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Critiques de Don Tracy (10)
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La bête qui sommeille

Le roman noir américain charrie, dans ses eaux troubles, des pépites sublimes.

La bête qui sommeille est de celles-ci.
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Tous des vendus !

Du côté de Baltimore, Johnny Thompson, un ancien boxeur, s'est reconverti durant la Grande Dépression en convoyeur de fonds pour faire vivre sa mère et son jeune frère affecté de bégaiement et prénommé Slade. Il sort de temps en temps avec Anna Krebak, une jeune femme polonaise, quand il a quelques dollars en poche, car la belle, un rien vénale, n'accepte de l'accompagner que lorsqu'il est en mesure de lui payer le cinéma, le restaurant ou la boite de nuit. Il en est pourtant fou amoureux. Aussi, est-il désespéré lorsqu'Anna épouse Slim Parsons, ex boxeur aussi et connaissance de Johnny, un flambeur qui frime au volant de son Auburn et claque son fric facilement. Sans trop savoir pourquoi, Johnny reste en lien avec le couple et devient, à sa grande surprise, ce qu'il n'a jamais été auparavant avec Anna, c'est à dire son amant. Quand Slim, qui semble ne se douter de rien, lui propose de cambrioler son propre fourgon blindé, il réfléchit longtemps avant d'accepter le coup. C'est le début pour Johnny Thompson d'une longue descente aux enfers. A la suite du hold up qui tourne mal et au cours duquel Johnny, grièvement blessé et trahi par Slim, abat le gangster, l'ex boxeur au nez aplati connait alors une fulgurante et insolente ascension sociale dont profite largement Anna qui se met en ménage avec lui. Mais le fantôme de Slim ne tarde pas à venir le hanter et la belle polonaise, plus garce que jamais, le trompe avec son jeune frère Slade, ôtant à Johnny jusqu'au goût de vivre.



Don Tracy a écrit sous divers pseudonymes plusieurs centaines de nouvelles durant l'âge d'or des "Pulps" et une dizaine de romans noirs d'excellente facture du milieu des années 30 au milieu des années 60, comme "Flash !" écrit en 1934 et publié dans la Série Noire en 1955 ou "Neiges d'antan" qui date de 1937 et qui est publié dans cette même collection dirigée par Marcel Duhamel en 1946. "Tous des vendus" se situe entre les deux, écrit en 1935 et publié en France en 1948. L'exemplaire que je possède, en excellent état date d'ailleurs de cette époque d'immédiat après-guerre et porte le numéro 14. Don Tracy se retrouve donc très vite ("Neiges d'antan" est le 5ème volume publié par Marcel Duhamel) aux côtés de Peter Cheney, James Hadley Chase, Horace McCoy ou Raymond Chandler, excusez du peu ! Et il ne dépareille pas du tout auprès de ces géants. Le créateur de la Série Noire prévenait les lecteurs de la collection de Gallimard en 1948 dans un manifeste toujours d'actualité, en précisant que l'amateur de romans d'énigmes popularisés par Agatha Christie ou Arthur Conan Doyle n'y trouverait pas son bonheur, pas plus que l'incorrigible optimiste ou le conformiste béat. Non, dans la Série Noire, on retrouve l'immoralité et la corruption, l'action, l'angoisse et la violence, l'amour souvent bestial et la passion qui détruit tout, la haine aussi "comme dans les bons films [où] les états d'âme se traduisent par des gestes". D'ailleurs "Tous des vendus" sera adpaté pour le cinéma à deux reprises. La première en 1949 sous le titre "Pour toi j'ai tué" de Robert Siodmak avec Burt Lancaster et Yvonne de Carlo et la seconde intitulée "A fleur de peau" dans un remake réalisé en 1996 par Steven Soderbergh. C'est bien la preuve que l'histoire est de qualité non ?
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La bête qui sommeille

Un roman "noirissime" qui immerge immédiatement le lecteur dans une Amérique où la crasse morale et physique sont le lot quotidien des personnages décrits. La misère mine les relations humaines et l'alcool n'arrange rien à l'affaire.

Dans cet univers mesquin, un crime totalement gratuit dû à l'abus d'alcool va être le détonateur d'un déchaînement de haine et de violence aveugle.

On n'est pas dans un roman psychologique, les pires choses arrivent parce qu'elle semblent dictées par le pire, et rien que le pire.

On assiste, écœurés, à la libération des passions les plus viles de l'humanité et dans le genre, c'est un festival sidérant...

Un roman fort !
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La bête qui sommeille

Jim est saoul. Jim tue une femme blanche. Malheureusement pour lui, Jim est noir, ce qui est déjà un crime dans les Etats-Unis des années 1930. Publié en France en 1951, ce roman noir de Don Tracy est réellement un ouvrage important sur le thème du racisme, à l’instar du « Chien blanc » de Romain Gary, bien plus tardif. Bien entendu, l’auteur ne minimise nullement l’acte du « nègre » mais là n’est pas son propos, même s’il métamorphose le meurtrier en victime, dans une scène d’une violence insoutenable. Non, ce qui l’intéresse est d’étudier et de démonter les processus psychologiques qui mènent à la justice expéditive (le lynchage) et à l’hystérie collective. Il place au départ un événement qui engendre les préjugés de toute une population vis-à-vis d’êtres humains considérés comme des animaux : ils sont irresponsables, puérils, fainéants (mais bons danseurs !). Ces idées préconçues sur une bonne partie de l’humanité conduisent à transformer une parodie de justice en un spectacle digne des jeux romains. Mais au-delà de cet événement atroce, Don Tracy analyse également les différentes réactions de plusieurs personnes en particulier. Car le racisme, c’est comme la peste, tous n’en meurent pas mais tous en sont frappés. Ainsi Al, ami d’enfance de Jim, blanc instruit, épris d’idées progressistes et égalitaires, se retrouve-t-il à hurler avec la meute assoiffée de sang et de bastonner le corps sans vie de son copain. Ainsi, dans les couples, les femmes poussent-elles leurs époux à participer à l’émeute hurlante. Ainsi, les autres noirs font-ils profil bas : ils se terrent chez eux ou fuient la ville. Ainsi les communistes, venus pour des raisons politiques, renient-ils leurs opinions emplies de revendications sociales. Que faire face à la cruauté portée à son paroxysme, avec la complicité de la loi (le shérif) et du pouvoir (le gouverneur) ? Pourquoi risquer sa position sociale pour défendre un « nègre » ? Pourquoi risquer sa propre vie ?

Mais la bête, quand elle a goûté au sang, elle en veut toujours plus. Alors elle cherche d’autres boucs émissaires. Quand il n’y a plus de noirs pour une bonne ratonnade, il y aura toujours bien un juif, un arabe, un homosexuel, un communiste, un journaliste, quelque part, en ville. La violence fait tache d’huile et se répand très lentement, en douceur dans les esprits et dans les cœurs.

Roman américain courageux, « How Sleeps the Beast » nous pose plusieurs questions, toujours très actuelles. Premièrement, comment réagirions-nous, nous, indignés par les actes de ces personnages de fiction, face à une telle démonstration de force aveugle ? Aurions-nous réellement le courage d’agir ou alors ferions-nous le dos rond ? Ensuite, à plusieurs reprises, Don Tracy fait tenir à ces gens-là des propos (valeurs de la suprématie blanche, minorités inutiles, profiteurs et assistés sociaux, justice lente et inefficace…) encore entendus, il y a peu, dans un reportage sur l’extrême-droite américaine. Mais ces affirmations ne sont pas propres aux Etats-Unis. Vivant dans un pays au passé colonial trouble (le Congo belge), j’entends encore ces paroles à propos des noirs (et de bien d’autres) dans la bouche de certaines personnes. Si bien que la bête immonde est toujours là, tapie dans l’ombre des consciences, n’attendant qu’un détonateur pour cracher à la figure de tous les humanistes, de tous les démocrates, de tous les hommes de bonne volonté.
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Neiges d'antan

Un huis clos dans un chalet de chasse américain pendant une tempête de neige. Vous y mettez deux types au passé un peu douteux qui se sont reconvertis dans le métier de guide de chasse et pêche après des expériences professionnelles malheureuses. Vous ajoutez un cuisinier moitié ivrogne, une grosse tempête de neige et pour pimenter le tout, l'arrivée inattendue d'un riche couple de clients. Jusque là rien de sensationnel. Mais en fait l'épouse du client fortuné se nomme "Marty" et c'est l'ex-épouse de Pete, l'un des guides. La promiscuité, le blizzard et le whisky risquent de provoquer des évènements...

Je n'ai pas trouvé trop d'intérêt à ce huis-clos cynégétique, de plus, aucun des personnages n'est sympathique et la traduction semble de mauvaise qualité. En effet par exemple, nous trouvons plusieurs fois l'expression 'gros fric'.

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La bête qui sommeille

Don Tracy l'a dit lui-même : de toute sa production, fort importante, c'est son livre préféré. C'est un réquisitoire implacable contre le racisme en Amérique dans les années 30. Le manuscrit a d'abord été présenté aux éditeurs américains qui l'ont, systématiquement, rejeté. C'est en Angleterre qu'il a été publié pour la première foi, avant d'être repris aux États-Unis en 1938. Ce n'est qu'en 1951 qu'il est paru en France à la Série Noire.

Je pense que Gallimard aurait pu lui faire l'honneur d'une publication dans sa collection blanche au même titre qu'un Steinbeck. Il est des œuvres dont la grandeur reste ignorée. Mais il n'est jamais trop tard...
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La bête qui sommeille

Un terrible petit roman sur l'effrayant pouvoir du groupe sur l'individu. Un violent réquisitoire contre le racisme de la société américaine des années 50. Impressionnant!
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La bête qui sommeille

Polar coup de poing dénonçant la bêtise, la lâcheté, la violence aveugle dont est capable notre belle humanité.

Dans une petite bourgade américaine, Jim, pauvre noir paumé, après avoir trop bu, commet un viol. Très vite, il est arrêté et jeté en prison. La population locale va alors se déchaîner et vouloir lyncher le pauvre bougre.

Faux polar ? L'enquête est quasi inexistante dans ce livre et ce qui importe avant tout l'auteur, c'est la peinture d'une humanité écoeurante de veulerie, d'ignorance, vivant dans une misère sordide.

Don Tracy, sans donner de leçon, nous montre la puissance de la bête qui sommeille en chacun de nous.

Et le roman, de façon terrifiante, avance vers une fin inexorable, à laquelle aucun des protagonistes n'y pourra rien changer.
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Tous des vendus !

Un polar dans l'actualité du moment...



un ancien boxeur devenu convoyeur de fonds, Johnny Thompson, trop fauché pour sortir avec et pourvoir aux besoins de la femme qu'il aime - une garce égoïste et superficielle, très contente d'elle-même -, est contraint de participer au braquage de son propre fourgon.
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Tous des vendus !

Un ex boxeur un peu loser (à la Rocky), transporteur de fonds, est amoureux et fait tout pour gagner plus d’argent et pouvoir sortir sa belle. Il est amené à accepter d’être complice dans l’attaque de son fourgon. Mais le sort tourne en sa faveur jusqu’au jour où… Un bon polar qui sent bon les films américains en noir et blanc des années 50.



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