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Citations de Emmanuel Moses (69)


METTRE UN ÉLÉPHANT DANS UN POÈME…


Mettre un éléphant dans un poème c’est tout à fait possible
Il suffit de ménager un espace suffisant entre deux mots
Pas un espace sur la page blanche
Un espace de sens
Comme entre joie et peine
Amour et haine
Âme et corps
Vie et mort
Enfin, vous comprenez
Vous y placez alors votre pachyderme
Qui croyez-moi
Pourra courir et balancer sa trompe à son aise
Sans jamais se sentir à l’étroit.
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Emmanuel Moses
Reve 3
Une femme ouvre ses mains couleur de pain

Où des chemins de neige traversent la plaine.

Qui a laissé tomber une boule de cristal sur le

plancher?

Voilà les pas des enfants peints comme des ombres

Voilà des lambeaux de papillons au rideau —

Vient l'heure qui efface les larmes.
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Emmanuel Moses
Rêve 2
Il est midi depuis toujours au cadran
Brillant comme l'iris de l'oeil de la pendule.
De la bouche du père un nuage sort
Et se dévore.
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Emmanuel Moses
Rêve 1

Une bille rouge : tu regardes la pomme posée sur

La table.

Une bille bleue : derrière la clôture,

Les feuilles ont élevé un mur toute la nuit.

Une bille verte : rien ne se cache dans la pièce

Frappée de lumière.
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LA MER, À PEAU DE CÉTACÉ…


Extrait 2

Le paradis aux acacias : ce lieu, ces instants, c’était tout
 pour moi ; la substance du bonheur. Et la substance du
 bonheur, c’est d’être. D’être, exclusivement, impérieu-
 sement, son essence propre. Intolérant au reste, eût-il
 ses lettres de noblesse.


Cette colonne grecque ne soutient plus que le soleil.
 Quelle puissance émane d’elle ! Atlas n’en dégageait
 pas plus. L’abattrait-on que, telle est l’impression du
 spectateur à ses pieds, la ville serait anéantie par le
 firmament dont le bloc d’azur convexe pulvériserait
 tout sous son poids.


[…]


Et si, dans la grande roue de la vie, on pouvait dire au
 machiniste : « Je me suis bien amusé. Maintenant,
 ayez l’obligeance de me laisser descendre. » ?
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LA MER, À PEAU DE CÉTACÉ…


Extrait 1

La mer, à peau de cétacé.


Nous disparaîtrons sans laisser de traces. Mais nous
 aurons compris le secret de l’univers.


La corne de bélier (le Shofar), dont on sonne au Nouvel
 An juif et qui produit une note ‒ unique, déchirante ‒
 identique à celle d’une sirène, transforme l’assemblée
 en voyageurs et la synagogue en navire. Elle annonce
 un départ pour l’avenir, c’est-à-dire pour l’inconnu, avec
 ses promesses et ses périls. Qui mourra et qui vivra ?
 …

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C’était un soir de fin d’automne. La température, plutôt douce pour la saison, avait brutalement fraîchi avec la venue de l’obscurité, et le ciel dégagé s’était chargé de nuages. Quelques-uns d’abord, qui dérivèrent lentement, comme par distraction, formant des îlots gris et orangés sur le fond verdâtre, maintenant que le soleil s’était couché, puis une quantité croissante, fuligineuse, rapide, qui effaça bientôt toute trace de couleur comme une mauvaise nouvelle chasse l’espoir. Alors un vent se leva, froid et courroucé, qui s’engouffrait dans les rues, agitait les dernières feuilles aux arbres des trottoirs et des squares, les enseignes et les volets qu’on avait omis s’assujettir.

Pourtant, gâtés par le beau temps qui se prolongeait depuis tant de semaines et de mois, qui semblait ne devoir jamais finir, les habitants de la ville refusaient de croire à une correction climatique, au rétablissement de l’ordre de la nature et des saisons dans ses droits, à un retour à la normale. Ils continuaient de se presser sur les boulevards, les places, aux terrasses des cafés, ils portaient encore leurs vêtements estivaux, avec pour seule concession aux conditions de l’heure, une écharpe, une laine ou une veste dans un tissu un peu plus épais, ou garni d’une doublure, que le lin et le coton qui ne les avaient pas quittés depuis le printemps dernier, autant dire une éternité.

Les maîtres promenaient leur chien dans les jardins, les amoureux occupaient les bancs plantés dans les allées goudronnées ou de sable blanc et les enfants refusaient de rentrer déjà pour le dîner ou les devoirs, malgré les exhortations et les remontrances des mères et des jeunes filles chargées de veiller sur eux jusqu’au retour des parents de leur journée de travail.

Certains, aussi, pour dissiper la pesanteur, la fatigue et l’angoisse qui s’étaient accumulées entre les murs où s’était déroulée leur activité depuis le matin, se dirigeaient de différents points de la ville vers le parc qui, un peu au nord du centre historique, constituait le poumon vert de l’agglomération, sur une superficie aussi étendue que plusieurs quartiers, de sorte qu’on pouvait tout autant le considérer comme un bois, avec son réseau d’allées, ses colonies denses d’arbres d’essences variées, communs comme exotiques, ses plans d’eau de forme et taille diverses, ses fourrés qui auraient aisément trouvé leur place dans une forêt de contes allemands ou de légendes bretonnes.

Ancien terrain de chasse d’un prince étranger, il s’étendait sur des dizaines de kilomètres carrés occupés ici et là par un pavillon de chasse abandonné, des cabanes sans usage depuis des lustres, une guinguette que n’animaient plus de leurs danses que les toiles d’araignée, un manège fermé depuis des lustres, où quelques esprits dotés d’une puissante imagination, à moins qu’il ne se fût agi de farceurs, juraient avoir vu, par des nuits de pleine lune, des chevaux fantomatiques tourner indéfiniment le long de la clôture circulaire en planches défoncées ou vermoulues. (À ce dernier sujet, il faut dire qu’autrefois, bien sûr, le martèlement des sabots résonnait un peu partout sous les feuillages. Montures d’aristocrates en promenade, d’officiers de cavalerie à l’exercice, il fallait se garder d’elles quand on avait le malheur de vouloir tout bonnement y aller prendre l’air ou se dégourdir les jambes.)

Les habitants l’aimaient pour ses chemins qui ne menaient souvent plus nulle part, pour ses profondeurs végétales inattendues et ses bassins où aux oiseaux de passage y goûtant le repos d’une halte se mêlaient, indifférents et superbes comme de lointaines étoiles, des cygnes que rien, ni les crises de régime, ni les faillites successives de la municipalité, ni les incendies, ni surtout les guerres avec leurs atroces bombardements qui avaient défiguré, soufflé et rasé le joyau de l’Europe médiévale qu’était cette ville, n’avaient réussi à déloger.

Des peintres l’avaient représenté sous tous ses aspects, baigné de lumière chaude, paisible et comme repu de ses propres sèves et sucs, frémissant de jeunesse, encore pâle et ivre de promesses à tenir, doucement mélancolique, parcouru de tapis d’or et de bronze faisant écho aux frondaisons rutilantes, sorte d’hosanna aux accents d’adieu, endormi sous un épais manteau blanc pour un sommeil qui, eût-il été éternel, n’en aurait pas semblé moins rassurant, voluptueusement livré à la mollesse et au rêve mélodieux. Ils l’avaient agrémenté de personnages vêtus à la mode de leur époque, et édifié sans intention, sûrement, la pyramide des âges sous les berceaux de verdure, dans les raidillons, les terrains gazonnés, autour des bassins et des chalets. Sous leur pinceau, précis ou pressé, chiens de toute taille et coursiers racés, chevauchés par de non moins élégants cavalières et cavaliers, passaient avec nonchalance, donnant au spectateur l’impression que leur immobilité, de même que celle des personnages, d’ailleurs, n’était que momentanée et que bientôt, incessamment, ceux-ci comme ceux-là s’animeraient à nouveau.

Mais il n’y avait pas qu’eux. Poètes et romanciers avaient chanté cet espace qui pouvait évoquer une sorte de paradis, terrestre parce que livré à lui-même, alors que celui qui attend les justes doit se distinguer, non moins que par les joies spirituelles qu’il procure aux élus, par l’ordre et l’harmonie qui y règnent, sous l’œil vigilant d’anges jardiniers.

Encore un mot : une faune émouvante avait élu résidence dans ce domaine vaste et un peu embroussaillé. De l’écureuil, le roux, celui des illustrations de nos contes pour enfants, au renard voleur de balles, de poupées et de goûters, en passant par les chats revenus à l’état sauvage, les hérissons qui pouvaient échapper sous sa luxuriante protection aux hécatombes que les routes traversées leur faisaient subir et même les sangliers qui se croyaient sans doute dans d’anciennes forêts royales puisqu’ils s’y reproduisaient avec insouciance, l’endroit pullulait d’ombres furtives et silencieuses qui ajoutaient la teinte de leur pelage à celles des vieux arbres et des baliveaux. Mais c’est surtout aux oiseaux qu’appartenait le parc. Si ceux qui n’y faisaient qu’étape, mentionnés plus haut, en étaient les hôtes de passage, les pèlerins sur le chemin d’une destination religieusement fixée depuis toujours, leurs frères sédentaires étaient les maîtres de l’endroit. Babillards, gais, joueurs, ils jetaient à la face du ciel leurs notes heureuses et leur humeur légère que même la crainte des dangers ou la recherche de nourriture n’assombrissait pas. La joie consubstantielle à l’être, ils l’incarnaient, et renforçaient de la sorte la conviction de tous ceux parmi les promeneurs qui étaient persuadés que celle-là était le cœur impérissable de l’univers et son secret ultime.

Pies, geais, pinsons, étourneaux, grives, chardonnerets et mésanges, linottes et fauvettes, tourterelles et moineaux, ces derniers combien moins nombreux qu’autrefois, invisibles désormais sur les places et terrasses de la ville, et réfugiés ici, dans les branches, d’où ni les corbeaux ni les hommes ne les délogeaient, tous ils émerveillaient la vue et l’ouïe, formaient des chœurs et des corps de ballet auxquels nulle inquiétude ne résistait et aucune mélancolie ne finissait par céder.

Les cloches de la vieille église en brique rouge sonnèrent huit coups, qui eurent bien du mal à se faire entendre, tant le vent mugissait maintenant. Les promeneurs avaient déserté le parc depuis longtemps, se hâtant vers le logis pour se réchauffer et préparer le repas du soir. À les observer, on pouvait noter sur leur visage la double satisfaction d’avoir su profiter des charmes du parc avant que le temps se gâte et de s’apprêter à retrouver le confort auquel ils avaient aspiré la journée durant. Les amoureux, délaissant leurs bancs et les bosquets, où ils avaient créé des sphères étanches, opaques, faites de désir et de distance, les avaient rendus à leur condition de lieux ouverts à tout venant, à cet état d’abandon qui rend les choses et la nature si tristes quand l’homme s’en est détourné, mais les enfants dont les cris et les chansons avaient pourfendu l’air, qu’on avait vus courir après les pigeons dont la bourrasque soudaine avait ébouriffé les plumes, qui s’étaient ensauvagés au contact des nouvelles conditions climatiques, y puisant une énergie démoniaque et puérile qui faisait luire leurs prunelles d’un éclat inquiétant, presque sanguinaire, et décuplait la vitesse de leurs courses, la brutalité de leurs jeux dans le bac à sable et les allées, disparus, houspillés par les étudiantes ou les gouvernantes à l’ancienne auxquelles étaient confiés les enfants, eux, continuaient de marquer leur présence par des jouets oubliés, pelles et seaux, balles de tennis, et au pied d’un platane vénérable, une vache en peluche d’un rose encrassé par le chocolat des goûters et la sueur des nuits de fièvre.

Avant qu’une nouvelle heure s’écoule entièrement, le vent avait un tant soit peu cédé, comme si la mer, où il s’était levé, l’avait rappelé et qu’il avait obéi, parcourant à nouveau les terres, champs, villages, forêts et prés, et la place libre qu’il avait laissée ne l’était pas demeurée longtemps : un brouillard dense s’était répandu sur la ville et tout particulièrement à travers le parc, ne se contentant pas d’en occuper les allées et les clairières mais s’y frayant des passages entre chaque arbre et buisson. La pluie n’avait pas tardé à l’épaissir davantage, transformant les nappes mouvantes en substance poisseuse, bien plus froide encore que l’air ambiant, modifiant son caractère insinuant, insaisissable et le transformant en manifestation d’hostilité sans fard, de courroux gratuit, d’agressivité à l’égard de tout ce qui n’était pas lui. Il semblait vouloir s’employer à régler son compte au monde extérieur comme si son existence même constituait à ses yeux une provocation, un scandale sans nom.

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Voilà, je reviens de là-bas
Le café est froid et cette larme figée dans mon œil
 ne veut pas couler
J’abandonne les mots
Je bois de la folie
Je veux raconter deux ou trois choses
Peu m’importe qui me lira et quand
Le parfum du corps bien-aimé s’est dissipé
C’est un corps qui mûrira bien
Comme une vigne chargée du meilleur muscat
Un corps au pied duquel je serai poussière
Et désir de poussière
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Je boirai comme un trou
Ja vacillerai comme une ombre
Je dormirai contre toi, Seigneur, à la croisée des chemins
J'attendrai le printemps comme l'hirondelle
En chantant comme l'hirondelle
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Voila quinze jours je ne t'ai pas vue
C'est à dire respirée et entendue respirer
c'est à dire touchée et sentie me toucher
C'est à dire embrassée et tendu mes lèvres pour que tu les embrasses
Quinze jours que je n'ai pas dormi avec toi
C'est à dire rêvé à tes côtés
Et caressé ton pied de mon pied
C'est à dire tant de choses encore
Voila quinze jours que je glisse une pensée pour toi dans tous les instants
Comme une lettre d'amour dans une enveloppe
Voila quinze jours qu'invisible au yeux des autres
Tu marches avec moi dans les rues
Tu prends avec moi le métro
Tu t'attables avec moi au café et au restaurant
Où tu bois avec moi chaque gorgée de mon vin
Où tu manges avec moi chaque bouchée de mon pain
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LA FLEUR « SHORTIA »


Extrait 3

On a raconté de nombreuses anecdotes à propos
de ce long voyage à pied en quête de la fleur rare
« Shortia ». Même ses préparatifs furent auréolés
de légende. S’il ne s’était pas soldé par un échec,
qu’en serait-il resté dans les mémoires ? On peut
se le demander. Et si les poèmes avait été monnaie
courante, marchandise profuse, étalée au grand
jour, que serait-il resté ?
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LA FLEUR « SHORTIA »


Extrait 2

On a lu qu’elle pousse à l’ombre de rochers, dans
une sorte de jardin naturel, un jardin sans beau-
coup d’imagination ni de richesse, qui consiste
en une large étendue d’herbe piquée ici et là de
trèfles, de pissenlits et peut-être, cachées comme
elles savent l’être, de quelques violettes. On l’a
lu dans les vieux récits d’expéditions, fourrés, eux
aussi, au fond du sac qu’emplit maintenant une o-
deur de farine et de chrome. La fiasque n’est pas
neuve non plus et a dû autrefois être protégée par
une enveloppe en cuir qu’une main — celle du
temps ou d’un enfant — a pris plaisir à arracher.
Combien d’horizons ? Combien de battements de
cœur ? Il y a un enchantement du cœur solitaire
à s’avancer parmi les éboulis, sur une terre mince
et stérile que caresse de loin en loin l’ombre bleue
d’un aigle ou d’un épervier à mi-distance du ciel,
ou en tout cas telle est l’impression qu’en reçoit
l’œil qu’un rien allume, qu’un rien éteint.
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LA FLEUR « SHORTIA »


Extrait 1

  Une fleur rare comme un poème : « Shortia »,
aux pétales blancs. Combien d’heures de marche
dans les montagnes ? Combien d’espoirs et de
déceptions ?

[…]
On a monté et descendu les pentes herbeuses,
on s’est appuyé aux derniers arbres de la forêt,
des espèces de supplétifs malingres à l’orée de
l’armée régulière des mélèzes et des sapins. On
avait consulté de vieilles cartes dans le sac à
provisions qui n’ont pourtant rien donné, rien
appris. Une fleur rare comme un poème.
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JE SUIS ALLÉE AU PUITS…


Je suis allée au puits
j’avais à abreuver les bêtes de mon père
la nuit tombait et je me hâtais
un serviteur m’attendait sous le chêne
l’histoire commença ainsi et là au bord du puits
c’est affaire divine
      une affaire de maîtres et de serviteurs
un amour né à la tombée du jour
une seule corde pincée délicatement
sous un œil délicat
le jasmin se mêlait à la fraicheur
par la bouche de celui qui demandait à boire
s’exprimait toute la soif du monde –
un jour froid comme l’acier m’ouvrit les yeux
sa blancheur n’avait rien d’ordinaire
on entendait de brèves volées de cloches
au-dessus des arbres qu’agiotait le vent du matin
une musique d’amour jouait dans mon sein
c’est curieux
un sentiment de jeunesse
                            gonflait l’espace
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… Mauvais père et mauvais fils au dernier automne
Ci-devant mauvais mari, que Dieu me pardonne
Poète perdu au décours de l’âge
À qui ne reste que le privilège de la rage
Frère absent, employé peu fiable
Neveu sans cœur, débiteur insolvable
Enthousiaste et velléitaire
Faux polyglotte et vrai suicidaire
Fumeur sans suite dans les idées
Ermite reclus entre les murs de tous les cabinets
Ennemi du bruit dont retentissent les lieux publics
Rêvant de finir ma vie d’hôtel chic en hôtel chic
La tête à demi-morte
Tant l’oubli s’y déchaîne d’une main forte
Le cœur en capilotade
Collectionneur de rebuffades, dégringolades et débandades.

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En route avec toi, mon amour
En route vers toi
En route, ma furtive aux joues roses comme la vigne des coteaux ensoleillés
Du Valais
Ma fugitive reflétée dans les lacs bleus du Valais
Ils sont les yeux de la terre
Tes yeux sont les lacs de ton visage
Quand j’étais gamin dans le car qui nous emmenait en excursion scolaire
On n’arrêtait pas de chanter
Maintenant dans le car de la vie, dans l’excursion de la vie
Je continue de chanter
En regardant par la fenêtre
En distordant ma bouche pour effrayer les enfants
Et faire rire les adultes

("En route")
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Emmanuel Moses prête sa voix à des auteurs fantômes…

Dom Stuart (1878 - 1929) - Poète écossais et moine bénédictin

Deus Deus salutis meae

Au pays de l’hiver
Sur la terre de la peur
Votre soif dévorante vous rendait fous :
L’un léchait ses larmes
L’autre buvait son urine

Vous mourriez chaque matin
Et rêviez de mains maternelles pour vous envelopper d’un tendre lin
Des loups aux yeux de feu
Vous traquaient dans les ruines
Lorsque vous vous retrouviez face à face
Vous pensiez à l’heure ultime

À l’amertume de tout laisser, d’être par tour laissés.

Vous pensiez à la tranquillité cruelle des lendemains
Seuls dans votre engouffrement.
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Emmanuel Moses prête sa voix à des auteurs fantômes…

Damir Morpurgo (1905 - 1961) - Poète slovène de langue allemande

« …comme sombre celui qui porte les grandes pierres »
Georges Séféris

La synagogue de Chrzanow est maintenant un dépôt de blé
Qu’y faire si notre dieu est colérique ?
Celle de Rymanów, dite autrefois « Synagogue forteresse »
A des gros arbres sur son toit
Et ses murs perdent leurs briques l’une après l’autre comme un vieux perd ses dents
Dans le cimetière de Wielky Oczy
On ne trouve plus une pierre tombale
Elles ont migré telles des âmes dans les hangars des fermes voisines…
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Il y a toujours ombres au tableau
  
  
  
  
Il y a toujours ombres au tableau
Je les énumère ce soir à Genève
À l’estran de ma vie…
Descendant la rue où mourut Agrippa d’Aubigné
Elles m’ont assailli,
Bleuies par la mémoire, écran monochrome
Comme au prisme du contre-jour semblaient bleus les
passants
Je me suis arrêté pour déchiffrer la plaque
Alors que glissaient en cortèges jeunes touristes et
fonctionnaires fourbus :
« Ici vécut et mourut Agrippa d’Aubigné
Capitaine huguenot, poète, défenseur de la foi »
Plus bas, sur la place étagée
Installé à la terrasse d’un vieux restaurant sous tonnelle
A côté d’une librairie et de l’immeuble des aveugles
J’ai bu du vin rouge et récité : « Amour qui n’est
qu’amour, qui vit sans espérance… »
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L'arbre a besoin de terre
Sans la nuit la lune n'est rien
Essayez de retirer la mer de sous la quille d'un bateau :
Un cafard les pattes en l'air paraît moins pitoyable
Connaissez-vous un homme
Qui puisse vivre sans amour ?
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