Dans les endroits où le capitalisme dresse les Blancs contre les Noirs, et entretient soigneusement la haine raciale pour leur faire oublier qu'ils sont mal payés, qu'ils vivent dans la misère, qu'ils n'ont pas les moyens de vivre comme des êtres humains. Le capitalisme entretient le lynchage. Le capitalisme favorise délibérément les lynchages, en utilisant les Noirs comme briseurs de grève contre les Blancs. Le capitalisme utilise le racisme comme dérivatif pour contrecarrer tous les mouvements qui luttent pour améliorer les conditions d'existence dans la région. (p. 117)
«Pendant deux ans, j'ai bu comme un trou. Résultat : j'ai un trou dans la mémoire.
Alors, quand les gangsters viennent me demander : "Où est Bill Logan?" je suis bien en peine de les renseigner. Et je me garde bien de leur communiquer le vague soupçon qui m'effleure : Bill Logan, c'est peut-être moi!»
Il suivi la foule. Bousculé par les hommes qui le croisaient, il fit demi-tour vers la ville. Il marcha d'abord lentement, mais le mouvement de la foule l'obligea å accélérer. Puis, entraîné lui aussi par la force aveugle et hideuse qui poussait la horde, il se mit à courir.
Il se surprit å crier avec les autres et s'arrêta, stupéfait.
"Moi ? pensa-t-il. Qu'est-ce-que je fais dans cette foule ? Pourquoi est-ce-que je crie avec les autres ? Je suis différent. Je ne suis pas un lyncheur. Je ne devrais pas être ici.
Il se mit au pas puis il recommença à trotter, puis à courir. Et bientôt, il se remit à hurler avec les autres. (p. 155)
Il y eut un remous dans la foule. Elle avançait, elle reculait. Elle commençait à se convulser de plus en plus violemment. Les visages étaient comme tordus par une espèce de fureur démente. Les yeux étaient durs et brillants. Les poings se crispaient. C'était une horde primitive qui s'excitait au carnage en criant des mots guerriers. Le type de New York jouait le rôle du sorcier, en les réchauffant avec des phrases brûlantes auxquelles la répétition n'enlevait rien de leur virulence. Il brisait les chaînes qui retenaient la bête qui sommeillait en chacun d'eux. (p. 92)
- Nègre, dit le sheriff, tu n'es pas près d'avoir un avocat communiste pour te faire durer deux ans. Tu n'iras pas à la grande ville où on te mettrait dans une grande chambre tapissée de velours rouge et où on te nourrirait de poulet rôti. C'est pas en ville que tu vas aller. C'est en enfer que t'iras ce soir, et j'espère que tu y brûleras pendant l'éternité pour les embêtements que tu m'as déjà faits et pour tous les emmerdements que je vais encore avoir par ta faute, salaud de nègre. J'espère que tu rôtiras pour l'éternité. (p. 108)
Le Cantique des Cantiques, ça n'a jamais impressionné personne, en Floride. Coralee avait la peau noire, c'était une raison suffisante pour lui coller sur le dos le meurtre de Jack Taggart, le neveu du sherif. On avait tout fait pour que les apparences soient contre elle. Et on ne voyait pas quelles chances elle avait de s'en tirer avec l'avocat qui s'était mis en tête de la défendre, un poivrot à qui tout le pays conseillait de retourner d'où il venait. Ce poivrot, c'était moi...
Vous savez, des filles et des types. Quelque chose de polisson. Les machins qu’on reçoit maintenant, c’est drôlement dépassé. Les clients, ils veulent du neuf. Des belles petites mômes, comme ils en voient dans la rue…
Là-haut sur notre montagne, on était si bien, moi et les collègues. On gagnait notre bœuf sans nous en faire, en hébergeant - contre espèces - les grossiums de la ville venus jouer à Tartarin. Alors pourquoi a-t-il fallu qu'elle revienne me narguer, Marty ? Marty, mon ex-femme, qui m'avait lâché froidement quand j'étais tombé dans la débine, et qui, à peine arrivée, s'est mise à vamper mon meilleur copain, histoire de flanquer la pagaille et de renifler l'odeur du sang qui allait couler ?
La neige, la haine et l’ennui empêchent de savoir si je vaux mieux que les autres, ou si tu vaux mieux que les autres, ou si aucun de nous vaut quoi que ce soit. Parce que la neige nous a poussés les uns sur les autres et que les gens ne tiennent jamais bien le coup, quand ils sont entassés comme ça, les uns sur les autres. Les gens ont besoin de beaucoup d’espace entre eux, quelquefois. C’est aussi nécessaire que l’eau ou l’air, ce besoin d’espace entre les gens.
Les gens était trop occupés à se débrouiller eux-mêmes, pour avoir le temps de verser un pleur au pied de mon mur des lamentations personnel, si bien que j’étais devenu un clochard, sans avoir la consolation de savoir si quelqu’un s’en rendait compte ou se souciait même que je sois tombé dans un tonneau d’excréments.