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Critiques de David Toscana (51)
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El ultimo lector

Voici un roman très dépaysant, dans l'espace (une région désertique et assoiffée du Mexique) et dans la littérature. Un bibliothécaire "désavoué" maintient coûte que coûte son activité dans un petit village reculé, triant dans son stock les livres "lisibles" et ceux dont les défauts de style ou de narration les destinent aux enfers (des insectes). S'ajoute à ce tableau un crime non résolu, qui est presque une péripétie dans l'obsession un peu folle du bibliothécaire.

Il faut voir, à mon sens, ce roman comme une émanation du réalisme magique sud-américain, doté d'une riche galerie de personnages, plein de poésie et d'allusions historico-politiques à côté desquelles il est facile de passer, mais sans que cela ne complique la lecture. Nombre de romans sont décrits et commentés, sans que l'on sache exactement ceux qui sont réels et ceux qui sont imaginés.
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El ultimo lector

A Imacole, bled paumé du nord du Mexique, la sécheresse semble ne jamais vouloir prendre fin. Seul Remigio a la chance d’avoir encore un peu d’eau au fond de son puits pour arroser son avocatier. Mais le jour où il y trouve le corps d’une enfant de 12-13 ans, il se dit que ce puits risque de lui attirer bien des ennuis. Cachant sa macabre découverte, il se rend chez son père Lucio, le bibliothécaire du village, pour lui demander conseil…



Pas la peine d’en dire davantage, ce n’est pas un roman qui se résume, c’est un roman dans lequel il faut juste croquer à pleines dents. Ne serait-ce que pour se régaler de la verve et de la lucidité de Lucio, un « ultimo lector » incorruptible passant au tamis de ses goûts littéraires chaque ouvrage aspirant à rejoindre les rayonnages de sa bibliothèque. Ceux n’ayant pas à ses yeux de qualités suffisantes finissent en enfer, une pièce où il élève des cafards dévoreurs de livres médiocres. « Le feu ne lui semble pas un châtiment approprié, car il confère à un livre prétentieux l’utilité de produire de la chaleur, la gloire de devenir lumière. L’enfer doit être quelque chose qui consume lentement, parmi l’urine et les mâchoires qui avec ténacité réduisent en miettes couvertures, jaquettes et photographies d’auteurs immortalisés, les hommes dans une pose intellectuelle, les femmes dans leur désir de beauté. » Lucio est donc un grand malade, un fou de littérature autour duquel va graviter une cohorte de personnages plus savoureux les uns que les autres.



C’est un texte qui peut paraître foutraque, où la réalité ne cesse d’être transfigurée par l'imaginaire, où l’on se demande si c’est la fiction qui devient réelle où si c’est le réel qui n’est que fiction. On peut facilement perdre le fil mais peu importe. C’est un texte auquel il ne faut pas tenter de résister. Se laisser prendre par la main, se laisser porter par les mots et profiter d’une atmosphère incomparable, hors du temps et des modes. Un grand moment de littérature ! Moi qui pensais être hermétique au réalisme magique latino-américain, je constate avec plaisir que ce n’est pas le cas. Borges me voila !
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El ultimo lector

Un livre en français avec un titre en espagnol ;-)

J'ai été attirée par ce titre qui parle de lectures... Malheureusement j'ai abandonné après 50 pages car trop complexe pour moi.

Le personnage principal, le bibliothécaire mêle la réalité à des contenus de romans sans séparer clairement du coup, je me suisse perdue...
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El ultimo lector

Perdu dans le désert mexicain, le petit village d'Icamole subit une sécheresse sans précédent. Les habitants sont tributaires des allers-retours quotidiens que Melquisedec effectue vers Villa de Garcia, la ville voisine, pour y chercher l'eau dans de grands bidons. Seul Remigio conserve encore secrètement quelques centimètres d'eau au fond de son puits. Grâce au précieux liquide, il peut sortir le visage frais et propre quand tous sont poussiéreux, et aussi arroser son avocatier aux fruits si doux. Pourtant, un événement tragique va le faire renoncer à son privilège de manière précipitée le jour où il trouve le cadavre d'une fillette dans son puits. Ne sachant que faire du corps, il va voir son père Lucio, le bibliothécaire du village. L'homme vit seul au milieu des livres, ceux qu'il aime et qui méritent de garnir ses étagères, et ceux qui, jugés indignes, vont en ''enfer'', condamnés à être rongés par les cafards. C'est dans les livres que Lucio trouve une explication à toutes les situations de la vie et pour lui la petite morte ne peut qu'être Babette, l'héroïne de la mort de Babette, un de ses livres français préférés...





Roman foisonnant dans la ligne directe du réalisme magique des lettres d'Amérique latine, El ultimo lector est une immersion dans la folie douce d'un village mexicain. Si le départ a des allures de polar avec la découverte d'un corps et donc d'un meurtre, la suite prend une toute autre direction. Qui a tué et pourquoi deviennent des questions secondaires devant les actes et les mots de Lucio et son fils qui ne prennent pas toujours les décisions les plus raisonnables mais se laissent porter par la littérature. Pour le bibliothécaire privé de salaire depuis que le gouvernement a décidé de fermer son officine, faute de lecteurs à Icamole, la vie se trouve au coeur des pages écrites par les auteurs, les vrais, de préférence français ou russes, qui seuls savent comment décrire les évènements passés, présents et futurs. Dans ce village où eut lieu une grande bataille dont l'histoire a été revue et corrigée au fils du temps, la fiction et la réalité s'entremêlent au point qu'il est difficile de les différencier. le lecteur peut s'y perdre lui aussi, d'autant que David TOSCANA aime à le perdre en gommant la ponctuation propre aux dialogues et en passant allègrement de son récit à la citation d'un extrait de l'oeuvre que lit Lucio. Mais on aime être déboussolé et promené dans ce monde romanesque où tout est littérature. S'échapper du réel est bien le désir du lecteur et cela prend ici tout son sens. La vie est littérature, L Histoire est littérature, le monde est littérature, l'imaginaire prend le dessus sur la littérature et c'est tout simplement magique. Lucio, le dernier lecteur, et sa conception personnelle de ce qui fait un bon livre saura transmettre son amour des livres à son fils qui jusque là s'en désintéressait totalement. Gageons qu'il saura aussi guider ses lecteurs dans le labyrinthe fantasque de son créateur. Une mise en abîme originale aux qualités indéniables, un roman à découvrir.
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El ultimo lector

Faire étape à Icamole lors d'une vuelta mexicana!

Icamole... guacamole

Oui, guacamole, entrée mexicaine à base d'avocats,

Avocats, avocatier, le noeud de l'affaire ?

Pommes, pommier, le coeur d'une autre...

avec Le pommier d'Alberto Santin (vous ne l'avez pas lu, moi non plus car tout est fiction et bien sûr fictif!)



La lecture, l'écriture c'est la vie. La réalité est le pâle reflet de la fiction.

C'est Lucio, le bibliothécaire d'Icamole qui le dit et qui veut nous l'enseigner !

Et si ce n'est pas le cas, si l'écriture ne lui plaît pas, hop, Lucio envoit le livre à la trappe, censurer, « en enfer » comme il dit encore.

Par contre, il y en a d'autres qu'il garde jalousement, qu'il aime et apprécie tant, qu'il les relit pour s'en repaître au sens propre comme au figuré. Ici, à Icamole, petit village aux portes du désert, il n'a pas plu depuis un an, rien à se mettre sous la dent où si peu. Alors on a faim, mais heureusement au Mexique, au détour d'un réelle ou au fond d'un jardin, il y a souvent un avocatier caché … Mais on a aussi soif, très soif car il fait chaud, très chaud .



David Toscana avec El ultimo lector nous entraîne dans une sarabande littéraire en imaginant dans un village isolé mais bien réel du Nuevo Leon, une affaire insolite et macabre. Romigio, être peu sociable, fils de Lucio, le bibliothécaire d'Icamole, découvre le cadavre d'une jeune fille au fond de son puits (c'est le seul villageois dont le puits n'est pas encore définitivement tari), comme s'il recueillait un fossile mais un fossile assez récent. Après avoir confié son secret à son père, il trouve l'énergie pour se débarrasser de ce corps envoûtant mais encombrant.



L'occasion pour Lucio de faire la démonstration de sa vérité: les livres sont les clés qui permettent d'interpréter la réalité mais surtout ils proposent des réponses aux questions que le lecteur peut se poser pour l'aider à résoudre des énigmes... aussi le temps de l'affaire, une des oeuvres de Pierre Laffitte, La mort de Babette, deviendra sa bible car la jeune fille disparue, Anamari, a de nombreux points communs avec l' héroïne du roman . Lucio apporte alors soutien et réconfort à son fils.

Et puis, et puis, l'enquête avançant clopin-clopant, la maman d' Anamari, elle-même grande lectrice, intriguée, décide de se rendre à Icamole pour rencontrer Lucio qui a aiguillonné la gendarmerie vers certaines pistes ...



J'ai bien aimé me faire balader par David Toscana dans ce récit qui oscille entre conte fantastique et philosophique, au fil des pages les limites entre fiction et réalité deviennent de plus en plus floues, s'estompant même dans certains passages.

Quand la fiction rattrape la réalité, où quand la vie imite l'art, la littérature ?



Lucio, pilier de cette nouvelle, propriétaire d'une bibliothèque sans lecteurs, a trouvé refuge dans les livres pour oublier son sort, noyer sa douleur :il n'a toujours pas fait le deuil d' Herlinda, son épouse disparue, malheureux et inconsolable, il ne sait comment la retrouver…



Dans ce récit, nous sommes tout simplement sous l'emprise des illusions et des fantasmes du bibliothécaire et de son fils. Mais quand l'eau revient, avec la pluie tant attendue, alors tout s'anime.

Pour ne rien gâcher, des scènes irrésistibles dignes de figurer dans un film de Federico Fellini pimentent les péripéties de cette aventure grand-guignolesque, façon salsa picante (c'est pour ne pas oublier le fil ….l'avocatier eh eh et le guacamole) alors que des réflexions littéraires plus approfondies nous amènent à réfléchir sur l'art, l'écriture en particulier, les enjeux de la littérature .



L'intrigue policière sert à plonger le lecteur dans l'attente d'une résolution matérielle qui ne viendra pas là où on l'attend car El ultimo lecteur nous amène en fait vers des énigmes métaphysiques : la vie, la mort, le deuil … le passage du temps et leur corollaire, la beauté, la jeunesse et la vieillesse, l'oubli et les souvenirs…



Une lecture surprenante où rêve et imaginaire sont à l'honneur.

Une lecture truculente où le désir est sous-jacent

Un livre où l'imagination est au pouvoir.

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El ultimo lector

Etrange et unique dans son genre ! De bonnes analyses sur l’être humain, les écrivains et les romans. Le fils du bibliothécaire (zéro lecteur) retrouve une fillette dans son puits. Son père associera tout à des textes de romans. De l’humour noire qui peut ne pas plaire à tous.
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El ultimo lector

C'est pas sa faute, à Remigio. Il n'a pas tué la petite Anamari qui a disparu, il l'a juste trouvée morte dans son puits encore en eaux quand ceux de tout le petit village d'Icamole sont à sec depuis des mois. Il aurait pu prévenir tout le monde d'arrêter les recherches, certes. Mais ç'aurait été reconnaître que depuis tout ce temps, lui disposait encore du précieux or bleu. Alors il enterre le corps et cherche de l'aide auprès de Lucio, son père, libraire esseulé d'un village qui ne lit pas. Lucio tente de reconstruire l'histoire du meurtre de la fillette grâce à ses lectures...



Quelle idée originale et fraîche que la trame de ce roman bien particulier ! Un lecteur acharné qui épluche les livres de sa bibliothèque que personne ne lit et vire tous ceux qui ont la moindre parcelle de stéréotype et ridicule (jubilatoire, pour un lecteur comme moi qui déteste romans de gare, chicklit et sentimentalisme fanatique), des personnages intrigants et des actions tout aussi étranges, un monde mélangeant littérature et réalité... Y a de quoi surprendre, surtout avec un style qui rappelle celui de José Saramago, sans ponctuation ou clarification sur la focalisation, sans narrateur précis, sans parfois savoir si on touche à la fiction/citation littéraire ou non.

Si l'idée est géniale, on finit quand même par se lasser à la moitié du roman. Les choses n'avancent pas ou peu, Lucio, ce personnage qui vit clairement dans une réalité qui n'est pas la nôtre, perd le lecteur avec ses digressions littéraires et surtout ses interprétations hors norme. On est dans l'absurde, mais un absurde atypique. C'est ce qui fait qu'on est tour à tour charmé et lassé dans sa lecture, une expérience intéressante, en soi.

Ce qui est finalement dommage, c'est que le meurtre qui lance l'histoire et surtout introduit l'idée de sa résolution par la littérature ne trouve pas de fin. C'est finalement l'essence même de ce livre, que de perdre son lecteur dans les tourments de l'interprétation sans apporter de vraie solution. Un concept qu'il n'est toutefois pas donné à tout le monde d'apprécier...

On pourrait, pour terminer, s'interroger sur le titre espagnol conservé (El Último Lector). Le choix n'est sans doute pas anodin, car sa traduction reviendrait à faire un choix entre deux possibilités et réduirait son sens à une seule définition. Si "ultimo" désigne bien évidemment le terme "ultime" en français qui veut dire "dernier", l'espagnol et le français nous offrent tous deux un synonyme à ce terme qui lui donne alors un sens nouveau et surtout plus profond : "ultime" dans le sens "extrême". Oui, Lucio est un lecteur extrême qui va au bout de sa passion, se débarrassant des livres qu'il ne supporte pas, mais surtout qui vit dans l'excessif en analysant la vie et le meurtre notamment de la fillette via la littérature. Il est certes le "dernier" lecteur d'Icamole, mais aussi le plus enragé. On prend réellement conscience de cette dualité quand, déjà on se pose la question du pourquoi ne pas avoir traduit le titre, mais aussi quand on voit sa traduction en anglais (langue dans laquelle je l'ai lu) "The Last Reader" et qu'on se dit qu'il y a perte monumentale dans ce parti pris. Surtout quand le Français lui-même utilise l'expression "c'est le truc ultimate" pour faire référence à quelque chose d'extraordinaire et de puissant. D'autant plus qu"ultimate", en anglais, possède lui aussi le double sens. Quelle perte dans le titre anglais !! Quelle perte sur le fond même de l'histoire !!! Bref, voici le pourquoi du comment.

Un roman donc particulier, à découvrir, peut-être en français pour ma part, mais pas forcément pour tout le monde.
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El ultimo lector

Lucio est bibliothécaire au village d'Icamole, au Mexique. Son fils, Remigio, retrouve au fond de son puit, la cadavre d'une jeune fille. Ce dernier demande conseil à son père qui lui conseille de l'enterrer comme l'aurait fait le personnage du livre "La fille du télégraphiste". Lucio va même jusqu'à comparé la jeune fille morte au personnage du livre, l'appellant ainsi Babette. Le bibliothécaire semble ainsi mélanger fiction et réalité...



L'histoire de ce bibliothécaire un peu fou, nageant dans la réalité comme dans la fiction, m'a attiré par son côté loufoque ! De plus c'était une bonne occasion vu que je me suis inscrite récemment au challenge "Le nez dans les livres" de George !

Je précise tout de suite que nous rentrons ici dans un univers assez spécial, où il est difficile pour le lecteur de savoir ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. En effet, la typographie du texte ne donne aucun indice au lecteur : pas de guillemets, pas de citations, et très peu de paragraphes... Il s'agit donc ici d'une lecture assez difficile ou du moins qui demande réflexion et attention.

Cependant, en tant que bibliothécaire et lectrice, j'ai bien aimé le personnage de Lucio qui m'a amusé : sa façon de censurer certains livres réservés aux cafards, sa façon de repousser les lecteurs dans SA bibliothèque... bref vous l'aurez compris, un personnage très "space" :)

La fin m'a laissé quelques interrogations, mais m'a également fait sourire puisqu'elle est assez attendue !



J'espère que je ne vous aurez pas détourner de ce livre par mes différents avertissements ;)
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El ultimo lector

Je suis plutôt partagée à la suite de cette lecture. D'abord, j'étais contente de découvrir la littérature mexicaine avant une virée au Salon du Livre, qui plus est chez Zulma avec une très jolie présentation, la quatrième de couverture était particulièrement alléchante… Bref, un avant-goût tout à fait enthousiasmant. Bon, je ne dirai pas que j'ai été déçue, pas vraiment, j'ai lu le livre jusqu'au bout, sans déplaisir, mais je crois que la littérature sud-américaine, ou mexicaine du moins, n'est pas faite pour moi !

Le petit village d'Icamole est en pleine sécheresse lorsque Remigio trouve dans son puits le corps d'une fillette. Craignant d'être accusé de l'avoir tuée, il cherche le conseil de Lucio, son père, bibliothécaire plus ou moins « autoproclamé » du village, qui ne lui est pas d'un grand secours, car il ne vit que dans ses livres, tout du moins ceux qu'il n'a pas jeté au pilori pour diverses raisons. La police enquête, la sécheresse s'aggrave, l'avocatier donne des fruits, un homme est accusé, la mère de la fillette vient au village, et Lucio continue de fuir dans ses lectures. Vous l'aurez compris, ce personnage m'a insupporté au plus haut point, alors que j'ai apprécié les autres personnages et ce manque d'empathie est pour beaucoup dans le fait que je n'ai pas trop accroché. Sinon, ce livre est original, les digressions dans des romans imaginaires ne m'ont pas dérangée, elles m'ont évoqué parfois Paul Auster (il y a pire comme référence !) et j'ai bien aimé m'immerger dans l'atmosphère lourde de cette bourgade.

C'est un écrivain à découvrir, mais en sachant que c'est tout de même assez spécial.
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El ultimo lector

Lucio est bibliothécaire à Icamole, village perdu souffrant de la sécheresse; personne n'emprunte de livres, d'ailleurs officiellement la bibliothèque est fermée.



"Par-dessus tout, il avait méprisé les méthodes utilisées pour cataloguer. Un spécialiste avait expliqué la manière de ranger les livres selon le sujet, la date de publication, la nationalité de l'auteur et d'autres critères, en leur assignant des nombres et des lettres. Jamais il n'avait parlé de séparer les bons livres des mauvais. En revanche, il avait assuré que le critère principal de classification était basé sur le concept de fiction et de non fiction. Lucio avait été profondément déçu par le discours de ce spécialiste. Il ne pouvait pas croire que cette classification eût été conçue par des gens qui connaissent les livres, la littérature, il n'était pas possible de se trouver démuni au point d'assigner à une chose un nom sans rapport avec elle . En outre, où était la frontière entre l'un et l'autre? Où prenaient place les mémoires d'un ancien président? Un roman historique ? Les vies des saints? De quel côté devait se trouver le témoignage d'un soldat? En cas de contradiction entre deux livres d'histoire ou entre deux livres sacrés, qui décidait lequel des deux devait rejoindre les fictions?"



"Lucio avait des idées claires. Un livre d'histoire parle de choses qui sont arrivées, tandis qu'un roman parle de choses qui arrivent et, ainsi, le temps de l'histoire contraste avec celui du roman, que Lucio appelle présent permanent, un temps immédiat, tangible et authentique. Dans ce temps là, Babette existe, (...), Babette ne pourrait jamais se trouver sur une étagère, étiquetée comme une fiction. Dans ce présent permanent une main mystérieuse s'empare de Babette chaque fois que quelqu'un ouvre le livre à la dernière page,..."



Rémigio le fils de Lucio trouve dans son puits le corps d'une fillette et pour Lucio, c'est sûr, il s'agit de la même histoire que celle de Babette, et Lucio convainc Rémigio de l'enterrer comme il est fait dans un autre livre, il aiguille la police sur un coupable en suivant un autre récit, bref même la mère de la fillette était déjà convaincue que sa fille aurait un sort funeste à cause de sa ressemblance avec Babette (car la mère a aussi lu le livre...).



Embrouillé ? Eh bien pas trop, finalement! Il faut quand même s'accrocher un peu pour suivre les péripéties virtuoses de ce livre original où le véritable héros c'est le livre et où se mêlent réalité et fiction.


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El ultimo lector

Lucio vit à Icamole, un petit village mexicain où sévit une importante sécheresse. Il y a tenu une bibliothèque, avant qu’elle ne soit fermée par les autorités, faute de lecteurs; veuf et seul, il y passe ses journées à lire, censurant les ouvrages qui ne satisfont pas à ses critères littéraires. Il n’est pas rare qu’il harangue des passants, comme s’il n’avait pas quitté les pages qu’il vient de lire, les frontières entre le réel et la fiction étant pour lui fort poreuses. Lorsque son fils Remigio lui apprend qu’il a découvert le cadavre d’une fillette dans son puits, c’est par la littérature qu’il va communiquer avec ce dernier, et qui sait, peut-être en faire un lecteur… J’ai beaucoup aimé ce roman de cet auteur mexicain que je découvre, qui met de l’avant tant une critique sociale, avec son côté polar, qu’un questionnement sur l’écriture : qu’est-ce qui fait de la bonne littérature ? Une ode au refuge extraordinaire qu’est la lecture.
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El ultimo lector

Le village d’Icamole tire sa fierté d’un épisode historique, celui de la défaite de Porfirio Díaz face aux forces loyalistes du gouvernement fédéral. La lettre qu’un soldat écrivit alors à sa bien-aimée pendant sa longue agonie sur le champ de bataille en est devenue l’emblématique relique. Mais cet événement remarquable, à part pour les habitants d’Icamole, est dorénavant aussi oublié que l’océan qui, dans un passé bien plus lointain, a recouvert ces terres qui n’en gardent plus que quelques fossiles.

Ecrasés par une terrible et interminable sécheresse, les villageois doivent leur survie aux bidons d’eau fournis par les autorités, que le vieux Melquisedec transporte dans sa carriole. Remigio avait jusqu’à présent pu se passer de cet approvisionnement, le fond de son puits conservant un reste d’eau. Mais ce dernier est inutilisable depuis qu’il y a trouvé le cadavre d’une fillette à la peau blanche et aux yeux gris.



Il ne confie cette découverte qu’à son père Lucio, bibliothécaire de ce village où personne ne lit. Il n’empêche, il a fort à faire avec toutes ces caisses de livres pour décider de ceux, rares, qui auront mérité de rejoindre les rayonnages de sa bibliothèque. Les autres échouent dans une pièce condamnée, où ils sont dévorés par les cafards. Il faut dire que Lucio exerce envers la littérature une intraitable exigence : il la veut à la fois crédible et extraordinaire, réaliste mais dénuée de toute considération bassement matérielle -rien ne l’horripile davantage que les détails consuméristes rappelant l’hégémonie de la culture états-unienne. Il attend des livres une vérité lui expliquant le monde, et ne comprend pas l’abîme qui pour les autres sépare la vie du papier. Lui-même interprète les signes du réel à l’aune des intrigues de ses romans préférés.



C’est ainsi que dans "El ultimo lector", la réalité se colore des possibilités de la fiction et en perd du même coup son caractère définitif et certain. Le sens à donner aux événements y fluctue, et l’atmosphère qui hante le village, que l’enquête sur la disparition de la fillette sort à peine de sa torpeur, en acquiert une dimension onirique qui semble à tout moment pouvoir virer au cauchemar.



Pour autant, ses héros sont quant à eux bien palpables, ne serait-ce que par l’ampleur de la solitude qui les plombe, révélée à Remigio par son obsession pour le cadavre enterré dans son jardin, qu’il tente d’adoucir en caressant la peau d’avocats glissés dans ses draps.



A lire.
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El ultimo lector

Dans un village perdu du désert mexicain le jeune Remigio pêche, au fond de son puits, le cadavre d'une petite fille. Avant que quiconque ne le découvre, son père Lucio le convainc de faire disparaitre le corps, sans rien dire, alors même que la police enquête sur sa disparition.

Lucio est un drôle de type. Il tient la bibliothèque d'un village où personne ne lit. Il est le seul à consulter les ouvrages avec lesquels il entretient de curieux rapports. Il les soumet à une censure drastique selon des critères fantaisistes connus de lui seul, vouant aux oubliettes ce qui n'a pas l'heur de lui plaire. De plus, il a la fâcheuse tendance à lier tout ce qui arrive aux livres qu'il a lus, se tournant souvent vers les fictions qui jalonnent ses étagères pour y trouver l'inspiration. Aussi il ne peut s'empêcher d'établir une correspondance entre la jeune morte du puits et l'héroïne de son livre favori " La mort de Babette ". Comme elles se ressemblent physiquement, Lucio nomme donc la petite inconnue Babette et suggère à son fils de l'enterrer sous l'avocatier du jardin, comme le fait le tueur dans le roman intitulé "Le pommier "...



L'intrigue serpente à travers la trouble histoire d'amour de Remigio avec les fruits de son avocatier et la fille morte, mêlée à l'énigmatique rencontre de Lucio avec la mère de celle-ci. La frontière entre la fiction et la réalité, déjà bien floue, le devient encore plus lorsque cette mère admet avoir également confondu le personnage fictif de Babette et sa vraie fille et qu'elle ne semble pas très intéressée par la recherche de son meurtrier.

Cette histoire de meurtre s'avère être presque un prétexte pour révéler le thème central qui est Lucio en tant que lecteur puisque toute l'intrigue est guidée et expliquée à travers ses lectures. Elle dissimule une réflexion subtile, un peu trop pour moi.., sur le sens de la littérature en tant que création artistique et la relation auteur-livre-lecteur.

J'ai trouvé ce roman extrêmement déconcertant. En créant la confusion, David Toscana m'a désorientée et bousculée dans mes habitudes de lectrice indécrottablement accrochée au réel pour m'entraîner dans une sorte d'étourdissement où la compréhension de la réalité ne cesse de se désintégrer. Une drôle de lecture qui m'a donné du fil à retordre !

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El ultimo lector

Bien qu'il soit bien écrit, ce roman nébuleux et onirique est une lecture que je ne conseillerais pas à tout le monde. Ce roman pousse à la réflexion mais possède un coté dérangeant sur les sujets suivants : la mort, les auteurs américains et les femmes dans la littérature. DavidToscana peut être considéré comme un auteur kafkaïen et n'est pas donc à la portée de tous.
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El ultimo lector

Bof ! Roman très difficile à lire. L'action se passe dans un petit village mexicain dévasté par la sécheresse. Un jour, Rémigio trouve le cadavre d'une fillette au fond de son puits. Il vient en parler à son père, Lucio, bibliothécaire un peu fou qui alors même que sa bibliothèque est fermée faute de lecteurs, continue à vivre et penser au milieu des livres. Ensuite, ça se complique car Lucio tente de résoudre le mystère de la mort de la fillette par le prisme de romans. Cela lui rappelle l'intrigue d'un roman puis celle d'un autre et le lecteur bascule sans cesse entre la réalité et les fictions. Et comme ce serait trop banal de marquer la différence de manière typographique, tout est mélangé et on s'y perd. On a affaire à une mise en abyme littéraire que j'ai trouvée, personnellement, prétentieuse et inutile. Au final l'enquête n'est pas totalement résolue. Donc bof, lecture inutile qui m'a fait perdre mon temps.
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El ultimo lector

Voici encore un livre comme je les aime, loufoque, déjanté, jubilatoire, cocasse, bref qui sort de l'ordinaire des romans actuels.



Il faut dire que c'est un roman mexicain et que la littérature sud américaine est connue pour être dégagée des oeillères de la littérature européenne, dans les thèmes mais également dans le style .



El Ultimo lector ne fait pas exception, c'est un livre qui nécessite une certaine concentration mais quel bonheur quand on se laisse porter par l'écriture et la verve de l'auteur qui m'a fait penser à Gabriel Garcia Marquez.



L'histoire est celle d'un tout petit village mexicain, Icamole, perché sur le mauvais côté de la montagne, celui où il ne pleut jamais, celui où sévit la sécheresse.



Un jour, un paysan, Rémigio, le seul qui a encore un puits avec de l'eau, découvre en son fond le corps d'une fillette inconnue.



Dans le contexte historique du village, cette découverte le terrorise, il craint qu'on le désigne coupable de ce meurtre. Il fonce donc voir son père Lucio, le bibliothécaire du village pour lui demander conseil.



Cette enquête pour trouver l'assassin de cette petite fille n'est qu'un prétexte, en fait les personnages principaux sont Lucio le truculent bibliothécaire improbable d'un minuscule village où personne ne lit et la littérature elle même !!!



Lucio, qui a été nommé bibliothécaire par hasard grâce à une mesure culturelle gouvernementale, s'est pris au jeu et ne vit que pour ses livres, même depuis que la Région lui a retiré tout subside et lui a intimé l'ordre de fermer la bibliothèque faute de lecteur.



"Lucio envoya une lettre pleine de colère aux autorités de l'Etat, déclarant que si l'eau est d'autant plus nécessaire en plein désert, comme la médecine l'est à la maladie, les livres sont d'autant plus indispensables là où ne personne ne lit . "



Lucio a une conception bien particulière de la sélection de livres à intégrer dans sa bibliothèque et de la censure, les livres qui ne lui plaisent pas selon des critères très personnels sont donnés à manger aux cafards dans une pièce dédiée.



A l'occasion d'un symposium de bibliothécaires dans la capitale régionale voici une de ses remarques : " Un spécialiste avait expliqué la manière de ranger les livres selon le sujet, la date de publication… Jamais il n'avait parlé de séparer les bons livres des mauvais. "



Il fustige la littérature formatée américaine, occidentale qui perverti le lecteur.



Et c'est donc tout naturellement que les conseils qu'il donne à son fils afin de gérer le problème du corps et la recherche du coupable, il les trouve dans la littérature et notamment dans l'histoire d'une petite fille Babette issue d'un roman français qu'il affectionne.



Il faut préciser que, sur la forme, l'auteur passe de la narration de l'histoire à la citation d'extraits de livres de la bibliothèque de Lucio sans aucune précision de ponctuation ou de mise en page. Ce qui fait qu'au début , on peut être un peu perdu, ne pas savoir si on est dans l'histoire ou dans les livres de l'histoire. Mais finalement, rapidement on s'habitue et ça fait partie du charme et de l'objet de ce livre… tout est romanesque, tout est littérature.



Il faut juste lâcher prise sur ses réflexes habituels et se laisser porter par le charme indéniable de cette langue.



A lire !!!


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El ultimo lector

réflexion sur les frontières entre fiction et réalité

Bien sûr on pense tout de suite au Maître Garcia Marquez, et le nom même de Melquisedec m'a rappelé la prophétie de "cent ans de solitude" de Melquiades, mais l'écriture ici est sèche, épurée, elle n'est pas dans la séduction.

Et Lucio le bibliothécaire ne se laisse séduire ni par la détresse de son flls, ni par les livres faciles à ses yeux ni par un possible amour.

David Toscana ne nous laisse nous appesantir ni sur les causes (la faim, la sécheresse, la culpabilité ?) ni sur la résolution de l'énigme, un bon auteur ne s'y abaisserait pas.





Le Mexique reste au coeur de cet ouvrage avec Porfirio Diaz, qui finit ses jours à Paris, dont le règne de trente ans se termine avec l'insurrection de Francisco Villa.
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El ultimo lector

Un village perdu du Mexique dans lequel le bibliothécaire, Lucio, li tous les livres avant de les mettre en rayon ou de les censurer. Lorsque son fils retrouve le corps d'une jeune femme dans un puits, il va voir son père qui s'inspire de ses lectures pour lui répondre. Un bel hommage à la lecture et aux auteurs, mais un livre dans lequel il est difficile de rentrer.
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El ultimo lector

Un livre sur les livre et un lecteur chouette je me suis dit. Au départ du livre, tout va bien. Un mort, la sécheresse, une bibliothèque ou personne ne vient et ou son bibliothécaire à sa façon bien à lui de trier et censurer les livres. Bref du tout bon. Puis plus en s'enfonce dans le livre, plus la lecture devient décousue le personnage principal entre dans des délire entre ses lectures et la réalité le livre devient difficile à suivre et a lire. Bref j'ai même pas terminé le livre...
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El ultimo lector

Premier roman roman de cet écrivain mexicain à être traduit en français, il raconte l'histoire étrange qui se produit dans le petit village d'Icamole, pas très loin de la ville de Monterrey. Terre de sécheresse et de pauvreté, cette région doit faire appel à l’État pour être ravitaillée en eau potable. C'est l'étrange Melquisedec qui est chargé de cette tâche jusqu'au jour où les gendarmes l'arrêtent pour le meurtre présumé d'Anamari, petite-fille de douze ans disparue sans laisser de traces.

Pourtant, Remigio, lui, sait où se trouve l'enfant. Il est le seul à avoir encore un peu d'eau au fond de son puits, et c'est là qu'il découvre le petit corps sans vie, un œil gris encore ouvert, abandonné. Il s'ouvre de cette horreur auprès de son père, Lucio, et cherche une solution pour échapper à d'inévitables soupçons. Lucio est un homme étrange, veuf inconsolable depuis la mort d'Herlinda, tuée par la piqûre d'un scorpion. Fou de lecture, il s'instaure bibliothécaire dans un village où personne ne lit. Il reçoit ainsi des dizaines de livres qu'il parcourt soigneusement, écartant sans pitié ceux qu'ils jugent indignes, mal écrits, sans intérêt. Censeur impitoyable, il jette en « enfer » les livres condamnés, c'est-à-dire dans une pièce où les cafards se chargeront de les détruire. Lecteur fou et passionné, il recherche la vérité quant au crime dans ses lectures, mêlant de façon anarchique et subtilement logique faits réels et faits écrits. Le lecteur que nous sommes finit par s'y perdre, à la recherche d'une improbable logique. Ce poète ne perd pourtant pas le Nord quand il demande à Remigio de vérifier si la culotte de la petite a été mise à l'envers, ce qui supposerait aussitôt un crime sexuel !



Quand l'enquête commence, père et fils se débarrassent du corps en l'entrelaçant dans les racines de l'avocatier, référence à un prétendu livre d'un soi-disant auteur français, « La mort de Babette », de Pierre Lafitte, où l'enfant enlevée et tuée finissait entre les racines d'un pommier dont les fruits prenaient la forme de visages d'enfant.

La mère d'Anamari apparaît à la bibliothèque et tombe sous le charme du vieil homme. Lectrice assidue, elle aussi, elle connaît le roman de Lafitte et se laisse entraîner dans le délire de Lucio.



L'avocat, à la peau aussi douce et lisse que celle d'une femme, est le prétexte à images érotiques, omniprésent dans le livre, comme le symbole même du Mexique.



Absurde, poésie, fantastique, pseudo-références historiques s'entrelacent avec un récit somme toute assez pauvre en événements. Le tout déconcerte, fascine par moments, lasse à d'autres. Une écriture étrange et originale qui donne envie de lire d'autres romans de David Toscana.

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