Ce roman est profondément touchant. Ce roman est assez terrifiant aussi…
Oubliez toute idée de vous plonger dans un thriller classique ou violent, ce bouquin est une vraie expérience interactive. Vous voilà dans la peau d’une vieille dame de 85 balais, atteinte de la maladie d’Alzheimer (à un stade plutôt avancé). Un personnage atypique qui va vous faire vivre de l’intérieur ce que l’on peut ressentir quand on est atteint par cette maladie.
Les symptômes et les conséquences sont si bien décrits que s’en est effectivement assez terrifiant, mais également vraiment touchant. Oui, le grand point fort de ce roman, c’est cette mamie si attachante et si crédible.
Aucun pathos dans le traitement de l’histoire, Emma Healey, du haut de ses (à peine) 29 ans, en parle avec un tel naturel qu’on se demande comment elle peut aussi bien mesurer l’impact de cette maladie sur le quotidien d’une personne (expérience personnelle ? Elle dédicace son roman à ses deux grands-mères).
Parce qu’Emma Healey frappe vraiment fort avec ce premier roman bien maîtrisé et qui sort du lot, grâce à son traitement hors des sentiers battus (et rabattus) du thriller.
Entre le présent qui file entre les doigts de Maud (le personnage principal) et les retours en arrière dans ses souvenirs qui sont eux parfaitement bien ancrés dans sa mémoire, c’est un voyage intérieur étonnant auquel nous convie l’auteure.
Deux affaires de disparition, une dans le passé, une dans le présent et cette femme qui perd la tête au quotidien. Équilibre instable et de vrais risques de se prendre les pieds dans le tapis pour l’écrivain qui se lance dans un premier roman.
Mais le risque est ici bien maîtrisé, le tout se tient parfaitement dans ce roman à ambiances (ne vous attendez pas à y trouver un rythme effréné). Ambiances, oui, en suivant Maud jeune à la recherche de sa sœur en parallèle à la même Maud en proie aux affres de la maladie et à la recherche de son amie Élisabeth (le titre original est : Elisabeth is missing).
Côtoyer la Maud d’aujourd’hui est une expérience marquante, fascinante, dérangeante, mais surtout bouleversante. Les passages se déroulant dans le passé sont, quant à eux, plus convenus, mais donnent une couleur délicieusement surannée à l’ensemble.
Un premier roman réussi donc, un vrai drame psychologique qui repose tout entier sur les frêles épaules de cette vieille dame déboussolée. Clairement de quoi ne pas faire tomber cette histoire dans L’oubli.
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