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Critiques de Edem Awumey (15)
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Explication de la nuit

« La Révolution, se dit Ito Baraka, est un grand mot, une terrible bête à cornes qui emballe et gobe ce qu'elle veut, des vies surtout, avec ce qu'elles contiennent de chair, os, sang et voix. C'est ce temps où lui et ses compères furent avalés par la Bête qu'il essaie de retrouver dans son cahier, ce temps qui l'attriste et le fascine à la fois, comme un vieil objet que l'on veut sortir d'une malle pour voir s'il aurait sur nous le même effet qu'il y a longtemps, ou si sa beauté, à nos yeux d'antan enfiévrés, avait pu être trompeuse. Parce que tout cela est loin maintenant, à l'instar du dernier sanglot étouffé de sa mère dans un hall d'aéroport le jour où il a quitté le pays. Il y a de cela vingt ans. Peut-être plus. Il tente de ressusciter ce monstre qu'ils avaient nommé La Révolution, dans l'emballement des coeurs jeunes et le fracas des rues. »



J'avoue avoir refermé Explication de la nuit avec un certain soulagement, et cela n'a rien à voir avec l'oeuvre en elle-même, sa qualité littéraire ou la force de sa narration. le titre est particulièrement évocateur, tant de la vie sous une dictature que de la nuit dans laquelle est plongé Ito Baraka, un « disparu », emprisonné et torturé dans un camp de détention alors qu'étudiant en 1980, il a manifesté contre le régime en place. du Vieux-Hull à Gatineau au Québec où il vit maintenant, se sachant gravement malade, il sent un besoin impérieux de revenir sur ces événements qui l'ont profondément meurtri et qui le hantent, qu'il couche sur le papier avant qu'il ne soit trop tard. L'auteur, qui réussit particulièrement bien à rendre la désespérance d'un peuple sous un régime totalitaire, écrit: « Toute ressemblance entre cette fiction et une quelconque réalité serait bien intéressante… et triste. ». Au même moment, j'ai lu dans le journal La Presse un article d'Alexandre Sirois du 6 novembre 2023 dans lequel le journaliste écrit que 72% des habitants de la planète vivent actuellement « sous une forme ou une autre de régime totalitaire », un recul aux années quatre-vingt qu'évoquent Awumey... Triste et affligeant, en effet…

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Les pieds sales

« Longtemps, nous avons été sur les routes, mon fils. Et partout, on nous a appelés les pieds sales. Si tu partais, tu comprendrais. Pourquoi ils nous ont appelés les pieds sales. » Ainsi parlait la mère d’Askia lorsqu’il était enfant, tous deux exilés et revenus d’un périple à pied dans le Sahel, ayant perdu en chemin la trace du père, Sidi Ben Sylla Mohammed. En fuite lui-même à quarante-sept ans, Askia est maintenant chauffeur de taxi sans papiers à Paris et court la clientèle la nuit. En constante recherche de son père, l’homme au turban blanc, il croit l’apercevoir au détour des rues et s’en persuade au contact d’une photographe qui affirme l’avoir pris pour modèle une dizaine d’années plus tôt.

Un récit peuplé d’errances, de fantômes, d’idéaux brisés et de fatalité, fort bien écrit et construit, et dont la brièveté agit ici comme une fulgurance. Une lecture belle et triste par un après-midi ensoleillé et venteux.

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Port-Mélo

A Port-Mélo, une ville d'une côte africaine, des personnages s'entrecroisent dans un univers de terreur sourde. Il y a la vieille Mère Cori, dont l'homme parti il y a longtemps n'est jamais revenu, Christophe Mélo et Joséphine, étudiants souffrant comme cette jeunesse sacrifiée, Orpheus le chef de la P.J. qui se lance à la recherche de Manuel. Ce dernier s'intéresse de près aux victimes que la dictature a tuées à Port Mélo. Il tient à jour un carnet où elles sont répertoriées. Chaque jour, on en retrouve échouées sur la plage...



Edem est togolais, et ce n'est pas par hasard qu'à travers Port-Mélo, on peut retrouver assez facilement une inspiration de la capitale Lomé. Ville côtière où il ne fait pas toujours bon vivre, capitale qui voit son wharf* laissé à l'abandon, qui retrouve de temps à autres des cadavres échoués sur la plage suite à des morts mystérieuses pour certains, des suicides par noyades d'après le régime en place, des réglements de comptes politiques pour d'autres (encore au mois d'août dernier, était retrouvé le corps du ministre Atsutsè Agbobli sur la plage loméenne...)



Edem a un sacré style. Sous forme de fiction, il écrit de sa plume poétique et violente, un roman-fable dans lequel qui connaît Lomé peut retrouver certains éléments réalistes.



L'histoire des personnages est souvent mystérieuse, leur quotidien étant difficilement palpable. Il s'agit plûtot de leurs pensées lancinantes influencées par leurs peurs et leurs souvenirs.



Alors c'est vrai, ce ne fût pas une lecture aisée, mais même (...)
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Première nuit

Leonora Miano invite 10 hommes écrivains francophones, nés dans les années 1970, à écrire une nouvelle pour évoquer le désir, expression de vie qui lui semble absente de la littérature de l'espace francophone d'Afrique et des Caraïbes. Si la sensualité de la première nuit est dite avec puissance ou tendresse, de manière réaliste, poétique ou fantastique, le désir n'est pourtant pas dissocié de l'expérience de la violence, de la passion et de la mort (Julien Mabila Bissila), de la trahison (Insa Sané), de la nostalgie et de l'exil (Edem Awumey), de la séparation (Jean Marc Rosier), de la solitude (Sunjata), de l'attente et de l'abandon (Felwin Sarr), de la souffrance (Julien Delmaire), du mépris (Frankito), du trouble et du mystère (Georges Yemy). L'intérêt de cette anthologie, en dehors de fait de découvrir ou de relire des auteurs, et de plonger dans l'antre de sentiments masculins souvent tus.
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Les pieds sales

Un peu étrange et déstabilisant comme roman mais intéressant, original carrément génial. L'histoire, je ne vais pas vous la conter, les 2 résumés déjà postés sont parfaits. Mais par contre je vous conseille de vous laisser emporter par ce récit étrange peuplé de fantômes ,d'une quête vers un père certes et aussi vers un pays qui n'existe plus ou pas pour tous les exilés. Ils errent entre le passé et un présent incertain, leur vie volée en éclats, fuir toujours inlassablement le long des routes, quémander l'hospitalité puis se voir chasser. En Afrique ou ailleurs, Askia comme Olia, deux êtres qui cherchent le chemin, des racines, un père, un visage. Le récit est un peu comme une belle image qui volerait en éclats et morceaux par morceaux le lecteur finit par imaginer la beauté de ce paysage qui se dessine dans leur désir d'être tout simplement : eux quelque part sur leur terre avec leur famille, leurs amis et leurs souvenirs. L'auteur laisse des grands espaces nous invitant à deviner, susciter le récit à son besoin de savoir à quoi peut bien ressembler ce drôle de récit tantôt rêve, tantôt cauchemar. C'est sans doute un peu farfelu, mais tellement sensible, poétique aussi, presque trop court. On ressent ce besoin de recoller les morceaux mais avant il faut rassembler toutes les pièces, c'est un peu cela qu'Askia est parti chercher, un père qui détient le bout du fil d'Ariane de son histoire, de sa mémoire.

Une très belle découverte avec ce roman et cet auteur atypique je dois bien le dire mais tellement touchant.
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Port-Mélo

J'avoue, je n'ai pas tout compris. Peut-être ne connais-je pas suffisamment l'histoire du Togo pour pouvoir m'imprégner de l'histoire...
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Les pieds sales

Askia a quitté son pays à la fois pour fuir la Cellule (une organisation qui se charge de tuer les opposants au pouvoir (entre autres)) et pour retrouver son père qui les a quittés, sa mère et lui, il y a bien longtemps maintenant. Il rencontre Olia qui lui dit avoir pris des photos de son père, il y a quelques années. Elle ne retrouvera jamais ses photos, mais tous deux vont continuer de chercher ce fantôme dans Paris…



Voilà un roman qui se veut être une quête du père, cet homme au turban, et au-delà de ça, une quête d’identité. Où qu’aille Askia, il tombe sur quelqu’un qui a rencontré un homme qui lui ressemble, avec un turban. Alors oui, Askia est omnibulé par ce père parti si tôt et c’est pour cela qu’il le voit partout, mais moi, ça m’a fatigué. Et puis, il y a tant de choses dans ce roman qui ne fait que 150 pages que souvent certaines choses arrivent comme un cheveu sur la soupe (comme, par exemple, Zak de la Cellule) et que l’auteur ne semble pas aller au bout des choses. Cela m’a déstabilisé. Il y a quelque chose dans le style, un certain rythme que l’auteur a souhaité donner en imposant des coupures de phrase non traditionnelles, des monologues retranscrits sous la forme d’un dialogue où l’interlocuteur silencieux est symbolisé par trois petits points. L’écriture se veut poétique aussi. Mais étant donné que je n’étais pas dans l’histoire, ces effets m’ont plus irrité que raccrocher au wagon. Je crois vraiment que ce roman n’était pas fait pour moi !
Lien : http://5emedecouverture.word..
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Mina parmi les ombres

Le sixième roman d'Edem Awumey cherche une femme et découvre l'Afrique d'aujourd'hui. Belle et tourmentée, forte et attaquée. Mina parmi les ombres est un tableau aux couleurs saturées où, pourtant, le noir et blanc l'emporte. Tels des crocs luisants dans la nuit.
Lien : http://www.lapresse.ca/arts/..
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Rose Déluge

Togolais d'origine, québécois d'adoption, Edem Awumey exprime dans ses romans l'aller et retour permanent entre les deux continents, par la pensée aussi bien que par les actes. Rose déluge a une tendance à l'onirisme et au baroque qui était moins prononcée dans son livre précédent, Les pieds sales. Le roman pêche d'ailleurs par excès de lyrisme dans une prose parfois hallucinée, manifestement inspirée par le réalisme magique latino-américain. Ces passages fantasmatiques alternent avec une description plus réaliste d'une histoire d'amour qui prend forme entre deux déracinés et de deux villes que l'auteur rapproche par le même danger qu'elles courent, celui d'être englouties par les flots. Lomé et La Nouvelle-Orléans sont constamment présentes dans le livre alors que ses deux héros sont encalminés dans la petite ville de Hull, au Canada. Mais même immobile, le voyage est possible, entre songes et évocations du passé. Rose déluge flotte dans un monde incertain, fait d'obsessions et de rêves peut-être pas inaccessibles. Un bateau ivre qui donne le mal de mer et qui menace de faire naufrage. Il faut s'accrocher fort au bastingage pour ne pas passer par dessus bord.
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Les pieds sales

Dans Paris, Askia, chauffeur de taxi erre à la recherche du père absent Sidi Ben Sylla Mohammed, image fantôme de l'homme au turban. Cet homme qu'il n'a pas revu depuis trente ans, ce père parti rejoindre un soit disant lointain cousin qui travaillait dans une usine à Aubervillier comme ouvrier chez Simca. Il rencontre Olia , une jeune photographe d'origine bulgare, elle aurait pris son père, en photo ?

Askia vit dans un squat, il doit ce logement à Tony originaire lui aussi de Guiné. En parallèle, à Paris Edem Awumey, nous évoque les racines d'Askia, l'Afrique : Nioro en Guiné, le lieu de départ quand il avait cinq ou six ans. Il va souvent sur le parvis de Beaubourg où là il retrouve ses amis des pieds sales comme lui des hommes et des femmes, à la recherche d'identité ?

L'auteur fait référence à un grand classique de la littérature mexicaine autour de l'identité et la recherche du père : Pèdro Paramo de Juan Rulfo, entre autre, livre peuplé de fantômes. Mais Askia est aussi un Télémaque, la figure de Don Quichotte

est présente. Malgré que ce roman soit court, est d'une grande richesse en informations qui en font un roman fort passionnant . J'aime les romans qui demande au lecteur un travail d'imagination, nous sensibilise, nous fait ouvrir grand les yeux, en ce qui concerne l'autre l'étranger. En un mot un livre excellent !

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Noces de coton

Edem Awumey raconte la route du coton par le biais d’un huis clos à la fois fascinant et troublant, parce qu’il touche à la réalité.
Lien : https://www.journaldequebec...
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Noces de coton

Huis clos anxiogène et souvent enlevant, portrait grand-angle de l’exploitation historique du corps noir, procès à charge de ces puissances qui traitent l’Afrique comme une terre à piller ; Noces de coton pose en son cœur la grande question de l’engagement.
Lien : https://www.lapresse.ca/arts..
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Explication de la nuit

Comme dans ses trois précédents romans (dont Les pieds sales qui a été sélectionné pour le Goncourt en 2009), Edem Awumey a écrit un roman dur et sensible, mais cette fois au style plus protéiforme, à la fois concret et philosophique. Un livre dont il dit simplement: «Après l'avoir écrit, ça va mieux.»
Lien : http://rss.lapresse.ca/c/336..
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Rose Déluge

Sambo, un jeune Togolais, doit honorer une promesse faite à sa tante Rose et enterrer ongles et cheveux à la Nouvelle-Orléans, ville qui est toujours restée pour elle mythique. Louise, aspirante danseuse, s’apprête à monter dans l’autobus qui la mènera à New York. Elle souhaite aussi bien s’y réaliser en tant qu’artiste que fuir quelques démons intérieurs.



Dans les premiers chapitres, ils se racontent en alternance. Le lecteur hésite sur la façon de s’approprier leurs destins, troublé par la structure narrative, tout semblant de prime abord séparer les deux héros. Et puis, comme dans l’histoire, tout bascule au moment de leur rencontre, à Hull. Les mélodies que l’on croyait indépendantes deviennent contrepoint l’une à l’autre, certaines interrogations sur le devoir de mémoire, le déracinement, les liens familiaux, se répondant, en une superposition de lignes au grand lyrisme, porté par le souffle puissant de l’écriture d’Edem Awumey, sélectionné sur la première liste du Goncourt en 2009 pour Les pieds sales.
Lien : http://lucierenaud.blogspot...
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Rose Déluge

À partir d'une manière narrative riche, Rose déluge offre une écriture hallucinée entre les rêves et une réalité souvent triviale. Le roman se lit comme un long flot lyrique, dont chaque paragraphe et chaque chapitre constituent un prolongement, par association d'idées, de ce qui précède. On pourra s'y perdre parfois, ce qui n'empêchera pas, la lecture à peine achevée, d'attendre le prochain roman, sûr que cet univers aura encore gagné en maturité.
Lien : http://rss.cyberpresse.ca/c/..
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