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Critiques de Donny Cates (124)
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Thor, tome 1 : The Devourer King

Par Odin ! Qu’est-ce que j’ai bien fait de suivre l’avis de Présence sur ce titre. Donny Cates grimpe les étages de mon admiration à vive allure !



L’histoire, récente, est géniale. Thor est devenu roi d’Asgard et Sif a remplacé Heimdall sur le Bifrost. Mais voilà que s’écrase un Galactus qui semble mal en point. Il vient chercher de l’aide car une menace bien plus dangereuse que lui-même menace l’univers : l’Hiver Noir, un dévoreur bien plus glouton que Galactus. Une alliance teintée de méfiance est signée, et Thor devient le héraut de Galactus, mais un héraut insoumis, voire dominant.



J’ai à peu près tout apprécié dans ce récit : la forte présence des personnages principaux et secondaires, le choix cornélien entre la vie de quelques planètes et leurs populations contre la vie de l’univers, l’étrange talent de cette brume ténébreuse – l’Hiver Noir – qui tue en montrant à chacun quelle sera sa fin. Le dessin de Nic Klein aussi, dans des couleurs qui rappellent Alex Ross, puissant (bien que j’aie trouvé les attaques de Galactus à coup de simples rayons sortant des mains et des yeux un peu trop simplistes).

Il y a même quelques brins d’humour, comme le marteau de Thor qui fait le tour des Dix Mondes (on est passé de neuf à dix, je ne sais pas comment) pour proclamer le nouveau statut royal de Thor, atterrit devant les Avengers, et Tony Stark qui écrit dessus un message de félicitations avant que Mjollnir ne reparte (« quelqu’un a un marqueur? » lol !).



J’ai déjà acheté deux autres tomes écrits par Donny Cates, et j’ai dans le viseur son Silver surfer black qui fait ici encore une apparition remarquée.

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Les Gardiens de la Galaxie : Le dernier défi

Je me suis régalé avec ces Gardiens de la Galaxie.



L’album est composé de deux histoires à épisodes. Dans la première, les plus grands héros cosmiques assistent à la lecture du testament de… Thanos (oui, il est re-re-re…re mort). Evidemment, il s’est permis une dernière farce : il a implanté sa conscience dans l’esprit d’un autre. Qui ? On sait pas. Eros, le frérot de Thanos, demande alors à tous les présents de se lancer à la recherche de cet inconnu… et de le buter.

Mais certains ne sont pas d’accord car le principal suspect (pour des raisons que je ne dévoilerai pas) n’est autre que Gamora, la fille de Thanos.

Une nouvelle équipe de Gardiens se forme alors autour de Star-Lord, plus blondinet que Chris Pratt, pour contrer les chasseurs de Gamora. On a du lourd : Beta-Ray Bill : un Thor numéro 2 extraterrestre, Dragon-Lune fille de Drax le Destructeur, et même un Ghost Rider cosmique qui n’est autre que Frank Castle, le Punisher (comment en est-il arrivé là lui ?). Cela m’a fait drôle de voir Groot parler normalement. Il s’est fait pousser une crête de bois sur la tête, lol.

Mais d’autres dangereux individus viennent jouer la mouche du coche : L’Ordre Noir (vous savez ? les méchants au service de Thanos dans le film Infinity War) et surtout Héla, déesse asgardienne de la mort.

Une histoire bien cosmique, drôle grâce à certains personnages, et au scénario bien troussé. Le dessin de Geoff Shaw est excellent.



La deuxième histoire met en scène l’Eglise universelle de la Vérité, qui est apparue dans les récits de Jim Starlin faisant suite au Gant de l’Infini. Elle s’empare peu à peu de tous les héros cosmiques pour les transformer en pile (comme dans Matrix) afin de réaliser un objectif plutôt ambitieux.

Les Gardiens nouvelle formule, aidés de Nova (le seul le vrai Richard Ryder) vont se retrouver sur son chemin. A cela se mêle un récit plutôt dramatique lié à Rocket, qui est plutôt mal en point et c’est un euphémisme.

Encore un très bon récit comique et cosmique avec de nombreux rebondissements (dont le retour du Drax le Destructeur original).



Bref une bonne façon de poursuivre ses vacances.

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Thanos, tome 2 : Thanos gagne

Vachement bien, cette petite mini-série.



Elle nous déplace dans un futur éloigné de quelques millions d’années. A cette époque, tout a été tué. Thanos a réussi son pari.

Thanos a gagné.

Attendez, tout tué ? Non, non. Comme chez Astérix, un ou deux zigues persistent encore et toujours à résister à la mort. Et le vieux Thanos fatigué estime qu’il a besoin de sang jeune pour la victoire définitive. Quel meilleur sang que le sien ?

Il envoie donc son bouffon – le cosmic Ghost Rider alias Franck Castle anciennement le Punisher (si, si !) – à travers le temps « demander » l’aide de son jeune lui.



On est dans une dernière bataille de fin du monde, une forme de Ragnarok, sans héros romantique luttant jusqu’au bout, juste de la vengeance, de la colère, de la haine ou du mépris.

Je noircis le tableau pour faire mon petit effet. En fait c’est plutôt marrant. Le dialogue musclé des deux Thanos, incapables même d’aimer un autre lui-même, est drôle. Sans parler du désinvolte « comic » Ghost Rider qui est décidemment l’antithèse du bonnet de nuit Punisher.



On apprend aussi plusieurs choses. Une se raccroche à l’une des scènes de fin du film Les Éternels que je n’avais pas comprise. Il semble que la famille de Tital : Mentor, Eros, Thanos, soient en fait des Éternels, et que Thanos aurait été affecté du syndrome des Déviants (d’où sa tronche). Cela s’éloigne de l’origine proposée en son temps par Jim Starlin qui les reliaient aux Olympiens (Zeus & co).

On a aussi droit en détail à la vie de ce cosmic Ghost Rider, ex Punisher qui fit un pacte avec Méphisto puis devint héraut de Galactus.



C’est le deuxième récit de Donny Cates que je lis et j’apprécie son ton où le deuxième degré sonne plus fort que le premier. On sent que, chez Marvel, il ne faut pas prendre les cataclysmes et les génocides au pied de la lettre. Tout le monde se relève à la fin de la pièce. C’est l’impression qu’il me donne en tout cas.

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Hulk, tome 1 : L'écrasonaute

Marvel - Hulk - L'Écrasonaute - Cates Ottley & Ryan Ottley - dépôt légal Novembre 2022;

Ce qui frappe très vite, c'est l'humour qui fait mouche dès le début.

« Ça suffit. J'ai suffisamment été un monstre. J'ai largement fait ma part d'héroïsme. »

Référence ouf à "Damien la malédiction" pour justifier la fin et les moyens...

Parallèle entre la mutation et la maladie.

J'ai tout de suite vu que les dessins étaient magnifiques (et je souligne "magnifique").

Banner décrit Hulk comme "le plus fort du monde" . J'ai hésité dans les magasins mais c'est sûr... Il vaut son 5/5 !!

Il y a une toute petite apparition de Jean Grey. En fait, on voit tout le monde sauf Deadpool. Jean porte le corps sans vie (et sans tête) de son chéri Cyclope.

On passe par la sympathique étape "Marvel Zombie"...

Vers les 2/3 on commence à se demander si quelque chose dans l'univers peut stopper Hulk. (J'avais fais le lapsus "Sauver Hulk").

Oh my my! Sans vous spolier on a une combinaison de deux Avengers ouf!

Une escalade de Violence. Comment l'arrêter?

Phoenix

++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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BuzzKill

Le protagoniste est un alcoolique qui tente de devenir sobre et de mettre sa vie en ordre.

Il est aussi un superhéro qui tire ses pouvoirs de sa consommation de drogues et d'alcool.



L'idée est intéressante et l'exécution originale. Malheureusement, la fin n'est pas à la hauteur et retombe comme un soufflet. L'auteur semblait n'avoir rien à dire sur les thèmes qu'il abordait.
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Thor, tome 2 : Prey

A nouveau Donny Cates m’épate.



Le scénariste part d’une idée très originale. A ses débuts chez Marvel, Thor était avant tout le docteur boiteux Donald Blake qui se transforme en dieu du tonnerre en tapant sa canne sur le sol.

Puis la vérité apparut. Donald Blake était une fausse identité créée par Odin, destinée à apprendre l’humilité au jeune et impulsif Thor. Au bout d’un temps, Blake disparut de la circulation.

Donny Cates se demande où allait Blake après avoir tapé sa canne. Et il lui construit un monde onirique et périodique, un éternel ruban de banlieue calme où tous les habitants sont sympas. Un monde à la Truman show mais pas télévisé.

Mais que se passe-t-il lorsque les décennies passent, laissant Blake dans ce monde statique déprimer, devenir fou ?

Cherchant vengeance ?



Pour une raison qui regarde Thor, devenu père des dieux à la place de son père Odin, il décide de ramener Blake.

Et il ramène l’enfer.



L’idée est assez géniale. Le récit n’est pas dépourvu d’humour (voir Odin bedonnant, genre Hells Angels, pilier de bar désabusé, se recevant une mandale de Jane Foster transformée en Valkyrie, est fendard). Un humour encore plus présent dans la première partie, où on voit que Mjolnir est le dernier porteur de message à la mode entre Tony Stark et Thor, enfoncé WhatsApp).

La tournure à l’humour de Ragnarok, le film, a donc contaminé les comics. Et c’est pour le mieux.

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Thor, tome 3 : Revelations

Troisième volume de Thor by Donny Cates.

Le scénariste reste fidèle à sa technique humour-action qui me semble être sa marque fabrique. Sous sa patte, Thor devenu roi d’Asgard continue de bipolariser entre gravité dépressive et humour naïf.

Pas facile de succéder au Père de toutes choses ; même son marteau refuse désormais de lui obéir car, devenu roi, il n’est plus vraiment un guerrier.

Puis quand il a fini de broyer du noir, il enfile un tee-shirt moulant et s’en va se promener dans la ville, l’œil réjoui et l’estomac dans les talons. Il en profite pour se livrer à sa « bonne amie » (hé, hé) Jane Foster qui a du mal à saisir la logique du dieu (faut bien dire…). Celle-ci est apparemment devenue une Valkyrie après avoir été Thor lui-même (plutôt elle-même).



C’est aussi l’occasion de voir la famille Odin réunie. Thor a une mère plutôt badass voyez-vous, et une sœur ainée qui ne s’en laisse pas compter. La petite famille s’engueule entre la dinde et l’écharpement de quelques monstres, on se croirait dans un téléfilm familial américain contant le repas de Thanksgiving.



Vous le voyez, la couverture reprend une scène culte du premier Avenger : Thor qui cogne Mjolnir contre le bouclier de Captain America. Ici c’est le comics qui a imité le film, car il date de 2020-2021.



J’ai encore un volume sous le coude. Je ne sais pas s’il en existe d’autres après.

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Thor, tome 4: God of Hammers

On ne peut plus avoir confiance en rien ni en personne.



C’est ce que doit se dire Thor en vivant cette aventure, alors qu’un mystérieux Dieu des marteaux passe de monde en monde pour détruire tout sur son passage et que son propre marteau, Mjollnir, a disparu.

Thor comprend vite que Mjollnir est à l’origine de ces carnages. Il recherche celui qui le lui a volé.

Qui aurait pu supposer que le responsable était… cela ?



Encore une fois Donny Cates, bouleverse la mythologie nordique, la malaxe comme une argile. Vis-à-vis des dieux scandinave, c’est un véritable hérétique. Mais j’aime le résultat, car les coups de théâtre et les révélations sont spectaculaires.

En prime on a droit à un enterrement de première classe, où le tout cosmique est invité ou s’invite. Je ne vous dirai pas de qui il s’agit. Et… la mort dans les comics, ce n’est qu’un mauvais moment à passer.



Les quelques épisodes qui suivent la série principale sont beaucoup moins intéressants, issus essentiellement du passé. Et leur dessin n’est pas formidable.

J’ai vu qu’un cinquième volume est paru. Je suis tenté.

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Thor, tome 3 : Revelations

Ciel ! Mon marteau !

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Ce tome fait suite à Thor by Donny Cates Vol. 2: Prey (épisodes 7 à 14) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 15 à 18, ainsi que le numéro annuel 1, initialement parus en 2021, écrits par Donny Cates, pour les épisodes 15 à 18. Les 15 à 17 ont été dessinés et encrés par Michele Bandini, avec l'aide d'Elisabetta d'Amico pour les 15 & 16. L'épisode 18 a été dessiné et encré par Pasqual Ferry & Bob Quinn. Matthew Wilson a effectué la mise en couleurs de ces 4 épisodes. Les couvertures ont été réalisées par Olivier Coipel. Le numéro annuel 1 a été écrit, dessiné et encré par Aaron Kuder, avec l'aide de Cam Smith pour l'encrage, et mis en couleurs par Chris O'Halloran. Ce tome contient également les couvertures variantes réalisées par Nic Klein (*4), Tony Daniel, Rob Liefeld, Peach Momoko, Todd Nauck, Joe Jusko, Travis Charest, Ron Lim.



Épisodes 15 à 18 : en Asgard, le temps est aux réjouissances et à la fête pour célébrer la victoire. Mais assis à la place du chef, Thor reste sombre. Il n'apprécie pas la manière dont Volstagg raconte la bataille, et il s'emporte en le faisant savoir. Il se lève et s'excuse pour son éclat de voix, blâmant la boisson. Il sort du hall du banquet se rend à sa chambre. Par terre se trouve Mjolnir, posé sur la pierre. Il se saisit du manche à la verticale et use de toutes ses forces pour le soulever d'une vingtaine de centimètres. Il le laisse lourdement retomber sur le sol. Il recommence, mais ne parvient pas à le lever plus haut. Soudain Mjolnir s'élève par sa propre volonté et vient frapper Thor en pleine poitrine, le faisant chuter et le clouant au sol. Loki entre dans la chambre sur ces entrefaites et soulève le marteau sans peine, libérant ainsi Thor. Ce dernier intime à son demi-frère de ne rien en dire à personne. Il l'informe qu'il va se rendre sur Midgard pour régler ce problème. Il arrive à New York en plein milieu d'une bataille entre les Avengers et des créatures robots. Il prête main-forte à Iron Man (Tony Stark), Captain Marvel (Carol Danvers), Hulk (Jennifer Walters), Captain America (Steve Rogers), Blade (Eric Brooks), Black Panther (T'Challa) et Ghost Rider (Robbie Reyes). Il anéantit les créatures robots avec les éclairs de l'orage. Mais une fois la bataille gagnée, Mjolnir attaque Captain America.



Après les deux premiers tomes, le lecteur ne sait pas trop ce qui attend Thor. Donny Cates a évoqué sa mort aux mains de Thanos, dans un rêve prémonitoire, ou plutôt un cauchemar prémonitoire. Celui-ci revient hanter le dieu du tonnerre au début de l'épisode 16, avec un passage terrifiant : Thor est à terre ayant mordu la poussière, et les dessins montrent Thanos avec le pied sur la tête de Thor. Il appuie : un bruit écœurant se fait entendre, et des gouttelettes de sang giclent. Le dessinateur a le sens de la mise en scène frappante. Le premier épisode rappelle l'autre problème présent depuis que Thor a succédé à son père sur le trône d'Asgard en tant que roi : il lui est de plus en plus difficile de soulever Mjolnir, alors que n'importe qui d'autre semble pouvoir le faire, même s'il n'en est pas particulièrement digne. Le lecteur se souvient de la période pendant laquelle Odinson était indigne, après Original Sin (2014) de Jason Aaron & Mike Deodato. Mais le problème semble être différent, pas une question de mérite. Cela conduit Thor à aller chercher de l'aide, preuve de sagesse : celle des Avengers, et de Captain America en particulier. Il n'est pas au bout de ses peines, car après avoir obtenir cette aide, il est convoqué par sa mère pour une sorte de conseil de famille avec son père et sa sœur. Un moment un peu compliqué où les hommes n'apparaissent pas comme les membres les plus admirables de la cellule familiale.



Le lecteur comprend donc que le héros passe par une nouvelle phase compliquée : il est confronté à un problème qu'il ne comprend pas et il doit demander de l'aide. Le scénariste a l'intelligence de montrer que la charge de roi a mis un peu de plomb dans la cervelle d'Odinson et qu'il est capable de demander cette aide, avant de s'y retrouver acculé par les circonstances. Thor est toujours fort et combatif, mais il a conscience que tout ne se résout pas par les combats physiques. Après Nic Klein et Aaron Kuder, c'est au tour de Michele Bandini de mettre en image les aventures du dieu du tonnerre. Le dessin en pleine page en ouverture en impose avec les asgardiens assemblés à table, d'autres tablées derrière, et une légère contre-plongée qui permet d'admirer le travail de charpente. Le lecteur ressent vite l'ambiance plombée par l'attitude renfermée de Thor, et le malaise qui point progressivement sur le visage des autres personnes à a fête. Le dessinateur sait bien faire passer l'état d'esprit de chaque personnage sur son visage et par sa posture : l'esprit préoccupé et sombre de Thor, son désarroi et son incompréhension en constatant le comportement Mjolnir, sa terreur en comprenant que Thanos va lui faire éclater le crâne sous la pression de son pied, la confiance et la sollicitude de Jane Foster, le vague agacement d'Angela vis-à-vis de son frère, la mauvaise grâce d'Odin à devoir recevoir des leçons de son épouse et de sa fille, et l'expressivité irrésistible du visage de Throg.



Comme chaque artiste devant assurer une production mensuelle contraignante, Michele Bandini connaît les trucs et astuces pour réaliser ses cases plus vite : s'affranchir de représenter les décors pendant les combats, les simplifier après la ou les cases d'ouverture d'une séquence, donner l'impression d'une densité visuelle significative avec des effets faciles comme des volutes de poussière ou des effets spéciaux d'énergie confiés au bon soin du coloriste. Il bénéficie pour ça de Matthew Wilson, excellent professionnel, aguerri à nourrir les cases avec lesdits effets spéciaux et des camaïeux sophistiqués donnant l'impression de la rémanence du décor, en reproduisant le schéma de couleurs selon ses axes structurants. Le lecteur se rend compte qu'il a peut-être la dent un peu dure avec l'artiste qui prend également le temps de représenter les environnements dans le détail chaque fois que la séquence le justifie : la maison longue où se déroulent les festivités, les gratte-ciels de Manhattan dans la rue où se déroule le combat contre les créatures robots, les rues tranquilles de Manhattan où déambulent Jane Foster et Thor qui va s'acheter un hotdog, les forêts chantantes de Vanaheim avec des arbres un peu trop génériques quand même, l'arbre dans lequel Throg reçoit Thor. En fait, tout bien considéré, l'artiste donne à voir de nombreuses choses au lecteur, et réalise des planches le plus souvent bien fournies, avec un goût pour les combats, pour le langage corporel et pour la Fantasy.



Le lecteur se laisse emmener dans ces nouvelles épreuves affrontées par Thor. Il comprend bien que le scénariste lui promet un combat épique à venir, mais qu'en attendant, le chemin à parcourir est assez long. Cates rappelle donc l'affrontement à venir contre Thanos à raison d'une fois par tome, comme si c'était nécessaire pour retenir l'attention du lecteur. Pourtant les présents épisodes ne sont pas des bouche-trous. Le dessinateur est tout à fait compétent, et sa narration visuelle est d'un bon niveau, sachant marier des éléments superhéros et des éléments Fantasy, insufflant de réelles émotions dans les personnages, et parvenant même à rendre intéressants les Pet-Avengers, concept pourtant infantile par essence. Le lecteur accepte donc bien volontiers de suivre Thor qui reçoit des leçons d'humilité, d'abord en devant renoncer à Mjolnir qu'il est devenu incapable de manier, puis en écoutant sa mère et sa sœur lui donner des bons conseils, et enfin en demandant l'aide de son demi-frère, puis d'une grenouille.



Anuuel 1 : Aelsa Featherwine, la reine des elfes de Lumière, accueille Thor, une délégation d'Asgard (les Warriors Three, Sif, Thori, Balder et Brunnhilde), ainsi que la ligue des royaumes, à la capitale du royaume d'Alfheim pour célébrer les un an depuis la fin de la guerre des royaumes. Mais Everdrop se présente au banquet pour s'adresser à la reine et à Thor. Il a introduit un ingrédient dans la nourriture qui provoque des hallucinations parmi les invités.



Surprenante histoire : le dessinateur Aaron Kuder a concocté un récit quasi indépendant mettant à profit la mythologie des dix royaumes pour une sorte de Et si, n'occupant qu'un tiers de la pagination de l'épisode. La narration visuelle est splendide, minutieuse et inspirée, évoquant parfois Russell Dauterman. L'histoire se déroule rapidement, avec une fin abrupte. Il y a donc le plaisir de la narration visuelle, les visions enchanteresses, la consistance des personnages et de la situation, une ou deux touches d'humour bienvenue, telle Hawkeye (Clint Barton) que les autres prennent pour Spider-Man. Toutefois l'intrigue semble bien légère et artificielle, pas vraiment un Et si, plus un songe gratuit, sans aucune conséquence, sans déboucher sur une réflexion particulière. Le lien avec les pierres de l'Infini n'est pas très clair, si tant est qu'il existe. Une lecture sympathique, et oubliée dès la dernière page tournée.
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Venom Rex

Alors, je m'excuse par avance, ce n'est pas "vraiment" une critique, surtout en terme de longueur!

Je tenais à dire que les dessins de Ryan Stegman et les couleurs de Frank Martin sont terribles! D'ailleurs, dans le shop, j'ai choisi soigneusement un ouvrage avec de beaux dessins et couleurs. Car il faut le reconnaître, le noir & blanc du mangaka, c'est terne, quand même!

Je l'ai eu d'occasion à 4€ !! Autant vous dire qu'à ce prix-là, j'ai pas été trop regardant sur la qualité!

Ce sera quand même un 4/5.
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Venom, tome 5 : Venom Beyond

Ce tome fait suite à Venom by Donny Cates Vol. 4: Venom Island (épisodes 21 à 25), et se déroule avant King in Black , par Cates & Ryan Stegman. Il regroupe les épisodes 26 à 30, initialement parus en 2020, tous écrits par Donny Cates, et mis en couleurs par Jesus Aburtov. Les épisodes 26 à 28 ont été dessinés et encrés par Juan Gedeon, avec l'aide d'Iban Coello pour l'épisode 26. Les épisodes 29 & 30 ont été dessinés et encrés par Luke Ross. Les couvertures ont été réalisées par Ryan Stegan, sauf celle du 28 par Geoff Shaw. Les couvertures variantes ont été réalisées par Mark Bagley et Ryan Stegman (*4). Il comprend également les 10 pages du Free Comic Book Day 2020, réalisées par Cates & Stegman.



Eddie Brock repense à la décision monstrueuse qu'il a dû prendre : sauver son fils maintenant, tout en libérant la déité Knull qui s'est alors mise en route pour venir anéantir l'humanité. Il l'a annoncé aux Avengers qui l'ont renvoyé chez lui, en lui indiquant qu'ils le recontacteraient une fois qu'ils auraient un plan. Chemin faisant sous la pluie, il est attaqué par un individu portant un costume, sorte de croisement entre celui de War Machine et celui de Agent Venom. Il s'appelle Virus, et repart sur une aile de Goblin, en laissant derrière lui une citrouille avec des yeux de symbiote Venom. Plus tard, une petite frappe court comme un dératé dans les ruelles, pour échapper à un poursuivant enveloppé de ténèbres. Ne regardant pas devant lui, il se heurte à un individu d'une forte stature à qui il manque la main gauche, en travers de son chemin : Eddie Brock. Celui-ci se charge de récupérer son symbiote qui poursuivait l'homme, et explique que c'est le moyen le plus simple qu'l a trouvé pour choper le fuyard et pouvoir l'interroger car il possède des informations dont il a besoin. Un peu plus tard, Eddie Brock retrouve son fis Dylan, et lui explique qu'il sait où trouver la personne qui va les aider à comprendre ce qui arrive à son fils. Il se transforme en Venom, et prend son fils sur le dos pour filer de gratte-ciel en gratte-ciel.



Eddie Brock ne s'en est pas rendu compte, mais ils sont suivis par Virus. Ils arrivent enfin à l'adresse indiquée et le propriétaire finit par leur ouvrir : Eddiy & Dylan pénètrent dans le laboratoire de Maker, un Reed Richards rescapé de la Terre 1610. La discussion s'engage : Eddie souhaite que Maker analyse son fils, en échange de quoi il pourra conserver les échantillons. Mais Dylan et le symbiote estiment qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Effectivement Maker a réussi à créer un symbiote synthétique dont il s'est revêtu et qu'il finit par faire apparaître. Le combat entre lui et Venom est interrompu par l'irruption de Virus sur son aile, faisant feu avec son armure, et tenant une citrouille explosive dans chaque main. Le combat s'engage du coup entre Virus et Venom, et Maker en profite pour vaquer à ses occupations, en l'occurrence ouvrir un portail vers une autre dimension. Par l'effet de succion ainsi créé, Venom, Dylan et Virus se retrouvent aspirés de l'autre côté, sur la Terre d'une autre dimension.



En attaquant ce tome, le lecteur est bien conscience de deux choses. Tout d'abord il sait qu'il ne va pas retrouver les dessins de Ryan Stegman parce que celui-ci est déjà en train d'illustrer King in Black, le crossover suivant. Ensuite il se doute bien qu'il va découvrir un prologue audit crossover. Autant il a raison sur le premier point, autant il n'est pas bien sûr de ce qu'il en est pour le deuxième. Déjà le coup d'un voyage dans une autre dimension (la Terre 1051, pour ceux qui suivent) sent le bouche-trou. En effet Knull est déjà présent dans l'univers principal, et il n'y a pas de raison d'en ramener un deuxième. Du coup, son implication vacille : ne serait-ce qu'un récit bouche-trou, le temps d'arriver à King in Black ? Le début lui donne plutôt raison : le scénariste prend son temps pour révéler l'identité de Virus, qui ne s'avère guère enthousiasmante. Eddie et Dylan Brock doivent rejoindre la résistance pour faire tomber un despote planétaire qui porte un symbiote avec lequel ni celui de Venom, ni celui de Dylan ne parviennent à communiquer. La rébellion est constituée d'un petit groupe d'irréductibles portant eux aussi un symbiote : Agent Venom, Agent Spider-Man, Agent Carnage, Agent Deadpool et Agent Mania. C'est très dérivatif, et bien sur ce petit groupe de rebelles parvient à déjouer la surveillance planétaire du grand tyran Codex. C'est aussi convenu que peu imaginatif.



Le prologue de 10 pages est dessiné par Ryan Stegman, et le lecteur se souvient immédiatement de ce qu'il apprécie dans cet artiste : les silhouettes et les expressions de visage exagérées, dramatisées, et le dynamisme des mouvements. Il constate également que l'artiste devait être pressé, car les décors sont sous-entendus plus souvent qu'à leur tour, et plusieurs cases paraîtraient bien fades si elles étaient privées du savant habillage de couleurs de Frank Martin. Cela lui rappelle les séquences de plus en plus pressées du précédent crossover Absolute Carnage. Du coup la transition au dessinateur suivant s'effectue sans trop de regret. Dans un premier temps, Iban Coello donne l'impression de singer Stegman, en moins consistant, en plus appliqué. L'encrage est moins assuré, revenant régulièrement à des traits fins pour détourer les éléments de décors, ou certains visages. D'un certain côté, cela souligne que Coello fait du sous-Stegman, de l'autre côté ce n'est pas désagréable qu'il passe plus de temps à représenter les décors, les personnages ne donnant plus l'impression d'évoluer sur une scène vide de tout (mais sous une pluie battante). La ruelle du début donne l'impression d'être vraiment intégrée dans un milieu urbain plus large, et pas juste une toile peinte tendue en arrière-plan, et les personnages se déplacent en fonction de sa géométrie, et pas seulement en fonction des traits de direction offrant la composition la plus dynamique. Il en va de même pour le laboratoire de Maker qui ressemble bien à ce que le lecteur a pu en voir dans des épisodes précédents de la série avec une volumétrie consistante d'un plan à l'autre. Certes les décors disparaissent pendant les affrontements physiques, comme dans tout comics industriel de superhéros.



Puis le lecteur passe aux épisodes 27 & 28, et il constate que Coello a opté pour un encrage plus gras et moins régulier des traits de contour. Cela leur apporte une solidité plus importante, et une forme d'irrégularité évoquant des individus et des éléments plus réels, moins parfaits. Il est également visible que la coordination entre le dessinateur et le coloriste a franchi un palier pour une complémentarité plus aboutie, et du coup des dessins semblant mieux finalisés. Le dessinateur trouve sa façon à lui de dramatiser les situations que ce soit pour les postures des protagonistes ou les visages, avec une touche de dérision bien dans le ton de la narration. Finalement, le dessinateur donne l'impression de savoir que cette histoire n'a pas grande importance, mais que ce n'est pas une raison pour bâcler, qu'au contraire il peut en profiter pour se montrer plus iconoclaste, plus parodique, et ça fonctionne plutôt bien. Luke Ross adapte sa façon de dessiner pour rester dans le même ton que Iban Coello, avec un rendu un peu moins maitrisé, donnant parfois une impression un peu fouillis sans raison, et un peu naïve dans la façon de représenter les personnages en civil. Le lecteur finit par trouver son content dans les épisodes 26 à 28, et se contente de ce qu'il a dans les deux suivants.



La narration visuelle n'est donc pas catastrophique, pas un pis-aller faute de Ryan Stegman, avec deux épisodes vraiment bien menés, les 28 & 29. Du coup, l'intérêt du lecteur augmente un peu : certes cette histoire n'est peut-être pas indispensable mais elle peut être agréable. Le scénariste joue un peu la facilité avec cet individu s'étant rendu maître du monde, sauf pour une demi-douzaine d'irréductibles, et son identité réelle ne surprendra pas le lecteur. La résolution du conflit repose sur un truc éculé et un peu naïf, mais fonctionne quand même parce que sa logique respecte celle de la série. Du coup, le lecteur sent qu'il se laisse prendre par les sentiments. S'il n'est pas déjà impliqué dans ces personnages sur le plan affectif, il n'aura pas eu la curiosité de lire ces épisodes. Il est donc plus vraisemblable qu'il éprouve un petit quelque chose pour ce pauvre Eddie Brock marqué par la déveine, tentant d'améliorer la santé de son fils, même si le problème le dépasse. Cates lui ayant déjà fait le coup d'utiliser Maker comme un artifice narratif bien pratique, il voit le coup venir et sait à quoi s'en tenir. La suite du récit repose sur une trame squelettique, mais le scénariste a su placer son personnage principal dans une situation fort inconfortable sur le plan sentimental, le lecteur ne pouvant pas s'empêcher de ressentir un élan de sympathie parce qu'Eddie ne méritait pas ça. Son intérêt pour la lutte contre Codex dépend de ce qu'il prête comme intention à l'auteur. L'histoire prise pour elle-même reste dans un registre très convenu, mais elle est bien exécutée. En revanche s'il la considère sous l'angle d'une ouverture de la mythologie de Venom pour qu'elle gagne en envergure, il a du mal à s'y intéresser en sachant que le scénariste quitte la série à l'épisode 200, c’est-à-dire le 35 dans la numérotation actuelle, et donc qu'il n'a plus le temps de développer grand-chose.



Un tome en demi-teinte : Donny Cates continue de bien s'amuser, mais sans forcer. Iban Coello fait des étincelles le temps de 2 épisodes, les 3 autres étant moins intéressants sur le plan visuel. Eddie Brock suscite toujours autant la sympathie, malgré une intrigue prévisible, et la dynamique autour des symbiotes continue d'aller de l'avant. Entre 3 et 4 étoiles, en fonction de l'investissement du lecteur dans la série.
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Cosmic Ghost Rider : Bébé Thanos doit mourir !

Ce tome contient la minisérie consacrée au personnage apparu pour la première fois dans l'épisode 13 de la série Thanos écrit par Donny Cates, qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il s'agit d'une version alternative de Frank Castle, prenant sa source sur la Terre TR66. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Dylan Burnett, et mis en couleurs par Antonio Fabela. Il comprend également le numéro 1 de Thanos Legacy (2018), également écrit par Donny Cates, dessiné et encré par Brian Level, avec une mise en couleurs de Jordan Boyd. Les couvertures ont été réalisées par Geoff Shaw. Le tome contient également les couvertures alternatives réalisées par Mark Brooks, Mike Deodato junior, Stephanie Hans, J. Scott Campbell, Ron Lim, Gerardo Zaffino, Declan Shalvey, Ivan Shavrin (*2), Jamal Campbell, Superlog (*3).



Francis Castle a été un soldat au Vietnam. Il a vu sa famille mourir dans une guerre des gangs. Il a mené une guerre contre les gangs. Il est mort, tué par Thanos. Il a fini en enfer, d'où il est revenu en tant qu'Esprit de la Vengeance. Il a affronté Galactus, Thanos, et il est mort à plusieurs reprises. Francis Castle coule des jours paisibles au Valhalla, tout en restant ombrageux, et en n'hésitant à remettre à leur place les dieux qui ne lui reviennent pas. Dernier dieu en date à s'être fait castagner par Castle : Koldaxe. Castle s'est isolé sur une pente herbue d'où il admire Bifrost, en terminant sa bière. Odin vient le trouver pour essayer de comprendre pourquoi Castle ne peut pas bien se tenir. Ce dernier lui explique qu'il ne peut pas accepter la récompense du Valhalla. Odin lui indique qu'il a le pouvoir de lui rendre ses pouvoirs et de le réinsérer dans le monde normal à l'endroit et à l'époque de son choix.



Francis Castle prend le casque du Ghost Rider dans ses mains, et il est possédé sur le champ par l'esprit de la vengeance, retrouvant son apparence de Ghost Rider, avec crâne enflammé et sa personnalité troublée d'individu possédé. Conformément à sa promesse, Odin envoie Castle à l'endroit et au moment où il l'a demandé : sur Titan (une lune de Saturne). Cosmic Ghost Rider se rend directement dans la chambre de Thanos, encore enfant. Il dégaine son arme et s'apprête à tuer l'enfant de sang-froid. Castle se rend compte qu'il est incapable d'abattre un enfant à bout portant, même Thanos, parce que rien ne dit que cet enfant ne pourra pas dévier de son destin, de celui des autres lui-même dans d'autres réalités. Il n'a donc qu'une seule solution : prendre Thanos sous sa responsabilité et lui prodiguer une éducation de telle sorte à ce que Thanos ne devienne pas un dictateur meurtrier en masse.



Avec sa reprise de Doctor Strange fin 2017 et de Thanos début 2018, Donny Cates devient un scénariste providentiel pour Marvel, capable d'insuffler un regain d'intérêt dans les personnages qu'on lui confie, et de faire du neuf. Au vu de l'accueil très positif de Cosmic Ghost Rider dans la série Thanos, les responsables éditoriaux lui commandent une minisérie sur le personnage, avant de l'intégrer dans la série Guardians of the Galaxy, les 2 écrites par Donny Cates. Le lecteur se rend bien compte qu'il s'agit d'un personnage dérivatif dont les aventures se déroulent dans une autre dimension que celle de la Terre 616, sans conséquence sur la continuité ou sur l'ordre de l'univers partagé Marvel. Ce ne peut donc être qu'une histoire de divertissement, avec peut-être des idées dedans. Son horizon d'attente ainsi fixé, il a quand même du mal à résister à la curiosité de voir ce que peut donner la motivation obsessionnelle de Frank (ici Francis) Castle, avec les pouvoirs de Ghost Rider, s'en prenant au massacreur ultime qu'est Thanos. Il espère bien que le scénariste utilise la richesse de l'univers partagé Marvel, tout en ne ressassant pas les mêmes intrigues, et mettant à profit la liberté que lui donne l'environnement d'un univers parallèle.



C'est exactement ce que fait Donny Cates, avec la volonté d'en donner pour argent au lecteur. Alors que ce dernier peut supposer que le scénariste se lance dans une variation sur Ogami Ittō et son fils Daigoro dans Lone Wolf & Cub, Cates emmène vite le scénario vers d'autres configurations. De la même manière, en voyant arriver Galactus, le lecteur se dit que le récit est parti pour une énième dévoration de planète, et là encore la situation évolue rapidement et est réglée en 1 épisode. Le lecteur a compris que Cates utilise effectivement les ressources de l'univers partagé Marvel, sans devoir être corseté par le carcan de la continuité car il est dans un univers parallèle, sans limite, mais sans non plus transformer son récit en un catalogue de superhéros et supercriminels en lieu et place d'un scénario en bonne et due forme. Le scénariste n'hésite pas à s'amuser avec des personnages improbables comme l'amalgame d'Howard le canard et du Juggernaut, conférant un bon niveau de divertissement sans prétention à l'ensemble. Dans le même temps, l'intrigue reste focalisée sur le but que s'est fixé Cosmic Ghost Rider : changer le destin de Thanos, ou tout du moins voir si Thanos est condamné à devenir le génocidaire ultime.



Dylan Burnett est un jeune artiste qui dessine dans un registre représentatif comme la majorité des dessinateurs de comics, avec un bon degré de détails dans la description. Il sait doser le niveau d'éléments représentés dans chaque case pour un maximum d'efficacité. Au fil des différentes séquences, le lecteur peut voir les feuilles de la végétation de la jungle, les arbres de Central Park, le pont Bifröst zébrant l'espace, les étranges façades de Titan, le bar dans lequel Cosmic Ghost Rider va descendre quelques verres en attendant Galani; les champs parsemés d'éolienne dans un monde en paix, etc. Dans le même temps, Dylan Burnett est d'une rare efficacité pour s'économiser et ne pas dessiner les décors quand il le peut. L'épisode 3 constitue un cas d'école, tellement il est exemplaire : 20 pages sans décor, si ce n'est un immeuble détruit et quelques sols déformés par les impacts. Il s'agit donc d'un affrontement épique entre Cosmic Ghost Rider et de nombreux superhéros qui l'assaillent successivement. L'artiste s'en donne à cœur joie pour montrer les coups portés, les décharges d'énergie, les corps éventrés, les costumes improbables de superhéros. Le lecteur peut très bien ne pas s'apercevoir qu'il n'y a pas de décor tellement ça pète de partout, les personnages sont baroques, les énergies crépitent. Les dessins sont très complétés et nourris par une mise en couleur riche et vive, une grande réussite. Dylan Burnet & Antonio Fabela réussissent à montrer une bataille épique, visuellement intéressante du début à la fin, malgré l'absence de décor, et sans recourir à une chorégraphie millimétrée. En outre, le lecteur sort de cet épisode avec le sourire aux lèvres, car le dessinateur n'hésite pas à user de la licence artistique pour exagérer les coups portés, les expressions des visages, la destruction.



Effectivement, les dessins sont en phase avec la tonalité du scénario, sérieux, violents, avec un humour pince-sans-rire qui fait mouche. Il embrasse toute la démesure de ce cavalier sur une moto de l'espace, avec une tête enflammée, ainsi que le caractère improbable d'une enfant violet avec un goût pour la violence, ou encore le côté métaphorique d'un individu géant qui mange des planètes. Cosmic Ghost Rider utilise une chaîne enflammée de plusieurs centaines de mètres de long, mais aussi des armes à feu, sans parler de sa capacité à projeter du feu de l'enfer. Quel spectacle pyrotechnique à la fois premier degré (il faut voir l'état de ses adversaires), à la fois ridicule dans la surenchère (pourquoi aurait-il besoin d'armes à feu en plus du reste ?). Quand Cosmic Ghost Rider retire son casque et reprend des traits humains, le lecteur peut voir le visage d'un homme âgé (> 50 ans) aux cheveux blancs, manquant d'assurance quant à la réalité de ce qu'il vit. Les mimiques de Thanos enfant sont irrésistibles. Le lecteur apprécie d'autant plus cette expressivité que Donny Cates ne se contente pas d'une intrigue échevelée et loufoque, il brosse le portrait assez émouvant de Francis Castle, toujours accablé par la culpabilité de la mort de sa femme et de ses enfants, à l'équilibre mental fragile du fait de sa possession par un démon.



En découvrant l'existence de cette minisérie, le lecteur espère y trouver un récit loufoque et endiablé. Il est comblé au-delà de ses espérances, à la fois par le scénario et par les dessins qui tirent le meilleur parti possible de la richesse de l'univers partagé Marvel, de l'absence de contrainte de continuité, par des scènes d'action spectaculaires, avec quelques moments d'humour, avec une utilisation très directe et perspicace des voyages dans le temps, et par un personnage principal tragique à sa manière. 5 étoiles.



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Thanos Legacy 1 (20 pages) - Thanos est assis sur son trône et s'interroge sur ce qu'il léguera à l'univers, à la manière dont ses actes seront jugés. Mais il doit encore affronter un dernier adversaire.



Donny Cates utilise cet épisode pour s'interroger sur le testament de Thanos, mais surtout pour boucler quelques intrigues secondaires en suspens et expliquer le sort final du personnage. Le lecteur qui n'a pas suivi la dernière série Thanos risque d'être un peu perdu, et pas entièrement convaincu par les cartouches de texte du narrateur omniscient, manquant soit de cynisme, soit d'emphase. Brian Level se montre plus convaincant, mais pas aussi truculent que Dylan Burnett. La dernière page montre clairement qu'il s'agit d'une forme de prologue à une autre histoire, celle à venir dans la série Gardians of the Galaxy écrite par Donny Cates. 3 étoiles.
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Silver Surfer : Black

Ce tome contient une histoire complète qui peut se lire avec une connaissance superficielle de Silver Surfer. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2019, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Tradd Moore, et mis en couleurs par Dave Stewart. Il comprend les couvertures originales de Moore, ainsi que de nombreuses couvertures variantes réalisées par Mike Zeck, Nick Bradshaw, Gerald Parel, Mike Deodato, Marcos Martin, Giuseppe Camuncoli, Bengal, Alex Garner, Peach Momoko, David Nakayama, Cian Tormey (*2), Ron Lim (*5).



Silver Surfer est en train de voguer dans l'espace sur sa planche, la silhouette de Galactus derrière lui, et il se présente : Norrin Radd dernier survivant de Zenn-La, une noble lumière dans des ténèbres sans fin, le défenseur des faibles, un ami, un allié, un amoureux, un sauveur, mais aussi le héraut de Galactus, la mort, le témoin de la mort des peuples de planètes entières (Masikron, Elynore-143; Draven-Barr), et tant d'autres. Au temps présent, Silver Surfer se bat aux côtés d'une vingtaine de superhéros à la recherche du corps de Thanos, tombés dans un piège tendu par le Black Order, la garde rapprochée de Thanos. Il parvient à les sauver à créer un phénomène cosmique qui leur permet de regagner l'espace normal, mais lui reste prisonnier de l'anomalie créée par le Black Order. Il se retrouve aspiré dans les ténèbres avec la sensation de tomber sans s'arrêter, pendant des années. Lentement son corps guérit. Au loin, il aperçoit des étoiles : il les voit naître, briller, se déchaîner, et finalement s'éteindre morte. À un moment, il aperçoit la source, quelque chose qui tue dans les ténèbres. Il ne peut pas le permettre. Il fait apparaître sa planche et entame le trajet vers cette abomination.



Silver Surfer finit par chuter vers le sol de cette planète. Il se retrouve devant un immense portail, devant lequel se tiennent 3 gardes de très haute taille, l'un armé d'une lance, l'autre d'une épée et le troisième de deux marteaux. Ils refusent de lui laisser l'accès à la pièce qu'ils gardent. Le combat s'engage. Silver Surfer se rend vite compte que ces guerriers ne se battent pas qu'avec leurs armes, mais que la planète elle-même devient une arme pour eux. Ils parviennent à sectionner sa planche en deux. À son tour, il se sert de sa planche comme d'une arme pour sectionner, pour frapper, réussissant à placer le chevalier à l'épée entre les deux marteaux de l'autre chevalier. Mais le chevalier à l'épée repart de plus belle et frappe Silver Surfer en plein ventre, le clouant au sol de la planète qui commence à l'avaler, à l'entraîner dans les ténèbres.



Cette histoire constitue un projet qui sort de l'ordinaire de la production Marvel à bien des égards. Pour commencer, ce recueil est publié dans un format un peu plus grand que celui d'une bande dessinée franco-belge, et donc beaucoup plus grand que le format comics. Ensuite, il met en scène Silver Surfer avec un flux de pensée intérieur, évoquant rapidement l'approche de Stan Lee & John Buscema dans la série de 1968 : un individu en proie à des questionnements philosophiques, confronté à des manifestations du mal, de la violence, de la souffrance, de la cruauté. C'est une approche du personnage et de la narration assez difficile à rendre viable dans un comics de superhéros basé sur les affrontements physiques, un médium limité dans sa capacité à approfondir des sujets philosophiques, sans provoquer un rejet progressif du lecteur du fait d'une narration trop ouvertement égocentrée. Or le ressenti est très différent. Donny Cates commence par un rappel de la nature du personnage, pas tant de ses origines (la scène d'arrivée de Galactus sur Zenn-La n'est pas reprise, ni celle de la transformation de Norrin Radd en Silver Surfer), mais bien de sa fonction en tant qu'héraut : trouver des planètes pour servir de nourriture à Galactus, et être le témoin passif de l'annihilation de leurs populations si elles sont habitées. Ensuite il connecte cette histoire avec la continuité du moment de l'univers partagé Marvel, en particulier avec les événements de la série Gardiens de la Galaxie qu'il écrit dont il est également le scénariste. Cates entame son récit avec une démarche à l'opposé de celle d'un auteur qui ferait une histoire complète indépendante de la continuité pour attester qu'elle s'élève au-dessus de la production industrielle.



Par contre, dès la première page, le lecteur se rend compte que cette histoire sort du lot du point de vue graphique. Il reconnait peut-être le nom de Dave Stewart : un coloriste ayant fait progresser les standards du métier tout au long des années 2000, et capable d'adapter son approche chromatique à l'artiste qui a réalisé les dessins. C'est également le cas pour ce projet. Sur les pages 2 & 3, le lecteur est comme hypnotisé par e travail sur les nuances de rouge orangé évoquant les destructions et les morts causées par Galactus dans le passé, avec un discret reflet orangé sur la tête de Silver Surfer, sa peau ayant un fort pouvoir réfléchissant. En découvrant les dessins fluides et denses des pages 4 & 5, le lecteur mesure l'apport de Dave Stewart pour améliorer la lisibilité, en faisant ressortir chaque élément, ainsi que son utilisation maîtrisée de la myriade d'effets spéciaux rendus possibles par l'infographie, en particulier sur les maillons des chaînes incandescentes du Rider. Du grand art. La couverture montre que Tradd Moore aime bien les traits encrés à l'intérieur du pourtour des surfaces pour donner une sensation de texture, mais aussi de mouvement mis en évidence par la lumière. Cela se trouve confirmé dès la première page (un dessin en pleine page de Silver Surfer avec le buste de Galactus en arrière-plan), puis à chaque page suivante.



Tradd Moore dessine en représentant de manière concrète les personnages et les environnements de chaque planète, mais également en mettant en avant le mouvement, les jeux de lumières et en incorporant des éléments expressionnistes pour transcrire des sensations allant de l'état d'esprit d'un personnage à l'effet psychédélique d'une situation, de phénomènes spatiaux. Dès les pages 2 & 3, il joue avec l'anatomie de Silver Surfer, la déformant un peu ne respectant pas exactement les proportions pour mieux rendre compte de la vitesse, de son aérodynamisme, de la façon dont il fait corps avec sa planche, et des déformations occasionnées par les anomalies de l'espace, par les ténèbres maléfiques qui le rongent, par la rage qui l'anime par moment. Il ne s'agit pas simplement d'un truc visuel répété de séquence en séquence : Tradd Moore conçoit chaque déformation en fonction de la séquence en fonction des forces qui agissent sur le corps de Norrin Radd. Le lecteur peut trouver que l'artiste va trop loin quand Silver Surfer se transforme en dauphin de l'espace ou en loup, mais en fait les dessins sont passés dans le domaine de l'allégorie, montrant la manière dont Radd se figure que ses intentions et son état d'esprit sont perçus par son opposant. Cela donne lieu à des planches de toute beauté, où les bordures de cases peuvent disparaître, les formes s'interpénétrer, les couleurs devenir de plus en plus psychédéliques, les dessins glisser vers le surréalisme et l'art abstrait.



Le lecteur se retrouve vite emporté par les émotions générées par la narration visuelle inventive, fluide, entremêlant description et ressenti avec une rare intelligence, et une réelle conviction. S'il feuillette rapidement la bande dessinée, il peut avoir l'impression que l'artiste se fait plaisir pour en mettre plein la vue, mais à la lecture il apparaît que chaque flamboiement pictural est au service de la narration, est conçu en fonction de l'intrigue, du moment. Du coup, le lecteur peut très bien ne plus prêter aucune attention à l'histoire et se laisser porter par les effets kinesthésiques des pages, par les innombrables surprises visuelles : une surface de planète évoquant un tapis d'anémones de mer, des cases dont les formes deviennent abstraites s'il les déconnecte de celles qui précèdent et qui suivent, des formes géométriques (des trapèzes volants), des flux de matière en fusion, des yeux comme des soleils, un cerf aux bois démesurés… C'est sans fin.



Donny Cates aurait donc très bien pu se contenter de concevoir des scènes spectaculaires qu'il aurait alignées sur une trame simpliste. En fait son ambition s'avère plus élevée. Dans sa postface, il explique qu'il a souhaité s'inscrire dans la lignée de ce que Stan Lee avait fait sur la série, d'évoquer des convictions philosophiques et morales. Sans grande surprise, il fait de Silver Surfer, un être de lumière qui lutte contre les ténèbres. Il connecte entièrement la présente histoire à Knull la divinité des symbiotes qu'il a introduit dans le premier tome de sa série Venom. Au départ, le lecteur estime qu'il s'embarque dans un récit de superhéros traditionnel, bénéficiant d'une narration visuelle extraordinaire. Rapidement, le scénariste insiste à plusieurs reprises sur le fait que son héros se bat contre les ténèbres, représente le bien contre le mal, une sorte de supériorité morale qui s'oppose à une force corruptrice. À ce moment du récit, le lecteur a peut-être déjà oublié que Cates a commencé par rappeler Norrin Radd a été le témoin passif de massacres à l'échelle planétaire, ce qui diminue d'autant sa supériorité morale, voire la neutralise. Ce lourd passif revient à plusieurs reprises, et la question morale en devient plus nuancée. Le thème de fond n'est pas la rédemption même si cette notion est présente. Il réside plutôt dans les actions à mettre en œuvre pour lutter contre les ténèbres. Peut-être que le lecteur tiquera à la mise en scène de la question du sacrifice personnel, la flamboyance des dessins de Tradd Moore montrant la question sous un jour trop manichéen. Cela n'empêche pas Donny Cates de mener son questionnement à son terme, sur la responsabilité individuelle des moyens employés qui ne peuvent pas toujours être justifiés par la fin.



Dès la couverture et les dimensions de cette bande dessinée, le lecteur sait qu'il s'apprête à s'immerger dans un récit qui sort des productions industrielles basiques des comics. Il est tout de suite impressionné par le bouillonnement de la narration visuelle, très riche, et très maîtrisé. Il sait qu'il va se montrer moins exigeant sur l'histoire au vu du voyage visuel. Il a la bonne surprise de découvrir un scénariste qui ne prend pas les comics de superhéros de haut : au contraire il fait plusieurs références à la continuité de l'univers partagé Marvel, et à l'historique du personnage, sans que cela n'en devienne incompréhensible, ou le seul intérêt du récit. Il fait honneur aux récits de Stan Lee pour la série de 1968 avec John Buscema, tout en menant le questionnement moral à sa façon.
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Redneck, tome 5

Ce tome fait suite à Redneck Volume 4: Lone Star (épisodes 19 à 24) qu’il fut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 25 à 30, initialement parus en 2020, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Lisando Estherren, et mis en couleurs par Dee Cunniffe.



Il est une race dont les dents sont des glaives Et les crocs des couteaux, Pour dévorer le malheureux sur la terre. Et les indigents parmi les hommes. - Proverbes 30:14. Dans un lointain passé, un individu a été crucifié sur une croix plantée en plein désert. Un groupe de cinq hommes s'approche pour récupérer le corps. Parmi eux, celui à la peau la plus foncée manie la hache pour faire tomber la croix. Puis il doit enlever les clous aux mains et aux chevilles. Du sang s'écoule des blessures sur la terre. Il tourne la tête et aperçoit une silhouette enflammée observant la scène depuis le sommet d'une colline. Il se retourne vers les autres qui semblent ne rien avoir remarqué, puis à nouveau vers la colline : la silhouette a disparu. Le cortège emmène le cadavre emmaillotté dans des linges, sur une carriole. Car l'âme de toute chair, c'est son sang, qui est en elle. C'est pourquoi j'ai dit aux enfants d'Israël : Vous ne mangerez le sang d'aucune chair ; car l'âme de toute chair, c'est son sang : quiconque en mangera sera retranché. - Lévitique 17:14. Une fois le corps déposé à l'intérieur, le jeune homme s'emploie à le laver pour le rendre présentable, tout en évacuant le sang dans un seau.



Au temps présent, Greg se retrouve devant Demus qui lui demande s'il souhaite en apprendre plus : sa réponse est oui. Il découvre devant lui un vampire qu'il croyait mort, attablé en train de manger un morceau bien sanguinolant. Il s'assoit et l'autre suppose qu'il s'interroge sur la manière dont il a survécu à son affaire avec la police de Sulphur Springs. Greg acquiesce : effectivement la fois où son corps s'est embrasé après qu'oncle Bartlett lui ait tiré une demi-douzaine de fois en pleine tête. Il présume que Demus est son ascendant, que c'est lui qui l'a transformé en monstre. Son interlocuteur répond qu'il était un monstre bien avant cela. Il continue : il a sauvé la famille de Greg à Sulphur Springs. Peut-être que Greg n'est pas d'accord avec ses méthodes, avec ses motivations, mais toute sa famille en a bénéficié. Mais il est vrai qu'ils ont également souffert aux mains des humains, et de ceux contre lesquels il les avait mis en garde. Il lui rappelle comment ils l'avaient abandonné quasi carbonisé dans le grenier éventré de la maison, mais tous ne l'avaient pas oublié. Alors qu'il souffrait atrocement convaincu que son heure était venue, une silhouette enflammée et cornue s'est approchée de lui. Il l'a suppliée et Demus lui a tendu la main, l'a sauvé, en indiquant qu'ils n'étaient pas quitte. Il continue : Demus le sauvera, lui Greg, également, comme il les sauvera tous, qu'ils le veuillent ou non, qu'ils le méritent ou non. Tout en parlant, il envoie Greg au tapis. Celui-ci se relève et bondit sur son interlocuteur toutes griffes dehors. Demus pénètre dans la pièce et leur intime de rentrer leurs crocs, tous les deux, et de le suivre, vers les jardins.



Après les bouleversements du précédent tome, le lecteur ne sait pas à quoi à s'attendre, et certainement pas à ça. Le scénariste commence par citer un verset de la Bible, puis trois autres pour inscrire sa mythologie des vampires dans le contexte de cette foi avec un choix particulièrement malin des Écritures. Le premier épisode étant majoritairement muet, à part les citations et la dernière page, il appartient pour partie au lecteur de se raconter l'histoire qu'il découvre en images. Il utilise un événement qui ne laisse pas beaucoup de place au doute quant à ce quoi il fait allusion. Ce blasphème prend une saveur très particulière en corrélation avec les citations. Le lecteur reste sous le choix de cette révélation, impressionné par la perspicacité du scénariste, et par la narration visuelle très évocatrice. Les dessins dégagent une apparence assez crue, sans aucune volonté de faire joli, avec vraisemblablement une maîtrise des techniques de dessin un peu limitée à certains égards. Les traits de contour sont très fins, pas toujours bien assurés. Les aplats de noir présentent des contours très irréguliers, donnant parfois l'impression d'avoir été appliqués à grands coups de pinceau, sans grande délicatesse, un peu à la va-vite. Les pages dégagent une sensation de cases réalisées rapidement, un peu sur le vif, avec un côté spontané qui rend bien compte de la dimension primordiale de ce qui se déroule sous les yeux du lecteur.



L'individu en croix apparaît dans un dessin en double page, avec une grande place laissée au ciel, et une composition de couleurs certainement réalisée par Dee Cuniffe saisissante avec la forme des nuages effilés, le bleu délavé, et la lueur du soleil à l'horizon, rehaussant la force de la composition et son effet de surprise. Les silhouettes des hommes sont tracées à grand trait, les visages plus esquissés que bien définies, sans beaucoup de caractéristiques pour leur visage. La silhouette enflammée sur la colline est assez vague, et l'herbe à ses pieds juste de grands coups de pinceaux. Pourtant l'effet est à nouveau saisissant : une apparition irréelle, mais impossible à ignorer. La séquence de lavage du corps baigne dans un bleu très sombre, à nouveau avec des grandes zones de noir, pour une ambiance macabre, reflétant bien le trouble intérieur du jeune homme chargé de la tâche. Enfin la révélation qui se produit prend des allures mythiques grâce à ces dessins s'attachant plus à mettre en valeur les forces sous-jacentes que les détails descriptifs.



Les dessins âpres et rugueux, parfois un peu frustes, transcrivent bien cette société violente, sauvage où la soif de sang définit les conditions de vie. Les yeux peuvent parfois être un peu trop grands, les traits de visage un peu simplistes, les silhouettes pas tout à fait bien proportionnées, mais la force vitale anime chaque personnage, les rendant prêts au combat à chaque instant, jamais totalement au repos. Quand de temps à autre, le lecteur prête attention aux détails, il se rend compte que sous des apparences sommaires ou mal dégrossies, les dessins montrent de nombreux éléments et apportent des informations différenciées pour chaque personnage, que ce soit pour la morphologie, la tenue vestimentaire ou encore les postures. Il en va de même pour les décors. À première vue, le lecteur se dit que l'artiste ne se foule pas trop, et est avant tout motivé pour dessiner vite. Cependant, il remarque également que le scénario prend soin de changer les lieux régulièrement pour introduire de la variété et que les cases montrent clairement chaque lieu au lecteur : la zone désertique initiale, le fleuve avec ses rives herbues, la grande salle à manger où Greg se trouve face à l'individu qu'il pensait mort, le drakkar, les bois enneigés, etc. À chaque fois, les grands traits irréguliers définissent des masses et des volumes avec ce qu'il faut d'éléments spécifiques pour les rendre immédiatement reconnaissables et uniques. De la même manière, Estherren a le sens de la mise en scène pour frapper l'imagination du lecteur avec des moments mémorables : l'homme sur la croix, la présence incroyable de Demus, Vladimir avec ses loups et ses pieux, le carnage dans le campement des colons, l'arrivée des hélicoptères, etc.



Le scénariste continue donc de développer son récit sur deux axes. Au temps présent, la guerre entre vampires devient une certitude, avec des alliances entre différents clans, et la mise sur le devant des chefs dont la puissance se révèle progressivement. Les séquences dans le passé se déroulent à des époques différentes, avec la scène d'introduction qui donne une idée de la pérennité des vampires à travers les siècles, et d'autres qui viennent donner une idée des antagonismes entre clans. Le lecteur se rend compte qu'il est avide de ces révélations, qu'il boit les paroles des personnages, fasciné par ces histoires énormes, entre calembredaines, et vision des coulisses. Comme souvent dans les récits de vampire d'ampleur mondiale, il n'est pas bien sûr de saisir ce qui les a réellement empêchés de soumettre l'humanité et de la transformer en une réserve de nourriture. D'un autre côté, il comprend bien que les dissensions internes et les rivalités entre chefs de clan exigent un fort investissement de leur part pour ne pas succomber à leurs rivaux, et que pendant ce temps-là, non seulement ils ne peuvent pas s'occuper de ravaler les humains à l'état de bétail, mais qu'en plus, ils en deviennent vulnérables quand un groupe d'hommes plus courageux les attaque. Enfin, la fascination animale fonctionne à plein : le lecteur étant littéralement sous le charme (au sens surnaturel du terme) de ces créatures habitées par des passions d'une rare intensité.



Le titre de ce tome promet des histoires énormes : le scénariste met un point d'honneur à tenir cette promesse dès la première scène, effectivement énorme dans ses implications, provocatrice et iconoclaste. Il parvient à convaincre le lecteur de la logique d'une telle idée grâce à des citations ad hoc. De son côté, les dessins ont conservé cette apparence de brut et pas très bien finis, et dans le même temps ils contiennent toutes les informations visuelles nécessaires et attendues, et dégagent une force primale en phase avec l'animalité de ces vampires.
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Crossover, tome 1

Indulgence requise : c'est mon tout premier Comics ! Peut-être certaines remarques vont paraître évidentes...



Quelle énergie ! Ça déménage ! Les couleurs, l'effet "coloriage pointé" sur certains personnages, les personnages en eux-même et leur nombre impressionnant, les pleines pages de fin de chapitres, de début de chapitre, les actions. C'en est presque trop, presque fouillis mais je pense que cela correspond au style.



Style par ailleurs un peu perturbant au début et bizarre avec un narrateur faisant des commentaires au milieu ou au début des cases, il pouvait "couper la parole" des personnages pour faire des remarques. Une gymnastique de l'esprit pas toujours évidente. Mais finalement, après m'être habituée, j'ai apprécié cette façon de faire d'autant que c'était souvent plein d'humour.



Pour le récit, j'ai trouvé l'idée de base sympa, l'idée de faire cohabiter nous autres humains avec les personnages de Comics. C'était plutôt réussi ! C'était visuellement original (rapport au coloriage pointé). Et l'histoire se tient.



Petit bémol : je m'attendais à croiser des personnages bien connus, le résumé parlant de "l'ensemble des héros de toutes les séries comics". Ce ne fut pas le cas en fait, dommage... Peut-être avec le tome suivant...



Moi qui craignais de ne rien comprendre à ce style de lecture (justement car en feuilletant on voit tellement de choses, cela peut faire peur)... Cela m'a donnée envie de lire des Comics ;)
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The Paybacks

« Devenir un héros a un prix.

Découvrez ceux qui encaissent...

… et ceux qui passent à la caisse. »



Les Lannister ne sont pas les seuls à toujours payer leurs dettes. Pour certains, toutefois, ce n'est pas une question d'honneur, mais de vie ou de mort. Les Impayés, qu'ils soient Super-Héros ou Super-Vilains, n'ont pas vraiment le choix que de recouvrir leurs dettes. C'est que cela peut leur coûter un bras, voire plus, de ne pas s'acquitter des échéances de leurs prêts... tout le monde n'a pas le portefeuille de Bruce pour s'équiper d'armes high-tech hyper cool qui coûtent une blinde. Et tout se paie, sa panoplie de super comme ses crimes... et les esquimaux du mercredi après-midi...



The Paybacks relève de la Dream Team, un excellent et détonnant mix entre la Justice League et le Suicide Squad. Donny Cates nous vend une parodie qui ne fonctionne pas uniquement par son humour potache et son cynisme, ni par sa brillante idée d'une lutte de super-agents du recouvrement contre des super-débiteurs de tout poil pour un mystérieux magnat du Mal (avec un côté Docteur Mad plutôt sympa) .. ou du Bien... ce n'est pas d'un réel intérêt... The Paybacks c'est avant tout une mémorable équipe Alpha qui a tout d'une grande.



Donny Cates se joue sans forcer et sans grand étalage de tous les codes des comics, avec de bons clins d'oeil aux références du genre, aux animés (des années 80) et autres films d'action qu'il dose comme il faut, et des interpellations du lecteur placées au bon moment pour faire passer les vides scénaristiques... The Paybacks s'est essentiellement du bourrin à coup de batte de base-ball...

Son acolyte Geoff Shaw est aussi à l'aise. Ses dessins aux traits incisifs décoiffent et le cadrage des planches collent parfaitement à l'action, son style n'a rien à envier à des Jim Lee et Sean Murphy (tout ce que j'aime), sublimé par une colorisation de Lauren Affe acidulée glace à l'eau... en parfaite harmonie avec les esquimaux du mercredi après-midi...



Ces deux teams fonctionnent. Le duo Donny Cates et Geoff Shaw amène les survivants Alphas des Paybacks dans une nouvelle série Crossover qui a tout pour plaire. A suivre, je suis passée à la caisse. Et ce n'est qu'un début, Cates/Shaw ça sent le bon investissement.
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Venom, tome 6 : King in Black

Eddie Brock, un être humain complexe

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Ce tome fait suite à Venom by Donny Cates Vol. 5: Venom Beyond (épisodes 26 à 30) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 31 à 35 (le 35 étant également le 200 en numérotation cumulée), initialement parus en 2021, tous écrits par Donny Cates. Les épisodes 31 à 34 ont été dessinés et encrés par Iban Coelllo, avec une mise en couleurs réalisée par Jesus Aburtov. Philip Kennedy Johnson a participé à une partie de l'écriture de l'épisode 35. Ce dernier a été dessiné par Ryan Stegman, avec la participation de Kev Walker, Danilo S. Beyruth, Ron Lim, Guiu Vilanova, Gerardo Sandoval et Mark Bagley, encré par autant d'encreurs différents, avec autant de metteurs en couleurs. À la fin de l'ouvrage, les 200 couvertures sont alignées dans 5 pages. Il y a également les couvertures alternatives de Ryan Stegman, Francisco Herrera, David Finch, Patrick Gleason, Kyle Hotz, Jeffrey Veregge, Humberto Ramos, Jock, Nic Klein, Mr. Garcin, Eizabeth Torque, Simone Bianchi, J. Scott Campbell, Mark Bagley.



Il y a longtemps de cela, dans son entrepôt, Rex Strickland commence un enregistrement, en indiquant que si quelqu'un l'écoute un jour, cela signifiera qu'il est mort et la seule autre personne susceptible de l'écouter également. Il considère le dossier d'Eddie Brock, tout en en regrettant de ne pas avoir réussi à contacter celui qu'il aurait vraiment voulu recruter : Flash Thompson. Il soupire en se disant que Brock ne connaît même pas le nom de son symbiote. Il se dit que si Brock ne parvient pas à accomplir la première mission dans laquelle il l'a impliqué, il ne survivra pas au véritable affrontement. Au temps présent, ce dernier se trouve sans lien depuis dix heures avec son symbiote, et sans défense entre les mains de Knull. Ce dernier se contente de le faire basculer dans le vide depuis le sommet du gratte-ciel où ils se trouvent. Alors que Strickland passe en revue le résumé de la vie de Brock contenu dans son dossier, celui-ci chute s'en remettant à Dieu pour la sécurité de son fils.



Pendant ce temps-là, les dragons symbiotes sèment la panique dans les rues de New York. Toujours en chute libre, Brock a conscience que les superhéros tombent engloutis par les symbiotes au fur et à mesure. Dans une pièce sécure, Dylan Brock regarde la télévision, tout en ayant appelé sur la ligne des Avengers pour obtenir plus d'informations. Il tombe sur Tony Stark qui s'étonne que Dylan ait pu obtenir ce numéro, en déduisant rapidement que c'est Spider-Man qui l'a communiqué, et en raccrochant soudainement. Le garçon se dit qu'il doit réussir à communiquer avec l'extérieur et il entame le processus lui permettant d'établir le contact avec le symbiote. Mais celui-ci lui répond alarmé que c'est trop dangereux et coupe le contact. Il se demande ce qu'on veut lui cacher et il voit son père entre les mains de Knull sur l'écran de télévision. Eddie Brock continue de chuter et voit un hélicoptère s'approcher de trop près d'un dragon symbiote. Ce dernier arrache une partie du rotor et l'engin explose.



Les événements de ce tome se déroulent concomitamment à King In Black , par Ryan Stegman & Donny Cates. Il vaut mieux que le lecteur l'ait lu avant pour ne pas se sentir frustré faute de savoir comment progresse le combat général contre Knull. Dans cette optique, l'intérêt de ces épisodes n'est donc plus de connaître le déroulement de l'affrontement contre le roi des symbiotes, mais devient la découverte du rôle d'Eddie Brock dans cet événement, et les conséquences pour lui. Le lecteur a également conscience qu'il s'agit de la fin des épisodes écrits par ce scénariste, parti sur d'autres séries pour la suite. Avec cette information en tête, il comprend mieux quelques particularités : le retour de Rex Strickland, apparu pour la première fois dans le premier épisode de la saison écrite par Cates, le rôle joué par Flash Thompson, l'implication de Spider-Man, et l'évolution de la relation entre Eddie et son fils Dylan. Il s'agit pour l'auteur d'apporter une conclusion à ses fils narratifs, avec la conscience que son successeur en fera ce qu'il voudra. Cela apporte une forme de conclusion, ou au moins de résolution à cette saison, forme très agréable pour le lecteur qui suit l'auteur plutôt que le personnage. Pour ceux plus attaché à Venom qu'à Cates, cela constitue l'aboutissement d'intrigues secondaires, accompagné un point d'étape sur les aventures vécues, et un nouveau statu quo très prometteur.



Dans le même ordre d'idée, le lecteur s'attend à retrouver le dessinateur initial pour ces derniers épisodes. Il en va un peu différemment car Ryan Stegman se charge de dessiner l'événement King in Black, il n'est donc présent que pour 17 pages de l'épisode 25, très bien réalisées, et rehaussées par la mise en couleurs nourrie de Frank Martin. De ce point de vue, l'adieu au personnage est réussi et la boucle est bouclée avec le début de la saison… et puis en cas de manque il n'y a qu'à lire l'événement King in Black. D'un autre côté, Iban Coello impressionne fortement, ayant progressé de manière significative et s'attachant à réaliser des planches dans un registre similaire à celui de Stegman. Ces épisodes sont plein de bruit et de fureur et l'artiste est à la hauteur : Knull dominant Eddie avec des dragons symbiotes dans le ciel, la vision en double page d'une artère de New York à moitié recouverte par une masse gluante de symbiotes, un dessin en pleine page d'un symbiote se ruant sur Eddie avec la gueule grande ouverte pleine de dents et de bave sans oublier la langue obscène, l'arrivée de l'agent Anti-Venom avec un fusil d'une taille imposante, et les séquences dans l’esprit de Knull. Ses mises en page sont dynamiques, même lors des dialogues, et la mise en couleurs nourrit les cases, évitant tout impression de type arrière-plans vides, ou scène de théâtre sans décor.



Puis le lecteur passe à l'épisode 35, d'environ 80 pages. Après 2 pages d'introduction dessinées par Stegman, le lecteur découvre les 8 pages de Kev Walker, sous forte influence de Mike Mignola, tout en conservant sa personnalité graphique, magnifique. Les dessinateurs suivants ne déméritent pas, même si leurs planches sont moins savoureuses, plus dans le registre descriptif habituel avec des mises en scène appuyant la force des coups et la vitesse des mouvements pendant les combats physiques. Le scénariste s'attache à chaque fois à une facette différente de Venom : son évolution d'ennemi de Spider-Man à un personnage plus complexe, le nouveau statu quo d'Eddie Brock et des symbiotes sur différentes planètes extraterrestres, la relation de Dylan avec le symbiote Venom (il finit par lui demander son nom) sans oublier Sleeper le chat symbiote, une discussion dans un diner entre Eddie et Spider-Man qui tente de lui piquer ses frittes, la place d'Eddie Brock par rapport aux autres superhéros dont les Avengers, et le devenir de Maker, le retour d'Anti-Venom, les difficultés d'intégration de Dylan dans son établissement scolaire, et une dernière discussion entre Eddie et Dylan. C'est en fait un épisode très chargé qui sert à la fois d'épilogue pour Venom à la suite de King in Black, et d'annonce de possibles séries à suivre, en particulier le futur de la série Venom elle-même.



Donny Cates a commencé à travailler pour l'éditeur Marvel à partir de l'année 2018 sur la série Doctor Strange, puis est passé à Thanos, et à Venom toujours en 2018, avec divers projets en parallèle dont l'excellent Cosmic Ghost Rider avec Dylan Burnett et Silver Surfer: Black avec Tradd Moore. Il a donc écrit 36 épisodes de Venom, plus deux miniséries événements Absolute Carnage et King in Black. Il a bénéficié de la narration visuelle très dynamique de Ryan Stegman au début, et régulièrement de dessinateurs de bon niveau. Avec le recul, il est possible de se dire qu'il a dû transformer une intrigue (Absolute Carnage) en un événement peut-être un peu décompressé pour justifier cette appellation. Par ailleurs, il est amusant de voir comment il lie différentes histoires qu'il a écrites pour instaurer une forme de sensation d'univers partagé, par exemple avec Silver Surfer. Pour autant, il a débuté cette saison de Venom avec une solide connaissance du personnage et une histoire originale à raconter. Il a fait fructifier la mythologie du personnage en y intégrant quelques éléments neufs, maîtrisant à merveille ce processus d'illusion du changement propre aux héros récurrents. Pour un lecteur de passage et également pour un lecteur chevronné, il a raconté une histoire à la fois enracinée dans l'histoire du personnage (créé en 1988 par David Michelinie & Todd McFarlane) et à la fois s'aventurant vers de nouveaux territoires, pour des histoires inédites ne se contentant pas de faire fructifier le passé, encore moins de le ressasser.



Ce dernier tome tient toutes ses promesses. Les artistes sont en pleine forme et en mettent plein la vue pour un spectacle à couper le souffle. Le lecteur découvre le rôle d'Eddie Brock pendant l'événement King in Black. L'auteur mène à bien tous les fils narratifs développés depuis trois ans. Il dispose de la pagination nécessaire pour réaliser un épilogue permettant de mesurer l'impact de King in Black sur Eddie, Dylan et le symbiote, et de dire au revoir aux différents personnages, clôturant une saison riche, divertissante, spectaculaire et très réussie.
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King in Black, tome 1

Dégraissé

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Ce tome contient le crossover issu de la série Venom , écrite par Donny Cates et lancée avec Ryan Stegman en 2018. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, les 1 et 5 étant doubles, initialement parus en 2020/2021, écrits par Donny Cates, dessinés par Ryan Stegman, encrés par JP Mayer, avec l'aide de Stegman pour l'épisode 5, mis en couleurs par Frank Martin, avec l'aide de Jason Keith pour le 5. Les couvertures ont été réalisées par Stegman. Les couvertures variantes ont été réalisées par Peach Momoko, Superlog, Donny Cates, Ian Dederman (*6), Taurin Clarke, Ken Lashley, Declan Shalvey (*2), Paolo Rivera, Iban Coello, Ryan Stegman (*3), Joshua Cassara, Rahzzah, Gerardo Sandoval (*2), Philip Tan, Leinil Francis Yu, Todd Nauck, Alex Horley, Natacha Dustos, Skotie Young, Brett Booth.



Le temps est venu : Eddie et son symbiote le ressentent sans ambiguïté possible. Knull, le dieu des symbiotes, arrive, traversant les ténèbres de l'espace. Venom s'élance dans le vide depuis le sommet d'un building, après avoir averti les Avengers de l'arrivée imminente de Knull. Lui-même se dirige vers un appartement où il entre par la fenêtre et il contemple son fils endormi. Il aimerait tellement pouvoir le laisser dormir, que Dylan n'ait pas à faire face à toutes les horreurs de ce monde dans lequel il l'a entraîné. Il aurait tellement aimé que son fils n'hérite pas de ses ténèbres. Il le réveille et lui explique ce qui va se passer. Au cœur de la montagne des Avengers, Tony Stark est au pupitre de surveillance, avec à ses côtés Captain Ameirca (Steve Rogers), Captain Marvel (Darol Danvers) et She-Hulk (Jennifer Walters). Iron Man est confiant dans leur première ligne de défense : Captain America lui fait remarquer à quel point il aime bien transformer les choses en bombe, Stark le reconnaît bien volontiers. Carol dit qu'il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne : ça y est les radars ont localisé les ennemis. La mauvaise : ils vont avoir besoin d'une bombe plus grosse.



Effectivement la première vague de dragons symbiotes déferle dans l'espace proche de la Terre, et leurs pertes ne sont pas très élevées au regard de leur nombre. Stark reste confiant, et fait observer qu'il n'a pas encore appuyé sur le détonateur. Il le fait et c'est un carnage incendiaire. Dans son communicateur, Eddie les informe que ça a à peine tué une centaine de dragons symbiotes, mais ça ne les a pas ralentis dans leur progression. Captain America sonne l'alarme et appelle tous les Avengers à se rendre à New York. Pendant ce temps-là, Eddie est parvenu à la pièce sécurisée et il demande à son fils d'y pénétrer et d'y rester, ainsi il sera à l'abri, invisible pour Knull. Dylan lui fait promettre qu'il reviendra. À New York, les Avengers tiennent les symbiotes à l'écart des civils du mieux qu'ils peuvent, pour les évacuer. La deuxième vague de superhéros descend sur la ville : les X-Men.



A priori, pas beaucoup de surprises. Ce genre d'événement obéit à des contraintes formelles très codifiées : plein de superhéros partout, pas le temps de les développer, de l'action spectaculaire qui éclate de partout, un ennemi très méchant, pas de place pour la nuance ou pour la demi-mesure. C'est bien le cas ici. Les superhéros se battent contre un dieu des ténèbres, donc pas de questions morales à se poser : il faut l'exterminer car c'est la seule façon de l'empêcher de nuire. D'ailleurs Knull ne fait pas non plus les choses à moitié : il souhaite tuer tous les êtres humains. Ensuite, il faut plein d'ennemis pour que les superhéros aient quelqu’un contre qui se battre en quantité suffisante. Les dragons symbiotes remplissent cet office et en plus on peut les massacrer sans remords cas ils ne sont pas doués de conscience : juste de la chair à canon contre les gentils. Il faut plein de superhéros partout. Le dessinateur joue également le jeu des cases grand format, avec des actions plus grandes que nature, des énergies qui pètent de partout, des symbiotes fluides, gluants, tentaculaires, sans oublier leurs grandes dents. Enfin, le coloriste s'en donne également à cœur joie avec des camaïeux de noir et de rouge, des paillettes d'énergie voletant au gré des destructions, des effets spéciaux pour accentuer la violence des coups et des explosions. Lui et le dessinateur effectuent un travail remarquable pour faciliter la reconnaissance des nombreux superhéros : Fantastic Four, Avengers, Spider-Man, Black Cat (Felicia Hardy), Lightning (Miguel Santos), Spectrum (Monica Rambeau), Cloak (Tyrone Johnson) et bien d'autres encore.



Le lecteur a pleinement conscience qu'une bonne partie de l'action se situe hors de ces épisodes, dans les nombreuses miniséries créées spécialement à l'occasion de cet événement, pour les valkyries, Namor et Atlantis, Avengers, Thunderbolts, Gwenom, et tant d'autres encore. Or, dans ce cas précis, cette forme de construction fonctionne bien : le lecteur n'éprouve pas la sensation de rater des choses. Il apprécie plutôt d'avoir l'essentiel, dégraissé du superflu, d'avoir l'intrigue de Donny Cates qui n'a pas trop à se préoccuper de caser toutes les accroches pour ces miniséries. En fait s'il a suivi la série Venom de l'auteur depuis le début, le lecteur y voit l'aboutissement de plusieurs fils d'intrigue, sans avoir la sensation qu'ils sont alourdis par des invités parasites. D'ailleurs, le responsable éditorial a eu du mal à assurer une continuité rigoureuse avec l'état des superhéros à ce moment-là dans l'univers partagé Marvel, Thor ayant encore ses deux yeux par exemple. D'un autre côté, le lecteur constate que l'auteur continue de développer sa propre continuité au sein de l'univers partagé Marvel, en particulier avec l'arrivée de Norrin Radd. Sous cet angle-là, le récit prend une saveur d'œuvre personnelle très inattendue dans un tel exercice. De la même manière, le dessinateur reprend l'esthétique spécifique de la série Venom, entre saveur personnelle et hommage à Tod McFarlane, avec un entrain très particulier, mâtiné d'un peu de macabre. Il est visible qu'il prend grand plaisir à façonner les formes des symbiotes pour les rendre plus horrifiques et plus formidables.



Le lecteur se rend compte que le récit fait la part belle à Eddie Brock. Il éprouve l'impression de ne rien rater de ses faits et gestes, même s'il continue d'avoir sa série mensuelle continue en parallèle de ces épisodes, une étonnante maîtrise narrative de la part de l'auteur. Certes le symbiote a d'abord placé ce personnage du côté des criminels, s'en prenant à Spider-Man. Depuis quelques épisodes dans sa série, il est devenu plutôt un héros et a été pardonné pour ses précédentes activités criminelles. Il doit continuer à vivre avec les conséquences de ses actes, en particulier son lien avec le symbiote, et par lui avec Knull, conséquences qui rejaillissent directement sur son propre fils. Contre toute attente, le scénariste parvient à développer ce thème au milieu de cet affrontement plein de bruit et de fureur, ce qui permet à Eddie de conserver une accroche humaine générant de l'empathie chez le lecteur, évitant que le récit ne se réduise à une simple suite de combats cataclysmiques et pyrotechniques. Ce qui n'empêche pas le déroulement de ces derniers.



Dans Absolute Carnage , le précédent événement de cette ampleur issue de la série mensuelle Venom, le scénariste avait fini par perdre la vitesse acquise, sous l'inertie du nombre de personnages, et l'essoufflement de l'intrigue, alors que le dessinateur s'épuisait à vue d'œil dès le troisième épisode. Ici, il est possible de déceler qu'il marque le coup de la cadence à partir de l'épisode 4, mais les coloristes pallient sa fatigue en composant des arrière-plans qui comprennent assez d'effets pour maintenir l'illusion de la présence de vagues bâtiments. Dans le même temps, il continue de s'éclater à composer des pages spectaculaires et des cases qui en mettent plein la vue et le lecteur s'en délecte : Venom et sa toile au-dessus des gratte-ciels, l'arrivée de Knull épée au poing en toute majesté, la chute d'Eddie Brock dans le vide sans son symbiote, l'arrivée tout en majesté de Thor, Iron Man chevauchant le dragon, la transformation de Stephen Strange, Dylan Brock tenant tête à Knull, etc. Le grand spectacle attendu par le lecteur est au rendez-vous, et avec du panache à revendre. Dans le même temps, Cates garde le cap de son récit, ménage ses surprises avec l'arrivée de renforts attendus et inattendus. Pour stopper Knull, il revient à un constat très basique, dichotomique, mais qui fait sens. Il est évident qu'il y a un ennemi naturel à cette incarnation des ténèbres primordiales, et que cet ennemi à ses propres forces et faiblesses face aux ténèbres. S'il y est sensible, le lecteur peut détecter que cette opposition entre les ténèbres et son ennemi naturel peut aussi se comprendre comme deux forces psychiques se livrant bataille dans l'esprit d'Eddie, une métaphore facile et simple, mais qui parvient à exister dans ce maelstrom de combats physiques.



Alors oui, c'est un événement superhéroïque avec tout ce que ça implique de spectaculaire, de multitudes de superhéros qui ne se différencient que par les couleurs de leur costume et leurs superpouvoirs avec des combats d'une ampleur étourdissante. Contre toute attente, le dessinateur parvient à conserver son élan tout du long sans capituler au dernier ou à l'avant dernier épisode pour bâcler, et le scénariste parvient à conserver une fibre humaine à son héros, assurant que le lecteur puisse continuer à ressentir quelque chose pour lui. Cerise sur le gâteau : il est possible de déceler une légère fibre métaphorique pertinente et savoureuse.
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BuzzKill

La Chronique Fourre-Tout D'YRADON #N15 sur "Buzzkill" de @Doncates, Mark Reznicek et Geoff Shaw chez @DelcourtBD



Venez vous plonger dans la dernière idée géniale tout droit sortie du cerveau de ce cher Donny Cates. Retrouvez donc le héros du jour : Reuben, qui a une petite particularité très particulière, pour un super-héros, ses pouvoirs sont actifs uniquement s'il est défoncé ou bourré. Niveau burn out pour la sécurité routière, on est bien là. La vie de Reuben aurait donc pu être un vrai conte de fée, il est un super héros, il a une magnifique petite amie, mais non, quand on rentre à la casa totalement défoncé ou totalement soûl, ça ne facilite pas le dialogue avec madame. Au vu de tout ça, notre héros va décider de partir en désintox et d'aller chez les AA ou les NA. Et bizarrement, rien ne va se passer comme prévu, d'autant plus quand son Némésis rentre en scène. Situation assez cocasse, n'est-il pas ? Je vous en laisse découvrir plus par vous-même.



Encore une idée brillante de Donny Cates, qui fait tout le succès de ce comics. En effet, on y retrouve un super-héros totalement perdu, qui pour sauver le monde, doit être bourré, au point de faire un coma éthylique. Cette base originale est développée avec brio tout du long de ces presque 100 pages. C'est fun, atypique, triste et tellement bon. Le tout mis en lumière par un univers graphique magistral dans le trait, comme dans la colorisation. C'est très représentatif de l'univers Delcourt et c'est une très bonne chose pour nos mirettes. Je vous conseille donc de découvrir ce one-shot excellent.



Note : 5/5.



Et vous, quelles sont vos dernières lectures du moment et avez-vous lu ces comics ?



Comme toujours, suivez-moi sur les réseaux sociaux ou directement sur ce blog, pour échanger avec votre serviteur et/ou être les premiers avertis lorsque paraît une nouvelle #chronique. Je viens également d'ouvrir un #insta, un compte @Babelio et je suis "Superlecteur" sur IZNEO, pour ce blog à retrouver sous les #nametag : yradon4774 (insta) et Yradon4774 (Babelio et IZNEO).



See you soon sur les ondes...
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Thor, tome 2 : Prey

Un alter ego fantoche

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Ce tome fait suite à Thor by Donny Cates Vol. 1: The Devourer King (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 7 à 14, initialement parus en 2020/2021, tous écrits par Donny Cates et mis en couleurs par Matthew Wilson. Les épisodes 7 & 8 ont été dessinés et encrés par Aaron Kuder, les épisodes 9 à 14 par Nic Klein. Les couvertures ont été réalisées par Olivier Coipel, avec une mise en couleurs de Laura Martin (7 à 12) et Matthew Wilson (13 & 14). Les couvertures variantes ont été réalisées par Nic Klein (*8), Liam Sharp, Alex Ross, Leinil Francis Yu, Greg Hildebrandt, Jenny Frison, Ed McGuinness, Jeffrey Veregge, Ken Lashley, Ryan Ottley, Todd Nauck, Michael Cho.



Hammerfall : épisodes 7 & 8. À Broxton dans l'Oklahoma, Adam Azis est tranquillement en train de réparer une voiture, dans son garage de mécanique auto à l'installation antédiluvienne. Il entend le tonnerre et un objet atterrit avec perte et fracas dans le champ derrière son garage : il ne manquait plus que ça, ça recommence. Il s'approche du cratère au milieu de la poussière soulevée et découvre un marteau encore fumant. Il observe Mjolnir de plus près, sans le toucher. Puis il passe un coup de fil et explique qui il est et ce qui lui arrive. À l'entrée d'Asgard, regardant Bifrost, Sif est en train de converser avec le corbeau Huginn, écoutant le roi Thor parlant à travers lui. Elle lui indique qu'il ferait mieux de s'équiper avec une de ces petites boîtes rectangulaires qui permettent de parler à distance, avec des jeux dessus, et que Loki en a une. Elle lui demande à quoi il joue à avoir jeté Mjolnir à Broxton : une expérience, répond-il. Dans le palais du roi, Thor entre dans la salle à manger et il salue Beta Ray Bill qui l'attend, en ayant enlevé son casque. Il lui propose de boire un verre avec lui, mais il lui faut se montrer insistant et persuasif pour convaincre son ancien ami. Thor a une proposition inattendue à faire Beta Ray Bill. À Broxton, Iron Man est arrivé sur place et il prend les choses en main pour gérer la présence de Mjolnir.



La situation continue de se détériorer pour Thor : le poids des responsabilités qui diminue d'autant ses libertés, ainsi que le poids de Mjolnir qui augmente. Il décide de tester ce qui se passe quand il en laisse l'usage à d'autres, en l'occurrence des terriens, dans une ville bien connue. Il s'agit de Broxton, la ville où Odin avait relocalisé Asgard dans la saison de Thor écrite par Joe Michael Straczynski, et dessinée par Olivier Coipel en 2007/2008. Sans grande surprise, ce n'est pas la meilleure idée qu'il ait eue. D'ailleurs Tony Stark dans son armure d'Iron Man va lui faire remarquer de manière brutale, jusqu'à lui asséner un grand coup de Mjolnir dans la tronche. Pour ces 2 épisodes, Nic Klein cède sa place à Aaron Kuder qui est en pleine forme. Il réalise des dessins précis et descriptifs, avec un fort niveau de détails, tout en sachant les aérer et s'inspirer des postures régaliennes instaurées par Coipel. Cela donne une narration visuelle aussi puissante dans les combats, que très humaine dans les dialogues, certains personnages sachant même sourire. Le coloriste complète les dessins avec des teintes spectaculaires, pour un beau divertissement. Le scénariste s'amuse aussi bien à opposer Thor et Iron Man avec une réelle facétie, qu'à humaniser Thor lors de ses discussions avec Tony Stark, avec Beta Ray Bill, et avec Adam Azis. Une histoire amusante et rapide, avec quelques touches dramatiques qui font bien ressortir toute la responsabilité qui pèse sur les épaules du nouveau roi, ainsi que ses inquiétudes.



Prey : épisodes 9 à 14. Dans des temps immémoriaux, Odin Borson, le grand aigle doré, et Jormungand, le grand serpent, se sont livrés bataille dans les racines de Yggdrasil, l'arbre-monde. Il savait que cette responsabilité serait un jour celle de son fils, et qu'il devait en faire un guerrier, mais aussi un homme. C'est la raison pour laquelle il avait créé Donald Blake pour qu'il puisse faire l'expérience d'être humain. Du coup, où va Donald Blake quand Thor est présent ? La réponse est : nulle part. Il se retrouve dans un lieu créé par Odin, une sorte de banlieue paisible où il passe son temps à faire une promenade, étant salué par ses voisins qui le respectent, sous un soleil doux et radieux. Il ne se demande jamais depuis combien de temps il en est ainsi. Parfois, il lève la tête, et rêve de voler dans cette aube sans fin. Dans son palais, le roi Thor demande une faveur à son frère : que Loki mente pour lui. Il refuse car il a renoncé à son titre de dieu des mensonges. En revanche, il lui fait la démonstration qu'il a remarqué que quelque chose ne va pas avec Mjolnir. Néanmoins, il accepte de remplacer Thor le temps que celui-ci se repose. Le dieu du tonnerre frappe alors son marteau au sol pour laisser place à Donald Blake, et se reposer dans le sommeil des anciens. Il disparaît mais se retrouve dans le nulle part créé par Odin.



Donc : retour sur le devant de la scène de Donald Blake. Ce récit peut prendre au dépourvu le lecteur s'il n'est pas bien familier de l'histoire de ce personnage. Dans The Mighty Thor numéro 159 paru en 1968, Jack Kirby et Stan Lee avait établi que cet homme avait en fait été créé de toute pièce pour servir de corps à Odinson et qu'il n'a donc pas de vie propre ou autonome. Ils avaient indiqué ce qu'il advient de Donald Blake quand Thor est présent. C'est à partir de ce postulat que le scénariste ramène Donald Blake et qu'il s'est produit quelque chose qui l'a détraqué. Une fois cet éventuel ajustement effectué quant à la véritable nature de l'alter ego de Thor, le lecteur plonge complètement dans le récit car le scénariste maîtrise bien l'historique de la série, et les personnages associés. Il y a bien sûr Asgard et Midgard, mais aussi Yggdrasil, Jormungand, et Ratatoskr, sans oublier Huginn et Mumin. Il met également en scène des personnages habituels de la série : Loki qui a viré sa cuti, Sif et sa nouvelle fonction, Balder, Volstagg, Jane Foster, Throg, Beta Ray Bill, et même Thori, le chien au caractère un peu particulier créé par Kieron Gillen & Doug Braithwaite en 2011. Cates s'amuse à faire le lien avec d'autres histoires qu'il a pu écrire dans l'univers partagé Marvel, avec Bats le chien fantôme de Stephen Strange, et un pouvoir bien particulier de celui-ci acquis dans [[ASIN:1302912607 Doctor Strange: Damnation]] (2018).



La dynamique de l'intrigue est vite établie : Thor se retrouve dans l'environnement artificiel où déambulait Blake, et ce dernier est libre de laisser cours à sa colère, ayant accaparé les pouvoirs de Jormungand. Nic Klein est de retour pour ces 6 épisodes. Le lecteur perçoit de temps à autre l'influence de Coipel dans une attitude de Thor, mais c'est furtif. Il admire la manière dont Matthew Wilson déploie son talent pour nourrir les dessins à parti de la moitié de l'épisode 10, car dès que les affrontements prennent de l'ampleur, l'artiste se focalise sur les personnages, délaissant souvent les décors. Le coloriste sait mettre en œuvre des camaïeux sophistiqués qui transcrivent l'ambiance et les énergies autour des combattants, faisant le lien avec les volutes d'énergie et de poussière soulevées, faisant ainsi passer cette facette là des cases en mode expressionniste, pour accompagner les émotions et le ressenti des guerriers. Une belle réussite.



Les contours des dessins de Klein sont moins lissés que ceux de Kuder, moins arrondis, avec des traits plus fins et plus cassants, pour une réalité plus âpre, mais pas moins consistante grâce à la mise en couleurs. Il décrit les décors en fonction de leur importance dans la scène : Bifrost, la ville de banlieue sous le soleil rayonnant, avec ses habitants, s'étendant à perte de vue, puis sous un soleil brûlant, avec ses rues éventrées et ses habitations en ruine, l'armurerie royale, le grand hall, la salle de restaurant, la mare et la végétation aux alentours, la maison si caractéristique de Stephen Strange, un bar, Yggdrasil, une pièce souterraine avec un serpent. Le lecteur remarque bien que les fonds de case peuvent être vides de décors pendant plusieurs pages, mais il est envouté par les camaïeux expressionnistes et par les personnages, puis par la force des coups. L'apparition de Donald Blake dans un dessin en pleine page fait froid dans le dos par sa pose et sa chevelure, indiquant un individu sur la route de la vengeance, animé par une forme de démence. Le lecteur ressent un frisson quand il découvre dans quel état Blake laisse Bill. Il retient son souffle en regardant Blake se contenir à grand peine lors d'un repas en tête à tête avec Jane Foster. Il retient sa respiration en découvrant le cadavre d'une grenouille disséquée en gros plan.



Donny Cates est toujours aussi convaincant pour faire ressentir l'impression du changement, même à un lecteur blasé sachant pertinemment que tout reviendra comme avant dans quelques mois ou quelques années. D'ailleurs il ne s'y est pas trompé puisque Odin revient sur scène dès ce deuxième tome. Mais en attendant, le scénariste sait y faire. Il commence chaque épisode avec deux ou trois pages chargées en cartouches de texte pour rappeler qui est le personnage et l'une de ses principales caractéristiques, par exemple la nature de Donald Blake dans l'épisode 9. Ensuite, il fait voler en éclat ce statu quo et explore plusieurs conséquences. Il n'étire pas cette évolution sur plusieurs épisodes, mas prend bien soin d'en mettre en scène une différente par épisode, sans craindre de modifier en profondeur ce que le lecteur pouvait tenir pour un invariant, par exemple le côté immuable de Donald Blake. Le lecteur se rend compte que c'est ce qu'il attend : du changement, de la surprise, et ça fonctionne parfaitement. Il ne s'attend pas à une telle forme d'audace bousculant les conventions bien établies, même s'il sait que ça n'est que provisoire.



Ce deuxième tome confirme toute la fougue du scénariste, pouvant se montrer humoristique dans la première partie, et dramatique dans la seconde. Il sait mettre à profit la richesse de l'histoire du personnage, des autres personnages et de la mythologie pour s'aventurer dans des territoires où les autres n'étaient pas allés avant. Aaron Kuder réalise des planches descriptives pleines de vie, combinant majesté et puissance, avec une pointe d'humour. Nic Klein passe dans un registre plus léger en décors, mais avec une dramaturgie adaptée à l'intrigue, et un coloriste qui complète avec intelligence ses dessins pour une narration visuelle prenante.
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Récits de voyage

Il a écrit en 1830 "Voyage à Tombouctou". Il fut le premier Européen à découvrir cette ville.

Pierre Savorgnan de Brazza
René Caillié
Charles Gordon

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