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Critiques de Elsa Roch (175)
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Ce qui se dit la nuit

Il est 21 heures et le block des enfants est plongé dans le noir.

Susanna Aleïev, 5 ans, se glisse sur sa paillasse infestée par la vermine, enjambant deux autres fillettes décharnées et s'allonge entre elles.

Elle serre dans ses bras Anna, sa soeur jumelle et effleure les larmes opaques qui perlent à travers ses paupières closes.

Le médecin qui se fait appeler "oncle Mengele" leur a dit qu'elles allaient avoir les yeux bleus. Susanna sait que demain ce sera son tour.

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Condensé du prologue de quelques pages, si ça peut rassurer les lecteurs les plus sensibles.

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Le roman nous présente Marsac, du 36, en vacances dans le village où il a passé son enfance.

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Les habitants vivent dans leur bulle, croyant dur comme fer aux légendes et aux malédictions.

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Une vieille sorcière leur concocte potions et sortilèges pour tout et n'importe quoi. Le médecin est un rebouteux, pas de première jeunesse non plus.

Son voisin vit des mêmes pratiques, ce qui ne les empêche pas d'être proches.

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L'amour de jeunesse de Marsac, Elsa, s'occupe de sa jeune soeur qui n'a jamais grandi.

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Un village où il fait bon vivre, jusqu'au jour où une femme est assassinée.

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Bien entendu, Marsac se mêle de l'enquête, hors de sa juridiction, ce qui déplaît fortement à la police locale.

Il connaît tout le monde et les vieux de la vieille préfèrent lui parler à lui de toute façon, alors ses collègues font contre mauvaise fortune bon coeur et le laissent farfouiller dans son coin, tant qu'il y reste.

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Les gentils habitants qui s'aiment tous ont de bien lourds secrets à porter.

Sinon, il n'y aurait pas de livre, me direz-vous.

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J'avais les livres d'Elsa Roch dans mon pense-nouille depuis très longtemps, il ne me restait qu'à me décider à les lire.

J'ai bien entendu commencé par le premier et bien m'en a pris puisque ce cher Marsac est le héros récurrent.

Du reste, lui-même porte un très lourd secret qui le hante et l'empêche de dormir la nuit.

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Ce fut une très belle découverte. Des phrases courtes mais très bien tournées. Des chapitres courts aussi, ce qui fait que ce roman se lit très vite.

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Un vocabulaire riche, un style impeccable, zéro bémol.

La psychologie des personnages est disséquée, on les comprend, on les aime, on les regrette une fois le livre refermé.

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Une lecture que je conseille à tout amateur du genre. Thriller / polar / quelques pincées de sorcellerie, si l'on peut dire.

De l'amour, mais pas sirupeux. Qui dit amour dit parfois jalousie.

On a tout ça servi sur un beau plateau.

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J'ai vraiment hâte de lire les suivants.

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Le baiser de l'ogre

Si j'ai choisi ce roman en l'absence de mon indispensable libraire , c'est tout simplement parce que je n'ai jamais été déçu par un livre aussi bien noté par les amies et amis babeliotes . Je dis bien " noté " et non pas "critiqué " car lire les critiques est trop "suicidaire " , un certain nombre ne respectant pas les limites permettant de ne " pas trop en apprendre " . C'est dommage à dire , mais hélas...Donc on attend d'avoir sa propre idée avant de la confronter à celle des autres .

L'action se déroule à Paris .Marsan est furieux . L'une de ses collaboratrices vient d'être retrouvée grièvement blessée d'une balle dans le dos dans un immeuble . Son arme de fonction a disparu et un homme gît près d'elle , mort : une balle dans la bouche l'a expédié " ad patres " ...Un second corps est retrouvé dans le même état ." Quand un flic côtoie un crime d'aussi près, le pire est à craindre ..." se dit Marsac qui va... On transporte Lise , la policière , à l'hopital , Marsac va s'occuper de sa fille , Liv , une jeune autiste , tout en fouillant son passé dans la plus grande discrétion . Qui est vraiment cette policiére récemment intégrée dans l'équipe de Marsac ? Quelles relations entretenait - elle avec la victime ?

Attention , ceux ou celles qui s'attendent à de grandes poursuites , à de nombreux coups de feu , coups tordus , rebondissements risquent de déchanter . Point de tout cela , non , mais beaucoup plus de finesse , d'originalité , d'analyse ... Et tous ceux et celles qui veulent tout saisir des ambiguïtés du " genre humain " , des conséquences du passé, de l'absence d'un père, du désintérêt d'une mère, vont pouvoir donner libre cours à leurs intuitions , à leurs déductions les plus folles .Les lieux sont très peu nombreux, reviennent de façon récurrente , sans aucun intérêt descriptif .L' enquête avance , lentement , comme une sorte de puzzle pour lequel il faut tout étudier , les formes , les couleurs , l'environnement , avant de placer la pièce sans " coup férir " .

L'écriture, remarquable , s'adapte au moment dépeint, phrases courtes ou non , simples ou complexes , verbales ou nominales, une " symphonie " pour décrire un monde " rude et âpre " , celui du présent et celui , moins accessible , du passé , de l'enfance , de l'absence , du manque . Pénétrer l'âme humaine , n'épargner personne pour nous permettre de mieux comprendre tout le monde , c'est un travail "d'orfèvre ", un travail de " pro " , pas étonnant quand on sait que l'autrice .....

C'est , comme " noté " , plus un roman noir qu'un polar , et , sans aucunement opposer les genres qui s'associent ici avec bonheur , il convient de saluer la qualité du résultat et remercier l'auteure pour cet excellent moment de lecture.
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Ce qui se dit la nuit

" Ce qui se dit la nuit " est un roman que je n'aurais sans doute pas lu s'il ne m'avait été offert " pour l'achat de deux livres de poche " , vous savez , cette opération qui ne peut que satisfaire les " grands lecteurs " en perpétuelle recherche de nouvelles découvertes. Et bien , je dois dire que ce fut là un bien beau cadeau puisque c'est une histoire qui m'a scotché quelques heures sur mon canapé et qui , ma foi , m'a beaucoup plu pour bien des raisons .

D'abord , l'action se déroule dans un petit village du Berry .Tout le monde le sait , George Sand a écrit de bien belles choses sur cette terre de traditions rurales , de mystères , ce pays de plans d'eau couverts de brume derrière laquelle se cachent d'effrayants secrets , où guérisseurs, rebouteux font " la pluie et le beau temps " , une région où les taiseux un peu " rustres " se fient au hululement de la chouette pour prévoir l'arrivée du malheur, où les superstitions les plus folles règnent sur la société rurale ....Oui , mais ça , c'était avant , me direz vous , au temps de " la mare au diable " ou de " François le Champi " ou encore de " la petite Fadette " .Et non . La preuve , c'est que lorsque le commissaire Marsac , en burn- out , comme on dit aujourd'hui , vient s'y ressourcer , c'est ...un cadavre qui l'accueille , celui de Marianne , rien moins , dit- on , que la " sorcière du village" ...une vieille dame égorgée et tondue !!!.Quand on est flic au 36 , qu'on connaissait bien la victime et qu'on l'appréciait , que faire sinon s'immiscer dans l'enquête, au grand dam de certains ambitieux policiers du cru . Et oui , si la vie est , dit - on , calme dans le Berry , quand il s'y passe un tel événement , forcément....Nombre de vieux secrets refont surface et se mêlent à de nouveaux faits ....Bien "emberlificoté " tout ça . Les " surprises " pleuvent .....

Attention , pas de violence (!) , pas de poursuite , pas de coups de feu , non , tout en finesse , en non- dits , en fausses pistes , tout se trouve dans le décor et dans les personnages à la psychologie complexe , tout est dans les brumes , se devine , s'imagine , se déduit....et n'est pas " au 36 " qui veut ...

C'est un premier roman de très belle facture pour cette auteure qui , depuis , a enrichi sa bibliographie . Je ne la connaissais pas et c'est une très belle rencontre que je ne demande qu'à poursuivre puisqu'on retrouvera son personnage principal , Marsac , dans d'autres circonstances .Un roman difficile à classer , mais qui réussit à nous guider merveilleusement dans les nappes brumeuses , silencieuses , dangereuses du Berry.
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Ce qui se dit la nuit

Loin de l'agitation des thrillers urbains, le 1er roman d'Elsa Roch est une descente subtile dans le mal qui ronge un petit village du Berry.

Le commissaire Amaury Marsac, du 36, est à bout du rouleau. Trop de morts, trop de tueurs, trop de violence. On l'envoie se mettre au vert et il choisit de revenir sur les lieux de son enfance. Pas de bol, a peine arrivé, voilà qu'il apprend le meurtre barbare de Marianne, une herboriste dont Amaury a été très proche.

Nous voilà plongés dans une intrigue qui prend son temps pour mieux nous conter les personnages. Car ici l'action importe bien moins que les secrets, le passé dont chacun est porteur. C'est une histoire d'hommes et de femmes, de ce qu'ils ont dans la tête. Les non-dits et les mensonges plongent ce village dans une brume dramatique.

Dans une écriture soignée, Elsa Roch, nous dit leurs secrets.

Marsac tout d'abord, héro qui refuse de l'être, rongé par la disparition de sa soeur Solène et écrasé par le poids de la culpabilité.

Manon la soeur d'Elsa, belle jeune femme qui voit le monde à travers ses yeux d'enfant, elle est est faite d'innocence.

Et puis il y a Elsa, l'amour non dit de Marsac, qui se dévoue à sa soeur.

Les hommes sont moins subtils : les deux rejetons de la défunte, deux brutes avinées.

Les deux vieux, Ferdinand et Henri sentent le terroir berrichon. Des hommes du cru, rebouteux, faiseurs de sorts, craignant par dessus tout la malédiction.

Et puis les flics, perdus dans une enquête qui n'avance pas, qui hésitent, qui tâtonnent autant dans leurs recherches que dans leur errements sentimentaux.



Loin des thrillers violents, tout est ici plus subtil. Avec Marsac, on cherche la vérité sous les escaliers, dans les greniers... On découvre les faiblesses des hommes, les secrets des uns, la lâcheté des autres. Chacun porte ses fautes et ses regrets.

Elsa Roch écrit juste, avec tendresse et lucidité, avec style, mais sans fioriture. Son texte prend racine dans la campagne profonde où les traditions sont encore très présentes.

Une autrice qui cite Philippe Léotard au début de chaque chapitre mérite qu'on s'intéresse de près à ce qu'elle écrit.

Ça tombe bien, on retrouvera le commissaire Marsac dans une atmosphère beaucoup plus violente et urbaine pour le deuxième opus: « Oublier nos promesses ».





Elsa Roch, n'oubliez pas ma promesse à moi, celle de venir vous rencontrer la semaine prochaine pour vous dire tout le plaisir que j'ai eu à vous lire...
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Oublier nos promesses

Bon... C'est pas comme si je vous avais pas prévenu. J'avais découvert l'écriture d'Elsa Roch avec son premier roman « Ce qui se dit la nuit »... J'avais été séduit... et je n'étais pas le seul. Après un premier succès, le cap du deuxième livre est souvent casse-gueule. Si vous pensez que l'autrice allait confortablement chausser ses godillots pour nous emmener une nouvelle fois dans cette ambiance rurale faussement tranquille qui nous avait tant plu, vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu'au cubitus... Nenni Ma Foi ! Avec ses petites bottines à talons et son blouson noir, Elsa nous entraîne à toute vitesse dans une ambiance urbaine sombre et sordide. Et c'est parti pour 350 pages en apnée dans un Paris nocturne, à la moiteur étouffante, aux mains de trafiquants violents et cruels.

Une jeune journaliste qui enquêtait sur la prostitution est sauvagement assassinée. Le36 est sur les dents. Le premier suspect est son p'tit copain, un militaire qui revient d'Opex. D'autant plus suspect qu'à la première occasion, il se fait la malle pour se lancer aux trousses du coupable. Tout son être réclame justice, mais une justice à sa façon... Avec le personnage de Jérôme, victime du Syndrome Post Traumatique à son retour d’Afghanistan, Elsa Roch choisit de mettre en lumière ces hommes qui vont mourir à l'autre bout du monde pour défendre nos libertés ou qui reviennent détruits. Elle nous décrit intelligemment le trauma de cet homme meurtri. Et c'est ce qui fait avancer l'écriture d'Elsa Roch, cette volonté de décortiquer l'être humain, de le fouiller, de nous en livrer les failles...

On retrouve avec plaisir le commissaire Amaury Marsac, écorché, à la dérive, plongé dans l'attente morbide d'un appel qui ne vient pas... « Mon vide et moi, on retourne se noyer dans la nuit. » ; son adjoint Rimbault qui souffre de l'absence de sa famille, « L'histoire de jalousie qui s'esquissait lui perforait le cœur, et les souvenirs qu'il se contraignait à oublier ressurgissaient avec violence » ; Hélène, la flic rousse, « Elle était tombée amoureuse, par inadvertance, comme on rate une marche,et alors ? »...

Car un des atouts d'Elsa, est certainement, de réussir à mettre en avant le côté psychologique de ses personnages. Elle aime profondément les hommes et les femmes qu'elle crée. Elle les cisèle dans les moindres détails, ils sont profonds, attachants ou angoissants, hantés par leurs démons intérieurs... Des hommes et des femmes qui essaient de survivre dans un univers violent, dans un folie quotidienne.

On est loin ici des polars qui privilégient l'action. Pas plus que l'intrigue n'est le nœud du récit. Cette chasse à l'homme n'est qu'un prétexte pour aborder la barbarie humaine et les dégâts qu'elle fait en chacun de nous. Elsa Roch choisit de nous parler des être humains et de leur inhumanité. Mais derrière cette violence et cette haine, on est parfois saisi par la beauté des mots. L'écriture d'Elsa est travaillée et nous séduit avec une poésie sombre et rare dans le polar.

« On ne sort pas seul du noir, il faut une main tendue... »
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Ce qui se dit la nuit

Voilà une belle découverte pour les amoureux du monde particulier du polar.Ici pas de lieux à la mode ou exotiques mais le bocage inquiétant et mystérieux si cher à G. Sand, pas non plus de super héros auréolés de toutes les qualités mais des personnages vrais avec leurs failles, leurs doutes, leur noirceur et leurs secrets qui résonnent en nous. L'auteure fouille la psyché de ses individus qui nous parlent de par leur humanité et nous entraine avec sagacité dans les méandres des processus de perte auxquels tout un chacun se trouve confronté un jour ou l'autre. Avec finesse l'auteure nous parle du sentiment de perte, celle de nos illusions confrontées à une réalité qu'on a fantasmé comme à celle plus brutale de notre identité quand la vie nous ampute de morceaux de nous-mêmes. le style oscille entre le roman psychologique et le théâtre privilégiant les dialogues, le tout bercé par des citations philosophiques qui touchent par la justesse de leurs propos et l'adéquation à l'action. Un polar à l'intrigue percutante et un très bon moment de lecture.
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Le baiser de l'ogre

Mon premier roman d'Elsa Roch.



Je suis conquis.



Le commissaire Marsac, sombre et portant le poids d'une douleur sans fin, mais dont l'amour est à fleur de peau pour une enfant, Liv, la fille d'un membre de son équipe, Lise qui, grièvement blessée ne peut s'occuper d'elle.

Marsac va mener la lutte contre l'Ogre tout en s'occupant de l'enfant. Son équipe est composée de flics très attachants.



Une histoire avec le sourire lumineux de Liv face à la noirceur absolue de l'Ogre.



Des personnages poignants, abîmés par la vie.



L'auteure les traite avec beaucoup d'humanité, avec une sensibilité exacerbée.



Avec ce livre, nous sommes bien au-delà d'un polar...Liv, l'enfant autiste et l'autisme sont au centre du récit.



Il n'y a pas de temps mort, il y a du nerf, un rythme haletant...Des chapitres très courts qui accélèrent l'action.



Un bouquin qui se lit frénétiquement.



Elsa Roch m'a "scotché".



A lire absolument.

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Ce qui se dit la nuit

Un polar, un roman noir, un thriller ?? En fait tout à la fois et juste ce qu'il faut de psychologie pour nous perdre dans le labyrinthe de la psychologie humaine.

Un mélange des genres qui ravira les amateurs d’écriture fine et juste.



Ici pas de super-flic à l'américaine, de cadavres qui s'empilent, de personnages fouillés à l’extrême ne laissant aucune place à l'imagination du lecteur.



Un flic avec ses doutes et ses failles où gravitent autour des personnages atypiques, intrigants qui font que l'on lit ce livre d'une traite avec délectation.



A chacun de découvrir ce nouvel inspecteur qui j'espère, pour ma part, se retrouvera dans d'autres histoires.
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Oublier nos promesses

Après son excellent Ce qui se dit la nuit, Elsa Roch signe ici un second opus des enquêtes du commissaire Marsac qui sonne, à nouveau, comme un réquisitoire contre la folie humaine dans ce qu'elle a de plus barbare et de plus abject.

Psychanalyste de formation, Elsa Roch aurait pu simplement écrire de très intéressants essais médicaux sur son quotidien de clinicienne. Mais son divan à elle c'est le polar. Les mots et les personnages qu'elle couche sous sa plume noire sont les ambassadeurs des thèmes qui la touchent.

Dans ce second roman, les questionnements de Marsac, incapable d'avancer vers une résilience libératrice, sont ici mis en réserve pour aborder deux thématiques chères à l'auteur : le syndrome de stress post-traumatique ou SPT d'une part et la traite des êtres humains d'autre part.



Largement développé dans les media depuis les conflits en Syrie, en Irak ou en Afghanistan, le SPT avait déjà été identifié chez les vétérans du Vietnam, mais l'implication de nos soldats en OPEX a malheureusement vulgarisé de manière brutale la lente descente aux enfers de nos vétérans à nous, véritables « gueules cassées » du XXIème siècle.

La traite des êtres humains, et notamment celle qui consiste à faire commerce des femmes, nous plonge de la manière la plus abjecte qui soit dans ce que l'âme humaine a de plus noire.

De très jeunes filles, toujours vierges, deviennent les esclaves modernes d'un trafic répandu aux quatre coins de la planète et jusqu'au cœur de notre capitale. On les kidnappe, on les palpe comme de vulgaires pièces de boucherie, on les recoud lorsqu'elles ont trop servi et on les propulse dans les circuits ignobles de la prostitution. « Sept jours et sept nuits et elles sont matées. »



Dans Oublier nos promesses, Elsa Roch entremêle avec beaucoup de justesse ces deux thématiques d'une violence inouïe.

D'un côté, il y a Jérôme, héros anéanti par son passé militaire, mélange d'American Sniper et d'Apocalypse Now, qui veut massacrer celui qui a massacré la femme qu'il aimait, parce que le massacre, il ne connaît que ça et que ça lui colle à la peau jusqu'à la folie.

« Il arrive que toutes les fenêtres du monde se referment brutalement sur un homme déjà à terre. »

De l'autre, il y a Marsac l'homme de loi qui, pour les besoins de l'enquête, remise ses propres démons aux oubliettes... avant de se faire rattraper.



Le fond de ce polar est d'une brutalité absolue, on a parfois envie de hurler en lisant certains passages.

L'écriture est cependant magnifique, empreinte parfois de touches de poésie qui nous surprennent au détour d'une page. Mais qu'ils soient doux ou empreints de la plus grande cruauté, les mots de l'auteur font mouche à tous les coups.



Avec cette brillante analyse de l'âme humaine, de ses perversions et des méandres insoupçonnés de sa folie, Elsa Roch nous emporte aux fins fonds de l'enfer.

On ne ressort pas identique de cette lecture.



« A certains moments de la vie, ne faut-il pas oublier nos promesses, pour avancer, rester en vie ? »
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Ce qui se dit la nuit

Lu après la passionnante critique de Nikola qui m'avait vraiment donné envie de lire ce roman. De l'art de se faire accrocher par une critique qui commençait par 6 ou 7 lignes bouleversantes..... Je vous conseille vivement la lecture de ce commentaire, enthousiaste et enthousiasmant (chapeau bas Nikola !)....

Mais le fait est que me concernant, j'ai été un peu moins emballée par le roman lui-même. Le pire c'est que c'est difficile pour moi de vous dire pourquoi sans divulgâcher.... Donc je ne dirai rien. Sachez juste que c'est en lien avec les premières pages du roman...

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Je peux vous dire toutefois que vous partirez dans le Berry qui paraît parfois figé dans une autre époque entre rebouteux, sorcières, philtre et lupeux (je ne connaissais pas ce mot...). Alors évidemment un meurtre étrange sur ces terres....

J'ai regardé les tomes suivants : manifestement Marsac en est toujours le héros mais on quitte le Berry, dommage j'ai bien aimé ces terres noyées d'eau et de mystères, de sortilèges et de secrets....

Donc j'ai plutôt bien aimé le roman qui est très accrocheur avec juste un petit regret qui a pris un peu trop de place dans mon ressenti final.
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Ce qui se dit la nuit

Quand on est psy de formation, il ne faut pas s’étonner que son polar se teinte de nombreuses nuances. Nuances d’écriture et surtout d’âmes.



Bienvenue au fin fond de la Vallée Noire, dans l’Indre, bien loin du tumulte parisien. Ici on vit encore au rythme de la nature et tout le monde se connaît (ou croit se connaître). Le commissaire Marsac, du 36, revient sur les terres de son enfance afin de respirer. Manque de bol (d’air), il arrive au moment même où un crime atroce est perpétré. Une femme, herboriste, qu’il avait côtoyé durant toute sa jeunesse.



Polar rural qui mélange réalité du quotidien et superstitions, Ce qui se dit la nuit ne brille peut être pas par l’originalité de son intrigue, mais il le fait par ses personnages.



« Tout le monde dans la région évite de passer par ici, même les anges et les fées, dit-on »



Des hommes, des femmes du cru, et des flics qui baignent dans cette ambiance particulière, entre non-dits et mensonges. Des protagonistes dont Elsa Roch a ciselé la psychologie avec soin, ce qui les rend d’autant plus humains. Ceux qui aiment les ambiances rustiques et sombres, autant que les personnages hauts en couleur, devraient apprécier le voyage.



A l’image de cette jeune femme « différente » qui irradie les pages qu’elle traverse (Elsa Roch est spécialisée dans les troubles autistiques, ce n’est sans doute pas un hasard si elle propose un tel personnage). S’en est même dommage que ce beau personnage ne prenne pas davantage de place dans cette histoire, j’aurais aimé quelques développements complémentaires en lien avec elle.



« All these words I just don’t say », ou comme un air de Nothing Else Matters de Metallica, qui traverse plusieurs fois ce récit.



La force de ce roman vient également de l’écriture, emphatique et soignée. Dans les descriptions mais surtout dans les échanges. Des dialogues qui sont fort bien sentis, plein de vitalité, avec des personnages plein de verve, de bagou et d’humour. Il m’ont parfois fait penser à ce que propose l’excellent romancier de polar Nicolas Lebel, pour vous donner une idée.



Même si l’intrigue se révèle classique et aurait pu être encore plus développée, Ce qui se dit la nuit dévoile une romancière au vrai potentiel stylistique et à l’empathie communicative. Le parcours présent et futur d’Elsa Roch est donc à suivre avec intérêt. Ça tombe bien, on devrait retrouver le commissaire Marsac dans de nouvelles aventures (il a un douloureux passé personnel à éclairer).
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Ce qui se dit la nuit

Une écriture qui rappelle celle de Fred Vargas. Un excellent polar, où on sent vivre les personnages avec une belle palette de nuances, et où l'action est tout aussi présente que la pensée.
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Le baiser de l'ogre

Coup de cœur pour Le Baiser de l’Ogre, d’Elsa Roch.

Ce troisième roman de l’auteure confirme donc son talent et son inimitable plume sous laquelle pudeur, beauté et délicatesse côtoient les instincts les plus sombres.



Une nuit, Amaury Marsac répond à un appel d’urgence de Lise, jeune membre de son équipe, et la rejoint sur une scène de crime.

Arrivé sur place deux surprises l’attendent : la première lorsque la jeune femme, grièvement blessée, lui demande de l’exfiltrer sans en parler au reste de l’équipe et la deuxième quand elle lui fait promettre d’aller lui-même veiller sur Liv, sa petite fille, dont ils ignoraient tous l’existence, et de la protéger d’une menace dont elle n’a pas le temps d’expliquer la nature.



Pourquoi Lise se trouvait-elle dans cet immeuble ? Quel est ce danger encouru par Liv et qu’il ressent jusqu’au plus profond de lui ? Et comment parvenir à gérer l’enquête de son équipe, tout en leur cachant le peu d’infos qu’il a en sa possession ?



Un roman sur l’enfance, la différence, les blessures et la résilience, vécue ou à venir.



Dès les premières pages le lecteur est plongé dans l’action, avec ce sentiment d’urgence qui ne se démentira à aucun moment durant cette lecture.



L’histoire est prenante à souhait, et c’est une véritable réussite, mais c’est loin d’être le seul point fort de ce roman, qui en a d’ailleurs pléthore.



Parmi eux, les personnages : attachants, complexes, voire contradictoires, donc humains au plus haut point.

Qu’ils soient doux, colériques, réservés, excentriques, réfléchis ou emportés, ils nous ressemblent tous, à un moment ou à un autre.



La trame, bien sûr. Ficelée, efficace et prenante, elle captive du début à la fin.



La plume, ensuite. Délicate, poétique même, dans les pages les plus sombres, elle entraîne et enchaîne le lecteur.

Les mots sont beaux, les phrases, sublimes.



Et pour finir, Liv. Ce petit bout, de douceur, de bonheur, de silence et d’amour, qui dégage tant de choses sans avoir à dire un seul mot...



Un polar brillant, un roman noir poétique et lumineux, qui parle d’ogres, de papillons, et nous rappelle ce que l’Homme peut faire de pire, mais également sur ce qu’il sait faire de mieux.



À lire sans hésiter !
Lien : https://annesophiebooks.word..
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Le baiser de l'ogre

Troisième opus d'Elsa Roch

J'avais compté, depuis l'année dernière, les quelque 365 jours qui me sépareraient de ce Baiser de l'Ogre.



Et puis le jour J arrive, intensité, palpitations et émotion.

Deux jours passent. Et l'on en vient à détester ce temps qui vole les mots bien trop vite. Parce que la lecture est effrénée.

Parce que la beauté et la délicatesse du propos glissent sous nos yeux et qu'on a le coeur trésaillant.



Je quitte Marsac, le héros, encore une fois, le toquant un peu vide, parce qu'il me manque déjà. Il est usé, et pourtant il n'a que quarante-trois ans. Certains commencent une seconde vie à cet âge-là. Mais la vie de flic passe bien plus vite qu'une vie normale. Comme une vie de chien. Alors il tente d'évacuer toutes les laideurs du monde, la nuit, au bord de la Seine, amie fidèle des désespérés.

Avec Elsa, derrière l'uniforme et la plaque de flic, il y a toujours l'humain. Et les personnages nous plaquent contre nos propres démons, nos propres ogres.

Elsa distille la mélopée de la vie, de ces écorchés qui pourraient être nous.

L'écriture de cette autrice tient de la noblesse. De cette noblesse respectueuse du verbe et de la poésie. Elle esquisse les doutes. Elle peint et dépeint cette liesse d'être en vie. Jusqu'au vers qui pigmente la nuit faucheuse en aube insatiable d'espoir. Puisque lorsque les mots manquent, c'est à nous de les créer, de les sentir, de les dessiner. de les écouter.

Elsa a réinventé le genre policier.

Il y a bien le meurtre, l'ADN, l'enquête, mais il y a surtout l'Homme. Cet être si robuste et si fragile, qui cherche toujours, qui trébuche souvent, qui tait les lumières trop insolentes, mais qui aime, à en crever les cris des absents.



AlskComblée Elsagrâce
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Le baiser de l'ogre

Marsac est chef de groupe au 36 quai des Orfèvres « Une adresse mythique pour une vie usante, et un métier de chien, qui le dévore avec application. » Une nuit, sa nouvelle recrue Lise Brugguer l’appelle pour lui demander de venir à son secours. C’est touchée d’une balle dans le dos qu’il l’a retrouve au pied d’un escalier, dans un immeuble inconnu, à côté du cadavre d’un homme mort, abattu d’une balle en pleine tête. En attendant les secours, dans un dernier souffle, elle le supplie de s’occuper de sa fille Liv, 3 ans dont elle n’avait jamais parlé à personne. Pour la première fois, Marsac se voit contraint de mentir à son équipe et de mener une enquête qui commence par de lourds secrets.



J’avais découvert la plume d’Elsa Roch en février 2019 en lisant son roman « Oublier nos promesses. » J’avais alors été subjuguée par cette fascinante capacité à mettre tant de lumière dans un récit noir. Dans ce nouvel opus, Elsa Roch fait montre d’une poésie exacerbée dans ce récit tendre et suffocant qui touche au domaine de l’intime, de l’enfance et de l’adolescence d’une gamine qui s’est tue. Les ogres, surtout présents dans les contes pour enfants, existent dans la vraie vie, et lorsqu’ils prennent forme humaine, au sein d’un foyer, c’est tout un équilibre en construction qui vacille. « L’amour, cette belle excuse, cette chimère qui mène au pire » fait parfois entrer le loup dans la bergerie.



On reproche parfois aux auteurs du noir d’être trop explicites dans la description des violences subies par leurs héros. Des scènes trop détaillées, trop réalistes, trop visuelles donnent souvent au lecteur des hauts le cœur. Vous ne trouverez pas ces scènes-là ici. Néanmoins, la violence psychologique peut être bien plus cruelle et Elsa Roch psy de formation va nous en faire une formidable démonstration. Si « Sous les murmures d’amour se cachent parfois de belles saloperies », la vie cache aussi de beaux salopards ordinaires : votre voisin de pallier, votre patron, votre collègue de vie associative, votre frère…. C’est précisément de ces personnes ordinaires que l’auteur nous parle, celles qui se cachent sous des masques d’honorabilité.



Avant de vous parler des deux personnages emblématiques de ce roman, je voudrais m’exprimer sur le rôle de la mère très présent dans ce texte, celle que l’on a eue et celle que l’on s’efforce d’être. « Certaines mères n’ont de maternel que le titre. Rangez-la dans cette case. » dit Brugguer à propos de sa mère. Elsa Roch oppose la mère défaillante (ici celle de Lise) et la mère en devenir. À l’heure où, de retour dans ma région natale, celle où vit ma propre mère, je continue de m’interroger sans cesse sur l’importance de ce rôle clé, phare, essentiel dans notre construction. Elle est pour moi le commencement de toutes ces défaillances humaines lorsqu’elle ne joue pas son rôle de protectrice ou de confidente et qu’elle fait montre de silence devant des actes odieux. Je suis touchée en plein cœur dans la façon inspirée que l’auteur a de les opposer et d’en faire une leçon de vie.



Ce roman révèle les secrets d’une famille défaillante, boiteuse et chancelante, à la fois dans la vie de Lise Brugguer, mais d’une certaine façon aussi, dans celle de Marsac. C’est la façon dont elles boitent qui est différente. « Il y a quelque chose de pourri au royaume des secrets de famille, et les plus lourds, dans cette insistance à les cacher à n’importe quel prix, s’emparent des rênes de nos destins, maîtres impitoyables et silencieux. »



Marsac et Lise Brugguer étaient donc faits pour se rencontrer, se comprendre et s’épauler. Amaury Marsac vit avec le fantôme de sa sœur disparue. Son souvenir le hante, la culpabilité le dévore, l’absence de deuil officiel demeure une plaie béante. C’est à travers le personnage de Marsac qu’Elsa Roch ausculte les failles de l’être humain et fait naître une profonde sensibilité chez cet homme abonné aux -ides ( homicides, infanticides, etc..) Lorsque Marsac rencontre Liv, son cœur s’ouvre. « Cette fille lui déchire ce qui lui reste de cœur. C’est bien la dernière chose à laquelle il s’attendait. » Liv, petite fille aux yeux aurifères pas comme les autres, « (…) son visage d’ange serein se balance d’avant en arrière, sans un mot (…) Ses mains voltigent parfois dans l’air. On dirait deux papillons qui s’envolent. » sera baptisée Miss Butterfly. Marsac, « lui qui, certains matins comme celui-ci, aimerait bénéficier d’une existence alternative, où parfois il existerait, et parfois pas. » devient le protecteur, le père de cœur de cet amour de 3 ans qu’il faut protéger.



Préparez-vous ! Cette rencontre, ces liens, cette relation est l’une des plus bouleversante qu’il m’ait été donné de lire. Au-delà du fil conducteur de l’intrigue policière, c’est ce tête-à-tête, magnifique, poignant qui sublime le roman et la façon dont Elsa Roch la raconte fait le reste. Cette plume poétique, vibrante, empreinte d’émotions virevolte à travers les pages, et nous permet, à nous lecteur, d’en être le témoin privilégié. « Contre toute attente et en dépit de ses effroyables silences, Liv les attire dans un monde meilleur, celui de la différence, mais aussi de la candeur, des cœurs qui palpitent plus fort à son contact, de l’envie qu’elle fait naître de se surpasser. Oui, cette enfant est aussi un bonheur. » Cette petite fille, certainement atteinte de troubles autistiques est une magicienne qui rassemble et ouvre le cœur des hommes qui l’approche. Raimbault, bras droit de Marsac en est le second touché. « Pour lui, les heures avec Liv ont laissé leurs traces. Submergé par un désastreux sentiment d’impuissance, il ne sait plus s’il faut essayer d’entrer dans son monde, à elle, ou tenter de l’amener, elle, dans le leur. Ses certitudes se sont évanouies dans le regard d’une petite fille de trois ans. Elle le bouleverse, lui, le flic rodé aux vertiges du mal et de la mort… »



Le quotidien d’une vie de flic, la difficulté d’un métier impossible à quitter le soir venu « Une autre nuit s’achève au milieu des hurlements des sirènes de police et des véhicules d’urgence, son ciel de plomb zébré par des éclairs bleutés qui n’en finissent pas de mettre en lumière la dévastation du monde. », s’oppose aux mantras de Miss Butterfly « MamanAmour, PapaLàHaut, JulietteChérie, AmauryDouceur, MarcRainbow ». La beauté du texte, la pureté de cette relation bouleversante fera naître quelques papillons dans votre ventre, et des émotions cristallines à toucher les étoiles.



Elsa Roch prouve une fois encore, par une maîtrise de style irréprochable, que l’on peut raconter des choses noires avec beauté et grâce littéraire sans s’enfermer dans pléthore de descriptions crues. Elle marque vos pensées au fer rouge et l’on se souvient finalement que de la pureté de cette rencontre entre un homme blessé et une petite fée qui fait danser les papillons.


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Ce qui se dit la nuit

Manon a écrit une lettre à Amaury lui demandant de venir, qu’il se passait des choses étranges au village. Ca tombe bien, Amauray Marsac a besoin de repos. Commissaire au 36, il a eu sa dose de cadavres. A presque quarante ans, il traine chaque affaire comme un boulet qui l’empêche de vivre. Mais, le boulet le plus lourd est quand même celui de Solène, sa petite sœur, morte noyée, et dont le corps n’a jamais été retrouvé. Si lui et son frère n’avaient pas détourné les yeux une minute, Solène serait toujours en vie.



Manon est la sœur d’Elsa. Manon a le cerveau un peu dérangé parfois, elle est née avec le cordon ombilical autour du cou et ce petit manque d’irrigation, a généré des troubles. Mais Manon est également une très belle jeune femme, tout comme Elsa. Elsa, le grand amour inavoué d’Amaury.



Marianne Touret a été très présente pour Amaury quand il a perdu sa sœur, et elle est restée très proche de Manon et d’Elsa. Aussi, quand son corps est retrouvé mutilé, le crâne rasé et un bout de tissu cousu sur le cœur, tous sont sous le choc.



Bien sûr, il y en aura toujours pour dire que Marianne était une sorcière, qu’elle savait faire des sorts. Mais Amaury la connaît mieux que personne, Marianne ne faisait de mal à personne, elle, qui avait déjà tant souffert. Et ses deux fils ne sont pas pour rien dans ses souffrances, deux rustres à peine éduqués, que seul son mari René parvenait à tenir. Mais René est mort d’une crise cardiaque, et c’est là que tout à commencé à aller de travers.



La belle Manon et ses secrets qu’elle seule connaît, et que seule Elsa arrive à calmer.



Marianne, la douce, la tendre, qui ne méritait pas cette fin, indigne d’elle.



Les fils Touret, alcooliques, violents, qui appelaient leur mère « la vieille ».



Amaury, écorché vif, très ébranlé par la mort de Marianne et l’attitude de Manon.



Les deux Vieux, Ferdinand et Henri, eux aussi un peu herboristes et sorciers, et qui ont bien une idée sur la question de qui a pu zigouiller la Marianne.



Et enfin les policiers du village, que la venue d’Amaury dérange, ils n’ont pas besoin d’un gars de Paris pour résoudre une enquête aussi facile, et il ferait beau voir qu’il vienne marcher sur leurs platebandes !



Autant de personnages truculents, berrichons de père en fils, la terre collée aux sabots, pleins de poésie et de tendresse. Parce que certes il y a eu meurtre, mais cette vie paysanne, pleine de charme, est savamment racontée par Elsa Roch, qui a su en extraire toute l’essence.



Il y a le meurtre oui, mais il y a aussi ces hommes et ces femmes, loin du tumulte de la ville, avec leur façon de vivre et de penser, accrochés à leur terroir et à leurs coutumes ancestrales. Ils n’oublient pas que la Marianne, c’était quand même une sorcière, et il arrive que parfois, les sorcières soient tuées.



Un roman que j’ai adoré, je me suis imaginée ces paysages berrichons, ces soirées au coin du feu, ces vieilles bâtisses aux cours pavées, je n’imaginais pas du tout un roman policier ainsi, quelle magnifique surprise. Car malgré tout, l’enquête n’est pas laissée au hasard, ni bâclée.


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Ce qui se dit la nuit

Après avoir failli déraper sur une affaire d’infanticide, le commissaire Amaury Marsac est prié par son patron, chef de la P.J. parisienne, de se mettre au vert une semaine. Amaury doit prendre du recul et réfléchir loin de son bureau de Paris.



Tout oublier après le cadavre de trop, vingt ans dans la police à collectionner les «ides»: homicides, infanticides, parricides… À peine quadragénaire, le commissaire Amaury Marsac a l’impression de porter mille ans de noirceur sur ses épaules.



Il part donc se ressourcer dans le village de son enfance, au cœur de la Vallée Noire, dans l’Indre, terre de bocages et de brumes.



Mais le jour de son arrivée, alors qu’il hésite à reprendre contact avec Elsa, son amour de jeunesse qu’il n’a pas vue depuis dix ans, une vieille dame est retrouvée morte dans une maison délabrée. Cette femme, c’est Marianne, une des âmes bienveillantes de son enfance. Marianne a été égorgée et tondue. Horrifié, Marsac s’impose dans l’enquête.



Nous avons là un polar rural qui flirte avec la sorcellerie. Bienvenue dans le village où les rumeurs se propagent à la vitesse d’un cheval au galop.



Ici, lorsqu’un évènement inhabituel survient, tout le monde à son avis sur la question. Les superstitions sont bien ancrées dans l’esprit des gens et si plusieurs faits étranges se produisent, on crie à la malédiction.



On a vite fait de trouver des boucs émissaires ou des coupables à ce meurtre violent sans se soucier de l’enquête policière en cours.



Les passions amoureuses se mêlent à tout ça et la jalousie n’est pas loin. Marsac va s’en rendre compte rapidement lorsqu’il va s’approcher d’Elsa et va devoir composer avec ses rivaux.



L’auteure, Elsa Roch, nous charme par son style léger et poétique. Ces personnages sont fouillés et vrais. On apprend à connaître ces hommes et ces femmes de ce village grâce à leurs pensées, leurs actions et leurs certitudes.



Ce polar rural, plein de suspense, se déguste comme un fruit. Il est à la fois acide et rafraîchissant. Il est surprenant, attachant, vénéneux. J’ai eu plaisir à le lire et je le conseille à tous ceux qui aiment ce genre d’ambiance.



Un grand merci à Elsa Roch et aux éditions Calmann-Lévy pour cette magnifique découverte.
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Ce qui se dit la nuit

"Ce qui se dit la nuit" est un roman policier qui met en scène des personnages attachants dont un commissaire appelé à devenir, selon l'auteur, un personnage récurrent. Ceci est une bonne nouvelle car on a envie d'en savoir plus sur son histoire personnelle.

L'histoire se déroule dans le Berry, dans un village de la Brenne. On y découvre, à côté d'une intrigue assez classique mais intéressante, les coutumes et la vie quotidienne dans cette région de France, dans un style original.

Une belle découverte, un auteur à suivre.
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Ce qui se dit la nuit

Une très belle plongée dans un village perdu du Berry avec ses croyances, ses secrets, ses trahisons et un Amaury Marsac qu'on n'a qu'une envie de retrouver bientôt!!!La patte de la psy, une belle écriture! Enfin il faut le lire!!!! belle découverte
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La fureur des mal-aimés

" La Fureur des Mal-Aimés "



À chaque roman, je ressors avec un vide et je sens le manque arriver jusqu'au prochain.



Pourquoi… À chaque fois que j'apprends qu'un nouveau roman va sortir, je note dans ma tête la date et je ne l'oublie pas et je file me le procurer et malgré une PAL monstrueuse, je le fais passer avant tout.



Ici, j'ai retrouvé le commissaire Amaury Marsac à Paris la veille de Noël, assis sur un banc au square Vert-Galant, son endroit préfère pour décompresser face à toutes les horreurs qu'ils voient défile dans sa journée, mais malheureusement cette nuit-là, son refuge est gagné par le Mal, dans une poubelle du jardin public gît un cadavre au ventre ouvert, rempli de mort-aux-rats.



Je me suis retrouvé en parallèle en 1995 à Paris avec Alex qui a 15 ans, et qui fuit son domicile familial et part vivre dans la rue, mais il résiste au désespoir, car dans ses yeux et dans le cœur une leur d'espoir brille, il le sait au fond de ses tripes, il va la retrouver, elle, et à deux, ils seront liés.



Et c'est ainsi que les chemins de Marsac et Alex vont se croiser et tous les deux pensent avoir connu le pire, mais au final, sur beaucoup de points, il se ressemble.



Marsac, qui lui va se retrouver bouleversé, face à l'histoire d'Alex. Son histoire, sera l'élément déclencheur qui le poussera à agir face à son histoire personnelle.



Roman qui aborde les liens du sang, d'une enfance complètement brisée, et d'une soif de vengeance terrible.



Et ça peut se comprendre…



Comme j'avais la haine face à l'histoire d'Alex, je me suis dit, mais comment peut-on faire ça et vivre comme si de rien n'était et vivre comme une personne respectable, tout sourire devant tout le monde, alors qu'on est la pire ordure au monde.



Et c'est avec la délicatesse poétique de cette écriture que l'auteure nous raconte cette terrible tragédie et ça fait mal au cœur.



Les liens du sang ici sont bouleversants d'amour, j'aurais aimé avoir ce lien du sang si fort avec celui qui a 6 ans de plus que moi, malgré les douloureuses épreuves que nous avons dû affronter, malheureusement la vie nous à définitivement éloigne et j'ai dû choisir de vivre ma vie, pour pouvoir devenir celle que je suis, il n'y a pas de recette pour surmonter les épreuves.



À chaque roman, je ressors conquise, à chaque roman, je prends un coup au cœur, à chaque roman, je ressors bluffé.



Et à chaque fois, je me dis, à nouveau cette écriture va terriblement me manquer.



J'ai poussé le sadisme, jusqu'au bout, j'ai essayé de pas trop le termine vite.



À nouveau, c'est un énorme coup de cœur.
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