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Critiques de Daniel Kraus (109)
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Automnal

Roman graphique absolument magnifique dans ses tons orangé et auburn, Automnal manie avec finesse une atmosphère de mystère autour de ses feuilles tombées des arbres.

Quelle histoire, le village de Comfort Notch, où l'on trouve le plus bel automne de toute l'Amérique, garde t-il secret? Pourquoi faut-il s'empresser de ramasser les feuilles? Pourquoi ses cadavres sont recouverts de feuilles? Et cette étrange comptine que chante les enfants? Et pourquoi faut-il se préparer pour l'équinoxe? Et c'est qui cette femme dont il ne faut pas parler?

Et si nous plongions dans ses tas de feuilles pour découvrir toutes les réponses?
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Automnal

"Attention à vos pieds

attention dans la brousse,

Biddle, Biddle,

c'est là qu'elle pousse..."



Ouvrez bien les yeux en traversant la bourgade de Comfort Notch (3533 âmes) et restez vigilants. "Ici on trouve le plus bel automne de toute l'Amérique", proclame fièrement la pancarte à l'entrée de ce paradis campagnard, et elle ne ment pas. Nulle part ailleurs on ne verra une pareille flamboyance de rouges et d'ocres dorés dans un cadre aussi apaisant.

Tout le monde connaît tout le monde, et les relations entre voisins sont aussi chaleureuses que la nature environnante.

C'est peut-être une occasion pour démarrer une nouvelle vie pour Kat et sa petite Sybil ; ni l'une ni l'autre ne vont particulièrement bien, et une vie simple à l'image de ce bonheur bucolique pourrait être un bon pensement pour les nerfs en pelote de ces deux "filles à problème".

Vraiment, la pancarte ne ment pas, mais elle ne dit pas tout...

Kat hérite d'une façon un peu énigmatique de la maison de sa mère, une vieille teigne cordialement détestée de tous, y compris de sa propre fille. Oublier et recommencer... il faut faire quelques efforts, et elle fait vraiment de son mieux pour se fondre dans le paysage. Entretenir des bonnes relations avec ses voisins, entretenir le jardin (pourquoi tout le monde semble se méfier de ces feuilles aux couleurs splendides à l'approche de l'équinoxe ?), mais aussi, un peu malgré elle, entretenir sa mémoire. Cette vieille comptine sur la malheureuse Clementine Biddle... elle l'a récité aussi, autrefois, et tout lui revient peu à peu. En tout cas, suffisamment pour deviner que les plaisantes coulisses de la bourgade ne sont qu'un décor en carton-pâte qui cache des choses très, très sombres...



Lors de la dernière masse critique, je n'ai pas pu résister à la couverture lugubre d'"Automnal", ni au court résumé de ce roman graphique, et le fait que son auteur a fait quelques collaborations avec Guillermo Del Toro était un gage de qualité supplémentaire. Certes, le scénario peut paraître "classique", et en quelque sorte même "prévisible", mais j'ai eu exactement ce que j'espérais : une bonne histoire de "folk horror", un peu dans le style des bourgades endormies de Stephen King ou d'Ira Levin, où quelque chose de malsain grouille sous la surface, ou encore des films comme "Le Village" de Shyamalan et "Population 436" de MacLaren... sans parler de "Sleepy Hollow" de Burton ou de "The Witch" d'Eggers. Les exemples de communautés perverties soumises aux légendes locales sont nombreux, et l'angoissante atmosphère d'"Automnal" s'inscrit parfaitement dans la lignée. On sait bien vite que quelque chose cloche, mais on a d'autant plus envie de découvrir de quoi il s'agit. Et on continue à tourner les pages, tout en se laissant (dés)agréablement gratter l'échine par une feuille imaginaire aux couleurs de feu, mais froide comme la terre d'une tombe.

Les paroles de la comptine vont changer à la fin du livre, chantonnées par la nouvelle génération de Comfort Notch, mais est-ce aussi la fin de la malédiction ?



Pour ceux qui ne seront pas tout à fait convaincus par le scénario, il reste toujours le remarquable travail graphique : "stylos et pinceaux, fusains et tablette numérique" des trois collaborateurs à l'image nous transportent directement au coeur de l'horreur, et il faut dire que c'est efficace. Rien ne nous est épargné, ni la beauté factice de la bourgade automnale, ni la noirceur de son âme.

Je n'ai pas pu réprimer un sourire devant la note de l'éditeur concernant la couverture de la version française, "drapée dans un geltex nieve au grain léger rappelant l'écorce d'une jeune pousse" - rien que cela ! On ne peut pas s'empêcher de peloter sans arrêt sa surface à la recherche des sensations promises - mais il faut reconnaître que les éditions 404 ont fait un travail tout à fait digne.

4,5/5 ; la demi-étoile imputable au fait que je n'étais pas particulièrement touchée par l'héroïne. Reste une sensation finale que désormais je vais frissonner à chaque fois que j'entendrai les mômes réciter une vieille comptine, idéalement accompagnée de sinistres petits rires cristallins. Elles ont forcément toutes une histoire cachée, quand on se donne la peine de chercher derrière leur hypnotisante mélopée...







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Trollhunters

Merci Babelio, merci masse critique, merci aux éditions Bayard (qui nous offre un livre objet plutôt plaisant, même si j'aurais tellement préféré qu'il soit accompagné d'illustrations) !



Au départ Guillermo del Toro voulait adapter "The Troll Hunter", un film norvégien low budget dans lequel trois adolescents découvraient et suivaient un chasseur de troll à travers monts et vallées (d'ailleurs l'héroïne du film a les mêmes prénoms que la guerrière troll ARRRGH ! dans le livre ^^). Il y avait un côté conspirationniste avec le gouvernement qui sait et le peuple qui ne sait pas, mais d'abord et su un côté écologiste avec le chasseur de troll qui se révélait être davantage un garde chasse chargé de réguler les populations trolls, espèces protégés car en danger. Mais il a été décidé d'édulcorer tout cela et on est passé d'un mélange en "Projet Blair Witch" et "Cloverfield" à une teen story entre "Chair de poule" et "Buffy contre les vampires" qui sent bon les années 1980/1990… fin du rêve pour moi, mais je ne doute pas un seul instant que le public cible va bien se marrer ! blink





Après un bon prologue, j'ai beaucoup de temps à rentrer dans le livre avant de me prendre au jeu et de passer un bon moment. Pourquoi ? Parce que la 1ère moitié du roman est truffée de trucs de mainstream voire clichés, avec quelques trucs cool et fun, alors que la 2e moitié est truffée de trucs cool et fun, avec quelques trucs mainstream voire clichés. Qu'est-ce qui ma fait tiqué ? Ben, on est dans une banlieue pavillonnaire californienne, avec un boloss vivant avec son père divorcé (John Sturges Junior), ami avec un pire boloss que lui (Tobias/Toby/Tub Pershowitz : juif, geek, gros, couard, qui est affublé d'un monstrueux appareil dentaire et qui vit chez sa grand-mère entourée de dizaines de chats ^^), racketté par un freshair badboy évidemment quater back de son lycée (Steve Jorgensen-Warner), et qui en pince pour la belle gosse de sa classe (Claire Fontaine), excentrique car étrangère, qui tranche sur les autres belles gosses de son lycée anorexiques… Oui, vous pouvez jouer avec moi au bingo des clichés car on nous a déjà le coup de tout ça environ 1 million de fois ! ^^

Je passe sur toutes la galerie de profs tous plus aigris et acrimonieux les uns que les autres, le vieux flic courageux mais blasé et inutile : une bonne littérature jeunesse ne doit pas se sentir obligé de montrer que tous les adultes son nazes et tous les ados géniaux pour flatter l'ego du public cible.

Et puis il y a une fête de fin d'année, avec une le match de football américain et une représentation d'une pièce de Shakespeare, et le boloss est pressenti pour jouer Roméo, la belle-gosse pour jouer le rôle de Juliette mais il se fait piquer le rôle par le quater back badboy… Au secours !





Après on a quand même un fil directeur fantastique/horrifique qui nous amène vers une 2e partie nettement plus plaisante : l'épidémie des briques de lait (cf. "Ça" de Stephen King), le monstre sous le lit (cf. "Au-delà du réel : L'aventure continue" 1x11), la cité troll (cf. "Hellboy 2"), les retrouvailles en cuisine entre le héros boloss, l'érudit tentaculaire Blinky (le traducteur Patrice Lalande a bien essayé de retranscrire le truc, mais j'aimerais bien savoir ce que donne son parler BBC en VO), la guerrière Johanna M. ARRRGH ! et un Peter Pan punk et badass, voire garbage (la scène étant un détournement d'un conte scandinave)… A ce moment on découvre alors avec le héros boloss l'envers du décor donc l'univers des créatures de la nuit







Oui comme le cycle "La Lignée", on sent très bien que le livre est écrit à 4 mains et on devine aisément à qui il faut attribuer les trucs cool et fun et les trucs mainsteams et clichés. Et le nouveau side kick de Guillermo del Toro a gagné des prix littéraires dans sa catégorie, cela en dit long sur le niveau de standardisation des professionnels de l'écriture américain. Alors oui, l'écriture est fluide et efficace et cela se lit bien et vite, mais tout est archi prévisible avec les twists placés en fin de chapitre et les cliffhangers placés en fin de partie, sans parler des whodunits dont on devine la résolution dès leur mise en place… Et puis il y a aussi le revers le médaille de cette formule : à trop suivre un cahier des charges, les spécificités du récit passent à la trappe… Et il y a ainsi cette détestable manie de lancer un mystère, puis de le laisser complètement de côté, avant de l'oublier ou de balancer toutes les explications d'un coup…





Visiblement le livre a bien marché, puisque DreamWorks veut en faire en film (et on se retrouve avec un truc encore plus édulcoré que je vais nommer « Monstres et Cie bis ») et Netflix veut en faire une série animée (vu le niveau de l'animation américaine, je n'en attends pas grand-chose, d'autant plus qu'on édulcore encore plus le truc avec des personnages encore plus jeunes, mais les artworks me donnent vraiment envie de laisser une chance à l'adaptation).

http://1.bp.blogspot.com/-FUw-4j1eCTo/VqAgUH3OT1I/AAAAAAAAAjk/6LL4ISfvSbI/s1600/Trollhunters-Artwork-1.jpg
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Automnal

Quoi de mieux pour Halloween qu’une bande dessinée de folk horror dans l’automne de la Nouvelle-Angleterre?



À la mort de sa mère, qu’elle n’a pas vue depuis son enfance, Kat, jeune femme paumée, retourne dans sa ville d’origine, Comfort Notch, accompagnée de sa fille Sybil. L’occasion de prendre un nouveau départ et d’offrir à Sybil une meilleure vie que celle qu’elles ont menée jusqu’à présent… Mais la petite ville aux airs idylliques dissimule quelque chose de bien plus sombre – quelque chose lié aux feuilles d’automne que les habitant·es se hâtent de ramasser dès leur chute, ainsi qu’à une inquiétante comptine chantée par les enfants…



On ne peut pas dire que le scénario brille par son originalité, néanmoins, l’exécution est plutôt bien faite. L’ambiance m’a rappelé certains romans de Stephen King pour le cadre géographique et Midsommar pour l’aspect folk horror, mais également quelques bandes dessinées de Serge Lehman, Saint-Elme ainsi que L’homme gribouillé (pour les relations mère-fille). La maternité représente évidemment un des thèmes centraux de cette histoire, mais aussi la gestion des traumatismes et la violence subie par les personnes marginales, ostracisées par un monde bourgeois prêt à tout pour conserver sa tranquillité d’esprit. J’ai l’impression que c’est là que réside l’horreur plutôt que dans le scénario lui-même.



Les couleurs, époustouflantes, rendent bien l’ambiance automnale (je peux d’ailleurs confirmer que l’automne ressemble véritablement à ça dans cette zone géographique) et je n’ai pas grand-chose à redire sur le dessin, si ce n’est que certaines images paraissent parfois un peu trop statiques.



Parfait pour la saison (Et merci à @Gabylarvaire dont le retour m’a convaincue de me lancer là-dedans)!
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Trollhunters

Pourquoi je l’ai choisi:



Rien que le nom de l’auteur, Guillermo Del Toro sur la couverture a quasiment fait l’essentiel de ce choix, mais j’étais curieuse de voir une histoire de Trolls…



Les personnages:



Jim et Toby forment un duo convaincant en Chasseurs de trolls, mais c’est dans leurs faiblesses qu’ils sont le plus touchants. Des adolescents en somme, ni plus ni moins que normal, mais qui ont la chance de tomber par hasard, sur une aventure extraordinaire, tout en restant ordinaires. On adore les suivre dans leurs péripéties de lycée en journée, et leur folle expédition nocturne!



Claire est la touche féminine et espiègle de cette histoire!



Les Trolls sont des personnages un peu lourdeaux mais tellement attachants si on a la chance de les comprendre…J’ai beaucoup aimé le bestiaire trollesque qu’on peut découvrir au détour de la nuit!



Ce que j’ai ressenti:…Une lecture plaisante, mais…..



« Vous êtes de la nourriture. »



J’adore l’univers de Guillermo Del Toro, sa façon de créer un monde sombre et poétique. Autant dire que ce titre là, me branchait bien, car je n’avais encore jamais lu d’histoires de Trolls…Je ressors de cette lecture avec une pointe de déception, j’aurai aimé retrouver la « patte » de cet auteur, un peu plus d’ombres à ce livre. Certes, on est en Jeunesse, donc la trame est assez classique un adolescent qui tend vers l’âge adulte en menant des combats de la vie réelle et imaginaire, mais on connaît trop le talent de l’auteur et scénariste pour pouvoir en attendre plus, même dans cette tranche d’âge. J’aurai aimé encore plus de force à l’ambiance, et un peu plus de profondeur dans la psychologie des personnages. Je suis un peu restée sur ma faim, j’aurai aimé plus m’investir dans cet univers riche en potentiel.



« Sous le lit. C’est là que vivent les monstres. »



Pour autant, ce fut une lecture bien agréable. Une histoire où aventures et fantastique rythment la vie d’un duo d’adolescents, en mal de reconnaissance. J’ai beaucoup aimé cette amitié, leurs esprits un peu rêveurs, leurs élans candides. On se laisse prendre au jeu des terreurs enfantines, voir apparaître les monstres sous les lits, connaître des créatures nouvelles. C’est assez rafraîchissant. Certains dialogues sont hilarants et volontairement décalé, et c’est donc le mot « plaisir » qui se dégage de cette lecture. Un bon moment, où l’on peut retrouver pendant quelques pages, nos envies de guerriers intrépides imaginaires.



« -Je préfèrerais encore me farcir un bouc dans un cabanon des Shetlands qu’embrasser un imposteur dans ton genre. »



En bref, il y a de plaisantes rencontres dans le monde de la nuit…Effrayantes aussi… Se laisser tenter par cette aventure vous fera passer un petit moment sympathique!



« Il n’était absolument pas de taille à lutter contre les démons intérieurs qui avaient pris des proportions de dragons dans sa tête. »



Remerciements:



Je tiens à remercier chaleureusement le site Babelio pour cette Masse Critique ainsi que les éditions Bayard pour l’envoi de ce livre et de leur gentil mot qui accompagnait ce colis. Merci de leur confiance!




Lien : https://fairystelphique.word..
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Trollhunters

Pour moi, Guillermo del Toro rime plutôt avec films sombres, très sombres. Alors quand j’ai vu qu’il avait écrit un livre de littérature jeunesse, je me suis posée des questions. Ne connaissant pas non plus son co-auteur, à quoi pouvais-je donc m’attendre ? Je n’avais pas forcément envie de me retrouver dans un univers semblable au Labyrinthe de Pan que j’avais apprécié, certes, mais qui était aussi assez déprimant. L’univers de Trolls me laissait pourtant présager quelque chose de la sorte…



Les premières pages donnent le ton. Non, ce ne sont pas les gentils trolls de la Reine des Neiges mais bien ceux qui hantent les légendes celtes dont on parle. Et ils aiment les humains, de manière gastronomique… Très bien, les bases sont posées me dis-je, nous allons avoir droit à du sanglant. Et puis l’histoire commence vraiment et cette première sensation disparait. On se doute que tout ne sera pas rose dans le roman mais il y a cet univers jeunesse qui ressort, et un peu comme Percy Jackson ou L’épouvanteur. Et j’accroche tout de suite.



Jim Sturges Jr, notre jeune héros, n’a pas la vie facile. Un père un peu dérangé suite à la disparition de son frère aîné, une mère qui les a abandonnés, cantonné au clan de losers au lycée, martyrisé par la vedette du lycée… Bref, une vie qu’un adolescent de quinze ans ne rêverai pour rien au monde. Et pourtant, notre héros se montre dès les premières pages très sympathique. Il fait avec, prend sur lui, ne se plaint pas vraiment. Il aspire certes à une autre vie mais à quoi bon espérer… Et puis un jour sa vie bascule. L’occasion pour Jim, comme pour nous de découvrir le monde des Trolls. Bien plus complexe qu’il n’y parait, et avec seulement un tome, les deux auteurs nous offrent un univers riche avec de nombreuses espèces de trolls, leurs coutumes, leur histoire… Ces créatures qui n’ont jamais été exploitées comme il se le doit, on enfin droit à un roman où elles sont les vedettes. Et j’aime beaucoup ce choix. Je dirais juste, pour le coup, que nos fameux Trollhunters ne sont pas assez exploités, eux. Alors que c’est le titre du roman et qu’ils ont une place importante dans l’histoire, ce sont même eux l’histoire, il m’a manqué un peu de leur histoire. C’était un peu vague de ce côté-là.



Jim se retrouve donc dans un monde étrange et dangereux. On lui demande de prendre place dans une guerre ancestrale, de faire des choix, de mettre en péril sa propre vie. Les auteurs auraient pu le transformer à ce moment-là en héros grandiose, mais ils ont opté pour la subtilité, et c’est tant mieux. L’adolescent de quinze a des doutes, il a une vie (contrôle de math, pièce de théâtre, une vie amoureuse « espérée », survivre au lycée…) et même si devenir un héros peut être existant, il ne va pas plonger dans cette nouvelle vie juste comme ça. Jim prend aussi conscience de qui il est vraiment. Tous ces événements le poussent à s’interroger sur lui-même et à notre époque, je trouve que ce genre de héros qui ne n’en sont pas vraiment au final, sont de très loin plus intéressants. Nous restons dans de la littérature jeunesse, donc forcément, les bons sentiments restent très présents, mais il n’en reste pas moins qu’il y a une réflexion, une analyse. Etre un héros, ce n’est pas recevoir des lauriers, être acclamé par la foule, c’est faire des choix, des sacrifices, agir dans l’ombre.



Certains éléments clés n’ont pas été une surprise pour moi, notamment l’identité « réelle » de trois personnages, mais mis à part ce petit détail, j’ai passé un très bon moment. Il y a de l’humour, de l’action, de bons sentiments, une très grande place pour l’amitié (un point que j’affectionne toujours), et une intrigue qui même si elle reste classique est très prenante et cela jusqu’à la dernière page du roman.



Je pense que c’est un one-shot, mais si jamais je me trompe, je serais heureuse de connaître la suite des aventures de nos Trollhunters.
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Automnal

Aujourd'hui, j'ai choisi de vous présenter un roman graphique à la couverture qui interpelle, car très éloquente quand à son contenu, la bien nommée « Automnal » qui vient de paraître aux éditions 404 Comics. « Automnal » est le fruit de l'alliance de trois talents. L'histoire est écrite par Daniel Kraus, connu pour avoir été le co-auteur de « La forme de l'eau » avec Guillermo del Toro. Les illustrations sont, pour leur part, signées Chris Shahan, alors que pour les couleurs, on retrouve le génial Jason Wordiew. Ne conservons pas le suspens plus longtemps, ce roman graphique est appelé à devenir un futur classique du « Folk Horror« . Son univers mystérieux, ses illustrations angoissantes et ce climat éprouvant psychologiquement pour les deux personnages principaux, s'installent dès les premières pages et participent à la réussite de l'oeuvre. le travail au niveau des couleurs est remarquable. Nous sommes dans la petite ville paisible de Comfort Notch où Kat et Sybil, sa fille, viennent d'arriver suite au décès de la mère de Kat. Sybil est en grande difficulté scolaire et souffre de troubles psychiques qui altèrent son comportement. Pour Kat et Sybil, c'est un nouveau départ. Mais à Comfort Notch le mal rôde à chaque Automne et les secrets enfouis depuis très longtemps vont émerger. Quel est donc ce mal qui touche Comfort Notch ? Abandonnée par sa mère qui l'a forcé à quitter la ville de Comfort Notch, Kat va devoir affronter les propres démons de son enfance, tandis que Sybil cherchera à la protéger. Attention, c'est une véritable pépite de noirceur absolue qui ravira les nombreux amateurs de ce cher Stephen King. On y retrouve d'ailleurs un hommage évident au maître du thriller horrifique. Si vous êtes en quête de grands frissons, je ne peux que vous recommander ce roman graphique « Automnal » aussi réussi dans le fond que dans la forme très travaillée. C'est le roman graphique à offrir ou à s'offrir pour éprouver des frissons car décidément à Comfort Notch rien ne se passe comme ailleurs…
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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La forme de l'eau

L'année s'annonce pleine de lectures séduisantes et ce roman de Guillermo del Toro et de Daniel Kraus fait parti du lot.

Attirée par une couverture intrigante où une femme enlace une créature écailleuse, je me suis plongée tout de suite dans ces années 60.

Tout d'abord ce sont les personnages qui m'ont interpellé. Notamment l'anti-héros Strickland, homme violent physiquement, odieux dans ses propos racistes et même sadique, gangréné par la guerre de Corée et un supérieur diabolique le général Hoyt.

Elisa l'héroïne est le miroir opposé du militaire , pleine de compassion pour les déshérités de la vie.



C'est donc la capture par Strickland d'une créature mi poisson mi lézard qui va opposer ces deux personnages mais sans véritable affrontement car Elisa est muette. Mais faute de mots la jeune fille, agent d'entretien dans le laboratoire du scientifique saura faire acte de rébellion.

Les autres personnages sont tout aussi fouillés apportant dans cette histoire sombre l'espoir d'une humanité plus juste et plus tolérante. Ils aideront Elisa et le Deus Brânquia torturé par le cynique scientifique qui n'a pas vu l'introduction d'un espion russe dans le F1 de l'OCCAM.

Nous sommes en pleine guerre froide et les deux grandes puissances de l'époque se confrontent pour la primeur de la conquête spatiale.

Mis à part les personnages et l'histoire d'amour, j'ai beaucoup apprécié le contexte historique de ces années 60: la condition féminine et l'emprise du masculin, les minorités méprisées par les classes dominantes tel Giles, ami d'Elisa et son homosexualité refoulé ou Zelda victime du racisme envers les noirs.

Tous ces problèmes sociétaux s'imbriquent avec le statut de l'animal qui est passé d'objet à être sensible; se pose donc le problème de la vivisection.

Même si les auteurs ont décrit des années boomers pleines de noirceurs, leur histoire fantastique explose en espoir. Il faut briser les chaines et laisser parler son cœur pour le progrès de l'humanité .

Un livre merveilleusement délicat que je vais prolonger par le film.
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Automnal

J'ai lu très peu de romans graphiques, mais s'ils étaient tous de cette trempe j'en ferais un genre favori. J'ai dévoré cette histoire morbide, autant pour le récit en soi que pour les dessins et, surtout, cette coloration qui sied si bien au récit - et d'actualité en prime puisque je l'ai lu à la mi-octobre, en pleine période des couleurs au Québec. Le caractère fonceur et déterminé de Kat, dont a hérité sa fille, nous change de ces victimes aussi apeurées qu'impuissantes; devant l'adversité cette mère aimante se battra jusqu'à l'abnégation. L'intrigue est glauque à souhait, les habitants de Comfort Notch effrayants sous leurs dehors accueillants, la part de fantastique juste assez présente. Les illustrations sont tellement riches que juste les faire défiler sans lire le texte est pleinement satisfaisant. Pour qui l'horreur n'est pas un obstacle ce livre est à découvrir.
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Trollhunters

Avant tout, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions Bayard pour l'envoi de "Trollhunter". Un petit mot sympathique accompagnait l'ouvrage et m'a fait très plaisir !



Ce roman retrace les (més)aventures de Jim Junior Sturges, un adolescent comme les autres : il fait des études, se fait bizuter par Steve, le beau caïd adepte du ballon, fantasme sur une jolie demoiselle du nom de Claire, a un meilleur ami avec qui il fait les quatre cents coups... Et a un père surprotecteur dont la maison, équipée de fenêtres informatisées, d'alarmes et de nombreux verrous, est une véritable forteresse ! Jim pense tout simplement que son géniteur dingo fabule : il ne va rien leur arriver. Sa vie est on ne peut plus banale... La seule chose qu'il craint, c'est de se faire raquetter par Steve. Et pourtant, il devrait se méfier : sa lignée a quelque chose de particulier et ce, depuis des générations...

Qu'on se le dise : derrière ce scénario classique se cache un récit entraînant avec un narrateur plutôt sympathique. Le duo qu'il forme avec Toby m'a fait sourire plus d'une fois. Les pauvres ont beau être gentils, ils ne sont quand même pas très doués... Quelle belle équipe de bras cassés ! Couards, ils préfèrent se cacher derrière une voiture plutôt que d'affronter leurs problèmes. Deux véritables anti-héros qu'une incroyable aventure va tout bouleverser... En effet, ils vont découvrir que les trolls existent et pas seulement... Un gros point positif pour ce livre : il y a un sacré bestiaire "trollesque" ! Entre les Nullhullers, les Zunnn, les Yarbloods, les Gum-Gum, etc. Le pauvre Jim va emmagasiner un paquet d'informations sur ce nouveau monde de la nuit... Il va également apprendre à manier l'épée et à trouver les points faibles des trolls.



L'idée de chasseur de trolls m'a beaucoup plu. D'autant plus que la petite équipe de Jim est touchante. Hormis l'un des personnages ayant le syndrome de Peter Pan (dont je tairais le nom afin d'éviter de spoiler), j'ai apprécié tous les protagonistes. Ma préférence va à cette brave ARRRGH!!!. Bien que cette troll femelle ne s'exprime pas aussi bien que son comparse, elle m'est apparue comme très joviale... Et sacrément goinfre ! Son appétit colossal n'a pas son égal parmi les hommes... Même Toby est un petit joueur à côté d'elle ! D'ailleurs, elle lui en fera voir de toutes les couleurs une fois chez lui... Le pauvre !...

Quant aux personnages secondaires, je n'ai pas grand chose à dire sur eux. Ils sont assez développés sans trop l'être. Leur présence permet surtout de donner "vie" à l'univers scolaire de Jim. Par contre, je les ai trouvés très manichéens... Bien que l'on soit dans du roman pour adolescents, j'aurais souhaité moins de personnages étiquetés "méchants" ou "gentils"...

Gunmar, le grand "méchant" de cette histoire, ne m'a pas vraiment impressionnée étant donné qu'il n'apparait que tard dans le récit (faisant office de "boss de fin de niveau")... Mais a eu le mérite de me faire sourire contre son gré. Vous connaissez peut-être Nemesis de la saga "Resident Evil" qui hurle "STARRRRRRSSSS" dès qu'il en avait l'occasion... Et bien Gunmar, c'est presque la même chose avec "STUUUURRRGGGEEEEES". Qu'il soit volontaire ou non, j'ai trouvé le clin d'œil amusant.



Le scénario m'a relativement plu. J'ai pris plaisir à suivre le duo Jim-Toby vivre au quotidien. Ajoutons à cela une intrigue paranormale qui titille la curiosité du lecteur, ainsi qu'une plume relativement simple avec quelques clichés (certainement volontaires) et vous avez "Trollhunter". J'ai préféré les deux premières parties du roman, car l'auteur mêlait aisément scènes scolaires, tensions, suspense et inquiétude. Le rythme avant que l'on découvre l'univers des trolls était très prenant. Ensuite, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs, des redondances, des moments trop vite "expédiés" ainsi que des incohérences. Par exemple, après plusieurs nuits blanches ou quelques heures de sommeil par jour, je m'attendais à ce que notre jeune héros soit un beaucoup plus fatigué... La fin a également été un peu décevante car il y avait de nombreux rebondissements ou révélations attendus...



Malgré tout, j'ai été ravie de découvrir le combat dans lequel s'est lancé Jim. C'était assez plaisant. J'imagine assez bien cet ouvrage être adapté au cinéma. Nul doute que cela plaira à de jeunes lecteurs de 12 à 14 ans... Ce fut donc une lecture sympathique avec ses qualités comme ses défauts. Ma note serait plutôt de 3,5/5, mais étant donné que j'ai pris plaisir à lire ce livre, je monte à 4/5. Merci encore à Babelio et à la maison d'édition Bayard. E. C.

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La forme de l'eau

Avant même que le film sorte et gagne plusieurs Oscars, j’avais envie de découvrir ce titre dont la couverture envoûtante m’intriguait… Or, lorsque j’ai vu le roman dans les sorties du mois, je n’ai pas hésité ! Merci encore aux éditions Bragelonne pour cet envoi dont je suis ressortie globalement conquise. J’ai beaucoup aimé la façon dont Elisa, femme de ménage et orpheline muette, a tissé une relation lente et progressive avec la créature. Speedy, une amie blogueuse, m’avait fait comprendre que, dans le film, l’attirance était directe, trop facile et réellement malsaine. Pour ma part, je n’ai pas eu cette impression avec le livre : on les voit prendre contact grâce aux œufs durs, être fascinés l’un par l’autre, communiquer via la langue des signes, se rapprocher peu à peu, s’observer et s’écouter grâce à la musique qui joue un joli rôle dans cette romance naissante. Ce n’est pas si rapide que cela. Certes, on a du mal à concevoir cette union mais, après tout, pourquoi pas ! Si on compare leur amour avec celui de « La Belle et la Bête », c’est quasiment la même chose ! D’ailleurs, si on enlève les éléments historique et que l’on ne garde que l’histoire d’amour, on constate énormément de similitudes comme l’idée de physiques différents, le syndrome de Stockholm, le sauvetage, le triangle amoureux avec un rustre que l’héroïne n’aime pas et une part de la fin que je ne vous révèlerais pas (mais qui m’a agréablement surprise et qui, avec du recul, est assez logique)… On sent que les auteurs se sont inspirés de ce conte populaire. D’ailleurs, le message est le même : parmi tous les personnages, le monstre n’est pas la bête…



La narration alternée permet au lecteur de découvrir les pensées de l’héroïne ainsi que celles des personnages secondaires. On se retrouve alors du côté de Richard Strickland, l’antagoniste principal, sa femme Lainie, la créature (mais il faudra attendre environ trois-cent pages avant de connaître ses réflexions), Zelda (la collègue d’Elisa), etc. Parmi eux, c’est vraiment Richard qui m’a marquée. Son caractère est exécrable, il est réellement fou, violent, orgueilleux, méprisable, destructeur et mauvais. Sa folie n’a d’égal que sa brutalité. Un antagoniste perfide comme j’aime détester ! Par contre, je dois avouer que j’aurais souhaité que les protagonistes soient moins manichéens. En effet, on a vraiment la gentille héroïne, le monstre qui va s’humaniser grâce à l’amour, le méchant sans scrupules, les amis qui donnent tout pour leur camarade et les autres. Un peu plus de nuances et moins de stéréotypes… Heureusement que j’ai accroché à l’ambiance, parce que cela aurait pu être rédhibitoire durant ma lecture… Tout comme les quelques longueurs que j’ai ressenties de-ci de-là…



Derrière la romance, on aborde diverses thématiques comme la religion, la course à l’armement, la science, la place de la Femme dans la société, le racisme, la discrimination, etc. Il y a donc de quoi faire ! Le fait que ce ne soit pas qu’une simple histoire d’amour m’a plu… Par ailleurs, j’ai grandement apprécié l’ouvrage en lui-même : il y a une hard-cover, des chapitres illustrés ainsi que de superbes croquis accompagnant le récit. Je serai curieuse de voir le film afin de comparer les deux supports ! J’ai surtout envie de voir l’interprétation de Octavia Spencer, la superbe interprète de Minny dans « La Couleur des sentiments » ! Par contre, je regrette le fait que le résumé ET la bande-annonce du film dévoilent les trois-quarts de l’intrigue ! Certes, on est curieux de voir comment cette relation va s’établir, on souhaite découvrir les intrigues secondaires et on veut connaître la fin, mais ce spoil gâche un peu la découverte ! Pour ma part, j’ai pris la liberté de réduire le résumé sur mon blog, afin de ne pas trop en dire… Pour résumer, « La forme de l’eau » est donc un joli roman esthétique et onirique non sans défauts qui a globalement réussi à me convaincre.
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La forme de l'eau

Une histoire d’amour entre une humaine et une créature qui a tout du monstre, ça sent le déjà vu, pour ceux qui connaissent "La belle et la bête".



Alors serait-ce ainsi un remake que l’on nommerait "La muette et le monstre amphibie" ?



Non, c’est plus que ça, c’est mieux que ça, c’est différent de ça. On oublie la Belle du conte ou de chez Disney et on découvre une histoire d’amitié, d’amour, différente de tout ce que l’on connait.



Différente car si le scénario pourrait être du réchauffé (tout à été écrit depuis le temps) la manière de nous le présenter est différente, bien amenée, notamment grâce à quelques personnages allant des plus sympathiques ou crétiniste à la Trump.



Elisa Esposito est muette, elle est insignifiante, personne ne la voit, ne fait attention à elle, ne prend la peine d’apprendre le langage de signes, sauf Giles, le vieil homo qu’elle a pour voisin et Zelda, une collègue de travail, Noire, que tout le monde considère comme une moins que rien, vu sa couleur de peau.



Face à ces trois personnages qui ont tout d’insignifiant, de laissés-pour-compte par le reste des gens, nous avons Richard Strickland, une espèce de militaire imbu de sa personne, qui va chercher une créature dans l’Amazonie et qui n’hésitera pas à tuer les témoins ou ceux qui se mettent en travers de la route.



L’archétype de l’Américain qui se prend pour le roi du Monde, qui pense que tout lui est dû, que ce qui appartient aux autres est à lui, enfin, à l’Amérique. D’ailleurs, les autres, ce sont des animaux, ça ne souffre pas, ça ne pense pas…



Bref, le salopard dans toute sa splendeur mais sous la carapace d’enculé de première on a aussi un homme qui a souffert et qui souffre encore. Le portrait n’est pas que tout noir et on a l’impression que la rage qu’il passe sur la créature, c’est celle qu’il n’ose pas passer sur son chef, le général Hoyt, celui qui le tient par les roupettes.



Le récit prend le temps de planter son décor, de nous envoyer en Amazonie pour capturer la créature tout en nous faisant entrer dans la psyché de Strickland, dans les pensées de sa femme (Lainie), dans la vie d’Elisa Esposito et des autres personnages qui parsèment de leur présence importante les pages de ce roman (Giles, Zelda et Dmitri Hoffstetler).



N’allez pas croire que l’histoire d’amour/amitié entre la créature et Elisa ressemble à du mauvais Harlequin, Del Toro a pris le temps de développer leurs différentes rencontres et de quelle manière cela va se dérouler. C’est bien amené et on ne sombre jamais dans la mièvrerie bas de gamme.



Anybref, voilà une histoire d’amour bien foutue, bien fichue que l’on repose sur la table avec une pointe de nostalgie à l’idée de devoir remonter à la surface.



Le tout est de se laisser entraîner par les auteurs et de vibrer pour cette histoire d’amûr non conventionnelle. Si vous ne voulez pas y entrer, vous serez comme Strickland, imperméable à tout.


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Teigneux

Teigneux fait partie des incontournables de tout amateur d'horreur, la vraie, la pure, celle qui vous terrasse et vous marque durablement. Il est plus dérangeant par son côté thriller psychologique que par les scènes horribles qui y sont décrites, même s'il faut s'accrocher quand même. Rarement l'expression "âmes sensibles s'abstenir" n'aura pris autant son sens que concernant ce bouquin.

Mais venons-en au fait et à l'histoire, donc. Ry a maintenant 19 ans et ne se remet pas de la fameuse nuit où à 10 ans, il a osé affronter son père, désormais en prison. Sa mère, Jo Beth n'arrive plus à joindre les deux bouts et après avoir lutté de toutes ses forces pour se maintenir à flots et subvenir aux besoins de ses deux enfants, elle doit se résoudre à vendre la ferme, ce qui n'est pas vraiment un mal, puisque l'ombre maléfique de Marvin, le mari et père de la famille Burke continue de planer sur les lieux malgré son absence, au point que la vie semble s'y être arrêtée depuis neuf ans.

Dans la première partie du livre, Daniel Kraus nous plonge dans l'enfer que traversent les protagonistes et on ressent parfaitement le poids de la menace qui pèse sur eux. le monstrueux Marvin, parfaitement décrit, nous fait frissonner autant qu'eux, alors qu'on navigue dans l'esprit de Ry et que le traumatisme dont il ne se remet pas nous étreint également. J'ai vraiment eu l'impression que moi non plus, je ne survivrai à cette nuit de cauchemar que grâce à l'aide des jouets qui ont sauvé Ry à l'époque et auxquels il va de nouveau avoir recours, soit un christ en plastique, un nounours, et le fameux Teigneux.

Un roman glaçant, très perturbant, servi par une plume magistrale. Les scènes d'horreur qui ont la part belle en toute dernière partie du livre, ainsi que l'angoisse omniprésente tout du long me font dire que ce n'est pas un bouquin à mettre entre toutes les mains, mais vous l'aurez compris.

Par contre, les amateurs du genre y trouveront largement leur compte et c'est à eux que je le conseille fortement.
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La forme de l'eau

J'ai d'abord découvert cette œuvre dans sa version cinématographique, qui m'avait beaucoup plu à sa sortie. je l'ai revue après ma lecture récente, et cela a confirmé mon attrait pour le film.

Concernant le roman, je dois dire que je reste assez perplexe. Car il m’a semblé très inégal mais propose pas mal de choses intéressantes qui sont moins exploités dans le film.



La forme de l’eau est définitivement et intégralement une romance. Il n’y a pas que cela dans le texte mais elle constitue son intrigue principale. Elle est le cœur du propos et l’âme de l’histoire. Mais cette romance n’est pas ordinaire, ni juste là pour faire joli. Elle véhicule un message assez fort. Ce n’est pas de la romance pour dire de faire de la romance.

On peut d’abord faire un lien assez évident avec La belle et la Bête. J'en dis plus sur le blog, je ne veux pas dévoiler des pans de l'intrigue ici. En fait, ce qui m’a surtout séduite, c’est le caractère onirique de l’histoire. Elisa semble vivre sa vie comme une automate, plongée dans ses rêves de vie qu’elle n’aura jamais. Le début de son histoire commence d’ailleurs par une prépondérance de rêves; des rêves de boue, de rivières et d’herbes hautes. Giles passe également son temps à rêver sur la vie qu’il aurait aimé mener, à une autre époque. Le film selon moi décrit vraiment bien cette ambiance; moins verbeux que le bouquin, plus musical, léger, aérien et flou comme un rêve. Le caractère hautement improbable de certaines scènes renforce cette impression d’onirisme.

Enfin, dernier ingrédient qui m’a plu dans ce mélange, c’est cette touche de body horror qui parsème les pages du roman. Je trouve que c’est là encore plus marquant dans le livre qu’à l’écran. Le roman offre tout un visuel horrifique lié aux tortures perpétrées, tant sur la créature amphibie que sur d’autres personnages du roman. Et il ne fait pas vraiment dans la dentelle, allant par moments jusqu’au grotesque – on imagine sans peine les giclées de sang qui nous éclaboussent les mains avec un peu de chair avec.

Et puis, et j’ai trouvé ça à la fois perturbant et réussi, c’est le mélange assez malsain de torture et de sensualité. Le texte l'évoque d'ailleurs à la perfection : sonorités, gradation dans le phrasé mimant l’excitation sexuelle, phrasé saccadé et concis, absence de connecteurs entre les phrases (asyndètes), choix du vocabulaire sans équivoque : tout ici respire la sensorialité, la sauvagerie, l’excitation et l’imminence du sang sur le bout de la langue.

C’est assez nauséeux, mais on est bien dans la dénonciation d’un esprit malsain et dangereux.

Un cocktail assez riche donc, qui crée au final quelque chose d’assez singulier, à la fois cotonneux et flou, mais aussi très sensoriel sur tous les plans. Selon moi, c’est une œuvre qui ne peut pas laisser indifférent.



Enfin, et j'en parlais plus haut : le gros atout du livre par rapport au film est son regard très critique porté sur la société WASP des Etats-Unis des années 60. On est à une époque où le modèle de l’American way of life va inonder petit à petit toutes les sociétés occidentales. C’est beau, c’est chic, l’argent rentre, la prospérité est là, la richesse aussi… Mais l’envers de la vitrine est beaucoup moins chic.

La forme de l’eau est la voix des minorités de l’époque. Le texte met en scène des personnages en marge dans une société fière de son succès et du modèle qu’elle propose. En parallèle, on a la figure du pater familias par excellence avec Strickland mais on constate avec lui les fissures qui commencent à poindre dans cette société du paraître, annonciatrices des grands bouleversements sociétaux à venir.

Sous la forme de l’eau donne alors un aperçu de tout le discours homophobe, sexiste et raciste de l’époque. Mais le rendu n’est pas optimal. D’abord parce que ce n’est pas finement intégré à l’histoire, comme je l’ai dit plus haut. Et puis c’est fait avec de gros sabots. Les victimes de ces violences insidieuses sont toutes des gentils. Ils n’ont absolument aucune nuance. Il n’y a bien que le méchant qui offre quelque chose de plus complexe (malgré sa cruauté sans borne assez grotesque parfois). Vous me direz que c’est l’effet conte qui joue. Peut-être !

Malgré tout, j’ai quand même apprécié deux figures. Celle de Zelda d’abord. Elle fait la conversation pour deux avec Elisa pendant leurs travaux de nettoyage, et son franc parler est très drôle, surtout quand elle évoque son mari. Et puis un personnage quasiment absent du film : Lainie, l’épouse de Strickland. Les chapitres centrés sur elle sont intéressants. On y lit sa métamorphose d’épouse soumise à travailleuse indépendante, d’une part. Et puis le roman donne un aperçu de toutes les injonctions données aux femmes à l’époque. Fais ceci, sois comme ça, ne fais pas ça comme ça, souris, cuisine, talons, cheveux, rouge à lèvres, etc. etc. Etouffant. Mais ces chapitres sont les plus désolidarisés de l’intrigue, même s’ils permettent de comprendre la descente aux enfers de Strickland d’autre part.





En conclusion, le roman possède des atouts évidents. D’abord, il explore davantage le passé et la psyché des différents personnages, tant principaux que secondaires. Cela les rend plus consistants et surtout nuancés (notamment pour Strickland, le méchant).

Mais c’est surtout le propos social qui est fort intéressant dans le livre, et beaucoup moins exploité dans le film. Quant à l’écriture, elle est également assez inégale. Globalement, le premier tiers m’a plu pour sa poésie, le dernier tiers pour les émotions générées, mais le milieu tire en longueur, avec une plume beaucoup plus banale à mon sens.
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La forme de l'eau

Les avis concernant le film sont très élogieux.

Parfait, je ne l'avais pas encore vu et comme je préfère lire les romans avant de visionner leurs adaptations cinématographiques je me suis lancée.

Grossière erreur, je ne suis plus sure de vouloir le regarder maintenant.



Tout d'abord, la quatrième de couverture en dévoile beaucoup trop et j'avais l'impression de connaitre tout le récit avant de commencer.

L'histoire reste intéressante, mais j'ai eu un mal fou à rentrer dedans, je n'ai pas réussi en fait.

Impossible de ressentir la moindre émotion pour les personnages. Je les ai trouvé sans saveur, plat, trop caricatural aussi. Je pense notamment au personnage de Strikland, le stéréotype du gros méchant.



Le rythme est inégal. Trop rapide pour certains passages qui demanderaient à être approfondis et trop lent, trop détaillés pour d'autres qui semblent presque inutiles.

On alterne les points de vues, les protagonistes, on se ballade d'un endroit à un autre sans véritable intérêt. Il y a de nombreuses scènes d'action mais elles n'offrent aucune forme immersion au lecteur. On est juste spectateur d'un moment.



J'ai quand même réussi à allé au bout de ma lecture mais pas sans difficultés. Grosse déception donc.
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Trollhunters

Trollhunters m'a d'abord attiré par le fait qu'il allait y avoir des trolls, créatures que l'on ne voit que trop peu dans la littérature en général et je trouvais l'idée d'en faire des personnages principaux très intéressante. Et puis, le fait que Guillermo Del Toro ait participé à l'écriture de ce roman y a aussi joué un rôle.

Je remercie donc Babelio et les Éditions Bayard Jeunesse pour l'envoi de ce roman.







Les trolls sont des créatures qu'on ne retrouve pas toujours dans la littérature où ils ont plus ou moins un rôle mineur, mais ici, ils sont importants et c'est d'autant plus original de par toute la mythologie qui les englobe, une mythologie très bien exploitée et intéressante. Comme on se l'imagine, les trolls sont tous plus différents les uns que les autres, ils sont affreux/hideux/répugnants (tout ce que vous voulez!), ce sont des gloutons, certains sont violents et ils inspirent la peur évidemment. En fait, il y a différentes sortes de trolls, différentes espèces avec chacune leurs caractéristiques (il y en a qui sont végétariens, d'autres amateurs de chair humaine...). Leur point faible commun est le soleil qui les transforme en pierre.



Je regrette juste de ne pas m'être vraiment attachée aux personnages principaux Jim Jr et Toby, je ne me l'explique pas. Mais plus qu'à eux, je me suis plus attachée à Blinky et ARRRGGHHHH!!!, les deux trolls qui sont du bon côté, et aussi un peu à Jack qui est un personnage quelque peu torturé, badass et intéressant à suivre.



Ce qui m'a gêné aussi, ce sont les innombrables clichés du genre: la vie au lycée; la brute qui martyrise les pauvres élèves dont le héros et son meilleur ami; la romance avec la fille un peu bizarre mais parfaite; les différences entre élèves populaires et non populaires. Entre autres. ça aurait mérité d'être un peu plus original que ça.



Au début, le narrateur s'adresse au lecteur, nous faisant presque participer à l'histoire, nous mettant dans le bain, c'était un vrai plus, et c'est dommage que ça n'ait pas été gardé tout au long de la lecture. Quant à la fin, elle est assez satisfaisante, la bataille finale a été épique et je pourrais même dire que c'est une fin ouverte, mais y aura-t-il une suite... telle est la question.



Une écriture simple, fluide, tout à fait adaptée pour de jeunes lecteurs, une écriture très "visuelle"/"imagée", on pourrait presque croire que c'est un film qui défile sous nos yeux (surtout grâce aux descriptions très précises).

Le vocabulaire utilisé et l'ambiance font que la lecture est un peu "stressante", "angoissante" sans trop l'être non plus (c'est un roman jeunesse quand même!) mais justement, je trouve que c'est une bonne chose, c'est efficace (attention, je ne dis pas non plus que j'ai eu la trouille de ma vie en le lisant le soir... quoique c'est arrivé une fois! :D)



Un soupçon d'humour (qui n'est pas exceptionnel, je suis passée à côté), une romance légère, beaucoup d'action et un côté un peu horrifique/gore (beaucoup de choses peu ragoûtantes, des scènes si bien décrites que l'imagination fait le reste!).



Une lecture bien sympathique qui change de ce que je lis d'habitude. L'histoire est assez prévisible mais aussi originale en un sens quoique que composée de beaucoup de clichés. Je dirais même que ce roman plaira davantage aux garçons qui devraient plus se retrouver dans le personnage principal. Donc si vous êtes un fan des Chair de Poule et que vous aimez les Chroniques de Spiderwick, ce livre est fait pour vous car ça en est le parfait mélange.
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Automnal

Kat et Sybil sont de retour à Comfort Notch, espérant y trouver une nouvelle vie plus stable. Mais le passé de Kat et de sa mère tout juste décédée, autant que celui de la ville sont troubles et en revenant sur les lieux de son enfance, elle va devoir y faire face. Il semble que la ville ait une gardienne bien exigeante, Kat et Sybil seront-elles prêtes à payer le lourd tribut demandé ? La sorcière des comptines des enfants serait-elle réelle ? Et ce feuillage d'automne présage-t-il de quelque chose de plus terrible ?
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Automnal

Un comics thriller horrifique, envoutant et perturbant, qui rend hommage au « Folk Horror » païen et idolâtre. Un graphisme au trait vif, énergique, avec une bonne palette de couleurs, souvent orangées, qui rappellent l’automne, accentuent le côté étrange de l'histoire. Magistral !
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Automnal

Merci à Babelio et aux éditions 404 pour l'envoi de ce livre.



Une petite ville des États-Unis. Des phénomènes étranges. Une population locale formatée et méfiante.

Jusque là rien de bien original. La filiation avec Stephen King est d'ailleurs largement assumée par un clin d'œil explicite dès les premières pages.



L'héroïne revient des années après dans la ville de son enfance, de laquelle elle fut chassée... par sa mère ! Cette dernière, fraîchement décédée et particulièrement mal vue, possédait une maison qui devient dès lors la propriété de sa fille.

À Comfort Notch, tout le monde est obsédée par les feuilles. On ne joue pas avec et on doit les ratisser avec sérieux et constance.

Une chanson traverse la ville et les pages, ouvrant les chapitres... Mais quel est donc le secret qui se cache dans ces notes ? Derrière ces murs ?

Pourquoi Comfort Notch jouit du titre de "plus bel automne des USA" ?



Rien de bien original, mais une histoire solidement menée et un travail graphique remarquable.

L'objet en lui-même est déjà une réussite et les planches sont à la hauteur des attentes.

La mise en scène sait se montrer astucieuse et accompagne parfaitement le crescendo de l'horreur.



Le bonus toujours aussi appréciable : la galerie des couvertures plus quelques variantes en fin de volume. C'est toujours la petite friandise finale quand on lit des comics. J'adore.



Tout à fait recommandable.
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Teigneux

La quatrième de couv’ fait état d’un « thriller paranormal« , c’est sans doute une façon d’aborder la question, pour ma part j’ai surtout eu le sentiment de lire un thriller psychologique particulièrement intense. Intense parce qu’il nous invite à partager les pensées d’un esprit fragile, au bord de la rupture, voire de l’implosion.



Si l’aspect paranormal est discutable, il ne fait par contre aucun doute que c’est un bouquin fortement déconseillé aux âmes sensibles. Certaines scènes sont bien trash, voire franchement gore, mais l’horreur n’est jamais gratuite et l’auteur ne joue pas la carte de la surenchère ; ici l’horreur est bel et bien ancrée dans la réalité et mise au service de l’intrigue et des personnages.



Daniel Kraus nous propose un thriller qui se construit autour de la relation entre un père (Marvin) et son fils (Ry), pas franchement le genre de relations « normales » entre papounet et fiston, mais plutôt une relation pervertie, nocive et nuisible fondée sur la peur. Une relation qui ne peut déboucher que sur une confrontation explosive, la question n’est pas tant de savoir qui prendra le dessus, mais plutôt d’évaluer les dommages collatéraux.



L’auteur aurait pu, par facilité, se concentrer sur ses deux personnages centraux et laisser aux autres des rôles plus ou moins subalternes, mais il n’en est rien. Si les personnalités de Jo Beth et Sarah sont définies par le biais de Ry et Marvin, il n’en reste pas moins qu’elles auront un rôle déterminant à jouer tout au long de l’intrigue.



Difficile de parler des personnages sans mentionner les fameux Trois Inommables, le sympathique Monsieur Oursington, le sage Jésus-Christ et Teigneux que son seul nom suffit à définir. Sans risquer de me montrer trop disert sur la question, il ne faut pas être un fin psychologue pour deviner que chacun est une projection de l’esprit de Ry, diverses facettes, plus ou moins enfouies, de sa propre personnalité.



Si vous pensez avoir tout vu et tout lu en matière de thriller, je vous invite à vous plonger dans Teigneux ; je n’irai pas jusqu’à dire que Daniel Kraus réinvente les règles du genre, mais il joue avec et les accommode à sa sauce, une sauce certes atypique, mais qui s’avère finalement fort réussie.



Au risque de passer pour un maso, j’ai pris beaucoup de plaisir à parcourir ce presque huis clos glauque et oppressant à souhait. Les auteurs qui osent chambouler les règles ne sont pas légion, il serait bien dommage de bouder son plaisir quand on en croise un. Et incontestablement, Daniel Kraus ose, et il le fait bien.
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