Lancement de livres par Claudia Lupien
À La Prairie
8 mai 2014
"Quant à Elodie, ce qui l'attire le plus parmi toutes les vieilleries de ma grand-mère, c'est un superbe tissu vert tout en dentelle. Elle s'enroule dedans, s'y cache, s'y abrite. Moi, je sais qu'en réalité il s'agit d'une nappe ! Je la trouve drôle. Il est vrai qu'il n'y a rien de mieux que d'ignorer ce qu'est réellement un article pour le réinventer."
"_La sagesse, c'est beau, mais il faut aussi faire quelques folies...lance-t-elle à brûle-pourpoint.
_Tu en as fait suffisamment, toi ?
_Oh oui ! dit-elle pour me rassurer. J'ai même déjà fumé du cannabis ! Je suis une vraie rebelle, que veux-tu."
"_Je t'aime, Doris.
Le petit frisson devient immense. Ce chuchotis, ce tressaillement fonce sur mon cerveau, qui le fait rebondir immédiatement vers le reste de mon corps qui, lui, accueille cette vague délectable. Oui. C'est "juste" ça, l'amour. Je le sais."
"Ma vie est encore plus fun, plus belle. Parce que c'est juste ça, la vie, une accumulation de petits et de grands moments à apprécier pour ce qu'ils sont. Je n'ai plus peur de me tromper. Les véritables erreurs sont celles qu'on ne fait jamais."
"_J'ai bien compris ta question. C'est comme ça que j'y réponds. Actuellement, mon plaisir, mon bonheur, c'est d'être avec toi, ici. Au matin, ce sera également de te voir. Peut-être aussi qu'un de mes bonheurs, le jour d'après, sera de me faire un toast avec Phil. Le bonheur, Doris, c'est d'être content, non ? Ce n'est pas seulement d'être bien, mais d'en être conscient."
"_Alors, tes préparatifs de fête ont "viré de bord"...Comment vas-tu, toi ?
_Pff ! Je vais pas si mal. Les funérailles seront quand même une célébration. Ça lui ressemble; de célébrer la vie même après sa mort...Mais les préparatifs, ne m'en parle pas. J'ai dû admettre mon échec à trouver l'endroit idéal. Cindy, elle, a miraculeusement trouvé en un rien de temps. Semble-t-il que ce sera plus que parfait...Nous avons convenu de garder la date et la liste d'invités prévus pour l'anniversaire d'Odile, mais disons que...la raison de la célébration a fait un virage à cent quatre-vingts degrés. "La célébration"...J'ai du mal à utiliser ce terme, mais je crois que c'est ce qu'Odile voudrait. Qu'on célèbre la vie, sans s'apitoyer. Donc, tous ces gens invités à lui rendre hommage célébreront...cette nouvelle "étape de sa vie" ?
"C'est rare que je fasse connaissance avec de nouvelles personnes. Littéralement faire connaissance. Avec mes amies, nous nous racontons notre quotidien et, comme nous nous parlons régulièrement, nous pouvons y aller dans les moindres détails.
Avec Manuel, nous abordons plutôt notre passé. Raconter nos souvenirs est une façon de montrer qui nous sommes et d'où nous venons."
"_Tu sais quoi ? Le problème persistant avec les sœurs...
_C'est qu'elles ne se mêlent pas de leurs affaires ! lançons-nous en chœur.
_Je sais. Mais c'est parce que je t'aime, dis-je pour me défendre.
_Je sais que tu m'aimes. C'est la raison pour laquelle tu me laissais toujours les bonbons-biscuits-et-sucreries-de-toutes-sortes au goût de fraise...Tu as toujours été une grande sœur en or.
_Non, tu n'y es pas. C'est parce que je gardais les trucs au chocolat pour moi ! Ha ! Ha !"
"_Alors on est vieux à quel moment ? Quarante et un ?
_Ha ! Ha ! fait-il en entourant mes épaules de son bras, me collant à lui. Ben non ! Je n'adhère pas à ta façon de voir les choses. Selon moi, c'est clair que nous sommes jeunes. L'âge moyen, c'est long. Il s'agit d'une période, disons la quarantaine, peut-être ? Ou même de trente-cinq à cinquante ans...Et la jeunesse, c'est relatif ! Quant à la vieillesse, j'imagine qu'elle nous rattrape quand on lui permet de le faire..."
Qui ose dire qu'il n'y a pas de nature en ville ?
Il y a plein d'arbres, de jardinières, de mauvaises herbes qui percent l'asphalte... Il y a les écureuils, les chats et les oiseaux. Je ne les connais pas par leur nom, mais j'aime distinguer les différentes espèces par leur chant.