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Citations de Christos Chryssopoulos (36)


Bien souvent la colère crée un lien entre deux êtres. La colère produit la colère et a besoin d’une colère en face pour être supportable. Parce qu’il se produit également ceci : la colère dont on souffre le plus n’est pas celle que l’on subit, mais la sienne propre que l’on dirige contre les autres sans pouvoir la maîtriser. Et quand on est dans l’incapacité d’en affronter la cause, la seule solution, alors, est de faire en sorte que l’autre en face y soit sujet à son tour, qu’il soit mis sur le même plan que soi, et que le tort en revienne à chacun tout autant.
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Il est difficile de contrôler la colère. Tout le monde sait cela. C'est la raison pour laquelle la colère est la méthode de victimisation la plus radicale. Ce n'est peut-être pas un hasard si en grec les mots "colère" (thumos) et "victime" (thuma) sont si proches...Parce que la colère engendre la victime avant d'éclater.
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La mort était chose cachée, secrète, inexplicable.
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La beauté est savamment enfouie dans des détails imperceptibles.
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Si la mort n'est plus, l'univers n'a plus ni sens ni lieu, il a perdu toute nécessité (éthique, métaphysique ou téléologique). Nous en tirons alors notre première conclusion. La mort devient l'alibi de Dieu, ou disons l'alibi de ceux qui ont inventé Dieu. Si la mort n'existe pas, il n'y a pas besoin de Dieu pour raconter la naissance de l'univers ou pour justifier sa raison d'être.
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Le soir du 31 de ce même mois, on m’annonce au téléphone qu’il est tombé du toit-terrasse de son immeuble. A une question que lui avait posée le concierge, il avait répondu : « Je descends tout de suite. »”
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C’est nous les fous, les songe-creux de la terre,
Le cœur enflammé, les yeux exorbités.
Nous sommes les penseurs soumis, les amoureux tragiques.
Mille soleils roulent dans nos veines
et de partout nous poursuit la vision de l’infini.
La forme est impuissante à nous dompter.
Nous sommes amoureux de l’essence de notre être
et à travers toutes nos amours c’est elle que nous adorons.
Nous sommes les grands fanatiques et les grands négateurs.
En nous est enclos l’univers tout entier et nous ne sommes
rien en dehors de lui.
Nos jours sont un incendie, nos nuits, un océan.
Autour de nous résonne le rire des hommes.
 
Nous sommes les Annonciateurs du chaos.
 
YORGOS MAKRIS
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Il n'y a que l'illusion de l'action spontanée, seuls les actes ont un sens.
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Notre colère, nous y faisons face seuls. Chacun pour soi. Elle s'accumule et nous rend fous. Nous avons même peur de notre ombre. Nous cherchons un moyen de canaliser le trop-plein de violence qui nous submerge à l'intérieur de nous-mêmes.
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Bien souvent nous acceptons les postulats des autres. Des vérités autoproclamées que nous considérons comme inébranlables. Mais de tels postulats sont inébranlables uniquement parce que nous les pensons tels. Ils nous sons indispensables parce que nous nous servons d'eux pour fonder d'autres vérités, plus modestes ; mais finalement ils ne sont rien d'autre que des fondements artificiels, écrasés sous le poids de mille théorèmes et convictions.
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La première chose à laquelle j’ai pensé, ou plutôt, non, la première chose que j’ai imaginée nettement, réellement, ce sont les conséquences. C’est tout. Le retentissement de l’événement à la Une des journaux, dans les premières déclarations à la radio, en couverture des magazines. Les conséquences… L’acte suspendu au-dessus de la ville, qui se propulse en un raz-de-marée par-dessus les immeubles et les avenues. Accroché au plafond de la ville. Cloué aux nuages. L’acte devenu information. L’acte dont tout le monde parle. L’acte présent partout, tout le temps. L’acte devenu nôtre. Le plaisir de pouvoir se l’approprier en secret.

C’était la première étape. Aujourd’hui je puis le dire avec certitude. La première chose qui m’a fasciné était que tout le monde en parlerait, serait au courant, complètement abasourdi, mais que moi seul je pourrais en jouir. Moi seul je l’anticiperais, et chaque fois que quelqu’un en parlerait, chaque fois que moi je lirais le récit qui en serait fait, le moindre détail, tout contribuerait à le rendre plus délicieusement réel. Cet acte serait tout entier à moi, rien qu’à moi.

Dans notre ville, il est difficile de considérer qu’une chose vous appartient bel et bien. Vos succès se partagent entre vous et ceux qui se les approprient. Les échecs, personne ne les possède, car ils sont rarement acceptés. Du coup, il ne reste rien qui vous appartienne sans partage. Sauf peut-être une ultime illusion: un acte réalisé en toute conscience.
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À partir de 1965 apparaissent ses tendances suicidaires. Si l’on compte quelques accidents de voiture suspects – sa voiture a fini par rendre l’âme –, ses tentatives avortées sont au nombre de sept. Fin janvier 1968, il arrive chez moi en milieu de journée. Il est blême et amaigri. Nous déjeunons, puis il me dit: «J’ai honte d’être incapable d’en finir une fois pour toutes avec la vie.» Puis il s’en va. Je l’appelle sans arrêt. Il ne répond pas. Le soir du 31 de ce même mois, on m’annonce au téléphone qu’il est tombé du toit-terrasse de son immeuble. À une question que lui avait posée le concierge, il avait répondu: «Je descends tout de suite.»
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Je ne voulais pas qu’on me prenne pour un criminel. Ni pour un fou. Il est fondamental, pour moi, qu’on ne se méprenne pas sur mes motivations. Je n’avais pas l’intention de faire du mal. Je ne voulais pas détruire. Mon but n’était pas de priver quiconque de quelque chose de précieux. Je cherchais seulement à nous libérer de ce que d’aucuns considéraient comme la perfection indépassable. Je me voyais comme quelqu’un qui offre un cadeau, qui propose une issue, qui relève un défi.
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Une silhouette sombre, mon ombre, suit docilement chacun de mes mouvements, sans hésitation. ceux qui osent arpenter la rue à cette heure-ci se cachent sous les balcons des immeubles et rasent les murs. J'ai chaud et j'ouvre grands les bras. On dirait que tout fonctionne au ralenti, en ce moment de la journée.
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La beauté, dans notre ville, a depuis longtemps disparu sous les éclairages orangés qui inondent les rues en permanence. La beauté, c'est une affectation et une hypocrisie. Elle est aux abonnés absents. C'est une vertu oubliée. Ici, la fierté n'existe pas. Nous vivons tous avec une grandeur qui n'est pas la nôtre.
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Il n'avait jamais vécu en ville. Il ne savait pas ce que c'est de vivre au milieu d'autres gens, des milliers d'individus qu'on ne connaît pas et dont on ne va jamais savoir le nom. (p.21)
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J'ouvrais doucement les yeux, je portais un regard endormi tout autour de ma chambre et je respirais profondément. Puis je me levais, lentement, mes pieds gelaient quand ils se posaient, nus, sur le carralage.
(...)
Quelques instants plus tard, je me réveillais pour de bon et je revivais tout depuis le début. J'ouvrais doucement les yeux, encore à moitié endormi, et dès que je voyais les murs de ma chambre, je me levais en soupirant, et mes pieds gelaient au contact du sol. Alors le rêve me revenait en mémoire et je me rendais compte que j'avais déjà vécu ce réveil. Et toute la journée continuait sur le même mode. Je buvais mon café, et j'étais traversé par la vision fugitive de la porte qui s'ouvrait et du soleil aveuglant qui m'étourdissait. La poussière de la route me rentrait dans les narines et mes joues rougissaient sous l'intensité des rayons de soleil. Ce n'était qu'une vue de l'esprit. Mais plus tard, le même matin, quand j'ouvrais la porte d'entrée, le soleil m'aveuglait et la poussière de la route me rentrait dans les narines pour de bon. C'est alors que je me rendais compte que je franchissais le seuil pour la seconde fois.
Voilà quelle était ma vie. Et invariablement, ces petits détails si prévisibles de l'existence se présentaient à moi par deux fois. C'est n'est pas un pouvoir étrange, prophétique, parce que je suis totalement incapble de prédire quoi que ce soit, vraiment. C'est seulement ces petites choses que je reconnais systématiquement, qui me torturent. Et ce n'est pas rien, comme supplice, parce qu'il est difficile de distinguer ce qui est bel et bien réel de ce qui ne l'est pas. Le temps s'embrouille. Le présent n'est pas net. Quand tu te promène, tu ne sais pas, par exemple, si tu gravis à ce moment-là les marches d'une rue en pente, ou si tu te trouves au même moment ailleurs et que c'est dans ton rêve que tu montes ces marches. Evidemment tu le comprendras après, et u reprendras pied dans la réalité, mais en cete instant précis, tu marches dans le vide et reste suspendu dans le temps, dans le doute. Et ensuite, de nouveau, tu te perds. Comment savoir si tu marches pour de vrai ou se c'est ton imagination qui recommence à s'agiter? Ce n'est pas facile de vivre avec un esprit qui te joue des tours en permanence.
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« Quand on parcourt la ville en la photographiant, on prend conscience de quelque chose que seuls ceux qui prennent des photos sont capables de percevoir : elle est criblée de trous noirs. Les endroits où il n’y a absolument rien sont légion. Je ne reviens jamais voir les lieux que j’ai photographiés. L’arbre qui se dresse seul dans la ruelle qui donne sur l’avenue, Singrou. Le mannequin dans le terrain vague de la rue Eolou. Le sex-shop ouvert la nuit…Le cliché que j’en ai pris les a effacés. Et je me déplace dans la ville entre ces trous noirs qui sont les photographies que j’ai déjà prises. »
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Vos succès se partagent entre vous et ceux qui se les approprient. Les échecs, personne ne les possède, car ils sont rarement acceptés. Du coup, il ne vous reste rien qui vous appartienne sans partage.
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Ce qui peut-être déconcertait les gens, quand ils connaissaient Philippos;, n'était pas tant son métier que la manière dont il l'avait choisi. Oui vraiment, comment quelqu'un décide-t-il de devenir manucure, quelles circonstances amènent un garçon à embrasser cette carrière singulière, solitaire ? (p.20-21)
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