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EAN : 9782757898642
168 pages
Points (10/02/2023)
3.91/5   167 notes
Résumé :
"Il faudrait des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle."

En moins de deux cents pages vibrantes de vie, de lucidité implacable et d’amour, Edith Bruck revient sur son destin : de son enfance hongroise à son crépuscule. Tout commence dans un petit village où la communauté juive à laquelle sa famille nombreuse appartient est persécutée avant d’être fauchée par la dépo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Le Pain perdu est l'histoire d'une vie, celle d'Edith Bruck, racontée par elle-même, de façon simple, mais toujours terriblement émouvante.
La petite Edith, surnommée Ditke, a vu le jour dans un village hongrois. Elle a six frères et soeurs dont certains, plus âgés, ont déjà quitté leur famille juive dont la mère est très croyante, affirmant que c'est Dieu qui lui a donné ses enfants. Ainsi, elle néglige le rôle du père, Stein Schreiber, qui, en 1942, est exclu de l'armée parce que juif. Ce gagne-misère, comme Ditke le qualifie, sent venir la pire des catastrophes confirmée par la présence de seulement trois personnes à l'enterrement de la grand-mère de ses enfants.
Dans la vie du village, la mise à l'écart des Juifs ne suffit pas. Lorsque Ditke, première de sa classe, croise le maître d'école, celui-ci lance un « Heil Hitler ! » qui en dit long sur ce qui se prépare.
Vexations, humiliations, interdictions, petites agressions, cela n'est pas le fait de militaires ou de policiers faisant la promotion du nazisme mais tout simplement d'habitants du village avec lesquels la communauté juive vivait en parfaite harmonie, jusque-là.
Ditke vient d'avoir 13 ans quand les gendarmes brisent la porte d'entrée de leur modeste maison pour expulser toute la famille. Justement, ce matin-là, sa maman avait préparé des miches de pain. Il ne lui restait plus qu'à les enfourner quand le malheur est arrivé.
Quand toute la famille se retrouve embarquée dans un train avec beaucoup d'autres juifs, la mère de Ditke ne parle que de son pain perdu abandonné à la maison.
Le ghetto, les insultes, le pillage de tous leurs objets précieux, l'engrenage infernal est enclenché. Birkenau, Auschwitz, les chiens, la séparation et ces vies qui partent en fumée, la négation de toute humanité : l'extermination d'un peuple.
Edith Bruck raconte l'enfer qu'elle a vécu, donne des nouvelles de ses frères et soeurs, détaille les souffrances endurées. Il faut marcher, subir les maltraitances infligées par les kapos, assister au suicide de ses amies, constater l'égoïsme des fermiers refusant toute nourriture à ces femmes, à ces enfants et à ces hommes déplacés d'un camp à l'autre et affamés.
Tout cela, je l'ai lu déjà mais le récit d'Edith Bruck est poignant, terriblement émouvant, extraordinairement précis. Il ne faut pas l'oublier, jamais le passer sous silence malgré le temps qui s'écoule inexorablement. le récit, le témoignage de cette jeune fille frôlant souvent la mort, est fondamental.
Bien sûr, arrivent les soldats US, la libération des camps. Comme les Hongrois ont été déportés en dernier, ils sont rapatriés les derniers. Edith Bruck, alors, constate que leur retour n'est pas très apprécié, que Sara, sa soeur, l'accueille froidement, que dans son village d'origine on la regarde comme une ennemie.
Ditke adore écrire. Judit, sa soeur, fait partie d'un groupe sioniste et veut absolument rejoindre la Palestine. Si Ditke fuit en Slovaquie, elle est dépucelée à 16 ans, à Bratislava. S'ensuit un récit comme une épopée qui emmène notre autrice en Israël, puis en Grèce, en Turquie et enfin à Naples puis à Rome car elle a eu la chance d'intégrer une compagnie de ballet.
Il faut vraiment lire le Pain perdu pour découvrir toutes les étapes d'une vie marquée à jamais par ces années de cauchemar, moments horribles, atroces, programmés et infligés sans le moindre état d'âme à plusieurs millions de personnes dont la plupart ne sont jamais revenues.
Quand Edith Bruck découvre Herculanum et Pompéi, elle imagine avec horreur ce que vécurent leurs habitants foudroyés par une éruption volcanique en l'an 79 de notre ère.
Si Ditke est devenue Edith Bruck, c'est grâce à un extraordinaire courage et une admirable volonté de témoigner.
Pour finir, elle s'adresse directement à Dieu, le tutoie et lui reproche de n'avoir jamais rien donné à sa mère qui, pourtant, l'invoquait, le suppliait plusieurs fois par jour. Elle se pose des questions existentielles, essentielles, mettant en cause une croyance à laquelle sa mère était viscéralement attachée.
Edith Bruck, star en Italie mais inconnue en France, fut très amie avec Primo Levi dont le suicide la bouleversa. Elle s'est consacrée au journalisme, à la télévision, au roman, à la poésie mais surtout à son témoignage sur l'holocauste des Juifs, la Shoah dont le Pain perdu est un élément essentiel.

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Dans le Pain perdu, traduit de l'italien par René de Ceccaty, Edith Bruck née Steinschreiber le 3 mai 1931 à Tiszabercel en Hongrie, raconte comment elle a survécu à l'enfer des camps de la mort.
Cette magnifique autobiographie qui commence comme un conte « Il y a très longtemps, il était une fois… », débute dans ce petit village de Hongrie orientale où Edith dont le diminutif est Ditke vit avec ses parents et ses frères et soeurs très pauvrement. Ils appartiennent à la communauté juive et leur vie est empoisonnée par la propagande fasciste, nazie, les habitants du village leur faisant mener une vie impossible, ayant tout pouvoir sur eux et pouvant les empêcher de travailler.
Aussi, quelle joie, lorsque, en avril 1944, le matin après la Pâque juive, leur voisine leur offre de la farine. Aussitôt la mère s'active sur le pétrin, et ainsi durant la nuit, la pâte monterait pour être mise au four à l'aube. Mais, alors que tous dorment, les gendarmes et les fascistes hongrois cognent à la porte qui cède, hurlant l'ordre de sortir dans les cinq minutes. le père, encore en caleçon, sort ses médailles de la Première Guerre Mondiale, prouvant qu'il avait combattu, ils les jettent à terre disant qu'elles ne valent rien et lui pas davantage. Quant à la mère, elle n'avait que deux mots : le pain, le pain, ce pain qui allait être perdu, d'où le titre du livre.
Un moment inimaginable et inoubliable pour cette jeune enfant de treize ans. de plus « Les bourreaux qui parlaient dans leur langue les blessaient avec chacune de leurs paroles, en les dirigeant comme si c'étaient des moutons, vers la petite synagogue, où se trouvaient déjà tous les Juifs du village ». Ils sont ensuite parqués dans un ghetto avant d'être déportés à Auschwitz où la famille est séparée. Edith séparée de force de sa mère, se retrouve avec sa soeur aînée Judit. Elles sont ensuite transférées à Dachau puis au camp de Kaufering et à celui de Landsberg, des sous-camps de Dachau, puis à Bergen-Belsen où encore en février 1945, elles verront arriver, incrédules de nouvelles déportées de Budapest.
Les Américains arrivant, ce sera la longue marche vers elles ne savaient où, pour fuir. « Marsch ! Laufen schnell ! » Marcher ! Vite ! En avant ! Alors qu'elles étaient « des sortes d'épouvantails, flottant dans leurs haillons, le visage creusé, livide, les chevilles, les pieds crevassés d'engelures ».
Edith survivra, elle ne sait comment…
Elle partira à seize ans pour le jeune état d'Israël, s'y mariera avec un certain Bruck, voyagera, fera tous les métiers d'Athènes à Istanbul et finira par s'installer en 1954 en Italie, devenue désormais sa nouvelle patrie : « Pour la première fois, je me suis trouvée bien tout de suite, après mon long et triste pèlerinage ». À Rome, Elle rencontre Nelo Risi, le frère de Dino qu'elle épouse, devenue outre écrivaine, scénariste et réalisatrice.
Avec des mots simples, évitant au maximum les atrocités sans pouvoir évidemment les gommer, Edith Bruck décrit la force hors du commun qui a été nécessaire aux déportés pour pouvoir survivre à la déportation en camps de concentration.
L'auteure ne s'en tient pas seulement à la période de déportation mais raconte aussi l'avant et l'après, donnant ainsi une force supplémentaire au récit.
Elle explique bien comment, malgré déjà les lois raciales et les discriminations dont les Juifs étaient victimes, elle était encore une enfant vivant pauvrement certes, mais entourée de sa famille, ne comprenant pas tout ou ne voulant pas comprendre puis, comment elle est devenue adulte dès son entrée au camp de concentration où elle a appris le pire de l'être humain.
Elle dit également combien il était atroce d'être arrêté, injurié et emmené par ses propres compatriotes.
Mais si elle a survécu, dit-elle, c'est que dans le noir absolu, il y a toujours un moment de lumière et cela a été pour elle la chose la plus importante. Elle raconte l'émotion immense qu'elle a ressentie à Dachau quand un cuisinier lui a demandé son nom, alors que depuis son arrivée au camp, elle n'était plus que le numéro 11152 : elle était à nouveau un être humain ! Autre point de lumière, le jour où un soldat lui a lancé sa gamelle avec un reste de confiture, signe qu'il fallait encore vivre et lutter pour la vie. C'était l'espoir et la force d'aller de l'avant.
Et que dire de l'après-guerre, à leur retour, quand personne ne les a vraiment accueillies, elle et sa soeur. Elles étaient devenues un poids pour la société, même pour la famille. Personne ne voulait entendre ce qu'elles avaient vécu. Elles se sentent de plus en plus seules et abandonnées. C'est en 1946 qu'Edith commence à écrire car elle se sent remplie et « enflée » des mots qu'elle ne peut pas dire et ne peut plus supporter ce vécu, personne ne voulant l'entendre, tous disant qu'eux aussi ont souffert, qu'ils ont subi les bombardements, comme si c'était la même chose… « Ils ne veulent pas nous écouter : c'est pour ça que je parlerai au papier ».
Leur restant de vie n'était plus qu'un poids alors qu‘elles avaient espéré un monde qui les aurait attendues…
Pour Edith, une existence aventureuse traversée d'espoirs et de désillusions va alors commencer la conduisant à travers l'Europe et l'Orient avant qu'elle ne se trouve une nouvelle patrie, l'Italie où elle trouvera refuge, ayant la sensation qu'elle pouvait enfin vivre là.
Dans un dernier chapitre, intitulé Lettre à Dieu, Edith Bruck non croyante, pose cette question : « Oh, Toi, grand silence, si Tu connaissais mes peurs, de tout, mais pas de Toi. Si j'ai survécu, ça doit avoir un sens, non ? »
Malgré ce vécu quasiment indicible tant il est inhumain, Edith Bruck croit en l'homme, en l'humanité, n'a pas de haine mais de la pitié en se demandant comment ils ont pu faire cela… Sa foi est de respecter l'être humain.
Se sentant chargée du devoir de mémoire, à l'image de son ami Primo Levi, elle cultive ce vécu, afin de le raconter aux jeunes pour qu'ils puissent comprendre ce qui s'est passé, et qui peut se passer un jour, qu'on a essayé de détruire un peuple avec la complicité et la collaboration de toute l'Europe. Tous ont permis, sont restés indifférents…
Témoigner de son expérience sans jamais recourir à la haine, tel est son but.
Le Pain perdu d'Edith Bruck, l'une des dernières grandes témoins de la Shoah, est un livre qu'il faut lire absolument, un témoignage bouleversant.
C'est en écoutant l'émission le masque et la plume, sur France Inter que j'ai entendu parler de ce livre, chacun des intervenants ne cessant de louer sa beauté et sa force. Quand, quelques jours plus tard, lors de la Masse critique, Babelio proposait ce bouquin, je n'ai pas hésité une seconde sur mon choix. Et super belle surprise, mon désir a été exaucé. Je ne peux que remercier chaleureusement Babelio et les Éditions du sous-sol !
Vous pouvez également réécouter sur France Inter, L'heure bleue de Laure Adler du jeudi 22 février 2022 consacrée à Edith Bruck.

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Edith Bruck est née juive hongroise en 1932. Au crépuscule de sa vie, les premiers signes d'une amnésie soudaine la terrassent alors qu'elle sent encore qu'elle a à éclairer les jeunes consciences sur la tragédie de la Shoah qu'elle a vécue, rescapée d'Auschwitz où elle a été déportée à treize ans avec sa famille. le pain perdu sera son témoignage, écrit à près de quatre-vingt dix ans. Une épure de 170 pages pour revenir sur toute une vie.

Le premier chapitre, " La petite fille aux pieds nus ", est exceptionnel et rien que pour lui, Edith Bruck vaut d'être lue. En racontant l'arrestation de toute la famille dans leur village hongrois, elle parvient à saisir le territoire de l'enfance juste avec quelques détails bouleversants. Ce ruban rouge qu'elle perd et qui lui manquera lorsque sa mère entreprend de la coiffer avant de partir pour la déportation. Ce pain qui était à cuire, fabriqué avec une farine cédée par les voisins, que sa mère se désespère de voir gâcher.

Elle fait le choix de ne pas s'appesantir sur l'expérience concentrationnaire, plutôt sur les marches de la mort, peu traitées en littérature, qui l'ont conduit d'Auschwitz à Bergen-Belsen en passant par Dachau. Sa réflexion est riche et inédite, expliquant que la pauvreté de sa famille a été une clef pour survivre dans les camps, un avantage même par rapport à ceux qui étaient gâtés matériellement. Les pauvres savaient déjà que la vie était méchante et cruelle.

« Les jeunes bourgeoises, plus fragiles que nous, avaient moins de défenses, tout comme les hommes : notre vie antérieure, par sa dureté même, nous avaient avantagées et nous avions mieux résisté. Nous luttions contre les poux, contre la faim, sans jamais aller jusqu'à arracher de la bouche des autres la nourriture, contrairement à elles, qui le faisaient souvent, même entre mère et fille. L'éducation morale de maman avait porté ses fruits jusqu'à cette limite, où nous aurions, sans elle, risqué de devenir des ennemies l'une pour l'autre. »

Elle poursuit sa réflexion en se penchant sur les conséquences de la Shoah dans la construction de sa personnalité. le terrible retour dans son village hongrois natal où les juifs ne sont pas les bienvenus, sa maison d'enfance saccagée et souillée. Son errance, des désillusions d'Israël à la Tchécoslovaquie, la Grèce, la Turquie, la France, l'Allemagne, sans jamais trouver se fixer ni trouver la sérénité. Jusqu'à l'Italie, le nid où elle se sentira bien immédiatement, là où elle pourra revenir à la vie et se réinventer.

A son retour, Edith Bruck éclate de mots. La littérature devient refuge. Ecrire en hongrois l'écorche. L'italien s'imposera comme la langue du témoignage..
« Il faudrait des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle »

Sa parole est claire et nette. Les mots, directs et crus, presque mats, sans euphémisation, sans pathos, sans dérobades, portés par une vitalité qui transperce le lecteur et épouse l'exceptionnel caractère empreint de radicalité de l'écrivaine. Edith Bruck raconte qu'elle a été en colère lorsqu'elle a appris le suicide de son ami Primo Levi. Une colère immédiate et profonde car elle estime que les morts qui nous entourent nous donnent le devoir moral de vivre. Elle, elle recherche la lumière. La mémoire est son pain quotidien pour se construire loin de la haine. Dans la magnifique Lettre à Dieu qui clôt le livre, elle, l'athée sans illusion qui préfère la poésie à la prière, clame haut et fort que ce qui l'a préservée, c'est de ne point haïr mais d'avoir pitié de ses bourreaux.
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Attiré par le résumé lors d'une de mes veilles à la recherche d'un peu de diversité dans mes lectures, "Le Pain perdu" et ses tout juste 160 pages me semblait un bon choix.
Le sujet, souvent traité propose un témoignage doublé d'une autobiographie, une histoire qui commence dans un petit village de Hongrie peu de temps avant que les trois familles juives soient "raflées" et déportées.
L'auteure nous conte son expérience au Lager, la perte d'une partie des siens, les souffrances et les privations. Il y aura la libération et une réinsertion difficile avec sa soeur, le voyage en Palestine, un mariage raté puis un retour en Europe, le récit d'une vie en miettes dont elle essaye de recoller les morceaux tant bien que mal.
Tout au long de ma lecture j'ai été gêné par plusieurs choses et notamment le style que j'ai trouvé brouillon et approximatif, comme si cette histoire était écrite dans l'urgence, gêné aussi par le peu d'empathie et d'émotions dans les descriptions et la narration. Et enfin gêné par certaines approximations qui m'ont rendu cette lecture un peu laborieuse.
Je suis bien conscient d'aller un peu à contre courant des avis, je me contenterai de dire que j'ai été beaucoup plus ému et remué par Primo Levi.
Les notes de fin d'ouvrage nous apprennent que l'auteure au terme de sa vie a effectivement écrit ses mémoires dans l'urgence une soixantaine d'années après les faits, ce qui explique peut-être mon ressenti global d'une histoire qui ne me paraît pas aboutie.
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Il m'est impossible de rédiger un commentaire sur un tel récit .
Pour le contenu , il suffit de se référer à la quatrième de couverture , particulièrement explicite sur ce qu'on va découvrir dans ce " magnifique " texte plein de vérité mais d'où tous les sentiments de vengeance ou de haine ont été laissés en cours de route pour ne conserver que le souvenir permettant de se reconstruire et la nécessité de ne pas oublier .
De tous les ouvrages écrits sur la Shoah par des historiens , des journalistes , pour " méritoires " qu'ils soient , aucun n'a la force de ceux écrits par les rescapés eux -mêmes et nous en avons un bel exemple sous les yeux .
En couvrant une grande partie de sa vie , Edih Bruck nous place au coeur de la tragédie , ravivant un questionnement fort .Pourquoi ? Où ? Comment? Qu'est ce qui peut bien pousser des hommes à en massacrer d'autres avec tant de violence , de haine , de cynisme .Et encore des questions à la libération des camps , " pourquoi moi ?pourquoi pas ceux et celles dont les corps décharnés et nus pourissent entassés les uns sur les autres ...Oui , pourquoi ce retour au pays si difficile , rejetés par les uns , raillés par leurs anciens bourreaux libres de leurs mouvements ?
Si Edith Bruck nous donne à voir , elle ne s'apitoye pas , elle nous donne à réfléchir sur l'avenir et , notamment , nous envoie de percutants messages sur le devenir de notre société , sur Notre devenir et celui de nos descendants .
Pas de pathos , pas de haine mais , surtout et d'abord , pas d'oubli .
Ce livre m'a bouleversé tout autant que " le premier homme " de Primo Levi .A eux deux , aprés leur décés , ils nous laissent l'héritage .Lire ou relire ces ouvrages entretient une mémoire qui aurait tendance à fléchir si l'on n'y prend garde . C'est comme pour les enfants " expliquer , réexpliquer " pour qu'un jour , eux - mêmes ....
Allez , bon dimanche amis et amies ; L'orage arrive et l'on n'y peut rien mais peut-être que cette lecture nous permettra d'en repousser d'autres .A bientôt .
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critiques presse (7)
LeMonde
11 mai 2022
Elle y relate son enfance pauvre mais heureuse en Hongrie, le Lager à 13 ans, son errance de pays en pays après la guerre, sa découverte de l’écriture, son installation en Italie enfin, où elle épousa le réalisateur Nelo Risi, frère de Dino.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeDevoir
22 avril 2022
Dans Le pain perdu, un récit rapide et télescopé, elle raconte ce long aller-retour vers l’enfer.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaCroix
17 avril 2022
Des inédits des rescapés des camps Primo Levi et Edith Bruck ravivent leurs regards poétiques sur la déportation et l’âpre retour à la vie.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LaLibreBelgique
19 janvier 2022
Edith Bruck, 90 ans, a écrit un texte magnifique et bouleversant sur la vie après la déportation.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bibliobs
17 janvier 2022
Dans « Le Pain perdu », l’écrivaine rescapée des camps raconte son enfance déchirante, la tragédie de la déportation, les charniers, les illusions perdues en Israël et le refuge à Rome. Poignant.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
09 janvier 2022
Issue d’une famille juive et pauvre de Hongrie orientale, l’autrice installée en Italie après un long parcours d’errance, âgée aujourd’hui de près de 90 ans, raconte son “long chemin [...] dans la forêt obscure du XXe siècle” dans un récit tranchant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Elle
09 janvier 2022
Les voix comme la sienne se font rares. À 90 ans, la hongroise Edith Bruck raconte dans « Le Pain perdu » sa déportation, la vie après les camps et son arrivée en Italie, pays dont elle a adopté la langue pour composer son œuvre littéraire. Ce témoignage inestimable est l'événement de la rentrée littéraire d'hiver.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
En fille adoptive de l’Italie, qui m’a donné beaucoup plus que le pain quotidien, et je ne peux que lui en être reconnaissante, je suis aujourd’hui profondément troublée pour mon pays et pour l’Europe, où souffle un vent pollué par de nouveaux fascismes, racismes, nationalismes, antisémitismes, que je ressens doublement : des plantes vénéneuses qui n’ont jamais été éradiquées et où poussent de nouvelles branches, des feuilles que le peuple dupé mange, en écoutant les voix qui hurlent en son nom, affamé qu’il est d’identité forte, revendiquée à cor et à cri, italianité pure, blanche… Quelle tristesse, quel danger !
(page 156)
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Depuis sa toute petite enfance, elle rejetait tout ce qui pouvait la faire trop souffrir, elle ne voulait ni le sentir, ni le voir, peu lui importait qu’on la juge superficielle et insuffisamment préparée aux petites ou grandes adversités de la vie. Elle jouait. Elle étudiait. Elle imaginait un avenir d’adulte heureuse, riche, en mesure d’aider ses parents : avant tout, remplacer les dents manquantes de maman, soigner les douleurs osseuses que papa devait à la guerre, et payer l’opération de l’appendicite pour son frère tout pâle que le médecin du village ne venait pas ausculter.
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« Voilà, me disais-je, c’est mon pays. » Le mot « patrie », je ne l’ai jamais prononcé : au nom de la patrie, les peuples commettent toutes sortes d’infamie. J’abolirais le mot « patrie », comme tant d’autres mots et expressions : « mon », « tais-toi », « obéir », « la loi est la même pour tous », « nationalisme », « racisme », « guerre » et presque aussi le mot « amour », privé de toute substance.
(page 138)
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En fille adoptive de l’Italie, qui m’a donné beaucoup plus que le pain quotidien, et je ne peux que lui en être reconnaissante, je suis aujourd’hui profondément troublée pour mon pays et pour l’Europe, où souffle un vent pollué par de nouveaux fascismes, racismes, nationalismes, antisémitismes, que je ressens doublement : des plantes vénéneuses qui n’ont jamais été éradiquées et où poussent de nouvelles branches, des feuilles que le peuple dupé mange, en écoutant les voix qui hurlent en son nom, affamé qu’il est d’identité forte, revendiquée à cor et à cri, italianité pure, blanche… Quelle tristesse, quel danger !
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Pour la première fois, je me suis trouvée bien tout de suite, après mon long et triste pèlerinage. « Voilà, me disais-je, c’est mon pays. » Le mot « patrie », je ne l’ai jamais prononcé : au nom de de la patrie, les peuples commettent toutes sortes d’infamie. J’abolirais le mot « patrie », comme tant d’autres mots et expressions : « mon », « tais-toi », « obéir », « la loi est la même pour tous », « nationalisme », « racisme », « guerre » et presque aussi le mot « amour », privé de toute substance.
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