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Critiques de Douglas Stuart (152)
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Shuggie Bain

« Shuggie Bain » de l’Ecossais Douglas Stuart (2020, Picador, 448 p.) a remporté le Booker Prize en 2020,

Douglas Stuart est né et a grandi à Glasgow Ce qui n’est pas mal pour un premier roman, surtout au vu de son parcours. Débuts difficiles dans la ville, avec une mère qui sombre très vite dans l’alcoolisme. Il travaille de nuit pour payer ses études au « Scottish College of Textiles », puis « Royal College of Arts” à Londres, il débute sa carrière à New York, embauché par Calvin Klein. Naturalisé américain, il a travaillé pour Ralph Lauren, Banana Republic et Jack Spade, mais son rêve c’est d’écrire. Et il écrit « Shuggie Bain », mais le manuscrit est refusé 30 fois par les éditeurs. A 44 ans, le voila récompensé par le Booker Prize, il y a tout de même 50 000 livres à la clé, plus les droits d’auteur. « Je suis absolument stupéfait et je souhaite d’abord remercier ma mère… et mon mari », a-t-il déclaré lors de la remise du prix. C’est un peu aussi une bonne nouvelle pour la littérature anglaise, avec quatre premiers romans sélectionnés pour la liste finale (short list) de ce prix prestigieux. Douglas Stuart a d’ailleurs annoncé avoir déjà pratiquement écrit son second roman. Ce sera une histoire d’amour entre deux garçons de Glasgow et leur séparation (Found Waiting). La traduction en français et la sortie sont prévues pour fin aout aux éditions « Globe ». Les droits ont été acquis bien avant la décision du Booker Prize.



Glasgow, années 80s sous l’ère de Margaret Thatcher, moment de post-industrialisation, où le libéralisme effréné ferme les usines, vend les chemins de fer et plonge une bonne partie de l’Angleterre industrielle et industrieuse dans la misère. Pour donner un peu le change, L’Angleterre se lance dans la Guerre des Malouines. Les Pink Floyd sortent leur album « The Final Cut » avec ce titre « The Post war Dream» What have we done, Maggie, what have we done? / What have we done to England? / Should we shout, should we scream / "What happened to the post war dream?"/ Oh Maggie, Maggie what did we do?” (Qu'avons-nous fait, Maggie, qu'avons-nous fait? / Qu'avons-nous fait à l'Angleterre? / Devrions-nous crier, devrions-nous crier "Qu'est-il arrivé au rêve d'après-guerre?" / Oh Maggie, Maggie qu'est-ce qu'on a fait?). Bilan des années Thatcher. « The yards would still be open on the Clyde / And that can't be much fun for them / Beneath the rising sun / With all their kids committing suicide » (Les chantiers seraient toujours ouverts sur la Clyde / Et ça ne peut pas être très amusant pour eux / Sous le soleil levant / Avec tous leurs enfants se suicidant).



Donc en 1981, Shuggie, ou Shug, 5 ans, vit dans un appartement à Sighthill avec ses grands-parents maternels, Wullie et Lizzie; sa mère, Agnes Bain; son père, Hugh Bain; son demi-frère, Leek; et sa demi-sœur, Catherine. Le père de Shuggie est le plus souvent absent Il travaille comme chauffeur de taxi et courre la(les) gueuse(s). Agnès est une belle femme souvent comparée à Elizabeth Taylor, mais malheureuse et se met à boire. « Les ouvriers qui m'entouraient tordaient de l'acier pour gagner leur vie, construisaient de beaux bateaux ou parcouraient des kilomètres sous terre pour entamer les fronts de charbon. Nous, nous étions fiers, nous avons été utiles, nous avons faits des apprentissages ou nous avons appris des métiers, nous étions fiers, nous avons été utiles ». Et arrive le pouvoir libéral. « Mais le gouvernement conservateur au pouvoir ne se souciait pas des honnêtes travailleurs pauvres. Ils se sont mis à privatiser la plupart des industries manufacturières, supprimant tout soutien aux travailleurs nationalisés. Ce faisant, Margaret Thatcher a décimé les travailleurs. Ses politiques ont balayé toute l'industrie lourde de la côte ouest de l'Écosse. Les hommes n'avaient nulle part où aller et se retrouvaient au chômage chronique, émasculés et envoyés par une femme (rien de moins) pour pourrir leur vie dans des logements locatifs ». Tout est dit. Mais cela n’a pas empêché les Anglais de revoter pour des gouvernements populistes.

Le quartier Sighthill, juste au nord de la Clyde est un quartier qui a longtemps servi de dépôts aux industries chimiques à la fin des années 60. Déjà, la vill en soi et son climat n’étaient pas droles « La pluie était un état naturel de Glasgow. Elle gardait l'herbe verte et les gens pâles et bronchiteux ». Ensuite on construit une vingtaine de tours de 20 étages. C’est le programme « Glasgow Renaissance », vision utopiste de l’habitat urbain et suburbain. « Les maux de la ville étaient censés disparaître ». Ces tours ont commencé à être démolies à l’explosif dans le milieu des années 2000, après avoir surnommées les « Towers of Terror » (Tours de la Terreur). Il faut dire que le programme de relogement était plus que mal préparé « We never knew how poor we were until someone told us » (on ne savait pas que l’on était pauvre avant qu’on nous le fasse savoir). Drogue, bandes rivales, trafics en tout genre. « Le Glasgow dans lequel j'ai grandi était en proie à la boisson, aux drogues et à la violence des gangs. Margaret Thatcher et son gouvernement conservateur éloigné ont fermé toute l'industrie lourde de la ville en une génération; les navires, l'acier, le charbon - tout a disparu. . -sur tous les emplois, et les familles de travailleurs n’ont nulle part d’autre vers quoi se tourner; les pères et les fils ont tous été mis au chômage, sans espoir, et cela a déclenché certaines des pires crises de toxicomanie et de santé en Europe occidentale ».

Paroles terribles qui visent les politiques libérales des années 70.

L'année suivante, le père emménage dans un appartement alloué par la ville à Pithead pour les familles des travailleurs de la mine locale. Il y abandonne finalement sa famille, les laissant vivre avec Joanie Micklewhite, de la compagnie de taxi. Agnes espère une vie meilleure, fière de son look, mais son malheur la pousse vers l'alcool. Pendant ce temps, Shuggie est victime de harcèlement à l'école et dans le quartier pour ne pas s'intégrer et pour être efféminée. Shuggie manque souvent l'école pour s'occuper de sa mère ivre.

Les parents d'Agnes meurent et sa fille émigre en Afrique du Sud. Agnes sombre de plus en plus, malgré des réunions aux Alcooliques anonymes. Elle trouve un emploi dans une station-service, mais, elle retombe dans l'alcoolisme, et découragée, fait plusieurs tentatives de suicide avant de perdre son emploi. Shuggie reste cependant avec elle et ils déménagent dans un nouveau quartier avant qu’elle ne meure. En 1992, Shuggie a 15 ans. Il vit seul, travaille dans une supérette et veut devenir coiffeur. Il quitte son travail, bien décidé à en finir en s’empoisonnant. Il donne cependant ce poison à son amie Leanne, qui les donne à sa mère alcoolique sans-abri. « L'époque de l'industrie était révolue, et les ossements des chantiers navals de Clyde et de Springburn se trouvaient autour de la ville comme des dinosaures pourris. Les métiers et le travail de leurs pères n'avaient plus d'avenir. Les hommes perdaient leur masculinité même »

On le voit, ce ne devait pas être la joie et la fête tous les jours dans les quartiers désindustrialisés de l’Angleterre thatcherienne. La couverture du livre, une photo de Peter Marlow, est d’ailleurs assez illustrative de l’ambiance. On pense très vite au splendide « Les Cendres d’Angela » de Frank McCourt (1997, Belfond, 432 p.), et autres romans plus ou moins populistes (par exemple « Une Vie comme les Autres » de Hanya Yanagihara (2018, Buchet Chastel, 942 p.) pavé indigeste plein de clichés.

Il faut reconnaître que Glasgow n’est pas naturellement une ville accueillante.



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Mungo

Une sorte de West Side Story homosexuelle dans les années 90 à Glasgow. C’est sombre, parfois glauque et c’est lourd en malheur mais qu’est ce que c’est bon. On le retient pour son histoire et son écriture - l’auteur nous transporte avec un beau parlé - mais aussi pour son ton terriblement dramatique. Attention, c’est une lecture exigeante, il faut s’accrocher aux tripes pour en arriver au bout, ça remue et ça fait pleurer, mais c’est un roman si important qu’on ne peut pas passer à côté.
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Shuggie Bain

Une descente aux enfers. Un suicide lent qui entraîne avec lui la famille entière. Agnès est alcoolique et ne guérira pas malgré tout l'amour de son fils Shuggie. Tout le monde renonce mais pas lui. Elle est trop belle, trop distinguée, elle mérite mieux que ça. Shuggie non plus n'a pas la vie facile. Efféminé, il subit les brimades, les quolibets, les coups, sans savoir comment se défendre.

Ce récit d'une profonde tristesse nous entraîne dans l'univers des personnes perdues dans l'alcool. Un univers inconnu, que nous refusons de regarder, impossible à comprendre et devant lequel nous sommes démunis. C'est lourd, déprimant, sans beauté ni rayon de soleil, sans sourire. Terriblement bien rendu. Trop bien peut-être.
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Shuggie Bain

Après la lecture de plusieurs classiques où nous sommes plongés dans la vie domestique, j’avais peur de ne pas accroché avec celui-ci. L’histoire n’est pas sensationnelle mais j’ai tout de même apprécié la plume de l’auteur. On avance au fur et à mesure de l’histoire sans avoir envie à tout prix d’y retourner mais l’ambiance du livre, les années 80 à Glasgow m’ont séduites. Les quartiers y sont décris avec précision sans que cela ne soit trop afin de s’immerger dans cet univers quand on ne le connait pas. Cette lecture m’a convenu pour cet hiver pluvieux même si bien sûr je ne le recommanderai pas particulièrement à qui que ce soit, en raison de l’histoire classique, mais qui fonctionne tout de même.
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Shuggie Bain

Shuggie est un enfant qui vit à Glasgow avec son père Shug, conducteur taxi, sa mère Agnès, alcoolique, et sa sœur et son frère. Shuggie doit faire face aux moqueries des autres à cause de ses manières efféminées et aussi de l’alcoolisme de sa mère. Il vivra avec sa mère jusqu’au dernier instant et verra comment toutes les personnes de sa famille s’éloignent à cause de la dégradation de la mère.

Récit poignant sur les conditions de vie de la classe ouvrière dans le Royaume Uni des années 80, des problèmes de l’alcool et de l’amour maternel-filial.
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Shuggie Bain

2 mots pour ce livre pour faire une rhyme : choc et glauque.

Pour résumer ce livre , je retiens ce passage où Agnès Bain, la maman, dit à son plus jeune fils Shuggie d'aller à l'extérieur de la maison pour profiter du soleil qui ne reviendra pas avant un an. Noirceur et lumière ( ou espoir de lumière ) ; Noir et Blanc sont la toile de fond de ce roman qui prend place dans les quartiers ouvriers de Glasgow à l'heure des fermetures de mines sous l'Angleterre thatcherienne entraînant l'explosion du chômage, de la misère et des dérives associées , telle l'addiction à l'alcool.

On retrouve accentuée , de l'autre côté de la Manche et à une autre époque, l'ambiance désepérée décrite par Zola dans Germinal .

L'auteur Douglas Stuart livre une partie de son observation personnelle sans ménager ses mots ni adoucir son propos.Le style à lui seul justifie les récompenses qui lui ont été attribuées, tant il enchaîne son lecteur à l'histoire en sachant aussi faire passer le message de l'espoir , de la solidarité, d'une certaine résilience et des liens du sang,
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Shuggie Bain

Voici quelques jours que j’ai refermé ce livre et je ne suis pas encore remise de ma lecture de ce roman social.



Nous sommes dans le nord de l’Angleterre, plus précisément en Écosse, au début des années 80, quand les mines ont fermé les unes après les autres, laissant des milliers de travailleurs sur le carreau et des familles entières désœuvrées. Le gouvernement d’une certaine Dame de fer n’a rien fait pour accompagner cette tragédie.



Ce n’est pas sans rappeler les films que Ken Loach a tiré de cette période et de ces territoires. Douglas Stuart nous livre ici un roman dur, cru, sans filtre, parfois violent , mais l’écriture est telle qu’on s’accroche à ces pages pour savoir ce que va devenir ce petit Shuggie Bain.



Hugh Bain, alias Shuggie, est le fils d’Agnès et de Shug. Elle est belle, toujours apprêtée dans ces banlieues miséreuses de Glasgow, arrivant à maintenir sa maison propre malgré son état. Agnes est malade, l’alcool. Trompée, violentée, trahie, abandonnée, elle a pris l’habitude de noyer son désarroi dans la bière et/ou la vodka, pour « éloigner la laideur et la solitude ». Shug fait partie de ses pères absents, violents et menteurs. Au milieu de tout cela, Shuggie tentera de sauver celle qu’il aime plus que tout malgré les crises, les colères, les abandons. Jusqu’au bout, cet enfant sensible l’accompagnera d’un amour désespéré, sans faille, s’occupant d’elle après des scènes de beuveries qui la laisse dans un état indescriptible.



Il y a visiblement beaucoup de l’auteur dans ce roman qui aurait pu être déprimant, mais qui est juste magnifique, bouleversant et émouvant. Tout cela à la fois parce que Douglas Stuart retranscrit de façon simple et authentique une réalité dramatique. C’est un regard d’enfant qui est porté sur ces quartiers délaissés de tous : la crasse, la moisissure, la boue, les tickets des alloc qui servent à acheter de la bière plutôt que de la nourriture. Au delà de ces « aspects matériels », il y a aussi et surtout le regard acerbe de cet enfant « pas net » qui a bien compris qu’il ne devait rien attendre du système social ni même scolaire. Et c’est presque ça qui fait le plus mal ! Au mieux l’ignorance des adultes devant ce que l’on qualifierait aujourd’hui de harcèlement, au pire leur assentiment à laisser faire, voire à contribuer à rendre la vie de Shuggie encore plus insupportable. 



Et au milieu de tout cela, ce qui reste de la cellule familiale déglinguée, ces deux personnages qui donnent toute la force à cette histoire. Agnès que l’on a envie de maudire, de secouer mais à qui on s’attache malgré tout, impuissants à la voir se consumer et Shuggie, petit père courage qui devient adulte avant même d’être adolescent.



Roman-témoignage bouleversant !

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Shuggie Bain

Qui a connu l’alcoolisme d’une manière ou d’une autre sait l’enfer que c’est. La spirale, les mensonges, le manque, la déchéance, le désespoir… Agnès Bain est alcoolique. C’est monnaie courante à Glasgow, dans les années 80. Une manière de s’évader de la misère ambiante. Un miroir aux alouettes sinistre et déformant. Agnès Bain se retrouve seule avec ses trois enfants qui, un à un, la quittent. Et la laissent à ses canettes de bière, avec le petit dernier, Shuggie.

Ce premier roman, dont on devine qu’il ne sort pas uniquement de l’imagination de son auteur, raconte la dérive inexorable d’Agnès, face à laquelle l’amour inconditionnel que lui porte Shuggie sera impuissant.

Alors forcément, c’est noir. Très noir même. Et dans cette ambiance sordide, il est bien difficile de saisir quelques bribes de lumière…

Pour autant, Shuggie Bain n’est ni misérabiliste, ni larmoyant. C’est un roman dense et d’une obscure tendresse, un témoignage saisissant sur la classe ouvrière écossaise de cette époque.

Inutile de préciser que si vous cherchez une lecture légère et joyeuse pour vos vacances, vous pouvez passer votre chemin ;)

Merci aux Editions Globe pour cette découverte !
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Shuggie Bain

Portrait poignant des franges de la société britannique des années 1980, en l'occurrence dans la ville écossaise de Glasgow, avec ses banlieues miteuses, ses familles dans l’assistance sociale, ses femmes sous l'emprise des macho’s-chômeurs et ses jeunes flânant sans but dans les rues ou dans les usines abandonnées. Je ne suis pas du tout le premier à mentionner le nom du réalisateur Ken Loach (°1936), car en termes de thème, cela lui correspond presque entièrement. Dans un certain nombre de scènes, Stuart rend la pauvreté et le désespoir plus que tangibles, avec quelques épisodes crus et violents en plus. Apparemment, tout cela est autobiographique et Douglas Stuart dépeint sa propre enfance à travers le petit Shuggie. En plus de l'angle social, il met lui-même l'accent sur la loyauté inconditionnelle du garçon envers sa mère Agnès, qui - en tant que alcoholique - est tombée dans la pauvreté. En fait, Agnès est la véritable protagoniste de ce roman, et Stuart en a indirectement fait une ode à sa mère, la dépeignant avec tous ses défauts, mais aussi clairement comme une femme qui a essayé de faire respecter sa dignité. Assez curieusement, selon moice fait autobiographique est aussi la faiblesse de ce livre : Stuart voulait apparemment rester si près de son propre passé que cela mine le scénario de son livre. Surtout vers la fin, ce roman devient une succession de scènes anecdotiques, qui aboutissent toujours à une impasse. Son demi-frère aîné Leek apparaît régulièrement et en tant que personnage, à cause de son rêve raté en tant qu'artiste, semble beaucoup plus attrayant que le petit, parfois dépeint un peu trop brillant Shuggie (dont nous ne découvrons vraiment qu’il est intimidé comme « efféminé », à cause de son apparente orientation sexuelle différente). Il n'y a guère non plus d'évolution dans les personnages eux-mêmes, avec t la mère Agnès en épigone, somnolente du début à la fin. En tant que littérature de témoignage, ce livre a certes sa valeur, mais d'un point de vue purement littéraire c'est en dessous des standards d'un Booker Prize.
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Shuggie Bain

Un roman tendre et touchant. Certains personnages sont extrêmement attachants. Ce petit garçon qui vit des choses tellement pas faciles mais qui porte un amour inconditionnel et tellement puissant pour sa mère. On reconnait aussi très bien l'ambiance sous le règne de Margaret Thatcher. Mais le gros point fort de ce roman est clairement les personnages. Je tiens à ajouter une précision quant aux personnages. Le personnage de la mère est alcoolique, non ce n'est pas un spoil, on l'apprend dès le début. D'habitude je n'aime pas quand on nous dit ça car, souvent, ce n'est qu'un détail du personnage, une simple caractéristique. Mais ici, et c'est brillamment fait, cela va avoir un véritable impact, une vraie importance. Si vous en avez l'occasion, n'hésitez pas à vous plonger dans ce roman brillant aux personnages touchants et attachants.

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Shuggie Bain

Ce roman, en partie autobiographique, est à la fois bouleversant et dur à l’image de la vie que mènent Shuggie et sa mère et de la misère sociale touchant les quartiers populaires du Glasgow des années 1980.

Le regard du narrateur est à la fois âpre et doux sur ses personnages, à l’exemple des grand-parents de Shuggie, Lizzie et Wullie, ou de son grand frère, Leek.

L’acuité psychologique avec laquelle on suit les relations entre mère et fils et entre Agnès et ceux qui l’entourent, servie par une écriture fine, m’a particulièrement touchée. Tout sonne juste dans cet amour inconditionnel qu’un enfant voue à une mère qu’il cherche à sauver du monde tel qu’il est et d’elle-même.

La lecture est parfois difficile (je pense à la terrible scène au restaurant entre Agnès et Eugène, le chauffeur de taxi qui sera à la fois un espoir de rédemption et un nouveau cercle dans son enfer personnel).

Bref, c’est beau, percutant, poignant ! D. Stuart a remporté le prestigieux Booker Prize 2020, on le comprend aisément tant sur le fond que sur la forme. Je vous le recommande vraiment !
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Shuggie Bain

Ce roman prend immédiatement à la gorge. On s'y éprend d'Agnès, tour à tour pétillante et victime. Entre traits de lumière et mouvements de ténèbres, ce récit parle d'une femme fière, au fond du gouffre qui essaie de sauver les apparences. Son objectif : être aimée. L'occasion aussi de parler de classes sociales qui s'effondrent, de crise, d'Ecosse, de rejet de l'homosexualité, de résilience, d'addiction. Inspiré de la vie de Douglas Stuart, ce roman se veut à la fois autobiographique et fictionnel.
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Shuggie Bain

Toi qui entres ici, abandonne tout espoir. C'est un peu ce que l'on serait tenté de dire, en guise d'avertissement, à celui qui s'aventure au cœur des corons de Glasgow, en 1981. C'est le début du règne de fer de Thatcher, et la fin d'un monde, celui de la mine et des chantiers naval qui ont abandonné leurs enfants inutiles à des destins sans desseins.

C'est le monde des coupons d'allocation, de la télé et de l'eau chaude qu'on achète au compte-goutte, à coups de pièces dans le compteur et dans lequel on va piocher de quoi manger, mais surtout boire.

Ici la poussière noircit encore les murs et les cœurs.



Il est beaucoup trop coloré dans ce décor anthracite et brutal, le petit Shuggie Bain. Il parle si bien, il marche avec tant de grâce, comme un lord. On retient son souffle page après page, tant sa survie ne semble tenir qu'à un fil dans un univers où l'insulte la plus courante est tapette ou pédé. Son seul refuge si précaire, son grand amour, c'est sa mère. Mais elle est seule, perdue dans l'alcool, en manque d'amour et d'avenir. Un fardeau bien trop lourd à porter pour lui et qui menace toujours un peu plus de l'entraîner par le fond.



Douglas Stuart fait de ce charbon impitoyable, un diamant. L'espoir ici, il est hors champ, et d'abord dans la plume à la fois élégante et crue de cet auteur, qui partage sans fausse pudeur et sans complaisance, avec un soupçon de poésie, cette enfance qui fut en grande partie la sienne.



Dès les premières lignes il convoque tous nos sens. L'immersion est profonde, totale. Ce n'est pas un décor pittoresque, c'est sa vie. L'ennui et la misère suintent de partout et pourtant, il sait nous révéler ces instants de grâce qui scintillent malgré tout dans la crasse, comme des paillettes d'or.



Ce livre bouleversant ne m'a étonnamment jamais désespéré. Transporté par une écriture magnifique, j'ai préféré y voir l'histoire d'une machine à survivre à la fragilité indestructible : Shuggie Bain.



Mon seul regret, ne pas l'avoir lu en VO, aucune traduction ne pourra rendre à mon avis la saveur crue de la gouaille écossaise.
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Shuggie Bain

C'est l'histoire d'amour d'un jeune garçon pour une mère alcoolique.

Le livre commence avec Shuggie très jeune adulte qui se débrouille seul dans la vie.

L'histoire nous sera racontée via un très long flask back

Voilà un roman qui n'essaie pas de séduire son lecteur, tout est d'une tristesse absolue, d'une noirceur un peu sale. L'histoire se déroule en Ecosse dans la banlieue de Glasgow dans les années 1980 chez des gens issus de la classe populaire. On se croirait chez Ken Loach mais en plus désespéré.

Nous assistons aussi impuissant que Shuggie et son frère aîné, magnifique personnage ( la sœur Catherine a fui dès qu'elle a pu pour l'Afrique du sud) à la longue et désespérante descente aux enfers de leur mère.

Agnès est une très belle femme, elle ressemble à Liz Taylor, elle a été gâtée par son père et n'a jamais travaillé. Elle a quitté le père de ses deux premiers enfants pour un chauffeur de taxi, le père de Shuggie, odieux, volage, violent et manipulateur.

Agnès fait de mauvais choix et pense trouver un réconfort à sa tristesse dans une canette de bière ou une bouteille de vodka.De temps à autre, elle se ressaisit et arrête de boire, prend de nouveaux départs pour retomber encore plus bas.

Shuggie son petit garçon est déclaré dès son enfance comme anormal par son père, les commères du voisinage et les autres enfants car il parle avec des manières et joue avec une poupée. La vie ne lui est pas facile mais il a au fond du cœur une seule certitude qui le maintient debout contre vents et marées : il aime sa mère d'un amour inconditionnel.



Le texte est long, dur et âpre, rien n'est épargné au lecteur et au petit garçon de la longue déchéance d'Agnès, mais ce très beau roman est nimbé de lumière comme celle qui vient après le mauvais temps illuminer les ciels d' Ecosse et d'ailleurs.
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Shuggie Bain

Un pavé incroyable, une immersion crue et dure dans la vie d'un petit garçon et de sa mère alcoolique. La tragédie du jeune Shuggie ? Rester convaincu que son amour pour sa mère peut la sauver. Alors que sa soeur et son frère finissent par partir pour se préserver, Shuggie, lui, se sent

le gardien de sa mère. Parallèlement à cette fatalité, le garçon, qui découvre son homosexualité, doit subir les moqueries cruelles de ses pairs.

Un portrait hyper réaliste d'un milieu qui broie les individus : les mines près de Galsgow, où les hommes se détruisent au travail ou boivent leurs allocations de chômage pendant que les femmes s'ennuient, boivent également ou se perdent dans des relations avilissantes. Ici, la solidarité n'est qu'un rêve. Rude lecture que ce pavé, avec des personnages très bien construits, mais beaucoup de longueurs.
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Shuggie Bain

Dans ce roman en partie autobiographique, lauréat du Booker Prize 2020, le romancier écossais décrit fabuleusement le destin tragique d’une femme alcoolique.
Lien : https://www.nouvelobs.com/re..
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Mungo

Mungo. Young Mungo.

Des les premières pages, on se balade entre deux périodes clés de l’adolescence du jeune Mungo. Au début, l’exercice est un peu dur et puis : wow. Dans ce roman Douglas Stuart nous décrit la beauté de l’insouciance d’un adolescent vivant à Glasgow dans les années 90 et la violence omniprésente de la classe ouvrière. Alcoolisme, guerre des gangs, viols, patriarcat, et j’en passe. Sombre image d’une société violente où le personnage principal n’est que douceur et amour.



J’ai aimé me sentir Mungo. Ce jeune qui peut paraître fébrile mais, en allant plus loin, on se rend compte de sa force intérieure. Une force qui s’est imposée par sa position d’enfant de la classe ouvrière dans un monde qui ne semble être que violence et regrets. Et puis… il y a l’amour. L’amour qui permet à Mungo de s’affirmer… s’affirmer et reconnaître le bien du mal. Car oui, sans James, l’histoire de Mungo aurait été très différente et bien qu’homosexuel, le voyage avec St Christopher et Gallowgate aurait pu prendre une autre tournure…



Par respect pour les chanceux qui n’ont pas encore lu le livre, je n’irai pas plus loin dans ma critique mais… je ne peux que vous recommander ce roman puissant, sombre et touchant !
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Mungo

Sur fond de conflit Protestants/Catholiques à Glasgow dans les années 90, l'histoire nous entraîne dans une spirale de violence et d'émotions au travers des yeux du jeune Mungo Hamilton, jeune garçon de la classe ouvrière dont l'émotivité brûlante dénote avec la profonde brutalité du milieu dans lequel il évolue. Une mère naïve et absente, une grande sœur distante et dure mais touchante tant elle subit ses responsabilité, et un grand frère violent. Voilà le décor familial de Mungo, 15 ans, à l'aube de la découverte de sa sexualité et de ses attirances.

Les émotions de Mungo sont divinement bien écrite, bien que le texte soit cru et sans détours. Il ne nous épargnera rien de la violence qui sera la trame de fond du livre. L'homosexualité du personnage est excellement bien abordée, sans fétichisation excessive, sans s'appesantir sur des clichés redondants ni à priori tenaces. On sent que l'auteur connait son sujet et c'est extrêmement rafraichissant, ce qui en fait un livre LGBTQIA+ Friendly.

Je le recommande les yeux fermés, cependant, je me dois de mentionner qu'il aborde des sujets très difficiles, dont j'aurais aimé être prévenue avant. Voici donc une liste non exhaustive de Trigger Warning:

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Mungo

Un roman qui montre la noirceur dont peut faire preuve l’âme humaine dans ces années difficiles des années 90 en Angleterre pour une certaine catégorie de population et surtout avec ce fond de conflit entre les catholiques et les protestants.



Mungo est un jeune adolescent qui vit avec sa mère alcoolique, sa sœur brillante et son frère leader d’un gang brutal et protestant. Nous allons suivre l’histoire de cette famille qui essaye de survivre dans ce quartier abandonné entre le chômage, les bagarres, l’alcool qui coule à flots, les femmes battues et violées et ce sentiment qu’être un homme c’est “en avoir une grosse et qu’il faut savoir s’en servir comme il faut”. Malheureusement pour lui Mango veut vivre sa vie simplement au milieu de cette zone de non droit tout en sentant au fond de lui qu’il est différent. Il tombe un jour sur James, un jeune catholique amoureux des oiseaux et qui le regarde avec une lueur dans les yeux. C’est à ce moment qu’il va vraiment comprendre sa vraie nature et qu’il va s’épanouir. Ils vont vivre ensemble caché et découvrir le premier amour, les premiers émois tout en ayant toujours cette peur d’être découvert.

Sa mère qui revient parfois à la maison et dont Mungo n’arrive pas à se détacher et dont il souhaite et réclame l’amour va l’envoyer dans une quête de la virilité au bord d’un lac en Ecosse avec 2 hommes dont elle ne connait rien. Tous les 3 vont se retrouver au bord d’un lac pour pécher et surtout boire comme de vrais mecs toutefois une nuit sous la tente humide, Mungo va s’apercevoir que ces 2 hommes sont d’anciens tolards et qu’ils partagent une même passion pour la chair fraiche...



Un roman dur et parfois grossier mais qui retranscrit parfaitement la vie des cités avec cette peur omniprésente de se faire juger, tabasser voire tuer pour la simple raison d’aimer un autre garçon. L’histoire n’a malheureusement pas changer de nos jours dans certains lieux.

Mais où est passé le baiser baveux de la couverture originale ?
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Mungo

Après «Shuggie Bain», Douglas Stuart convie à une plongée aussi violente que poignante dans le Glasgow des années 1990.
Lien : https://www.ledevoir.com/lir..
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