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Citations de Dominique Demers (253)


Livres et crottes de souris

Tout a commencé un mardi de mai à midi pile. Monsieur le maire Marcel Lenragé avait ses grosses fesses bien aplaties sur une chaise et les pieds grimpés sur son bureau. Il allait planter ses dents dans un gigantesque sandwich à la viande fumée lorsqu'il aperçut soudain, juste devant lui, une étrange vieille dame, très grande et très maigre, qui semblait sortie de nulle part. Elle portait une longue robe bleue, plutôt chic et passablement usée, et un immense chapeau.

— Je viens... euh... pour le poste de... euh... bibliothécaire, murmura-t-elle d'une voix de souris.

Marcel Lenragé s'étouffa de surprise, ses pieds retombèrent sur le tapis et sa fabuleuse pyramide formée de soixante-quatre tranches de viande dégoulinantes de moutarde et de gras s'effondra brusquement sur son bureau.

Quelques minutes plus tard, l'affaire était conclue. Pour la première fois de son histoire, le village de Saint-Anatole avait une bibliothécaire. Marcel Lenragé n'en revenait pas. Le poste était annoncé depuis trente ans au babillard de l'hôtel de ville, mais jamais personne ne s'était montré intéressé, car la bibliothèque était à peine plus grande qu'une armoire à balais et les vieux livres étaient couverts de crottes de souris.

— Cette grande asperge est sûrement cinglée, songea le maire lorsque la nouvelle bibliothécaire eut disparu. Comment s'appelle-t-elle au juste?

Il prit le contrat sous son nez, balaya les miettes de pain et trouva la signature parmi les dégoulinades de moutarde: Mademoiselle Charlotte.

— Chapeau de poil! Elle n'a même pas un nom complet, s'étonna-t-il.

Le maire haussa les épaules et entreprit de réassembler son sandwich. La bibliothèque et sa nouvelle bibliothécaire ne l'intéressaient pas plus que le sexe des ouistitis. Marcel Lenragé aimait donner des ordres à sa secrétaire, regarder les matchs de lutte à la télé et s'empiffrer de sandwichs à la viande fumée. Il n'avait jamais ouvert un livre de sa vie.
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La preuve? Ma sœur! Marie-Cléo. Quatre ans et demi. Un vrai désastre à deux pattes. Son passe-temps préféré? S’épingler des barrettes sur le crâne. Le reste du temps? En poser dans la crinière de ses 22 000 Barbie.
Et depuis que j’ai une sœur, je sais que les filles, c’est ennuyant. Comme une pizza sans pepperoni. Ou des éliminatoires de hockey sans Le Canadien.
Résumé: j’ai toujours trouvé les filles nouilles. Jusqu’à ce matin. À 10 h 41, j’ai presque changé d’idée. Ma mère dit que seuls les idiots ne changent jamais d’idée. Ça doit être vrai.
J’étais sagement assis sur ma chaise, dans la classe. Il n’y avait personne devant moi. J’occupe le dernier pupitre de la dernière rangée. D’habitude, Mathieu est devant, mais le cornichon a attrapé la varicelle.
Il me reste la fenêtre à gauche, le taille-crayon derrière et Rosaline Lamonde à droite. La pire chipie de tout le système solaire!
J’étudiais mon album de collants de hockey caché sous mon cahier d’exercices de mathématiques. Macaroni nous expliquait les divisions à deux chiffres. Le vrai nom de ma maîtresse, c’est Ghislaine Brisebois. Mais je l’ai rebaptisée Macaroni.
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Benoît contempla son amie. Il avait mal pour elle. Les autres s’imaginaient que c’était une tête forte. Lui savait que, derrière sa carapace de fer, Fanny Dubois avait le cœur en guimauve.

- Qu’est-ce qui t’a pris, Fanny?

Elle leva vers lui un regard d’enfant coupable.

- Je suis conne! Ça te va comme réponse?

Déjà elle regrettait ses paroles. Elle poursuivit, piteuse :

- Je sais pas ce qui m’a pris. Juste avant le cours, Mylène a essayé de me faire trébucher. Sur les conseils de Maryse, bien sûr. J’ai tout vu, tout entendu. Et comme d’habitude, j’ai continué mon chemin. Mais la réplique de Cyrano a réveillé ma rage. Les mots sont montés en moi. Ils exprimaient exactement ce que j’avais envie de dire.

Fanny avait peur maintenant. Benoît le sentait. Elle n’était plus Cyrano. Et elle savait bien que, pour se venger, Maryse Gagnon serait prête à tout.
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Une maîtresse complètement marteau!

D'habitude, les maîtresses marchent très vite. Elles sont toujours pressées. Leurs talons font klonk! klonk! klonk! dans le corridor. Ce matin-là, c'était différent. Notre nouvelle maîtresse semblait prendre tout son temps. On entendait deux ou trois petits clop, clop. Puis, plus rien. Comme si la nouvelle maîtresse flânait dans le corridor au lieu de se dépêcher!

La classe était silencieuse. On aurait entendu un petit pois rouler sur le plancher. Nous mourions tous d'envie de voir enfin la tête de notre nouvelle maîtresse. Depuis une semaine, nous ne parlions que d'elle. Personne ne savait à quoi ressemblerait ce mystérieux personnage venu d'une autre ville. Notre ancienne maîtresse, Germaine Chaput, était enceinte. Elle nous avait quittés pour aller minoucher son gros bedon rond.

Soudain, la porte s'est ouverte et une vieille dame très grande et très maigre est apparue. Elle portait un chapeau étrange. Comme un chapeau de sorcière mais avec une petite bosse ronde au lieu d'un long bout pointu sur le dessus. Sa robe, par contre, n'avait rien à voir avec les costumes de sorcières. C'était une sorte de robe de soirée à l'ancienne avec des rubans et de la dentelle, un peu fanée mais jolie quand même. »
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Dépêchez-vous. Sinon les baleines vont disparaître à jamais en emportant avec elles les plus précieux secrets du monde. C'en sera bientôt fini de nous tous. Il y aura plus d'hommes, ni d'oiseaux, ni de bêtes, rampantes ou galopantes. Il y aura plus d'aube, ni de lune, ni de marée, plus de commencement ni de fin. Vous avez compris? Elles sont les témoins du passé et gardiennes du futur. Arrêtez les barbares. Dites-leur avec des mots qu'ils comprendront que chacune des ces créatures participe à l'équilibre du monde. Chacune est toute-puissante en même temps que fragile et essentielle.
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ce livre est fantastique ! ce livre parle d'une jeune fille de l'age de 12 ans
qu'il a un oncle qui étrange..
qui travaille dans le désert pour le lieu du moment du livre mais il travaille partout dans le monde !!!
et a son anniversaire son oncle arrive en retard:(
Lily qui est la petite fille qui est son anniversaire est surpris que son oncle lui apporte un cadeau! mes ce cadeau est très étrange car ses un œuf..
un peut plus tard elle découvre que c'est un dragons après les indiste des courriel de son oncle .. jai adorer ce livre je vous le conseille
-emma gravel- xx
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Je me suis laissé émouvoir. J'en ai vu d'autres. C'était pas la première fois que je me retrouvais aussi seul en plein océan. Quand tout paraît bouché, il faut chercher les maigres indices éparpillés dans le ciel et en mer. Il en reste toujours. Trop d'hommes paniquent. Ils figent raide ou partent dans n'importe quelle direction. Pas moi. J'ai attendu. Longtemps. Le temps écoulé se mesure pas toujours. Malgré ce brouillard, j'espérais. C'est normal. J'espère toujours. Ma vie est un grand filet d'espérance.
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Ma mère a les cheveux bleus. Elle n'est pas complètement marteau, ni même un peu Martienne, mais simplement coloriste, au Salon Charmante, rue Principale à Saint-Jovite. La semaine dernière, ses cheveux étaient «or cuivré». Le flacon 57, sur l'étagère du haut.
Derrière les séchoirs, tout au fond du salon, ma mère mélange des couleurs. Mèches, teintures, balayages, reflets. Il y a des peintres en bâtiment, d'autres en chevelure.
Le bleu, normalement, n'est qu'un reflet. Mais Fernande n'a pas eu le temps de revenir à sa couleur naturelle - noir corbeau sans numéro - avant de l'essayer. Elle sait maintenant que le nouveau «bleu nuit 13» fait un peu psychédélique lorsqu'on l'applique sur un fond «or cuivré 57».
Moi, je rêve d'une mèche bleu électrique. Juste une, presque discrète, qui se tiendrait bravement debout sur le dessus de ma tête. Mais pas question! La petite Marie-Lune de Fernande et de Léandre n'a pas le droit d'être punk. Je me contente d'une coupe légèrement étagée et terriblement ordinaire, signée Gaëtanne, l'amie de ma mère, propriétaire du Salon Charmante.
Ce n'est pas très sophistiqué, mais c'est un peu ébouriffé, ce qui me convient. Avant, j'étais plutôt du genre coupe champignon. Un bol de cheveux renversé sur le crâne. Une auréole de poils trop sages. Maintenant, c'est fini. Je m'appelle encore Marie-Lune, mais attention! Je suis plutôt une Marie-Éclipse, une Marie-Tonnerre, une Marie-Tremblement de terre.
C'est drôle! Les clientes de Fernande lui réclament les pires extravagances, et elle ne bronche pas. Maman peint en blond Barbie les cheveux roux de Mme Lalonde, étale du jaune carotte sur la tignasse noire de Mme Bélanger, teint en noir charbon les derniers poils blancs de Joséphine Lacasse et jure à ces épouvantails qu'elles sont ravissantes. Ces dames lui demanderaient une mèche vert limette, et ma mère brasserait les couleurs sans dire un mot.
Moi? Voyons donc! C'est différent. J'ai déjà été la gloire de Fernande. Sa fille unique. Belle et brillante. Belle, dans la langue de ma mère, ça veut dire propre, bien mise et en bonne santé. Et brillante? Des «A» partout, en français comme en chimie.
Depuis l'an dernier, ma mère me trouve moins belle et brillante, et beaucoup trop adolescente. Et depuis qu'Antoine est entré dans ma vie, je me suis métamorphosée en cauchemar ambulant. Je fais peur à mes parents. La nuit des vampires, c'est rien à côté de moi.
Fernande a du mal à digérer la nouvelle Marie-Lune. Elle se ronge les sangs et elle s'arracherait aussi les cheveux si elle n'en avait pas déjà perdu autant. Elle fait des drames avec tout, pleure pour rien et souffre toujours de migraines.
Quant à mon père, journaliste sportif au Clairon des Laurentides, il lit plus d'articles sur l'adolescence que sur le hockey. Le pauvre a failli faire une syncope en apprenant que 50 % des adolescents ont fait l'amour avant la fin du cours secondaire.
Je suis devenue suspecte.
J'aime Antoine depuis le 27 octobre. Je l'aimais peut-être déjà auparavant, mais j'étais trop poire pour m'en apercevoir. L'année dernière, à la fête d'Halloween de la polyvalente, j'avais dansé avec Sylvie Brisebois.
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Il existe des mots dévastateurs qui rasent tout sur leur passage. Comme les tornades, les ouragans. Bien sûr, on voudrait rester droit, mais on ne peut pas résister. C'est impossible. Ces mots peuvent faucher des montagnes. Ils nous foudroient. On ne sent presque rien. Mais après, ça ne vaut même plus la peine de faire semblant d'être vivant. On n'existe plus.
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C'est si facile de tomber dans le piège et d'y croire. Mais on finit par y laisser sa peau.
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J'ai déjà été la gloire de Fernande. Sa fille unique. Belle et brillante. Belle, dans la langue de ma mère, ça veut dire propre, bien mise et en bonne santé. Et brillante? Des «A» partout, en français comme en chimie.
Depuis l'an dernier, ma mère me trouve moins belle et brillante, et beaucoup trop adolescente. Et depuis qu'Antoine est entré dans ma vie, je me suis métamorphosée en cauchemar ambulant. Je fais peur à mes parents. La nuit des vampires, c'est rien à côté de moi.
Fernande a du mal à digérer la nouvelle Marie-Lune. Elle se ronge les sangs et elle s'arracherait aussi les cheveux si elle n'en avait pas déjà perdu autant. Elle fait des drames avec tout, pleure pour rien et souffre toujours de migraines.
Quant à mon père, journaliste sportif au Clairon des Laurentides, il lit plus d'articles sur l'adolescence que sur le hockey. Le pauvre a failli faire une syncope en apprenant que 50 % des adolescents ont fait l'amour avant la fin du cours secondaire.
Je suis devenue suspecte.
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Elle avait tant à dire. Mais les mots lui semblèrent soudain trop légers. Il n'existait qu'un langage suffisamment puissant. Alors elle laissa son corps lui dire que c'était avec lui qu'elle voulait rire, danser, chanter, pleurer, crier.
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Je ne suis pas un modèle, reprit-il. Je ne suis égoiste, fendant, colérique. Même que je me perçois comme un grand malade. Moi aussi, j'ai vécu des choses...difficiles...des évènements auxquels j'ai encore du mal à faire face. Mais contrairement à toi, je ne les laisse pas me gruger tout rond. Au lieu de me replier, je me défoule. Plus ça me taraude, plus je me laisse aller. Toi, tu étouffes parce que tu gardes tout en dedans. T'es peut-être juste trop bien élevée. Faudrait désapprendre. Il est jamais trop tard.
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Je fis quelques pas encore jusqu’à ce que je puisse appuyer ma tête contre sa poitrine, enfouir mon nez dans la laine de son chandail, entourer ses épaules de mes bras. Il resta longtemps immobile. Son cœur cognait contre mon épaule. J’avais l’impression d’être appuyée à un tronc, un arbre droit, dur, sans ramure. Puis soudain, comme par enchantement, des branches poussèrent. Un bout de doigt effleura ma joue mouillée, un autre se prit dans mes cheveux et deux bras, enfin, m’enlacèrent.
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Tekahera se réjouissait secrètement du cheminement de Maïna et lorsque celle-ci lui présentait ses trophées de chasse, becs d’oiseaux, pattes de lièvres et queues de renards, elle ne pouvait dissimuler sa joie.
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Maïna ouvrit sa proie en lui tranchant le ventre avec son couteau à pointe de pierre. Puis, plongeant les mains dans le creux sombre et odorant, elle dégagea les entrailles. Elle écorcha ensuite son loup, caressa longuement la magnifique fourrure, puis fit brûler la chair et les os, car les Presque Loups ne mangent jamais leur semblable. Lorsque la faim les terrasse et que les caribous, les castors et les poissons se refusent, les Presque Loups se gavent de plantes comme la tripe de roche, ils dévorent jusqu'à la panse pulpeuse du castor, grugent la chair blanche sous l'écorce des arbres ou creusent le sol de leurs doigts meurtris en quête de racines, mais ils ne goûtent jamais à la chair du loup
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En poussant la porte de mon appartement, j'ai eu un frisson. L'impression d'un désastre. Pourtant, tout était en place. Je n'avais pas fait sécher mon maillot et ma serviette et il y avait une petite flaque sous le sac, mais ce n'était quand même pas grave. Lorsque j'ai retiré la serviette du sac, les enveloppes sont tombées. J'ai ouvert machinalement celle qui me semblait contenir une circulaire. À l’intérieur, il y avait une autre enveloppe adressée au 281, chemin Tour du lac, au lac Supérieur.

J'ai tressailli en reconnaissant l'écriture d'Antoine. À notre dernière rencontre, trois ans plus tôt, j'étais enceinte du moustique. Depuis, Antoine ne m'avait jamais écrit.

Mes doigts ont caressé les signes. J'avais peur d'aller plus loin. J'ai déchiré un coin de l'enveloppe en tremblant comme les feuilles des bouleaux lorsque le vent se lève à l'approche d'une tempête. Quoi que disent ces mots, je ne me sentais pas la force de les lire.
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Vert forêt et bleu électrique
Ma mère a les cheveux bleus. Elle n'est pas complètement marteau, ni même un peu Martienne, mais simplement coloriste, au Salon Charmante, rue Principale à Saint-Jovite. La semaine dernière, ses cheveux étaient «or cuivré». Le flacon 57, sur l'étagère du haut.
Derrière les séchoirs, tout au fond du salon, ma mère mélange des couleurs. Mèches, teintures, balayages, reflets… Il y a des peintres en bâtiment, d'autres en chevelure.
Le bleu, normalement, n'est qu'un reflet. Mais Fernande n'a pas eu le temps de revenir à sa couleur naturelle – noir corbeau sans numéro – avant de l'essayer. Elle sait maintenant que le nouveau «bleu nuit 13» fait un peu psychédélique lorsqu'on l'applique sur un fond «or cuivré 57».
Moi, je rêve d'une mèche bleu électrique. Juste une, presque discrète, qui se tiendrait bravement debout sur le dessus de ma tête. Mais pas question! La petite Marie-Lune de Fernande et de Léandre n'a pas le droit d'être punk. Je me contente d'une coupe légèrement étagée et terriblement ordinaire, signée Gaëtanne, l'amie de ma mère, propriétaire du Salon Charmante.
Ce n'est pas très sophistiqué, mais c'est un peu ébouriffé, ce qui me convient. Avant, j'étais plutôt du genre coupe champignon. Un bol de cheveux renversé sur le crâne. Une auréole de poils trop sages. Maintenant, c'est fini. Je m'appelle encore Marie-Lune, mais attention! Je suis plutôt une Marie-Éclipse, une Marie-Tonnerre, une Marie-Tremblement de terre.
C'est drôle! Les clientes de Fernande lui réclament les pires extravagances, et elle ne bronche pas. Maman peint en blond Barbie les cheveux roux de Mme Lalonde, étale du jaune carotte sur la tignasse noire de Mme Bélanger, teint en noir charbon les derniers poils blancs de Joséphine Lacasse et jure à ces épouvantails qu'elles sont ravissantes. Ces dames lui demanderaient une mèche vert limette, et ma mère brasserait les couleurs sans dire un mot.
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Le ciel croule
Mon père ressemblait à Charlie Brown avec son sapin. Il disait l'avoir abattu, mais à mon avis, c'était de l'euthanasie: ce sapin-là n'aurait jamais passé l'hiver. Un petit bout d'arbre maigre et crochu aux branches chichement éparpillées et aux épines roussies.
Je n'en revenais pas. Pourquoi vivre dans le bois, au bout du monde, si à Noël on ne peut même pas se payer un vrai sapin de carte de souhaits? De beaux sapins, il y en a plein sur notre terrain. Et autant chez les voisins, partis à Montréal - les chanceux - jusqu'à l'été prochain.
Léandre semblait fier de son arbre ridicule. Comme Charlie Brown dans un film de Noël. Charlie arrive avec un sapin tellement mal foutu que quand il le plante, celui-ci perd toutes ses épines. Tout le monde rit et Charlie est malheureux.
J'ai ri moi aussi. C'était trop bête. Léandre m'a regardée, l'air de revenir d'une lointaine planète. Il a contemplé son arbre. À croire qu'il le voyait pour la première fois. Et il a éclaté en sanglots.
C'est là que j'ai compris tout à coup. Mon père l'avait probablement cherché longtemps son sapin malade. Son pauvre sapin tordu. Il voulait un arbre qui ressemblerait à son cœur. À ses souvenirs. À sa douleur. Un arbre ami. Aussi mal foutu que lui.
C'est notre premier Noël sans Fernande. Ma mère est morte le mois dernier. Les gens disent que je suis en deuil. C'est faux! Je suis en désastre. La mort, c'est contagieux. Quand quelqu'un près de nous meurt, on se sent mourir avec lui.
Heureusement, j'ai Antoine. Quand je plonge dans ses bras, j'ai moins mal. Quand il me caresse le cou, je suis presque bien. Et quand il m'embrasse, j'oublie tout.
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Sais-tu d’où vient l’idée de Valentine Picotée ? Elle vient d’un de mes trois enfants : Alexis. Quand il était à l’école primaire, Alexis est tombé follement amoureux d’une petite fille dans sa classe.

Alexis a tout fait pour séduire cette petite fille. Malheureusement, ça n’a pas marché… Pour le consoler, j’ai inventé une histoire avec son nom dedans. Une histoire encore plus drôle et extraordinaire que ce qui lui est arrivé dans la réalité. C’est cette histoire que tu vas découvrir en lisant Valentine picotée.
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