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Citations de Dominique Bona (396)


Autant Manet est un homme d'amitiés et d'ouverture, autant elle, une femme de solitude et d'introversion. Autant lui est spontané, radieux, et dégage une lumière solaire, autant elle, réservée, ténébreuse, possède une aura de mystère. Il rit facilement, elle est souvent renfrognée. Il sera l'un des rares êtres - avec sa fille, plus tard - à savoir la dérider. Elle se détend en sa compagnie, et même elle sourit. Lorsqu'il peint son portrait, elle se met en vacance de sa propre peinture et la vie tout à coup change, elle prend des couleurs, du bonheur. Bonheur fragile, bonheur éphémère, bonheur longtemps tenu secret. .. Berthe le confessera des années plus tard (en 1883) : "Je n'oublierai jamais les anciens jours d'amitié et d'intimité avec lui, alors que je posais pour lui et que son esprit si charmant me tenait en éveil pendant ces longues heures..."
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C'est une femme en noir : le chapeau, dont les rubans s'enroulent autour de son long col de cygne, et la robe à peine échancrée sur sa peau mate ont l'éclat lustré des ailes du corbeau. Le noir a coloré les yeux, sans pour autant effacer leur reflet d'or : le regard qu'ils portent sur la vie est mordoré et chaud, étranger à tout cet attirail funèbre que la femme arbore avec élégance et désinvolture. Un linge blanc transparaît sous le corsage, laissant un triangle de peau nue. Tandis que les cheveux châtains, en désordre, pleins de mèches rebelles, s'échappent du chapeau, la bouche aux lèvres charnues ébauche une petite moue, mi-câline, mi-boudeuse. Le teint doré, comme le fond de ses yeux, évoque le soleil, l'Espagne, on ne sait quel passé à Tolède ou à Cordoue. Sur sa poitrine, au lieu d'un bijou, elle porte un bouquet de violettes.
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A quoi bon pleurer la vie écoulée, quand on a tant de nouveaux désirs et tant de nouveaux projets. Mais il vient inévitablement un jour où, passant devant la glace, l'image qu'on y surprend n'est plus tout à fait soi. Des rides, qu'on n'avait pas remarquées, se sont gravées sur le front. Des pattes d'oie brident le coin de l'oeil. Et ces affreux sillons, de part et d'autre de la bouche, depuis quand sont-ils là ?
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Une fille de Lélia, blonde et moins impérieuse que le modèle de George Sand, mais tout aussi déterminée, "elle fut la petite femme, jolie, seule et pauvre, que personne ne connaît dans son quartier et à qui tout le monde sourit parce que son sourire à elle, ingénu et confiant, semble demander grâce ; qui, peu à peu, conquiert la maison, le voisinage, la rue, comme cela, rien qu'en passant - et qui se trouve un jour populaire, sans savoir d'où cela lui est tombé".
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Toujours à propos d'Annie de Pène :
André Billy décrit avec émotion "l'être qu'elle fut, tout de joliesse, de finesse et d'affabilité, dont la seule approche était déjà un sourire".
"à la gentillesse indulgente qu'elle répandait partout où elle passait, comme un parfum.
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A propos de Annie de Pène amie de Colette, femme de lettres et journaliste.
Elle parle aussi des femmes dans la guerre : celles qui cousent des écharpes ou des couvertures pour les hommes au front, mais aussi celles qui désormais travaillent à leur place, les bûcheronnes, les charbonnières, les boulangères, les receveuses de tramways, les porteuses de journaux et même les obusières.
A chacune de ces catégories professionnelles, elle consacre des articles empreints d'admiration et de fierté. On devine qu'il est pour elle une vraie conquête, ce sentiment si neuf, si exaltant, qu'il existe une solidarité féminine. Il y a aussi "celles qu'on ignore" : les plus humbles, dévouées à la guérison, à la consolation, au deuil Et puis celles qui vont aux champs, chargées d'une récolte précieuse : "les Cueilleuses de trèfles à quatre feuilles", dont le seul but est d'envoyer un brin de chance aux malheureux soldats.
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On ne peut pas s'étonner de ses succès grandissants dans le journalisme : elle affectionne les récits courts et sait les rendre efficaces. Elle a l'art d'évoquer d'un trait, préfère aux longs commentaires les descriptions vivantes, concrètes et émouvantes. "La plupart du temps, dit-elle, c'est l'ordinaire qui me pique et me vivifie."
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Voilà comment Colette a coupé ses cheveux : par sens du devoir conjugal. Pour obéir à son mari et satisfaire son fantasme, elle s'est prêtée à ce jeu, à cette mascarade. elle a accepté de se dédoubler en Polaire, tandis que Polaire lui renvoyait sur scène sa propre image, dans le rôle qu'elles partagent l'une et l'autre aux yeux de ce pervers de Willy - la ravageuse enfant qu'elle a créée, et à laquelle Polaire a donné un corps et un visage.
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La vie a eu raison de sa jeunesse et de sa beauté. Mais elle a forgé une femme, dont on devine la force et la puissante vie intérieure, l'équilibre maîtrisé des émotions, des désirs. Cette interprétation n'est que regard - évidement constat d'un individu en paix avec lui-même, avec son passé.
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De La Boisserie, sa maison à Colombey-les-Deux-Eglises, le Général lui adresse le 6 juillet sa toute dernière lettre. Il le remercie de tout coeur de lui avoir envoyé Les Fils de l'impossible, et de la dédicace qui accompagne le livre.
Mon cher maître et ami, vous avez vu, vous faites voir, vous avez senti, vous faites sentir, vous avez compris, vous faites comprendre, le tout simplement, fortement, directement. Telle est la marque de votre si grand talant. Soyez assuré, mon cher Joseph Kessel, de mon amitié fidèle et dévouée.
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La France, terre d'accueil et pays des Lumières, il en a jusque-là éprouvé et vérifié la vérité et les légendes. Longtemps apatride, il se sent français dans l'âme, français mieux que par la naissance. Français de vocation. Comme Romain Lacew, le futur Romain Gary, comme Clara Malraux née Goldschmidt, pour ne citer que ces seuls exemples. (p.69)
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"Fixer quelque chose de ce qui passe." Son intention d'artiste, définie dans sa jeunesse, prend toute son envergure. Obsédée par la fuite du temps, à travers ses signes, sur son propre visage, Berthe Morisot montre la cruelle mélancolie du vieillissement. On ne possède pas sa vie. Elle s'enfuit, à peine commencée. Et il ne reste que quelques images : celles que l'art réussit à dérober à une destinée.
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La plus sédentaire des femmes exprime rarement des désirs d'ailleurs. Il ne lui arrive que de loin en loin d'éprouver l'envie de se dépayser. A l'étranger, lors de ses rares voyages, elle recherche moins les paysages que les chefs-d'œuvre de l'art dont elle a entendu parler. Tous ses voyages répondent au désir d'élargir ou d'affiner ses connaissances de peintre, en observant le travail des maîtres. C'est une touriste de musées. A chacun de ses retours, rassasiée d'art, elle se félicite d'habiter un quartier tranquille et une maison sage. L'esprit d'aventure ne lui est pas étranger : elle l'a tout entier intériorisé. Le rêve lui suffit, qui habite sa peinture. "Rien ne vaut deux heures étendue sur une chaise longue ; le rêve c'est la vie, et le rêve est plus vrai que la réalité, dit-elle. On y agit soi, vraiment soi. Si on a une âme, elle est là."
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Le Berceau (1872) représente sa sœur Edma, au chevet du berceau où dort sa seconde fille, Blanche. La jeune mère est de profil, dans une robe sombre, la joue appuyée sur une main ; l'autre main retient du bout des doigts le drap qui protège le nouveau-né. La lumière passe en transparence à travers le tulle, sous lequel dort la petite Blanche. L'intimité est totale. Le silence et la paix se ressentent au premier regard. Le pinceau a joué avec les blancs - sans empâter la toile, sans la surcharger, mais en délayant au contraire la couleur, en l'éclaircissant, en enlevant du blanc au blanc. Comme pour le rendre plus léger, plus volatil, à l'image de ce voile de gaze irisé, il a passé et repassé sur la toile. C'est une caresse, ce pinceau, parfois il apporte avec lui une touche de bleu, parfois une touche de rose, il n'est jamais défini, jamais pesant, c'est un souffle impalpable. Un seul regard sur Le Berceau réconcilie avec le monde, avec la vie.
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« Je crois que, quand nous pensons très vite, nous omettons les verbes et soulignons les adjectifs. »
Berthe Morisot
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« Je voudrais revivre ma vie, la noter, dire mes faiblesses ; non cela est inutile ; j’ai péché, j’ai souffert, j’ai expié ; je ne pourrai faire qu’un mauvais roman en racontant ce qui a été mille fois raconté. »
Journal intime de Berthe Morisot
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Elle préfère le silence, et saisir avec son pinceau la mélancolie des existences, dont rien ne reste ou presque, que le souvenir des instants, heureux ou malheureux, mais dont le caractère éphémère fait tout le prix.
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Ce qu’elle peint, c’est un monde idéal. Un monde dont elle rêve. Un monde serein et doux, préservé des duretés de la vie. Un monde féminin et comme à fleur de peau, concentré dans le bonheur des instants, dans le mirage d’une éphémère plénitude.
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Elle préfère la vie, tout ce qui bouge, tout ce qui fuit.
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« Je serais bien embarrassé de faire un voeu. Oh, si, à vous pourtant, oui, celui de vous rendre la femme la plus adulée, la plus choyée de la terre. »
Eugène Manet à Berthe Morisot
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