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Critiques de Danü Danquigny (64)
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Les aigles endormis

Quelle belle découverte pour moi que ce Danü Danquigny et Les aigles endormis! Un auteur qui a su en quelques 215 pages me raconter 40 ans d'histoire albanaise mérite mon respect. Quel auteur et quel conteur. C'est le récit de 4 copains ordinaires qui par la force des choses (disons ainsi) sont devenus de vrais et purs salauds que tout le monde connait. Ils ont su traverser et tirer partie d'un pays amoché par le communisme, puis par l'ouverture, puis par le capitalisme sauvage, puis par les hommes. Découvrir une liberté nouvelle pour survivre mais aussi pour extorquer, tricher, mentir, ruiner les amis et la famille, enlever les filles pour les vendre à l'Occident, armer des enfants, bref quatre copains qui ont oublié le sens des mots morale et décence. Pour l'un d'eux, Arben Beni, ce sera la vengeance qui le fera revenir dans son pays après 20 ans d'exil en terre française. Il aura tout fait pour faire oublier les origines albanaises de ses enfants mais se gardera quelques petits comptes à régler chez lui...Quand on parle de son pays en ces termes : " Nous sommes un peuple qui ne sait pas , ou ne sait plus, faire dans la nuance. Les vieilles guimbardes côtoient les voitures de luxe, la misère voisine l'opulence, la nécessité s'oublie dans la consommation. Et c'est partout la même histoire. Les classes se sont fondues en une masse inerte, tout juste bonne à râler, mais toujours partante pour aller se faire tondre par le premier guide venu. Celui qui jouera du pipeau plus fort que les autres, qu'il soit un imam dévoyé, un banquier en marche ou le chantre de nationalisme nostalgique d'un jadis doré et fantasmé, celui-là trimbale toujours le troupeau d'une aliénation à l'autre sous les vivats d'un poignée de salopards gras et avides." (P.193) ce n,est pas très édifiant de ce que l'on pense de soi et de ses origines.

Un récit en aller-retour entre l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte et nos jours qui est réglé au quart de tour et que je n'ai pu lâcher ! Un récit poignant et déconcertant tout à la fois.
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Les aigles endormis

Danü Danquigny est probablement le tout premier auteur de thrillers d'origine albanaise, bien qu'il soit né en 1975 à Montréal au Canada. Toutefois, le titre et la couverture du roman ne laissent point de doute sur l'origine de l'auteur : "Republika Shqipërisë" en Albanais, ou "République des aigles" traduit en Français.



C'est le premier ouvrage de Danü Danquigny, qui a fait des études de droit, est diplômé en psychocriminologie et a travaillé pour la police des frontières avant de devenir détective privé.

L'auteur sera le 8 février prochain, à 18 heures, à la Librairie A Ty'Bull...tome 2 à Rennes, en Bretagne.



L'histoire est essentiellement située en Albanie après la mort de l'abominable dictateur Enver Hoxha en 1985. Sous son successeur, Ramiz Alia (1925-2011), le pays ne s'est pas tout à coup transformé d'enfer en paradis. Loin de là ! Jusqu'en 1992, ses modestes réformes étaient vraiment trop modestes pour améliorer la situation des citoyens dans un pays en ruine économique. Le mécontentement de la population était pourtant général, surtout les jeunes protestaient contre ce régime pourri, tandis que de plus en plus d'Albanais fuyaient, surtout en Grèce et en Italie.

Ce n'est qu'après les élections de 1991 et la nomination du cardiologue Sali Berisha comme Premier ministre, l'année suivante et Président plus tard, que finalement les choses commencèrent à bouger dans le pays au plus bas PNB de toute l'Europe.



Voilà l'arrière-plan politique et économique et le fond contre lequel se déroule le récit de Danü Danquigny.



Le personnage principal de cette aventure se nomme Arben Beni que l'on va suivre pendant 4 phases importantes : lors de son adolescence, en 1988, puis 1995 et finalement en août 2017. De sa fuite en France pendant 20 ans, l'auteur nous dit très peu, puisque c'est en Albanie que l'action violente et dramatique se passe.



Autour d'Arben gravitent, tout au long du récit, des personnages dont nous suivront aussi les traces, quoique plutôt épisodiquement : il y a Nesti et Mitri, ses amis d'école à Korçĕ (Koritza) dans le sud du pays pas loin de la frontière grecque ; le brillant élève Elis ; et les 2 vauriens Alban et Loni, qui sont par ailleurs des cousins.



À la mort de ses parents, instituteurs, noyés dans un accident sur un lac proche de la frontière macédonienne, le jeune Arben est éduqué par sa tante Limka et son oncle Kastriot. Cet événement tragique marque un tournant décisif dans l'existe de notre jeune héros : il abandonne ses rêves d'études et accepte un job débile dans une usine de coton pour un salaire de misère, tout en jouant avec l'idée de s'enfuir en France. Arben ne veut pas "une vie d'esclave en Grèce ou de paria en Italie" (page 97).



Conformément à la tradition albanaise, son oncle lui déniche une fiancée et arrange le mariage. Arben trouve cette Rina, qui est infirmière, pas mal, mais au début ne l'aime pas à cause de l'arrangement où il n'a pas eu grand choix.

Par après cela changera et ils auront 2 enfants : une fille Tritana et un fils Endril.



Le jour où il perd son emploi, il décide de travailler pour Alban et Loni, entretemps des gangsters "établis" et gros trafiquants en tous genres. Dans la tête d'Arben, ce ne sera que pendant une brève période, le temps de gagner assez de fric pour permettre à sa famille une vie décente en France et â ses gosses de bonnes écoles française.



MAIS....



La lecture du roman de Danü Danquigny constitue une expérience quelque peu spéciale. Si au début le lecteur est légèrement submergé par le nombre des personnages et leurs noms albanais, pas évidents pour nous bien sûr, ainsi que par des termes albanais, progressivement le récit vous capte et devient de plus en plus envoûtant et ensorcelant.



Nous faisons connaissance avec la réalité quotidienne de pauvres citoyens qui ont été soumis pendant un demi-siècle (1941-1992) à un régime foncièrement injuste et inhumain. Sans longues explications, l'auteur a parfaitement bien réussi à en évoquer le climat épouvantable.



L'extrême violence à laquelle certains bandits albanais peuvent avoir recours, s'explique, je présume, davantage par tant d'années d'arbitraire et d'excès que par les rudes conditions d'existence dans la montagne et à la campagne d'Albanie.



N'oublions pas que selon l'auteur du temps de Hoxha un dixième de la population se trouvait en taule ou dans des camps de travail et de rééducation et "presque un habitant sur deux a tôt ou tard eu maille à partir avec la police politique".



Je termine mon billet par un citation révélatrice de Danü Danquigny (à la page 178) : "Accoudé au bastingage, j'ai regardé jusqu'au bout les rives de mon pays s'éloigner puis disparaître, emportant avec elles mon peuple superbe et malheureux, comme un animal beau et sauvage qu'on aurait maintenu en captivité trop longtemps, comme un aigle endormi qu'on aurait jeté dans la fosse aux lions en lui chuchotant < vole, maintenant >. "

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Peter Punk au pays des merveilles

Fini les faux pas pour Desmund Sasse, alias Peter Punk. A sa sortie de prison, il s'est juré de marcher dans les clous. Pas de bol, aussitôt libéré, les flics l'alpaguent . Il est inculpé de complicité d'assassinat d'un conseiller régional.Sous écoute, Richard Merle, le suspect principal lui aurait laissé plusieurs messages. En attendant Desmund a un mobile imparable, son téléphone était resté sous scellé au commissariat pendant son incarcération. Penaud, le commissaire doit le relâcher et son avocat n'a plus qu'aller se recoucher... Mais celui qu'on appelait Peter Punk est lui bien réveillé et survolté. Il va mener à un rythme rock'n'roll sa petite enquête avec ou sans Alice au Pays des Merveilles...

Après Les aigles endormis que je vous conseille de lire pour découvrir la mafia albanaise, Danü Danquigny tape ici dans un autre registre noir plus classique du personnage poissard qui a va plonger tête première au pays des merveilles, de quoi voir passer mille et une chandelles et voir aussi ressurgir des fantômes de son passé...

Les chapitres sont ponctués de références musicales qui donnent le rythme, on passe des Clash, aux Béruriers noirs ou encore aux Pogues. Des airs qui se mêlent aisément aux manifs des Gilets Jaunes d'où surgit par moment notre héros no future. Avec Peter Punk au pays des merveilles, Danü Danquigny confirme qu'il est entré dans la cour des grands... du roman noir.

Je remercie Babelio, masse critique et Gallimard pour la découverte du cette bonne Série noire.
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Revenir de l'avenir

Revenir de l'avenir, cela évoque un voyage dans le temps. Si on vous embarque sur ce thème à travers vingt et une nouvelles, chacune ayant son univers insolite car écrite par autant d'auteurs, vous vous évaderez bien loin au-delà du fil de la réalité, du fil du temps.

Est-ce que le temps fait des bonds, est-ce qu'il est géographique, ou bien illusoire ? Faut-il laisser l'homme décider de l'avenir ou du passé ?

Quelle est la part de réalité au fond dans ce que nous vivons, dans ce que nous rêvons ?



Dans ce recueil on évade le temps à toutes les couleurs de l'imaginaire.

J'ai apprécié particulièrement ces nouvelles :

La montagne-Dieu, Le baptême, Maillage, Katastrophic Tour, Le silence du Hâl, Quelques gouttes de thé, Papa Neige et Maman Soleil, Embourbé A.M.E. (Après-mort électronique) et Terres grises. Je me suis perdue dans le rêve de Mark 13, il me faudra sans doute m'y replonger pour en trouver la clé. Dans Terres grises, j'ai cru au début emprunter le chemin du Monde Inverti de Christopher Priest, mais non ce n'étaient pas les mêmes rails.



Les deux dernières nouvelles ont été écrites par des élèves de 4è du collège Pierre Brossolette à Bruz.



La couverture est magnifique, comme une porte ouverte sur tous les possibles, sur tous les mots « voyageurs ». Chaque nouvelle est accompagnée d'une illustration. On peut aussi découvrir les libre-courts cinématographiques et compositions musicales qui y sont associés en suivant ce lien :



http://www.legrimoire.net/revenir-de-avenir.htm?fbclid=IwAR16i2FR-iu8mJ5Kcz56oH1PSM-Z8v¤££¤17Maillage15¤££¤8bdGm8y¤££¤14NZjQghmWbOA1¤££¤







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Les aigles endormis

"La première surprise avec ce roman, c’est de se retrouver en Albanie à la fin des années 1970, alors que la dictature d’Enver Hodja tabasse les uns et assure aux autres des lendemains qui chantent. La deuxième surprise, c’est d’être avec des gosses, des gamins de dix ans du même quartier qui font des bêtises ensemble, des bêtises qui laissent deviner les hommes qu’ils seront plus tard, des gamins qui nouent des relations fortes même si certains se détestent. Le roman raconte ce qu’ils deviennent, des adolescents puis des hommes (peu de filles dans ce roman, à part la magnifique Rina dont on espère qu’elle va réussir à être heureuse), alors que l’univers radieux se déchire et que le socialisme prolétarien s’efface devant le libéralisme de la grande truanderie.

Ce que ces garçons sont devenus plus tard, on le comprend peu à peu à travers le récit principal mais aussi avec le récit alterné qui se passe en 2017, lorsque l’un d’eux revient au pays avec des intentions clairement inamicales. (...)

L’écriture de Danquigny est précise, évocatrice, les personnages attachants ou effrayants, les descriptions montrent un pays magnifique, des traditions fortes, des ambiances chaleureuses, avec le poids de la tradition, de la famille, mais aussi des scènes dures qui reflètent la tension que fait régner la dictature. (...)

Dans ce récit très maîtrisé où on passe des années 1980 aux années 1990, où on voit comment le régime se dégrade et comment les principes du capitalisme sauvage sont vite assimilés par des gens dont la moralité n’est pas encombrée par les scrupules, où l’insertion des scènes du retour en 2017 renforce l’intérêt et la curiosité, il faut accorder une mention spéciale à la fin. L’auteur nous laisse sur une ellipse magnifique même si elle plombe davantage ce roman bien noir, une ellipse dont on se demande si on l’a bien comprise, même après avoir relu plusieurs fois les dernières pages pour être sûr de n’avoir rien laissé passer, pour vérifier qu’il ne nous en a pas dit davantage au détour d’une introspection, d’un dialogue sibyllin, d’une échappée lyrique.

Et certes, on croit avoir compris car on croit être malin nous aussi, mais même si on s’est trompé, cette ellipse finale est très élégante.

Un très bon roman noir, assurément."

François Muratet pour le magazine Double Marge (Extrait)
Lien : https://revuelitteraire.fr/l..
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Les aigles endormis

De l'Albanie je ne connais rien j'en sais beaucoup plus maintenant car ce court roman m'a permis de remettre quelques pendules à l'heure sur ce petit pays qui a connu les "joies" du communisme puis celles d'un libéralisme débridé pour finir dans les mains des plus violents et des plus corrompus ...



C'est une vengeance, entretenue pendant vingt ans, qui ramène le héros, Arben, en Albanie. Il a commencé sa vie sous le régime communiste et de chute en chute, les siennes , celles des politiques, il se retrouve à tremper dans des histoires sordides de trafics en tout genre. Seul compte l'argent gagné , pour fuir ailleurs, un jour... et l'argent gagné est sale, très sale. De dispute en dispute, la relation avec sa femme se désagrège jusqu'à ce qu'il retrouve celle-ci morte et se décide enfin à quitter le pays avec ses deux enfants. Vingt ans plus tard le voilà à la recherche de ses anciens complices pour exhumer la passé et faire justice.



Tout est excellent dans ce roman, le personnage principal, un peu paumé, assez pourri mais émouvant, l'Histoire du pays évoquée de façon succincte mais très efficace, la place prise par la "mafia" locale, le rythme et l'efficacité du récit. C'est sombre, très sombre, violent, sordide mais quel splendide roman !
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Les aigles endormis

L’Albanie n’est pas une destination régulière en littérature. La vie là-bas ne fait pas rêver et comme dans les romans, il n’y a pas de belles images de plages, on laissera tomber l’exotisme pour l’extorsion en tout genre.



Ce roman noir se déroule sur plusieurs années et c’est 40 ans de misère qui s’inscrit sous vos yeux. La Série Noire n’est pas réputée pour faire dans le Bisounours non plus.



Arben nous raconte une partie de sa vie, de gosse à la cinquantaine et c’est aux travers de ses yeux que nous allons découvrir un pays et une population qui a été écrasée sous le régime communiste, les dictatures avant de passer à une démocratie « ferme-ta gueule » où les diplômes s’achètent et les postes ne sont accessibles qu’aux neveux, cousins, nièces, enfants des gens qui dirigent.



Un jour, à la mort du dictateur Enver Hoxha, les gens ont cru que l’enfer était derrière eux, mais non, ils avaient juste changé de cercle et continuaient de se faire entuber dans les grandes largeurs.



L’enfance d’Arben ne fut pas insouciante, le régime surveillait tout le monde, ensuite, après un service militaire de 3 ans, il perd ses parents et ses ambitions d’études s’effondrent. Il sera ouvrier sans qualification dans une usine qui le foutra à la porte ensuite et tintin pour trouver un nouvel emploi ensuite, sauf dans les magouilles.



L’auteur nous peint une fresque au vitriol de l’Albanie et de ses régimes politiques, de ces caciques du parti, de la corruption et de dirigeants qui n’ont pas vu le pays grogner, pensant qu’ils resteraient tous la tête basse, éternellement.



La misère crasse, on la côtoie avec Arben qui a du mal à faire bouillir la marmite et en Albanie, ne pas savoir nourrir sa famille est très mal vu, au même titre que les unions libres et les mariages d’amour. C’est tout un pan des traditions albanaises qui s’offre à nos yeux et l’auteur intègre bien le tout dans son récit.



Arben aurait pu vivre heureux, mais il a mis le doigt dans l’engrenage des trafics et est devenu le même salaud qu’Alban et Loni, même si eux sont sans conscience et qu’Arben a au moins mal au bide en faisant passer des jeunes albanaises qui finiront sur les trottoirs ou dans des bordels alors qu’elles se voyaient déjà en haut de l’affiche.



Le régime gouvernemental était injuste et broyait tout le monde, mais les suivants ne sont pas mieux et ce que fait Arben n’est pas toujours mieux que les dirigeants qu’il vilipendait dans sa tête.



Roman Noir qui commence avec l’histoire de 4 copains qui jouent dans la neige, ils sont jeunes et qui descendront tous dans l’inhumanité pour le fric, le pouvoir, le respect, la crainte que l’on aurai d’eux.



Un récit sombre mais beau, l’histoire d’un jeune qui avait tout pour réussir mais qui s’est fait entuber par le communisme et ensuite par le capitalisme et qui, cédant à la facilité, à la fatalité, n’a pas eu d’autre choix que d’entrer dans les magouilles pour survivre et qui n’a pas su se retirer à temps.



Ce roman noir, c’est aussi le récit d’une vengeance qu’Arben veut accomplir, 20 ans après, mais qui n’est jamais qu’un prétexte pour l’auteur pour nous faire découvrir l’Albanie d’une autre manière, et pas celle des agences de voyages.



Un roman noir puissant, profond, poignant où il est impossible de détester Arben. Un roman qui mélange habillement le passé et le présent, la politique et les trafics. Bref, un grand roman noir, serré et corsé comme je les aime.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Les aigles endormis

Un albanais, naturalisé français, revient dans son pays d'origine pour venger sa femme assassinée 20 ans plus tôt. L'auteur alterne le récit entre le retour vengeur au pays du personnage principal et le vécu de celui-ci avant son départ de l'Albanie. Ses rêves d'enfance ont été balayés par l'avènement du capitalisme. Cette contrée traumatisée par ses années sous le joug soviétique est, dans les années 90, confrontée au chaos politique et à la corruption dans un monde libéral désenchanté. Sans travail, il va céder à l'appel de l'argent facile et se compromettre avec un réseau mafieux au détriment de la sécurité de sa femme et de ses enfants. Seule la fuite peut lui permettre d'envisager un retour sur le droit chemin. Qui a tué sa femme ? Pourquoi ? Assouvira-t-il sa vengeance ? La fin d'un récit n'est pas toujours celle à laquelle on s'attend... Une escapade libanaise à l'image de l'histoire de ce pays : tragique et violente.
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Les aigles endormis

La présentation par l'éditeur : Vingt ans après son exil, Arben dit "Beni", revient dans son pays natal, l'Albanie, avec pour projet de venger Rina, sa femme assassinée. Armé de ses souvenirs et d'un vieux Tokarev, Arben se remémore son enfance et l'implacable succession d'événements qui ont fait de lui un malfrat puis un fuyard, à la faveur de cette période trouble qui a vu un régime communiste se métamorphoser en démocratie libérale à tendance oligarchique. Un à un, il va retrouver Mitri, Loni, Nesti et Alban, amis d'enfance qu'il tient pour responsables de sa déchéance morale et de la mort de son épouse, et découvrir que la vérité n'est jamais celle qu'on croit.  

Un vrai coup de coeur pour ce roman noir qui mélange subtilement la grande et petite histoire. Danü Danquigny nous plonge au cœur du régime post-communiste de l'Albanie, pays assez méconnu, pour nous raconter l'histoire de la déchéance d'un pays et de celle d'Arben, animé par l'idée de vengeance. Un récit bien construit qui mêle habilement présent et passé, des personnages bien campés, et une écriture fluide. Un dénouement pour le moins inattendu - Bref, de la grande littérature dans le genre Noir. Un excellent roman à découvrir d'urgence.
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Vieux Kapiten

Danü Danquigny sera présent aux quais du polar pour son roman Vieux Kapiten paru en mars aux éditions Gallimard), une histoire de vengeance qui nous emporte au pied du cimetière des martyrs de Korcë, en Albanie







En Albanie, un vieil officier de la sécurité intérieure spécialisé dans les écoutes téléphoniques se lance dans une croisade personnelle contre un de ses anciens amis, aujourd’hui à la tête d’une organisation criminelle.





En France, Desmund Sasse enquête sans discrétion sur le meurtre d’un jeune type, et va bientôt devoir fuir pour sauver sa peau. Pendant ce temps-là, son amie Élise Archambault, détective privée, est embauchée par un avocat véreux pour retrouver son fils.

Des trottoirs bitumés de Morclose aux montagnes vertes de l’Épire, trois enquêtes que rien ne semble relier explorent la haine et la vengeance. Elles vont finir par entrer en collision au pied du cimetière des martyrs de Korcë, en Albanie.





Déjà remarqué pour ses deux premiers titres parus aussi à la série Noire (les Aigles endormis, Peter Punnk au pays des merveilles) , Danü Danquigny nous livre une Série Noire comme on les aime, avec un héros cabossé, une intrigue criminelle bien ficelée, des magouilles bien pourries et un regard sans concession sur notre société.



Le style d'écriture est simple, presque familier, Danü Danguigny emploie le langage parlé ce qui nous permet ainsi de rentrer plus facilement dans la tête de notre protagoniste et de rendre la lecture fluide.
Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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Peter Punk au pays des merveilles

En sortant de prison, Desmund est bien décidé à se faire discret mais c’est sans compter sur la poisse qui le mêle au meurtre d’un conseiller régional par ailleurs directeur de l’office d’HLM. Certes, il a connu Merle, le principal suspect, dans une autre vie, mais convaincre les flics de sa bonne foi est un peu compliqué.

Alors Desmund prend les devants, fouine dans la vie de Merle et devient rapidement la cible d’une bande de malfrats sans foi ni loi. Sauvé par une détective privée qui n’a pas froid aux yeux, notre héros reprend du poil de la bête et contre-attaque.

Déjà remarqué pour son premier titre (les Aigles endormis, même collection), Danü Danquigny nous livre une Série Noire comme on les aime, avec un héros cabossé, une intrigue criminelle bien ficelée, des histoires d’amitié trahies, des magouilles bien pourries et un regard sans concession sur notre société.
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Les aigles endormis

L'Albanie est source d'inspiration pour les romans noirs!



De mémoire, citons Six fourmis noires de Sandrine Colette, Les assassins de la Route du Nord d'Anita Wilms, et les polars de Fatos Kongoli.



Avec ses traditions de vendetta, son code d'honneur ses villages isolés,ses montagnes sauvages, la violence trouve tous les ingrédients pour un roman de la Série noire! C'est aussi un des derniers pays à l'écart de l'Union Européenne qui  fournit  un exotisme dépaysant. Le pays des Aigles.



Les Aigles endormis se déroulent à Korcë. Le narrateur, Arben, et ses amis d'enfance, assistent à l'écroulement du régime d'Enver Hoxha dont l'oppression paranoïaque rendait toute initiative personnelle impossible. Aux règles absurdes d'Hoxha, succède un état où il n'y a plus de règles et toutes transgressions deviennent possibles.





Avec la fuite des hommes vers l'Eldorado de Grèce ou d'Italie se sont d'abord organisés des réseaux de passeurs. Passeurs de travailleurs clandestins, puis contrebande de toutes sortes de marchandises "tombées du camion", drogue, enfin passeurs de femmes et proxénétisme. Les réseaux mafieux s'organisent. Aucune règle, aucun code d'honneur : la loi du plus fort, la violence pure des règlements de compte.   Quand la contrebande ne suffit plus viennent les plus grandes des arnaques : les pyramides. Certains sont de vrais méchants, d'autres seulement faibles se laissent piéger. Arben imagine qu'il pourra émigrer quand il aura accumulé un pactole. On n'échappe pas aussi facilement à l'emprise des mafias....



Vingt ans plus tard, Arben rentre en Albanie venger la mort de Rina, sa femme. Le roman se construit avec des retours en arrière entre sa jeunesse et 2017. La violence extrême règne encore.



Coups, sang, tueries se succèdent jusqu'à l’écœurement. Rien n'est épargné au lecteur. Réalisme ou complaisance? Pour pimenter le récit, l'auteur parsème le roman de mots et d'expression en albanais. Il aurait été bien aimable de fournir une traduction et une transcription phonétique.



Clichés ou regard objectif? Je sors de cette lecture avec  l'impression mitigée d'une plongée dans la noirceur où je n'ai pas retrouvé l'Albanie que nous avons visitée.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Les aigles endormis

Le pays des Aigles



Encore une destination ultra touristique : l’Albanie ! Et ce n’est pas non plus le décor habituel des polars que je lis, je pense d’ailleurs que c’est le premier. Petit détail, son auteur Danü Danquigny, certes d’origine albanaise, est né à Montréal, au Quebec !

Par le biais d’une intrigue très bien ficelée, c’est tout un pan de l’histoire récente de l’Albanie qui nous est livrée, entre la fin des années 70 et 2017.

1978, ou 1979 : Beni a dix ans, il vit avec ses parents dans une petite ville du sud du pays, non loin de la frontière grecque. Comme tous les enfants, il s’amuse avec ses copains, Mitri, Alban, Loni… Dix ans plus tard, après la mort de ses parents, il doit renoncer à ses rêves : après trois années de service militaire, il devait aller à l’université, faire des études… Pour respecter la tradition, il doit se marier, et travailler, pour quelques leks… En Albanie, la dictature communiste vit ses dernières heures mais dans le chaos qui suivra, chacun ne pourra compter que sur lui-même pour survivre… Mitri, Loni et Alban impliquent Beni dans leurs trafics, des femmes, de la drogue, puis des armes… En 1997, le chaos s’amplifie avec la chute du système bancaire corrompu : pour Beni il est temps de songer au départ. Mais son épouse Rina est assassinée… Vingt ans plus tard, Beni revient à Kopçë : il l’a promis à Rina, il retrouvera ceux qui l’ont tuée et fera ce qu’il doit faire.

L’auteur nous fait naviguer de chapitre en chapitre dans cette Albanie méconnue (en ce qui me concerne), un pays ravagé par toutes ces années de dictature qui n’a rien à envier à celle de la Corée du Nord, déboussolé après la chute du régime, dépecé par le capitalisme sauvage qui a suivi, vidé de ses forces vives, tant d’hommes et de femmes ayant fuit à l’aube du XXIème siècle… Plus que l’histoire de Beni et de sa vengeance, c’est incontestablement ce tableau sociétal et géopolitique qui m’a intéressée dans ce roman rouge et noir comme le drapeau de l’Albanie.

A noter la fin, très réussie.

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Les aigles endormis

Arben revient au pays. 20 ans ont passé. Il n'a pas oublié le meurtre de sa femme. Ses enfants ont grandi, il est temps de passer à la vengeance. Tout le monde sait qu'il s'agit d'un plat qui se mange très très froid. 20 ans à ruminer, et dont l'auteur ne nous dit rien du tout.



Si le lecteur peut encaisser ce cadre sans sourciller, il est prêt à tout avaler, dirais-je.



Le pays, c'est l'Albanie. le pays des dettes de sang par excellence. Mais Danu Danquigny ne traite pas vraiment cet aspect de la société albanaise. Un peu, mais à peine. Cette "tradition" qui permet à une famille de flinguer un gosse simplement parce que l'oncle de la cousine du frère de la soeur du fils de... etc. a commis l'irréparable 30 ans plus tôt. Les crimes de sang sont magnifiquement traités par Ismaïl Kadare et Danquigny ne s'y risque pas.



Il nous livre un polar linéaire mettant en scène un quinqua affûté qui vient régler ses comptes. Car Arben n'a aucun doute sur les coupables et n'a aucun regret ou remord anticipé... à faire table rase d'anciens potes.



L'intérêt du court roman réside dans le portrait que l'auteur fait d'un pays en pleine "transition démocratique" pour reprendre les termes politiquement corrects. En fait, Arben et ses amis ont largement profité de ce chaos. Trafics multiples, de drogue, de matériaux, de filles, d'armes... tout était bon pour s'enrichir. On va alterner un chapitre en 2017 et un chapitre dans le passé. Au présent, nous assistons à la tentative d'Arben de se racheter une conduite par le crime. Et dans le passé, nous assistons (parfois écoeurés) à une lente descente aux enfers. Les principes d'Arben ne résistent pas à la "real politik" albanaise et à ses activités mafieuses.



Au final, c'est intéressant. Très convenu. On devine assez vite la fin. Mais ce n'est pas particulièrement dérangeant. L'écriture est incisive la plupart du temps. Ce qui m'a posé un problème, c'est l'aspect fort réducteur du rendu de l'Albanie. Il y avait sans doute beaucoup plus à dire sur l'Albanie d'il y a 20 ans et sur l'Albanie d'aujourd'hui. Mettre du contexte. Montrer la vie et la mort en Albanie. Les destins, les opportunités... tout cela m'a manqué. Cela aurait pu se dérouler partout ou presque. Dommage.



Malgré cela, un tout grand merci à Masse critique et aux éditions Gallimard.
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Les aigles endormis

Les aigles endormis, de Danü Danquigny.

Série Noire, Gallimard.



Mais quel bon bouquin ! Au-delà d'une Série Noire, "Les aigles endormis ", c'est surtout une très belle histoire, celle d'un homme pris au piège qui se bat pour sa liberté et ceux qu'il aime.

Danü Danquigny écrit formidablement bien, et nous fait vivre cette quête avec émotion et suspense. Le contexte géo-politique de l'Albanie, pays que nous connaissons si mal, est une composante majeure du roman. C'est ce qui lui donne une profondeur unique.

J'ai adoré ce style différent et j'ai dévoré le livre en à peine plus d'une journée.

Un auteur à découvrir absolument !



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Le quatrième de couverture :



Dans l’Albanie d’Enver Hoxha, l’un des régimes communistes les plus durs du bloc de l’Est, Arben grandit entouré de sa bande de copains et de ses parents profs. Son avenir semble tout tracé. Mais avec la chute du régime et l’avènement du libéralisme s’ouvre une période de chaos politique et de déliquescence morale qui emportent tout sur leur passage et transforment le jeune idéaliste en malfrat endurci.

Pour tenter d’échapper à la spirale de la violence et protéger les siens, Arben n’a qu’une solution : fuir avant qu’il ne soit trop tard.
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Tombé les voiles

Le prix mille saisons prend encore plus d'ampleur avec cette 3ème année d'existence. À partir d'un thème "Tombé les voiles", vingt nouvellistes explorent les contrées de l'imaginaire : science fiction, fantasy urbaine et fantastique, drame et humour, uchronie et post-apocalypse. Face à la qualité des textes présentés, difficile de deviner quel sera l'auteur lauréat du prix 2018. J'apprécie ce format car il permet de découvrir des genres qu'à priori on ne lirait pas spontanément. Voici un retour sur les textes.



-Philippe Auréle Leroux (texte Bison blanc) nous invite dans le nord de Detroit pour nous plonger dans un thriller policier baigné de chamanisme indien. Très visuel, fouillé, avec une forte symbolique, j'aimerais qu'un dessinateur de BD s'en empare.



-Yvan Barbedette (texte : Pandore déconnectée) peint un futur dans lequel l'âge stagne pour tous à 22 ans et où chacun a la capacité de se connecter par l'esprit au monde entier. Cette idée lui permet d'explorer une nouvelle forme de société dans laquelle la famille est destructurée. Ce texte fourmille d'idées, et j'espère que cet écrivain nous proposera prochainement un roman issu de cette mise-en appétit !



-Xavier-Marc Fleury (texte : noir) joue avec les sens et les certitudes du lecteur en faisant basculer le monde contemporain dans le chaos (difficile d'en dire plus sans trop en révéler...). Une idée originale et un récit entraînant qui incite le lecteur à s'identifier au personnage principal ou à le rejeter.



- Edward Noyce (texte Edmotype) m'a rappelé mes vieilles lectures d'Edgar Poe, Maupassant et Robert Houdin avec ce récit qui se déroule au XIXème siècle à l'heure de l'apparition de la photographie. Peut-on parler de classicisme fantastique ? Je ne pense pas car l'auteur glisse au final une critique du pouvoir assez contemporaine.



- Johann Vigneron (Texte : La machine à café) Chapeau à l'anthologiste qui a su à merveille disposer les 21 textes en variant les rythmes, les styles et les univers. Chaque nouveau texte nous surprend, et celui de Johann Vigneron, Stephen King de l'érotisme, est largement dosé en caféine !



- Danü Danquiny (texte : Indice de récupération). Au début, j'ai trouvé que le sujet de cette nouvelle, une uchronie axée sur la manipulation scientifique des populations en 2062, avait été déjà beaucoup traité en SF. Pourtant le style de Danü Danquiny lui confère une force et un cynisme redoutables.



-Fabien Rey (texte : enchanteur des vents). À nouveau un univers que l'on aimerait voir développer dans un roman. C'est que le lauréat du prix mille saisons 2018 se verra proposé l'édition d'un roman inspiré de sa nouvelle. On est ici dans de la SF fantasy. Je ne suis pas féru de fantasy mais ici l'auteur nous prend par les mots et nous fait partager les angoisses d'un pilote de navire un peu particulier. Poétique, dépaysant, avec une chute vraiment sympa.



-Francis Jr Brenet (texte : Macchabée Blues). Ce récit plus rock que blues se déroule dans un futur proche et a pour cadre un monde urbain bien sombre. On retrouve ici le thème du "nettoyeur" à son tour arrosé, mi Blade Runner, mi Jason Bourne, vous l'aurez compris ; de l'adrénaline et du complot.



-Aaron Judas (texte : choc). 100% fantastique. Aaron met en place un huis-clos saisissant à l'intérieur d'un asile. Ajoutez-y des tatouages maléfiques et des traitements choc administrés par un docteur ambigu, et vous aurez une idée de l'ambiance sombre dégagée par cette nouvelle. On est happé jusqu'à la fin par cette question : le mal-être du personnage principal est-il fondé ou perd-il simplement la tête ?



- Audrey Salles (texte : Dame M.). Nous voici à Amsterdam, rue des plaisirs, où une geisha énigmatique joue avec ses clients. le thème des Lémia associé au mystère féminin est ici revisité avec talent. le style maîtrisé et la langoureuse progression du récit concourent à créer une atmosphère vraiment prenante. Il suffit de piocher n'importe quelle phrase au hasard : toutes dégagent raffinement et mystère. "Non, en fait, je n'ai pas vu ses yeux. Elle était trop loin. Je n'ai vu leur couleur qu'après, lorsque j'ai pu l'approcher." Un régal.



-Gwenaël Bulteau (texte : La déchirure Rostrowitsky, 16 pages). Avant que la première guerre mondiale n’éclate, le savant Kostrowitzky conçoit un automate/androïde à vapeur à l’image de son amour défunte. Celui-ci l’accompagne dans tous ses déplacements. La guerre éclate. Un commissaire charge un agent de surveiller le savant qui a développé aussi des systèmes de prothèses bien utiles aux soldats mutilés. L’espion réalise que le fidèle automate n’est pas indifférent à son environnement… Comme vous l’avez deviné, il s’agit de steampunk fantastique. Le rôle de la femme m’a mis mal à l’aise, mais c’est vrai qu’on est au début du XXème siècle.



-Philippe Deniel (texte : évolution, 16 pages). Fantasy SF. Depuis qu’il a perdu la guerre des larmes face aux nains et leurs alliés, le peuple des Elfes, déraciné, erre dans le cosmos sur l’arbre-monde. Mais ce répit durera-t-il longtemps ? Seize pages ne sont malheureusement pas suffisantes pour explorer le monde de Tanis, que l’auteur a ciselé en orfèvre. À la fois méticuleux et imagé, ce récit est à lire plusieurs fois pour bien s’imprégner de toutes ses nuances. Cet univers qu’on devine totalement maîtrisé par l’auteur mériterait d’être dévoilé sur un roman entier.



-Rozenn Duchesne (texte : l’œil du dragon, 10 pages). Nous voici plongé dans les décombres d’une ville contemporaine ravagée par la guerre. Des civils tentent d’y survivre tant bien que mal, méfiants vis-à-vis d’autres peuples chassés jusqu’ ici par les conflits. Contrairement aux apparences, nous sommes bien dans un récit de fantasy urbaine. Je devrais plutôt écrire fantasy urbaine humaniste. Ici la dimension fantastique est subtilement dosée. L’écriture est rythmée, travaillée avec des mots toujours justes, un style impeccable. Un contexte fort, un récit avec peu de personnages, un temps court, une chute pleine d’espoir, tous les ingrédients d’un texte fort, quoi. Mais vous avez déjà compris que j’ai adoré cette nouvelle. Dommage que le titre en dévoile un peu trop.



-Aaron Gooris (texte : Le magasin, 19 pages). Inclassable ! Et si, pour votre sécurité, vous vous retrouviez enfermé dans un magasin pendant des dizaines d’années, combien de temps vous faudrait-il pour tenter de vous enfuir ou devenir cinglé ? Voici un mix de récit post-apocalyptique, de paradoxe temporel et de huis-clos oppressant entre des personnages écorchés. L’auteur n’a pas bridé son imagination ni les comportements des protagonistes et cela forme un sacré cocktail. J’ai été brassé par ce texte, très différent de ce que j’ai l’habitude de lire (et c’est l’avantage d’une anthologie : sortir de ses habitudes de lecture). Peut-être aurait-il gagné en rythme en étant concentré sur une quinzaine de pages ? Toujours est-il que j’aurais aimé découvrir d’autres écrits de cet auteur mais je n’ai rien trouvé sur le net. J’espère pouvoir le lire bientôt dans d’autres anthologies.



-Barnett Chevin (texte : l’esprit du péché, 16 pages) ? Au XIXème siècle, l’Irlande s’avère plus proche du moyen-âge que de la révolution industrielle. Un aristocrate y est chargé d’enquêter au sujet de fréquentes disparitions d’enfants. Ses recherches le mènent dans un couvent interdit aux hommes. Le style d’écriture classique employé par l’auteur se prête très bien au cadre « monastique » et pose une sacrée ambiance. C’est d’ailleurs l’atmosphère et le rythme particulier qui font la force de ce texte. Le tout est très bien mené, la chute reste cependant un peu trop traditionnelle à mon goût.



-Jana Rémond (texte : Où se perdent les vents, 7 pages). Ce magnifique texte est court, pourtant le temps y est étrangement arrêté. Ce pourrait être un conte philosophique, une musique ou un court-métrage animé. Je ne peux rien en dire d’autre si ce n’est qu’il faut le lire et le faire lire, impérativement.



-Thierry Soulard (texte : vague mélodie, 19 pages). Au vu du titre de l’anthologie, je m’attendais à plusieurs histoires de pirates. Chouette, en voici une ! Et quelle histoire ! Qui n’a jamais rêvé, enfant, de tomber sur une bouteille rejetée par la mer sur le rivage, et trouver à l’intérieur le récit de naufragés ? Là, les pauvres marins se sont battus entre eux pour chiper le seul crayon à disposition sur leur île déserte. Ils racontent tour à tour leur version d’une chasse à la sirène peu commune. Les personnages sont délicieusement caricaturaux et bornés et la chute est formidable.



-Elie Darco (texte : Sous un voile d’ombre, 18 pages). Bienvenue dans l’inframonde. Voici un récit jeunesse plein d’adrénaline, dans lequel l’humanité survit entassée sous terre dans une cité qui ne dort jamais. Guerres de clan, police inexistante, assassins sans scrupules, la chasse aux ombres est lancée !



-Nina Valin (texte : Tartu et la tombée de l’hiver, 17 pages). Imaginez une tour scientifique de 18 étages, avec 6 chambres et un laboratoire par étage, 108 chercheurs y sont chargés de réparer le climat, sans aucun moyen de savoir comment évoluent les recherches dans les autres étages. Très beau texte sur l’enfermement, l’absurde et la liberté.



-Valentin Desloges (texte : nul sauvetage/futur fermée, 14 pages). Il ne faut surtout pas s’arrêter au titre incompréhensible, ni aux premières lignes de ce récit un peu trop colorées « monde des Hobbits » à mon goût, et vite se laisser porter par le délire jouissif de cet auteur ! Ce texte monte en puissance au fur et à mesure de l’avancée de la quête de pauvres « foltroysiens » à la diction perturbée par une brume maléfique. Un humour franchouillard, à l’orée des personnages de Naheulbeuck, Kamlot ou Trolls de Troy, porté par un texte croustillant. Car l’auteur, lui, n’a pas perdu le nord et s’il vous fait croire que l’histoire part dans tous les sens c’est pour mieux vous faire mordre à l’hameçon.



-Frédéric Gobillot (texte : un dernier point de vue, 17 pages). Oooh ! C’est la première exclamation qui me vient à l’esprit pour résumer cette nouvelle philosophique et poétique. Du rêve à l’état pur, placé à point nommé en fin d’anthologie. On retrouve ici deux personnages qu’on semble déjà connaître, un savant dénommé Georges Ardan, chercheur idéaliste qui réalise son rêve à l’encontre des croyances communes, et le jeune journaliste Philéas (mais rien ne précise s’il s’agit de Fogg), totalement fasciné par la forte personnalité de l’inventeur destiné à repousser les limites de l’univers connu. Loin d’être une simple inspiration des voyages extraordinaires, cette nouvelle est au final plus proche de Matisse que de Jules Verne, car elle nous ouvre à une délicieuse dimension de l’esprit, l’imaginaire.



Vous l'aurez compris, cette anthologie vaut le détour, même pour un lecteur non habitué aux écrits de l'imaginaire : pour la qualité générale des écrits, pour la variété des univers et pour la visibilité donnée aux jeunes auteurs.

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Les aigles endormis

Voila un polar dont le titre aurait pu être "Confessions d'un mafieux Albanais " puisque c' est de cela dont il s'agit à travers le parcours à différentes époques (L'ordre n'est pas chronologique) d'un individu de ce type.

Le récit est assez sombre, avec toutefois quelques passages humoristiques bienvenus , et permet de découvrir un peu plus ce pays aussi bien sous la dictature communiste qu'après sa conversion au libéralisme .

Intéressant bien que la fin m' ait un peu déçu.
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La Cour des miracles

J'ai acheté ce recueil de nouvelles à l'occasion du Salon du Livre cette année, car j'ai trouvé le concept original et sympathique. Cet ouvrage regroupe une 20e de nouvelles placées sous le signe des littératures de l'imaginaire, toutes ayant un rapport avec le thème très général de la Cour des miracles. À la fin de sa lecture, le lecteur est invité à voter pour sa nouvelle préférée. L'auteur gagnant aura la possibilité de publier un roman issu de la nouvelle. J'ai eu la chance au Salon de pouvoir rencontrer quelques uns de ces auteurs, et deux illustratrices, qui ont tous rendu mon exemplaire unique en son genre. Très sympathiques, enjoués, motivés et passionnés, je leur souhaite à tous bonne chance dans ce concours !



J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces nouvelles. Si certaines m'ont semblé trop faciles, plusieurs m'ont intéressée et intriguée. J'ai un peu hésité pour mon vote, car deux nouvelles très différentes m'ont beaucoup plu, Les enfants du rêve, de Jonathan Millet et Le tyran malgré lui, de Jean-Michel Mengoli.



Dans Les enfants du rêve, un capitaine arrête une jeune femme aveugle et pleine d'étranges tatouages, et nous suivons son procès. Nous découvrons donc à travers ses aveux son crime, ses motivations, mais également, et surtout, le monde dans lequel elle vit. C'est principalement cet univers créé par l'auteur qui m'a séduite, certes classique, mais avec une pointe de magie et beaucoup d'originalité. La plume également m'a beaucoup touchée, et m'a donné envie de découvrir plus en profondeur cet auteur. Une nouvelle toute en émotion, donc...



L'intrigue que l'on découvre dans Le tyran malgré lui est d'un genre littéraire très différent. Dans un monde où on a la possibilité de voir des bribes de son futur, le jeune Lysandre se voit devenir un véritable tyran qui asservit toutes les nations. Afin d'éviter de devenir ce monstre qu'il a entraperçu, Lysandre se fait enfermer dans une prison de haute sécurité. Plusieurs années plus tard, Christopher Solary le fait libérer, car il pense avoir trouvé le moyen de détourner les visions, en les déguisant pour qu'elles se réalisent sous forme de mascarade... J'ai trouvé ce sujet très original, et l'intrigue très bien menée, même si j'ai eu des soupçons dans les nombreuses hypothèses que mon esprit (rarement au repos dans ce genre de lecture) a envisagé.



Si beaucoup de nouvelles m'ont plu, Les enfant du rêve et Le tyran malgré lui sont les seules à m'avoir réellement donné envie de lire le roman de l'auteur (qui, selon les règles du concours, doit se passer dans le même univers). Mais ces deux nouvelles sont tellement différentes qu'il a été très difficile de les départager. Après de longues tergiversations, j'ai décidé de voter pour Les enfants du rêve, qui a été mon premier coup de cœur.



Concernant les illustrations, je laisse le choix de la meilleure à mon amoureux, c'est plus son domaine que le mien. Et puis les dédicaces nous sont dédiées à tous les deux, faut bien qu'il participe aussi au vote ! ^_^



Merci aux Mille Saisons pour ce concours qui m'a bien amusée ! Et si vous êtes intéressés, sachez que les votes sont ouverts jusqu'à la fin de l'année (chaque livre possède en 3e de couverture un code unique permettant un vote unique).
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Les aigles endormis

Encenser les copains ou leurs oeuvres simplement parce que ce sont des copains, ça n'est pas mon genre. Lorsque c'est un ami, encore moins.

J'aime le roman noir, qu'il se trouve noyé dans le genre policier et thriller, ou classé dans la blanche, qu'il soit moderne et contemporain ou venu des siècles passés, peu importe.

En voici un comme je les aime. Sobre et beau. Comme le pays qu'il décrit. Pays qui sombre, se délite, entraînant avec lui ses hommes, ses femmes et

ses enfants. Arben, Mitri, Loni, Rina... ils resteront dans votre mémoire.

Un roman qui met en scène un héros déchiré et déchirant. Pathétiquement humain. Victime, pour finir, d'un destin implacable et sans pitié.

Un premier roman remarquable.
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Peter Punk au pays des merveilles

Au moment de rédiger mon avis sur ce livre terminé il y a un peu plus de 24 heures, je me demande encore comment je suis arrivée à le lire – ce qui n’est pas un regret, mais plutôt la question : pourquoi ne m’y suis-je pas plongée plus tôt ? Je l’avais vu en librairie, ça j’en suis certaine, mais je suis toute aussi sûre qu’il ne me tentait pas particulièrement ! En outre, au moment où je l’avais repéré dans cette librairie, je sais que je l’avais déjà vu ailleurs, car je me suis dit : « Tiens, en plus il est mis en évidence en rayon ? » Aurait-il fait partie d’une des sélections des « livres de la semaine » sur Babelio ? C’est le plus probable, même si le faible nombre de notes (malgré une moyenne assez intéressante, on est quand même à 4,15/5 au moment où j’écris, mais en seulement 10 notes) me laisse un peu dubitative sur le fait qu’il ait fait partie d’une sélection hebdomadaire, mais après tout je ne sais pas quels critères régissent le choix de ces livres proposés chaque jeudi ?

Quoi qu’il en soit, ce livre et sa couverture pour le moins originale avaient fini par créer une espèce d’attirance vaguement répulsive… si bien que, quand il est tout à coup apparu parmi les nouveautés sur le catalogue Lirtuel (cette bibliothèque virtuelle belge francophone, gratuite, dont j’ai déjà parlé, et que je remercie une fois encore !), je me suis dit qu’il fallait que j’essaie quand même !



Et, comme dirait l’autre, « j’m’attendais pas à ça » ! L’histoire démarre très fort : un certain Desmund Sasse sort à peine de prison, qu’il se fait embarquer par une voiture de police et un inspecteur un peu trop zélé. Et hop en garde à vue, car – on le lui expliquera après quelques tergiversations – il est suspecté de complicité de meurtre. En effet, le présumé meurtrier d’un ponte de la ville (homme public que tout le monde sait également présent dans des affaires nettement moins catholiques) lui aurait envoyé toute une série de messages sur son téléphone, faisant de lui son complice. Le problème, c’est que ledit téléphone est au commissariat même, sous scellés depuis l’arrestation de Desmund plusieurs mois plus tôt, alors qu’il était, comme on l’a compris, en prison au moment des faits… Assisté par un ami avocat (qui ne fera que passer dans l’histoire, c’est limite dommage car il avait un potentiel intéressant), et ne sachant plus très bien s’il est ami ou ennemi avec le Commissaire (également un ami du temps de leurs études communes en droit, et celui-là reviendra plus souvent… mais on comprend d’emblée que la vie leur a offert des chemins bien différents !) ; bref, Desmund décide de tirer toute cette affaire au clair, car mine de rien, il se sent quand même impliqué d’une façon ou d’une autre…



On entre ainsi dans une histoire vue essentiellement par les yeux de Desmund, appelé tout simplement Des’ par ses amis, Sasse par les forces de l’ordre, et Peter Punk quand il devient musicien dans certains bars le soir – nom qui lui est donné davantage pour la beauté du titre qu’autre chose, car on n’aura aucune scène dans laquelle Desmund jouerait de son instrument ! Quant au « pays des merveilles », je vous laisse la surprise si vous lisez ce livre…

… car, comme je vous disais, on entre dans une histoire construite comme un puzzle géant, où toute une série de pièces s’imbriquent les unes dans les autres. On ne le voit pas forcément de suite, les choses se construisent petit à petit, avec les regards croisés de deux autres personnages importants : une certaine Élise qui va sauver la vie de Desmund au moins à deux reprises, et le fameux commissaire cité plus haut, Justin Brincourt, en plein doute sur sa vie malgré le confort et l’aisance dans lesquels il vit – ces deux-là intervenant alors par la voix d’un narrateur extérieur relativement inquiet pour chacun d’eux.



Ainsi, comme je disais, ce puzzle se construit petit à petit, sous les yeux d’un lecteur qui ne s’y attend pas forcément : c’est que, outre son aspect choral, ce roman se permet aussi quelques parenthèses musicales - et ce n’est pas seulement une playlist : on a parfois juste un titre, mais aussi quelques textes de chansons, qui n’évoquent rien pour moi car ce n’est pas ce que j’écoute… mais ces paroles étaient à chaque fois très parlantes et tout à fait appropriées à l’ambiance du moment ! Desmund nous emmène aussi dans quelques flashes back, sur ses débuts (de voyou) dans cette ville qu’il déteste et aime tout à la fois, sur son enfance chaotique mais dans un quartier privilégié (point de vue financier) mais aussi sordide que n’importe où ailleurs (là aussi, je vous laisse la surprise), ou son amour de l’époque, une petite Corynthe, qu’il a depuis lors perdu de vue mais à qui il n’a jamais cessé de penser avec l’innocence d’un amour d’enfant qu’on veut préserver envers et contre tout.

Non, je n’en dirai pas plus, car avec ça vous avez compris (ou pas) qu’on a repéré certaines pièces de ce fameux puzzle dès le début, d’autres se trouvent à la périphérie du tableau général mais on ne trouve pas vraiment leur place, d’autres encore étaient tombées un peu plus loin et sont sorties du champ immédiat de notre vision, mais peu à peu tout va s’emboîter parfaitement, avec une maestria qui s’affirme de plus en plus, et on se dit « waouh ! ». Les révélations finales sont inattendues et tout à la fois coulent de source, c’est ce que j’adore dans un policier : plaisir garanti !



Le tout est servi par une narration qui « joue le jeu », parfois un peu trop peut-être. Ainsi, quand le narrateur d’Élise ou de Justin est aux commandes, on est dans une narration de polar plus ou moins psychologique mais assez « classique », avec juste ce qu’il faut de tension pour que chacun de ces personnages apparaisse comme un peu brisé mais pas complètement mauvais, ou plutôt sympathique malgré un côté sombre – ce qui revient au même. Quand on est aux côtés de Desmund en revanche, c’est-à-dire durant la grande majorité du livre, on est dans un langage plus « populaire », sans devenir bas de gamme : il s’agit plutôt d’une certaine gouaille… On a compris que, malgré sa déchéance sociale, Desmund est un homme instruit, mais qui a plongé de plus en plus bas dans la rue, dont il a pris des expressions, des habitudes, une façon d’être, ce qu’il considère d’ailleurs avec un certain fatalisme lucide mais sans se plaindre. Dès lors, sa façon de s’exprimer oscille sans cesse entre un langage courant ou nettement familier – ou plutôt, je devrais dire qu’il virevolte, car tout cela est parfaitement maîtrisé et ne paraît jamais artificiel !

Je dois ausis souligner la petite galerie de personnages secondaires bien intéressants, soit attachants soit antipathiques, toujours parfaitement dessinés, et qui participent indéniablement à l’ambiance générale de l’histoire, et aussi à révéler toujours mieux notre pugnace Desmund.



La seule chose qui m’a un peu dérangée, c’est une critique sociétale récurrente, que l’auteur ne cesse de glisser ici ou là (toujours avec la voix de Desmund). Je n’ai noté que deux exemples, car la plupart des autres étaient tellement imbriqués dans le contexte du moment qu’ils seraient devenus inintelligibles si on les en sortait, mais c’est du même acabit – 10 fois, 20 fois tout au long de ce livre : « (…) la grogne s’est métastasée, râle souffreteux d’un corps social malade, d’un organisme qui ne fonctionne plus, mal commandé par une tête qui s’est mise en grève de la pensée pour s’abandonner avec gloutonnerie à son vice naturel et concentrationnaire. Le gâteau a beau grossir, ils sont de plus nombreux à se battre pour une part que chaque réforme réduit un peu plus. »

Et un peu plus loin (là, Desmund le voyou parle à Justin le flic) : « Le problème est systémique. Tu sers le système, avec un zèle coupable, d’ailleurs. Tu fais partie du problème. À quel moment c’est devenu normal que tout soit tellement emmêlé, la justice et la magouille, le maintien de l’ordre et le bordel ? C’est pour ça que t’as fait flic ? Pour être le larbin de voyous en costard ? »



Bref, on est en pleine critique sociétale, très franco-française cela dit (enfin, je trouve depuis ma « lointaine » Belgique) et on y ajoute des images de manifestations pour tout et n’importe quoi (ce n’est pas moi qui le dis, c’est Desmund !) tout au long des quelques journées que dure ce polar, et vas-y que je plaigne les pauvres petits casseurs qu’on accuse alors qu’ils ne cassent rien, et que j’invective les très méchants CRS qui font leur boulot alors qu’ils feraient mieux de rejoindre les premiers dans leur (juste ?) combat. Mouais…

Certes, ce genre de « débat » peut avoir lieu en littérature, même dans un polar, mais ici on sent l’auteur (ou en tout cas son personnage principal, mais au final ne défendent-ils pas les mêmes idées ?) apparemment bien attaché à ces idées très « gilet jaune », et surtout très peu nuancées, qui mettent tous les débats dans le même filet et de toute façon le gouvernement (qu’il a élu, non ? peut-être pas en fait, vu le pourcentage légendaire d’abstentions lors de chaque élection en France…) a toujours tort. Peut-être est-ce vrai. Peut-être au moins en partie. Mais de toute façon c’est très réducteur ; on peut comprendre certaines de ces doléances, mais là il y en a trop, et on se rend compte que, à part creuser (un peu inutilement) l’ambiance générale, elles n’apportent rien à l’histoire.



Heureusement, cet aspect qui m’a déplu est compensé par la construction très appréciable de ce roman que j’ai évoquée plus haut, mais aussi par un humour discret (et bien un peu noir) mais très présent. J’ai évoqué le choix des noms : Peter Punk donne une idée déjantée du personnage, alors même qu’on ne le voit jamais en musicien ; le « pays des merveilles » je vous laisse voir, mais le clin d’œil (ironique) se dévoile dès que l’on comprend où on est ; et le nom de la ville – ciel, existe-t-elle vraiment ? Morclose, ça ne s’invente pas ! Il paraît que, en réalité, ce serait Rennes… pourquoi pas ? Moi je me plais à imaginer que l’auteur s’est amusé à un jeu de mots, entre la mort, et l’anglais « close » : c’est que, dans cette ville et surtout ses quartiers malfamés, on est toujours près (close) de la mort… et pourtant, à quelques exceptions près, elle est très peu présente ! On n’est pas dans un thriller, il y aura quelques morts mais presque pas graves (quoique...), à peine évoquées et à peine montrées ; pas de scènes d’autopsies insupportables ou que sais-je… Elle est toujours toute proche, mais rarement tout à fait là.

Dans cette catégorie « humour » au sens large, j’ajouterai aussi les quelques scènes de castagne, réalistes et visuelles mais sans jamais virer dans le cinématographique de bas étage à l’américaine : non, on est en présence de truands qui respectent certaines règles (pas très légales, mais là n’est pas la question), qui font mal et on a envie d’aller soigner Desmund (d’autres s’en chargeront pour nous), mais le tout reste presque « léger »… et quand on voit un retournement de situation improbable où Desmund parvient à enfermer les deux méchants gros-bras sans cervelle dans le coffre de leur voiture (c’est à peine un spoil), j’ai éclaté de rire ! ça a un petit côté Tex Avery adorable…



Bref, à part ma petite réserve sur la trop grande présence d’une critique sociétale sans nuances qui finit par plomber certains passages, j’ai beaucoup aimé ce polar pas tout à fait classique, grâce à son personnage principal déjanté mais pugnace, des personnages secondaires truculents et une ambiance gouailleuse sans jamais tomber dans un populaire artificiel. La construction de l’intrigue comme un puzzle où toutes les pièces s’imbriqueront parfaitement est teintée d’un humour (noir) discret mais toujours présent : une très bonne lecture !
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