AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Denise Le Dantec (25)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Emily Brontë, biographie

Grâce  à cette biographie de Denise Le Dantec, je pars pour Haworth, dans le Yorshire, dans le presbytère où furent élevés les sœurs Bronte, Maria et Elizabeth, Charlotte, Emily et Anne ainsi que Branwell, leur frère, dont j'avais lu il y a quelques temps la biographie écrite par Daphné du Maurier, Le monde infernal de Branwell.



Une maison sans confort, froide dont les fenêtres donnant sur le cimetière ne pouvaient occulter les pierres tombales de la famille Brontë et dans laquelle les enfants vivaient repliés sur leurs jeux, leurs études et leur complicité. 



Je connais donc déjà beaucoup d'éléments de la vie de cette famille d'écrivains, mais je voulais en savoir plus sur la personnalité de l'auteure des Hauts de Hurlevent, roman qui avait enflammé mon esprit adolescente et que j'ai relu adulte et dont je garde le souvenir d'un amour puissant, dévastateur mais où se mêlent également quête d'identité, vengeance, violence, désespoir et destruction.



Denise le Dantec retrace la courte vie de cette jeune fille secrète, discrète, silencieuse, limite agoraphobe, éprise de nature entourée de ses animaux, très attachée aux tâches ménagères qui lui permettaient de rester dans le presbytère et de consacrer son temps disponible à la lecture et l'écriture.



Emily conservera toujours le goût des choses simples de la vie, refusant ce qui, à tort ou à raison, lui apparaîtra comme sophistication. (p119)



Et pourtant quelle femme étonnante : dyslexique, enfant précoce, s'enrichissant de tout ce qu'elle entend ou lit, les quatre enfants étant avides d'écouter toutes les histoires, si possibles effrayantes, que les domestiques pouvaient raconter se déroulant dans la lande balayée par le vent.



Les quatre enfants l'écoutaient, un peu effrayés, se cachant parfois les yeux pour ne pas voir se déplacer les grandes ombres animées lancées par les flammes de la cuisinière de fonte le long des murs ou d'autres ombres encore à travers les fenêtres sans rideaux de la maison, parmi les dalles du cimetière parcouru de feux follets. Ils écoutaient la servante jusqu'à ce que le sommeil eût alourdi leurs paupières et que, lasse elle-même, Taby (la servante) entonnât les mélancoliques chansons du pays. (p102)



Admiratrice des écrits de Byron, Shelley et marquée par les deuils successifs de sa mère qu'elle perd à 3 ans, puis de ses deux sœurs, Maria et Elizabeth, mortes de tuberculose et sûrement des difficiles conditions de vie dans le pensionnat où leur père, Patrick, les avait envoyées, Emily assista également à la longue et lente déchéance de son frère Branwell.



On comprend toujours mieux la genèse d'une œuvre romanesque quand on se penche sur la vie de son auteur. Il est fascinant de découvrir tous ces petits événements qui ont concouru à sa création, les décors, les rencontres. Quelle imagination féconde pour cette jeune femme qui vivait presque en recluse au sein de cette famille où régnait une forte complicité entre les enfants, tous animés par le même amour de la littérature, de l'écriture et de la création.



Emily rêve de créer un univers qui soit sien et dont elle saint qu'il sera "une contrée  nordique aux landes couvertes de brouillard et de rosée" : Gondal. (p110)



J'ai trouvé cette biographie très agréable dans sa lecture, même si j'ai parfois ressenti des répétitions (insistantes et inutiles) sur la santé des différents membres ( sur la perte de la vue par son père par exemple). Denise Le Dantec mêle biographie et roman en imaginant certains dialogues et l'influence qu'auront eu certains événements ou rencontres. Les notes en début de chaque chapitre me semblent inutiles, j'ai préféré les ignorer et découvrir par moi-même les événements relatés.



On se transpose dans le quotidien de cette famille où l'instruction et la culture étaient les priorités du père, poussant ses enfants, garçon et filles (même si Branwell fit l'objet d'une préférence de la part du révérend), on assiste aux joutes littéraires qui existaient entre les différents membres qui permirent à chacun d'écrire des références de la littérature anglaise, dans des styles différents, en particulier pour Charlotte avec Jane Eyre, Anne avec Agnes Grey et bien sûr les Hauts de Hurlevent pour Emily.



Denise Le Dantec attire l'attente sur les rapprochements entre les différents membres de la famille mais aussi les affrontements, les distances parfois prises, à différentes époques en particulier entre Charlotte, assez dominatrice et Emily, rebelle :



Comme se plaisait à dire Branwell, si Charlotte représentait le jour, Emily était la nuit. D'où pouvait venir une telle antipathie entre elles ? Emily se le demandait souvent. Elle avait le sentiment que Charlotte en voulait à son corps, comme si leurs "jeux" d'autrefois avaient laissé sur elle des traces irréparables. Tel était l'amer constat d'Emily, et l'hostilité qu'elle ressentait à l'égard de Charlotte se manifestait par une angoisse dont elle ne savait comment se libérer. (p139)



La biographe a dressé le portrait d'Emily, avec les documents en sa possession, et de son univers de cette auteure dont il ne subsiste que peu d'écrits, témoignages, mais pour ma part j'ai pris plaisir à soulever le voile sur cette femme mystérieuse, qui n'a pas connu le succès à la sortie de son unique roman, paru un an avant sa mort et qui reste une référence dans la littérature anglaise.



Le péché, pour Emily Brontë, n'est pas une faute morale : c'est dans la démesure que l'être peut se connaître, car la déchéance contient une splendeur cachée. (p257)



Elle qui ne connut jamais, semble-t-il, l'amour, devait avoir une imagination et un univers romanesque immenses pour écrire une des plus belles histoires d'amour : celle de Cathy et Heathcliff.



Mes grandes souffrances en ce monde ont été les souffrances de Heathcliff, je les ai toutes observées et ressenties dès le début : ma grande pensée dans la vie, c'est lui-même. Si tout le reste périssait et qu'il demeurât, lui, je continuerais d'être, moi aussi, et si tout le reste demeurait et que lui fût anéanti, l'univers me deviendrait terriblement étranger : je ne semblerais plus en faire partie. Mon amour pour Heathcliff ressemble aux rocs éternels du sous-sol : source de peu de joie visible, mais nécessaires.... Je suis Heathcliff. (p160)



Merci aux Editions de l'Archipel et Babelio Masse Critique pour cette lecture
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          210
Enheduanna

Enheduanna



Reine de tous mes moi , grande prêtresse enjoyautée,

tu transmets les ordres divins,

tu sondes les mystères des grands rites!

Ravageuse des pays barbares,

tu as donné des ailes aux tempêtes,

plus forte que les vents du malheur,

tu donnes les plaintes aux accords de la lyre des lamentations.

Qui peut apaiser les colères de ton coeur -

ce coeur maléfique au-delà de toute consolation?

Fille du pêché,

femme qui ne parlait plus d'amour au compagnon de ses nuits,

j'ai chanté ton chant.

J'ai chanté tout cela en unisson avec tous les moi.

Je suis entré avant toi dans les couches jadis de plaisir,

tout ce qui me donnait du plaisir s'est transformé en poussière.

Oh Pêché! quel destin amer est le mien,

Moi, que suis-je au milieu des créatures vivantes ?



Moi, habitué au triomphe,

ton navire des lamentations m'a emmené jusqu'à une terre inamicale,

j'ai du marcher dans les ronces des montagnes,

ce n'est pas ma sentence qui a été prononcée,

c'est une étrange sentence qui est devenue ma sentence,

le lit fertile a été rendu infécond.



J'ai préparé ta chambre nuptiale, que ton coeur s'apaise pour moi, des innovations j'en ai fait tant et tant, Grande Reine, pour toi je les ai faites.

Ce que j'ai dit pour toi aux profonds des nuits, le chanteur te le répétera dans la journée, c'est à cause de ton époux captif, de ton fils captif, que ta colère est si forte, ton coeur si peu apaisé.

Le coeur d'Inanna lui fut rendu, le jour lui était propice, elle était vêtue de beauté, elle allait d'une allure joyeuse, comment portait-elle sa beauté ? Comme la lune qui apparaît!





Enheduanna est la fille de l'empereur Sargon d'Akkad, elle vécut entre 2220 et 2180 (dates approximatives) Elle était grande prêtresse du temple du dieu Nanna et poétesse ; nous possédons, sur des tablettes, environ 1300 vers qu'elle a écrit. Elle est aussi, à ce jour, la première personne dans l'histoire qui ait signé de son nom un texte littéraire – et c'est une femme ! Par ailleurs, la légende qui entoure la naissance de son père (enfant trouvé dans un panier sur l'Euphrate et élevé par la fille de l'empereur) a été reprise pour la vie de Moïse...

© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          40
Ô châteaux

Denise Le Dantec , la poétesse de Morlaix , nous ouvre son" Ö chateau " avec le blanc de la lune , le bleu des étoiles , parfois sur les ombres " une goutte de larme tombe" dit-elle en rêvant "la nuit derniére d'un bâtiment en feu ". Entre les huitres et les pommes de terre , un peu de carotte... Dans la profondeur de la nuit " dites-moi où est orphée? " Avec la force des objets " je sais que je tiens encore ta main " , la poésie se déplace sur l'univers , sur des rameaux d'ollivier en transparence " suppose que la poésie soit une transaction sauvage , et que ta douleur , tu la portes dans une petite valise de bois " . Pourra t-elle un jour voire le château de Morlaix ?
Commenter  J’apprécie          40
Emily Brontë, biographie

Il s'agit de la biographie de la célèbre Emilie Brontë qui nous fait vivre son enfance sans sa mère dans un milieu où elle vit la pauvreté. Ses années de pensionnat seront marquées par la mort de ses deux soeurs. Pour évacuer tous ces événements tragiques, seule l'écriture sera le remède. Et ne dit-on pas que ce sont les êtres blessés qui se révèlent les meilleurs auteurs?
Commenter  J’apprécie          40
Emily Brontë, biographie

Cet ouvrage de 300 pages est une somme d’informations sur les Brontë d’une manière générale, et bien évidemment sur Emily, le texte est dense, mais intéressant. Il a nécessité de la concentration pour assimiler un maximum de détails… On est cependant aidés par le mini « sommaire » au début de chaque chapitre.

Je vous conseille la lecture de cet ouvrage si vous aimez l’oeuvre des sœurs Brontë, et que vous voulez découvrir dans quelles conditions elles ont rédigé leurs ouvrages...
Lien : https://leslecturesdesophieb..
Commenter  J’apprécie          40
Journal de l'estran - Ile Grande

L'Ïle Grande, sise dans les Côtes-d'Armor, en Bretagne, inspire Denise le Dantec puisqu'elle y revient régulièrement au cours de ses pérégrinations et dans ses écrits. Proche de Trébeurden où gîtent Kenneth et Marie-Claude White qui couvent amoureusement le concept de géopoétique et anciennement l'institut international de géopoétique (I.I.G.), l'île est reliée depuis un bouquet de décennies à la terre ferme par un pont. Un sentier littoral de huit kilomètres enlace l'île. La population d'origine ouvrière a exploité durablement le granit gris des environs. Denise le Dantec entame son journal de belle manière avec des extraits affûtés du poète breton Guillevic. Elle introduit intelligemment sa façon de travailler l'émotion, la réflexion par le biais de l'écriture, ces « exercices d'admiration » : « Ces pages sont rétrospectives. Il ne m'est pas possible de vivre le temps et de l'écrire. » Quelques textes brefs précisent ensuite la topographie de l'île et son histoire locale. le journal proprement dit débute et de très courts paragraphes s'enchaînent. L'auteur à l'oeil du peintre : « le ciel déverse d'étranges lumières. Les oiseaux crachent du blanc./La mer noircit. » L'influence de Kenneth White est notable dans des expressions fortement estampillées comme celle de « terre de diamant » [Le Rocher du diamant : lettres de la Martinique / Kenneth White. – Actes Sud, 2002]. C'est toujours un bonheur de rencontrer de tel livre écrit sur des lieux qu'on ne peut circonscrire. le Journal de l'estran réunit plusieurs textes stratifiés les uns aux autres : Retour à l'Île Grande, Promenade première [plus attachée à raconter les déambulations contemplatives sur Île à Canton, îlot accessible à marée basse depuis l'Île Grande], Partition pour une île, L'estran autour d'Île Grande, Park ar Baron, et enfin L'Île d'Aval. La lecture du journal de Denise le Dantec pourrait amener un engourdissement lénifiant car il ne s'y passe rien et c'est bien dans cet intervalle vacant que le lecteur trouve plaisir à prendre le temps de muser en pensée sur l'estran, réactivant ses propres souvenirs. Quand l'auteur amasse et identifie les coquillages, sa hauteur de vue à fleur de sable botte et touche : « Les coquilles ont une histoire : la spirale logarithmique des gastéropodes… n'est plus dans sa perfection mathématique. C'est une spirale tourmentée qui s'est heurtée aux violences du monde ». A la fin du journal, la phrase introductive du livre prend tout son sens : « Entre le flux et le reflux, chacun peut mettre son nom. » le sentiment de son insignifiance native et de son appartenance au vaste monde, dans ses combinaisons géniales, rend modeste. Ecrire, oui, mais sur le sable de l'estran, cette « terre, sortie des flots, … d'une extrême luminosité » ; « rocs, lancées de dune, galets, granulats, luisants d'algues et d'écume ».
Commenter  J’apprécie          30
Emily Brontë, biographie

En matière de lecture, on passe souvent d’un registre à l’autre… Alors, il m’a fallu quelques pages, pour adhérer au parti pris d’écriture de ce livre. Denise Le Dantec y raconte la vie d’Emily Brontë oui, mais pas de manière romancée, plutôt à la manière d’une universitaire ayant décidé de décortiquer les textes de l’auteure pour y trouver la substance de la personne qu’elle était, oserais-je dire pour comprendre l’âme de celle qui a écrit Les Hauts de Hurlevent. Ce texte est une réédition, il a déjà été édité en 1995, et ressort cette année avec une magnifique couverture. Et ce texte est absolument passionnant. Je me suis personnellement complètement immergée dedans, à la manière des biographies et recueils de lettres que j’adorais lire à l’université. Ce qui est intéressant ici, c’est la connaissance biographique justement que le lecteur acquiert très vite de cette merveilleuse famille, qui comprend pour le moins au moins deux soeurs célèbres : Charlotte Brontë (Jane Eyre) et Emily Brontë (Les Hauts de Hurlevent). Emily Brontë est la cinquième d’une fratrie de six enfants, cinq filles et un seul garçon. Elle passa presque toute sa vie dans un presbytère à Haworth, dans le Yorkshire, où son père, Patrick Brontë, était pasteur. Très marqués par de nombreux décès, dont la mère des enfants, et leurs deux soeurs aînées, très jeunes les enfants Brontë s’initient à des jeux d’écriture qui ouvrent leur imagination et leur permettent sans doute de guérir de leur peine. Emily partage donc sa vie entre des balades dans les landes qui entourent le presbytère, la rédaction de sagas avec ses soeurs Charlotte et Anne et son frère Branwell, et des tâches domestiques auxquelles elle se soumet sans se plaindre. Le lecteur comprend très vite aussi quelle personnalité singulière possède Emily, moins sociable que Charlotte, et pleine d’interrogations, de doutes, de révolte et de culpabilité, peu intéressée par le succès. Au cours de ma lecture, j’ai peut-être eu quelques bémols sur la forme du texte, parfois un peu éthérée, et sur la manière de Denise Le Dantec d’entrecouper son récit de dialogues imaginés, qui m’ont quelquefois laissée perplexe. Mais voici sans conteste une très belle manière de faire connaissance avec les soeurs Brontë et leur famille. Je ressors personnellement de cette lecture enchantée d’avoir passé mon week-end en si belle compagnie, d’être un peu retombée avec elle en adolescence et d’avoir assisté grâce à Denise Le Dantec à des scènes familiales d’un autre temps où le désir d’écrire prend tant de place.
Lien : https://leslecturesdantigone..
Commenter  J’apprécie          31
Emily Brontë, biographie

Elles étaient 5 les soeurs Bronte ou plutôt Brunty (origine irlandaise du père), les deux ainées sont mortes jeunes après leur passage dans un pensionnat pour leurs études, les 3 autres connurent le destin que l'on sait : 3 auteurs, des romans et une puissance d'écriture exceptionnelle comme si de leur univers clos avait jailli le feu.

De Charlotte, on connaît le magistral "Jane Eyre", d'Emily "Les hauts de Hurlevent" (pas si facile à lire) et d'Anne la moins connue, on peut apprécier le surprenant "La dame de Wildfell Hall" (un roman féministe et très moderne dans ses réflexions). Les lecteurs français connaissent moins les troublants poèmes d'Emily (à lire en VO pour entendre la magie des mots que ne peuvent à moins transcrire la traduction).

Denise LE DANTEC est aussi poète et c'est peut être pour cela que j'ai eu quelques difficultés à rentrer dans ce livre qui raconte la vie d'Emily : peut être un peu trop de "grandeur", alors que paradoxalement, Emily menait une vie très routinière, "vissée" à Haworth, dédiée au quotidien de la maison et soutenant son frère, Branwell, durant les dernières années. Pour ma part, je souhaiterais recommander le très beau film "To walk invisible" (uniquement en vo mais sous-titrage en anglais possible) pour appréhender encore mieux la famille Bronte et sa singularité créatrice.
Commenter  J’apprécie          20
Emily Brontë, biographie

A une lecture assez lente pour pleinement profiter de ces mots, on se projette très facilement dans les plaines qui ont habitées et inspirées Emily Brontë. Denise le Dantec, poète, nous transporte dans la vie et les pas littéraires de la famille Brontë, bien au delà d’une lecture simplement biographique. C’est un véritable roman qui s’étale sous nos yeux, rythmé d’une poésie sans équivoque. On apprend tellement de choses sur la famille Brontë, et pas seulement sur Emily, point central de cette œuvre, que sa richesse rend ce récit vraiment intéressant.



J’ai beaucoup aimé cette lecture, même si elle m’a pris plus de temps que prévu. C’est une lecture qui nécessite de savourer chaque mot et chaque phrase. Elle me donne envie de découvrir les écrits de chacun des Brontë ! Denise le Dantec perce le voile du monde d’Emily et partage ce destin si révolté, fort et inspiré.
Commenter  J’apprécie          20
Emily Brontë, biographie

Née en 1818 et disparue en 1848, Emily Brontë a marqué la littérature anglaise et mondiale avec son roman Les hauts de Hurlevent et ses poèmes, cependant moins connus. Durement frappée pendant son enfance par la mort de sa mère et de ses sœurs aînées, Maria et Elizabeth, elle a vite décidé de vivre sa vie en toute indépendance, et d'écrire pour sublimer l'existence face au mystère impénétrable de la mort et de la disparition. « Rejetant toute conformité à l'usage, aux règles, à la modération et au compris, qu'elle considérait presque comme une lâcheté, Emily Brontë n'accepta jamais la mesure. Tout plutôt que la contrainte. » (p. 30) N'ayant presque jamais quitté Haworth, le village où son père était pasteur, Emily a grandi avec Charlotte, Branwell et Anne et a composé avec eux leur fameuse œuvre de jeunesse, le Gondal, qui se retrouve en partie dans le chef-d'œuvre d'Emily. Selon la volonté de son père, et à l'instar de son frère et de ses sœurs, Emily est très instruite, mais elle dispose en outre d'un esprit très vif et d'une vie intérieure intense qui la poussent naturellement à l'introspection et à la solitude.



L'abondante bibliographie présentée en fin d'ouvrage prouve l'intérêt intense de Denise Le Dantec pour Emily Brontë, et l'introduction présente un projet précis. « Écrire la vie d'Emily Brontë revient-il sans doute à consoler le rêve intérieur que j'avais d'elle, et même à compenser la perte de l'élan excessif qui, jeune, m'avait entraînée vers elle. Néanmoins, loin de réinventer mon rêve, je me suis appliquée ici, au contraire, à la différencier de moi. » (p. 12) Nourrie d'extraits de lettres, de journaux et d'œuvres des Brontë, cette biographie est intéressante, mais se livre parfois à des extrapolations que je qualifierai de romanesques, notamment sur les pensées de la jeune Emily, et à des explications de texte parfois un peu audacieuses. « Ses poèmes ne sont pas pittoresques. Ils ne décrivent pas, même s'il s'agit des landes de Haworth. Emily n'est pas un poète qui exalte sa région mais, sous sa plume, jeune encore, la moindre bruyère devient toutes les bruyères du monde. » (p. 202) C'est à croire que Denise Le Dantec a quelque peu échoué dans son entreprise de se libérer de la fascination qu'elle éprouve pour l'immense autrice des hauts de Hurlevent.



Si vous cherchez un autre éclairage sur la vie de cette fratrie d'écrivains que furent les Brontë, je vous conseille l'excellent ouvrage de Daphné du Maurier, Le monde infernal de Branwell Brontë.
Commenter  J’apprécie          20
Emily Brontë, biographie

Je remercie les éditions de L'Archipel pour leur confiance et pour cette biographique à laquelle je n'ai malheureusement pas adhéré. Ce roman est plus qu'une biographie sur Emily Brontë, l'auteur nous fait la biographie de toute la famille car il aurait été difficile de faire autrement. Je dois dire que je n'ai pas accroché au style et à la plume de cet auteur , cette lecture fut pour moi longue et laborieuse. J'ai trouvé les chapitres interminables et denses, sans rythme. L'auteur s'attarde trop à décrypter les écrits de ces jeunes artistes alors que moi j'avais envie d'en savoir un peu plus sur eux. Je me suis vraiment ennuyée dans cette lecture, impossible de m'y plonger pourtant j'avais vraiment envie de ressentir et de connaître la courte existence de cet auteur qu'était Emily Brontë. J'ai trouvé le début de ce livre assez désorganisé, mal construit, difficile de rassembler tous les éléments fournis par l'auteur afin de pouvoir les imbriquer les uns dans les autres. Pour écrire ce livre, en plus d'être une fervente admiratrice des sœurs Brontë, Denise Le Dantec a fait un travail de recherches et de documentation remarquable ainsi , elle arrive à justifier la partie fiction de sa biographie avec des passages écrit de la main des Brontë ou de leur quelques amis proches. Elle arrive à émettre des comparaisons personnelles avec la vie d'Emily et ses écrits ce que j'ai trouvé intéressant pour comprendre la psychologie du personnage. Bien souvent, Emily se servait de personnages réels sous des identités fictives pour rédiger ses récits. J'ai bien aimé la façon originale dont l'auteur a réussi à intégrer des dialogues entre les protagonistes dans la partie fictive de cette biographie, surtout quand les enfants s'adonnaient à leur jeux d'écriture , ils avaient une imaginations débordante sans avoir une vie trépidante. L'auteur a su démontrer que cette fratrie était hors norme, précoce, et doté d'un don incroyable pour l'écriture: ils étaient de vrais artistes.

Emily est la cinquième de la fratrie Brontë sur six enfants. Fils et filles de pasteur, ils vivent à la campagne au presbytère de Haworth dans un coin assez retiré de l'Angleterre. Dès leur plus tendre enfance, les enfants Brontë vont être confrontés à plusieurs décès notamment à celui de leur mère lorsque Emily a à peine trois ans. L'auteur nous apprend qu'Emily était précoce pour son jeune âge, je dirai même surdouée vu qu'à l'âge de quatre ans elle commençait déjà à rédiger. A l'âge de six ans, Emily et ses grandes sœurs vont être envoyé dans un pensionnat pour filles de pasteur qui se révèlera être un endroit malsain. Les deux ainées vont d'ailleurs y laisser leur vie . MR Brontë va alors faire appel à leur tante maternelle pour éduquer ses filles, tandis que lui s'occupera de son fils, ce qu'elle fera avec dureté sans leur donner l'affection dont elles avaient besoin. Emily aura du mal à se construire se sentant souvent seule et triste. Les jeunes enfants Brontë vont imaginer leur propre jeux d'écriture en composant de nouveaux mondes. Un de jeux de rôle avant l'heure qui développera leurs talents d'écrivains et de poètes . Le décès de leur mère puis de leurs deux sœurs ainées ont fait que les quatre derniers survivants sont toujours resté très proche les uns des autres malgré les querelles et l'éloignement mais cela les a aussi fragilisés dans la construction de leur vie d'adulte. Ils continuaient d'écrire sur leur monde fictif des histoires , des poèmes. Ils développaient ainsi leur talents d'écrivains. Ils ont de ce fait, pu publier leur écrits dans le but d'être un jour reconnu. Emily était une personne simple, elle ne recherchait pas la reconnaissance comme son frère et sa sœur Charlotte. Elle aimait qu'ils se retrouvent en famille au presbytère car cela la rassurait.

Devenu adulte Emily était une jeune femme solitaire et indépendante. Grace à l'analyse des textes de la famille Brontë, l'auteur essai de percer à jour la nature et la psychologie complexe d'Emily qui va préférer vivre au milieu de la nature et des animaux . Emily préféra rester vivre au presbytère , se promener dans les landes avec ses chiens. Les chiens compensaient le manque d'affection qu'il lui avait manqué durant son enfance. C'était une réelle douleur pour elle lorsqu'elle en perdait un. Cette vie lui permettra d'accompagner son frère dans les derniers moments de sa vie, d'aider son père atteint de cécité et surtout d'écrire son seul et unique chef d'œuvre Les hauts de hurlevents qui ne sera pas reconnu tout de suite en tant que tel. Emily meurt à trente ans de tuberculose.

Cette lecture n'était pas faite pour moi et je m'en excuse auprès des éditions de L'Archipel qui ont eu la gentillesse de m'envoyer ce roman, peut être ais-je eu un manque de concentration, je ne sais pas en tout cas ça n'a pas matché avec moi.
Lien : https://chapitrealire.wordpr..
Commenter  J’apprécie          20
Emily Brontë, biographie

Très renseignée, cette biographie m'a intéressée.



Emily Brontë est l'auteure des "Hauts de Hurlevent", roman torturé qui m'a toujours fasciné, et de poèmes que je n'ai pas encore découverts. Arrivée dès son plus jeune âge au presbytère de Haworth, où son père était pasteur, elle y connu très vite le sentiment de perte suite aux décès successifs de sa mère et de ses deux soeurs aînées. Ces absences la marquèrent à jamais. Se réfugiant dans ses pensées, elle apprit à découvrir le monde d'une manière poétique - idées qu'elle retranscrit dans des poèmes - et prit goût à s'évader dans les moors, ces landes de bruyère l'entourant de toutes parts. Les quatre enfants Brontë restant - Branwell, Charlotte, Anne et Emily - s'amusèrent tôt à inventer des histoires, de ces jeux d'enfance naquirent de sublimes oeuvres.



Découvrir ce que fut la courte vie d'Emily Brontë (elle vécut tout juste trente ans), les évènements l'ayant marquée et de quelle manière elle appréhenda l'existence fut un peu long mais instructif. Denise Le Dantec détaille avec respect, et met notamment l'accent sur une certaine rivalité établie entre Charlotte et Emily (dont je n'imaginais pas l'ampleur), l'attachement étroit de cette dernière envers sa cadette Anne, tout comme sur l'éducation des enfants de la famille par leur père parfois dépassé et leur tante autoritaire. Le contexte politique et religieux de l'époque est également fidèlement rapporté. Bien qu'écrivant dans un style tout à fait classique au genre de la biographie, Denise Le Dantec, consciente de l'aspect généralement monotone que peuvent avoir ces textes, propose de temps à autre des dialogues sortis de son imagination et mettant en scène les membres et proches de la famille Brontë; si ces passages n'ont aucune valeur historique, ils n'en sont pas moins agréables et permettent une immersion dans l'univers. Y sont également associés quelques vrais poèmes (sans doute pas assez d'ailleurs, mais c'est un goût personnel) et extraits de lettres des personnes concernées.



Cette biographie a la particularité de nous faire facilement voyager à travers les époques; même si ses quelques 300 pages en paraissent plus, j'ai bien aimé la découverte plus ou moins intime de la vie d'Emily Brontë et le fait de ressentir l'admiration de la biographe envers son égérie.
Lien : http://letoucherdespages.blo..
Commenter  J’apprécie          20
Ô saisons

Auteure de plus d’une cinquantaine d’ouvrages, Denise Le Dantec est une écrivaine et poétesse prolifique originaire de Bretagne. La maison d’éditions des Instants nous fait découvrir son recueil Ô Saisons, une parenthèse idyllique aux effluves florales et mystiques.
Lien : https://zone-critique.com/20..
Commenter  J’apprécie          10
La strophe d'après

« Pas de lumière / pas de poème » DENISE LE DANTEC, LA STROPHE D’APRÈS, ED. SANS ESCALE, 2021



Quand on se met à regarder passer les heures, chemin faisant, laissant divaguer son esprit à travers les feuillages dessaisonnés, les souvenirs de lectures, les conversations, les humeurs, l’écriture tend à refaire le lien entre les mondes. Entre couleurs et citations, cris et catalogue, Denise Le Dantec ajoute, à une œuvre déjà bien établie, une nouvelle pierre de granit, à la fois brute et polie par le temps.

Depuis l’arrière-saison, l’ouvrage s’installe, organisé : « 1 éclat de l’Éden, 7 réseaux cristallins, 2 syllabes feutrées (...) », dépliant tout ce qui traîne dans les coins de l’âme et de la mémoire (« une banlieue de trèfle miniature », « un crayon à la pointe d’argent »). Oui, tout cela, et plus encore… Mais une seule règle : « Rien qui pèse ni qui pose ». Quand sommes-nous au juste ? (« J’écris quand le poème réclame d’être écrit ») Serait-ce le jour d’après la (cata-)strophe ? On croit régner dans l’accalmie, à l’écart du vilain cours des choses. Il n’en est rien. La plume de Denise Le Dantec est nerveuse, les images dévalent les chemins du sens. Strophe après strophe après strophe après strophe…

Dégringoler comme d’un escalier, marche après marche, et noircir de minces traits noirs le blanc brillant de la feuille dans une conception mallarméenne du vers, signe et son. La poétesse se demande : « Est-ce que je respire la lumière du soir comme la dorure des planètes ? » Car qui dit dégringolade dit frictions dit étincelles. Un tel mécanisme décrit comme : « Un poème faisant son entrée » et cela nous sera répété encore, d’une autre manière : « Pas de lumière / pas de poème ». Un poème, comme une plante, ça pousse. La révélation d’un éclat poétique est un mystère dont on ne cesse pas de s’émouvoir. Il faut l’appeler et venir le chercher. Le pousser, le tirer. Il vient, il repart. Il explose. Il éclaire. Une interrogation qui n’en finit plus, et à laquelle aucune ébauche de réponse n’apporte de satisfaction. On recherche ensemble « le point sur le i forestier. », terminal. C’est un grand jardin, il y reste encore beaucoup de printemps, un peu d’été. Et l’on découvre ça et là « les 7 000 chênes de Beuys / les roses rouges d’Atomium 2002 / le Mur des Noms le Mur du chagrin » dans le paysage d’une friche civilisationnelle.

C’est une écriture de prospection. L’univers et la mémoire passés au tamis : « Je cherche le lieu du poème / — la blessure de la licorne » dit Denise Le Dantec pour tenter de rassembler de ses esprits. Où est-on ? Dans l’espace d’une vérité où les limites s’estompent entre les mots qui, eux, résistent : « Qu’est-ce que le bord ? / Qu’est-ce que le milieu ? / les lettres donnent la matière ».

Il faut souligner la particulière richesse de ce livre où chaque vers semble contenir le recueil entier et par là mériter son nom de vers. Il agit toujours techniquement comme un pivot au sein du poème (le vers d’après ?), ainsi : « J’exerce mon métier de fleur / coup de vent sur les gueules-de-loup / 3 fois trois nuages / un grand écu d’herbe ». Comme chassés d’un bord à l’autre du décor, nous demeurons éblouis par la vigueur des promesses. Denise Le Dantec écrit dans les jardins de la langue et il y a du vent dans les branches. Tout virevolte mais la brise est maîtrisée. Parce qu’elle en épouse l’ondoiement.



PIERRE ANDREANI
Lien : http://p-andrean.blogspot.com/
Commenter  J’apprécie          10
Emily Brontë, biographie

"Elle regardait vers un monde divisé en un gigantesque désordre et sentit en elle le pouvoir de l'unir en un livre" écrivait Virginia Woolf à propos de Emily Brontë et de son chef d'oeuvre, le Hauts de Hurlevent. Ces deux phrases, reprises par Denise Le Dantec en page 257 de son "Emily Brontë : une vie" sont peut-être ce qui m'a le plus marqué de toute cette biographie.



Il est forcément difficile de retracer la vie d'une personne morte si jeune, d'une femme ayant vécu durant l'ère victorienne, d'une autrice dont la majeure partie des œuvres de jeunesse ne sont pas parvenues à la postérité. Pourtant, la proportion de récit entre la petite enfance d'Emily et son âge adulte m'a désagréablement surprise : comme si finalement tout s'était joué avec les deuils successifs de sa mère et de ses deux sœurs aînées. C'est une thèse qui pourrait se tenir mais qui donne lieu ici à des extrapolations sur ce que ressentait, pensait, disait une enfant de moins de 7 ans avec assez peu de crédibilité. Sous la plume de Denise Le Dantec, la toute jeune Emily pense et converse avec sa petite soeur Anne comme si elles étaient adultes. On y passe des chapitres et des chapitres alors qu'à l'inverse, l'écriture et la publication des Hauts de Hurlevent sont expédiés en moins d'un chapitre, comme si son seul roman laissé à la postérité n'avait que peu d'importance. Encore une fois, pourquoi pas, si on estime que pour Emily, SA grande oeuvre, celle où elle avait mis son âme, c'était Gondal, ce royaume imaginaire épique et poétique qu'elle tissait patiemment avec sa soeur Anne depuis l'enfance. Cela aurait mérité un récit plus argumenté.



J'ai aussi été un peu attristée de lire le sort fait à Charlotte dans cette biographie : décrite comme dure, autoritaire, peu compatissante. Clairement, l'aînée des Brontë n'a pas les faveurs de Madame Le Dantec. Dommage !



Je recommande chaudement la lecture des Lettres choisies de la famille Brontë, un recueil passionnant et très bien contextualisé de Constance Lacroix, beaucoup plus fidèle à mon sens à la réalité historique de cette famille de prodiges.
Commenter  J’apprécie          10
Emily Brontë, biographie

Tout d'abord, un immense merci aux éditions L'Archipel pour l'envoi de cet ouvrage. J'étais très intriguée à l'idée de lire cette biographie traitant de la vie d'une romancière que j'admire tant depuis l'âge de mes douze ans, période de mes touts premiers grands classiques, notamment ceux de la littérature anglaise du dix-neuvième siècle que je chéris de tout mon cœur. Les Hauts de Hurlevent est peut-être le seul roman qu'elle, Emily Brontë, ait jamais écrit, mais quel monument, quel chef d'oeuvre stupéfiant et immortel, cela ne fait pas le moindre doute, c'est comme gravé dans le marbre. Quand j'ai lu ce livre, j'ai été imprégnée et transportée par cette description si réaliste et saisissante de cette nature violente et tourmentée, sur tous les plans : la Mère Nature, la nature des sentiments, la nature humaine dans ce qu'elle a de plus faible, mais aussi de plus enragée et torturée aussi. Il y a une réelle beauté qui se dégage de cette peinture qu'Emily Brontë fait de la complexité de l'humanité. Peintre virtuose, mais aussi peintre avec des mots, je pouvais grâce à elle sentir la terre des moors sous mes pieds et le vent de la lande mugissant dans mes cheveux et me transperçant toute entière. J'étais donc très excitée de découvrir le récit de la vie de cette femme à mes yeux extraordinaire et fascinante en tout point.



D'ailleurs, cette biographie m'a semblé au cours de ma lecture plus être un récit qu'un documentaire sur le sujet en question ici présent. Ce que je veux dire, c'est que Denise Le Dantec, autrice prolifique que je ne connaissais pas jusqu'alors, a su allier ses talents d'écrivain aux formes et au style très méticuleux et pointilleux de la biographie, sans pour autant en perdre l'authenticité de sa plume, ni la véracité des informations qu'elle nous fournit. Le livre sur la vie d'Emily qu'elle nous donne à lire est extrêmement détaillé, sans pour autant être rébarbatif, loin de là. Cela se boit comme du petit lait, expression qui, quand je l'emploie, n'est absolument pas péjorative à mes yeux, bien au contraire, et cela se savoure comme quand on lit une des biographies rédigées par Stefan Zweig, par exemple. C'est le meilleur comparatif que je puisse faire selon moi. J'ai beaucoup appris de cet ouvrage, et je ne peux qu'admirer l'ampleur du travail de Denise le Dantec et m'en instruire, c'est tout bonnement remarquable.



Qui plus est, la quatrième de couverture nous introduit Denise Le Dantec comme une cinquième sœur qu'Emily Brontë se serait trouvée. Je trouve, après lecture, cette affirmation tout à fait pertinente et je ne peux qu'approuver. Au-delà du travail de recherche colossal de Denise Le Dantec, que celle-ci n'a cessé d'approfondir depuis la première édition de cette biographie en 1995, on sent au cours de notre lecture la réelle volonté de cette dernière à comprendre l'âme éprouvée par le deuil de la si jeune Emily, sa conscience accrue de la mort, la bonté et la tendresse qu'elle témoignait à l'égard des humbles ainsi que son désir totalement inexistant d'atteindre les states de la gloire et de l'amour éternels, au contraire de sa grande sœur Charlotte.



Et, en effet, contrairement à ce que j'avais toujours cru, Emily n'avait pas que deux sœurs, les illustres Anne et Charlotte, reconnues elles aussi comme issues du génie littéraire de la famille Brontë par de nombreux biographes, historiens, critiques littéraires depuis le dix-neuvième siècle jusqu'à nos jours. Il y avait aussi Maria et Elizabeth, les deux aînées qui ont très rapidement joué le rôle de petites mères et qui sont parties bien trop tôt. Cela m'amène au fait que les parallèles que Denise Le Dantec dresse entre les expériences de vie qu'ont affronté et traversé les sœurs Brontë et leur oeuvre littéraire crèvent les yeux. Denise Le Dantec met cela bien en évidence, sans omettre le moindre détail. Les décès presque simultanés de Maria et Elizabeth constitueront le premier matériau nourricier des écrits majeurs de chacune. Par exemple, en lisant cette biographie, j'avais l'impression de me trouver dans l'enceinte sordide établissement de Brocklehurst dépeint avec une grande justesse dans Jane Eyre, ou de voir la figure de paria bouleversante et vengeresse du seul et unique Heathcliff en ce garçon de ferme taciturne, intrus au sein de sa propre famille lui aussi, qui seul aura réussi à faire faire au cœur d'Emily un sursaut de compréhension face à cette asociabilité qui la caractérisait elle aussi si bien. Si j'avais lu également les œuvres de la douce et chérie Anne Brontë, ce que je me suis promis de faire un jour, j'aurais pu d'autant plus percevoir la toute beauté des échos qui saisissent le cœur du lecteur, lui font écarquiller grand les yeux à la fois de façon naturelle et magistrale. C'est là toute la puissance de cette biographie : son essence. Celle de la production littéraire d'Emily est à la fois empreinte de l'âme à la fois insoumise aux bonnes mœurs de son temps mais dévouée à sa famille, qui représente sa souffrance et son refuge ; l'âme de cette enfant sauvage des landes indomptable et qui n'est jamais véritablement devenue femme, malgré le changement du corps, les responsabilités et la vieillesse. Mais ses œuvres sont aussi indubitablement influencées par ce monde extérieur à Haworth, le presbytère familial, et surtout par sa famille pour laquelle elle éprouvait un amour fusionnel qui en devenait presque ambigu, dans les cas de ses relations avec Anne et Branwell. Quelque soit le sentiment qui l'a ébranlée, jalousie, envie, défi, peur, chagrin, c'est bien l'oralité irlandaise de son père que l'on reconnaît dans les talents de conteuse de Nelly Dean, c'est bien ce garçon de ferme orphelin et illégitime qui a inspiré le bois dont Heathcliff est fait, et bien plus encore... Emily était à ce point liée à sa famille que, là où l'on lit son histoire, on lit aussi elle de sa famille toute entière. Et si son oeuvre est considérablement marquée par les jeux d'écriture de son enfance qu'elle réalisait avec ses frère et sœurs et par les personnalités de chacun(e), eux aussi se sont servis d'elle comme muse dans chaque chose qu'ils créaient. Ce lien familial, malgré les tentatives de rupture, n'a jamais été aussi fort que dans les chefs d'oeuvre littéraires d'Anne et Charlotte où, tout comme Emily, elles tentaient de s'extraire de l'injustice et de la façon de penser étriquée de leur temps, ou dans les portraits familiaux réalisés par le prodige Branwell et qui étayent la lecture de cet ouvrage, entre autres choses.



Pour conclure, que vous soyez fan des Brontë ou non, je ne peux que vous encourager à vous immerger dans cet ouvrage si complet et passionnant sur cette famille talentueuse dans de nombreux domaines et vraiment pas comme les autres. La poésie de l'âme intemporelle d'Emily ne pourra que vous séduire, et sa capacité de voir le véritable sens de chaque chose, de voir au-delà de ce qui est percevable si je puis dire, vous époustouflera.
Lien : https://lunartic.skyrock.com..
Commenter  J’apprécie          10
Emily Brontë, biographie

D. Le Dantec, poétesse d'origine, retrace la vie de la romancière Emily Brontë avec une plume touchante et juste. On découvre la vie de l'auteure des Hauts de Hurlevent sous un angle inédit. Il ne s'agit pas d'une biographie factuelle, mais d'une interprétation de la vie d'Emily auprès de ses frère et sœurs. Même si il y a un solide matériel documentaire, agrémenté de photos, la biographe insère des dialogues qui fictionnalisent le récit et le rendent plus vivant et palpable. On ne peut ne pas être touché par cette fratrie soudée dans les jeux d'écriture auxquels ils s'adonnent mais aussi devant l'adversité de la vie qui peut se montrer cruelle.

-

Cette biographie permet d'expliquer la genèse des Hauts de Hurlevent : pourquoi elle a choisi tel nom, tels décors... Emily est une jeune fille passionnée qui tire son inspiration des landes dans lesquelles elle vit, mais aussi des gens qu'elle est amenée à rencontrer. J'ai tout de suite été charmée par son caractère à la fois sensible et opiniâtre.

-

C'est donc un coup de cœur pour moi, j'ai été charmée par tous les aspects de cette biographie qui m'a donné envie de me replonger dans Les hauts de Hurlevent que j'ai lus il y a quelques années et que j'avais adorés !
Commenter  J’apprécie          10
Emily Brontë, biographie

Cette année, je souhaitais lire plus de classiques. Et puisque le #ReadingClassicsChallenge2018 de Juillet était dévolu à Emily Brontë et que Mylène des éditions L’Archipel m’avait gentiment envoyé cette biographie (merci!) : tout était réuni pour que je découvre l’univers de cette auteure.



Je n’ai jamais lu Les Hauts de Hurlevent, mais cela ne saurait tarder car cela fait un moment que ce titre m’intrigue. De plus, c’est évidemment un grand classique de la littérature anglaise. Néanmoins, si Emily est assez fascinante et qu’elle écrit des poésies troublantes, j’ai eu beaucoup de mal avec la lecture de cette biographie romancée.



En effet, le style de l’auteure est un peu vieillot et j’ai trouvé cela long à lire. Je ne suis pas habituée à ce genre de lectures classiques et historiques donc je pense tout simplement que ce livre n’était pas fait pour moi. Il m’a néanmoins donné envie de découvrir les poésies et l’oeuvre de cette auteure. Je dois également souligner la très belle couverture de cette réédition. À conseiller plutôt aux amoureux de l’auteure ou de littérature classique. Avez-vous lu Les Hauts de Hurlevent ?
Lien : https://ninaalu.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          10
Emily Brontë, biographie



J’ai eu beaucoup de mal à lire et à terminer cette lecture, je n’ai pas du tout accroché à cette biographie d’Emily Brontë. Pourtant j’étais partante pour en apprendre un peu plus sur la courte vie de cette jeune auteure qui m’avait tant impressionné avec son fameux « Les hauts de Hurlevent » que j’avais pris plaisir à lire et à relire pendant mon adolescence. On sent que Denise Le Dantec a fait un beau travail de recherche et j’ai aimé trouvé au centre du livre la documentation présentée avec des textes et des peintures. Cela n’a pas suffit à faire passer les chapitres indigestes car trop longs, trop alambiqués et surtout bien souvent ennuyeux. Je ne parlerai même pas de son style d’écriture à la fois désuète et gnangnan. Je ne suis certainement pas la meilleure personne pour donner mon avis car c’est la première biographie que je tente donc je n’ai pas de comparaison. J’ai eu aussi beaucoup de mal avec la partie fictive de cette biographie qui me laisse perplexe, c’est toujours délicat de faire parler les gens une fois qu’ils ne sont plus là, de se mettre à leur place, dans des lieux inconnus, une époque différente, bref un vrai travail d’équilibriste. Les dialogues sont d’ailleurs bien trouvés entre les différents membres de la fratrie Brontë mais du coup cela m’a donné un sentiment de recul et je n’ai pas réussi à investir les personnages. Il faut reconnaître que cette famille pauvre étaient atypique et recelait de nombreux talents. Emily semble avoir été une jeune femme très seule, introvertie, tourmentée et d’une psychologie éloignée de celle de sa sœur Charlotte qui était plus mondaine. Elle aimait vivre dans la nature qui bordait le Presbytère et être accompagnée de l’affection loyale de ses chiens. Ce fut pour moi une lecture laborieuse, pas assez centrée sur Emily et avec laquelle j’ai eu bien de la difficulté.


Lien : http://latelierdelitote.cana..
Commenter  J’apprécie          10
Ô saisons

Les saisons rythment nos vies, se distinguant de par leurs différences où chacun y puise à dessein ses réconforts.



Et même si Denise Le Dantec revient et s'émerveille plus amplement sur les douceurs printanières, elle évoque à merveille les instants parfois fugaces, souvent inaltérables, emprunts de nostalgie, qui traversent ces tranches de nos vies.



Un éveil des sens qu'il faut célébrer avec éclat, le ressentir, le vivre.



L'infiniment petit comme l'immense ment grand que nous offre la nature vaut bien que l'on s'y arrête un moment, le temps d'une parenthèse idyllique.



Une écriture colorée, parfois exigeante, toujours rafraichissante, est une belle déclaration d'amour qui se picore avec délectation.
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Denise Le Dantec (59)Voir plus

Quiz Voir plus

Déjà un siècle pour ces romans !

Qui a écrit La Prisonnière ?

Agatha Christie
Marcel Proust
Raymond Radiguet
P.G. Wodehouse

8 questions
29 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature anglaise , romans policiers et polars , écrivain , littérature française , classiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}