Citations de David Foenkinos (5740)
On devrait vivre sa vie à l'envers pour ne pas la rater.
On aurait dit que le destin me proposait de rattraper toutes ces années molles que j'avais vécues à l'abri des péripéties humaines.
Qu'est-ce qui est le plus important? L'amour, le travail ou la santé? Les trois grandes rubriques de l’horoscope.
Je ne supporte pas l'idée d'être identifié, car cela impliquerait de parler ; et je n'ai pas toujours les bons mots avec moi.
C'était comme si j'avais toujours su que j'allais finir au sous-sol du monde. Certains ont la certitude de leur réussite, ils débordent d'ambition en sachant que ça payera un jour (…). Moi, il me semblait que j'avais vécu ma vie avec le sentiment que dans mon corps croupissait le compte à rebours de l'échec. J'avais vécu avec la certitude inconsciente du précipice. Ce sentiment s'était aggravé ces dernières années; quelque chose s'était effrité en moi, et m'avait définitivement écarté de la race des vainqueurs. La journée d'hier avait marqué l'accomplissement d'un ressenti que j'avais été incapable d'exprimer jusqu'ici : je subissais ma vie.
Le cercueil s’enfonce sous la terre.
Tout paraît si calme.
Seule la lucidité du grand-père se trouble.
Il semble ne plus savoir qui l’on enterre.
Puis, il se ressaisit.
Il ne se souvient pas d’une journée sans la présence de sa femme.
A-t-il déjà seulement vécu sans elle ?
(P181)
Pour aimer pleinement la vie, il faut comprendre son autre face : la mort.
Tous les perdants de concours médiatiques avaient vécu cette même souffrance : un échec accentué par l'image per- manente de la joie du gagnant. On pouvait toujours leur dire : C'est formidable d'être allé jusqu'en finale ! .Mais non, personne ne pouvait se réjouir d'un parcours achevé si près du but. Il était préférable de rester dans l'ombre plutôt que de frôler la lumière. L'amertume en était décuplée.
À une époque où l'amour s'excite de l'immédiateté, il y avait peut-être un certain charme à laisser agir deux analphabètes du cœur. Ils se séparèrent en échangeant leurs numéros.
Ils se sentaient si proches. Ils venaient du même endroit, ils avaient le même âge, et avaient chacun, à leur façon, traversé des difficultés. Une intuition commune les poussait à croire qu'un fil romanesque les unissait.
Certains soirs, après la fermeture, elle pouvait passer une heure à errer dans un musée, sans croiser personne, avec les oeuvres de Chagall ou Rembrandt comme unique compagnie. Elle se consolait par la beauté.
Une certitude: cet homme ne cessait de la surprendre. Elle songea qu'il y avait quelque chose de très beau dans l'idée que rencontrer la mort vous fasse aimer plus encore la vie.
Je n'ai certainement pas fait assez de sport dans ma jeunesse pour supporter ainsi les mouvements irréguliers de mon coeur. Cela fatigue tellement , ce mouvement perpétuel du bonheur au malheur.Avec Alice, j'alternais sans cesse entre les mouvements d'euphorie où je voulais l'emmener en weekend sur la Lune , et les moments de violences intersiderales où je l'aurais enfouie au coeur de la Terre.Je pense qu'elle ressentais exactement la même chose. Habituellement si douce et si chuchotante, elle était capable de crier subitement, de deverser des sons stridents dans mes oreilles amoureuses. Nous étions dans la valse des tonatlités. Et je n'étais pas loin de penser que l'amour rend surtout sourd.
Il faut dire que j'ai été élevé (le mot est un peu fort) par des parents post-soixante-huitards. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c'est traumatisant de passer ses vacances en Inde quand on est enfant. C'est juste un détail au passage. A présent, je les vois peu : ils vivent sur une montagne quelque part à l’ombre des moustaches de José Bové. Ou alors, ils voyagent à l'autre bout du monde pauvre. Ils sont de toutes les manifestations altermondialistes. Il m’est arrivé de penser que j'étais pour eux moins important qu'un grain de riz brésilien vendu en commerce équitable. Cette balance n’était finalement pas équitable pour moi, mais j'ai fait en sorte de me construire avec leurs valeurs, sans me focaliser excessivement sur leurs lacunes.
On peut avoir trois types de divergences avec une personne : sur la vision du futur, sur la vision du présent et sur la vision du passé. Et une chose est sûre : si l'on vit ce troisième type de divergence, les deux autres en découlent tout naturellement.
Rencontrer quelqu'un, c'est se permettre d'exister à nouveau sans son passé. On se raconte comme on veut, on peut sauter des pages, et même commencer par la fin.
Et toi ? Tu fais quoi ?. Il fallait donc toujours se définir, avoir des choses à dire sur soi, offrir son passé pour recevoir du présent. Il rêvait d'une rencontre ne reposant sur rien de concret
Changer de vie est le slogan contemporain par excellence. Jamais les existences n'ont autant été alimentées par le besoin de se bouleverser elles- mêmes. Jusqu'à présent, les destins étaient en grande majorité linéaires; on voit maintenant des électriciens devenir professeurs de yoga et des enseignants ouvrir des fromageries.
Un jour, lors d'une pause, il fit un tour pour rendre visite à Monna Lisa. Comme prévu, autour du tableau le plus célèbre du monde, c'était l'effervescence. En observant ce spectacle, Martin pensa: «La Joconde, c'est le Harry Potter de la peinture. » Autour de ce minuscule cadre, plus rien n'existait. Son regard balaya alors les autres œuvres de la salle des États. Pour les visiteurs présents, elles étaient invisibles. Martin s'identifia à elles: lui aussi avait été tout proche du rêve avant d'être plongé dans l'anonymat. Son destin était celui d'un tableau accroché à côté de La Joconde
La directrice de casting utilise une expression fascinante : "ce petit quelque chose en plus ". Cette qualité impossible à définir avait donc été décisive. Si Martin avait demandé : " Pourquoi lui et pas moi ? ", on lui aurait répondu que tout était de la faute de ce petit quelque chose en plus.Cela pouvait rendre fou de passer à côté de tellement pour si peu.
C'est ainsi qu'une vie humaine bascule du mauvais côté. C'est toujours un rien qui fait la différence, comme si le simple positionnement d'une virgule pouvait changer la signification d'un roman de huit cents pages.