Dors bien. Je vais rêver à la jolie courbe de tes fesses.
Voilà exactement ce que je trouvais hypnotique chez Adrien. Cette possibilité d’ouvrir tous les possibles dans une même phrase. J’aimais son corps autant que ses mots.
Fabien était un amour, tout comme les hommes qui avaient partagé sa vie, à l’instar de Paul. Il existe, je le savais, une tribu d’hommes qui ont pour mission de protéger les femmes à la périphérie de leur vie, et ces hommes n’étaient pas généralement ceux avec qui j’avais eu des histoires amoureuses. Les amoureux de Fabien savaient me prendre sous leur aile, c’était un pacte tacite sans doute dans la vie de Fabien.
Prendre soin de moi.
Les êtres qu’il photographiait étaient des recréations. Je ne me reconnaissais pas dans cette image ; ce n’était pas moi. Ou plutôt si, c’était moi, recréée par lui, à la manière d’une femme réinventée par Picasso.
J’aime votre sexe autant que votre regard qui se pose sur mes textes.
Pour moi, être journaliste avait perdu tout fondement de réalité pour devenir une sorte d’existence fantasmée et idéale, que je n’imaginais plus pour moi. Je ne comptais plus les bars dans lesquels j’avais été serveuse. Ni les histoires d’un soir qui accompagnaient cette vie nocturne sans lendemain.
Le naturalisme, aussi, a ses limites. Les grands écrivains savent tirer le meilleur des artifices.
Cette photo me retourne, me secoue. J’ai envie de pleurer en la voyant. Elle me révèle un horizon que je n’atteindrai jamais, car tout dans ma vie est tellement suspendu, si fragile et sans attache. Cette photo est l’image de la vie que je ne pense jamais avoir.
C’est un art délicat. Résumer un homme, une femme, une vie en quelques feuillets, rien n’est plus difficile. Les journalistes trahissent vite la personne qu’ils ont en face d’eux. Ils leur prêtent leurs propres opinions et c’est inévitable. Leur jalousie, leurs amertumes. Or il faut une certaine dose d’effacement pour entrer dans le vif de l’être qui vous fait face.
Un bon portraitiste s’abandonne totalement devant le sujet qu’il dépeint. Il est au service de son portrait. Presque l’esclave. Il doit être prêt à tout pour en savoir toujours plus sur lui, pour en explorer les mystères et les zones
inexplorées. Tout détail qui fera la différence, qui capturera l’intérêt du lecteur.