AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.77/5 (sur 114 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) : 1985
Biographie :

Martine Labonté-Chartrand est enseignante de français au secondaire.

"Ma vie en horoscope" (2015) est son premier roman.

Ajouter des informations
Bibliographie de Martine Labonté-Chartrand   (26)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (98) Voir plus Ajouter une citation
Encombrée de son sac à main, de sa mallette de travail, de sa boîte à lunch et tenant, à bout de bras, deux sacs d’épicerie pleins à craquer, Juliette Langevin parvint à ouvrir la porte. Elle laissa tout tomber dans le vestibule et soupira. Elle avait souvent l’impression qu’elle se promenait chargée comme un lama. Même qu’elle soupçonnait parfois l’animal en question d’avoir une meilleure qualité de vie qu’elle. Généralement, au moment où elle franchissait la porte de sa maison en rangée, elle avait quinze minutes top chrono pour ramasser ses affaires, dépaqueter les sacs d’épicerie, préchauffer le four à 350 ˚F, enfourner son souper, qu’elle avait préparé la veille, et mettre la table. Passé ce délai, elle n’avait plus une minute à elle, car son fils arrivait de l’école et il l’accaparait avec les devoirs, le souper, le bain, les jeux et ses questions incessantes sur le quotidien en général. Elle l’adorait, mais parfois il l’épuisait. Comme toutes les mamans monoparentales, elle rêvait de moments de solitude quand son fils sautait dans son lit à six heures du matin le samedi, mais elle pleurait toutes les larmes de son corps lorsqu’il la quittait pour passer deux longues journées avec son père. Ce soir-là, cependant, Juliette n’eut pas à démarrer son chronomètre ni son four parce que, justement, son ex venait chercher le petit Malek pour toute la fin de semaine. Elle espéra que ce serait bien lui qui passerait et non sa copine, beaucoup trop jeune et trop belle à son goût. Elle ressentit un brin d’amertume l’envahir à la pensée de la superbe Mathilde, qui avait presque dix ans de moins qu’elle, et qui n’avait pour seules occupations dans la vie que ses études à mi-temps, le gym, ses amies et les sorties dans les restaurants les plus populaires. Elle ne travaillait même pas, ses parents l’approvisionnant largement en argent comptant.
Commenter  J’apprécie          20
Mais en plaçant son chou-fleur dans le compartiment à légumes, elle continua à penser à la jeune femme qui partageait maintenant la vie de son ancien conjoint. Quand ce dernier lui avait appris qu’il fréquentait une poulette de vingt ans et des poussières, elle avait piqué une crise. Leur séparation était encore récente et elle n’en revenait pas qu’il considère sortir avec une jeune femme sans cervelle. Elle s’en était remise avec le temps et ne faisait plus de crises à ce sujet. Depuis un an déjà, son ex voyait Mathilde, et Juliette avait appris à la connaître un peu… au strict minimum, en fait. Elle n’était pas aussi stupide qu’elle le laissait paraître, finalement. Le pire, dans l’histoire, était que Malek aimait bien Mathilde. Dans le cas inverse, Juliette et son fils auraient pu s’amuser à la détester ensemble, mais elle était indubitablement sympathique et attachante. De plus, comme elle avait longtemps travaillé dans les camps de jour, elle avait toujours de nouveaux jeux à présenter à Malek, qui adorait cela. Non, elle était parfaite, et c’était ça son plus gros problème ; une femme dans la trentaine ne pouvait décemment pas entrer en compétition avec elle. Un petit coup à la porte interrompit sa réflexion. La personne qui cognait entra sans attendre d’y être invitée, et Juliette comprit instantanément qu’il s’agissait de son amie et voisine, Anne. De toute façon, le moniteur qui la précédait et qui crachait les pleurs d’un bébé aurait permis à n’importe qui de savoir qui entrait dans la maison.

Commenter  J’apprécie          20
Le soleil brille lorsque je stationne ma voiture dans l’entrée. C’est une température parfaite pour les réjouissances, pour démarrer le barbecue et prendre un verre entre amis dans la cour arrière, sur la terrasse. Même si je suis toujours très sensible à la température – la moindre grisaille me rend morose –, le soleil n’arrive pas à me communiquer ma joie habituelle. Journée de merde au travail. Ça arrive souvent, mais jamais de façon aussi intense. Juste d’y penser, je sens les larmes me monter aux yeux à nouveau. J’ai fait de gros efforts pour les retenir au courant de la journée, devant mes collègues du moins, mais je me suis cachée dans les toilettes à quelques reprises pour laisser place à ma peine.

Maintenant que je suis chez moi, plutôt que de me cacher, je fonce vers le réfrigérateur où je prends un Palm Bay, une boisson alcoolisée très sucrée. J’aurais préféré un bon verre – la bouteille complète, probablement – de vin blanc frais, mais le Palm Bay est tout ce que j’ai sous la main pour l’instant. Ça fera bien l’affaire. Sans tenir compte de mes vêtements, qui pourraient s’abîmer, je m’installe directement sur les marches de béton de mon balcon, à l’avant de la maison. Ce n’est pas dans mes habitudes de boire face à la rue – je garde plutôt ça pour la cour arrière –, mais c’est le seul endroit où il y a encore du soleil et je veux en profiter, question de me réchauffer le cœur.

Une fois assise par terre, ce qui représente ma situation – je suis au plus bas –, j’ouvre la canette et en prends une grosse gorgée. Il me semble que ça va déjà mieux. Je termine rapidement ma boisson et je vais m’en chercher une autre à l’intérieur. Je me réinstalle à la même place, toujours sous les chauds rayons. J’ouvre la deuxième canette. Elle coule dans mon gosier aussi bien que la première. Je soupire un long moment. J’aimerais vraiment avoir quelqu’un à qui me confier présentement. Un chum, une amie, n’importe qui. Le premier a déserté ma vie il y a quelques mois. Les deuxièmes sont, pour la plupart, toutes occupées avec leur merveilleuse progéniture. Il est près de dix-sept heures trente. À cette heure, et surtout avec cette température, c’est idéal pour emmener les enfants au parc, pas pour aller boire sur une dalle de béton froide avec une amie pas de vie qui pleure parce qu’elle a perdu son emploi.

Comme je n’ai personne à qui me confier, je décide de faire part de ma peine au monde entier. C’est moins intime, mais ça a le mérite de me soulager légèrement. J’écris sur mon mur Facebook : « Après une journée de merde et de grosses émotions, je bois toute seule sur mon balcon. Cheers ! » Maintenant que c’est fait, je dépose mon cellulaire près de moi et j’attends de voir si certaines personnes vont commenter mon statut. Il faut environ une minute avant qu’une connaissance le like et me demande ce qui se passe. Je regarde le commentaire, dubitative. Je me lève pour aller chercher une troisième boisson. À mon retour, cinq personnes m’ont déjà questionnée. Je regrette d’avoir voulu partager ma peine au monde entier, finalement. Je n’ai pas envie de m’étendre en commentaires sur les réseaux sociaux. Mes sentiments sont contradictoires, ce soir. Pas étonnant après les émotions vécues aujourd’hui. J’éteins mon cellulaire et le dépose près de moi, face contre le ciment.
Commenter  J’apprécie          10
Je suis dans cette brume matinale propice au réveil. Je sais que mon réveil sonnera bientôt, mais je profite de ces quelques minutes pour continuer mon rêve. Si je peux appeler ça un rêve, car celui-ci se rapproche drôlement de la réalité ; une réalité que j’ai effacée de mon esprit après le départ de Jamie. Avant que les deux acteurs principaux n’atteignent l’extase, je commande à mon cerveau de se réveiller. Je me connais assez pour savoir que si je me rends jusqu’au bout de l’histoire dans ma tête, je vais surfer là-dessus toute la journée, ramenant à la surface des souvenirs enfouis au plus profond de moi depuis 645 jours. Oui, j’ai compté ! C’en est presque triste. J’ouvre les yeux tout grands et j’observe autour de moi. Les rideaux diaphanes de la chambre à coucher volettent au vent. J’entends le chant des oiseaux, signe incontestable qu’il fera beau en cette journée de la fin du mois de mai. Martin ronfle encore tout près et je prends quelques secondes pour l’observer. Nous avons vécu des hauts et des bas dans les dernières années. J’y pense souvent. Je me sens coupable et je me demande ce que j’aurais pu faire pour éviter que cela nous arrive, même s’il est impossible de changer le passé. Nous avons tout de même eu quelques moments heureux : l’achat de notre nouvelle maison, quelques projets de voyage, des activités en famille. Je soupire en repensant à mon rêve. L’absence de Jamie nous a aussi beaucoup aidés à traverser cette période, je dois l’avouer. Mon jeune amant a accepté un contrat à Londres, quittant ainsi l’édifice où je le croisais presque chaque jour dans l’ascenseur, malgré mes précautions pour l’éviter. On aurait dit que le destin faisait en sorte qu’on se rencontre malgré tout. Je regarde Martin encore une fois. Aurais-je été heureuse avec Jamie ? Peut-être, mais la différence d’âge entre nous deux nous serait sans doute apparue rapidement. Avec ses dix ans de moins que moi, il a encore la vigueur de la jeunesse. Bon, je ne peux pas dire qu’à presque quarante-deux ans, je ne suis plus au sommet de ma forme, mais j’aurais sans doute eu de la difficulté à le suivre dans ses multiples projets. Alors qu’avec Martin… Nous sommes ensemble depuis tellement longtemps, nous nous connaissons si bien, tout est facile. Non, bien que je pense à Jamie souvent, à ce qu’aurait pu être notre vie ensemble, je ne regrette pas mon choix et je suis chanceuse que mon couple ait survécu à l’épreuve. L’infidélité n’est pas une affaire banale et mon mari a longtemps été suspicieux, mais je regagne tranquillement sa confiance et notre petite famille en bénéficie au maximum. Justement, j’entends les enfants qui se lèvent et descendent pour déjeuner. Le réveil n’a pas encore sonné et je laisse les quelques minutes restantes de sommeil à Martin. Je me lève et me dirige vers le rez-de-chaussée pour m’assurer que tout est en ordre. Caleb et Romane m’accueillent tous les deux avec un grand sourire.
Commenter  J’apprécie          10
Je m’éclaircis la gorge, question de me redonner une certaine contenance. Il est encore penché vers moi, mais je me ressaisis. J’ai presque quarante ans. Je ne vais pas me laisser tenter par un jeunot de dix ans mon cadet.
— Je ne sais pas quel genre de fille t’intéresse, dis-je finalement, après avoir dégluti.
— Certainement pas le genre qui veut juste attirer tous les hommes qu’elle croise dans son lit, déclare-t-il. J’aime les femmes sensuelles, mais qui s’ignorent. Ça les rend encore plus attrayantes. Et puis, c’est rare que je sorte avec des femmes de mon âge, elles ne sont pas assez matures, conclut-il en se relevant.
Notre discussion s’est déroulée dans une sorte d’intimité qui se brise lorsqu’il retourne à son bureau. J’ai l’impression de recommencer à respirer. Vient-il de déclarer qu’il s’intéressait aux femmes matures ? Matures… comme moi ? Pourtant, il est si jeune ! Il me fait un clin d’œil en se rasseyant et décroche son téléphone, mettant ainsi fin à notre conversation. Tout le reste de l’avant-midi, je suis songeuse et peu productive.
— Es-tu prête pour le dîner ? me demande Jamie en se relevant.
Je regarde ma montre. Zut ! Si je sors dîner, je n’aurai jamais le temps de terminer tout ce que je dois faire avant la fin de semaine. En plus, lundi, on a une grosse conférence de presse et je ne serai jamais prête à temps.
— Je ne pourrai pas y aller, Jamie. J’ai de la difficulté à avancer et je ne serai pas prête pour lundi si on sort.
Je suis un peu déçue, mais d’un autre côté, c’est peut-être mieux ainsi. Lui aussi a l’air déçu, mais son sourire revient rapidement.
— On va se reprendre. Je vais aller nous chercher quelque chose en bas, décide-t-il, et je vais t’aider. J’attends un appel, de toute façon, si je sors trop longtemps, je risque de le manquer. La même chose que d’habitude ?
— Oui ! Avec une salade au lieu de…
— Au lieu des frites, je le sais, dit-il avec un sourire en coin. Et la vinaigrette à côté, précise-t-il, avant que j’aie le temps de le mentionner.
Commenter  J’apprécie          10
— Je pensais m’offrir une petite séance de cinéma ce soir. Serais-tu intéressée de m’accompagner ?

— Ah, tiens donc, je pensais justement y aller moi aussi. Le mardi, c’est moins cher ! Quel film veux-tu aller voir ?

— C’est une surprise, mais je suis certain que tu vas adorer ! Je passe te prendre à dix-neuf heures. J’ai déjà ton adresse, Betty me l’a donnée. À plus tard !

Décidément, rien n’arrêtait ce gars-là. Marilou se sentit un peu bête d’avoir fait un commentaire sur le prix du billet. Elle se reprendrait pendant leur sortie.

— Non, mais quelle idiote, grommela-t-elle…

Au même moment, la porte s’ouvrit avec fracas sur une Marion fébrile. Ses beaux cheveux bouclés voguaient sur ses épaules au rythme de sa course. Elle atterrit finalement sur le sofa, après avoir attrapé le chat au vol.

— Tu ne devineras jamais ce qui m’arrive ! s’exclama-t-elle.

— Tu as rencontré l’homme de ta vie ?

— Es-tu vraiment obligée de toujours gâcher l’annonce de mes bonnes nouvelles ?

Il fallut quelques secondes à Marilou pour assimiler l’information. Après que la nouvelle eut fait son chemin dans son esprit, elle se tourna vers son amie qui rayonnait littéralement.

— Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Raconte-moi tout…

— Hier soir, j’étais dans un café tout près d’ici. J’attendais quelques amis. En passant, je tiens à te rappeler que je t’avais invitée. Mais tu ne m’as pas rappelée.
Commenter  J’apprécie          10
Elle était bien placée pour le savoir car elle l’espionnait souvent par la fenêtre de son salon. À cette époque, elle faisait fréquemment en sorte que leurs chemins se croisent, se précipitant à l’extérieur pour aller chercher le courrier lorsqu’il sortait, par exemple. Pour elle, toutes les occasions étaient bonnes pour discuter un peu avec lui, même si le moment était très bref. Pendant un temps, elle avait cru qu’elle avait des chances avec lui… jusqu’à ce qu’elle le voie arriver avec Juliette. Pendant plusieurs semaines, Anne avait été jalouse de cette dernière, puis elle avait rencontré Bruce et avait peu à peu oublié Fred, dont la relation avec Juliette évoluait très bien. Le policier avait emménagé avec elle et avait rapidement fraternisé avec son voisin. Les deux couples s’étaient ensuite liés d’amitié ; chose facile, puisque leurs cours étaient séparées par une haie commune. Bien que son amitié avec Juliette fût maintenant beaucoup plus importante que tout ce qu’elle avait déjà ressenti pour Fred, et malgré les nombreuses années qui s’étaient écoulées, son faible pour l’ex de son amie restait enfoui dans un coin de son cerveau. Ainsi, quand elle le croisait, elle s’efforçait toujours – afin d’oublier toutes les pensées qu’elle avait entretenues à son sujet – de se rappeler à quel point il n’avait pas été gentil avec Juliette lors de leur divorce.
Commenter  J’apprécie          10
La jeune femme continuait à fixer l’écran en se demandant ce qu’elle ressentirait si elle avait la chance de recevoir un vrai baiser, digne des plus grands films d’amour. Pas un baiser fade, mouillé ou sec, non non ! Un vrai de vrai avec tout le romantisme requis par la situation. Étant une adepte de films romantiques, elle ne pouvait croire qu’aucun homme sur terre ne puisse lui faire vivre ce moment idyllique.
Commenter  J’apprécie          20
L’espace d’un instant, elle se sentit seule au monde. La voiture avait disparu depuis un bon moment lorsqu’elle sortit de sa contemplation. Quelque chose avait attiré son attention : un camion de déménagement était stationné de l’autre côté de la rue. Curieuse, Juliette s’écrasa presque le nez dans la fenêtre pour mieux voir. C’était un peu stupide de sa part. Si elle voulait vraiment satisfaire sa curiosité, elle n’avait qu’à sortir sur le perron, d’où elle aurait une bien meilleure vue. Elle fit un crochet par la cuisine pour remplir son verre et s’installa sur son petit balcon, sur la chaise qui restait là en permanence. Juliette aimait bien lire dehors et regarder dans la rue par la même occasion, du moins, quand elle trouvait, un moment pour le faire. Comme rien de spécial ne l’attendait ce soir-là, elle prit le temps d’analyser la situation. Les déménageurs ne s’activaient pas depuis très longtemps, puisque le camion n’était pas là à son arrivée, moins d’une heure plus tôt.
Commenter  J’apprécie          10
Je n’ose pas tourner la tête, de peur de croiser le regard de l’homme. Pas qu’il me fasse peur, au contraire, mais je sens que je vais encore une fois m’humilier devant lui, et je n’en ai vraiment pas envie. Je sors dehors sans anicroche et je respire un bon coup dans l’air frais de la nuit. Quelle journée ! Et elle n’est pas terminée. Il faut aller voir cette affiche. De nouveau, je sens l’angoisse monter en moi, mais cette émotion est interrompue par la sonnerie de mon téléphone. Je le sors de mon sac et regarde l’identité de l’appelant à travers la vitre fissurée. Ce n’est pas un numéro que je connais, mais il provient tout de même de la région. Je me dis que c’est peut-être mon père ou ma mère qui tentent de me joindre, mais qui ne se trouvent pas à la maison, donc je réponds. Une voix de femme m’interpelle.
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Martine Labonté-Chartrand (144)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur Bel-Ami

Quelle est la profession de Georges Duroy au début du roman?

Employé aux bureaux de chemin de fer du Nord
Employé au bureau de poste du Sud
Employé à la mairie de Paris du XXe arrondissement

10 questions
51 lecteurs ont répondu
Thème : Bel-Ami de Guy de MaupassantCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..