Frédérique Berthet La Voix manquante éditions P.O.L Chronique d'un été : où
Frédérique Berthet tente de dire quelques mots sur "Chronique d'un été", le film de
Jean Rouch et d'
Edgar Morin à l'occasion de la parution de "La Voix manquante" et où il est question notamment de
sociologie et d?ethnographie, de l'histoire du film et de
Marceline Loridan-Ivens, de "es-tu heureux?" et de "comme si", de
Jean Rouch et d'
Edgar Morin, de commensalité et de vérité, de déportation et de micro-cravate, à l'occasion de la parution aux éditions P.O.L, dans la collection TRAFIC, de "La Voix manquante", à Paris le 4 mars 2018
"Quelque chose est en cours. Je sens bien qu?on prend le train en marche, que les trois qui sont là ont dû se parler avant qu?on ne commence à les entendre. Marceline s?affiche en brune dans le noir et blanc. Dans quelques secondes, elle va entrer en cinéma, s?avancer de son corps, de sa voix, vers la mise en scène d?une effraction de l?histoire. Ses bras nus portent un message à peine visible : un matricule bouleversant, qui fait intrigue pour ceux qui la filment en ce 16 mai 1960. Cette histoire rapprochée du film d?ethnographie parisienne Chronique d?un été (
Jean Rouch,
Edgar Morin, 1960) reconstitue la fabrique d?un personnage féminin qui n?eut pas « les quinze ans de tout le monde ».
En intriquant intimité et collectivité, décors naturels et sites fantomatiques, hier et aujourd?hui, je suis partie à la recherche de ce que l?écran condense du manque et de ce que les archives déplient du temps ? le temps d?apprendre à styliser et à dire. Apparaît ainsi, d?entre les pages, la silhouette prémonitoire d?une contemporaine, artiste et témoin de la Shoah.
F.B."