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3.37/5 (sur 186 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1991
Biographie :

Diplômé des beaux-arts de Cergy, Marin Fouqué écrit de la poésie, du rap, des nouvelles, et compose sur scène des performances mêlant prose, chant et musique.

Il vit à Paris, anime des ateliers d'écriture, étudie le chant lyrique et pratique la boxe française.

"77" (2019) est son premier roman.

page Facebook : https://www.facebook.com/marinfouque/

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**77**, le premier roman de Marin Fouqué, est également disponible en livre audio ! Plus d'informations : https://www.actes-sud.fr/actes-sud-audio --- « Il lisait ses textes debout. *C'est peut-être un détail pour vous.* Mais pour moi ça veut dire donner corps au texte, ça veut dire lui prêter mon corps, ça veut dire lui tendre la chair, ça veut dire l'accompagner comme si le texte était un môme s'appuyant de ses deux mains sur ses cuisses pour se lever tant bien que mal, il tire la langue et bientôt son bassin tangue, il se vautre, la langue fourche, mais plein d'espoir il se relève, le coeur battant, et se jette d'un coup dans le vide, sa langue pulse et zigzague maladroitement jusqu'à trouver son propre rythme – fuite vers l'avant. Sur scène, je lis debout. Faire comprendre le texte ? de ça, je m'en fous. Ce qui m'importe, ce sont les chuchots, les cris, le flow, le souffle. Je veux montrer un corps mu par le texte. Un corps habité du texte. Un texte vivant de corps. Mais une fois privé de public, seul dans la lumière tamisée de cette cabine, il m'est devenu impossible de lire debout. Impossible de rester autant d'heures dans pareille position. Impossible de donner à voir un corps avec seulement le son. Et, impossible de savoir dans quelles conditions vous alliez ensuite écouter ce livre audio. Alors j'ai dû m'asseoir. M'asseoir dans la cabine face au micro. M'asseoir dans ce silence, là, sur le banc. M'asseoir dans le studio comme dans le 77 et y retrouver son narrateur, enfoncé dans sa capuche. Tous les deux sous l'abribus, au bord de la route, entre bitume et boue, au milieu des Grand-Champs. Ça faisait longtemps. J'ai eu beaucoup de joie à le retrouver. J'espère que lui aussi. J'ai eu honte, j'avoue. Honte et rage de ce qu'il avait subi. Subi à cause de moi. Est-ce qu'il m'en voulait encore ? Il ne m'en a rien dit. Comme les deux boloss pétris de virilité que nous sommes, on s'est juste contentés de se regarder, timidement. Puis il m'a tendu son joint, et je lui ai prêté mes cordes vocales. Lui, il parle dans les crânes. Moi, je sonne aux oreilles. À nous deux, c'était parfait pour un livre audio. J'ai commencé l'écriture debout – pour qu'on l'entende sans vraiment la comprendre. J'ai continué l'écriture assis – pour la faire comprendre sans avoir à la dire. Aujourd'hui je vous dis mon écriture, pour qu'elle résonne et que le môme de 77 se tienne à son tour, enfin – debout. J'espère qu'il vous parlera. » Marin Fouqué --- #livreaudio

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Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
A chaque intervention, à chaque garde à vue, c'est un peu plus de la nature humaine que tu déterres, ses sentiments les plus forts, ses émotions les plus enfouies. Pour les mineurs de fond de l'humanité, à chaque jour son coup de grisou. Tu te demandes où s'arrêtera le forage. La noirceur est une palette infinie de teintes, ébène, jais, corbeau, encre, ardoise, charbon et d'autres couleurs même pas encore répertoriées. Rien de trop spectaculaire, rien de très grandiose. Salement humain. (...)
Le policier, c'est un fonctionnaire, c'est fait pour fonctionner. Mais comment fonctionner dans le sombre ? Tout pareil que dans une mine : se plier en deux, ne pas trop réfléchir et oublier la machine à broyer les corps. Et surtout, travailler son humour. L'humour, ça rend presque nyctalope. Le plus dingue dans tout ça, c'est lorsqu'il y a de la tendresse. T'es pas préparé. Une mère fondant en larme lorsqu'elle retrouve son enfant de six ans dans le commissariat, ses caresses, leur étreinte ; aucun humour ne pourrait faire parade. Alors tu pleures ou tu te planques, au choix, ou les deux, et puis tu passes à autre chose.
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Un calibre n'est pas phallique. Pas intrinsèquement (...). Un calibre n'est qu'un outil. (...) Cause-détente-conséquence. L'outil nommé calibre est composé d'une multitude de ressorts. C'est la pression.Les balles sont disposées les unes sur les autres dans le chargeur. C'est la rue. Une fois le cran de sûreté repoussé, la culasse est tirée vers l'arrière et le chien s'enclenche. C'est la police. Discrètement, par ce geste, la balle a été menée dans la chambre. C'est l'enfermement. Une simple pression de la détente et le chien s'abaisse, frappe le percuteur qui, par combustion, propulse la balle dans le canon. C'est la violence. Les rayures internes au canon, en vrille, garantiront la stabilisation gyroscopique du projectile. C'est la justice. La balle sortira par la bouche du calibre à une vitesse de propulsion telle que, selon sa trajectoire, elle pourra engendrer la mort. C'est la libération avec récidive.
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Moi je ne réponds pas à vos questions. Parce que tout ce que je dis, ça sera retenu contre moi. Comme dans les films, le verre de scotch en moins. Si seulement c'était pareil dans la vraie vie. Pouvoir retenir tout ce que l'on dit contre soi. Pouvoir serrer ses mots, avec tendresse ou avec rage, comme un oreiller le soir dans sa chambre. Ca ferait déjà quelque chose à soi, de vraiment à soi, pas vrai ?
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«  L’abri , c’est simple. Le toit c’est contre la pluie , les murs c’est contre le vent et la dalle c’est contre la boue.Fonctionnel. Pour la vie. Pas besoin de plus. Un abri. Une grosse capuche. Du bon Pilon. C’est parti pour durer.. »
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Autour de nous, le silence, le silence du 77. Rien que le bruit de la terre, le grésillement des pylônes et le ronronnement permanent de la nationale derrière les grands champs, derrière le Gros Chêne, derrière l’obscur bois de Chailly, derrière la noire ligne d’horizon, ronronnement sourdine de la nationale entrecoupé d’aboiements, ça et là, chiens tirant sur leur colliers, carillonnant de leurs chaînes, se répondant par écho de clôture en clôture, aboiements qui traversent les terres grasses du 77 comme les puissantes lumières rouges à notre droite de l’antenne électrique du mont et les timides scintillements des rues désertes du bourg dans le lointain.
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Fallait avoir une vie bien calme pour avoir envie d’écrire sur la violence. Une vie de Parisienne par exemple. Là elle a souri. Enfin je disais quelque chose. (…) Elle a dit que la vie d’une femme, de Paris ou d’ailleurs, ça n’est jamais calme. Que les femmes, la violence, elles la connaissent mieux que n’importe qui puisqu’elles la vivent chaque jour. De plein fouet. Rien qu’en marchant dans la rue, le regard des chiens. Rien que ça. Toutes les femmes ne gagnent pas, mais toutes les femmes sont des battantes.
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Drôle comme les hommes se sont musclés de silence.
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La première claque du shit, tu t'en souviens longtemps. D'abord tu la crains, tu te dis que c'était la pire chose au monde, le pire moment de ta vie, plus que ça se reproduise, tu t'arrêtes bien avant que ses ressacs ne reviennent. Et puis un jour tu la regrettes. Tu te mets à se recherche. Tu l'idéalises. Un peu comme l'amour. C'est la mémoire qui te trompe. D'ailleurs, ça sert peut-être à ça la mémoire : trouver la vie belle au moins dans le rétro. Dans le rétro du tracteur de la vie, y a l'ancienne terre qui se retourne. Par vagues ça se retourne et puis plus rien n'est comme avant . Nouvelle terre. Belle terre bien grasse et sombre du sud 77.
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MÉTALLISÉE, MÉTALLISÉE, MÉTALLISÉE
Trois à la suite. Si lentement. C’est rare. Voilà pourquoi je m’en souviens. Cette journée a commencé comme un moteur qui démarre mal. Une hésitation. Une saccade. Trois longs râles. D’habitude, les cris des pneus, c’est court, c’est net, ça vibre le regard. Salve brève. Oui, d’habitude, ça déboule comme des balles d’un trait et ça brise la ligne droite et ça brouille la bande grise et la surface brune s’étirant derrière sur des kilomètres de marron à t’en perdre la vue, une tache qui passe, épis de blé se penchent, bref vrombissement, gravillons éjectés dans le fossé, virage au loin, poussière qui retombe, retour au silence. D’habitude, en règle générale, c’est métallisé et c’est rapide, ça ne fait que passer, ça ne s’attarde pas. Et pourquoi ça s’attarderait ? Courts cris stridents, ils foncent. Pour le boulot, pour le mouvement, pour le tumulte, foncent sur Paris, foncent sur le bitume, foncent dans le brouillard. Mais aujourd’hui, ce matin, c’était lent. Ça ne criait pas. Ça chantonnait presque. Comme une profonde inspiration avant le saut, une turbine en peine qui refuse la noyade, le bourdonnement d’un bourré qui dort, le bruit au-dedans du silo à grains ou le long râle du Fendi 301 du père Mandrin qu’on entendrait au loin, à peine sa silhouette aperçue au bout des terres que déjà son grondement dans tes oreilles et, de longues dizaines de minutes plus tard, ses jantes rouges sous ton regard, mastodonte, vastes cercles qui écrasent le bitume et disparaissent petit à petit en laissant le fracas et puis le vacarme et puis le bruit et puis le son et puis le souffle et puis l’écho et puis le chuchot et puis le doute et le soupir et puis plus rien. Le silence du 77. Oui, trois à la suite, métallisées, comme ça, aussi lentement, ce matin, juste avant que le car ne passe, c’est rare. Rare convoi. Comme si ça voulait marquer le coup. On l’a tous remarqué, on se l’est pas dit parce qu’on se dit jamais rien, mais on l’a tous remarqué. Ça se voyait à nos tronches, qu’on s’y attendait pas. Drôle de convoi. Surtout à cette heure-ci : le soleil presque pas debout, le brouillard qui mange encore la terre, le vent se lèvera bientôt. Alors on a fait de drôles de tronches et puis ont s’est tus. Renfoncer sa gueule dans l’abri. Drôle de convoi, n’empêche, pour un matin dans le 77. C’est rare d’en voir trois à la suite, de métallisées, qui passent si lentement avant même que le car arrive, s’arrête, se remplisse, reparte au loin sur la bande de bitume, le vrombissement du moteur et les doigts d’honneur par la grande vitre arrière, rectangle qui reflète et s’enfonce dans le 77. 77, c’est le département. Ça se revendique. C’est quelque chose. Plus grand que le 93, même, le 77. On ne dit pas soixante-dix-sept. On dit sept-sept. Comme une salve qui briserait le silence. C’est important, ici, le silence. Il est partout. Le ronronnement de la nationale au loin, le chant du tracteur, parfois, les pylônes électriques comme des cigales, toujours, et çà et là, des aboiements de chiens. C’est un silence spécial. Le silence du sud 77. On dit sud 77 parce qu’ici, c’est pas Paris. Tu peux partir en vacances dans le monde entier, à Rouen par exemple, tu verras, ils te diront Paris. Du coup on dit sud 77. Ça sonne plus exotique. Plus ailleurs. Ca sent presque la mer. On sait bien qu’on est du 77 mais ça marque la différence. Parce qu’ici, c’est pas Paris. Pas encore. Pas comme le nord 77. Ici, tant que le bitume n’aura pas tout recouvert, des vagues de bitume qui entourent l’horizon, ça restera chez nous. Et chez nous, c’est vert, c’est gris et c’est marron. Surtout marron. Vu d’en haut : quadrillage marron. Y a que le silo rond, la centrale électrique carrée, les pylônes triangles et les bagnoles rectangles qui sont métallisés. Et ce matin :
MÉTALLISÉE, MÉTALLISÉE, MÉTALLISÉE
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On avait tous des surnoms. Enzo, pas encore le Traître à l’époque, avait voulu se faire appeler Lieutenant Kurtz dès son arrivée, rapport à un de ses films chiants, mais ça a pas tenu. Ça tient jamais les surnoms quand c’est toi qui te les choisis. Sauf pour la fille Novembre. C’est qu’elle avait sa méthode pour qu’on s’en souvienne. Moi, mon surnom de l’époque, c’est pas nécessaire de le rappeler. Vraiment pas nécessaire. C’est là que le silence du 77, les pylônes et la nationale, ils devraient intervenir. Des bouches qui se ravalent. La fille Novembre, c’est elle qu’avait décidé qu’on l’appelle comme ça, rapport à une histoire d’horreur qu’elle avait lue ou entendue, une fille retrouvée morte en novembre et qui revient hanter, ou quelque chose dans le genre. Les histoires d’horreur, elle a toujours adoré. Alors tout petits on jouait au jeu de la fille Novembre : elle nous coursait et si on était attrapés, on devenait les morts vivants de la fille Novembre. Ensuite, elle a commencé à péter la gueule de tous ceux et toutes celles qui l’appelaient par son vrai prénom. Elle aimait pas son vrai prénom. C’est vrai qu’il était bien moche, il lui allait pas du tout. Au début, c’était difficile parce que les adultes et les vieux nous engueulaient quand on l’appelait la fille Novembre. Alors devant eux on disait son prénom, et une fois seuls entre mômes, elle nous pétait la gueule. Un à un. Costaud, la fille Novembre. Et puis, à force qu’elle nous pète la gueule, on s’est mis à la craindre davantage que les adultes alors on l’a plus appelée que la fille Novembre, du coup des vieux se sont mis à oublier son ancien prénom et des adultes se sont mis à confondre. Un jour, à un loto, la fille Novembre a fait la misère à sa mère parce qu’elle l’avait appelée par son ancien prénom. À partir de ce jour, même la mère de la fille Novembre l’a appelée comme ça, la fille Novembre, en public au moins. Elle le disait sur le ton de la blague, mais ça sonnait la crainte.
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