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Critiques de Christy Lefteri (185)
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L'Apiculteur d'Alep

"L'apiculteur d'Alep" fait partie des livres sortis au mauvais moment, en mars 2020...Librairies et médiathèques fermées ont fait qu'il n'a sans doute pas eu la visibilité qu'il méritait.

C'est un roman d'une grande sensibilité. J'avoue cependant que je m'attendais plutôt à un récit de la vie à Alep avant la guerre. Une première partie se déroulant pendant les jours heureux, puis le conflit et la fuite. Une certaine chronologie conventionnelle.

Et bien non, la construction du livre est assez originale, avec des retours en arrière qui nous ramènent à une étape précédente du voyage. Les jours heureux sont évoqués, on parvient à les reconstituer mais ce n'est pas l'objet du roman ...Il s'agit plutôt d'un récit sur le difficile exode des migrants, les camps, le combat mené, les espoirs et les déceptions.

Les personnages sont attachants. L'écriture est soignée et agréable. Une lecture plaisante sur un sujet dur.

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L'Apiculteur d'Alep

J’ai reçu ce roman dans le cadre d’une masse critique Babelio. Il m’intriguait beaucoup et la couverture était vraiment belle, pleine de promesses, alors que le résumé laissait entendre la douleur. Le contraste m’a plu!



Ce roman est une fiction, mais une fiction nourrie par les rencontres de l’autrices. Il raconte l’histoire de Nuri, un apiculteur, de sa femme Afra et de leur fils Sami. Ils vivent en Syrie, à Alep. Mais la guerre ravage tout, et ils entament un long périple : fuir la guerre, essayer de survivre, essayer de trouver une autre vie, ailleurs, de se reconstruire.



Ce roman est assez particulier. Deux histoires alternent : Nuri et sa femme, en Angleterre, en attente de la demande d’asile, et leur vie à Alep, les temps heureux, en flash-back, la perte des leurs, la perte de leurs biens, la peur, le vide, l’absence, l’incapacité à réagir puis l’urgence, vitale, de fuir. J’ai trouvé un détail dans l’écriture de ce roman particulièrement signifiant. Les époques se mêlent, en un tressage fin. Certains chapitres font le lien entre passé et présent. Le dernier mot du chapitre est isolé sur une page et constitue le premier mot du chapitre suivant. Cela permet de mimer le mouvement de flux et de reflux du souvenir, de mimer le passé qui nous étreint suite à un mot, une odeur, une situation. Si j’ai été surprise au début, je dois me rendre à l’évidence : c’est non seulement original, mais particulièrement efficace. Cela permet au lecteur de plonger dans les pensées de Nuri, de suivre son histoire, et peu à peu, nous sommes nous aussi submergés par ses sentiments : la nostalgie d’un pays aimé, perdu irrémédiablement, la peur, la souffrance, le deuil, l’impossible oubli des horreurs vues, des épreuves traversées. Chaque détail du périple nous égratigne un peu plus le cœur, et aux côtés de Nuri et de sa femme, nous sommes atterrés, pris à la gorge devant tant de souffrances humaines.



Rien ne nous est épargné ici, pourtant, il n’y a pas de pathos à outrance, pas de violence démultipliée. Beaucoup de choses passent par l’implicite, et, à mon sens, cela en décuple l’effet. Le suggéré m’atteint plus qu’un langage cru dont je vais me distancier. A travers le voyage de Nuri et de sa femme, nous voyons apparaître les camps de transit des migrants – dans toute leur horreur – insalubrité, misère, promiscuité, trafics aussi. A demi-mots, nous sentons des trafics d’humains, de la prostitution forcée. Les passeurs sont aussi présents : leur manière d’exploiter la misère humaine, leur chantage, et l’argent – au centre de tout.



Ce qui innerve ce roman, c’est surtout la peur, la souffrance humaine, et, en dessous l’espoir. L’espoir de tout reconstruire, l’espoir d’échapper à la guerre, de sauver sa vie, d’arriver à avancer, et non à oublier, car il est des choses que personne ne peut oublier. En filigrane, la question reste posée : comment survivre à la perte de son enfant, à l’abandon de tout ce qui nous a façonné, renoncer à son passé, à ses racines – en quête d’un Ailleurs plus riant – mais un Ailleurs où l’on nous questionne, où l’on nous soupçonne parfois, où certains nous exploitent. Ce voyage que nous faisons aux côtés de Nuri et d’Afra est un voyage douloureux, qui pèse sur le cœur, et qui nous atteint au plus profond de nous-mêmes, car, si nous ne sommes pas dans un pays en guerre, la guerre a déjà dévasté les vies de nos grands-parents, et nous ne pouvons qu’espérer que cela ne nous arrive pas à notre tour aussi.



L’Apiculteur d’Alep est donc une lecture très émouvante. Ce roman est riche en humanité et il sait parler à notre cœur. Sous les dehors de la fiction, sous une histoire particulière, il nous parle de milliers de personnes, il nous parle de l’Homme et des épreuves d’une vie.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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L'Apiculteur d'Alep

Christy Lefteri, forte de son expérience dans un centre d'accueil de migrants à Athènes, nous livre un portrait tout en subtilité et tout en humanité de la migration. Elle met en scène un couple fictif, réceptacle de bien des histoires recueillies par l'auteure, qui fuit la Syrie pour rejoindre l'Angleterre, avec son cortège de difficultés, d'horreur mais aussi d'espoir.

Je me suis pris d'amitié pour ce couple, j'ai tremblé pour eux, j'ai espéré avec eux. J'ai aussi été bien bluffé par quelques mises en scène... Ce roman donne une vision nuancée de cette thématique oh combien actuelle, à lire absolument!
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Les Oiseaux chanteurs

A Chypre, tous les gens aisés semblent avoir une employée de maison à leur disposition. Ce sont souvent des Asiatiques qui ont dû quitter leur pays pour fuir la misère. Nisha est l’une d’elles, et c’est son histoire que nous raconte Christy Lefteri.

Nisha a pris un jour cette terrible décision : abandonner sa fille Kumari à sa grand-mère, quitter le Sri-Lanka et partir pour l’Europe dans l’espoir d’envoyer de l’argent à sa famille. Elle a relativement de la chance car elle est bien tombée : Petra, son employeuse, la considère bien, sans pour autant s’intéresser à elle. Dépressive après la mort de son mari, elle laisse à Nisha le soin d’élever sa fille Aliki. Quel contraste entre le dynamisme de Nisha, son sourire malgré la situation, et l’indifférence permanente de Petra !

Nisha disparaît un jour, et les tentatives pour la retrouver constituent dès lors le fil conducteur du roman. Ils sont deux à s’inquiéter : Petra, mais aussi Yiannis, son amant qui louait à Petra l’étage du dessus. Petra n’avait même pas remarqué cette liaison, et se rend enfin compte qu’elle vivait jusque là dans son petit monde à elle. Yiannis a perdu son emploi de banquier lors de la crise de 2008 et s’enrichit maintenant du braconnage d’oiseaux : grâce à Nisha, il tentera d’échapper à cette véritable mafia.

D’autres employées de maison disparaissent mais la police refuse à chaque fois d’ouvrir une enquête : ce ne sont « que » des étrangères, des migrantes. Une allusion claire au refus de nos états européens de prendre le problème des migrants au sérieux, sans se rejeter la patate chaude entre eux.

Le roman se lit avec plaisir, mais il manque d’une certaine profondeur et se termine un peu en queue de poisson. Les sentiments des principaux personnages sont décrits de façon assez stéréotypée. J’ai retrouvé ici le même petit défaut que dans « l’apiculteur d’Alep ».

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L'Apiculteur d'Alep

L'auteur aurait tout intérêt à se refaire une santé car le fait d'écrire des romans avec pour thème migrants, opprimés, exilés et exploités est devenu une manie voire une maladie, puisqu'il semble guère lui réussir du tout si l'on en juge par un article de Libération sur son second roman, déplorant son grand état de tristesse suite à des épreuves personnelles et « professionnelles ». Il ne faudrait pas que la fiction dépasse la réalité déjà bien pénible, pour ces êtres lointains qui souffrent le martyre.



Ici fond et forme des plus banals malgré un tapage médiatique de la part des médias ultragauchistes et Libération (encore lui !) se pose d'ailleurs parmi les premiers à décerner des éloges,



Tout cela dévient plus que lassant et d'autant plus concernant les Oiseaux chanteurs, (que je m'abstiendrai évidemment de lire), quand on songe, pour ne citer qu'elles, que Leila Slimani et Karine Giebel ont chacune traité ce même sujet dans un de leurs romans. Sans oublier Norek, et Yasmina Khadra et j’en passe et des bien meilleurs.
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L'Apiculteur d'Alep

Nuri était apiculteur en Syrie avant que la guerre n'éclate. Les combats sont tels qu'il doit quitter son pays. Pour garder espoir au milieu du chaos, il se remémore son travail auprès des abeilles, il les entend encore, il sent le parfum des chaudes journées syriennes. Ce livre nous conte à la fois le voyage plein d'embûches de Nuri qui part rejoindre son cousin en Angleterre, son chagrin de devoir quitter ce coin de terre qu'il aimait tant, et l'amour qu'il porte à sa femme devenue aveugle suite à un traumatisme. L'écriture sait se faire lyrique pour décrire la vie paisible d'avant guerre et terriblement réaliste quand il s'agit de décrire le voyage et les camps où sont entassés des milliers de personnes obligées de fuir leur pays comme Nuri.
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L'Apiculteur d'Alep

Je viens de terminer, complètement bouleversée « L’apiculteur d’Alep » de Christy Lefteri. C’est superbement bien écrit (et traduit), mais très lourd à porter quand on sait que l’auteur nous raconte dans ce roman ce que lui ont confié des familles qu’elle a rencontrées durant son bénévolat dans un centre de migrants en Grèce. L’empathie ressentie par l’auteur dans son récit est d’une telle force que l’on devient un témoin proche de cette famille. On entend bien que rien ne pourra les guérir d’avoir vu mourir leur petit garçon sous leurs yeux et d’avoir dû fuir leur pays, perdre leur travail, tout ce qui était leur quotidien heureux de jeune couple syrien. Même la petite lumière d’espoir qui s’éclaire dans les deux dernières pages nous dit que rien, plus jamais, ne ressemblera au bonheur. Je ne suis pas prête d’oublier Nuri et Afra Ibrahim et tous ceux qui vivent chaque jour ce destin de migrant.
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Les Oiseaux chanteurs

A Chypre, partie grecque, des braconniers se font des rentrées juteuses en fournissant aux restaurants des oiseaux capturés. Ce braconnage est connu et pratiqué actuellement. L'auteur s'est documentée et informée sur place.

A Chypre comme dans bien d'autres pays, nombreuses sont les femmes asiatiques qui sont employées de maison et souvent maltraitées. Trop souvent elles ne sont pas considérées ni respectées, certaines sont violées par l'employeur.

Nisha vient du Sri Lanka, est employée depuis 10 ans chez Petra, à Chypre. Elle élève et prend soin d'Aliki comme si c'était sa propre fille. Nisha a une fille Kumari mais qu'elle s'est résignée à laisser aux soins de sa mère pour partir à l'étranger, gagner de quoi faire vivre sa fille, sa mère.

Soudain Nisha disparaît un dimanche soir. Petra, sa fille, les amis et amies de Nisha sont inquiets, s'informent. La police refuse d'enquêter. Ces femmes ne valent pas la peine qu'on dépense du temps, de l'argent.

Ces femmes étrangères ne sont pas considérées comme humaines. Elles sont des choses à exploiter pour un rendement efficace et sont fort peu rémunérées.

Christy Lefteri a été informée du drame de cinq employées et de deux de leurs enfants tués à Chypre. Fortement choquée elle a été sur place pour interroger des employées, des associations qui s'occupent de ces personnes à Chypre. Elle souhaite que la société se réveille, devienne un peu humaine, considère ces femmes.

Le drame de ces femmes a très fortement touché l'auteur qui espère réveiller le monde qui nous entoure. Cela ne se passe pas rien qu'à Chypre, malheureusement.

Le lecteur est pris par la tension qui règne dans ce livre. On sent un drame qui est réel car inspiré de faits réels.

J'avais beaucoup apprécié L'apiculteur d'Alep du même auteur et j'ai été très touchée par Les oiseaux chanteurs. Tous deux sont une lecture enrichissante, qui marque.

Un titre qui fait entrevoir un livre enchanteur, léger. C'est un livre fort qu'on découvre et qui ne laisse pas indifférent. L'écriture est fine, sensible, humaine, très attachante. A lire.

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L'Apiculteur d'Alep

Une histoire bouleversante et essentielle



" Nous sommes capables de créer des illusions tenaces pour ne pas nous perdre dans les ténèbres."



Avec son cousin Mustapha, Nuri récolte le miel à Alep, trouvant le bonheur au contact de ces insectes indispensables à la nature, les comprenant; leur entreprise est leur fierté, la création en est l'essence même. A ses côtés, il y a sa femme Afra, artiste peintre talentueuse et Sami leur petit garçon...la vie est douce, pleine d'amour...mais la guerre éclate, les morts autour d'eux brisent leur bonheur et la fuite... nécessaire pour survivre...et l'espoir qu'est l'Angleterre.



Bénévole dans des camps de réfugiés à Athènes, l'auteure a été profondément marquée par ce qu'elle a pu entendre et voir. Ne pouvant oublier, elle se devait de raconter.

Raconter pour qu'on ne les oublie jamais, eux et ceux qui n'ont pas survécu.

Raconter pour témoigner et essayer par ce grain de sable de marquer les esprits et les gouvernements.

Raconter car il semblerait qu'il faille se justifier de vouloir survivre en fuyant son pays, la misère ou la guerre pour obtenir asile.

Raconter pour dénoncer l'enfer des camps et leur violence.

Raconter qu'au milieu de cette misère les rires des enfants parfois résonnent.

Sous les traits de ces personnages fictifs elle donne voix à ces milliers de personnes dont on detourne le regard tellement souvent.

Merci aux @editionspoints pour l'envoi de ce livre bouleversant et si bien écrit.
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L'Apiculteur d'Alep

Quand la guerre s'invite dans le quotidien, le drame est un bagage qu'on trimballe avec soi en exil, il nous colle à la peau, et il revient à chaque fois que l'on ferme les yeux. C'est ce que l'Apiculteur d'Alep raconte. On suit la fuite de ce couple qui n'ont que trop tardé et que le chagrin à déjà marqué à vie.
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Les Oiseaux chanteurs

Lu à la suite de L'île aux arbres disparus d'Elif Shafak qui se déroule également à Chypre et qui fait également allusion aux oiseaux migrateurs et de chasse à la glue, sur la recommandation de Jostein



Récit à deux voix autour de la disparition de Nisha, la nounou srilankaise d'Aliki. Petra, la maman d'Aliki et la patronne de Nisha cherche à retrouver cette dernière, déclare cette disparition inquiétante à la police qui ne prend même pas sa déposition. Yannis, le locataire de Petra, est l'amant clandestin de Nisha (qui craint de perdre son travail si cette relation est connue). 



A travers les récits entrecroisés de Petra et de Yannis la personnalité de Nisha se découvre. Pour la patronne chypriote, la domestique srilankaise est bonne à tout faire : engagée pour s'occuper de la petite fille, elle fait le ménage, les courses, la cuisine et même vient au magasin d'optique de Petra nettoyer la boutique. En 9 ans, elle n'a quitté la maison de Petra que deux jours, et si on lui octroie la journée du dimanche, elle doit être présente le soir pour coucher l'enfant. Elle envoie tout son argent à sa fille au Sri Lanka et se trouve enchaînée à l'agence qui lui a procuré visa et billet du voyage pour une dette de milliers d'Euros. Petra connait l'existence de la fille mais sans plus. Petra et Nisha auraient pourtant beaucoup à partager, l'éducation de leurs filles, les deuils de leurs maris décédés jeunes, et tant encore...Elle ne s'est jamais intéressée à cette femme pourtant au sein de son foyer. 



Yannis, au contraire est très amoureux de Nisha c'est sur sa tablette que mère et fille communiquent chaque matin . Yannis a l'occasion de parler avec Kumari. Ils entretiennent une relation très forte, la veille de la disparition de Nisha, il l'avait demandée en mariage. Travaillant avant la crise de 2008 dans la finance, et ruiné, il s'est laissé entraîner dans un trafic très louche de braconnage d'oiseaux migrateurs que réprouve Nisha. Est-il responsable de la disparition de sa compagne? 



Petra mène son enquête et découvre que Nisha était connue dans tout le quartier et très appréciée. Elle découvre aussi d'autres disparitions d'employées de maison sans que la police n'intervienne...



Je ne spoilerai pas l'histoire....

A vous de la lire!

A vous de découvrir aussi les Oiseaux Chanteurs qui ont donné le titre à l'ouvrage! 



J'ajouterai que l'auteure s'est inspirée de faits réels, de disparitions de femmes et d'enfants, victimes de prédateurs mais aussi du silence complice de l'inaction de l'entourage et des autorités. Merci à Christy Lefteri de lever le voile cachant l'esclavage domestique dans l'indifférence générale. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Les Oiseaux chanteurs

J'ai découvert, comme beaucoup, Christy Lefteri grâce à son superbe roman L'apiculteur d'Alep. J'avais hâte de pouvoir lire son nouveau roman.

Sur fond de scandale du travail des immigrées à Chypre, elle nous raconte l'histoire de Nisha au travers du regard de Yannis, l'homme qui l'aime et Petra, celle qui l'emploie.

J'ai trouvé que l'histoire a mis un peu de temps pour se mettre en place, mais ensuite impossible de lâcher ce livre. Ce roman est très beau. Bien écrit, bouleversant sur un sujet délicat et que l'on connait peu. J'apprécie une fois de plus la plume de l'auteure qui arrive à dénoncer des actes inadmissibles, à nous mettre devant le fait accompli, tout en nous racontant une histoire dont on ne ressort pas sans la garder un bon moment dans sa mémoire.

J'ai découvert l'envers du décor de ce que peuvent vivre ces travailleuses (en encore le sujet est évoqué avec pudeur), le braconnage de ces oiseaux chanteurs. Un livre, par moments, difficile, mais également empli de douceur. Petra prend conscience que Nisha n'était pas juste son employée, même si elle le réalise trop tard. Elle acquiert davantage d'humanité au fil des pages, tout comme Yannis. La relation de NIsha avec Aliki apporte de la poésie au roman.

Un très beau moment de lecture. Je vous le conseille

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Les Oiseaux chanteurs

Nisha est la nourrice d'Aliki, la fille de Petra, son employeuse. Elle a disparu brusquement, n'emportant aucun de ses effets personnels. Yiannis, le locataire de Petra est aussi inquiet qu'elle. Nisha était tout pour lui et il a peur d'avoir provoqué sa fuite.

A travers les regards de Petra et de Yiannis, nous découvrons Nisha, ses joies, ses peines, l'éternel déchirement de sa vie.

Au-delà de l'histoire de Nisha, ce sont toutes ces femmes, invisibles aux yeux de beaucoup, leurs destins, leurs espoirs et l'incompréhension de leurs choix par les chypriotes qui nous frappent. Et c'est également la face sombre de cette île qui nous est révélée.



Tout comme avec L'apiculteur d'Alep, j'ai appris énormément de choses grâce à ce roman. Je ne connaissais pas du tout l'histoire de Chypre et j'ai aimé prolonger ma lecture en me renseignant par moi-même. Christy Lefteri a réellement le don de rendre ses personnages vivants, humains, attachants. En suivant en alternance les relations respectives de Petra et Yiannis avec Nisha, nous découvrons tour à tour le point de vue de sa patronne et de son amant.

Ainsi, Petra nous apparait avec ses qualités et ses défauts. Elle est sincèrement inquiète pour Nisha, et elle est également déboussolée de devoir s'occuper seule de sa fille Aliki. La disparition de Nisha lui fait prendre conscience de tout ce que celle-ci accomplit au quotidien. Et par ricochet, Petra va s'intéresser aux autres employées de maison.

Yiannis, quant à lui, a tout simplement perdu l'amour de sa vie. En cachette de Petra, il passait la plupart de ses nuits avec Nisha. Il est en plus torturé par le fait de braconner, aussi piégé que les oiseaux qui se prennent dans ses filets. La disparition de sa bien-aimée l'a anéanti, lui qui voulait lui offrir une vie meilleure.

Ce roman m'a beaucoup touché, il est à la fois dur, poétique et terriblement réel, tout comme les faits dont il s'inspire.



Pourquoi lire Les oiseaux chanteurs ?



Encore une fois, Christy Lefteri nous offre une intrigue très documentée, mais qui n'occulte pas de magnifiques descriptions, ou des passages émouvants. A travers des protagonistes tout simplement humains, pris entre des responsabilités, des sentiments et des regrets, l'auteure nous ouvre les yeux sur une réalité dont nous n'avons pas forcément connaissance.

C'est un livre nécessaire et qui ne peut pas laisser indifférent.
Lien : http://racontemoilalecture.o..
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Les Oiseaux chanteurs

Il y a des livres qui arrivent dans votre vie et dont on sait dés la première phrase qu' ils ne sortiront pas de votre mémoire.

Reçu dans le cadre de masse critique de Babelio,le nouveau roman de Christy Lefteri ,auteure de l' apiculteur d'Alep m' a bouleversée, transportée ,littéralement et intiment touchée.

Ce livre est un chant d'amour pour Nisha et à travers elle pour toutes les femmes dans le monde qui par le hasard de leur naissance se retrouvent exilées de leur vie pour servir d'autres femmes se croyant supérieures,croyant que leur vie compte plus, que leur naissance leur permet de réduire à rien d' autres femmes.

Nisha est srilankaise,veuve et maman,voulant offrir un avenir à sa petite fille,elle part pour Chypre .

Le coeur brisé elle va pourtant s' occuper comme une maman de la petite fille de sa patronne.

Elle va s' occuper de cette maison où elle est domestique ,de cette femme ,devenue veuve très jeune,comme elle.

Et puis un soir ,elle disparaît.

Petra ,la femme chez qui elle travaille la cherchera sans relâche, en découvrant à chaque instant, à chaque porte ouverte, à chaque porte fermée Nisha ,sa vie ,ses peurs ,ses tristesses ,ses bonheurs ,ses amours, ses espoirs.

Aidée de Yiannis qui aime Nisha ,elle prendra alors conscience de la tragédie que vivent ces femmes venues du Népal, des Philippines, du Sri Lanka pour aider leur famille à survivre.

Invisibles et pourtant indispensables ,elles sacrifient leur existence avec résilience et force.

Un livre vécu à chaque page ,à chaque mot comme une déchirure, une tristesse, une colère aussi et pourtant malgré tout un livre d'une beauté éblouissante car porteur de l'âme de Nisha.

Lors de ma promenade quotidienne dans un parc que j'adore, j' ai senti sa présence dans chaque arbre,dans chaque fleur,dans chaque chant d' oiseau,dans la mélodie du vent .

Nisha est là c' est certain dans l' immensité de notre monde et dans la proximité de nos pas.
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Les Oiseaux chanteurs

À Chypre,

Il y a une ligne verte (1) qui sépare l’orient de l’occident,

Il y a un lac rouge, le lac de Mitsero (2), un lac toxique, un lac de cuivre.

Il y a une classe moyenne qui vit bien, profite de la mise à disposition d’une main d’œuvre taillable et corvéable à merci.

Cette main d’œuvre est d’origine étrangère, tous les exilés économiques qui ne trouvent que cette issue pour essayer d’offrir à leurs parents et à leurs propres enfants un espoir de sortir d’une vie misérable.

Nous ne sommes pas loin de l’esclavagisme car il y a, à la fois,

Le salaire réduit proposé à ces femmes avec le gite et le couvert en échange d’une force de travail qui doit démontrer son efficacité nuit et jour,

Le système d’agence, assurant le placement et « offrant » le déplacement à cette main d’œuvre, taxe lourdement les revenus espérés.

La démonstration des perversions de ce système est éclatante au travers de cette histoire inspirée de faits réels. Elle fait froid dans le dos et nous ouvre les yeux sur ce que nous ne voulons pas voir.

L’autre aspect évoqué est le braconnage de la faune qui lui aussi montre l’absurdité d’un système, un moyen comme un autre de gagner sa vie en exploitant des ressources vivantes naturelles pour le plaisir gastronomique de quelques privilégiés qui se délectent de produits dont la capture est interdite.

Un livre comme un combat sur ces deux fronts, puisse t il nous pousser à changer notre regard sur le monde qui nous entoure.

Merci à cette masse critique privilégiée qui m’a permis de découvrir et cette auteur …

Il me reste à lire « l’apiculteur d’Alep ».



(1)

La ligne verte est une zone démilitarisée contrôlée par la Force des Nations unies chargée du maintien de la paix à Chypre de l’Organisation des Nations Unies, qui partage, depuis 1974, l’île de Chypre entre le tiers nord de Chypre occupée ( partie turque ), contrôlée de facto par la Turquie, et la république de Chypre ( partie grecque ), dont le gouvernement est le seul qui soit internationalement reconnu.



(2)

Lac rouge de Mitsero (Chypre). Les produits chimiques toxiques de la mine à ciel ouvert de sulfure de Kokkinopezoula lui ont donné une teinte rouge et jaune non naturelle.

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L'Apiculteur d'Alep

Quelle jolie histoire , un rien poétique mais ajouter de la violence n’aurait rien apporté

On suit Niro et sa femme qui fuient Alep après la mort de leur petit garçon lors d’un bombardement .

Au fur et à mesure de leur voyage en Angleterre Niro retrouvera la raison et l’envie de vivre ainsi que sa femme Sami l’a peintre qui n’osait plus ouvrir les yeux

De là début , nos protagonistes sont à Londres, on sait donc que tout va bien pour eux , cela enlève une intensité dramatique mais permet de se laisser perdre dans les champs avec les abeilles que Niro élève ... très appréciable ce côté positif dans ce récit pour moi dans cette période si sombre
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L'Apiculteur d'Alep

Nuri et Afra vivent à Alep en Syrie. Ils doivent quitter le pays en guerre pour essayer sauver leurs vies. Mais prendre la décision de partir n'est pas facile et le moyen encore moins. S'en suit un véritable périple pour essayer de rejoindre le cousin de Nuri qui est déjà arrivé en Angleterre.

Un très beau roman, sur un sujet très difficile. Christy Nefteri a été bénévole dans les camps de réfugiés à Athènes et s'est inspirée des témoignages pour écrire cette histoire. Malgré que les personnages soient fictifs, ce roman est troublant de réalité. Il est poignant sans jamais entrer dans des détails sordides. On y découvre à quel point la vie de réfugiés est difficile, de ne plus avoir de chez soi, de quitter un pays la peur au ventre et que cette peur ne parte pas car le voyage et les camps peuvent être source d'insécurité. Ne jamais savoir jusqu'où ils pourront aller... l'amour aussi peut être mis à rude épreuve.

J'ai été troublée par la mise en page au début lors des passages entre présent et passé, j'ai même cru à un problème de fichier lors de mon achat sur kindle. Mais finalement c'est un choix très bien fait et j'ai trouvé l'idée très bonne.

Nuri et Afra sont très attachants, et Nuri sous son apparence de force cache un homme brisé qui a besoin de se reconstruire. De même pour Afra, dont la cécité n'est pas anodine.

Un superbe roman que j'ai beaucoup aimé, je ne peux que vous le conseiller.
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L'Apiculteur d'Alep

Nuri est apiculteur à Alep en Syrie et voit son monde se désagréger petit à petit. Suite à la bombe de trop, il décide de fuir avec sa femme Afra. Commence alors un exil douloureux pour essayer de rejoindre leur cousin Mustafa en Angleterre.



J’ai adoré. L’histoire est une fiction mais basée sur l’expérience de bénévolat de l’auteure dans un centre pour migrants en Grèce et sur les histoires racontées par ces réfugiés.

C’est terrible et bouleversant mais sans jamais tomber dans le pathos. Le « témoignage » de Nuri est plein d’humanité et d’amour pour sa femme et son pays. Il est sans fioriture et on imagine sans peine la beauté d’Alep avant le désastre de cette ville saccagée.

Il y a des moments lumineux aussi comme lorsqu’il raconte ses ruches et son travail d’apiculteur.



Les chapitres alternent entre la vie du couple dans un centre en Angleterre en attendant de savoir s’ils peuvent rester ou s’ils vont être renvoyés, et les différentes étapes qui ont amené à cette situation.



Parfois, le dernier mot d’un chapitre est le premier du suivant, comme un fil qu’il ne faut pas rompre sous peine de perdre l’espoir.



Ce livre est une pépite.


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L'Apiculteur d'Alep

"L'Apiculteur d'Alep" est un roman sensible, tendre autant que douloureux qui a l'audace d'aborder le thème difficile des migrants.

Nuri était apiculteur à Alep et il vivait heureux avec sa femme, peintre, et son fils. Autour d'eux, une famille et des amis dont Mustapha, le cousin et l'ami, le collègue apiculteur.

Mais nous sommes en Syrie et malgré le miel, le soleil et les éclats de rire, L Histoire est en marche et la guerre avec elle. le sang, la violence et la barbarie.

Le quotidien de Nuri et des siens se délite peu-à-peu jusqu'à éclater complètement. Des hommes en noir et des soldats s'en prennent aux civils, l'eau charrie les cadavres d'êtres aimés et bientôt les bombes. Quel autre choix alors que celui de l'exil?

Mustapha, sa femme et leur fille seront les premiers à tenter de joindre le Royaume-Uni. Il faudra plus de temps à Nuri.

Un jour, l'irréparable, l'insupportable se produit: son fils est tué et sa femme devient aveugle. Plus que tout, il faut partir, fuir, même si c'est dur, même si c'est un déchirement.

L'odyssée des deux époux les mènera d'Alep, la belle sacrifiée, à l'Angleterre en passant par la Turquie et la Grèce, par les terres et la mer. Elle les conduira aussi au fond d'eux-même et de leur histoire. C'est un voyage au moins aussi douloureux et compliqué que cette fuite éperdue dans laquelle ils se lancent comme d'autres se noient.

Le roman alterne les chapitres se passant en Angleterre dans un centre réservé aux migrants et les retour en arrière, relatant le passé heureux et la Syrie puis les étapes -souvent cruelles- de l'exil.

Il y a beaucoup d'humanité dans ce roman nimbé autant de tristesse que de lumière. C'est un roman qui dit la violence et la douleur mais qui parle aussi d'espoir et d'amour fou. C'est un roman poignant, révoltant qui dit aussi tout ce qu'on préférerait ignorer des horreurs qui se passent à nos frontières parce que c'est plus confortable de faire comme si on ne savait pas. Comme si on ne savait pas le trafic des passeurs et celui des orphelins. Comme si on ne savait rien de l'échec des associations qu'on prive de moyens et de la tragédie des bureaucraties et des adeptes du profit.

J'ai beaucoup aimé ce roman et il m'a fait autant de mal que de bien, ce que j'attends souvent d'une bonne lecture.

Il n'est pourtant pas exempt de défauts selon moi, ou du moins de faiblesses... Ainsi, si j'ai beaucoup aimé les passages se passant en Europe et en Turquie, j'ai trouvé que les pages syriennes, sur le "bonheur d'avant" manquaient un peu de caractère, de souffle et qu'elles péchaient parfois (mais rarement) par mièvrerie. J'ai regretté par ailleurs que ce contexte syrien ne soit qu'effleuré. On a beau savoir pas mal de choses, j'aurais eu besoin que Nuri en parle, nous en parle...

Si je me suis beaucoup attaché aux deux personnages principaux, il me semble que l'histoire entre Mohamed et Nuri manquait quelque peu de subtilité. On en devine l'issue très rapidement et c'est dommage.

Enfin, un mot des personnages secondaires que j'ai beaucoup aimé, qu'il s'agisse des salauds -complexes et approfondis comme le sont toujours les êtres humains- ou des compagnons d'exil: la femme au turban, le marocain ou "l'homme aux ailes" m'ont émue aux larmes!

En somme, si ce livre n'est pas pour moi un coup de coeur, il n'en demeure pas moins que c'est une très belle découverte, poignante, qu'il faudrait mettre entre toutes les mains, pour éveiller les consciences grâce à l'histoire de l'Apiculteur d'Alep qui doit ressembler à tant d'autres histoires qui ne seront jamais racontées.

Merci à Babelio pour cette masse critique privilégiée qui m'aura permis cette découverte toute d'amertume et de délicatesse.
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Le Livre du feu

Un feu criminel a ravagé des hectares de terre en Grèce.



Irini, enseignante de musique, son mari peintre et leur fille ont eu la chance de survivre mais leurs blessures physiques et mentales sont profondes.



Face à la désolation de leur terre, ils vont devoir trouver le courage d'avancer. Pour Irini, cela se fera par l'écriture de son journal qu'elle intitule « le livre du feu ».



Les chapitres sont alternés entre ce journal et le quotidien de la famille. A travers « le livre du feu », Irini revient sur ce qu'il s'est passé de manière chronologique, les heures de peur et de détresse avant d'être sauvés.



Dans les chapitres sur le quotidien, elle décrit l'apathie de son mari, la souffrance de sa fille mais aussi l'enquête qui a lieu à la suite de la mort de l'homme qui a mis le feu.



L'histoire sur la façon de tenter de continuer à vivre après une tel drame, le besoin de rechercher un responsable ou la vie qui reprend, est intéressante. Mais j'ai trouvé la construction un peu lourde. Cette double narration ralenti le rythme. Irini décrit les choses de manière assez froide et distante, cela nous coupe de l'affect et des sensations de la famille, Et dans le quotidien, on ne ressent pas vraiment le suspense de l'enquête.



J'ai donc trouvé dommage de ne pas éprouver dans ce récit l'intensité dramatique et bouleversante que je pensais y trouver. Du coup je suis restée un peu en dehors de l'histoire.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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