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Citations de Dominique Kalifa (15)


On peut néanmoins avancer que c’est Guillaume Apollinaire qui eut l’idée maîtresse d’une Société des Amis de Fantômas , dix ans avant le surréalisme. Si ce n’est lui, du moins fit-il paraître suffisamment d’autorité, seul devant tous, pour matérialiser quelque chose de fugitif…
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Les travaux d'Haussmann ont sur le Paris criminel des effets contrastés. En éventrant la Cité et son lacis de venelles insalubres, ils contribuent à rejeter vers les péripéties de l'est et du sud parisien les fameuses "classes dangereuses". Une partie des romans populaires suit donc le mouvement et situe désormais son action dans les "quartiers nouvellement annexés". Adolphe Pelot décrit ainsi Le Drame de la rue de la paix (1875), Fortuné du Boisgobey Le Crime de l'Opéra (1879), Pierre Zaccone L'Inconnu de Belleville (1881) et Jules de Gastyne Le Mystère d'Auteuil (1904). Les nouvelles gares, le bois de Boulogne, et surtout l'espace équivoque situé entre le chemin de fer et le mur d'enceinte, deviennent les lieux privilégiés des feuilletonistes. Le boulevard Lannes, le boulevard Berthier ou les berges du Point-du-Jour figurent parmi les plus sinistres.
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L'homme qui rentrait de Biribi ou de Tatahouine était en ce sens doublement autorisé à importer ces pratiques dans les bas-fonds de la métropole. Certaines figures du Milieu ont dit cet excédent de violence, contre les femmes, les policiers, les rivaux, qui caractérisait ceux, très nombreux parmi eux, qui étaient passés par les bataillons d'Afrique. "Tous mes compagnons sont sortis de là la haine chevillée au corps, et aujourd'hui quatre-vingts pour cent des gars que j'y ai croisés sont morts dans des règlements de comptes ou tués par un flic", écrit un ancien de la section spéciale de Médénine.
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Comme toute période troublée, la Seconde Guerre mondiale favorise le crime: affaiblissement de la répression orientée davantage vers les cibles "politiques", diffusion de l'armement, multiplication des possibilités d'enrichissement rapide offertes par la désorganisation économique. L'Occupation, puis la guerre civile, accentuent ce phénomène.
A la déclaration de guerre, de nombreux truands mobilisés font connaissance avec les bataillons d'Afrique, puis sont internés comme indésirables. Mais l'armistice de juin 1940 ouvre une période faste pour le milieu. L'assimilation des maisons closes à des établissements de spectacle (loi du 31 décembre 1940) et la présence des soldats allemands font la fortune des tenanciers, qui bénéficient en outre des faveurs de l'occupant en échange de renseignements.
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Quel extraordinaire roman que celui de notre existence !
Quelles inimaginables histoires auxquelles nous avons été mêlées !
Se trouvera-t-il quelqu'un qui se fera l'historiographe de nos aventures et de celles de Fantomas ?
(Hélène Gurn - tome XXIX)
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Entre le lire et le croire, s'immisce toute la distance des usages sociaux, le rire, l'indifférence autant que l'adhésion. Rétive, fragmentée, l'opinion est rarement réductible à une somme de lectures, fût-elle insistante, et le lecteur façonne sans doute davantage le récit qu'il n'est façonné par lui. S'ils sont propres à dramatiser et à renforcer les préjugés du public, ces récits n'ont guère les moyens d'entretenir de profondes inquiétudes auprès de lecteurs qui ne forment jamais une masse passive et soumise. (p.269)
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Mais le même constat est dressé par les médecins militaires. "C'est souvent le même homme qui, de 20 à 45 ans, tout à tour chasseur léger, disciplinaire ou pénitentiaire, se promène d'un corps à l'autre, du bataillon au pénitencier, du pénitentier à la section de discipline, de la section aux compagnies du bataillon d'Afrique dites de bons sujets, changeant d'uniforme, non de caractère, de casernement, non de milieu."

L'Afrique, tombeau des "pas-de-chance" et des mauvais garçons.
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Au quotidien, la résistance passe par de menus actes qui, ensemble, permettent de maintenir un semblant de liberté. Rigoler, s'en payer une tranche, se faire la tête d'un gradé font partie de ces réjouissances qui ne coûtent pas trop cher. Inspectant un atelier, un général s'avance vers un détenu dont le képi retombe sur les yeux. "Votre képi est trop en avant", dit le général. Et il redressa la coiffure du détenu sur le front duquel on pouvait lire : "Encore un con qui me regarde".
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Le seul passé qui compte est le passé vivant qui se transforme avec nous.
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La Belle Epoque est notre rêve de l'unité perdue, celui que l'on convoque dans les moments de doute ou de crise. Elle a la beauté du mort, celle qui nous émeut encore. Comme la musique de Satie, elle exprime la douceur et la nostalgie poignante du temps qui fuit, du temps perdu.
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Il est toujours fait référence à une époque, mais ses contours restent très mal définies.
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Une dernière intrigue, plus indéchiffrable, vient encore s'entrecroiser dans cette histoire des bas-fonds. Elle a trait à la part obscure de nous-mêmes, aux contradictions de nos désirs, à l'impensé de certaines de nos pulsions. Aujourd'hui comme hier, les transgressions et les marges continuent de nous fasciner. La consommation symbolique de l'horreur n'a pas fléchi, elle semble même s'accroître à mesure que nos mondes se policent, que nos sociétés se pacifient. Prise en charge par les technologies, les industries du divertissement et les médias modernes, elle connaît même ses plus grandes heures. (p. 375)
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Martoune, la tenancière du Sphinx, qui, évidemment, connaissait son affaire, conclut sans hésitation : « La grande mode des années trente, c’est la partouze. Les gens se réunissent par groupe, chez les uns et les autres, et après avoir picolé, hop ! tout le monde à poil ! » Jean Galtier-Boissière lui fait écho un peu plus tard : « Les gens de la haute avaient inventé un vice nouveau… Tous ces blasés ne prennent plus grand plaisir à faire ce que vous pensez. Le ragoût, pour eux, c’est de se la regarder faire entre eux ! On appelle ça la partouse ! »
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J’interroge mes étudiantes : « Vous arrive-t-il de vous faire suivre dans la rue ? » Les réponses sont assez unanimes : cela est évidemment possible, mais c’est très rare et un brin ridicule. Pourtant, suivre une femme dans la rue a constitué durant toute la période qui nous occupe une pratique courante, une des façons les plus banales d’aborder l’autre. « J’aimais beaucoup suivre les femmes, d’abord par manie du flâneur distrait qui attend que le hasard fournisse une direction à ses promenades solitaires, puis par goût du rêveur sentimental, guettant au coin de chaque rue l’aventure qui changera peut-être la face de sa vie », lit-on en 1907 sous le plume de Léon Blum.
[...]
Suivre une jeune femme témoignait souvent d’une incapacité à imaginer une autre façon de lui parler. Subjugué par Yvonne qu’il a croisée au Grand Palais, Alain-Fournier ne trouve pas d’autre idée que de la suivre jusqu’au boulevard Saint-Germain où elle habite. Il y retourne ensuite tous les jours, jusqu’à ce qu’il ose enfin l’aborder à la sortie de l’église Saint-Germain-des-Prés. Léon Blum avoue aussi sa gaucherie. « Je suivais donc volontiers les femmes, et je les suivais mal, avec une insistance maladroite qui pouvait sembler indiscrétion et grossièreté, qui n’était pourtant que passivité obéissante. » Sa poursuite est pourtant impressionnante : depuis l’avenue de Courcelles, Blum suit cette jeune femme jusqu’à l’Étoile, puis tout le long de l’avenue Marceau et jusqu’au pont de l’Alma où ils franchissent le pont. Puis ils longent l’avenue Bosquet, dépassent le Champ-de-Mars, les Invalides, et prennent le boulevard du Montparnasse jusqu’à la gare. « Tout en marchand, je me disais : “Il faudrait pourtant lui parler, à cette enfant. Si ma poursuite lui était désagréable ou incommode, je le saurais depuis longtemps. Mais que lui dire ?” J’étais aussi gauche pour aborder les femmes que pour les suivre. »
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Le mythe du Déluge est surtout l'un des plus commun aux civilisation humaines.
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