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Critiques de Delphine Grouès (36)
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Cordillera

Au Chili, au début du vingtième siècle, la Cordillère de Andes est le domaine de la famille Silva. Cecilio, le père veille sur sa famille avec une bienveillance quasi-muette, peu enclin à utiliser les mots pour dire les sentiments, accomplissant son travail de muletier dans le respect des traditions, auprès de Luisa, la mère héritière d’un savoir ancestral mapuche, utilisant le pouvoir des plantes et des chants traditionnels. Ce sont ces mêmes mots manquants qui conduisent Esteban vers sa destinée de poète, tandis que son frère Joaquin rêve d’aventures lointaines. La guerre, l’amour, les deuils viendront contredire les aspirations de chacun en modifiant le destin qu’ils pensaient se choisir.



Ce voyage littéraire en Amérique du Sud cent ans plus tôt est un dépaysement total, qui nous plonge au coeur de la vie quotidienne de paysans vivant dans un dénuement accepté. Malgré tout, le respect apparent voué aux maîtres s’assortit d’’un mépris pour l’incompétence du « patroncito ». On découvrira aussi les conditions de travail aberrantes des travailleurs des mines de salpêtre, bientôt détrônées par d’autres richesses souterraines.



Evocation passionnante d’une époque révolue, ce roman est porté par une très belle écriture qui flirte avec la poésie.



330 pages Cherche midi 12 janvier 2023

#Cordillera #NetGalleyFrance
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Carmen et Teo





La famille de Téo est originaire de l’Atacama, où l’on travaillait à extraire le salpêtre destiné à fertiliser les campagnes du monde entier mais qui tuaient ceux les travailleurs, jusqu’au jour où une explosion fait de terribles dégâts. La famille quitte alors la région pour la ville.



« En cette année 1959, des centaines de familles partaient en errance, cœurs étreints par l’angoisse du lendemain. »



Toute sa vie, Téo gardera dans le cœur ces Indiens Ayramas, vivant sur les hauts plateaux des Andes et cherchera à cultiver leur culture, leurs coutumes. Son père est un loser, alcoolique et violent, c’est la mère Atina qui fait tourner la maison. Du fait de leur pauvreté, Téo se fera maltraiter à l’école.



Carmen Castillo vient d’un milieu bourgeois ; elle a un caractère affirmé comme ses parents Fernando et Monica, car elle doit trouver sa place dans la famille. Son arrière-grand-père maternel était président du Sénat, et dirigeait un des principaux journaux politiques de l’époque, jusqu’à ce qu’un colonel prenne le pouvoir et le contraigne à l’exil.



Deux milieux complètement différents, donc, mais un engagement politique quasi identique. Carmen est proche de Beatriz Allende, fille aînée de Salvador Allende, admiratrice de Guevara et du régime castriste.



On va assister à la lutte de chacun pour que Salvador Allende arrive au pouvoir, certains plus violents que les autres adhèrent aux méthodes controversées du MIR le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire.



Mais, pour la CIA et Nixon en tête, il est inenvisageable qu’un autre pays d’Amérique du Sud devienne « communiste », pour eux, le mot socialisme signifie communisme, œil de Moscou etc… qu’à cela ne tienne, Nixon va dépenser des milliards de dollars pour finance la campagne de candidat de la droite dure, Eduardo Frei, allant jusqu’à envoyer des armes…



En effet Salvador Allende, contrairement aux sondages de la CIA a fini par être élu, dans la liesse populaire et tenter de redistribuer les richesses détenues par les familles catholiques : augmentation des salaires, nationalisations… Mais, l’inflation galopante se profile, les denrées alimentaires se font rares, le général qui était un peu trop « favorable » au président finit par démissionner et l’armée fait appel à « un général discret et obéissant » : Augusto Pinochet pensant qu’il était facilement manipulable (comme un certain KGB fit plus tard appel à Vladimir Poutine, le pensant suffisamment peu futé pour être manipulable !!!



On assiste à un soulèvement de l’armée, télécommandé par Nixon et ses sbires, Salvador Allende refusant de quitter le palais présidentiel va se suicider sur place enregistrant un message d’adieu très fort et émouvant, et la dictature de Pinochet se met en place avec ses arrestations, ses tortures, des milliers de personnes vont ainsi « disparaître », on va jusqu’à les jeter du haut d’un avion en haute mer (technique très appréciée et largement utilisée par Salazar au Portugal)



Ce roman retrace l’histoire du Chili durant la brève présidence de Salvador Allende et les années de la dictature. Teo va être arrêté et torturé mais tiendra bon, les arrestations et les disparitions parmi leurs proches vont se multiplier et Carmen sera contrainte à l’exil. Mais les plus convaincus ne renonceront jamais à résister, avec des commandos formés à Cuba par exemple comme ce fut le cas pour Teo.



A travers l’histoire de ces deux familles, on a l’histoire de la résistance à la dictature et la douleur de l’exil. Carmen se persuade qu’elle amoureuse d’Andrés Pascal Allende, et confond l’amour avec l’admiration pour son militantisme ; elle finit par l’épouser tout en sachant qu’elle s’enferme dans une autre cage, car le statut des femmes n’est pas terrible…



« Révolutionnaire ou non, la domination masculine était bel et bien une réalité. Elle admirait Andrés qui l’avait initiée à nombre de découvertes, à la militance active. Depuis qu’elle s’était plongée dans l’aventure du Mir, elle aspirait à plus encore d’intensité, plus d’espace pour s’épanouir… »



Comme Carmen, Teo rejoindra le Mir, en quête de ce qu’il appelle une communauté, une autre famille en somme.



J’ai beaucoup aimé ce roman historique, surtout pour tout le rappel du contexte politique du Chili, mais les héros sont très intéressants (ce qui n’est pas toujours couru d’avance, car il y a souvent un décalage entre l’Histoire et la petite histoire et là je trouve que les auteurs s’en sortent très bien.



J’ai suivi de près la période « Pinochet » au Chili, comme celle de toutes les dictatures qui se sont succédé en Amérique du Sud d’ailleurs : comment ne pas se souvenir de tous ces dictateurs dans leurs habits de lumière trônant aux obsèques de Paul VI par exemple !) et Pinochet ne sera jamais jugé de son vivant, malgré des initiatives courageuses, conduisant à son arrestation en Grande-Bretagne en 1998. Comment oublier que ce vieillard diminué en fauteuil roulant, a envoyé promener le fauteuil dès qu’il a posé le pied sur le sol chilien à sa descente d’avion, bras d’honneur au monde entier ! il ne sera jamais inquiété et s’éteindra en 2006 ! avec un détail croustillant : pas si à l’aise que cela, le vieillard soi-disant amnésique, il a demandé à être incinéré pour être sûr que sa tombe ne soit pas profanée !



Certains des protagonistes m’ont un peu dérangée par leurs méthodes ultra-violentes, et leur militantisme forcené sans concession leur jusqu’au-boutisme mais on voit Teo évoluer, prendre ses distances avec eux, il est capable d’entendre les idées des autres sans les rejeter de manière systématique comme il le faisait au début.



L’écriture est belle, très rythmée, on ne s’ennuie pas une seconde et la couverture est très bien choisie!



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock Arpège qui m’ont permis de découvrir ce livre passionnant ainsi que les deux auteurs et d’apprécier la qualité de leur travail.



#CarmenetTeo #NetGalleyFrance
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Cordillera

C’est assez rare que je fasse des incursions du côté sud de cette Amérique dont j’ai fait ma zone littéraire de prédilection. Pas par rejet, mais que voulez-vous, il faut bien faire des choix !



Toutefois, déjà séduit l’an passé par les premiers titres (Robert, Harté…) de cette collection Les Passe-Murailles du Cherche-Midi qui fait s’accorder l’histoire et un lieu, je n’ai pas eu beaucoup de mal à ouvrir les pages de Cordillera de Delphine Grouès.



Quand on est né au pied de la cordillère des Andes dans le Chili du XXe siècle qui débute, on devient généralement et rapidement un arriero, ces éleveurs fiers et sombres dont la chaîne de montagne est la 2e maison, y faisant d’incessants séjours pour y transhumer ou surveiller les bêtes.



C’est encore plus vrai dans la lignée familiale des Silva, clan historique aux légendes et rivalités entretenues depuis des lustres, désormais mené par Cecilio. Si son fils Joaquin n’a de cesse que de prendre son tour au cœur de la cordillère, l’autre, Esteban, est attiré par les arts et la littérature poétique.



De manière subie ou choisie, la vie et l’attrait du monde qui naît ou renaît va les séparer, dans une fresque aux accents épiques les plongeant dans les troubles ou luttes sociales et politiques de l’époque. Avant que la cordillère ne les rappelle.



Dans un récit alterné mêlant les voix de Joaquin, Esteban et Cecilio, Delphine Groues nous embarque dans une saga familiale au rythme enlevé où la cordillère des Andes joue le rôle principal aux côtés de la Pachamama, terre nourricière à qui ils doivent tout.



Dure, dangereuse et hostile, la montagne agit pourtant comme un aimant pour les Silva, les attirant sans cesse pour les faire venir ou revenir vers ce marqueur familial qui guide leur destinée. Là où l’on naît, où l’on travaille, où l’on souffre et où l’on se découvre. Mais aussi là où l’on finit par revenir et rester, quand le temps est venu.



« Quand on a des malheurs, quand ceux qu’on aime nous manquent, il faut aller vois la Cordillère et le lui dire. Elle est la seule assez forte pour soutenir le cœur s’il est lourd ».



Multipliant les angles et leur faisant prendre des importances différentes selon les parties du livre – plus familial au début, puis davantage politique et historique - Cordillera est un livre dense et riche, mais parfois déconcertant dans le fil de sa trame, dont j’ai fini par être plus spectateur que lecteur intégré. Dommage, mais pas grave.



Mais heureusement, ses personnages sont particulièrement travaillés et réussis, notamment les acteurs « secondaires » : Luisa la mère guérisseuse ou Evaristo et Demetrio les oncles arrieros. Et c’est un des points forts du livre et du travail de son auteure. Alors comme pour tous les premiers romans, j’ai maintenant hâte de lire le prochain, pour forger plus solidement mon avis.
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Cordillera

A l'aube du 20ème siècle, la famille Silva vit dans un village de la cordillère des Andes, au Chili. Parmi les membres du clan, certains sont de fiers montagnards, d'autres de courageux paysans. Ainsi, Cecilio travaille à l'hacienda voisine. Taiseux, il n'en est pas moins respecté et craint, y compris par son patron. Sa femme Luisa, d'origine mapuche, a des dons de guérisseuse. Ils ont deux fils : Esteban, l'aîné, se découvre très jeune un talent pour la poésie, et le goût des études. Joaquin, lui, est davantage ancré à la terre et à la montagne, et rêve d'aventure au grand air. A peine adultes, les deux jeunes hommes seront contraints de quitter leur village, le premier pour Valparaiso, où il travaillera dans l'imprimerie, l'autre pour le désert d'Atacama pour y accompagner son patron qui prospecte dans les mines de salpêtre et de cuivre.

Chacun suit sa route, et tous, au village ou ailleurs, connaîtront des drames, des amours, des désillusions, la violence et la mort, au sein d'une nature toujours âpre.

« Cordillera » est à la fois une chronique familiale et un roman d'apprentissage, qui se pique en outre d'une pincée de réalisme magique.

Ce n'est pas désagréable à lire, ce n'est pas mal écrit, mais je n'ai pas trouvé cela très convaincant. J'ai eu l'impression que l'auteure a voulu dresser un portrait du Chili, de ses paysages si contrastés et d'une partie de son histoire sociale, en particulier l'émergence des luttes ouvrières dans le nord du pays, mais les thèmes sont trop survolés pour être marquants. Quant aux personnages, ils sont trop stéréotypés, certains pas assez développés, et les péripéties assez prévisibles. En ce qui me concerne, je n'ai rien trouvé de mémorable ou de consistant dans ce roman.



En partenariat avec les Editions le Cherche Midi via Netgalley.

#Cordillera #NetGalleyFrance
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Cordillera

La poésie ne lâche jamais l'un des siens.



Très jeune Esteban , le fils des péons Cécilio et Luisa, se doit de suivre les pas de son oncle poète Demetrio, alors que son petit frère Joachim souffre de la petite vérole.

Cet oncle aveugle le guide dans la voie qui lui est destinée. Il se prend d'amour pour les mots et leur douceur, en grandissant et de retour dans sa famille, il lit tout ce qu'il trouve et découvre.

Jusqu'à ce jour tragique, ce jour qui a jeté un voile obscure sur sa tête, ce jour où il perd la jeune femme, Rose, qui vient d'enfanter leur fille. Dès lors il se noie dans un chagrin sans limite et une fois de plus doit prendre la route pour essayer de se reconstruire.

La poésie, pourra-t-elle le sauver des flammes de l'enfer dans lesquelles brûle son âme ?



Delphine Grouès nous raconte l'histoire d'une famille au coeur des montagnes du Chili des années 1900. Je me suis laissée porter par ces gens si forts et faibles à la fois, j'ai espéré comme chacun des personnages à une vie "juste" . Mais me direz vous qu'est ce qu'une vie juste ? Effectivement qu'est ce que cela veut-il dire ? Ce sont ici dans cette histoire au sens universel, des femmes et des hommes, des enfants qui, dans la plus grande simplicité souhaitent vivre leur amour de la vie et des leurs, tout simplement.



Merci à Babelio de m'avoir permis la lecture de ce roman et d'avoir découvert la plume de cette auteure avec son tout premier roman.
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Cordillera

Si vous me suivez de temps en temps, vous savez sûrement mon attachement aux premiers romans, avec leurs imperfections, l'aventure littéraire aveugle qu'ils représentent avec le risque d'être déçu ou tout simplement de ne pas aimer, la possibilité d'être émerveillé, de rencontrer une plume et de se dire ensuite : j'étais là depuis le début.



Aussi quand un premier roman me promet une fresque historique familiale teintée de l'exotisme d'un pays étranger, je fonce les yeux grands ouverts, et c'est dans cette fébrilité là que j'ai rencontré la famille Silva, installée dans un petit village au pied de la cordillère des Andes dans le Chili d'il y a un siècle.



Esteban le fils ainé sera sensible à la poésie et à l'écriture, tandis que JoaquÍn le cadet rêvera très tôt de guider les bêtes vers les cimes lors de l'estive. Ces garçons très différents mais à la complicité fusionnelle feront la fierté de Cecilio le taiseux et de Luisa la guérisseuse, et c'est drapés d'un nom qui accorde autant de respect que de crainte qu'ils grandiront au village.



Les épreuves de la vie qu'ils avaient rencontrés très tôt déjà continueront à frapper à leur porte, et il faudra tour à tour affronter cette terre qui tremble, l'amour, la mort, l'exil, la menace, la maladie, sans jamais baisser les bras ni oublier d'être un Silva.



Delphine Grouès qui dirige un institut de Sciences Po et arpente chaque année la cordillère des Andes à cheval livre ici un excellent premier roman qui tient toutes les promesses qu'il nous a faites : une fresque romanesque, familiale et historique qui nous transporte à l'autre bout du monde pour 330 pages de plaisir !



📖 Cordillera de Delphine Grouès a paru le 12 janvier 2023 aux éditions Le Cherche-Midi. 336 pages, 20€.



🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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Cordillera

C’est dans le Chili du début du XXème siècle que vit la famille Silva, en parfaite symbiose avec la Cordillère des Andes qui s’élève au-dessus d’elle. Le père, Cecilio, est un muletier respecté au village. La mère mapuche, Luisa, connaît le pouvoir ancestral des chants et des plantes. Leurs deux enfants, Esteban et Joaquín, aspirent quant à eux à différentes destinées : l’aîné aime les mots et se découvre poète, tandis que le cadet est attiré par les cimes et les ravins de la nature qui l’entoure.



Violence des hommes, amour, mort, traumatisme de guerre, conditions de travail, progrès, bouleversement social et nature indomptable : le clan traverse les épreuves de la vie, parfois loin des yeux, mais toujours près du coeur.



Ce qui m’a vraiment plu dans ce roman, c’est le voyage auquel j’ai été invité grâce à de fines descriptions des paysages du Chili, un pays dont je connais trop peu l’histoire et la culture et pour lequel j’avais beaucoup à découvrir. Ces lignes sont un véritable dépaysement à la faveur de la "Cordillera", cette géante chaîne de montagnes, colonne vertébrale de l’Amérique du Sud, qui est un personnage à part entière dans cette fresque romanesque.



On ressent tout l’amour que porte l’auteure à cette terre de mystères, et c’est très plaisant pour le lecteur. J’ai simplement trouvé que quelques passages et sauts dans le temps n’étaient pas toujours simples à suivre, et il n’a finalement pas manqué grand chose pour me ravir totalement et faire basculer cette belle lecture en un coup de coeur.
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Carmen et Teo

Voilà l'itinéraire de Carmen et Teo, deux Chiliens de la génération d'après guerre. Ils vivront l'accession au pouvoir de l'Unité populaire d'Allende qu'ils soutiendront, ses difficultés, le putsch de Pinochet, l'horrible répression qui s'en suivit, la torture, l'exil militant en Europe et, bien des années plus tard l'impossible retour au pays.

Ce livre est écrit avec sympathie pour ces deux héros et ce qu'ils représentent.

Factuel et prosaïque il n'apprendra rien, ou pas grand chose à ceux qui connaissent déjà cette histoire tragique. Mais il se lit avec un réel plaisir, et je le conseillerais volontiers à celui ou celle qui voudrait s'informer sur le Chili de cette époque, et ce d'autant plus que les personnages sont réels.

Cependant, au fur et à mesure que je tournais les pages je n'ai pu m'empêcher de penser à ce qu'avait fait sur ce même thème Luis Sepúlveda : il y avait chez lui un vrai souffle, une poésie, un engagement et une profonde empathie pour ses camarades de combat et pour son peuple que je ne retrouve pas ici. Il est vrai qu'il avait vécu ces événements dans sa chair.
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Cordillera



❤ 2e coup de cœur de cette rentrée littéraire et encore un premier roman !

Une fresque romanesque rare et qui m’a totalement transportée.



Chili, début du XXe siècle. La famille Silva vit dans un village de la combe dominé par la Cordillère. Le père, Cecilio, est un péon taiseux et respecté. La mère, Luisa, mapuche, est une guérisseuse, gardienne des traditions. Ils ont deux fils, étroitement liés mais dont les destins vont très vite diverger. Esteban est attiré par les livres, la poésie et l’imprimerie tandis que Joaquim ne rêve que d’aventures auprès de son grand-oncle qu’il admire, Evaristo l’arriero, muletier qui sillonne la cordillère et fait régner l’ordre dans les hauteurs.

Au fil des pages de ce roman d’apprentissage, les deux garçons vont se frotter à la grande histoire et nous entraîner à la découverte d’un pays et d’un peuple. En toile de fond, c’est donc l’histoire du Chili qui se dessine, celle d’un pays aux conditions de vie extrêmement difficiles, celle d’un peuple réduit à la fonction de main d’œuvre, exploité par quelques riches propriétaires ou puissances étrangères. Dans ces contrées sauvages où la maladie, la violence des hommes et les ravages de l’alcool font basculer les vies, chacun devra se battre avec ses propres armes pour accomplir son destin.

L’écriture est remarquable, poétique, vibrante et rend un magnifique hommage aux bêtes et aux hommes qui peuplent ces paysages rudes et grandioses. Un récit passionnant, des personnages attachants et pudiques, un parfum d’aventure du bout du monde, une belle réussite.
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Cordillera

Les Silva vivent au pied de la Cordillère des Andes depuis des générations. Esteban et Joaquín en sont les dignes héritiers : l’un attiré par les mots, poète comme son grand-oncle Demetrio, l’autre voué à devenir arriero comme l’autre grand-oncle Evaristo, appelé par la Cordillère et son univers âpre et dangereux. Tous deux traversent le début du XXème siècle au Chili, tentant de tirer leur épingle d’un jeu qu’ils ne maîtrisent pas. L’occasion pour nous, lecteurs, de les suivre sur les routes de ce pays mystérieux, un peu mystique, de la Patagonie au désert de l’Atacama.



Fresque familiale d’une grande richesse, Cordillera nous entraîne dans l’histoire et les traditions de cette terre d’Amérique du Sud : le mode de vie des arrieros, les rituels mapuche, l’exploitation des paysans pauvres par les grands propriétaires terriens. C’est un roman d’apprentissage, sur la résilience et les coups du destin, sur l’injustice et la beauté de la nature.



J’ai été transportée par cette histoire dure et belle à la fois, ces personnages attachants, avec autant de relief que les sommets de la Cordillère des Andes, par ces destins qui s’entrechoquent et, parfois, explosent en vol. C’est émouvant, bien écrit, un premier roman superbement bien réussi qui traduit brillamment l’amour de l’autrice pour le Chili. À lire absolument, si vous avez envie de voyager et de sentir votre petit cœur se retourner d’émotions.
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Cordillera

Dans le Chili du début du XXe siècle, la famille Silva est respectée et crainte dans son village. Autour de Cecilio, le père, taiseux et marqué par la vie et Luisa, la mère, guérisseuse mapuche, Esteban et Joaquin cheminent vers leurs destins. L’un sera amené à découvrir, ébloui, l’univers des poètes et de l’imprimerie, l’autre, mû par l’appel des cimes s’occupera des troupeaux à travers la Cordillère des Andes. Dans cette nature indomptable, les épreuves sont nombreuses et ne laisseront personne totalement indemne.



« Cordillera » est une magnifique évocation des paysages chiliens, en particulier la Cordillère des Andes. Le roman restitue très bien toute l’âpreté des conditions de vie de cette communauté des arrieros et en même temps tout ce qui les forge et les relie. Delphine Grouès nous propose une superbe histoire de famille, de clan, avec ces deux frères que tout semble opposer et qui parviennent malgré tout à reste unis. Ils devront faire face, comme le reste des leurs, à la violence, aux tragédies et au malheur pour parvenir à se construire. En filigrane, c’est toute une tranche de l’histoire du Chili qui transparait, avec l’évocation de la guerre qui opposa le Chili au Pérou et à la Bolivie entre 1879 et 1884, mais également la misère et la montée des revendications populaires. Un roman plein de poésie qui a tout pour plaire !
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Cordillera



Chili, debut du XXe siècle. La famille Silva travaille dur au coeur de la Cordillère des Andes. Le père Cecilio, un homme respecté dans le village, et sa femme, Luisa, guérisseuse indispensable de la communauté, élèvent leurs garçons, Esteban et Joaquin, dans le respect de la nature environnante et de leurs traditions.

Joaquin se rêve gardien de troupeaux sur les hauts plateaux. Quant à Esteban, il est bercé par le son des mots et s'imagine déjà un avenir de poète.

Mais la vie n'épargnera pas cette famille droite et intègre. La violence de la nature et des hommes feront courber les piliers de la famille Silva qui tenteront de résister...



Ce roman est une très belle découverte. On y suit le destin de le clan Silva, une famille unie face à la cruauté des hommes et à la nature parfois vengeresse. La mort rôde toujours dans les monts glacés de la cordillère. Mais la lumière n'est jamais loin. L'amour familial soutient cette famille chaque jour.

La poésie des mots de l'autrice nous berce à chaque page.



J'ai été profondément touchée par ces personnages qui laissent, dans leur vie, une place aux silences. Mesurer ses paroles, ne pas parler à tort et à travers, est le cadre de vie que cette famille s'est imposée.

J'ai aimé me plonger dans cette nature sauvage de la Cordillère des Andes qui malmène les hommes mais révèle sa beauté à chaque instant.



Bref, une très belle histoire familiale que je vous recommande vivement!



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Cordillera

Deux frères, le Chili en 1909, le dur labeur de chaque jour dans une nature à la fois féroce et généreuse, les haines de clans et à l'horizon, le progrès de ce siècle fou qui attire les plus ambitieux. Et, il y a cette cordillère, colonne vertébrale de l'Amérique, avec ses cols, ses ravins, ses mystères. Elle est au centre de ce très beau roman qui fait voyager d'une émotion à l'autre et l'on s'attache à ces hommes fiers qui se battent pour l'honneur mais aussi par amour.
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Cordillera

La vie farouche d'une famille de paysans respectés.

Ils traverseront les épreuves au sein du clan parfois séparés mais toujours liés.

La nature est au cœur de cette fresque pleine de souffle qui embarque le lecteur dans les grandes montagnes de la cordillère.

Une écriture brillante au service de la narration.

Un roman que n'ont peu lâcher et une famille qui marquera les esprits.

Une vraie réussite !
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Cordillera

« Cordillera » le titre est évocateur et plante le décor ; avant même d’ouvrir le livre le lecteur sait qu’il embarque pour un voyage. Quel voyage ! Nous atterrissons au Chili au début du 20eme siècle, dans les montages de la cordillère des Andes. La famille, le clan « Silva » y vit depuis des générations, elle est crainte et respectée. Les conditions de vie sont difficiles, mais les habitants demeurent très attachés à leur terre. Cecilio Silva, le père, est paysan, il n’est pas très loquace, il est recouvert d’un voile de mystère.

Son épouse Luisa, mapuche, est guérisseuse, elle est initiée aux bienfaits des plantes et au pouvoir des chants. Ils ont deux fils liés par un amour indéfectible, mais pourtant très différents l’un de l’autre. Esteban, l’aîné, est un doux rêveur, romantique et vif d’esprit, aspire à devenir poète ; le Savoir pour lui, est nécessaire pour comprendre la société . Joaquin lui possède un caractère plus pragmatique se sent attiré par les cimes de la cordillère et plus particulièrement par les « arrièros », gardiens de troupeaux, auxquels il s’identifie. Il ne souhaite pas ressembler à son père, qu’il pense être passif; et pourtant il découvrira que ce dernier cache d’autres facettes et de secrets…

L’auteure nous dépeint une fresque familiale emprunte de tragédies, d’amour, de combats et de traumatismes. Une fresque romanesque et pittoresque, retraçant le destin de la famille Silva soudée par des liens inébranlables face à la violence de la vie. Ils sont unis par un amour qui ne se dit pas mais se ressent. J’ai apprécié être plongée dans ce décor montagneux. L’auteure, une amoureuse du Chili nous en livre de sublimes et riches descriptions ; nous sommes entourés des massifs escarpés ou verdoyants de la cordillère et des mines du désert de l’Atacama.j’ai apprécié également le travail fourni quant à la psychologie des personnages, auxquels nous nous sommes attachés. Enfin je me suis délectée de son écriture remarquable, ciselée, voire poétique. Un premier roman très réussi, sur lequel je n’en dirais pas plus afin que vous preniez plaisir à découvrir cette fresque. Point trop n’en faut
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Cordillera

Delphine Grouès, est une amoureuse du Chili dont elle arpente depuis longtemps les sentiers de la Cordillère.

Tout naturellement son premier roman nous conduit dans ces paysages grandioses à la rencontre de personnages du cru.

Elle nous relate la vie d’une famille au début du XXème siècle demeurant à l’écart dans les montagnes. Les Da Silva mènent une existence simple faite de travail et d’épreuves. Chacun des fils va suivre son propre chemin, l’un comme poète à ses heures et imprimeur pour la subsistance, et l’autre comme arriero, gardien de troupeau dans les montagnes.

D’autres personnages gravitent autour des deux principaux ; tous attachants.

Le propos est de bonne facture, bien amené, bien évoqué. Et pourtant, malgré les belles évocations de la nature environnante, il a manqué, à mon sens, l’essentiel ! A savoir la dimension sociétale, que j’ai trouvé trop survolée, l’aspect social avec notamment le travail dans les mines du désert d’Atacama n’a pas été approfondi.

Je m’attendais à une fresque romanesque, mais il manquait le souffle et l’envergure pour que ce roman qui, au départ avait tout pour me plaire, me laisse un souvenir durable de lecture. Dommage !

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Carmen et Teo

Bonsoir à toi qui passe par là. Aujourd'hui, j'ai lu "Carmen et Téo" d'Olivier Duhamel et Delphine Grouès paru aux éditions Stock et je dois t'avouer que je sors complètement bouleversée de cette lecture. Il s'agit d'une histoire vraie qui nous emmène au Chili, à la rencontre de Carmen et Téo, l'une issue de la classe bourgeoise et l'autre d'une famille plus modeste. Rien ne les prédestinaient à se rencontrer et pourtant, c'est via le MIR et leur militantisme que leurs destins vont se croiser. Les auteurs nous plongent dans le récit d'une croisade pour les idéaux d'un pays, livrée par une jeunesse qui risque sa vie pour améliorer celle des autres, porteuse de l'espoir d'une égalité future entre les humains. On suit leur bonheur à l'élection d'Allende, on ressent cette victoire si particulière, si belle et forte avec eux puis on ressent le coup de couteau dans le coeur quand leurs idéaux sont bafoués à l'arrivée de Pinochet au pouvoir. On ressent le malaise de la dictature, l'air vicié, la peur, l'horreur des camps de concentration, des victimes torturées et le dégoût envers la justice quand ce dictateur meurt sans avoir été jugé. J'ai ressenti une admiration pour ces êtres à qui on a tout enlevé et qui gardent la force de rester debouts et dignes, qui avancent malgré l'exil puis se reconstruisent dans un monde où leurs regards ne seront jamais plus innocents mais où ils continuent leur combat de la plus belle des façons, l'art... Un roman d'une profonde humanité, un cri de liberté écrit avec une plume sensible sans plonger dans le pathos, d'une justesse qui touche en plein coeur. Les auteurs nous livrent un ouvrage d'une grande puissance de transmission symbolique pour ne pas oublier, pour continuer à lutter afin que les droits de l'homme soient respectés dans le monde.

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Cordillera

En voilà une lecture qui m’a enthousiasmée !

Non pas qu’elle soit drôle, la vie des Silva, c’est même tout le contraire, avec sa pauvreté chevillée à sa condition de famille de péons chiliens, avec ses souvenirs fracassés, arrimés à l’âme du père, avec ses deuils trop tôt arrivés, alourdissant celle des fils, avec la sourde mélancolie voilant la voix de la mère. Mais elle est belle, de cette beauté époustouflante qu’offrent la Cordillère, ses paysages et sa lumière. Elle est grande, de ces hauteurs franchies, maîtrisées, conquises. Elle est chaude, douce et lumineuse, de cet amour humble et sincère, intuitif et silencieux qui tresse entre chacun de ses membres des liens d’une force inébranlable, les soudant au-delà de l’espace et du temps.

Ce qui m’a enthousiasmée à la lecture de Cordillera, outre ses personnages à la noblesse d’âme qui force le respect, outre les paysages à la présence incandescente dans lesquels elle les fait évoluer, ce sont les très grandes qualités littéraires qu’a su déployer Delphine Grouès dans ce magnifique premier roman, y insufflant un rythme, des racines ancrées dans l’histoire, une ambiance, une langue inventive, imagée et poétique dont on espère qu’elle sera sa petite voix, sa petite musique d’autrice à elle, celle que l’on espèrera retrouver dans les romans qui suivront.

Car d’autres suivront, c’est une évidence. Cette première traversée fut si bien construite, si bien menée, d’une intensité à la fois forte et élégamment tenue, cette Cordillera fut si belle sous ses mots, ce premier roman déjà si abouti que l’on attend, en toute confiance, comme le ferait une Luisa, nos retrouvailles avec cette autrice qui vient de prendre son envol, si haut déjà.

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Cordillera

Lecture pour les 68premieresfois session 2024.



Une lecture qui nous emmene au Chili, au plus près de La Cordillère des Andes, magnifique et majestueuse chaîne de montagne. A la rencontre de la famille SILVA. Cecilio le père, Luisa la mère, Esteban et Joaquin leur deux enfants, habitant d'un village de paysans et de muletiers. Où chacun/chacune est solidaire et vit chichement dans le respect de tous et des traditions ancestrales transmises de générations en générations.

Il y a aussi une hacienda avec un élevage de bovin. Les arrieros en sont les gardiens. Des hommes fiers et sombres qui connaissent La Cordillère comme une seconde maison. Il la ressente au plus profond d'eux même. Elle est un lieu de passage obligé pour la transhumance du bétail. Elle les façonne, les construit dans la dureté de son climat et la rudesse de son environnement.

Une lecture en forme de voyage littéraire, poétique entre conte et légende. Une Cordillère d'une beauté époustouflante décrite avec amour par l'autrice.

J'ai aimé partager le quotidien aimant, simple et rassurant des SILVA.

J'ai aimé apprendre à les connaître à travers le regard et les pensées de leurs enfants..

J'ai aimé leurs acceptations et leur résilience face aux aléas de la vie.

J'ai partagé leurs souffrances face à la maladie et à la mort.

J'aurais aimé rester encore quelques chapîtres de plus parmi eux.

Cordillera est un trés beau premier roman.
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Cordillera

Voyage littéraire en Amérique du Sud au début du 20ème siècle et qui nous plonge dans le quotidien de la famille Silva, famille de paysans. Un roman qui restitue très bien toute l'âpreté des conditions de vie de cette communauté. C'est une très belle fresque familiale qui embarque le lecteur au coeur de la Cordillère des Andes. Dans ce roman on sent très bien tout l'amour que l'auteure porte à cette région. On y rencontre tout un tas de personnages qui j'espère seront vous touchés autant que moi.
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