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Karine Laléchère (Traducteur)
EAN : 9782757899847
360 pages
Points (03/05/2024)
3.99/5   129 notes
Résumé :
Chypre, 2016. Nisha Jayakodi disparaît un soir sans laisser de trace. Son employeuse Petra Loizides s’inquiète de la disparition de la nounou qui élève sa fille de 9 ans depuis sa naissance. Yiannis, le
locataire qui occupe le premier étage de sa maison, est lui aussi bouleversé : se serait-elle enfuie suite à sa demande en mariage la veille ? Mais la jeune femme sri-lankaise a laissé derrière elle son passeport, l’écrin qui renferme la photo de son défunt ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (64) Voir plus Ajouter une critique
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Courageuse Christy Lefteri qui, avec Les Oiseaux chanteurs, au travers de l'histoire de Nisha, dénonce le scandale des travailleuses immigrées exploitées sans vergogne à Chypre comme ailleurs !
Ici, Petra, l'employeuse, et Yiannis, son locataire amoureux de Nisha, s'expriment tour à tour avec, à intervalles réguliers, une parenthèse marquée par un oiseau. Cette parenthèse bien mystérieuse au départ devient de plus en plus prégnante, jusqu'à l'explication tragique finale. Elle rappelle aussi l'existence du lac Mitsero, un lac rouge, toxique, à l'emplacement d'une mine de cuivre abandonnée.
Nisha, la trentaine, prépare les repas, fait le ménage chez Petra et élève carrément la fille de la patronne, Aliki. Partie du Sri Lanka où elle a laissé Kumari, sa fille, née juste après la mort de son mari, Nisha envoie régulièrement de l'argent à sa famille car elle veut qu'elle puisse vivre décemment et que Kumari fasse des études.
Rapidement, je suis pris par la tension, l'angoisse, et scandalisé par cette exploitation, cet esclavage de femmes ayant quitté leur pays afin de permettre à leur famille de subsister ou de se bâtir tout simplement une vie meilleure.
Christy Lefteri qui m'avait conquis avec L'Apiculteur d'Alep, ne me déçoit pas car elle sait dénoncer des faits inadmissibles, honteux, tout en réservant de très beaux moments de poésie ou de rêve comme cette barque posée dans le jardin de Petra, où Nisha et Aliki peuvent venir se réfugier de jour comme de nuit. Il y a aussi ce mouflon extraordinaire rencontré dans la forêt par Yiannis.
Justement, Yiannis, de son côté, vit une belle relation avec Nisha, relation qui doit rester secrète car ces femmes dont certaines sont très jeunes, sont non seulement exploitées mais interdites de tout amour ou amitié avec une tierce personne, sous peine de renvoi. Je n'oublie pas que, pour venir du Sri Lanka, des Philippines, du Népal, de Roumanie ou du Vietnam travailler à Chypre, elles ont dû passer par une agence qui a avancé l'argent du voyage et se fait rembourser largement sur leur salaire.
Yiannis qui fut un cadre de banque gagnant bien sa vie, a perdu son travail lors de la crise mondiale de 2008. Ces banques chypriotes assuraient d'énormes transferts d'argent entre la Russie et Chypre et même avec Slobodan Milosevic, criminel de guerre serbe.
Alors, pour gagner sa vie, Yiannis s'est laissé entraîner par Seraphim, un camarade d'enfance, dans une activité interdite mais très rémunératrice : le piégeage des oiseaux chanteurs. Que ce soit avec des gluaux ou avec des filets japonais, becs-croisés, mésanges noires, grimpereaux, milans noirs, buses variables, bondrées apivores, pinsons, chardonnerets, et même un faucon crécerelle, ce sont, pour la plupart, des oiseaux migrateurs de passage sur l'île de Chypre. Attirés par des appeaux dont certains sont des oiseaux en cage, ils sont condamnés à une mort certaine – si vous voulez savoir comment ils sont achevés, lisez le livre ! -, plumés et vendus aux restaurants après avoir mariné dans du vinaigre.
Si cela rapporte beaucoup à Yiannis, Les Oiseaux chanteurs le mettent mal à l'aise puis le rendent malheureux. Voilà donc un intérêt supplémentaire au roman de cette autrice née en Angleterre mais dont les parents, Chypriotes, se sont réfugiés de l'autre côté de la Manche après la guerre de 1947 qui a divisé le pays, division toujours en place aujourd'hui. Chypriotes grecs et Chypriotes turcs qui vivaient ensemble jusque-là, se sont combattus et la capitale de cette île, Nicosie, est encore la seule capitale au monde coupée en deux par une frontière…
Dans Les Oiseaux chanteurs, tout bascule lorsque Nisha disparaît. Christy Lefteri, avec tact et douceur, conduit remarquablement la quête menée par Petra et Yiannis, quête qui se heurte au mépris de la police et suscite des retours en arrière, des souvenirs remontant à la surface, très instructifs.
Les Oiseaux chanteurs, bien traduit par Karine Lalechère, m'a ému, passionné, intrigué, révolté et je remercie vivement Babelio et les éditions du Seuil pour m'avoir permis de lire ce livre avant la sortie en librairie, en mai prochain. J'espère qu'il sera lu par le plus grand nombre car ce qu'il décrit se passe en 2016, c'est-à-dire hier, dans un pays d'Europe, dénonçant deux scandales qui font honte à notre humanité.


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J'avais été bouleversée par L'apiculteur d'Alep, ce roman sur l'exil de Christy Lefteri. Aussi lorsqu'il m'a été proposé de recevoir Les oiseaux chanteurs de la même auteure dans le cadre d'une masse critique privilégiée et que j'ai été retenue, imaginez ma joie. Que Babelio et les éditions du Seuil soient ici remerciés pour m'avoir offert à nouveau de très belles heures de lecture !
Le récit se passe à Chypre. Petra Loizides, opticienne optométriste habite Nicosie, côté grec, à deux pas de la ligne verte qui divise Chypre depuis 1974. Elle occupe uniquement le rez-de-chaussée d'une maison vénitienne de deux étages. Elle loue depuis deux ans le premier étage à un homme appelé Yiannis qui vit de la cueillette des herbes sauvages et des champignons.
Un lundi matin, voilà Petra inquiète, Nisha, la nourrice de sa fille Aliki, 9 ans, a disparu sans laisser de trace. Yiannis, le locataire, est lui aussi bouleversé. Sans que Petra le sache, car il est interdit à ces jeunes nourrices et employées de maison, principalement originaires d'Asie de fréquenter un homme, une liaison s'est nouée entre Nisha et Yiannis. Nisha se serait-elle enfuie suite à la demande en mariage que Yiannis lui a faite la veille ?
Mais la jeune Sri-lankaise a laissé dans sa chambre son passeport et ses possessions les plus précieuses : une mèche de cheveux de sa fille Kumari qui est restée au pays et un médaillon de son défunt mari.
Petra finit par signaler sa disparition à la police qui se contente de lui dire qu'elle a dû passer au Nord et qu'ils ne peuvent s'amuser à chercher des étrangères…
Ensemble, Petra et Yiannis vont unir leurs efforts pour tenter de retrouver Nisha.
Petra, qui s'était repliée sur elle-même depuis la mort de son mari survenue avant la naissance de leur enfant va regarder ces femmes d'un nouvel oeil « C'était leur travail qui rythmait la vie du quartier. Elles étaient invisibles pour moi avant la disparition de Nisha ».
Yiannis, lui, ex-banquier ruiné par la crise de 2008, prisonnier d'un réseau mafieux puissant et dangereux, bien qu'ayant promis à Nisha d'arrêter ses activités illégales, continue encore le braconnage des oiseaux. « Ça ne me plaît pas de faire ça, m'efforçais-je de lui expliquer. Mais une fois qu'on a commencé, c'est difficile d'arrêter. C'est un peu comme le trafic de drogue. Il y a une grosse organisation derrière, et on ne te lâche pas facilement. C'est trop risqué. »
C'est ainsi que par le biais de l'enquête de ces deux personnes que sont Petra, son employeuse et Yiannis, son amant, Chrity Lefteri nous fait découvrir qui était réellement Nisha. C'est par l'intermédiaire de ceux qui l'ont connue que le lecteur découvre la personnalité de cette jeune femme mais aussi la vie de toutes ces travailleuses invisibles, des femmes totalement dépendantes de leurs employeurs.
Entre les points de vue des deux protagonistes dont les prénoms donnent le titre aux chapitres, s'intercale régulièrement l'histoire de ce lac Mitsero, auquel les produits chimiques toxiques de la mine à ciel ouvert de sulfure de Kokkinopezoula, maintenant fermée ont donné une teinte rouge.
Si Les oiseaux chanteurs est un excellent thriller, dans lequel le suspense va crescendo, d'autant que d'autres employées de maison vont aussi disparaître, il est avant tout un roman contemporain sociétal qui met en exergue deux facettes très sombres d'un pays par ailleurs magnifique et enchanteur tant par son climat, ses paysages que sa nourriture.
Je dois avouer que cet esclavage moderne très répandu qui sévit à Chypre m'était totalement inconnu. J'ignorais le sort réservé à ces femmes étrangères - Philippines, Népalaises, Sri-lankaises ou Roumaines - venues à Chypre pour travailler. Exploitées par leurs employeurs qui abusent de leur pauvreté, elles sont obligées de tout accepter, la plupart étant passées par des agences à qui elles doivent énormément d'argent, se retrouvant ainsi piégées sans aucune possibilité de rentrer chez elles et prisonnières de leur situation. Les conditions de ces travailleuses immigrées, victimes d'exploitation, de violences et de sexisme, dans ce petit pays européen sont absolument indignes.
Christy Lefteri née à Londres de parents chypriotes confie en fin d'ouvrage que ce roman est né pour faire comprendre que migrants ou réfugiés, s'ils se sentent obligés de quitter leur pays c'est qu'ils ont le sentiment de ne pas avoir d'autre solution. Elle s'est inspirée également pour l'écrire d'une tragédie récente qui a endeuillé Chypre.
L'autre volet de ce récit, représenté par Yiannis, est cette chasse illicite aux oiseaux migrateurs, un véritable braconnage industriel. Chaque année, des centaines de milliers d'oiseaux migrateurs piégés par des branches enduites de colle ou d'immenses filets sont tués et servis en secret dans des restaurants de l'île, générant des profits juteux pour les trafiquants, les autorités se révélant bien passives…
Trafic humain et braconnage sont au coeur de ce roman où la poésie est néanmoins bien présente.
Les portraits de toutes ces travailleuses domestiques sont brossés par petites touches et montrent avec finesse comment elles ont été réduites à l'état de choses dont on dispose à son gré.
Quelles émotions j'ai ressenti, en découvrant le parcours de Nisha, cette jeune femme sri-lankaise qui a dû laisser sa toute jeune enfant à sa mère et se résoudre à traverser les océans, pour lui offrir des études et un avenir. Comment cette femme a partagé son amour maternel avec cette enfant dont elle est devenue la nourrice et l'aimant tout autant que sa propre enfant ! Émotions également en découvrant la renaissance de Petra et le réapprentissage nécessaire pour retrouver l'amour de sa fille.
J'ai également été sensible à la façon dont ces deux êtres, Petra et Yiannis vont évoluer et peu à peu se métamorphoser. Bien que vivant auprès de Nisha, il faudra sa disparition pour qu'ils apprennent à la connaître et comprendre sa grandeur d'âme et grandir eux-mêmes.
Les oiseaux chanteurs est paradoxalement un roman extrêmement sombre et hyper lumineux à la fois, un roman pétri d'humanité, un roman où Nisha ne prend la parole que dans les dernières pages mais dont la voix demeure présente longtemps après le livre refermé.

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Merci à Babelio de m'avoir proposé cette lecture dans le cadre de la masse critique privilégiée et aux éditions du Seuil de m'avoir envoyé ce livre.

Malgré le caractère dramatique de l'histoire, c'est une belle lecture à travers laquelle je suis saisi par deux axes majeurs.

D'abord les drames, car plusieurs sont évoqués dans ce roman qui touche diverses réalités. Drame de la vie, de l'exploitation des travailleurs dans de nombreux pays asiatiques, -- ici, il s'agit essentiellement du Sri Lanka que j'ai parcouru il y a bien longtemps, où j'ai vu les femmes casser les cailloux au bord de la route au point qu'il est impossible de conserver en mémoire le seul sourire des enfants -- drame de la misère des habitants de ces pays que l'on appelait autrefois le tiers monde, drame de tous ces migrants exploités en Europe ou ailleurs. J'ose citer, quand bien même il s'agit d'animaux, le drame de milliers d'oiseaux tués sans respect d'un quota de prélèvement que pratiquaient les anciens.

L'autre axe est celui de l'évolution des personnages principaux, les deux qui se découvrent, expriment enfin leurs ressentis, deviennent plus humains, Petra et Yannis, et pour cela il aura fallu l'adversité, celle de la disparition de Nisha. Petra et Yannis portent l'histoire écrite par Christy Lefteri en une construction littéraire convaincante, lente par moments, mais leur laissant le temps de se réunir, de partager leurs douleurs, de porter ensemble leurs fardeaux et, finalement de devenir meilleurs.

Autour de ces deux axes, il y a Nisha, l'héroïne quasiment invisible, mais tellement présente par le vécu de Yannis et Petra avec elle, deux vécus différents, celui de Yannis dans l'amour, celui de Petra dans une relative similitude de leur condition commune de veuve, mère chacune de fillettes ayant presque le même âge. Nisha est la raison du livre, elle le porte dans son absence et c'est encore une réussite de l'écrivaine.

Les deux enfants, Aliki et Kumari, jouent également un rôle important dans la montée en puissance dramatique de l'histoire. Ont-elles conscience de leur destinée si différente, du lien qui les unit à travers Nisha? Cet aspect aurait sans doute été intéressant à développer.

Et enfin, les oiseaux qui portent sans le savoir un autre drame, celui des renoncements de Yannis, du profit destructeur, de la nature bien moins dure que les hommes, ces oiseaux dont le chant ne peut que demeurer longtemps dans les oreilles du lecteur.
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Son expérience de bénévole dans un camp de migrants à Athènes avait nourri L'apiculteur d'Alep, le précédent roman de l'auteur. Cette fois, ce sont les témoignages de femmes étrangères venues s'employer comme personnels de maison à Chypre, qui ont soufflé à Christy Lefteri cette histoire inspirée de faits dramatiques bien réels.


Nisha a quitté le Sri Lanka et son bébé pour devenir nounou à Chypre. Après neuf ans de bons et loyaux services chez Petra et sa fille Adèle, et au lendemain de la demande en mariage de Yiannis, le locataire qui occupe l'étage de la maison, elle disparaît un soir de 2016, abandonnant passeport et effets personnels. La police refuse d'ouvrir une enquête, au prétexte de l'instabilité de la main d'oeuvre immigrée. Petra et Yiannis, lui-même emberlificoté dans un réseau mafieux de braconnage d'oiseaux depuis son licenciement lors de la crise bancaire et financière de 2008, tentent de retrouver trace de la jeune femme. Ils prennent alors conscience des terribles réalités vécues par toutes ces femmes, endettées à vie auprès d'agences de placement, dans l'espoir de trouver dans des pays riches le travail qui leur permettra enfin, au prix de la distance et de la séparation, de faire vivre leur famille.


L'on pourra penser au roman Chanson douce de Leïla Slimani, quand l'employeuse de Nisha réalise après coup ce dont elle ne s'était jusqu'ici aucunement souciée : la vie privée et les sentiments de celle qu'elle n'avait jamais imaginée qu'entièrement dédiée à son service. En vérité, pendant presque une décennie de partage de son intimité à elle, Petra n'a jamais eu en tête que la fonction, et non la personne, de son employée, tirant parti sans s'en douter du drame personnel de cette dernière, lui imposant ses préoccupations de femme aisée sans même se rendre compte de l'indécence du contraste entre son confort et la misère de l'autre. Pourtant, là n'est pas le pire. Car, cette indifférence généralisée, y compris des autorités, vis-à-vis de ces filles seules et sans recours, coincées par leur dette dans une situation de totale dépendance vis-à vis de leur agence et de leurs employeurs, favorise les pires abus dans le secret de ces maisons ou boutiques où elles sont parfois maltraitées, à peine logées et nourries, réduites en esclavage, et même agressées et tuées.


Au fur et à mesure que l'histoire de Nisha et de ses semblables se dévoile à Petra et à Yiannis, l'émotion se fait de plus en plus poignante, en même temps que l'inquiétude grandit. Et, alors qu'en parallèle, le lecteur assiste, consterné, au trafic de ce qu'Elif Shafak appelle « le caviar de Chypre » dans L'île aux arbres disparus, se superposent peu à peu l'image de ces nuées colorées d'oiseaux migrateurs, pris au piège des vastes filets et de la glu de l'industrie du braconnage aviaire chypriote, et celle de ses migrantes venues s'échouer, au terme d'un aventureux et courageux voyage, dans un autre traquenard tout aussi inextricable.


Christy Lefteri nous livre un nouveau roman empreint de chagrin et de révolte, inspiré comme le précédent de ses rencontres et de son engagement bénévole pour la cause des migrants. A n'en pas douter, le succès devrait être encore au rendez-vous, serrant bien des gorges et faisant même couler quelques larmes.


Merci à Babelio et aux éditions du Seuil de m'avoir offert cette lecture.

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Trois cents pages de poésie et de mystère aux cotés de Petra et Yiannis nous mènent à Chypre où les oiseaux et les domestiques finissent dans les mailles de filets plus ou moins mafieux et nous découvrent une ile qui a des atouts pour devenir un paradis, mais le malheur d'être, sur les routes de la soie, à l'intersection de trois continents, et de collecter et de blanchir des fonds à l'origine opaque …

De quoi offrir une belle enquête et d'émoustiller le lecteur qui s'attend à des révélations croustillantes. Mais qui se conclut par un dénouement aussi banal (hélas) que déconnecté du roman et de ses intrigues. Sans divulguer la conclusion, imaginez que Nisha, employée de Petra, amoureuse de Yiannis, chute de son escabeau en lavant les carreaux ou soit renversée sur un passage clouté par un chauffard alcoolisé, vous diriez que la romancière a raté l'atterrissage … et bien c'est l'impression que m'ont laissé ces cinquante dernières pages qui laissent braconniers et exploiteurs libres de poursuivre impunément leurs méfaits.

La vérité a besoin de temps conclut la romancière … le temps semble lui avoir manqué pour achever ses enquêtes … d'où ma déception.
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critiques presse (1)
Liberation
23 août 2022
Dans un roman éblouissant, Christy Lefteri, jeune autrice déjà remarquée pour un best-seller, s’inspire d’un fait divers pour attirer l’attention sur l’exploitation des domestiques étrangères à Chypre.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (101) Voir plus Ajouter une citation
Deux remises étaient accolées à la ferme. L’une où l’on battait le lait pour faire de l’halloumi et de l’anari, l’autre où l’on filait la laine, avec laquelle ma mère et ma grand-mère tricotaient des couvertures. Les hommes – moi compris, même si je n’étais qu’un enfant – chargeaient les mulets de fromage, de yaourt, de lait et de plaids roulés, pour aller les vendre au marché. Mon grand-père était un gaillard fort comme un bœuf, à l’épaisse tignasse blanche. Il adorait ses animaux et s’en occupait comme si c’étaient ses enfants, ce qui ne l’empêchait pas de tuer quatre ou cinq agneaux par an, notamment pour Pâques, après le long carême. La viande était propre, sans hormones ni antibiotiques. Nous avions aussi des poules pondeuses et une dizaine de dindes.
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Lorsque j’avais commencé à braconner, je m’étais documenté sur l’intelligence aviaire, espérant trouver une confirmation des clichés sur la « cervelle d’oiseau » et ainsi apaiser ma conscience. Au lieu de quoi, j’avais appris que certaines espèces étaient si intelligentes qu’on les considérait comme des « singes à plumes ». Pendant des décennies, les scientifiques avaient cru que les oiseaux n’étaient pas capables d’innovation, car ils ne possédaient pas de cortex cérébral, puis on avait découvert qu’une autre partie du cerveau – le pallium – avait évolué pour jouer un rôle similaire.
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Je décidai d’en distribuer (des avis de recherche) quand même quelques-uns aux femmes du bar. Un grand nombre d’entre elles étaient des travailleuses immigrées. Certaines connaissaient peut-être Nisha. L’une d’elles l’avait peut-être aperçue ce soir-là. Ces femmes étaient habituellement confinées dans nos maisons, accaparées par nos corvées domestiques. Je songeai que l’émancipation des unes reposait sur la servitude des autres. Ces réflexions me taraudaient. Je craignais de ne jamais avoir l’occasion de dire à Nisha ce que j’avais compris.
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- Mon amie Marie, des Philippines, eh bien, son employeuse l’a vue se glisser dehors en pleine nuit pour aller rejoindre un garçon. Elle a été renvoyée sur-le-champ. Après ça, personne n’a voulu l’embaucher, car sa patronne était connue et respectée dans le quartier. Elle s’est retrouvée dans un foyer avec quinze femmes, à l’autre bout de l’île. Elles vivaient dans des conditions tellement abominables qu’elle a fini par vendre son corps pour pouvoir loger avec trois femmes, dans la villa d’un vieux bonhomme, sur la côte.
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Pétra

(...) Qui était cette femme qui chantait dans une langue étrangère ? D'où était-elle ? De quoi rêvait-elle avant de venir ici ? Toutes ces questions me ramenaient à Nisha.Je me rendais compte que je n'avais jamais pensé à elle en ces termes, que j'avais refusé de voir qu'elle était un être humain avec ses peines et ses espoirs. Je le savais, mais cela restait très théorique et très lointain.Je ne l'avais jamais ressenti dans mon cœur.Pourtant, elle avait perdu son mari, elle aussi.Elle venait d'une île ravagée par une guerre interminable, elle aussi, une île longtemps colonisée. L'île et ses habitants avaient souffert.De telles expériences ne s'effaçaient pas facilement, elles perduraient en silence. Qui était Nisha ? Que lui avait enseigné la vie ? Pourquoi était-elle partie si loin de chez elle ? Pour sauver sa fille...de quoi ?
Je ne lui avais jamais posé de questions.

( p.87)
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Videos de Christy Lefteri (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christy Lefteri
Nuri est apiculteur, sa femme, Afra, est artiste. Ils vivent tous deux avec leur jeune fils, Sami, dans la magnifique ville d'Alep, en Syrie. La guerre éclate et ravage tout, jusqu'aux précieuses ruches de Nuri. Et l'inimaginable se produit. Afra ne veut plus bouger de sa chambre. Pourtant, ils n'ont pas le choix et Nuri déploie des trésors d'affection pour la convaincre de partir.
Fous de douleur, impuissants, ils entament alors un long périple où ils devront apprendre à faire le deuil de tout ce qu'ils ont aimé. Et apprendre à se retrouver, peut-être, à la fin du voyage, dans un Londres où les attendent des êtres proches. Pour reconstruire les ruches et leur vie.
Christy Lefteri est née à Londres de parents chypriotes. Elle anime un atelier d'écriture à l'université Brunel. "L'Apiculteur d'Alep", son deuxième roman, lui a été inspiré par son travail de bénévole dans un camp de migrants à Athènes.
"Derrière l'immense tragédie impersonnelle des réfugiés, Christy Lefteri fait émerger une histoire personnelle subtile et bouleversante." Kirkus Review
"Impossible de ne pas être touché par cette ode à l'humanité." The Guardian
Traduit de l'anglais par Karine Lalechère
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