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3.43/5 (sur 220 notes)

Biographie :

Claire Touzard est journaliste et grand reporter.

Source : Flammarion
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Claire Touzard
« A 20 ans j’ai pris l’alcool comme une arme de puissance », raconte Claire Touzard
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Claire Touzard, journaliste et écrivaine de 38 ans, a arrêté de boire le 1er janvier 2020. Un an après, elle publie « Sans alcool » (Ed. Flammarion), un livre en forme de journal de sa sobriété.
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Remplir un vide. S’extraire du monde. Pour ces raisons et pendant longtemps Claire Touzard s’est alcoolisée avec l’objectif de chercher une liberté qu’elle considère aujourd’hui comme une illusion qui l’a abîmée. C’est avec la décision de sa sobriété que démarre son journal intitulé 'Sans alcool' (Ed. Flammarion), qui explore son rapport à l’alcool comme une norme sociale avec laquelle elle a grandi puis comme une norme de transgression en tant que femme indépendante. Un cheminement passionnant qui lui permet d’aborder des questions rarement abordées et de parvenir à cette conclusion : être sobre peut aussi être subversif.
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- Le mois de janvier est marqué par la possibilité de faire le « Dry january ». Ce genre d’événements pour vous c’est de la communication ou pensez-vous que cela peut aider à faire le point sur sa consommation d’alcool ?
- J’ai toujours été en faveur du dry january parce que cela permet de questionner notre consommation d’alcool. Mais personnellement, je ne l’ai jamais fait. Avant d’arrêter définitivement, je n’ai jamais réussi à arrêter. Je n’en étais pas capable, je buvais tous les jours ou quasi et depuis longtemps. Je suis issue d’une famille où l’alcool est très présent, très festif. Mais petit à petit et pour un faisceau de raisons je me suis auto-intoxiquée. J’avais une consommation qui était bien au-delà des seuils de l’OMS [deux verres par jour dont deux jours sans]. Pour autant, arrêter n’a pas été compliqué physiquement, mais psychiquement. L’addiction était surtout dans ma tête.
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- Vous expliquez qu’en buvant, vous aviez le sentiment de devenir une super héroïne, un peu comme une héroïne de série ?
- Quand on est femme et que l’on boit, on est moins présentable, moins lisse et moins docile que ce que l’on attend de nous. Je pense que beaucoup de femmes, en tout cas, je l’ai observé autour de moi, s’alcoolisent pour cette raison-là. Pour casser l’image attendue qu’on a de la femme. A 20 ans, j’ai pris l’alcool comme une arme de puissance. Sans doute que dans mon esprit, de façon inconsciente, l’alcool était associé au masculin. Plus tard, je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule. Les personnages de série cool boivent, boivent trop et leur force et leur indépendance sont associées à l’alcool. Mais cette image de l’émancipation associée à l’alcool est évidemment fausse. L’alcool est une arme très ambiguë. L’alcool désinhibe, certes, donne un sentiment de puissance, mais, en réalité, les lendemains sont durs. En buvant, on cherche à mettre un filtre entre nous et la réalité, on cherche à transcender le quotidien. Mais la réalité nous rattrape toujours et, entre-temps, on s’est bien abîmé.
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- Vous écrivez que votre alcoolisme avait à voir avec un refus de votre genre, c’est-à-dire ?
- Jeune, j’étais androgyne, sportive et tournée vers l’intellect. Et j’avais du mal avec le fait d’être une femme. J’ai été anorexique et l’alcool a suivi pour me maltraiter un peu plus. J’ai découvert en rencontrant Fatma Bouvet de la Maisonneuve, qui est psychiatre et addictologue à l’hôpital Sainte-Anne, que c’est un parcours fréquent. En tant que femme, on est soumise à beaucoup d’injonctions et l’alcool permet soit d’exprimer notre colère, soit de nous éteindre. Cela permet de s’énerver entre nous pour des sujets dont on ne parle pas publiquement. Comme un pansement.
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- Comment avez-vous mis le doigt sur votre problème d’alcool ?
- Je crois que j’ai toujours eu conscience de la place trop importante qu’occupait l’alcool dans ma vie. Mais le déclic a été de voir le regard de mon conjoint sur moi quand j’étais bourrée, lors d’une fête en Bretagne le 31 décembre 2019. Je comprends alors que je suis sur le point de le décevoir et peut-être de le perdre. Or, en 20 ans, l’alcool s’était trop souvent imposé dans mon rapport à l’autre, à l’amour, à la féminité. Et lui était tellement important, je me suis dit cette fois-ci ce n’est pas possible. Le lendemain, j’ai décidé d’arrêter l’alcool.
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- Qu’est-ce qui change avec la sobriété ?
- Arrêter l’alcool c’est repenser son rapport à l’autre. En étant alcoolisé on montre une partie de soi qui n’est pas soi, en ce qui me concerne en tout cas. Avec l’alcool, j’étais dans une sorte de fuite par rapport à mon genre et à ce que je suis vraiment. Donc, en arrêtant l’alcool, il faut remettre les choses en place avec les autres. Avec les images du passé, les violences et les ruptures que cela a pu engendrer, qui reviennent aussi. Mais une fois que l’on a passé ce cap, c’est très fluide. Et les relations avec les autres n’en sont que meilleures. Cela permet d’avouer qu’on est bien avec quelqu’un comme on est vraiment.
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- Néanmoins, vous racontez qu’annoncer à votre entourage que vous arrêtiez l’alcool n’a pas toujours été bien reçu…
- Quand on arrête l’alcool, on tend un miroir à l’autre sur sa propre consommation. Et souvent cela fait mal. On est dérangeant parce qu’on devient spectateur de l’ivresse des autres. Cela nécessite beaucoup de dialogues avec ses proches. Car individuellement notre consommation d’alcool est finalement quelque chose que l’on questionne peu.
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- L’alcool, dites-vous, est une sorte de norme, associé au fait de bien vivre.
- Le cool c’est l’alcool. On ne nous laisse pas le choix. Et, en ce sens, c’est une norme. On est soumis à une obligation inconsciente de boire pour appartenir au groupe, pour faire partie de la fête. Mais ce n’est pas si festif de boire et pas si drôle non plus. Il y a vraiment une croyance populaire à remettre en question et un héritage culturel, qui va des écrivains à Gainsbourg.
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- La sobriété, c’est un autre rapport au monde ?
- On est dans une telle période de questionnements sur le monde d’après, collectivement, individuellement… La sobriété est une valeur qui tant sur le plan de la consommation que sur le plan économique me paraît intéressante. C’est s’autoriser à être éveillé par rapport à nous-même et au monde qui nous entoure. Mais il nous manque des exemples de gens qui parlent de sobriété de façon positive. Honnêtement, j’avais des visions assez négatives des gens qui arrêtent de boire. Aujourd'hui, je trouve la sobriété assez subversive. Mais c'est parce que j’ai trouvé des exemples inspirants chez les Alcooliques anonymes, mais surtout auprès de mon conjoint, qui a lui même arrêté de boire. Cela donne l'élan nécessaire.
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- A la fin de votre livre, qui est un journal de votre sobriété, vous évoquez la possibilité de reprendre l’alcool avec parcimonie, est-ce toujours le cas ?
- Non, plus maintenant, je n’ai plus envie de partir en arrière. L’alcool ne me manque pas. Et je n’ai plus envie de prendre ce risque. Aujourd’hui, j’ai une vie que j’aime sans alcool.

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>> https://www.msn.com/fr-fr/lifestyle/trucs-et-astuces/«-a-20-ans-jai-pris-lalcool-comme-une-arme-de-puissance-»-raconte-claire-touzard
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De la même façon, lorsque j’ai été accro à la coke, je chassais une descente par une autre montée, m’entretenant dans l’illusion qu’elle était à la fois mon carburant et mon médicament.
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Je n'allais pas seulement me frotter à mes démons, à mes frustrations : j'allais devoir affronter tous ceux des autres. Car en France, tout le monde boit. Et personne ne veut en parler.
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J'ai toujours compris les alcoolos, car j'en suis une. Mieux sapée, mieux déguisée, moins abimée d'extérieur ; à l'intérieur, pourtant je me noie, c'est la douleur qui pointe à chaque fin de biture, chaque fin de soirée, chaque nuit où je suffoque, le gros rouge au ventre, déjà coupable de mes méfaits, incapable de les enrayer.
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La fête est plus folle ?

Attention à ce livre ! Si vous le commencez, peut-être comme moi, vous serez agacé. Un peu de nombrilisme et de jugement, saupoudré de condescendance envers les « vrais » alcooliques, vous serez peut-être désarçonné par cette forme mi-figue, mi-raisin. Quelques lieux communs et de remarques qui frisent le pathos « Tant de moments, tant de journées, tant d’heures, qui m’ont échappé. Qui m’ont été volées. Par l’alcool. Une vie entière », qui pourraient vous donner envie de refermer le livre. J’avais même commencé une critique assassine, avant d'éplucher les sous-couches. Car on tourne souvent en rond. Surtout quand Claire Touzard parle d’elle, de son couple, des autres, si menaçants, si décevants… On ne peut s’empêcher de ressentir parfois un effet Calimero. Mais heureusement, elle ne parle pas que d’elle. Et là, et là…

On voit qu’elle va en profondeur dans son sujet. Cet « alcoolisme mondain », elle le connaît du bout des doigts. Elle sait comment l’arrêt de quelque chose (cela est ici l’alcool, cela pourrait être n’importe quoi) mène souvent l’entourage à s’interroger sur sa propre consommation, et donc à être parfois passif-agressif avec la personne. Ou encore, comment arrêter l’alcool quand il participe à une certaine vision que l’on a du monde : un écosystème rempli de magnifiques loseurs, ou gagner n’est plus le but, mais où justement l’on peut être reconnu dans son imperfection. Cet « amour des choses brisées, des loses racontées, des vies imparfaites et toutes pétées. »En chantant Creep de Radiohead. Et surtout, comment faire connaissance avec ce nouveau moi, qu’on a l’habitude de voir gueulard et rieur avec les autres, comment flirter avec cette nouvelle timidité ? Avec cette nouvelle féminité aussi ? Car la femme qui boit casse à sa manière les stéréotypes. Elle égale les hommes dans ces défis nocturnes, dans cet « ébréchage » d’elle-même.

Et là où elle excelle, c’est quand elle quitte un peu son « personnage » pour s’intéresser à sa Bretagne. L’écriture alors s’enrichit, la jeunesse décrite devient commune à beaucoup d’entre nous. « En Bretagne, les festivals indépendants pullulaient, et devenaient des orgies à ciel ouvert, où les jeunes embarquaient des bouteilles en plastique emplies de cocktails infâmes, des packs de bière bon marché dont le graphisme cheap des emballages empruntait un rigorisme dépouillé presque soviétique, époque Staline. »

Une lecture un peu en clair-obscur, donc, car malgré une mise à plat du sujet, de beaux passages, on s’ennuie assez souvent quand on retourne dans sa vie parisienne, qui ne nous épargne pas certains poncifs des autofictions actuelles.
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La vérité est que boire mène toujours et irrémédiablement à un seul état : l'ivresse. Cela procure, certes, un plaisir considérable, parfois quasi sexuel, mais reste une sensation relativement immédiate qui n'apporte pas d'élévation d'esprit. Il n'est en rien un art. Ni une philosophie. Il ne permet pas d'accéder à d'autres portes de compréhension du monde. Il bourre la gueule. Point barre.
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L'alcool m'a, de façon illusoire, permis de tenir plus longtemps: plus tard, d'être plus affirmée, plus rageuse, plus nerveuse.
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En Bretagne, comme dans beaucoup de régions en France, boire est incontournable. L'alcool est le psy inexistant, le Lacan des âmes torturées du village.
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L'ennui, tant redouté, n'est jamais venu.
Je n'ai jamais autant joui que depuis que je suis sobre.
Même les mots, les mots me reviennent.
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L'alcool, c'est ce qui autorise à rester un gamin. A croire que l'on va excuser à vie nos conneries. C'est se donner le droit de perdre, de n'avoir aucune responsabilité dans ses défaites.
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