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Citations de Claire Oppert (22)


La maladie grave est une expérience de délogement de soi. Elle assaille le corps, enchaîne les pertes successives. Elle conteste à la personne son pouvoir d’agir sur elle-même. Elle la laisse dépourvue, étrangère à elle-même, sans demeure stable ni identifiée.
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Il est des êtres qui continuent de rayonner dans l'absence. Comme le silence après la musique, présent, vivant et lumineux.
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Surtout, et c'est de loin le plus important, il y a beaucoup plus de joie qui circule dans le service les jours où le violoncelle chante en accompagnant les actes infirmiers douloureux. Comme le disent les soignants, "On s'engueule moins le jeudi". p.105
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Dans un coin de l’Espace, une femme hurle et se débat. Deux infirmières s’agitent autour d’elle, la maintenant fermement pour l’empêcher de tomber de son fauteuil, tout en parant ses attaques.
Elles doivent absolument refaire le pansement de Mme Kessler. La plaie de son bras droit est purulente.
Je ne peux pas deviner son visage caché par le profil des infirmières aux sourcils froncés et aux gestes tendus. Lorsqu’elle cesse de crier, elle tente de les mordre.
Je ne sais pas ce qui me pousse à m’arrêter devant elle. Je ne prononce pas une parole. Je m’assieds et lui joue au violoncelle le thème de l’andante du Trio op. 100 de Schubert.
Il se passe trois secondes à peine, deux mesures peut-être, et son bras se détend. Il s’abandonne d’un coup. Les cris cessent, le calme revient dans la pièce. Je peux observer alors son visage, regard étonné, et à ses lèvres une ébauche de sourire.
Je joue peu ce jour-là, tant le pansement est rapide. C’est plus qu’une surprise, comme un prodige. Je vois les infirmières sourire à leur tour, l’une d’elles rit même et me dit : « Il faudra absolument revenir pour le pansement Schubert. »
C’est joliment tourné, tout à fait adéquat. L’expression est née ainsi et elle est restée par la suite.
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Je joue Schubert en ouverture, le thème de l'andante du Trio op.100. La voix chaude, ronde et plaintive du violoncelle vibre jusque dans chaque recoin de la pièce. L'une des soignantes s'est mise à chantonner. Elle ajuste son aiguille et touche doucement le bras du patient, qui se crispe. Mais Schubert chante et la mélodie plonge quelques mesures dans les graves en roulant comme les vagues de la mer. L'infirmière approche la seringue du bras bleu d'hématomes. Au moment où elle enfonce l'aiguille d'un geste précis, Schubert ondule avec souplesse et regagne les aigus. Le malade, au lieu de hurler la veille, se met à chanter lui aussi et à diriger de la main droite. Les infirmières se regardent et éclatent de rire. Le sang coule rapidement dans le petit tube. Le patient, devenu chef inspiré, conduit d'un geste ample mon violoncelle, son orchestre. Son visage se détend, ses yeux pétillent.
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La musique s'offre entièrement

À celui qui dit ne pas la connaître,

Elle parle à l'intelligence du cœur.
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M.Petit, démence Alzheimer, qui ne parle jamais : " Vous m'emmenez au-dessous de la mer. Au fond du sable. Vous raclez avec moi les trésors oubliés. Tout au fond du sable. Tout au fond. "
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En revenant la semaine suivante, je le trouve gravement altéré. Il est étendu sur son lit, corps marbré, visage dissimulé sous un masque à oxygène. Il est inconscient depuis la veille, ses bras reposent sur sa poitrine. On dirait qu’il attend calmement. Pourtant, quand je lui joue les premières notes de Gabriel Fauré, sa respiration s’amplifie massivement. Le tempo d’Après un rêve s’accorde à son souffle qui s’élargit peu à peu. Je suis entrée dans le rythme de sa respiration. J’ai ce privilège. Son souffle se mêle au chant de mon violoncelle. Il n’y a plus dans la chambre que nos deux respirations qui s’accordent mystérieusement sur la mélodie. Pulsation commune.
Quand je m’arrête de jouer, je constate que ses bras sont couverts de chair de poule. Après un rêve.
C ‘est notre dernier dialogue. Il meurt le jour même, une heure à peine après que j’ai quitté la chambre.
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Il est des êtres qui continuent de rayonner dans l'absence. Comme le silence après la musique, présent, vivant et lumineux. p. 184
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Elles décrivent aussi leurs émotions dans la fiche d'observation : "On était plus centrées sur le soin. Plus joyeuses aussi. Un sentiment d'harmonie nous a réunies. "
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Son souffle se mêle au chant de mon violoncelle. Il n'y a plus dans la chambre que nos deux respirations qui s'accordent mystérieusement sur la mélodie. Pulsation commune.
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En étudiant l'art-thérapie à la faculté de médecine, je vais obtenir un statut professionnel, découvrir de nouvelles définitions de mon travail, des outils méthodologiques, des stratégies et des nomenclatures. Je vais considérer de possibles modélisations du lien existant entre l'être humain et l'art, mais surtout faire des rencontres. p.64 et 65
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Ce que l'on croit effacé et englouti, les sons viennent parfois l'extraire de recoins cachés.
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Elle est arrivée environ un an après moi dans le centre. Jusque-là, elle était restée dans un hôpital psychiatrique, attachée pendant deux années, et ces derniers mois assommée de neuroleptiques surpuissants. Howard nous raconte comment il l’a sortie de l’hôpital, après de nombreuses et rocambolesques démarches. (…)
Le matin de son arrivée, Amélia est lâchée dans l’institution. C’est Howard qui l’a dit : lâchée. Je ne suis pas présente ce jour-là, mais j’apprends à mon retour qu’elle a tout détruit, avec un extincteur arraché du mur. Deux jours de travaux ont par la suite fermé les portes du centre Adam Shelton. (…)
Deux ans après son arrivée, Amélia est métamorphosée. Howard accroche sur le tableau de l’institution une photo envoyée par sa mère : on la voit assise, au milieu de toute sa famille, souriante, à côté d’un arbre de Noël. [Amélia est autiste]
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Le pansement Schubert réalise avec grâce une rencontre improbable entre le soin et la musique vivante au cœur d'un acte infirmier douloureux. Il met en lumière une dynamique relationnelle renouvelée entre le patient, sa famille, le soignant et le musicien-thérapeute.
Car la musique qui résonne dans la chambre s'adresse à la partie vivante et saine du patient, même si cette partie ne s'apparente plus qu'à une infime parcelle de vie et de santé. p.115
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Mon répertoire est immuable. Valse de l'Empereur. Gigue de Bach. Marseillaise. Il n'y en pas d'autre. Rituel et souvenir d'un premier apaisement et d'une première victoire.
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La musique, sous la forme arrondie d'un violoncelle, devenue ma vie, se tient tel un rempart devant l'absurde, la maladie et la mort, pour tenter de rejoindre " la chose en dessous" qui résiste. La sous-terre. Musique au chevet. Sentiment de confiance, souffle rafraîchissant d'un vent.
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La musique vivante fait chanter et danser les patients à l'orée de la mort, et les soignants aussi, qui entrent à leur tour dans la farandole.
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Il y a parfois des moments de lumières fugitives, fragments d'étoiles traversant le jour. Des morceaux de ciel. Comme des petites îles rafraîchissantes.
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Cet ouvrage nous fait partager de manière très authentique ce que Claire Hoppert offre aux personnes fragilisées, en souffrance, dans un cadre souvent hospitaliers. Grâce à son magnifique violoncelle et aux morceaux choisis qui l'accompagnent, à sa sensibilité profonde, il semble que la fin de vie se conjugue avec l'apaisement. Je vous invite à la lire, à l'écouter et à la rencontrer. Ce n'est qu'humilité et générosité, et cela devient délicatement et efficacement thérapeutique.
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