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Critiques de Diana Filippova (16)
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L'amour et la violence

Le titre illustre bien les deux thèmes récurrents de cette dystopie. L’amour, sentiment puissant et envahissant mais aussi sexe sans limite.



Dans la cité séparée par un mur de la multitude, Valentin et sa mère sont des sans papiers, des sans nom, puisqu’ils y sont entrés par effraction. Mais Valentin nourrit des ambitions autres que celle de ne pas se faire prendre. Il vise le pouvoir. Dans cette société qui revendique l’Ordre et le réel, il tente par toutes les voies possibles de se frayer un chemin pour atteindre son but. Les rencontres l’aident ou l’entravent mais il poursuit sa route.



Le chaos menace, les sources d’information ne sont pas fiables, les mémoires sont inhibées, et la violence sévit partout, justifiée de sauvegarde de l’élite.



C’est un roman sans concession, sans faux semblants. Une immersion dans une société totalitaire, à une époque indéterminée, et les techniques de contrôle de la pensée ne sont pas précisées.



On y vit dans un effroi permanent, avec un doute général sur la probité de ses interlocuteurs. Peut-être un peu trop, de « je le savais mais je n’ai rien dit », qui facilite les retournements.



Construit selon le schéma classique de la Cité protégée d’un peuple ignoré, ce premier roman est assez marquant par son écriture réaliste.


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L'humain augmenté : Cyborgs, fictions et métavers

Si vous êtes un admirateur d’Elon Musk alors il faut absolument que vous lisiez L’humain augmenté, ouvrage essentiel tant il donne de clés de décryptages des mirages du transhumanisme.

Quatre auteurs se succèdent pour aborder des questions fondamentales que le débat public oublie pourtant trop souvent, aveuglé par les paillettes de la vie éternelle ou de la supra intelligence.

L’humain augmenté est d’autant plus intéressant qu’il est à la frontière entre l’essai philosophique et l’œuvre science-fictionnelle – bien qu'il ne s'agisse pas de nouvelles et que les quatre contributions soient très différentes les unes des autres et abordent la question par des angles finalement très divers.

J’ai beaucoup apprécié ce recueil, dont on pourra reprocher par moment le ton encore un peu trop savant pour permettre une diffusion dans un très large public (que le sujet mériterait).

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De l'inconvénient d'être russe

Dans de l'inconvénient d'être russe, Diana Filippova raconte ses origines : son enfance à Moscou, son intégration en France, sa façon de percevoir l'actualité russe... J'aime découvrir les origines d'un auteur et de comprendre la différence de savoir et d'être qu'il mêle à sa nouvelle patrie. Ses souvenirs sont montrent qu'elle a été marquée par la gouvernance russe mais aussi par un certain racisme d'une partie de la société.

C'est la guerre en Ukraine qui a été le déclic pour ce livre. C'est une autobiographie mais elle s'apparente aussi à un essai pour décortiquer la pensée russe. Ses arguments suite à chaque souvenir ou moment présent sont le prétexte pour développer sa perception historico-politico-philosophale melée de quelques sentiments. L'ensemble rend la lecture un peu plus compliquée et moins fluide, même si le propos est pertinent.

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De l'inconvénient d'être russe

Diana Filippova est née en 1986, en Russie. Elle est arrivée en France, à l’âge de huit ans. Le 24 décembre 1993, la famille s’installe à Vandœuvre-lès-Nancy, en banlieue nancéienne.



Dans cet ouvrage, elle affronte l’héritage de ses origines. Le déclencheur de l’écriture du livre a été la guerre en Ukraine. « Tout à coup, jusqu’à mon nom de famille, mon lieu de naissance, ma langue maternelle, la guerre me ramena à ce que je n’avais plus voulu être. » (p. 11) En effet, depuis toute petite, elle a souhaité éradiquer sa russéité, mais les autres (les enfants, les enseignants) le lui rappelaient. L’auteure précise que dans les années 1990, la Russie était perdue négativement. Elle exprime la honte qu’elle ressentait d’être russe.« C’est pour me laver de cette déconsidération de soi, que j’ai pris la décision de cesser d’être russe. » (p. 47)



De l’inconvénient d’être russe explore son histoire, l’immigration de sa famille, l’exil et la construction de son identité, sous le prisme de sa nationalité de naissance, qu’elle s’est toujours efforcée d’effacer. Une envie féroce d’assimilation a façonné sa personnalité. Régulièrement, elle conte des anecdotes de sa vie, qu’elle déplie ensuite à plus large échelle et transpose sur le vrai visage de la Russie. Elle indique que la littérature russe crée une vision imaginaire du pays. Elle s’applique à montrer la réalité de la civilisation russe, à travers la politique et le social. Son analyse permet d’approcher des raisons de la soumission et de l’endoctrinement de la population.



Diana Filippova part de l’intime pour embrasser le général et proposer sa perception de son pays natal, contre lequel elle se révolte. Les parts de son existence sont empreintes de sa vérité et d’authenticité. J’ai été amusée de reconnaître des lieux que je connais bien. Sans être nommés, leur description ne prête pas à confusion, pour les personnes qui ont vécu à Nancy. L’introspection est poussée, elle demande de l’attention, cependant, elle propose une perspective intéressante de l’attitude du peuple russe et de son refus de l’altérité. Elle montre la difficulté de l’auteure à accepter sa russéité et son combat intrinsèque. C’est un livre instructif et éclairant.


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De l'inconvénient d'être russe

Diana Filippova, née en Russie, émigre en France avec sa famille dans les années 90. Elle est fille d'intellectuels, elle n'a pas dix ans.

Elle connaîtra les difficultés inhérentes à l'exil : "l'exil mate", écrit-elle. A commencer par l'apprentissage de la langue française, qu'elle finira par maîtriser à la perfection, on s'en rend compte à la lecture.

Mais que faire du russe, sa langue maternelle ? Elle décidera un jour de "ne plus être russe". Mais peut-on vraiment se débarrasser de ses racines?

Au delà de son processus d'intégration, l'auteure nous livre un saisissant tableau de la Russie post URSS, un pays en plein effondrement et en proie à la violence, une chute perçue comme une humiliation.

Un essai remarquable, qu'il faut lire tant il éclaire souvent de façon saisissante le comportement actuel de la classe politique et du peuple russe.
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L'amour et la violence

Né dans les confins, Valentin fait partie d’une multitude imparfaite, isolée et exclue de la Cité, où vit la nomenklatura, privilégiés qui régissent la vie de tous. Il s’y retrouve avec sa mère, enfermé et sans nom, attendant d’être accepté dans cette nouvelle société dont il se sent irrémédiablement exclu. Des bouges les plus infâmes de la Cité aux plus hauts sommets de la monarchie, commence alors la quête de Valentin, une quête d’acceptation, de liberté, de désir, de justice, d’amour, de sécurité – c’est un peu tout à la fois dans ce monde complexe sorti de l’imaginaire de Diana Filippova.



Avec ce titre ambivalent, L’Amour et la Violence, questionne nos rapports humains, et cette volonté aujourd’hui presque universelle d’éradiquer la violence pour favoriser la paix. Dans ce récit, l’amour est essentiel à l’engagement des personnages, à leur entrée dans une rébellion en faveur de la multitude, et la violence, indispensable à l’expression de leur liberté et de leur désir. Finalement, pourrions-nous faire société sans amour et sans violence ? Diana Filippova apporte pour toute réponse l’exemple d’une société pacifique, gangrenée par les intérêts individuels, où l’irréel, accessible librement aux privilégiés, et imposés aux gens des confins, permet de garder tout le monde dans une indolence soit-disant préférable à la violence.



C’est un roman qui m’a semblé furieusement intelligent, décortiquant des enjeux politiques complexes inventés de toutes pièces, plongeant au plus profond de la psychologie de personnages fictifs mais néanmoins très torturés. Dans ce récit, le diable semble être dans les détails, et charge au lecteur d’assembler les indices pour en comprendre le dénouement, sans se laisser troubler par l’inexactitude possible des souvenirs racontés par le narrateur. En refermant ce livre, j’ai eu le sentiment de ne pas avoir tout compris, et ça continue à me travailler, à tel point que je n’ai qu’une envie : recommencer cette lecture plus tard, crayon à la main, pour reconstituer le puzzle. Avoir envie de relire un livre alors qu’on vient seulement le terminer, n’est-ce pas une belle preuve qu’on l’a aimé ?
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De l'inconvénient d'être russe

Une claque. Diana Filippova met une claque aux clichés et à la généralisation de tout un peuple. Être née russe n’implique pas d’envoyer des bombes sur une population. Tout comme être français n’implique pas d’avoir été collaborationniste ou colonialiste. L’autrice, dans cette nouvelle collection « Itinéraires » chez Albin Michel, sans langue de bois, revient sur son enfance et les événements marquants de sa vie en tant que femme née en Russie. Tout du long, elle a du s’excuser ou presque à chaque intervention d’un gouvernement étatique. Pourtant, sa position est claire depuis le début : elle ne cautionne rien. Comme un boomerang jeté à la face, comme une stigmatisation permanente, elle est le bouc-émissaire d’une situation qui dépasse les frontières. La déclaration de guerre récente envers l’Ukraine n’aidera en rien.



D’une grande richesse, l’ouvrage questionne, interroge, interpelle et convoque nos propres identités et nos perceptions trop faciles de « l’étranger ». Celui qui évoque le pays du mal, du moins, sur un temps donné. En cette matière, tout change rapidement, passant du démon à l’ange et vice-versa. L’Homme a souvent la mémoire courte. À travers son Histoire et ses dirigeants, la Russie a usé de tous les vices existants : censure, discrimination, racisme d’état, homophobie, antisémitisme, contrôle de la presse, vengeance, violences, guerres incessantes, occupations de territoires : le programme est vaste. À croire qu’une todolist était prévue en amont. Entre communisme historique et démocratie déguisée, Diana Filippova tente de trouver des clés à travers sa propre histoire et en cela que le livre en devient vertigineux. Depuis son arrivée en France, elle essaie de gommer ce qui la lie à son pays d’origine, pour s’en délester, pour s’en absoudre.



« J’ai cherché par tous les moyens à m’en laver, comme on frotte ces taches de sui qui malgré l’effort continuent de souiller la peau de leur mine pellicule grasse ».



Elle démythifie la Russie qui n’est plus celle de Pouchkine ou de tous ces écrivains qui ont réussi à écrire leurs chefs d’oeuvre quand ils étaient à l’étranger. On y découvre les « handicapés du groupe cinq » entre désunion et réconciliation d’une femme aux confins de son identité. « Russéité ». Comme un couperet pour celle qui avait gardé bien peu de liens avec ce pays et qui n’y retrouvera que deux fois en dix ans et qui ne souhaite plus garder le silence. Diana Filippova écrit la difficulté et les affres qui ressurgissent sur « l’étranger », sur cette volonté d’effacement identitaire qui gratte et ronge à l’os. Elle écrit la dureté d’un régime qui souhaite ne faire que des copies conformes, des petits soldats qui rejettent en bloc le mea culpa et l’humilité. Avec un talent de conteuse inestimable, elle écrit aussi le pouvoir inexistant de nuisance des poètes d’aujourd’hui, l’absence d’altérité, culte de la personnalité et l’endoctrinement des enfants.



«  Un jour, la dissuasion sera tellement ancrée dans la peau du peuple qu’il en naitra des petits êtres à la bouche déjà cousue ».



En convoquant une multitude d’écrivains comme Philip K.Dick, George Orwell, Emmanuel Carrère, Marina Tsvetaïeva et bien d’autres, Diana Filippova nous offre des moments de respiration et de lucidité sur un pays affublé de légendes. Si vous deviez lire un livre sur le sujet : il s’agira de celui-ci.
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L'humain augmenté : Cyborgs, fictions et métavers

Un court recueil de quatre mini-essais, incisif et efficace, sur les métavers et les transhumanismes, entre fictions et réalités.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/08/24/note-de-lecture-lhumain-augmente-cyborgs-fictions-et-metavers-collectif/



Pour inaugurer la série Les petits cahiers de tendances, co-construite par les éditions de l’Aube et la Fondation Jean Jaurès, nous avons eu le plaisir de voir arriver en juin 2022 un petit ouvrage passionnant, « L’humain augmenté », composé de quatre contributions d’une vingtaine de pages chacune, autour d’une problématique à la fois civilisationnelle et science-fictive, problématique qui se ramifie rapidement comme en témoigne d’emblée le sous-titre choisi ici : « Cyborgs, fictions et métavers ».



Le philosophe Jean-Michel Besnier, avec son « Portrait du transhumaniste », use d’un ton joliment ironique et pamphlétaire pour brocarder l’étroitesse d’esprit (éventuellement paradoxale pour ces capitaines conquérants de nos futurs) des milliardaires de la Silicon Valley adeptes de l’immortalité « augmentée », de moins en moins métaphorique (jetez donc un oeil par exemple à l’excellent « Agora zéro » d’Éric Arlix et Frédéric Moulin), et plus encore de leurs gourous et adeptes, en insistant sur leur myopie, leur manque de profondeur de champ, et leur astucieux mélange, volontaire ou involontaire, de naïveté et de rouerie cynique. Ce qui n’empêche pas hélas la conjonction de ces intérêts faussement philosophiques avec les priorités beaucoup plus terre-à-terre du néo-libéralisme, on l’aura bien compris.



Ariel Kyrou, que l’on n’a normalement plus guère besoin de présenter sur ce blog, en tant que l’un des plus fins analystes contemporains de la charnière imaginaire, propose dans son « Et si « l’homme-plus » était un « humain-moins » ? une somptueuse lecture-éclair du thème du métavers et du transhumain dans la science-fiction, avec cette prodigieuse culture qu’on lui connaît (vous devez lire dès que possible son remarquable « Dans les imaginaires du futur » si ce n’est déjà fait !), qu’il condense avec brio autour de motifs-clé issus du « Snow Crash » de Neal Stephenson, de la Culture de Iain M. Banks, du « Dernier de son espèce » d’Andreas Eschbach et du « Tè Mawon » de Michael Roch.



Diana Filippova, romancière, essayiste, et politiquement active, avec son « Dystopies vs. autofiction : auteur augmenté, roman diminué », a su jouer finement avec les mots du sujet pour nous entraîner sur le terrain du statut des genres littéraires en France, et notamment du côté sulfureux et passionnant des boucles de rétroaction, particulièrement défaillantes chez nous, entre l’aiguillon science-fictif et la littérature dite générale pour parvenir à mieux penser le réel, et donc inventer le futur. Tout en soulignant au passage le mauvais service que nous rend en permanence l’ego surdimensionné, à l’ombre des technopouvoirs qu’elle connaît bien.



Fanny Parise, docteure en socio-anthropologie, concluant le recueil avec son « Anthropologie de l’humain augmenté en terres virtuelles », affiche en apparence une prudente neutralité, comme celle des outils mis en avant (un habile carré sémiotique de Greimas, notamment), vis-à-vis du double potentiel du rêve éveillé que constitue le « métavers marchand » par rapport au « métavers hacker », mais discrètement, effleurant certaines des conclusions salutaires de McKenzie Wark, elle montre néanmoins l’optimisme déraisonnable de la vision technocapitaliste, bien décidée à toujours ignorer les écueils qui feraient baisser sa valeur.



Quatre voix et quatre approches radicalement différentes pour mettre toutefois simultanément en évidence les composantes d’illusionnisme et de détournement d’espérance que contiennent si manifestement certains des rêves technocapitalistes les plus emblématiques.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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De l'inconvénient d'être russe

L’un de mes derniers achats en librairie, c’est ce titre Diana Filippova paru chez Albin Michel : elle est déjà l’autrice de plusieurs essais et d’un premier roman. C’est un essai pour lequel elle revient sur la difficulté à être russe aujourd’hui en tant que femme issue d’un pays qui a déclaré une guerre à son voisin. Cet essai, tout à fait accessible, peut se mettre en parallèle avec le roman graphique lu il y a peu de temps À quoi pensent les Russes ? Diana Filippova est née en 1986 à Moscou et elle a quitté son pays d’origine depuis longtemps, elle parle comme elle écrit le français, parfaitement, il n’empêche que l’éducation soviétique et russe reste définitivement ancrée en elle. Elle est très active dans la vie politique nationale et parisienne de la gauche, aux côtés de Raphaël Glucksmann et Anne Hidalgo.





Diana Filippova est arrivée en France en 1993, soit à l’âge de six ans, trois ans après que l’union soviétique a disparu, les souvenirs ont commencé à prendre un peu de poussière avec le temps, mais ils sont bien là, la langue est bien enracinée, l’éducation aussi. L’auteure nous explique sa relation avec son pays d’origine, et explique son pays d’origine, surtout la façon dont elle vit cette double nationalité officieuse, officiellement française, devenue un poids avec l’envahissement de la Russie dans son pays voisin. Qui de mieux placée qu’elle pour démonter les mensonges dont sont assommés chaque jour qui passe les Russes par le gouvernement. D’entrée de jeu, elle appuie fort en s’attaquant à Pouchkine, la figure tutélaire de la littérature russe, dont elle rappelle ironiquement le métissage n’en déplaise aux idées du Président et de sa cohorte de sous-fifres. Plus loin, on pourra apprécier le tacle bien senti à Zakhar Prilépine, le littérateur pro poutine, dont on ne voit plus guère les titres sur les étals des librairies.



De tous ces réajustements qu’elle effectue entre réalité et tous les présupposés de ce qu’est la Russie et le citoyen russe, ce premier réajustement, où en tant qu’exilée, elle explique le métissage helléno-russe qui est le sien, le métissage des habitants de la fédération de Russie et de ses républiques, marque le début de son retour sur son passé. De sa russéité, elle l’évoque comme son héritage, et la mémoire familiale, son profil inné face à la vie qu’elle s’est construite en France, tout son acquis. Une identité bicéphale qu’elle a gérée jusqu’ici en laissant de côté tout ce qui constitue son identité russe, mais qui lui est revenu en pleine figure lors de la déclaration de guerre de la Russie à l’Ukraine. C’est l’occasion pour elle de rappeler ce qu’elle partage d’autres, hormis le dépit de partager la même nationalité que leur dictateur de président.



C’est une mine d’information que l’on lit ici, ce qui tourne autour plus ou moins lointain de la discrimination, l’un des arcs de la politique autoritaire de Poutine, ukrainiens et homosexuels, est une tradition ancienne, qui déjà en URSS se nommaient les handicapés du groupe 5, soient les personnes d’origine étrangères. L’un des buts de l’autrice consiste aussi à tenter de faire comprendre le pays qui fut le sien, la façon dont le peuple russe a été malmené et continue d’être manipulé par un Vladimir Poutine démagogue, belliqueux, nationaliste et impérialiste. Son récit est d’une clarté et d’une richesse incroyables et a le mérite de déblayer la vision française que l’on peut avoir aujourd’hui du pays, de ses habitants. Ce récit d’anamnèse et de synthèse fait énormément appel aux références littéraires russes connues : Pouchkine, j’en ai parlé plus haut, mais aussi Dostoïevski, auquel Poutine a emprunté le titre de l’un de ses romans pour manipuler les foules Humiliés et Offensés, quoi en effet de plus fédérateur que l’un des auteurs les plus lus ? Elle explique en effet, qu’en Russie la littérature est politique, elle rappelle que Pouchkine était décembriste, et Ossip Mandelstam, Marina Tsvataieva, son admiration pour la faculté de Vladimir Nabokov à s’être réinventé en anglais, la vision de la capitale russe issue de Le maître et Marguerite de Boulgakov.



Incidemment, je viens d’apprendre l’existence du groupe de rock russe DDT avec le roman graphique de Nicolas Wild, Diana Filippova évoque de son côté l’une des chansons du groupe sortie en 1991 et qui parle de la Russie en des termes pas vraiment glorieux pour le pays, mais franc de collier. Trente ans après le groupe et son chanteur ont encore moins changé leur discours, lequel s’est radicalisé parallèlement avec la politique menée par les gouvernants. Avec toutes les analyses auxquelles on a eu droit sur la Russie, son histoire, son dirigeant et ses décisions, sa politique, avec des experts en tout genre, le mieux c’est encore de lire l’analyse de Diana Filippova. Une exégèse qui se fonde sur son histoire personnelle, de son enfance là-bas à son exil en France, sa longue et difficile intégration, et la double culture qui est la sienne, qui lui permet d’appréhender la Russie à la fois de son point de vue de Russe exilée, et de Française aux origines russes : ce recul et cette proximité, un double éclairage, qui lui permet d’avoir une vision plus concrète et personnelle que les experts en géopolitique des plateaux de bfm et consorts. Pour poursuivre cette lecture, il faut lire le roman graphique de Nicolas Wild, À quoi pensent les Russes, qui complète parfaitement cette lecture. Mais aussi la toute nouvelle revue trimestrielle Kometa, qui évoque l’Ukraine, et la Russie à travers la littérature, la photographie.



Le récit de Diana Filippova est un vrai roman russe : elle précise à mi-récit que les plus grands des romans de son pays de naissance ont été écrit à l’étranger, son livre est un petit bijou. J’aurais aimé en lire bien plus, notamment sur la vie de ses parents, mais j’imagine que cela peut être délicat pour elle d’aller fouiller dans un passé qu’ils ont laissé derrière eux et qu’ils n’ont pas forcément envie d’évoquer. C’est un livre essentiel pour comprendre la Russie et la difficulté de porter ses origines, encore plus en ces années où son président l’a engagée dans une voix sans de réelles perspectives et issues positive pour lui, et ses citoyens.




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L'amour et la violence

Le potentiel de base semblait prometteur et finalement j’ai eu ÉNORMÉMENT de mal à aller au bout de ma lecture.

L’auteure nous plonge dans un univers très différent du nôtre sans jamais nous fournir d’explications et c’est vraiment gênant. Je n’ai ressenti aucune émotion. Next.
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L'amour et la violence

Valentin a échappé aux Confins. Il vit aujourd'hui dans la Cité. Valentin Croissart : cinq syllabes pour un nom qui n'en est pas un, puisqu'il ne dit rien de celui qui le porte. L'amour et la violence est le récit d'une mémoire fraîchement retrouvée, trop chargée, encore un peu confuse. Diana Filippova étudie les rapports de forces dans une société d'une suprême violence et où le sexe permet l'ascension sociale. Malgré la fine construction du récit, on sort de ce livre un peu confus, un peu déçu, car il promettait beaucoup.
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De l'inconvénient d'être russe

Je pensais acheter un roman, en fait c’est un essai. L’autrice nous raconte avec une grande honnêteté intellectuelle comment elle en est venue à rejeter son pays pour toutes ses dérives autoritaires et non loin dictatoriales ayant récemment conduit à l’invasion de la Russie. J’ai été émue de lire combien il a dû être difficile de rejeter ainsi sa patrie, celle où l’on est né et d’où l’on tient ses racines, son ancrage. Combien il doit être difficile d’acter que le retour à la maison n’est plus possible et de faire sien un nouveau pays. Je suis heureuse de vivre en démocratie et fière d’habiter dans un terre d’accueil.
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L'amour et la violence

Ce livre est certainement écrit avec beaucoup de soin, mais il vous tombe des mains... il y a quelque chose de totalement fictif dans ce monde du futur décrit par l’auteur. L’idée d'échapper aux confins est belle , mais le monde de l’autre côté du mur est terrifiant et assez incompréhensible (en tout cas pour le lecteur que je suis). L’opposition entre l’amour et la violence constitue la base de cette société dans laquelle le héros ( toujours en relation avec sa mère) survit en essayant de se projeter vers les hauts milieux. Bref , on a du mal à s’intéresser à ce Valentin qui gagne un nom avec sa nouvelle vie.
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L'amour et la violence

Décevant.

J'avais entendu de bonnes critiques de ce livre, mais j'ai été assez déçue. L'expression est musclée tout comme le choix des mots, mais les innombrables descriptions rendent l'intrigue difficile à cerner. Bref, on reste un peu sur sa faim dans une logorrhée d'adjectifs qui ne font qu'embrouiller.
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De l'inconvénient d'être russe

Diana Filippova raconte l’histoire de sa famille et de la Russie, de conflits intimes en tensions extérieures.
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L'amour et la violence

. Ce qui devait arriver arrive : dans cette société déjà viciée, la merveille technologique tombe entre de mauvaises mains. Le progrès poético-technologique qui devait sauver l’humanité de sa médiocrité mécanique ne fait qu’en automatiser davantage la marche. Diana Filippova livre un premier roman soutenu par une écriture féroce, sombre et sale en diable.
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