaison et l'assume. Le lecteur retrouve l'ambiance de la petite ville, mais avec une distribution restreinte par rapport à la série télé Twin Peaks : Eberhard Friendly, Shirley, Lori, Rick, Remo Mundy, Sarha (la vieille femme du phare), la peluche Mister Bear, le mystérieux Interlocuteur, et Marshall Gooder, le propriétaire des magasins Everything, qui n'est que mentionné dans ces épisodes. Effectivement, le scénariste s'amuse bien avec les événements décalés, écrivant comme si Twin Peaks était un genre littéraire : la sono qui brise la vitrine, le SDF victime d'une auto-combustion sur son banc, le saignement de nez inopiné, la maison envahie de fourmis, le jet de pétales dans le magasin, la défonce à la peinture de palissade, le spectre de la peluche, les cerveaux dans des bocaux, le sous-sol secret sous le magasin, etc. Cantwell joue avec ces éléments de à la lisière du fantastique, du surnaturel, de l'anticipation, de la théorie du complot global, etc. L'artiste les représente de manière prosaïque, parfaitement intégrés à la banalité de cette ville et de ces habitants, existant sur le même plan de réalité.



INJ Culbard est un artiste qui a commencé à travailler régulièrement dans le monde des comics au début des années 2010, avec des adaptations de nouvelles de HP Lovecraft, mais aussi pour le magazine britannique 2000 AD (par exemple Brass Sun -2012-2014- avec Ian Edginton) et à produire ses propres bandes dessinées comme Celeste (2014). Il dessine dans un registre réaliste et descriptif, avec un petit degré de simplification, ce qui donne l'impression de cases tout public, sans être particulièrement à destination des enfants. Le lecteur ressent rapidement la complémentarité des dessins et des couleurs, Culbard s'étant chargé de l'ensemble, au point que dans plusieurs pages, le lecteur ne puisse pas faire la part entre les traits encrés et les couleurs. Son approche un peu simplifiée participe à rendre la ville banale et normale en surface. Les personnages donnent parfois l'impression d'être joués par des acteurs pas toujours assez expressifs, ce qui a pour effet de leur donner plus de crédibilité, en tant qu'individus nature aux expressions normales, et non parfaitement étudiées.



L'artiste joue donc sur le décalage entre une description évidente et la nature de ce qui est montré. Le lecteur peut constater par lui-même la banalité de la ville : le bâtiment abritant Everything, tout en parallélépipèdes rectangles très basiques, les grosses voitures américaines fonctionnelles sans modèle sortant de l'ordinaire, les tenues vestimentaires ordinaires, les rayonnages d'Everything bien achalandés mais sans produits extraordinaires, les aménagements intérieurs datés attestant qu'il s'agit des années 1980, etc. Du coup, il en faut très peu pour qu'une image sorte de cette normalité et donne une impression bizarre. Par exemple, la dernière case de l'épisode 3 montre juste la peluche bleue de Mister Bear sur le siège passager de la voiture de Shirley. Il suffit aux auteurs d'ajouter un phylactère montrant qu'elle parle pour que la case devienne étrange, sans être forcément inquiétante. Il en va ainsi de la plupart des décalages, ce qui maintient le récit dans le domaine du (presque) plausible : la bouteille de vodka qui atteste du liquide que Lori a versé dans le verre sur l'œuf, le calme étonnant de la foule qui pénètre pour la première fois dans Everything, une érection involontaire malvenue, Rick qui se promène avec son micro en l'air sur le parking d'Everything, Lori qui a des écailles de peinture dans la paume de sa main, etc.



En entamant cette histoire, le lecteur ne sait pas trop de quoi il s'agit, surtout s'il a sauté la préface du scénariste. Il se demande donc s'il doit prendre les petits décalages au premier degré ou non. Il cherche également à déterminer quels seront les principaux personnages. Il voit se dessiner progressivement un fil narratif principal : il semblerait que l'hypermarché Everything cache un secret et que son influence ne s'arrête pas à doper l'instinct consumériste des clients. Mais il ne peut dire exactement ce que cache Everything à la fin de ce premier tome. Il se projette dans les personnages, accroché par leurs failles : le cynisme de Lori dont il apprend la cause en cours de route, l'entrain inconditionnel faille de Shirley pour Everything, la curiosité de Rick pour savoir ce qui provoque ces phénomènes sonores subliminaux, le calme avec lequel Eberhard Friendly gère un problème après l'autre. Dans le même temps, il n'arrive pas à les prendre complètement en sympathie : Lori manque de volonté, Shirley manque d'esprit critique, Rick manque d'épaisseur psychologique, Eberhard est trop lisse. L'enquête sur la nature exacte de l'influence d'Everything avance cahin-caha à un rythme d'escargot… Pourtant le lecteur se prend au jeu sans avoir à faire d'effort conscient. Il sourit en voyant les fausses pages de publicité pour des produits Everything en début de chaque épisode. Sa curiosité est piquée : quelle situation incongrue va survenir ? Son intérêt pour les personnages est consistant malgré tout : quel comportement sortant de l'ordinaire vont-ils avoir, ces voisins normaux en apparence ?



Ce premier tome déconcerte autant qu'il enchante le lecteur. Le scénariste affiche clairement ses influences : il les cite explicitement dans l'introduction et écrit son récit comme si Twin Peaks est un genre littéraire spécifique dont il met en œuvre les conventions de genre. Le dessinateur réalise une narration visuelle autant dépourvue de sensationnel que faire se peut. Mais l'effet cumulatif des différentes composantes produit un effet divertissant et attractif chez le lecteur qui n'est pas bien sûr de pouvoir dire ce qu'il préfère dans ce récit, mais qui est sûr qu'il reviendra pour le deuxième tome. Il ressent que les auteurs ne lui ont pas tout donné, contrairement à ce que promet le titre de la série. En particulier, ils n'ont pas développé la notion de contentement qui pourrait venir d'une expérience consumériste où tout est disponible en magasin, ou peut-être plutôt la frustration et l'insatisfaction qui viendrait de tout avoir à portée de main.
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She could fly

Il s'agit du premier tome d'une série indépendante de toute autre. Celui-comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2018, écrits par Christopher Cantwell, dessinés et encrés par Martín Morazzo, avec une mise en couleurs réalisée par Miroslav Mrva. Il comprend une postface de 2 pages, rédigée par Cantwell expliquant pourquoi il a choisi le pouvoir de voler pour son héroïne. Cantwell est le cocréateur de la série TV Halt And Catch Fire.



Dans le centre-ville de Chicago, les passants lèvent la tête car ils viennent d'apercevoir une silhouette dans le ciel. Tout le monde sort son téléphone portable pour capturer cet instant, sauf Luna Brewster qui observe le spectacle bouche bée. Le lendemain, elle se trouve dans le bureau de Dana Church, la psychologue de son lycée. Elle évoque avec elle l'apparition de cette femme volante. Church lui demande comment se passe sa deuxième année. Luna marmonne une réponse en restant le plus vague possible. Church continue en lui demandant si elle attend impatiemment de passer son permis. La première image qui vient en tête à Luna est qu'elle percute violemment un passant, le tuant sur le coup, avec du sang partout sur sa carrosserie. Elle sort une réponse vague à Church. La séance est finie. Church s'interroge sur le comportement de Luna. Celle-ci est rentrée chez ses parents qu'elle retrouve vautrés sur le canapé, avec leur plateau repas devant la télévision. Elle s'installe dans un fauteuil, également devant la télévision. Sa mère lui offre gentiment un petit cactus en pot. Luna se voit en train de mordre dedans à pleines dents, puis se jeter sur sa mère et l'énucléer. Une voix lui parle dans sa tête lui disant qu'elle est habitée par le mal. La présentatrice évoque la femme volante, et l'attention de Luna Brewster se fixe toute entière sur l'information. Puis elle descend dans le sous-sol pour ajouter une épingle sur la carte au mur, recensant les apparitions de la femme volante.



Dans la petite ville de Swift Current, dans l'état de Saskatchewan au Canada, Earl (de son vrai nom Bill Meigs) est en train de s'envoyer en l'air avec Verna, une prostituée dont le tarif est de 42 dollars la passe. Ils sont en train de songer à une relation plus durable. Verna lui indique qu'il n'est pas obligé de la payer. Après son départ, Earl reste un temps allongé sur son lit, puis il sort et se rend au bar du coin. La télévision passe un sujet sur la femme volante. Dans le pavillon des Brewster, Delores et son mari sont réveillés par un bruit. Le père se lève, prend une batte de baseball et se dirige vers la cuisine. Il allume la lumière et y trouve sa mère Kaya (qui se fait appeler Kido) assise dans la position du lotus, en train de méditer. Elle est revenue sans prévenir. Le lendemain, Dana Church se lève prend sa douche, s'habille, vérifie que ses affaires sont dans son sac, sort, et monte dans sa voiture. Sans le faire exprès, elle écrase son chat. Le même matin, toute la famille Brewster (grand-mère, père, mère et fille) prend son petit déjeuner ensemble. Puis Luna Brewster se rend au lycée où elle a un rendez-vous avec la psychologue. Church bafouille qu'elle a écrasé son chat : immédiatement Luna Brewster la voit avec une tête de chat avec le crâne fendu, du sang séché et un œil pendant hors de son orbite.



En 2018, l'éditeur Dark Horse Comics indique fièrement qu'il a réussi à embaucher Karen Berger, l'ex responsable éditoriale de la branche Vertigo de DC Comics. Le lecteur est curieux de savoir quel genre de comics va porter son sceau, et si ces histoires renoueront avec les séries innovantes publiées 3 décennies plus tôt par Vertigo. Comme à chaque fois que cela arrive, l'éditeur se gargarise du fait que ce comics soit écrit par un créateur travaillant pour la télévision, média autrement lucratif et populaire que les comics. Le lecteur se demande si ce scénariste est en mesure d'écrire en respectant les spécificités du média de la bande dessinée. Dès qu'il commence sa lecture, il est rassuré car l'écriture de Christopher Cantwell s'appuie sur les images pour raconter l'histoire et fait la part belle aux séquences spectaculaires. Martín Morazzo a déjà dessiné plusieurs comics dont 2 écrits par Joe Harris, Great Pacific et Snowfall, ainsi que 2 autres écrits par W. Maxwell Prince The Electric Sublime et la série déconcertante Ice Cream Man. Il réalise des dessins dans un registre descriptif et réaliste, avec un détourage au trait fin, régulier et assuré. Le lecteur peut tiquer sur les visages des personnages, un peu lisses, avec des yeux parfois un peu grands et la bouche souvent ouvertes. Dans cette histoire, cela leur donne un air peu assuré, souvent étonné, ce qui est en phase avec leur état d'esprit.



Mis à part ce parti pris pour représenter les visages, Martín Morazzo réalise des cases avec un bon niveau de détails, une capacité à retranscrire la banalité du quotidien, sans pour autant qu'il ne soit insipide. Le lecteur peut se projeter dans chaque endroit : lever la tête avec Luna Brewster entre 2 buildings, promener son regard sur les objets qui encombrent le bureau de Dana Church, s'avachir avec les parents Brewster dans le canapé, s'envoyer en l'air dans une chambre minable, détailler les restes de la femme volante dans une morgue, rendre visite à Pari, la collègue de Mayura Howard dans un bureau impeccable de l'entreprise Eon Def, etc. La narration visuelle de Morazzo est très agréable, facile à lire, sans exagération romantique ou dramatique pour les scènes normales. Il sait donner une identité visuelle spécifique à chaque personnage. Il prête attention aux tenues vestimentaires, ainsi qu'à la décoration intérieure. Il s'avère redoutable pour tout ce qui relève de l'horreur. Le scénariste établit directement que Luna Brewtser n'est pas bien dans sa tête. Elle se fait des films dans lesquels elle se comporte de manière agressive, violente, cruelle et sadique. Le lecteur commence par sourire en voyant le pauvre piéton percuté par la voiture, du fait de son aspect de pantin désarticulé. Il ne sourit pas du tout quand il voit les épines du cactus transpercer la chair tendre des joues de Luna. Il ressent l'écœurement de Luna quand elle voit sa psychologue avec une tête de chat fendue et la matière cervicale apparente, avec du sang autour. Il retrouve momentanément le sourire devant la vision de Luna quand une personne lui demande son expérience de contact avec le Christ. Il reperd son sourire quelques pages plus loin quand elle voit des pendus accrochés à chaque lampadaire. En représentant ces horreurs de manière premier degré et candide, Martín Morazzo transmet au lecteur, tout l'impact que ces visions ont sur la jeune Luna Brewster.



Bien sûr, le lecteur se demande ce qui a pu motiver Karen Berger à reprendre du service en tant que responsable éditoriale, quel est l'élément dans cette histoire qui a fait qu'elle s'en occupe. Cela ne l'empêche pas de lire cette bande dessinée comme les autres, en commençant par s'intéresser à l'intrigue. Le scénariste a donc introduit un élément d'anticipation, mais l'histoire se focalise sur les conséquences sur une poignée de personnes, Mayura Howard explosant en plein vol dès le premier épisode. Il s'agit donc d'une course-poursuite entre Luna Brewster d'un côté, et Bill Meigs de l'autre, contre une équipe de nettoyeurs de l'entreprise Eon Def pour effacer leur trace. Christopher Cantwell sait faire progresser plusieurs fils narratifs en parallèle et peupler son histoire d'individus mémorables que ce soit la grand-mère, la prostituée, ou Fran Kobcheck dépêchée par l'ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives). Il sait aussi intégrer des bizarreries comme une séance de Zazen dans la tradition Sōtō, une calomnie à base de trafic d'enfants sur internet, un autocollant sur le dernier wagon du métro d'une certaine ligne, deux séances de groupe de parole chrétien, ou encore les visions atroces de Luna Brewster. Les relations interpersonnelles sonnent juste que ce soit les marques de préoccupation de Delores Brewster pour sa fille, ou la réaction de Verna quand Luna lui déballe tout sur ses visions morbides.



Le lecteur éprouve rapidement de la sympathie pour ces individus un peu étranges sur les bords, et de l'intérêt pour l'intrigue. Il note les pistes qui ne débouchent sur rien, ou les éléments qui n'apparaissent qu'une seule fois sans être repris par la suite. Il voit venir le fait que tous les individus vont converger vers un endroit unique pour le dernier épisode, dans le cadre d'un gros règlement de compte. Il se demande si c'était vraiment bien la peine que le scénariste ajoute l'intervention d'espions industriels chinois. Christopher Cantwell a écrit un thriller avec des personnages sortant du moule habituel sur la trame d'une entreprise souhaitant couvrir ses agissements officieux et clandestins. Le sort de Luna Brewster interpelle le lecteur, à la fois pour sa santé mentale, à la fois pour sa sécurité physique. Arrivé à la fin, il a apprécié la galerie de personnages, sans pour autant avoir trouvé ce qui a motivé Karen Berger à faire aboutir ce projet parmi d'autres.



Christopher Cantwell et Martín Morazzo ont réalisé un thriller peuplé d'individus à la forte personnalité, avec une intrigue qui tient en haleine. Les dessins donnent à voir les visions horribles qui harcèlent Luna Brewtser. Le scénario met en scène des individus crédibles, avec des interactions personnelles organiques et savoureuses. Le lecteur reste un peu sur sa faim, non pas du fait de la présence en creux de la femme volante, mais du fait du final à la construction artificielle, et de l'absence d'un thème directeur.
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Everything

Bienvenue à Everything le magasin dont vous allez devenir accro sans vous en rendre compte. Depuis son ouverture, les habitants de la ville s'y rendent même s'ils n'ont rien à acheter. Mais derrière cette frénésie d'achats, les personnes sont manipulées à leur insu par de mystérieuses ondes. Pire, ceux qui n'y sont pas réceptifs ou posant problème doivent être éliminer de l'équation.



Ce roman graphique est une critique de nos sociétés consommant trop et ne résistant pas à des achats impulsifs. Que ferions nous si un tel magasin existait où nous pourrions trouver tout sans limite ?

L'auteur y a glissé aussi du fantastique ce qui donne une autre dimension à son récit. C'est dommage que l'histoire du personnage final n'aille pas plus loin. J'aurai aimé découvrir sa nouvelle vie.

La couleur est primordial et imprime le danger, le complot, l'entraide, ..., elle est aussi un des personnage de l'histoire.
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Everything

Je n'ai pas accroché à ce Roman Graphique.

Ni l'histoire, ni les graphismes, ni les couleurs.

c'est un gros flop pour ma part.

J'ai été au bout mais c'était presque un supplice 🤭

Bref comme je dis si bien dans ce cas là : il faut de toutes lectures pour le monde littéraire.
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The Blue Flame

📚Sam Brausam est The Blue Flame, un super héros cosmique qui se retrouve à défendre la survie de l'espèce humaine.

Sam Brausam est The Blue Flame, un justicier appartenant à un groupe de héros et qui perd l'usage de ses jambes après une terrible tragédie.



2 identités pour deux quêtes qui se superposent : celle de l'humanité en générale et celle d'un homme, tout simplement.



🖊The Blue Flame de Christopher Cantwell et Adam Gorham démontre, une nouvelle fois, toutes les possibilités que peut offrir le genre super héroïque.



Critique sociale et universelle, le scénariste pointe du doigt nos propres errements sans proposer de solutions toutes faites et en évitant de tomber dans le défaitisme.

Une vision de l'héroïsme couplée à une vision du monde.

Le dessin d'Adam Gorham reste maitrisé même s'il semble plus à l'aise dans les environnements urbains.



Une nouvelle fois, on ne peut que souligner l'excellent travail de 404 comics, sur le fond et sur la forme, démontrant la pertinence de ses choix.



🧔Chronique complète :
Lien : https://www.mtebc.fr/the-blu..
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