Citations de Elisabeth Reynaud (17)
"A quoi bon nos efforts, écrit-elle, puis-qu’avant un siècle tout ce que nous aurons le plus aimé, tout ce qui nous aura coûté le plus de peine aura complétement disparu? Nous ne sommes que des fantômes qui voltigent quelques instants sur la terre pour rentrer aussitôt dans le néant."
« Elle dira « J'ai tiré sur des tableaux, parce que tirer me permettait d'exprimer mon agressivité. Un meurtre sans victime. J'ai tiré parce que j'aimais voir le tableau saigner et mourir. J'ai tiré pour parvenir à cet instant magique, cette extase. C'était un moment de vérité. Je tremblais de passion lorsque je tirais sur mes tableaux. »
« Tout est dit lorsque le visiteur se trouve nez à nez avec la Papesse. « C'est une grande prêtresse du pouvoir féminin, de l'intuition, nous dit Niki de Saint-Phalle. Cette intuition féminine qui est une des clés de la sagesse. Elle représente l'irrationnel inconscient. » L'eau, qui jaillit de sa bouche grande ouverte, dévale un long escalier évasé, recouvert de céramiques, et se jette dans un bassion aux rebords marquetés de faïences bleues. Le long des marches ondule un gigantesque serpent incrusté de carreaud bleus et blancs. Pas une ligne droite, pas d'angles droits, des courbes, des arrondis qui épurent ces figures de monstres de toute leur agressivité. Leur confèrent même une sorte de bonhomie. Le serpent, son emblème, et l'eau, élément féminin, accueillent dès l'entrée le spectateur. »
elle n'avait pas encore pleuré , mais les cris qu'elle poussait et les mots sacrés qu'elle jetait au ciel , montraient toute l'étendue de sa douleur .
« – Ainsi, vous êtes une de ces femmes d'écrivains qui peignent ?
La gifle est retentissante. En tout cas, c'est ainsi que Niki le prend. Un violent coup de poing qui la laisse groggy. L'interpellation se plante dans un coin secret d'elle-même, comme une flèche empoisonnée(...). »
Diane, au sommet de sa beauté, règne dans cette immuable toilette qui mêle une certaine dignité à la majesté souveraine de la femme aimée, désirée. Elle porte une ample robe noire de soir ou de velours, serrée à la taille par un cordon de pierres précieuses? Le corsage, comme l'écrin des seins hauts et d'une blancheur sans défaut, est liseré de grosses perles et décolleté en carré, découvrant généreusement la gorge.
Marie-Madeleine,Angèle de Foligno,Hadewijch d' anvers,Marguerite Porete,Elizabeth de Hongrie,Mechtild de Magdebourg,Béatrice de Nazareth ont vécu cet amour enflammé qui consume et nourrit d'une indicible volupté.Leurs cris d'amour nous sont parvenus.(...)
Elles nous livrent une parole vive,incandescente,marquée au fer rouge de leurs éblouissements.Dont le sens surplombe étonnamment l'habituelle pesanteur du langage.
Un pur trésor qui foudroie à jamais les hésitations de l'Eglise officielle
Alors Elisabeth a cette réflexion philosophique: "Je n'ai pas besoin de démonstrations pour savoir que tu m'aimes, et si nous sommes heureux ensemble, c'est parce que nous ne nous gênons jamais l'un l'autre."
Mon dieu, ayez pitié de moi ! Adieu, mes pauvres enfants, qu'il est déchirant de vous quitter, adieu, adieu !...
Antoinette, toute frêle, couverte de diamants, étincelle sous les yeux fascinés de la foule de fidèles. Elle vit ces jours-là dans une sorte d'ivresse bienfaisante qui lui dérobe momentanément la cruauté de la suite.
Car le 21 avril est le jour terrible des adieux. Elle semble assez nerveuse, n'ayant sans doute que très peu dormi. Serrée dans les bras de ses frères et sœurs et de sa mère, qui lui susurre, la supplie de lui écrire le plus souvent possible, elle grimpe comme dans un songe, les larmes aux yeux, dans le magnifique carrosse que le roi de France a fait venir tout spécialement pour elle.
Des centaines de lanternes cachés dans les bosquets diffusaient une lumière de rêve.
Alix , avertie de l'état de son frère , descendit comme une folle jusqu'à cette infirmerie qui avait déjà tant vu de blessés et de souffrances .
« À la maison elle ne cuisine pas, mais elle fabrique ses propres couleurs dans une pièce réservée à son travail. Les poudres de pigments volent en nuages autour d'elle avant d'être mixées avec l'huile et la térébentine dans un mortier. Le bleu devient parme, rose, lilas, violet. C'est une alchimie qui la ravit. Elle est la cliente assidue d'un marchand de peinture, rue Bréa, Lefebvre-Foinet, qui non seulement se prend d'affection pour cette jeune femme ravissante à qui il fait des ristournes, mais lui apprend que le Douanier Rousseau venait acheter ses couleurs dans son magasin. Niki ouvres des yeux émerveillés. Les peintures du Douanier l'influencent. Ces deux-là parlent la même langue. La vigueur de Picasso, les recherches de Matisse, l'ingéniosité de Dubuffet, la fraîcheur du Douanier Rousseau sont les premiers artistes qui la touchent en plein coeur. Ensuite viendront l'oeuvre hallucinante du Facteur Cheval, les jardins de Gaudi, en Espagne, et puis la peinture américaine. L'art est la grande fraternité de ceux qui vivent en esprit une quête incessante, sans but ni forme définis. Sauf à se matérialiser dans
Née à Neuilly-sur-Seine en 1930, Niki de Saint Phalle grandit à New York où elle crée une œuvre ludique, aux couleurs explosives, la pièce la plus célèbre étant les Nanas, grosses filles multicolores, ridicules et joyeuses dans leur mutisme délibéré.
Compagne du sculpteur Jean Tinguely, elle réalise des sculptures monumentales de Jérusalem (Le Golem) à la Californie (un dragon de pierre de 10 mètres de haut), en passant par Paris, où elle crée avec Jean Tinguely la fontaine Stravinsky.
Surmontant les drames de sa vie par sa créativité, cette féministe engagée a participé aux combats de son siècle, notamment contre le sida. Elle meurt en 2002 à La Jolla, sa propriété de Californie.
Elle disait : « Je suis parvenue à apprivoiser mes monstres, à jongler avec eux. »
Elisabeth Reynaud :
Niki de Saint Phalle
"Il faut faire saigner la peinture"
biographie
Disponible en librairie.
240 pages – l'Archipel
Son père, qu'elle adore, est souvent absent, là-bas, en Orient. A une dame qui lui demande si elle a vu son père revenu depuis quelques jours d'un de ses voyages lointains, elle répond: "Non, mais je l'ai entendu siffler."
Ce sont les mêmes qui se délectent face aux supplices publics des condamnés, les yeux injectés de sang qu'ils aiment à voir couler, un rictus aux lèvres, harassés de crasse et de honte, ayant oublié l'homme, défigurés par la folie de leurs actions.
"D'abord a-t-il dit, on rêve de splendeurs, on a foi en tout, êtres et choses, puis vient l'heure amère des déceptions et des luttes, la lassitude nous laisse indifférents à ce qui nous reste, enfin cela même s'use, et nous acceptons la vie telle qu'elle est. N'ayant plus la sottise de rechercher la perfection, nous recueillons enfin le peu de bien qu'il y a en toute chose. Enfin, passé soixante-dix ans, à quoi s'occuper sinon l'au-delà?"