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Citations de Danielle Fournier (36)


 
 
Parfois elle, entre dans la mer ― c’est une femme de
mer ; et remarque sur ses mains, une certaine solitude
venue avec le vent cassant, heurtant la quotidienneté des
jours. Elle se rend aux tranchées, aux dunes protégées,
cherche un itinéraire qui ne ressemblerait pas au
gouffre. À l’abri des murmures du monde, il y a dans les
marécages où certaines espèces font leur nid, des routes
en lacets qu’il faut connaître, mais aussi le marché
couvert, les églises quand rouges, viennent le désir et
l’avalanche de mots silencieux. Oui, parfois le désir.

Je, fuyant.

p.27
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Ce lieu-là
 
 
Iris partagée   cette envolée
pollen entre les cuisses à grandes enjambées
le siècle fait tomber les hommes
venus des mers glacées
Iris sur ligne de vie   délivre
voyage vers l’île aux fougères
Iris d’où venue en éphémère
renonce à la limite   au transit
si les peaux se quittent sans nuage
cicatrice sur le seuil
                  lichen sur la main
                  le nom dessus
                  tiendrait
                  même dénoué.

p.89
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Quand elle s'est mise en marche, elle n'entendait que l'écho de ses pas dans cette ville endormie. Ses pas dans cette ville derrière les volets, cachée derrière ses rideaux. Elle n'avait pas peur. Elle allait au-devant d'elle-même, pour se rendre là où elle devait se rendre, là où elle s'attendait.

Les cailloux adhèrent aux mots.
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Celles qui sans savoir savent autre chose qu’un réel abêtissant, aliénant l’amour et l’attirance. Là encore, vous ne pouvez comprendre, obsédé par votre sexe que vous portez comme un glaive.
Les paroles superflues deviennent brutales, quand les gestes, la geste, trouvent leur chemin. Quand on n’a plus de mots, on sort les poings.
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Vous n’avez eu aucun égard pour moi, pour ce que je suis, cette petite chose : que pouvais-je être d’autre que chosifiée à vos yeux, vous qui n’aimez ni le proche ni le lointain, à qui je parlais de livres que vous n’aviez pas lus, dont vous n’aviez jamais entendu parler et qui, grâce à moi, auprès de votre cour, vous ont procuré l’espace d’un moment une gloire que vous aviez prise chez moi, dans mes mots, dans mon corps ?
Parce que c’est ce que vous faites en somme : vous volez, vous dépouillez celle qui est devant vous, la mettez nue devant les autres pendant que vous vous auréolez de ce qu’elle est. Pourtant, jamais vous n’aviez songé à l’importance de ces livres, de ces lieux, de ces vivants. C’est ainsi que vous vivez. Que vous imposez aux autres ce que vous estimez juste et bon. Que vous vous faites : donner à l’autre un rôle derrière le paravent.
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Rouge, quand je pense à vous, rouge sang, gluant, épais, la déliquescence de la chair, sa turgescence due aux morsures des fourmis rouges, le dos boursouflé, la gale, la lèpre ; rouge partout, coulant, s’immisçant dans les replis de la peau brûlée au fer rouge et ce rouge mortel que vous traînez avec vous dans lequel vous m’avez entraînée. Vous qui évoquez avec sérieux et gravité, de ce sérieux et de cette gravité un peu affectés, vous qui me parliez de guerres comme si vous y aviez combattu et de morts que vous aviez enterrés, vous qui pérorez sur les conflits entre les peuples, entre les mondes, palabrez autour des révolutions, des conflits, vous préférez la vie artificielle en répétant qu’autour c’est la misère, pendant que vous restez là, au chaud, dans votre gloire et votre voie d’extinction de l’amour.
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Toujours ma joie vous est restée détestable, lune argentée soustraite à vos regards inquisiteurs, une joie émeraude ou saphir dévalait d’invisibles collines pour se jeter sur moi dans un air chaud et apaisant. Elle ressemblait à l’eau, non pas celle des tempêtes dans lesquelles vous me conduisiez, mais à une eau vibrante à l’onde tranquille. Elle portait des fleurs sauvages et domestiques, des cultivars de tous les pays, des espèces naturelles dont le parfum subtil apportait une beauté minérale et poignante. Une odeur de galets et de foin. Une clarté bleu argenté, une éclaircie que l’on distinguait de loin, qui vous ternissait. Et pour laquelle vous m’en vouliez. J’aurais dû ne pas exister à cause d’elle en moi.
Cette exaltation qui vous demeure étrangère aura été ma victoire, mon enchantement. Pour vous, un mystère, une excentricité liée à mon sexe. Une ignorance liée à votre surdité et à votre aveuglement. Cette aptitude à la joie m’a sauvée ; c’est uniquement grâce à elle que j’ai réussi à affronter les monstres qui vous dévorent et qui vous tétanisent. Il y a cette joie en moi si forte qu’elle est intarissable, qu’elle me porte et m’a permis de reprendre pied.
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Le printemps des homards


Sur les trottoirs petits pas de fougères et de hostas
le mouvement des mots d’hiver
toutes les filles ont des mères à quitter
des terres à découvrir
avec des yeux définitifs
        elle va recoudre ses écailles
        planter d’autres motifs
        plus loin que le fleuve.
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Mon corps semblait même vous créer une certaine forme de contrainte, peut-être même une gêne, comme si vous vous sentiez obligé de me regarder. C’est la lassitude que je percevais chez vous, submergé peut-être par le souvenir d’autres corps, d’autres amours auxquels vous vous êtes adonné pendant que moi, quotidiennement, je tentais de me faire, de refaire ce qu’un peu tous les jours vous défaisiez de moi, laissée à un désabusement que je n’ai jamais connu.
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Vous êtes sans sensualité, d’une sexualité répétitive et mécanique, vous portez sur le corps des femmes un regard touristique et géographique, territorial, les observant comme autant de corps-paysages aux frontières désarticulées, pour lesquels vous n’éprouvez aucune émotion, auxquels vous restez étranger, devant lesquels vous devenez un animal – ce que vous revendiquez, par ailleurs, dans vos rapports – prêt à bondir et à mordre, à dévorer et à étreindre à mort.
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Dans votre ordre des choses, j’aurais dû y rester et votre regard s’est fixé dans ma mémoire telle une tache sombre. Vous m’êtes inoffensif. Le jour n’est pas mort avec vous. Et je vous laisse à votre nuit.
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Aussi fragile que le vol d’un papillon, le clignement des paupières. Ne revenez pas, moi qui suis immobile et aussi invisible que les meubles que l’on oublie, je vous en supplie, ne revenez pas, vous, ou Personne dans la verticalité du souffle.
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Et je ne serai plus celle que vous dites aimer ne pas aimer quand les mots que vous prononcez sont en fait des mots soufflés par des vents échevelés, tronçonnés. Je ne serai plus ce jour qui se lève à peine, raclée sous votre paume, rendue au petit matin avec l’insomnie et ses spectres.
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Je ne sais pas si nous parlons une même langue ni si cette langue nous est commune. En revanche, ce dont je suis certaine, c’est que l’utilisation que vous faites de la langue n’a rien à voir avec la bienveillance ou la fraternité. Vous êtes en quelque sorte le contraire de la sollicitude. Il y aurait beaucoup à dire sur votre utilisation des mots. Leur référentiel en quelque sorte. Comment exprimer par écrit votre harangue de la langue ? Cette façon de discourir sans discontinuité au point de tourner en rond, votre souffle en apnée, de revenir sur ce qui a été dit, et de répéter ? Lors de vos récits épiques, vous vous plaisez à vous servir des mots comme faire-valoir d’une expérience de vie intime qui existe uniquement parce que vous vous la racontez et, conséquemment, vous enjolivez ou au contraire falsifiez. C’est selon l’auditoire. Vous en demeurez le héros tantôt trahi et chancelant, tantôt solide et respecté. Souverain et divin.
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Dis-moi plutôt ce qui nous réunit…


Dis-moi plutôt ce qui nous réunit et non ce qui nous
sépare, les lieux où nous marchons, les pièces habitées.

Un enfant frappe à ma fenêtre. Il est dehors, habillé
d’automne et d’hiver. Son baiser me ramène alors que.
Alors que.

Sans résistance devant la violence de ce qui ne peut être
évoqué du bout des doigts, nous restons les gardiennes
du jour en nos mains.

Blanche, m’écriras-tu beaucoup plus tard.
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Visage de fougères incliné
feuillage ciselé plié froissé
les pas de forêts traversées
quand les feuilles roulent de charme
c'est la page du loup que je connais
dans ton histoire de neige aux mains brûlées
le rêve d'un nom enfoui

Luce Guilbaud
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Votre passion, ou plutôt votre ambition, est sans mémoire, sans conséquence. Elle n’existe qu’en fonction d’elle, et uniquement d’elle. On est en droit de penser qu’elle ne regarde ni ne s’intéresse à quiconque, et n’a comme finalité que vous-même. N’est-ce pas pitoyable de penser qu’en réalité ne compte que votre sexe dans votre main, dans celui d’une femme ou dans son ventre, son visage voilé ?
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Quand un homme défend la cause des femmes, faudrait-il se méfier ? Vous aimiez faire la morale en prétendant le contraire. Vous morigéniez avec une telle élégance que cela passait pour tout autre chose. Dans ces salons de fortune, ces vastes forêts, ces plages déchaînées, ces champs désertiques, vous trouviez toujours quelqu’un pour vous écouter, pour osciller de la tête, pour vous tendre la main et pour vous ouvrir sa maison, loin d’imaginer le drame qui s’y jouerait.
Vous ne pouvez être coupable puisque vous ne vous en doutiez pas. Cela est venu comme ça. Sans savoir, sans prévoir. Par jeu. Juste par jeu.
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La vie a fait, en dépit de ce que vous aviez espéré pour moi, une fulgurante percée. Me voilà, ce soir, dégrisée, la mort que vous auriez tant aimé voir glisser jusqu’à moi m’a, au contraire, débarrassée de vous. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il m’a fallu du courage, cela s’est fait immédiatement. Simplement fait. Comme d’autres, ne suis-je humaine qu’en surface ? Aurait-il fallu qu’une secousse, qu’un coup me réveille avant que je me rende compte qu’à vos côtés, la nuit n’en était que plus dense, que de m’appuyer contre une vitre me donnait l’illusion de m’empêcher de m’effondrer ? Vous dont la présence révélait la nuit et le brouillard cendreux qui ne m’habitaient plus, vous donnez l’impression non pas de l’éclosion des bourgeons, mais de leur flétrissement.
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Vous, et seulement vous à qui j’aurais donné mon ventre et mon sexe, à qui j’aurais confié la garde de mon âme, vous, aux lèvres pleines et dont la peau caressée trouve son exaltation dans la lumière, vous ne m’êtes plus. Et je n’ai plus peur. Ni de vous, ni de ce que vous êtes. Ou serez.
Je n’ai pas perdu la joie. Bien au contraire. Vous ne l’avez pas tuée. Elle m’appartient.
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