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Critiques de David Lopez (II) (172)
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Fief

Ça y est, j'ai tourné la dernière page, refermé le bouquin. Je m'étire sur le canapé. Je suis bien, tranquille. Je mate sur la table basse le mégot du spliff qui traîne sur le carton du Pizzat Hut. Tout à l'heure peut être...

J'entends la sonnette de la porte. Ouais ? Entrez ! Toni débarque dans ma turne. Derrière mon pote, la silhouette du gros Ludo, comme d'hab. Wesh Cousin, bien ou quoi ? Tu vois... Posé, tranquille. Un check, la bise.

Toni entre, laisse la place à l'ours qui lui sert de frère. Ludo, t'es là Gros ? Wesh, t'as vu , ça va ou quoi ? Tu fais quoi demande Toni. Rien je dis. Je glande, j'ai fini un bouquin. Jure, il fait... C'est quoi le titre ? Je connais ? Je crois pas, ça s'appelle Fief. Fief ? C'est quoi ça ? Attends, je crois que ça veut dire voleur en anglais, dit le gros Ludo. Toni il rigole. D'où tu parles anglais toi maintenant ? Tu crois tu vas comprendre Eminem ? Le gros Ludo se fâche. Ta mère ! Je parle aussi bien que toi.

J'essaie de désamorcer le truc. Ça va les gars, tranquille... C'est pas de l'anglais... C'est de David Lopez... Ha ouais, il dit Ludo, Lopez je le connais, c'est le ptit de la tour B de la cité Prévert . Mais arrête gros naze, hurle Toni, Lopez de la tour B, il sait même pas écrire. D'où il va écrire un bouquin ? Gros Ludo se marre. Jure... J'suis con... Le ptit Lopez... Ouais dit Toni, mais sa frangine, c'est quand elle veut. Grave, il dit Ludo. Et du coup il y a plus personne qui moufte. On est tous dans nos pensées secrètes...

Toni s'agite. Il demande. Vas-y, on fait quoi là ? Rien, je dis... Comme d'hab...

Ok les gars, je roule ? Vas y dit le gros Ludo, moi j'suis raide.

Et sinon, ça parle de quoi ton bouquin ? Ben, de ça... Justement... Ha ouais... Et t'as aimé ? Grave, je réponds en secouant ma tête... C'est trop stylé....

Jure dit Toni... Vas y dit Ludo... T'as vu ? je dis...
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Fief

Le décor est banal, une petite ville de province, et des jeunes que l’on pourrait penser issus de quartiers sensibles. Pour découvrir que le lien ténu qui les y rattache, c’est la consommation de drogues. Et on traversera les chapitres dans les brumes d’une fumée psychédélique. Sauf quand il s’agit de boxe, ou de foot…

Autrement dit, ce n’est pas ma fête!



Le style ne m’a pas perturbée, car je sortais de la lecture de Grand frère, même lexique, même style. Et ce dialecte a parfois beaucoup de charme





Mais le propos général ne m’a pas séduite, en raison de la faiblesse des personnages auxquels il manque des tripes.



dommage car au coeur dur roman dont la colonne vertébrale me semble fragile, on trouve de belles épiphanies, comme celles des citations ci-dessous.


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Fief

Une photo de classe sur fond rose.



Jonas et ses potes. Ils habitent une petite ville à la périphérie d’une grande, entre champs et bitume. Ils s’ennuient. Ils cherchent un travail qui n’existe pas. Ils fument des joints et jouent aux cartes pour s’occuper.

Le décor est planté, et entre scènes désopilantes et moments attendrissants, on ne devrait pas perdre notre temps. Le problème est là : l’ennui devient contagieux. Et les moments charmants deviennent lassants.

Ils sont tous gentils, tellement. Et, c’est tant mieux. Mais ça ne colle pas. Même les passages sur la boxe, dans lesquels on peut vraiment ressentir le combat entre l’ennui et les frustrations de leur condition - les moments les plus littéraires - n’y suffisent plus.

J’ai décroché complètement quand l’auteur nous raconte qu’il aimait, petit garçon, les vacances de Pâques parce qu’il commençait à faire beau, celles de la Toussaint, pour les feuilles mortes, à Noël pour le froid, et l’été parce qu’il fait chaud... Et en grandissant la découverte du joint et que c’est pas bien... Trop c’est trop !

Une photo de classe sur papier glacé qui ne me dit plus rien.



Lu en octobre 2017.
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Fief

Une bande de jeunes, certainement des « grands ados », qui se retrouvent dans une chambre, qui jouent aux cartes en exerçant leur art de rouler des oinjs parfaits. Qui pointent leur nez dehors, pour mater, pour trouver de la meuf, pour consommer à outrance des alcools forts ... Affligeant !... affligeant parce qu’il y a dans ces scènes de vie d’un groupe, beaucoup de réalité, car combien de jeunes comme eux aujourd’hui, qui ne se projettent pas dans l’avenir, se ralentissent même et se terrent par peur de la vie d’adultes ?



Le narrateur, Jonas, témoigne pour eux, il exprime le ressenti de ses pairs, montre son besoin de sécurité au sein de cette équipe, sa peur de sortir des sentiers battus, il le confirme en avouant : « dans l’eau, dès que je ne bouge plus, je coule, comme dans le ring. Alors que dans la vie, je ne vais que là où j’ai pied … » Et on sent, tout au long du roman, un énorme décalage entre la façon de parler de Jonas et ses actes. Un potentiel mais aucune confiance et une vision de soi bien négative.



Si j’ai pu me faire une idée des personnages, je dois avouer que ce roman ne m’a pas intéressée le moins du monde. Pourquoi l’ai-je poursuivi ? me demanderez-vous…Simplement par curiosité, pour essayer de percevoir une évolution des personnages et du récit. Mais il n’en fut rien. J’ai même ressenti un certain agacement. Je ne nie pas que l’auteur ait eu un objectif, au moins celui de manier les registres de langue et peut-être montrer un fait de société, mais ce genre de récit n’est pas pour moi.



Je remercie les 68 premières fois pour ce partenariat.



Challenge Multi-Défis
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Vivance

«  J'ai roulé roulé roulé roulé , croisé un chevreuil , un écureuil , des arbres des arbres des arbres , le chien d'un promeneur, le promeneur » .

«  Épuisé de sensations . Impressions seulement . Et si je n'avais toujours que ça des impressions » .



Deux citations extraites de ce roman vagabond…



Pour tromper son ennui, surtout moins penser à Renata, son amour ' il se rappelle ses escapades avec elle —— qui l'a laissé tomber, l'a quitté lui reprochant sa lenteur, sa patience comme une fin en soi , le narrateur , presque quadragénaire repeint sa maison au tout petit pinceau en blanc , observe avec intérêt les étirements paresseux de son vieux char Cassius et tire de temps en temps sur les joints de son voisin, alcoolique un peu bizarre et les souvenirs d'un passé vagabond , adepte comme lui de la saint trinité —- petits trafics - potager - fraude aux aides sociales .

Le lecteur va suivre cet homme , qui se jette en selle, devenu nomade sur son vélo surnommé «  Séville » , tête vide et sacoches pleines , il roule beaucoup , beaucoup , parcourt des kilomètres et des kilomètres , en cherchant son chat perdu Cassius .



Il regarde les filles assises aux terrasses des cafés , repense à son amour perdu Renata —— «  Avec elle on aimait les voyages , les trajets …. Toujours .



Il fait des rencontres jusqu'à cette halte chez Noel , hôte de hasard , ancien braqueur , occupé à tuer le temps , lui aussi, dans l'alcool et le tir à l'arbalète .



Une lecture étrange , inhabituelle , qui nous fait passer de la plaine au vallon pour gravir la montagne à coups de pédale , une ballade menée par le hasard , des rencontres anodines plus ou moins heureuses , mélange d'effort physique intense et rencontres absurdes qui disent la perte de sens et la poursuite du passé .



Ouvrage d'une profonde humanité , sensible , histoire de solitude , de fuite en avant ' toujours, de liberté surtout.



Le romancier nous donne à voir à travers ce livre mélancolique ses sentiments , des émotions dans ces temps accélérés du vélo , en traversant des cités sans lumière , des villages au soleil couchant , ces petits riens , l'introspection d'un homme à qui tout peut arriver , face à une vie qu'il ne semble plus comprendre .



Une très belle écriture puissante , sans pause ni paragraphe : phrases courtes sans verbe ou longues , un homme en quête et chemin faisant se découvre une galerie de personnages souvent attachants ou effrayants, sauvages parfois ….une foule de petites choses , entre crue dévastatrice et façade à repeindre , routes de France parcourues.



Drôle de récit , voyage au coeur de l'humain , récit épuré , un chat , un vélo, personnages attachants avec une pointe d'humour ,méditation cyclique sur la mort , le temps qui passe …

La nature omniprésente,.



L'auteur joue avec nos émotions du début à la fin tout en finesse.

Roman étrange , «  vagabond à vélo » découverte de la France des indignés, des angoissés, une réflexion enivrante, intrigante , bouleversante dans un style singulier .



Qui montre que l'écriture peut offrir un hymne à la liberté .



Ce n'est que mon avis , bien sûr , comme toujours .









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Fief

«  Et le mec il arrive, il te tcheke et il te dit ouais, gros , bien ? »

«  Je dis wesh me parle pas de ça maintenant gros, et il fait scuse. »

«  Moi j'veux pas pécho une meuf qui nourrit les poules et qui fait sa pétasse le soir , et on rigole... »

Trois courts extraits de ce roman à la langue syncopée, orale, créative , pour le moins originale , dans les «  MOTS », pas facile à lire, entre tours et pavillons de banlieue .....



Un style d'écriture déroutant, l'histoire d'une bande de copains : Jonas, Poto , Sucré, Miskine, Ixe ... Lahuiss ...

Ils sont potes depuis l'enfance , habitent quelque part entre la banlieue et la campagne , l'endroit où leurs parents ont eux- mêmes grandi.



Jonas et ses amis tuent le temps comme ils le peuvent, fument des joints à gogo ——Dire « Oinj » ——-c'est impressionnant, boivent sec, jouent aux cartes., s'ennuient , font pousser de l'herbe dans le jardin., draguent les filles, pratiquent la boxe ....Ils disent : C'est flingué, j'éclate mon joint, on fumait en se demandant ce qu'on allait bien pouvoir foutre.... »



Entre La dictée, les jeux de cartes , la lecture de René Barjavel, ou Robinson Crusoé, ces jeunes s'ennuient ,ignorent comment sortir de leur quotidien , manque de courage ou d'imagination, torpeur ou ignorance ? .



Ils noient leur angoisse de vivre ,leurs tourments , leur colère, leur apathie , leur précarité,,



leur désir de briller et d'avoir une vie meilleure ... dans le shit..



Comment parler aux filles pour les séduire ?



On a envie de secouer Jonas : de la lecture de ce texte se dégage l'idée de vies sans perspective , jeunesse désoeuvrée qui se cherche, démotivée , un désoeuvrement terrible, qui fait mal....

Poto rappe , IXe fait des fautes d'orthographe ...

Un monde sans horizon avec quelques passages poétiques... Pratique de la langue, de son usage, son accès.

Un premier roman déroutant et original.. On se met dans la peau de Jonas grâce à l’usage de cette langue parlée, sa syntaxe, ses tournures , ses répétitions, ou ses réductions de phrases .



Je ne sais pas bien interpréter ce genre de texte, il faut le lire!

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Fief

Jonas n’a plus rien dans le ventre



Pour son premier roman, David Lopez s’est glissé dans la peau d’un jeune sans perspectives autres que la drogue, la boxe, les filles, l’alcool et les virées avec les copains. Un univers livré avec ses mots qui subliment le tragique.



Jonas retrouve ses copains Ixe, Untel, Poto, Habid et Lahuiss pour une partie de cartes. À moins que ce ne soit d’abord pour fumer joint sur joint et, aléatoirement, se saouler. Car depuis qu’il a quitté le système scolaire, tout son univers tourne autour de ces rendez-vous avec des potes tout aussi désœuvrés que lui. Dans leur petite ville, pas assez urbaine pour une banlieue et pas assez verte pour être la campagne, il ne se passe rien ou presque. Alors, ils passent le temps à se regarder le nombril, à imaginer de quoi occuper la journée qui vient. Inutile de faire des plans à long terme, si ce n’est pour imaginer un débouché à l’herbe qu’ils ont planté dans le jardin. Une ébauche de trafic que Lahuiss relativise: «on peut considérer que c’est une manière comme une autre de cultiver son jardin.» Et le voilà parti dans une exégèse du Candide de Voltaire, première belle surprise de ce roman que je ne résiste pas à vous livrer in extenso, car ce passage vous permettra aussi de vous faire une idée du style de David Lopez: «Les gars, j’vais vous la faire courte, mais Candide c’est l’histoire d’un p’tit bourge qui a grandi dans un château avec un maître qui lui apprend la philosophie et tout l’bordel t’as vu, avec comme idée principale que, en gros, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Du coup Candide t’as vu il est bien, il fait sa vie tranquillement, sauf qu’un jour il va pécho la fille du baron chez qui il vit tu vois, Cunégonde elle s’appelle. Bah ouais, on est au dix-huitième siècle ma gueule. Du coup là aussi sec il se fait tèj à coups de pompes dans l’cul et il se retrouve à la rue comme un clandé. De là le mec il va tout lui arriver : il se retrouve à faire la guerre avec des Bulgares, il va au Paraguay, carrément l’autre il découvre l’Eldorado enfin bref, le type j’te raconte même pas les galères qui lui arrivent. Ah ouais j’te jure, le gars il bute des mecs, y a un tremblement de terre, son maître il se fait pendre, il manque de crever en se faisant arnaquer par un médecin, il se fait chourave ses lovés par un prêtre, carrément, un merdier j’te jure c’est à peine croyable. J’vous dis ça en vrac, j’me rappelle pas forcément le bon ordre hein, je l’ai lu y a longtemps t’as vu. Bien plus tard donc il retrouve sa meuf, Cunégonde, sauf qu’elle a morflé vénère t’sais, parce qu’elle a eu la lèpre ou je sais plus quoi mais voilà quoi elle a une gueule toute fripée la meuf on dirait un cookie, mais t’as vu Candide c’est un bon gars alors il la renie pas. Et puis il retrouve son maître aussi, qu’est pas mort en fait, on sait pas pourquoi. Et à la fin, le mec, après avoir eu toutes les galères possibles, il se fait un potager t’as vu, et à ses yeux y a plus que ça qui compte, le reste il s’en bat les couilles. Il tire sur sa clope. Et la dernière phrase du livre c’est quand le maître en gros il arrive et il dit que la vie est bien faite parce que si Candide il avait pas vécu tout ça, alors il serait pas là aujourd’hui à faire pousser des radis, et Candide il dit c’est bien vrai tu vois, mais le plus important, c’est de cultiver son jardin.»

De la philosophie, on passe au boudoir avec la belle Wanda et la description d’une relation sexuelle comme un combat de boxe durant lequel il s’agit d’utiliser une bonne technique pour marquer des points. La boxe, la vraie, nous attend au chapitre suivant.

Construit en séquences, le roman se poursuit en effet avec le sport, cet autre point fort qui rythme la vie de Jonas et de son père. Alors que ce dernier joue au foot – et a conservé quelques beaux restes en tant qu’attaquant de pointe – son fils, comme dit, boxe. Et plutôt bien. Même si on se doute que l’alcool et la drogue ne font pas forcément bon ménage avec un physique endurant et une concentration de tous les instants. En attendant le prochain grand combat, il fait plutôt bonne figure sur le ring.

«Je prends le ring comme un terrain de jeu. C’est le meilleur moyen pour moi de conjurer ma peur. Je me sens comme un torero qui risque sa vie à la moindre passe. Prendre le parti de s’en amuser, c’est ma manière de renoncer à la peur. Sauf que le type en face n’est pas là pour jouer. Il n’est pas là pour me laisser jouer. Je ne peux jouer que contre les faibles. Pour progresser il faut se mettre en danger. Souffrir. Surmonter. Pour ça je dois me faire violence. Ça commence par oublier le jeu. Accepter la peur. Alors je me concentre. Je ne nie plus le danger. Il est là face à moi, c’est lui ou moi.»

Tour à tour drôle – la séance de dictée est un autre grand moment –sensible et sensuel – l’après-midi au bord de la piscine fait penser au film avec Delon et Romy Schneider – le roman devient dur et grave, à l’imager de ces boulettes de shit qui collent et dont on a tant de peine à se débarrasser. Bien vite le ciel bleu se couvre de nuages…


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Vivance

Chacun cherche son chat



Pour son second roman, David Lopez quitte la banlieue pour parcourir la campagne à vélo. À la recherche d’un chat qui a disparu, son narrateur va découvrir la France des angoissés et des résignés.



Disons-le tout net, après les premières pages de ce roman, le lecteur sera un peu déboussolé. Parce qu’il n’y a pas vraiment d’histoire, parce que le narrateur entend prendre son temps et jouir de ne rien faire ou presque. Mais une fois pris par cette ambiance, alors se dévoile toute la poésie du texte et ce rythme auquel nous ne sommes plus habitués, une sorte d’écologie, de vie contemplative avec une économie de moyens, une lenteur qu’il faut apprivoiser.

Le premier chapitre nous fait faire connaissance avec le narrateur alors qu’il séjourne chez Noël, un homme qui se retrouve seul tout comme lui et qui accueille son hôte avec la seule envie d’une présence. Bien sûr, pour en arriver aux confidences ils boivent. Beaucoup. Il sera du reste beaucoup question de prendre un, puis plusieurs verres durant les pérégrinations qui vont suivre. Une autre manière de tromper l’ennui, un ennui devenu au fil des ans un mode de vie, après que Renata, avec qui il partageait sa vie, soit partie. C’est pour ça qu’il n’a pas de plan précis, qu’il accepte d’écouter les histoires de Noël même s’il n’y prête guère d’intérêt et qu’il décide de repeindre sa maison avec un pinceau qui fait à peine quelques centimètres de large. Et au fil des jours et des remarques de tous ceux qui vont lui expliquer comment aller plus vite, on comprend que son but est bien que cela dure longtemps, parce qu’une fois qu’il aura fini, il ne saura quoi faire d’autre. Alors, il peint doucement sous le regard de Cassius, son chat en fin de vie.

C’est ce dernier qui va lui faire lâcher son pinceau, parce qu’il ne revient plus de l’une des escapades. Après avoir fouillé les environs proches sans succès, il décide d’enfourcher Séville – c’est le nom qu’il a donné à son vélo – et de partir à sa recherche.

Une quête qui va vite se transformer un nouveau mode de vie qui va aller jusqu’à lui faire oublier pourquoi il voyage. Il enchaîne les kilomètres sans but précis, décidant au fil des rencontres de son itinéraire et de ses pauses. La vie comme une disponibilité de tous les instants. La Vivance.

David Lopez nous raconte la vie contemplative, mais aussi toutes ces bribes de vie que son cycliste glane au fil de ses randonnées, sorte de miroir d’une société plutôt triste. Sans aller jusqu’à vouloir, comme Noël, chercher constamment à en finir, on sent bien que le moral est loin d’être au beau fixe. La campagne de l’auteur de Fief ressemble aux toiles d’Edward Hopper, dérangeantes parce qu’on y ressent une certaine inquiétude, une attente, une mélancolie. Parce qu’on n’y croise quasiment personne. Même après avoir traversé une ville victime d’inondations, il constate qu’il n’y a là «personne pour s'appesantir, déplorer sans nuance, hurler sa rage».




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Fief

Ce roman traite d'une jeunesse désoeuvrée dont l'espoir a fondu comme neige au soleil. Les jours passent et leur monotonie avec. Seule distraction, un joint puis un autre pour tromper l'ennui, un verre d'alcool puis un autre pour oublier que la vie est chagrin. La boxe et quelques rencontres amoureuses leurs font croire par intermittence à la vie, mais le mal est trop profond pour que la foi subsiste. J'ai aimé ce livre parce que l'auteur nous y démontre avec réalisme une société qui file comme des grains de sable entre les doigts de ceux qu'il l'on prôné.
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Vivance

J'ai eu un mal fou à lire ce livre ! Les errances du narrateur m'ont perdu, même s'il se reconnecte à la vie au fil de son parcours.

Ça ne l'a pas fait, certainement trop introspectif pour moi...

Le manque de dialogue met une certaine distance entre le lecteur et ce parcours, ce qui aurait apporté un peu de densité et de rondeur dans le récit.
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Fief

Attention, mise en garde, ce livre ne plaira pas à tout le monde.



Il va heurter certains, les dérouter, les mettre mal à l'aise car l'écriture, la structure et le récit nous plongent dans l'univers d'un groupe de jeunes, environ 16 à 18 ans, pas des délinquants, pas d'une cité difficile, non mais d'une petite ville de 15 000 habitants, partagée en différentes zones : tours, pavillons et centre ville. On ne se mélange pas ou peu, on s'évite : les bourges, les jeunes, les autres.



Ils sont livrés à eux-mêmes, ont abandonné les bancs des études. Ils ont pour certains des talents :  Poto écrit des textes mais bourrés de fautes d'orthographe, il cherche du boulot. Ixe : ravitaille le groupe en cannabis, cultive son "jardin...", Lahuiss lui a fait des études s'est éloigné un peu de ses anciens amis mais revient de temps en temps les voir, Sucré lui travaille mais souffre de surpoids, Miskine, petite frappe, flambeur et Untel, le grossiste en cannabis et fournisseur du père de Jonas.



Jonas, le narrateur, nous livre son quotidien en une quinzaine de chapitres, sa bande de copains aussi désoeuvrés que lui, vivant au jour le jour, avec comme principale occupation le shit, la fumette, le cannabis, l'alcool, les jeux : cartes et vidéos. Ils sont sans projet, ne se voient pas d'avenir, sans idéaux. Il faut passer le temps.



Ils sont le plus souvent sans repères, livrés à eux-mêmes car les parents comme le père de Jonas, ne sont pas des exemples : on ne parle pas travail, les parents eux-mêmes sont consommateurs de shit. Pourtant lorsque Jonas parle de son père on sent du sentiment, même s'il n'est pas exprimé. On ne se dit pas ses choses là. Il y a des petits gestes, des frolements, des regards.



Son défouloir à Jonas c'est la boxe, mais même la boxe il va arrêter malgré Monsieur Pierrot, son vieil entraîneur, qui tente de motiver tous ces jeunes, qui l'encourage pour un dernier combat. Pour Jonas la vie ressemble souvent à un combat.



Et puis il y a Wanda, son amie, on ne dira pas sa petite amie car il n'y a guère de sentiment réellement dit, mais plus un plan c.. ou alors peut-être plus mais on ne parle pas non plus d'amour. On découvre, on expérimente, on performe..... le reste !



La lecture peut être déroutante car l'auteur a intégré tous les dialogues à la narration de Jonas ce qui donne un texte dense mais qui reflète bien, je trouve, leur façon de parler : untel dit que ...... et l'autre dit que ..... en plus dans un langage fait de verlan et autres mots que nous, plus vieux, nous ne connaissons pas toujours, langage des cités peut être. Donc à plusieurs reprises il m'a fallu relire à l'endroit, à l'envers ou essayer de comprendre.



Par contre les pensées, le ressenti de Jonas sont rédigés dans une forme de langage habituel et elles sont parfois de profondes  réflexions, ses interrogations sur le sens de la vie, de sa vie.



Il y a des passages savoureux en particulier lorsqu'on parle de Voltaire, de Céline, quand ils décident de faire une dictée pour savoir qui est le pire en orthographe ou du nettoyage de jardin car en fin de compte ils ne demandent ces jeunes qu'à s'occuper, à être reconnus. Mais il faut que cela vienne d'eux.



C'est un livre qui nous immerge totalement dans cette jeunesse où le seul point d'ancrage c'est les amis, le groupe, c'est leur famille, celle qu'ils ont choisie, celle sur qui ils peuvent compter, celle où ils existent. 



Bien sûr ce n'est pas mon univers ni le domaine de lecture que je préfère mais cela fait prendre conscience de leur monde, du vide de celui-ci.



C'est un premier roman original par l'écriture, osé où l'écriture est très détaillée (on vit les scènes) parfois trop pour certaines, assez crue et l'ambiance générale peut choquer mais pas par le texte, en fin de compte, mais par ce qu'il raconte et qui est une réalité notre monde.
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Fief

Le Livre INTER récompense chaque année un excellent roman ou plutôt met en valeur un livre passé peut-être inaperçu, pas forcément dans les derniers parus, comme Fief, le premier roman de David Lopez, mis à l'honneur cette année, ouvrage sortant vraiment de l'ordinaire.



J'ai été très surpris dès les premières pages, par ce chapitre intitulé Pablo, un jeu de cartes, où j'ai fait connaissance avec Jonas, le narrateur, et ses amis : Ixe, Poto, Sucré plus d'autres qui débarquent comme Miskine ou Lahuiss. Bien sûr, j'ai été surpris par ces noms, ces surnoms, mais je m'y suis habitué. Ce qui m'a le plus désorienté, c'est le style d'un auteur qui a du talent pour reproduire la façon de parler, les tics de langage de beaucoup de jeunes, aujourd'hui.

Ensuite, j'ai dû supporter sans cesse le joint, le shit, le tabac, le tchek sur l'épaule, l'accolade sur l'omoplate et « Bien ou quoi… » de plus, le verlan, ça va un peu mais ça devient vite pénible comme ce jeu de cartes inintéressant.

Mal parti, je me suis quand même accroché et je ne l'ai pas regretté car David Lopez livre ensuite de bons moments même si ses démons le reprennent de temps à autre, suivant les temps de vie de Jonas.

Parmi les meilleurs chapitres, il y a la boxe car Jonas qui n'a pas d'emploi, ne fait pas d'études, pratique la boxe dans le club de cette petite ville où se déroule l'action. Au passage, je trouve très bien ce choix qui évite Paris ou d'autres grandes villes ou encore quelques banlieues célèbres.

Quand Lahuiss entre en jeu, le niveau monte car il est « assez caillera pour ne pas se renier, assez distingué pour ne pas s'enfoncer. » La scène de la dictée, après une âpre discussion sur les fautes d'orthographe, est un autre moment fort du livre, une scène extraordinaire : « Poto insulte la mère de son stylo, Untel rallume son spliff. Habib regarde sa feuille vite fait il ne voit pas que je l'ai grillé. » Évidemment, ça dégénère mais on arrive à savoir, grâce à Jonas, que l'auteur du texte s'appelle Céline – « c'est qui celle-là… » - et que c'est un extrait de Voyage au bout de la nuit.

Jonas est un personnage attachant. Il n'hésite pas à aller superviser son père qui joue au foot dans une équipe de vétérans. Il nous gratifie de magnifiques scènes d'amour avec Wanda, fille très égoïste : « Elle m'a trouvé moi. Assez éduqué pour échanger trois mots. Assez joli pour être désirable. Trop marqué cependant pour devenir intime. Trop sauvage pour être apprivoisé à long terme. Trop peu désireux de vivre. » Tout Jonas est là comme lorsqu'il détaille ses souvenirs d'enfance.



David Lopez manipule habilement le langage qu'il a choisi de traduire par écrit, sait parler de sport mais ne laisse que peu d'espoir dans cette vie sans véritable ouverture, avec une soirée à hauts risques de temps à autre et l'alcool, les trafics, les drogues dites douces et cette dépendance tellement aliénante.
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Vivance

Dans ce deuxième roman qui survient après Fief, lauréat du Prix Inter en 2018 qui avait épaté son monde mais nous avait un peu laissé sur le bord de la route, le romancier David Lopez nous invite à un voyage inhabituel où il est question de parcourir les routes à vélo à cause d'un chat disparu.



Dans cette ballade menée par le hasard, il y aura des rencontres, anodines, heureuses ou moins heureuses, mais aussi une crue dévastatrice, une facade à repeindre, bref toute une multitude de petites choses qui font jaillir "la vivance", notion méconnue qui désignerait en sophrologie la rencontre entre le corps et l'esprit, dans le quotidien du narrateur.David Lopez nous plonge dans une histoire de rencontres avec des individus souvent en décrochage avec la société, et sondent mine de rien leurs espoirs, leurs peines qu'ils cautérisent tant bien que mal, souvent par de grandes rasades d'alcool.



Avec une grande modernité de ton, l'auteur nous entraîne dans un tourbillon de sensations pour s'éveiller aux petits bonheurs quotidien de la vie.



" On ne peut être totalement désespéré si l'on conçoit une autre vie possible, là quelque part derrière la peur.»



Laissez-vous embarquer dans un roman d'atmosphère remplis d'’instants vibrants et de sensations entières.




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Fief

Jonas raconte sa vie, celle de ses amis d’enfance dans cette petite ville dortoir entourée de champs, de bois et de villages. Ils n’ont pas grandi dans la cité, pas plus que dans le quartier pavillonnaire riche. Un quartier à part, des lotissements de petites maisons ouvrières. Jonas fait de la boxe, il aime ça, mais n’aime pas cogner. Lui c’est l’esquive, l’évitement, la fuite. D’ailleurs ses potes le surnomment deux rounds et demi, c’est ce qu’il tient en général.



Jonas et ses amis se retrouvent dans une maison ou l’autre selon le degré d’autonomie. Quand tu ouvres la porte, c’est le nuage de fumée qui t’accueille. Ils fument du shit et jouent aux cartes. Plus petits ils fumaient pour ne pas s’ennuyer, maintenant c’est un style de vie, ils fument, jouent aux cartes, discutent dans leur langage bien particulier et s’ennuient. Le père de Jonas fume aussi et Jonas doit s’occuper de l’approvisionnement pour son père et lui, pas le même dealer.



Jonas et ses amis ont une drôle de vie mais ce qui surprend, c’est qu’ils ne se plaignent de rien. Ils ne pensent pas à l’avenir, vivent dans le présent avec ce qu’ils ont à disposition, c’est à dire, pas grand chose, mais ça leur convient.



Une histoire sur des jeunes bien sympathiques. Jonas parle en caillera quand il est avec ses amis. Il reprend le français de base dans les descriptions de paysages ou de la boxe. C’est surprenant, mais j’ai aimé faire un petit bout de chemin avec ces jeunes. Mention spéciale humour pour l'explication de texte de Candide de Voltaire en caillera, du grand art !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Fief

Fief est un roman du domaine du superbe !

Superbe, déjà , le style. La narration est faite par Jonas qui se trouve être le personnage central du roman et qui rapporte de manière libre à la fois les actions mais aussi les paroles de son entourage. Il en résulte des passages superbes sur la boxe, d'un dynamisme et d'une précision parfaits, que ce soit dans le rendu des mouvements ou dans la restitution du discours de l'entraîneur.

On trouve également des passages superbes sur la « glande organisée » de ces jeunes et leurs joutes verbales. Et là, l'exercice loin d'être facile, est très bien réussi.

Une forme exceptionnelle donc, mais un fond qui l'est tout autant. J'ai entendu l'auteur à la radio dire que son dessein n'était pas de faire une démonstration sociale avec ce livre. Et pourtant la portée sociologique en est bouleversante. A travers d'abord le quotidien anesthésié de ces jeunes gens, qui n'aspirent à rien, sont rejetés de partout. Mais la description se fait sans complaisance et l'auteur ne les dédouane pas de leurs responsabilités. Toutefois grâce à certains chapitres on voit bien comment le déterminisme social les frappe tôt et les enferme dans le carcan qui les tiendra toute leur vie peut-être. On comprend bien aussi que pour eux il y a un certain confort à jouer les perdants, que ce soit sur les terrains professionnels, sociaux, amoureux, sportif et en assez peu de pages on balaie le champ assez vaste de leurs échecs.

Il n'en demeure pas moins que leur humanité est grandiose et le tragique de leurs situations n'en est que plus touchant.

Un livre extrêmement émouvant à mon sens, qui je le souhaite sera primé cette année.
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Vivance

Le héros, déprimé depuis que sa compagne l’a quitté, vit entre quatre murs en compagnie de Cassius, son vieux chat. La visite quotidienne de Denis, un ami un peu bohème, grande gueule, mais bon cœur, lui tient lieu de relations sociales. Une maison à moitié peinte, une inondation et la disparition du bien-aimé Cassius, vont propulser notre héros hors de son cocon, monté sur sa fidèle Séville, vers de nouveaux horizons, au gré des cartes et des rencontres. Car des rencontres, il y en a. Ce sont elles qui ponctuent cette itinérance et lui donnent tout son piquant et son charme. Des personnes esseulées avec pour seul avenir un boulot ennuyeux ou enfermées dans une routine cafardeuse. Cet homme à vélo leur offre une bouffée d’oxygène, ravive des rêves enfouis sous la banalité du quotidien. Et puis, il y a Noël, confiné dans une ancienne auberge au pied d’une montagne. Noël, le désespéré, qui apprend à notre ami, les meilleures techniques pour étouffer son adversaire et qui n’en peut plus de vivre. Enfin, cette femme aux multiples tenues qui le trouve si beau. Une féminité à fleur de peau, une halte bienvenue pour un cycliste meurtri.

Ce roman est un vrai ravissement, une invitation aux rencontres, à l’itinérance, en bref à la liberté intérieure, avec le vélo comme thérapie contre le blues… et un style, pétillant, inventif, au service d’une narration fluide.

Bon voyage...



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Fief

J'ai d'abord été intrigué par les dithyrambes au sujet de ce livre, puis agréablement surpris par l'humilité de David Lopez, notamment chez Ruquier. Puis, bam, Fief s'est retrouvé sur la liste du Renaudot, sur la liste du Medicis, sur la liste des vaccins contre le cancer, sur la liste des 23 de Deschamps pour la Coupe du Monde, et je n'en rajoute à peine.



Alors je l'ai lu. L'histoire, il n'y en a pas vraiment, mais c'est un parti pris assumé. On suit les errements et l'ennui d'une bande de lascars pas bien méchants et pas bien motivés. L'idée étant surtout de dépeindre un quotidien, de raconter, plus que de conter ou d'intriguer. Or, j'ai trouvé la manière de dépeindre le quotidien de cette bande de potes mi-banlieue/mi-province archi caricaturale, un peu à la façon de Benchetrit. Je n'ai rien trouvé d'authentique, de brut. Cette ode à la galère, au phrasé des quartiers, au bitume, tout ce qu'on m'avait vendu, je ne l'ai pas eu. Enfin, jusqu'à ce que l'auteur nous parle de boxe. Là, d'accord, rien à dire. C'est d'une pure justesse. D'ailleurs, les 2,5 points ( poings ) de ma notation sont uniquement pour la boxe. Il la décrit de manière clinique, chirurgicale et de façon passionnante. Pour le reste, ça me paraît un peu fade, et je dois avouer ne pas trop comprendre la hype entourant ce roman, et sa présence sur la liste des grands prix - bien que je souhaite tout le meilleur à David Lopez.
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Fief

Cette gifle je l'ai prise en pleine face, et clac d'un coup l'adolescence qui remonte. Autant j'aime lire des livres qui n'ont rien à voir avec ma vie et mon histoire, autant quand c'est fait avec autant d'acuité et de talent, je ne peux que m'incliner.



Jonas, c'est moi. Ses délires, ses potes, ses jeux de carte et ses doutes, les miens. Le cul entre deux chaises, ou même plus, et une résignation qui transpire l'espoir. La boxe, un sport que j'ai un peu pratiqué, aimé puis plus compris, comme lui. Et ça, je ne l'avais honnêtement jamais ressenti avec un livre.



Ce que fait David Lopez dans Fief, c'est prodigieux. Tout y est juste, et certaines scènes me resteront longtemps gravées dans la mémoire. J'aime aussi ses feintes, des choses qu'on craint ou qu'on attend pour les personnages, et qui arrivent ou pas, comme dans la vie.



Alors non, pas de métaphysique ici, mais une puissance rare et très prometteuse, la trempe qui manque à beaucoup de romans, et une langue du contemporain, qui parle d'eux, de toi, de moi. Putain les gars, vous allez me manquer !
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Fief

Fief n'est pas l'histoire de jeunes délinquants qui cherchent à échapper à leur condition. C'est le récit d'une certaine jeunesse d'aujourd'hui livrée à elle-même, sans vraiment d'avenir ni de vie, résignée, désillusionnée et incapable de se projeter autrement que du jour au suivant.

Le récit s'ouvre sur un combat de boxe que Jonas, le personnage principal vient de perdre et se referme sur un autre qu'il perdra aussi. On le suit dans son quotidien, désabusé, battu d'avance mais avec encore une petite lueur d'espoir qui le fait quand même essayer.

David Lopez avec beaucoup d'empathie et de tendresse a su recréer le désespoir résigné de ces jeunes liés par une amitié forgée par leur exclusion et les codes qu'ils se sont créés, pris entre le regret de l'enfance ou tout était encore possible et le vide de ce que sera sans doute leur vie d'adulte. Et malgré tout ce vide existentiel désespérant, on ne peut s'empêcher de rire lorsqu'il nous livre ces moments de littérature cocasses comme quand Lahuiss essaye d'expliquer aux autres le Candide de Voltaire ou qu'il leur fait faire une dictée tirée d'un texte de Céline. Les commentaires hors contexte, les splendides fautes d'orthographe exprimées dans une langue qu'il faut apprivoiser tant elle est éloignée de notre quotidien, sont autant de perles d'écriture qu'on ne peut s'empêcher d'admirer.

L'écriture de David Lopez est riche, poétique, crue, tendre et dramatique tout à la fois. Une écriture si juste qu'on ne peut qu'espérer au prochain livre.



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Fief

FIEF raconte le quotidien flasque d'un de ces jeunes de ville moyenne, Jonas. le roman s'inscrit dans son regard qui embarque assez bien le lecteur notamment grâce à une langue verte, remuante parfois violente, toujours bien sentie. Ça fleure bon la poésie de quartier (pour ceux qui aiment.) Et pourtant le quotidien n'est pas reluisant : ennui, fumette, un peu de sport, cartes, playstation...

J'ai apprécié l'humanité du personnage. Se dégage une tendresse touchante au coeur du vide et c'est à mettre au crédit de l'auteur. Mais le propos suit paradoxalement une structure trop scolaire. Chaque chapitre aborde un thème et on finit par s'ennuyer. le long cunnilingus n'est pas sans charme. En revanche, la réception et le match de boxe manquent d'idées.

Mais c'est un premier roman et la sincérité de l'ensemble l'emporte.
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