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S'inscrivant dans la nouvelle vague des récits horrifique américains, Automnal tient autant du folk horror des films The Wicker Man et Midsommar que des écrits de Richard Matheson et Stephen King. Sous la plume du romancier Daniel Kraus, connu pour son travail avec Guillermo del Toro (La forme de l'eau, Trollhunters), Automnal redonne du sens au terme roman graphique en portant le récit d'horreur dans les hautes sphères de l'angoisse psychologique, en offrant la part belle à des personnages crédibles. Cela accompagné par le trait gras et puissant de Chris Shehan et du génie de la couleur Jason Wordie.
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C'est pas moi qui suis amochée. C'est le monde entier qui est amoché.
- Existe-t-il des trolls végétariens ?
- En fait, il a existé un temps une secte appelée les Nibolgiens. Ils pensaient que les trolls pouvaient vivre en se nourrissant que de plantes. Ce fut une très noble et très courte expérience. Au bout de dix-neuf jours, tous les Nibolgiens s’étaient dissous en une mare verte et gluante.
Les liens forgés par la guerre sont une chose. Ceux noués par l’amour en sont une autre.
- Il y a un truc terrifiant là-dessous, murmura-t-il.
- Ah ! Tu me crois, enfin !
- Oui. Et c’est pire que ce que je pensais. Je n’avais encore jamais vu une chaussette qui puait autant. Nous devrions nous saisir de nos armes, preux chevalier, avant qu’il soit trop tard, et tenter de la vaincre par la force. Je crains fort que nous ne survivions point à la confrontation, mais l’Histoire saura se souvenir de nous.
Il n'était absolument pas de taille à lutter contre les démons intérieurs qui avaient pris des proportions de dragons dans sa tête.
-Je préfèrerais encore me farcir un bouc dans un cabanon des Shetlands qu'embrasser un imposteur dans ton genre.
Je connaissais à présent la dure réalité : les nuits sont parfois longues pour les chasseurs de trolls.
Vous n'imaginez pas les merveilles que l'on peut accomplir rien qu'en déplaçant une table de nuit! Je pense vraiment avoir raté ma vocation de décorateur d'intérieur.
_ Cela vient d'une mot très ancien: styrgar qui signifie pointe de lance, ou lance de guerrier. C'est un nom de guerrier.
_ Génial, fis-je.
Jack se pencha vers moi en grognant.
_ Non, répliqua-t-il, ce n'est pas "génial". C'est le pire des fardeaux. Très vite, tu souhaiteras être né avec un autre nom, pouvoir te réveiller quelqu'un d'autre. Parce que les guerriers se battent. Et que la guerre, c'est tout sauf génial. C'est sanglant. ça brise des os et coupe des têtes. Des êtres vivants meurent, et parfois il te faut brûler leurs cadavres. Leurs corps calcinés ne partent pas en silence. Ils font des bruits. Et jusqu'à la fin de tes jours, quand tu essaieras d'aller dormir, ce sont ces bruits-là qui te tiendront éveillé.
L’ombre de Marvin Burke faisait encore frémir tout le comté. À l’époque, les commerçants et les voisins se méfiaient de cet homme aux allures de fouine, de sa poignée de mains qui broyait les doigts, de ses traits sans cesse changeants. Ils redoutaient aussi les veines qui battaient à ses tempes, sa moustache frémissante, puis son sourire forcé couvert par d’incessants monologues. Marvin Burke parlait trop, il était trop grand, trop mince, ses muscles étaient trop longilignes, le lustre de son crâne rasé ne paraissait pas naturel. Les gens du coin soupçonnaient cet homme d’être un monstre et ils avaient raison. Ry savait pertinemment que ce que son père faisait à l’abri de leur maison était innommable, mais qui aurait osé l’en empêcher alors que c’était précisément grâce à Marvin Burke que le soleil se levait, que les hivers n’étaient pas trop rudes, que les gelées tardives de printemps ne détruisaient pas les fragiles bourgeons ? Ry se revoyait encore assis à côté de son père tandis que leur bouvier, Sniggety, occupait presque tout l’espace dans la cabine du tracteur. Son père remettait en place ses lunettes carrées à monture épaisse et parlait avec tant d’enthousiasme que l’écart entre ses deux dents de devant semblait se fondre dans sa moustache noire pour former un gouffre au bas de son visage.