Je l'ai pas (encore)lu, mais j'en ai entendu causer. Sur France Inter, qui invite ses auditeurs à réfléchir à l'heure du café-tartines sur cette question un chouîa provocatrice.
Comment peut-on être Persan?
La question malicieuse de Montesquieu est retournée comme un gant dans cet essai. Car être tolérant ne va pas de soi. On s'en rend compte avec les vagues d'intolérance qui soulèvent régulièrement l'opinion, que ce soit contre les couples homosexuels ou le port du burquini, contre des oeuvres d'art trop modernes ou des étrangers jugés envahissants.
Car nous sommes souvent réfractaires à ce qui est nouveau, étranger, différent, hors-norme, ce qui nous choque, nous inquiète, nous surprend. Le rejet est plus naturel, l'aversion est une réaction défensive face à trop d'etrangeté, une protection devant ce qui est ressenti comme une menace. Chez les bébés, "la peur de l'étranger" est même un stade bien repéré de son développement psychique. Biologiquement, nous avons raison de nous méfier de l'inconnu.
Pourtant on sait que cette attitude peut conduire à des actes inhumains, des massacres, des pogroms, des guerres civiles, ou plus fréquemment du bashing, de l'exclusion, de l'évitement, du mépris.
L'aversion est une forme de dégoût, difficile à surmonter. Il faut donc faire un effort pour que cette aversion ne se transforme pas en haine ou en hostilité intolérante. Je dois m'interroger sur cette aversion qui est parfois inconsciente, souvent irrationnelle.
La tolérance a cependant ses limites. Elle demande un deuxième effort, car certaines situations ne sont pas tolérables.
Lesquelles? Ça c'est à vous de le décider !
Commenter  J’apprécie         173
Argumentaire terriblement bancal.
Les questions posées sont certes intéressantes. Mais pour alimenter la discussion, il faut des faits, du concret. Qu'a-t-on ici ? Des témoignages d'inconnus, des pourcentages provenant d'études non citées, des catégorisations psychiatriques obsolètes depuis plusieurs décennies, quand ce ne sont pas des affirmations appuyées par aucune preuve, ou des tentatives d'humour gênantes.
Je ne trouve pas cela sérieux.
Si l'on en croit la quatrième de couverture, ce livre ne prétend pas « donner d'interprétation » du « phénomène trans ».
Le but est donc de soulever des questions, et non d'y apporter des réponses. Soit, j'adhère au concept.
Mais très vite on se rend compte que nombreuses de ces questions ne sont que rhétoriques. Quitte à avancer des idées, il aurait fallu utiliser l'affirmative et les étayer avec de véritables arguments.
De plus, si l'on veut s'en tenir aux questionnements, il est malvenu de glisser des jugements de valeur sur des termes avant même de les définir, par exemple pour « non-binaire » ou « culture du viol ». Concernant ces deux notions, j'ai l'impression que l'auteur semble ne pas les avoir bien saisis, car ce qu'elle en dit s'apparente plus aux déformations simplifiées faites par certains médias militants, ou plus vraisemblablement à ce qu'en disent les critiques. Comme l'auteure ne développe pas pourquoi ces concepts ne décrivent pas la réalité selon elle, le lecteur doit s'en tenir à ces quelques piques gratuites.
Les détracteurs du « phénomène trans » sont bien nommés, cités, et remis dans leur contexte, tel qu'on s'y serait attendu pour toute personne dont les propos sont repris.
Mais il n'en est pas de même pour « les (activistes) trans », rassemblés sous une seule bannière comme s'il s'agissait d'une entité unique et homogène. De même pour « les féministes », avant qu'on ait le droit à quelques nuances bienvenues plus loin dans l'essai. Mais de qui parle-t-on exactement ? Il existe une pluralité de courants, de revandications, de philosophies et de modes d'action, dont beaucoup peuvent être contradictoires.
On en arrive à des extrémités pour lesquelles mes capteurs de mauvaise foi s'alarment. Le chapitre 5 entier consiste à décrire ironiquement une vision du monde, et je n'ai sincèrement aucune idée d’où l'auteure a entendus de tels propos alors que je consulte moi-même régulièrement des médias militants LGBT+. L'auteure grossit énormément le trait au point que cela devient une caricature. Bien sûr que je m'insurge contre cette vision du monde ridicule qui est décrite ! Mais existe-t-il ne serait-ce qu'une seule personne au monde qui croit sérieusement à la supériorité des trans sur les cis, et s'il y en existe, sont-ils représentatifs ? Ont-ils tant d'influence que cela ? Je n'en ai vraiment pas l'impression.
Tout cela me semble assez malhonnête, c'est un véritable argument de type « homme de paille », et on ne sait toujours pas qui est la cible de ces attaques.
Il y avait pourtant bien des critiques à faire concernant les dérives du militantisme trans actuel. Mais pour combattre son ennemi, il faut le connaître et le comprendre. Cela ne sert à rien d'amalgamer tout et n'importe quoi, à part si le but est juste de chercher à s'épouvanter.
Au delà de cela, ce ton ironique a même finit par nuire à ma compréhension. En lisant une phrase aberrante, j'en arrivais à ne pas savoir s'il s'agissait de ce que pense vraiment l'auteure, ou si ce sont encore des propos rapportés d'autres personnes non citées. Il a fallu que je relise certains passages pour comprendre que c'était bien du premier degré.
Exemple parmi d'autres, au chapitre 6 : « La vue d'une prothèse donne toujours des hauts-le-cœur aux personnes en bonne santé. »
Je n'ai jamais ressenti de dégoût envers les prothèses de jambes artificielles, sans doute car j'ai été sensibilisée très tôt au handicap (et je suis en excellente santé si vous vous en inquiétez). Ce qui a plutôt tendance à me faire penser que l'environnement social modèle ce qui nous semble normal ou non, c'est-à-dire tout le contraire de ce qu'arguait l'auteure...
Je vais sans doute enfoncer des portes ouvertes, mais le plus important dans tout débat est de bien définir les termes employés, surtout ceux pour lesquels on sait qu'il y a risque d'ambiguïté. Lorsqu'on entre dans le sujet de la transidentité, les termes de « femme », « homme », « genre » et « sexe » doivent absolument être définis sous peine que personne ne sache de quoi on parle : génétique, physiologique, comportement social, psychologique, sentiment d'identité, genre administratif, droits juridiques ?
Il est donc regrettable que la définition du genre selon l'auteure n'arrive qu'au chapitre 9, le tout dernier.
Ses explications sur ce qui fait fondamentalement d'une femme une femme sont d'un ridicule... Cela consiste en l'analyse psychanalytique d'un extrait de roman. C'est au delà de gênant lorsqu'on y lit que le désir féminin est indissociable de la passivité et naît grâce au désir sexuel du père pour sa fille... L'Œdipe freudien est pourtant une thèse pseudo-scientifique maintes fois invalidée. Je ne comprends pas que des inepties pareilles soient encore proférées de nos jours : non, ce n'est ni normal ni sain qu'un père ait du désir pour son enfant ; et, oui, arrivées à un certain âge, les femmes aussi ont des désirs.
Puis, toujours chapitre 9, on apprend que « Savoir choisir un amant, telle est la principale fonction de l'intuition féminine ou de l'empathie, qui est son nom contemporain. » Tout est dit.
On nous explique ensuite qu'il ne faut pas chercher de réciprocité dans les relations homme-femme mais une « symétrie » : les hommes sont des sujets de désir et les femmes des objets de désir. C'est donc logique que les hommes aient des pulsions aggressives, et il ne faudrait pas que les femmes attendent d'eux de savoir se tenir, car contrairement à elles qui ne ressentent aucune envie, ces messieurs n'en sont pas capables. (J'ai tenté de résumer le raisonnement sans le déformer !)
Le passage sur les stratégies de diminution des agressions sexuelles, en supprimant la mixité ou en poursuivant en justice, est intéressant, mais le parti pris sans argument n'a pas permis de développer les idées — digression assez hors-sujet d'ailleurs.
En conclusion, l'auteure n'a pas du tout l'air d'être une spécialiste du sujet, à en juger par sa manière décousue de l'aborder et après vérification de son CV (littérature du XVIIIème siècle). N'importe qui d'un peu informé peut se poser des questions pertinentes. Mais de là à en écrire un livre ?
Comme aucune preuve sourcée ne soutient l'immense majorité des affirmations, on ne peut qu'être d'accord ou pas d'accord, et ce n'est pas ce livre qui va réussir à nous faire changer d'avis ni même nous enrichir d'un point de vue autre. C'est donc un essai qui prêche du convaincu, et réussit à mal le faire. Car toute convaincue que j'étais sur ces enjeux de société, ce livre m'a semblé n’être rien d'autre qu'une opinion soutenue par un argumentaire vérolé de biais — lorsqu'il se donne la peine d'en avoir un, d'argumentaire.
Eh bien, l'opinion de l'auteure vaut autant que la mienne, c'est-à-dire bien peu de choses.
Commenter  J’apprécie         100
« Faites accueil à celui qui est faible dans la foi, et ne discutez pas les opinions. Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu » épitre aux ROMAINS.
Versus
« La tolérance ne consiste pas à supporter ma belle-sœur. En effet, si irritante soit-elle, cette belle sœur est un membre de la famille. Elle est familière et nul ne peut imaginer la supprimer du paysage. Là où la tolérance doit s’exercer c’est précisément à l’égard de ceux qu’on serait tenté de rayer de la carte. » (Pierre Pachet)
Ce livre part dans tous les sens. Il est si foisonnant, si riche qu’il m’a fallu laisser reposer le tout avant
d’en tirer la « substantifique moelle ».
Dans une Europe où l’islam s’installe, un monde multiculturel qui offre une vaste amplitude de choix de vie, l’économie et le droit ne suffisent plus à faire société.
Il faut se reposer la question : que doit-on accepter d’autrui ? Sur quoi peut-on transiger ou, au contraire, faut-il ne pas fléchir ?
Pour ce faire, Claude Habib estime qu’il faut modifier son point de vue sur la notion de tolérance.
Dans une première conception, plus ancienne, la tolérance est considérée comme une disposition morale pour s’entendre. Il s'agit d'accepter les opinions différentes des nôtres, de ne pas exercer notre jugement ou de l'exercer de telle sorte qu'on le suspende in fine. Conception “molle” de la tolérance qui voudrait que celle-ci soit un préalable (il s’agirait de ne plus ressentir d’aversion) et non un objectif. Vision sentimentale de la tolérance comme “ouverture d’esprit” qui est d’autant plus facile pour les personnes bénéficiant d’un haut niveau social et économique, qu’ils peuvent se permettre d’éviter la rencontre trop fréquente avec les sources d’aversion.
Or, on ne choisit pas ses répugnances, mais on peut les surmonter.
Face aux difficultés concrètes de la vie sociale, tolérer ne revient pas à acquiescer à tout (l'aversion n'est pas abolie), tout tolérer confine à la lâcheté, ne rien tolérer serait comme une folle passion.
La tolérance ne peut être considérée comme une disposition morale pour s’entendre mais plutôt une disposition qui advient “faute de s’entendre”. On peut se risquer à une définition positive de la tolérance qui serait une résistance au rejet d’autrui induit par nos ressentis. . Détachée des répulsions et des dégoûts – la tolérance est creuse. Dégagées de la tolérance, les aversions peuvent devenir criminelles
Pour Claude Habib, tolérer, c’est d’abord accepter de ressentir un sentiment de rejet et envisager la nécessité de le dépasser.
C’est évidemment difficile mais plus réaliste. « Fermer le couvercle en interdisant la critique ne peut que faire monter des haines qui pourront exploser à tout moment. »
Claude Habib utilise alors cette trame pour aborder des thèmes plus concrètement
L’homosexualité, la souffrance animale dans l'abattage rituel.
L’égalité hommes/femmes, la haine des juifs, le refus de l’apostasie, la question du voile, etc…
Dans un dernier chapitre, intitulé « Le besoin de frontières » elle regrette que « Le narcissisme moderne se croit au-dessus de toutes les sociétés qui l’ont précédé et qui pensaient qu’il y avait des codes moraux. Le point de vue selon lequel nous pourrions nous passer de toute morale, sauf celle
qui serait justifiée par la logique, me paraît stupide et surtout destructeur. »
« Les sociétés modernes ont l’illusion de pouvoir vivre sans mœurs. On ne change pas les mœurs avec des lois. Certes, elles sont malléables, mais beaucoup plus ancrées qu’on ne le croit. »
De l’interdiction de l’inceste aux rites de la séduction, il n’y a pas de communauté humaine sans la reconnaissance de certains codes de comportement, dit-elle. C’est pourquoi Claude Habib croit au rôle protecteur des frontières, « pour autant qu’on n’en fasse pas des murs à la Trump ».
Subtilement réfléchi. Malheureusement dans un monde de réseaux sociaux, du « faut qu’on, y-a qu’à » de la simplification abusive, le basculement récent d’une partie des opinions en Europe et aux États-Unis montre que la tolérance est loin d’être acquise, quelle que soit la façon de l’aborder.
Et pourtant….. !
Commenter  J’apprécie         30
Dans notre société poussée vers l'individualisme, on en oublie parfois que l'homme est avant tout un animal grégaire. Nous sommes fait pour vivre en société, en groupe. Et nous oublions comment vivre en groupe. Jusque dans notre vie privée.
Le couple, fondement de la pérennité de l'espèce et bastion du bonheur pour les personnes mérite toute notre attention sur les choses à mettre en oeuvre afin de fonctionner à plusieurs. C'est sur base de cette cellule que se créera la famille, et avec elle la nécessité de vivre et de concilier la vie à plusieurs.
C'est agréable de lire des plaidoyers pour ce que je trouve être la base de notre espèce: vivre à plusieurs. Mettre de côté une quête effrénée d'épanouissement personnel pour y mettre plutôt l'accent sur le bien-être à plusieurs.
Commenter  J’apprécie         10
Ce petit essai semi philosophique, social et littéraire est très plaisant à lire. On aurait pu croire que c'était une énième tartinade sur le sujet mais c'est intéressant et son point de vue est bien construit. Il ne faut quand même pas s'attendre à une anthologie des écrits sur le couple ou sur ces notions philosophiques mais quand même, il y a de quoi réfléchir et le tout est optimiste!
Commenter  J’apprécie         00
Pour Claude Habib, l'ennui ne saurait être un obstacle à la vie de couple, puisque le couple n'est en aucun cas un remède contre l'ennui, c'est bien plutôt la décision de mettre l'autre au centre de sa vie, d'entrer en connivence avec lui, de synchroniser ses pensées, ses actes avec lui. Un essai pour lequel je reste partagée, tant des idées justes y précèdent des opinions plutôt réactionnaires, avec lesquelles je suis en désaccord.
Commenter  J’apprécie         00