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Critiques de Colin Thibert (170)
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Le chien du bout du monde

Le chien du bout du monde - Colin Thibert - Mini polar - Editions La Joie de Lire - Lu en décembre 2023.



Thelma Templeton mène l'enquête !



Nous sommes à Londres en 1910, Thelma, jeune demoiselle de 10 ans, bien élevée et fréquentant une école pour jeunes filles plutôt aisées, n'est pas pour autant une oie blanche. Il faut dire que son oncle Owen qui l'élève depuis le décès de ses parents, s'en occupe bien avec l'aide de Watson le majordome qui a beaucoup d'affection pour la petite Thelma.



L'oncle Owen adore mener des enquêtes à la façon de Sherlock Holmes, et c'est ce qu'il va se passer alors que Thelma ramène dans la maison un chien de race perdu, découvert dans la rue sous une pluie battante.



Il a d'abord fallu convaincre l'oncle Owen de le garder ! Avec la complicité de Watson, cela n'a pas posé de problème, mais l'oncle Owen n'en démord pas, il faut retrouver le ou la propriétaire de ce chien qu'ils nomment Puddy faute de pièce d'identification et il place une annonce dans le Times.



Et là, ça commence à bouger ! Un personnage plus que douteux se présente pour récupérer le chien.



Que va-t-il se passer ? Et bien, l'oncle Owen avec l'aide de Watson et il faut bien le dire, aussi de Thelma vont mener une enquête palpitante pour découvrir pourquoi ce chien s'est trouvé sur le chemin de Thelma. De rebondissement en rebondissement, on apprendra le fin mot du mystère qui sera résolu.



Il y a une enquête, de l'humour, du mystère, une petite fille protectrice des animaux, son oncle Owen n'arrête pas de lui dire que la maison ressemblerait à l'Arche de Noé s'il devait adopter tous les animaux qu'elle veut sauver.



Reçu dans le cadre de la Masse Critique Jeunesse, j'ai pris un réel plaisir à lire le chien du bout du monde de Colin Thibert, merci à la maison d'éditions La Joie de Lire pour l'envoi et à Babelio de m'avoir permis de découvrir ce mini polar qui fera à présent le bonheur de mon petit-fils de 9 ans et que je déposerai au pied du sapin.



Colin Thibert est scénariste, romancier, auteur de pièces radiophoniques et dramaturge. A la Joie de Lire, il est l'auteur de Dix petites souris et le chien du bout du monde est son premier roman publié chez l'éditeur genevois.



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Mon frère, ce zéro

Depuis toujours - et comme la plupart d'entre vous, je suppose - les livres ont été et sont mon moyen d'évasion privilégié. Je vous laisse donc imaginer, vu les circonstances actuelles, comme mon budget livre explose et ma PAL s'agrandit inexorablement. Pourtant, loin de m'affoler, cet amoncellement me rassure. Même ces cinq heures de chimio auxquelles je suis astreinte tous les quinze jours depuis deux ans et demi, en sont ce que j'appellerai "un moment rien qu'à moi" car je peux lire l'esprit léger, dégagée de la culpabilité inhérente à ma qualité de ménagère désorganisée, vu que coincée dans un service d'oncologie, je n'ai rien d'autre à faire.



Par contre, impossible de me souvenir comment j'ai eu connaissance de cet ouvrage, paru en Janvier 2021, que j'ai acquis instantanément. Et, bon sang, que j'ai été bien inspirée !

Ce roman désopilant et original est rédigé d'une belle plume, aussi spirituelle qu'intelligente. On a beau se douter depuis le début que ce trio de bras cassés va foirer toutes ses entreprises, on se délecte de savoir comment et jusqu'à quel point. Et cela est fort bien ficelé jusqu'à la dernière page.

La preuve, une fois encore, qu'écrire un roman léger sans sombrer dans la facilité ni la mièvrerie n'est pas à la portée du premier venu. Cela demande du talent. Et, ce talent là, Colin Thibert, il en est pourvu et bien pourvu.

Je suis conquise par son écriture et son style ; je vais donc, de ce pas, acquérir d'autres de ses ouvrages.
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Compadres

Compadres, c'est un peu Germinal transposé au Far-West mais ne mettons pas le wagonnet avant les bœufs.



C'est avant tout l'histoire d'une rencontre, improbable, et d'une amitié en devenir.

Celle d'Antoine Armadin, ferronnier rescapé de la Commune française et de Two Moons, indien aussi bavard qu'un régiment de carpes. Peu disert mais toujours à bon escient. Tout le contraire d'un politique, en somme.



Et Compadres de narrer les pérégrinations de cet étrange duo évoluant dans un monde où l'homme est un loup impitoyable pour ses congénères.



Un coup de crayon anguleux porté par des tons majoritairement ocres, l'ensemble ne laisse pas indifférent.

Il est à l'image d'une période de grands bouleversements bien souvent initiés au profit d'un groupuscule bouffant allègrement la laine sur le dos du plus grand nombre.



Compadres est un western âpre et désabusé sans véritables héros autres que ces travailleurs de l'ombre devant courber l'échine au prétexte d'un progrès dont ils seront finalement bien peu à profiter car il est bien connu que les morts et les loisirs sont souvent antinomiques, enfin je crois.
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Mon frère, ce zéro

Premier livre lu de Colin Thibert dont la qualité créative, narrative, l'univers, l'humour, en appelle d'autres.

Trois pieds nickelés, trois bras cassés, trois improbables, trois invraisemblables, trois marginaux, trois asociaux, dont deux déficients et un mezzo-déficient, se retrouvent, s'assemblent sans se ressembler, forment le gang de tous les délires, de tous les impossibles pour réaliser une des plus grosses arnaques du siècle.

Pour ce faire, il leur suffit d'enlever "sans arme, ni haine, ni violence"... ça vous rappelle quelqu'un... le jumeau "débile" d'une des plus grosses fortunes de France et de la planète... je sens que vous avez déjà au moins un nom sur le bout de vos neurones ..., "interné" à l'insu de tous dans un établissement spécialisé.

Une fois ce pauvre diable entre leurs grosses pattes maladroites, il leur suffira de le conduire à Genève où l'une des banques à laquelle est confiée une partie de ses avoirs, débitera de son compte et à leur profit quelques millions d'euros.

Une aventure, vous l'aurez compris, loufoque, rocambolesque, gaguesque, où rien de ce qui était prévu n'advient... au contraire, où partis de trois, ils finirent par arriver... plus nombreux au port... beaucoup, plus morts que vifs...

C'est ludique, jouissif, drôle, burlesque, dingue, noir... le genre de livre dont auraient pu s'emparer pour le cinéma, associés dans la réalisation, un Lautner, un Woody Allen, un Mocky, un Frank Capra ( celui de -Arsenic et vieilles dentelles-) et les Marx Brothers ( ceux de - La soupe au canard -... vous comprendrez en lisant le livre...)

Lecture idéale en ces temps turbulés, lecture plage, lecture montagne, campagne... lecture chasse-pandémie, lecture sans besoin de passe sanitaire, lecture anti-déprime.

Les personnages ont du relief, de l'épaisseur, de la consistance.

Les situations s'enchaînent à la vitesse des dominos qui ploient sous l'effet d'une tornade provoquée par le battement d'ailes d'un papillon.

C'est, comment pourrait-il en être autrement, une satire sociale à la chute magistrale.

Un bouquin que je vous recommande pour le meilleur et pour le rire.

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Torrentius

Premier contact avec Colin Thibert, auteur repéré via Babelio, et très belle découverte bien qu'il soit avec ce livre un peu en dehors de sa zone de confort plutôt située dans le polar.



Il s'agit d'une biographie inventé de l'obscur Johannes Torrentius, peintre hollandais du XVIIe siècle dont il ne reste qu'une nature morte (exposée au Rijks Museum) et une réputation sulfureuse (parce qu'on sait qu'il a été jugé et condamné pour blasphème).



À partir de ces minces éléments, l'auteur nous raconte une histoire fort intéressante, crédible même si parfois un peu caricaturale (le procès et la haine implacable de son persécuteur). Il lui invente une enfance, une personnalité, nous raconte ses grandes heures et ses déboires.



Le livre est court et se dévore parce qu'il est écrit sans délayage. Pas le temps de s'ennuyer : l'intrigue avance à vitesse grand V tout en brossant suffisamment les caractères pour que les personnages secondaires soient eux aussi intéressants.



Et pour ne rien gâcher, l'humour n'est pas absent de cette histoire, un peu distancié, comme pour atténuer la noirceur de ce destin.



Le seul reproche (injuste ?) que je lui fais : il ne parle pas tant que ça de peinture. Mais peut-être parce que son propos est plutôt de nous raconter qu'être débauché et flamboyant au milieu des austères calvinistes hollandais de cette époque, c'était mauvaise pioche.

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Le bâtard de l'espace

Dix nouvelles de SF pour les ados à partir de 14 ans (et toutes les tranches d'âge suivantes) dans lesquelles l'auteur Suisse nous profile, parfois avec un humour mordant, les dérapages possibles de notre société (... par moments jusqu'à l'excès ou l'absurde).



Dans un style plutôt léger, poussant néanmoins à la réflexion, sont abordés des thèmes comme le robot (à l'image de l'homme), le clonage (et l'éthique), la fixette de la santé (au détriment de nos animaux domestiques), le tourisme médical (en contraste avec l'extrême pauvreté), la société parfaite (et insipide), l'armement (obligatoire) dans les lycées et... l'abjecte télé-réalité dans un environnement pour le moins inhabituel dans "l'amusante" et croustillante nouvelle qui porte le titre du recueil. S'il est encore besoin de démontrer la bêtise humaine, cette histoire cynique en est un parfait exemple.

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Le Chevalier fracassé

L'aventurier, l'inventeur et la Révolution



Dans ce nouveau roman historique Colin Thibert nous propose de suivre les tribulations d'un neuchâtelois monté à Paris à la veille de la Révolution. Son audace va lui permettre de grimper les échelons, mais l'entreprise n'est pas sans risques.



C'est dans les environs de Neuchâtel, alors prussienne, que Colin Thibert choisit de situer les premières scènes de ce savoureux roman. Alexandre-Joseph Martinet-Dubied a le malheur de croiser le père d'une jeune fille, féru des Écritures, qui lui demande réparation après qu'il ait joyeusement «déshonoré» cette dernière. Une balle entre les deux yeux de l'importun suffira à régler ce différend. Le jeune homme a beau pouvoir se targuer d’avoir agi en légitime défense, il choisit de fuir. Avec une cargaison de livres séditieux imprimés par son père, il part pour Paris.

En quelques semaines, l'intrépide fuyard réussira à se faire une petite place dans la capitale sous le pseudonyme d'Alessandro Vesperelli. L'ironie de l'histoire veut que ce soit avec l'aide des autorités, qui n'ont pas tardé à repérer ce fanfaron. Engagé comme espion à la solde du lieutenant général de police, Alessandro est chargé de lui rapporter ce qui se dit dans les salons. Une tâche dont il s'acquitte fort bien. C'est ainsi que chez madame de Vaupertuis, il croise Mesmer, le médecin viennois qui fait fureur avec son traitement par les fluides. Alexandre-Joseph, qui sent le bon coup, va parvenir à le persuader de l'embaucher comme assistant. Mais la fortune qu’il attend de cet emploi tarde à venir. Qu’à cela ne tienne ! Dans le tourbillon d'idées nouvelles qui électrisent Paris à la fin du XVIIIe siècle, il va vite trouver un autre moyen de réussir. Il a en effet fait la connaissance d'un homme féru de sciences, le marquis de Faverolles, qui le fascine par ses trouvailles. À ses côtés, il découvre certaines applications dans le domaine de l’optique et s'imagine déjà riche en développant une invention propre à déplacer les foules, sorte d'ancêtre de la photographie, mêlant art et lumière. Avec son nouveau protecteur et amant, il imagine un bâtiment circulaire qui, éclairé de manière ciblée, donnerait littéralement au visiteur l'impression d'entrer dans le décor. La construction de ce qu'il nomme Panthéome va alors occuper toutes ses journées. Il va trouver artistes et architectes de renom, maître d'œuvre, maçon et charpentier afin d'ériger cet édifice révolutionnaire. Ce dernier qualificatif va toutefois faire capoter le projet. Car les ouvriers délaissent le chantier pour aller détruire un autre édifice. Nous sommes le 14 juillet 1789 et la prise de la Bastille marque le début de la Révolution française.

Notre aventurier ne voit toutefois dans cet assaut qu’un fâcheux contretemps et décide de mettre à profit cette parenthèse pour exercer ses talents d'espion à Londres. Une activité lucrative, car il en profite de ses traversées pour faire de la contrebande. Incidemment, il entend parler du Panorama et se dit que son Panthéome y ressemble furieusement. Soupçonnant le plagiat, il va voir toutes ses illusions et ses rêves de gloire s'envoler lorsqu’il remet les pieds en France.

Comme dans Torrentius, Colin Thibert mêle avec bonheur le romanesque et l'Histoire. Fort bien documenté, il nous entraîne avec gourmandise dans cette époque frénétique où les idées volent aussi vite que les têtes, où l'aristocratie voit s'envoler tous ses pouvoirs et où les rêves de gloire s'envolent en fumée. Le style est allègre, le rythme entraînant, l’humour dispensé avec finesse. Alors même le drame prend des allures de joyeuse épopée !


Lien : https://collectiondelivres.w..
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La supériorité du kangourou

Las de vivre dans un petit appartement parisien, Nathalie et Thomas franchissent le périphérique.

Ils construisent leur tribu auprès de ceux que l'on appellera les bobos, à l’époque des “Frustrés“ de Claire Brétecher, de Sempé et des B.D. de Gérard Lauzier.



C’est une chronique de la gentrification de la proche banlieue dans les années d’avant le portable et jusqu’à la tombée du mur de Berlin, avec les préoccupations de l’amour, de l’adultère, de l'évolution de la famille et des ambitions professionnelles de ce petit monde et surtout du regard porteur du “qu’en dira t-on ?“.

Les cancans se faisaient alors à la sortie de l’école lorsqu’on venait chercher les enfants à la “primaire”.



On a beau essayer de prendre nos distances avec ces hommes et ces femmes si réalistes, les ressemblances nous rattrapent rapidement.



Et si les personnages pleurent beaucoup, ça ne reste que des petites histoires de couples.

D’ailleurs Thomas dira à propos du mur de Berlin : “on ne se préoccupe que de nos petites histoires, et tout près de chez nous s’est déroulé un événement qui va peut-être changer la face du monde !”



Ce roman est écrit avec humour, provoquant une sorte de “rire jaune” qui donne une agréable légèreté aux propos et aux situations.

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Le Chevalier fracassé

Le chevalier fracassé confirme mon coup de coeur pour Colin Thibert qui navigue avec virtuosité dans plusieurs univers pas si éloignés que cela d'ailleurs. Après le récit des mésaventures hilarantes de trois bras cassés dans Mon frère ce zéro, il nous raconte une nouvelle fois les aventures d'un anti-héros bien sympathique mais cette fois-ci au XVIIIE siècle.

Alexandre-Joseph, fougueux jeunot séduisant, est contraint de quitter sa région et sa famille suite à un malencontreux coup de sang. Cet événement inattendu va le conduire - et il en est plutôt ravi à défaut d'en être marri - à changer d'identité - le chevalier Vesperelli, ça en jette, se dit-il.

Nouvelle vie (adieu les injonctions paternelles) pour notre héros qui va se retrouver embarqué vers des aventures qu'il ne maîtrisera pas toujours - et c'est tant mieux pour le lecteur - au regard des évènements qui l'entourent. Car, après avoir été espion malgré lui, le voici, encore une fois malgré lui, amant d'un vieux marquis excentrique, fréquentation ō combien dangereuse dans ces temps où ça chauffait pour les aristocrates et leurs sympathisants.

Un roman historique avec pour (anti-)héros un personnage attachant. Des dialogues pleins de verve. Un style parfait. Tout pour plaire.

Merci aux éditions Héroïnes d'Ormesson et à la Masse Critique de Babelio de m'avoir permis de découvrir ce très bon roman.

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Mon frère, ce zéro

Quand trois ratés, plutôt bas de plafond, du genre Pieds Nickelés, s'associent pour monter un coup, cela ne peut évidemment pas bien se passer. Empêtrés par leur otage qu'ils ne savent ni gérer ni supporter, prenant toujours les plus mauvaises décisions, Canard, Jean-Jacques et Antoine sont certainement les plus nuls des escrocs et point de solidarité entre ces trois-là, c'est à qui trompera l'autre !. Tant mieux pour nous, lecteurs, car cela donne un roman drôle et caustique, immoral et bidonnant. Chouette découverte donc que ce roman original et divertissant.

Merci aux éditions Heloïse d'Ormesson et à la Masse critique de Babelio pour cette bonne surprise.
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La loge écarlate

Bande dessinée de Pierre Colin-Thibert (scénario) et Stéphane Soularue (illustrations).



En 1770, le prince San Severo perd sa fille, Rosalia. Dévasté de chagrins, il est persuadé que son passé le rattrape. « Dieu me punit d’avoir voulu, jadis, percer les secrets de sa création… Ou alors, ce maudit Salerno a enfin réussi à m’atteindre, à me jeter un sort. » (p. 14) De Palerme à Venise, le récit remonte en 1750, quand le prince a rencontré le docteur Salerno, un savant qui voulait percer les mystères de la vie et pratique en secret des dissections de cadavres humains. « Je veux y trouver la cause de la mort et le moyen d’en retarder l’échéance… » (p. 23) Mais, rapidement, le docteur Salerno perd la mesure : il ne veut plus seulement empêcher la mort, il veut créer la vie, se sentir l’égal de Dieu, voire se passer de Dieu. « Dans la mesure où l’homme est capable de donner la mort, – et c’est même ce qu’il fait de mieux ! – pourquoi n’arriverait-il pas à créer la vie ? » (p. 54) Mais ne vous y trompez pas, il n’y a aucun principe humaniste dans ses desseins, seulement une soif de pouvoir et de gloire.



Cette très belle bande dessinée présente la franc-maçonnerie dans une Italie encore divisée en micro états. C’est à partir de faits réels et de personnages historiques que l’auteur a imaginé un récit qui oscille entre science et fantastique. Les machines anatomiques de Salerno ont réellement existé, mais Pierre Colin-Thibert en fait un conte philosophique et baroque. Au-delà de leurs théories baroques sur la manipulation de cadavres et leur hybris dévorante, ces savants un peu fous menaient un combat essentiel où la science affrontait l’obscurantisme religieux et aristocratique. « Vous vous prétendez maçon, libre-penseur, mais vous encore imprégné des valeurs d’un autre âge… Le progrès, Monsieur, n’a que faire de la morale ordinaire. » (p. 38)



Ainsi que l’annonce le titre, le rouge prédomine dans cet album. Les aquarelles ont des airs de sanguines. Tout ce rouge, c’est la vie qui palpite ou peut-être la mort qui se retire. Quant à la loge écarlate, outre le regroupement maçonnique, elle est le berceau où naît l’étincelle de vie. La loge écarlate est un one-shot très réussi, inquiétant et fascinant.

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Madeleine, une femme libre

Madeleine avait bien du tempérament et une vie singulière bousculée par la première guerre mondiale, cette grande passionnée capable de tout pour sauver son amoureux, un officier allemand, se fichait de la morale et était capable de faire des choix cruels pour ses enfants.

Cette BD tirée d'une histoire vraie ne lui rend pas justice, faute de scénario intéressant, de mise en perspective, d'humour. Au fil des pages, on découvre une simple énumération des faits et les dessins manquent de sensualité et de charme.

Une femme pleine de contradictions avec sa part d'ombre et de lumière, difficile à comprendre et à laquelle on a du mal à s'attacher. C'est une franche déception. Quel dommage, son destin de femme cabossée par une vie amoureuse particulièrement tumultueuse, méritait mieux…

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Torrentius

Dévoré ! J’ai littéralement dévoré ce livre, en un après-midi. Certes, il est plutôt court – 150 pages, désormais, c’est un petit livre, la mode étant aux pavés… sans que cela soit toujours justifié par la qualité… -, mais quelle histoire, quelle écriture, quel artiste, quel livre, tout simplement !



C’est enlevé, c’est captivant, on apprend beaucoup de choses sur ce peintre méconnu – dont il ne reste, en tout et pour tout, qu’une seule toile -, on découvre également que l’intransigeance protestante n’a pas évité les excès que l’on connaissait du côté de l’Inquisition catholique…



Mais ce qui est particulièrement intéressant, dans ce livre, c’est la façon dont il ouvre des réflexions sur nos sociétés d’aujourd’hui. Je n’imagine pas un instant que, même s’il explique, dans la note qui suit le livre, ne pas avoir voulu faire œuvre d’historien, l’auteur n’ait pas fait exprès des liens avec notre époque, comme en témoigne la choisie pour ouvrir cette chronique. Ces deux références, à la psychanalyse et au capitalisme, ne peuvent pas avoir été choisies par hasard.



Or que nous montre ce livre ? Il nous présente un homme qui veut juste être libre, et dont les choix peuvent nous déplaire. La première fois où il nous est présenté, il parait d’ailleurs assez imbu de lui-même, prétentieux, assez peu sympathique – si ce n’est qu’il a un faible pour le Bourgogne, et, ça, c’est la preuve absolue qu’il ne saurait être tout à fait mauvais ! -. Mais, au fur et à mesure, on découvre un homme qui s’engage et qui, au-delà de tout ce qui peut sembler superficiel dans ses comportements, a des convictions et est prêt à les défendre, quel que soit le prix à payer.



L’immense différence entre l’époque décrite dans le livre et la nôtre, c’est naturellement le rapport à la religion. On n’imaginerait plus autant d’étroitesse d’esprit, d’intolérance, de plaisir sournois et malsain à imposer aux autres ses choix théologiques. Ceux qui aujourd’hui ont encore cet état d’esprit sont repoussés vers les marges – même si elles sont malheureusement parfois agissantes.



En revanche, tout le reste est remarquablement d’actualité. Torrentius, qui s’est cru protégé parce qu’il connaissait des puissants, se fait lâcher en beauté. La vengeance et la jalousie demeurent des moteurs actifs, récurrents, premiers sans doute dans bien des affaires sordides. L’argent, le sexe, le pouvoir.



Bref, j’ai passé un très bel après-midi de lecture avec ce Torrentius, merci beaucoup Monsieur Thibert. Et, pour tous ceux qui ne l’ont pas encore découvert, n’attendez pas, il mérite le détour !


Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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Madeleine, une femme libre

Roman graphique d'après une histoire vraie, et une petite déception : le personnage central manque un peu de charisme, d'envergure, et l'empathie n'a pas fonctionné, la dimension épique envisagée s'est cantonnée à un compte rendu un peu morne, au rythme monotone alors même qu'il se passe tellement d'évènements, avec la guerre, des aventures sentimentales, des divorces qui se succèdent sans qu'on rentre dans la psychologie des personnages, comme une suite de faits. Pour une œuvre aussi ambitieuse, il manque au moins le double de page (environ 165). Dommage...
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Torrentius

Ce Torrentius je n'en connaissais rien car il ne reste de ce peintre qu'une nature morte et en plus Torrentius était son pseudo, son vrai nom Johannes Van der Beek. Une biographie romancée de cet artiste, spécialiste des natures mortes mais également de gravures pornographiques vendues sous le manteau. Mais les prédicants vont passer par là. Grâce à cet artiste et son devenir Colin Thibert évoque les jugements au nom de la religion au XVIeme siecle à Harleem. Avec son personnage truculent, à l'argumentation infaillible, à la vie dissolue, l'auteur signe non seulement la mise en lumière d'un peintre, de son œuvre, de ses recherches artistiques en particulier avec la chambra obscura mais également un pamphlet sur l'obscurantisme, la violence, la justice. Instructif, rabelaisien, court mais fort.
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Mon frère, ce zéro

Une jolie découverte, ce roman reçu dans le cadre d'une récente opération Masse Critique (merci à Babelio et aux éditions Heloïse d'Ormesson) !



Trois "associés" travaillent au coup du siècle. Le milliardaire Thibault Dastry a un frère jumeau enfermé dans une maison de santé (comme on dit pudiquement...). Nos trois acolytes veulent donc enlever ce dernier, et l'utiliser pour aller vider les comptes en Suisse du richissime frangin. Problème : les trois associés en question sont du genre pieds nickelés ... une belle team de baltringues quoi ! Et forcément, la situation va assez vite déraper...



Un récit frais, enlevé, loufoque, divertissant, plein de péripéties et de rebondissements, peuplé de personnages assez pittoresques. Franchement, je me suis beaucoup amusé à la lecture de "Mon frère, ce zéro" !
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La loge écarlate

Nous découvrons, ici, l'histoire romancée de la collaboration entre le prince de Naples, Sansevero, franc-maçon, et le docteur Salerno. Le ton est donné avec la couleur rouge que l'on retrouvera au fil des pages. L'intrigue est prenante, entre horreur et fantastique. On se demandera où s'arrête la réalité et quand démarre la fiction. Un album qui marque.







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Mon frère, ce zéro

C'est l'histoire de trois pieds nickelés, trois bras cassés, qui vont former un trio pour réaliser une grosse arnaque.



Antoine vit dans une caravane et héberge Jean-Jacques, apiculteur, que sa femme a viré pour tromperies répétées. Canard, couvert de tatouages, est commis de cuisine dans un établissement de santé haut de gamme qui héberge Julien Tastry, frère jumeau d'un milliardaire, Thibault Tastry. Les 3 lascars ont l'intention d'enlever Julien, l'emmener en Suisse, le faire passer pour son frère et lui faire vider ses comptes à leur profit.



Bien sûr tout tourne vite très mal, et les arnaqueurs se feront aussi arnaquer, notamment par une comtesse qui leur vendra une voiture pourrie. Se lancent à leur poursuite : un détective privé en moto, Guetart, une capitaine de gendarmerie, Yolande Bourcadieu, un inspecteur de la Direction centrale du renseignement intérieur, Rostopchine. Ils vont aller jusqu'à Genève, semant quelques morts sur leur passage.



C'est loufoque et drôle, immoral et satirique. J'imagine bien un film adapté de ce roman par Albert Dupontel.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
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Le bus 666

Rassurons le jeune lecteur, impossible de trouver 666 morales ni même 66 à la lecture de ce petit ouvrage de moins de cent pages. Par contre, pour 6, pas de problème...



1. Si tu es myope, porte toujours tes lunettes. Si comme Chloé, l'héroïne de cette histoire, tu préfères les fourrer dans ta poche, tu pourrais monter par inadvertance dans le bus 666 à destination de l'autre côté du miroir au lieu du bon vieux 66 qui t'emmène bien pépère au collège.



2. On te l'a déjà dit et redit, n'accepte jamais de bonbons de la part d'inconnus, même si ceux-ci ont l'air vraiment inoffensif. Sinon, tu risquerais, comme notre héroïne, de tomber sous la coupe d'une sorcière bien décidée à te vendre au "Witch Market" contre des €scarboucles sonnantes et trébuchantes...



3. N'invoque jamais le diable, même de manière innocente. Evite donc impérativement les vieilles expressions du style : "Ce serait bien le diable si ..." ! Celui-ci rappliquerait à la seconde et te ferait signer je ne sais quoi comme contrat. A moins que tu ne puisses lui échapper en te montrant plus rusé(e) que lui !



4. N'accepte jamais, au grand jamais les invitations au bal de vampires trop empressés même si (et surtout si) ceux-ci te font miroiter que "Chez le comte Bracula, le buffet, c'est toujours une tuerie !"



5. Ne tape jamais le carton avec les zombies de Louisiane (ou d'ailleurs... d'ailleurs), tu perdrais immanquablement et comme, tu ne disposes certainement pas d'un million de dollars ou de cent mille €scarboucles, tu devrais travailler pour eux plusieurs milliers d'années !



6. Enfin, ne tourne jamais le dos à un lac d'Ecosse... si tu ne désires pas rencontrer un monstre de légende...



Vous l'aurez compris, le parcours du bus 666 est loin d'être tranquille. Chloé y rencontre une multitude de créatures issues de la littérature fantastique... Le bus en lui-même fait furieusement penser au Magicobus du monde "potterien" et son conducteur à un certain Skully Fourbery...



"- Mais... Je suis où, exactement ?

- De l'autre côté du miroir, comme on dit souvent. Dans un univers parallèle.

J'ai fondu en larmes.

- Pleure pas Chloé, c'est pas si grave !

- Si ! Les parallèles ne se rejoignent jamais ! C'était dans ma leçon de maths.

Zorgo a toussoté :

- Faut pas croire tout ce que disent les maths, petite..."



Ce récit ne manquera pas de plaire aux plus jeunes lecteurs (9 à 12 ans selon l'éditeur) qui y trouveront une entrée en matière originale et humoristique dans le monde fantastique. Amour et amitié s'ajoutent au cocktail et on obtient ainsi un texte qui se lit avec bonheur et facilité. Idéal pour les réfractaires à la lecture !!!! D'ailleurs, qui pourrait résister à cette couverture colorée ?



Toutefois, pour ma part, je regrette que cet univers ne soit qu'ébauché et que les aventures soient aussi vite et aussi facilement pliées. Si le texte se lit sans faim, je suis restée un peu sur ma faim... Un récit plus dense m'aurait permis de m'attacher davantage aux personnages prometteurs de cette histoire... Mais, c'est indéniable, j'ai bien plus que 9 voire 12 ans !
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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Mon frère, ce zéro

"Le bon, la brute et l'abruti"

Longtemps que je ne m'étais pas autant amusée en lisant un roman adulte ! Et pourtant, le fond de l'histoire n'est pas vraiment drôle !! (plusieurs morts, un pauvre type qu'on balade...) Mais qu'est-ce qu'on rit en suivant ce trio de bras cassés, et ceux qu'ils vont entraîner dans leur sillage.



Trois hommes un peu marginaux, un peu ratés, plutôt tranquilles jusque là, décident qu'ils ont trouvé une idée absolument sans danger pour renflouer leurs finances. De façon illégale certes, mais sans risque aucun : pas de violence, pas d'arme, et pas besoin de creuser un tunnel !

La suite ne leur donnera pas vraiment raison !

Bien entendu, leur plan s'avère totalement foireux, et si mal préparé qu'ils vont aller de galère en galère. Ce qui ne manquera pas de nous amuser.

Mais il n'y a pas que ça. Car finalement, nos trois truands à la petite semaine sont presque les moins malhonnêtes dans l'affaire !

Tous ceux qui croisent leur route essaient de détourner les choses à leur profit, et on comprend le bandeau "Qui trompe qui ?" Psy, détective, financier ou policier, et même la vieille comtesse, chacun espère un profit et ne se gêne pas pour détourner la vérité dans ce but. Ce qui embrouillera encore plus l'enquête, vu que tout le monde dissimule, volontairement ou pas d'ailleurs, ce qui aurait pu orienter les recherches.

J'ai trouvé la victime, la vraie dans tout ça, très attachante, seule personne finalement hélas à relever un peu le niveau !



L'écriture est enlevée, l'auteur égratigne tout le monde, on ne lâche pas le roman dans l'attente de savoir comment tout cela va pouvoir se terminer, et qui tirera son épingle du jeu. Hélas pas forcement ceux qu'on attend.

Mais on passe un vrai bon moment de détente, et ça fait du bien en cette période grise.



Question : peut-on parle de polar quand il y a des morts, et une enquête (dont va même se mêler le ministre de l'Intérieur !) mais qu'on sait d'entrée qui sont les coupables. Le suspense étant bien présent : qui se fera arrêter, comment cela finira-t-il ?



Je remercie les Éditions Héloïse d'Ormesson, et la Masse Critique de Babelio pour cette lecture que je n'aurais probablement pas tentée sans cela, ça aurait été vraiment dommage.
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