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Citations de Edith Bruck (127)


"Fais ce que tu veux, de toute façon tu n’écoutes personne ! Attends, dès que tu auras dix-huit ans, tu pourras devenir une très jolie soldate et tu apprendras même la langue. — Je ne prendrai jamais une arme en main. — Tu préférerais te faire tuer ? — Je crois que oui. Je préfère avoir eu un père martyr plutôt qu’un père assassin. — Moi, par amour d’Israël, j’aurais été militaire. — Je sais. Pas moi. Les guerres entraînent des guerres. Moi, je désarmerais le monde entier. — Rêve donc tes rêves. Mais le réveil sera rude. — J’ai déjà vécu ce réveil"
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Il faudrait des mots nouveaux
pour raconter Auschwitz,
une langue qui blesse moins
que la mienne,maternelle.
La langue de qui chante avec la voix
et les cordes qui pleurent.
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Te nommer

Te nommer
te diminue
même le nom de Dieu
n'a pas tenu
je pourrais t'appeler
d'un nom jamais donné
comme un lieu jamais vu
je pourrais t'appeler
d'un nom encore à inventer.
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Tu écris toujours ?
- Encore plus qu’avant. Les mots à dire ne cessent d’augmenter. Si c’étaient des enfants conçus, j’accoucherais d’autant que de disparus.
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Le mot “patrie”, je ne l’ai jamais prononcé : au nom de la patrie, les peuples commettent toutes sortes d’infamie. J’abolirais le mot “patrie”, comme tant d’autres mots et expressions : “mon”, “tais-toi”, “obéir”, “la loi est la même pour tous”, “nationalisme”, “racisme”, “guerre” et presque aussi le mot “amour”, privé de toute substance.
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- Comment fais-tu pour tout te rappeler ?
- Comment fait-on pour ne pas se souvenir ?
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En fille adoptive de l'Italie ,qui m'a donné beaucoup plus que le pain quotidien ,et je ne peux que lui en être reconnaissante,je suis aujourd'hui profondément troublée pour mon pays et pour l'Europe , où souffle un vent pollué par de nouveaux fascismes, racismes,nationalismes, antisémitismes, que je ressens doublement.
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- Tu es gentille ? me demandais-tu.
- Oui, je pense que oui.
- Et comment fais-tu, comment fais-tu ?
- Je ne sais pas...
Je n'ai jamais compris comment j'ai pu être ce que je suis , et ça ne m'a jamais plus que tu m'appelles phénomène.
p 306
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- Ce qui prime sur tout, c'est la dignité et ta liberté,
- des mots en l'air ....
p154
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Contre les Juifs, tout devenait légitime pour les villageois, et le plus petit d'entre eux se sentait puissant, en imitant les adultes.
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Vivre ici ou ailleurs
revient au meme
ce qui compte
qui nous maintient en vie
n'est pas lié à un lieu
un pays en vaut un autre.
Les amis ne manquent pas
car les rares qui nous restaient
ne sont pas là
ils sont pris dans le tourbillon
de leur propre malheur.
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Être juif ne se vit pas avec légèreté et la religion n'est pas seulement une part de notre intimité spirituelle, mais un parcours qui dure des millénaires dont chacun est partie intégrante et chacun transmet une parcelle d'histoire, avec un sentiment d'orgueil, certes non de faute, en choisissant de s'adresser à D..u, l'un avec la prière rituelle, l'autre avec une lettre, l'autre encore dans le silence, l'autre enfin dans le chaeur qui s'élève dans nos synagogues. C'est se savoir partie intégrante de tout un monde, devant le défi du vivre-ensemble. Edith, avec ses mots, ses questions, ses lettres à sa mère et à notre D..u commun, nous transmet, tous les jours, une grande leçon de judaïsme faite de vie, de pré- cepte de mémoire et désir de paix.
(dans la postface de Noemi Di Segni)
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La poésie n'est pas trompeuse, elle dit la vérité qui trouble les consciences, qui touche les plaies ouvertes, privées et publiques. La poésie est cri, dénonciation, dans un monde sourd et aveugle à la beauté et à la vérité. La poésie est musique, prière, prophétie, elle voit, elle indique ce que l'on ne veut pas voir, mémoire de soi dans le monde, de l'homme qui n'apprend pas, qui répète les mêmes erreurs, qui ne s'aime pas et qui n'aime pas.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 9

Dès ma petite enfance, au lieu de prier le soir, je lisais les poèmes que j'apprenais sur les bancs de l'école primaire. Ma mère me grondait, en me répétant que la poésie que je murmurais avant de m'endormir ne pouvait remplacer la prière.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 19

Vas-y tendre ami
et pense que ce jeune ennemi
de l'autre côté comme toi a peur
pas plus que toi n'est coupable
penses-y et tu comprendras
tendre ami.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 34

Qu'est-ce qui nous arrive ?

Pourquoi nous leurrons-nous une fois de plus ?
Ce silence même couve une rancœur,
le terrain est en nous fertile
les mots non dits sont des graines
d'où naissent des fleurs malades.
Qu'est-ce qui nous empêche
de couper le cordon ombilical ?

EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 57

...
si tu ne regardes pas les passants
tu me dépasseras
comme si j'étais une inconnue
qui n'attire pas ta furtive attention
et moi qui te verrai jusqu'au limite du visible
pour mes yeux fatigués
moi qui te sentirai tant que mes sens usés
pourront sentir
moi qui penserai à toi tant que je pourrais penser
je te laisserai t'en aller sans plus rien te dire.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 58 59

Seulement seulement seulement

Tout ce que j'ai
tout ce que j'ai voulu
est ici :
une chambrette
les draps jaunes
une couleur
comme une autre
pas l'étoile
à coudre sur le manteau.
L'image du passé
est riche d'itinéraires
et conduit à la découverte
que la vie est vie
même quand on est seul
et du pain il y en aura
dans un monde
où maintenant tu as une place sans t'être trahi toi-même
par des actes vengeurs
qui blessent
en boomerang.

EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 61

On a encore le temps
tout espoir
n'est pas perdu
qui a aimé
laisse toujours quelque chose.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 100

Vivre ici ou ailleurs
revient au même
ce qui compte
qui nous maintient en vie
n'est pas lié à un lieu
un pays en vaut un autre.
les amis ne manquent pas
car les rares qui nous restaient
ne sont pas là
ils sont pris dans le tourbillon
de leur propre malheur.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, Page 107

Sur quoi écrit un poète sinon sur l'absence, sur ce qui manque intérieurement et extérieurement ? Le bonheur ne pousse pas à écrire, quand il est là, mais si paradoxalement il est toujours là, même dans les ténèbres les plus absolues. Écrire et penser, c'est cela le bonheur, même si l'on écrit et l'on pense des choses tristes, des tourments indélébiles. Des douleurs qui avec le temps mûrissent et produisent leurs fruits en vers.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 127

American Express

Quel beau visage
m'a dit la fille aux beaux yeux derrière son comptoir
je lui ai souri heureuse
comme une mariée amoureuse
je vous laisse justement entendre quelque chose de ce genre
pour aller mieux
parfois il suffit de si peu
de presque rien
à peine d'un geste
d'un regard ;
comme quand dans les camps
on nous concédait une pomme de terre
un navet
un gant troué.
en de tels moments la vie est belle
et comme les hommes sont bons.

EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 131

Les nouveaux commandements

Dis oui à tous ceux qui comptent
obéis à ceux qui te conviennent
ne dis jamais ce que tu penses
encarte-toi
mêle-toi au troupeau
favorise ton clan
prie le dieu argent
ne renonce jamais à tes privilèges
garde-toi de tout le monde
ne te fie ne te fie jamais à personne.

EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 158

Le partage dés la petite enfance
Est créateur de paix
D'un monde nouveau
Qui n'a jamais existé.
Le pourrait il jamais ?
Cela ne dépend que de nous,
Sans prier Dieu,
La responsabilité
de tous les maux du monde
nous incombe.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 189

Si les morts parlaient

Maman pour une fois
au lieu de faire des reproches à papa
qui ne gagnait rien
Lui dirait "je t'aime",
Comme quand
Lors de la sélection
à l'arrivée à l'enfer terrestre
Elle le cherchait, elle l'invoquait.
Et lui de ses yeux de velours et de tristesse
lui demanderait un muet pardon
en lui disant "je t'aime moi aussi"
Phrases qui n'ont jamais
résonné dans la maison
(dans aucune maison ce n'était l'usage)
mais cela lui aurait fait beaucoup de bien,
tout comme à nous leurs enfants
qui ne connaissions pas leurs sentiments
inexprimés même à notre égard.

EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 192

Année bissextile
année d'hécatombe humaine
année d'une Rome nue
qui révèle toute sa beauté
en femme impudique.
Les rues nettoyées, désertes
Inquiètent
dans le silence s'insinue la peur
comme dans la foule aveugle.
Les rares passants murmurent
sous leurs masques blancs
les pieds prudents semblent effleurer
le sol d'un cimetière.
.Ce qui manque, c'est une main à serrer
un regard direct
une présence humaine
pour qui est seul
pour qui laisse le monde
dans un camion militaire
pour qui gît dans les rangées de cercueils
comme les migrants repêcher en mer
pour qui n'a pas pu pleurer
ses bien-aimés brûlés
sinon après Auschwitz
dans l'éternité comme les survivants.
EDITH BRUCK "La voie de la vie Poèmes" Ed Rivages Poches 2022, page 193 et 194
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Un jeudi



C’est le jour du pouvoir
dit la philosophie indienne
– ils prétendent tant de choses
ceux qui croient.
Aujourd’hui dans mon cœur
il y a une ombre de tristesse
pas si grande
si elle ne s’était assise sur mon estomac
et si par intervalles elle ne me sautait à la gorge
j’irais même plutôt bien
avec un peu de sagesse en plus
et un bon digestif pour la mémoire.

Pour la plus grande joie de Bouddha
je pourrais même dire que le vide
équivaut au plein.


/ traduction de René de Ceccaty
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Je me demande depuis toujours, et je n’ai pas encore la réponse, à quoi servent les prières si elles ne changent rien ni personne, si Tu ne peux rien faire et si Tu n’entends pas, ne vois pas ou si Tu es l’invention d’un esprit supérieur, inimaginable, à moins que ce ne soit Toi qui T’es inventé Toi-même ?
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La nuit, toutes sortes de pensées, de projets et une réserve d’espoir se bousculaient dans sa tête, mais est-ce que cela suffirait pour toute une vie ?
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Avec nous qui étions les dernières arrivées, il n'y avait que les kapo et les autres fonctionnaires déjà déshumanisées qui étaient inhumaines. Une seule déportée nouvelle était tout de suite devenue une charogne, mais elle devait l'être déjà avant.
p 315
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Est-ce que je vis ?
Je regarde le portrait
de ma mère brûlée
et je ne souffre pas,
même l'image
de mon père
mort de faim
cesse de me faire mal,
la mémoire même
ne me dit plus rien.
Le cœur n'accélère pas
ses battements
à la vue de l'homme aimé
qui en attend une autre ;
rien, rien
ne me fait plus mal au monde
sinon le monde.
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Nous

Pour nous les survivants
c'est un miracle chaque jour
si nous aimons, nous aimons dur
comme si la personne aimée
pouvait disparaître d'un moment à I'autre
et nous aussi.

Pour nous les survivants
le ciel ou est très beau
ou est très laid, les demi-mesures
les nuances sont interdites.

Avec nous les survivants
il faut se montrer précautionneux
parce qu'un simple regard de travers
ce qu'il y a de plus banal
va s'ajouter à d'autres terribles
et toute souffrance
fait partie d'une UNIQUE
qui palpite dans notre sang.

Nous ne sommes pas des gens normaux
nous avons survécu
pour les autres
à la place d'autres.
La vie que nous vivons pour nous rappeler
et nous nous rappelons pour vivre
n'est pas qu'à nous.
Laissez nous...
Nous ne sommes pas seuls.
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Pourquoi aurais-je survécu
Pourquoi aurais-je survécu
sinon pour représenter
les fautes, surtout
aux personnes proches ?
De tant de fautes qu'elles auront
une, la plus grande, sera
le regret d'avoir fait du mal,
à moi qui ai tant supporté.
Avec moi qui suis différente
des autres et qui porte en moi
six millions de morts
qui parlent ma langue
qui demandent à l'homme de se souvenir
à l'homme qui a si peu de mémoire.
Pourquoi aurais-je survécu
sinon pour témoigner
avec toute ma vie
avec chacun de mes gestes
avec chacune de mes paroles
avec chacun de mes regards.
Et quand se terminera
cette mission ?
Je suis lasse de ma
présence accusatrice,
le passé es une arme
à double tranchant
et je perds tout mon sang.
Quand viendra mon heure
je laisserai en héritage
peut-être un écho à l'homme
qui oublie et continue et recommence...
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