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Citations de Emmanuel Moses (69)


Où que j’aille …



Où que j’aille les moineaux me suivent
Comme une langue maternelle
Comme un souvenir
Un chagrin
Et je les nourris
Comme ma langue
Mes souvenirs
Mes chagrins
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"Je devais être réaliste : la fracture sociale aurait été plus abrupte encore en Lettres qu’en Sciences, car l’expression, la syntaxe, l’orthographe étaient les armes des héritiers de la culture, non pas des enfants de Z.E.P" (Transclasse(s)).
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II - Poème


MAIS VOILÀ IL Y A UN AU-DELÀ DES APPARENCES…

Extrait 4

L’instant est silencieux et ce qu’il y a de plus muet entonne un
  chant nouveau
J’ouvre le livre des anciens visages d’Égypte
Et je les écoute
Ils me parlent de la mort et de sa morsure
De l’éternité qu’elle fait sourdre de la chair du temps
Et comme je les en remercie, ces très vieux morts
Peints à l’encaustique sur des sarcophages en bois de tilleul
Ou peints à la détrempe sur des sarcophages en bois d’if, en
  bois de sycomore
Peints sur des masques de plâtre et sur des voiles en lin
Ces hommes, ces matrones, ces jeunes filles, ces enfants
Prenant éternellement congé de nous
Sur les vertes collines des adieux.
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II - Poème


MAIS VOILÀ IL Y A UN AU-DELÀ DES APPARENCES…

Extrait 1

Mais voilà il y a un au-delà des apparences
Il y a comme un ciel vertigineux qui nie les apparences
Et c’est l’indifférence
L’indifférence aux heures qui trottent sur le cadran
  translucide de la vie
L’indifférence aux saisons
Au bas du parchemin duquel est apposé un sceau de quatre
  couleurs différentes :
Vert, jaune, marron et blanc. Ad aeternam
(qu’on pourrait représenter aussi sous l’aspect de quatre
  oiseaux empaillés dans une vitrine)
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JE FERME LES YEUX…


Je ferme les yeux et je vois une ombre, sans visage,
 sans bouche
Une ombre, rien de plus
Oui, ce matin-là il s’est passé quelque chose sur le
 quai devant l’hôtel
Sous les palais décrépis et jaunes hantés par des
 centaines de générations de fantômes
Je crois me souvenir d’un couple de tourterelles
 sur le rebord d’une fenêtre
De chiens errants, efflanqués et aux prunelles ardentes
D’un vieillard apparu soudain en haut des marches
 qui de la ruelle descendaient jusqu’au fleuve
Ce vieillard aurait-il baragouiné quelque phrase sur
 l’arbre en le pointant du doigt ?
Je pense que là où la mémoire faillit, s’arrête abrup-
 tement, la fiction prend la relève
Sans même qu’on y fasse attention d’ailleurs
Mais dans mon cas, où s’arrête la mémoire et où
 commence la fiction ?
Et si elles étaient aussi étroitement mêlées dans
 mon récit que les tresses des jeunes filles de là-bas [?]
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AUJOURD’HUI J’AI OUVERT LE JOURNAL DE L’ÉTERNITÉ…


Aujourd’hui j’ai ouvert le journal de l’éternité
J’y ai lu qu’un rayon de soleil a effleuré la surface d’un lac
Qu’un vol d’oies sauvages a traversé le ciel au crépuscule
Que le vent a ébouriffé les cheveux d’une femme
Qu’un enfant a couru derrière un ballon
Que des amants se sont réveillés en tremblant de désir
Que des amants se sont séparés en chancelant de chagrin
J’ai lu que les marronniers ont verdi
Que des ombres ont glissé dans des allées de sable
J’ai lu que les vagues sont venues battre une falaise en
 entonnant un chant sauvage.
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Au ciel tout est vraiment bizarre
Le soleil est ton voisin
Les nuages passent et repassent devant toi
Comme un banc de poissons curieux derrière les parois de verre d'un aquarium
Au ciel ta vie est légère
Tu flottes joyeusement dans l'infini.

(Vol Air France 1856)
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DERNIERS FEUX …


Derniers feux, j’allume une cigarette
Pour un peu je casserais tout ce qui me tombe sous la main
Je viderais ma bouteille de mauvais vin
Je sortirais sur le balcon crier à tue-tête

Que vienne l’heure du jugement suprême, la fin des haricots
Gog et Magog, l’apocalypse sur le Mont des Oliviers
La lune brillant avec le soleil au-dessus des vallées
Le sang et les humeurs coulant à flots

Le jour ne tombera donc pas
Tout ce ciel violent me crèvera à la figure ?
À l’horizon, assez de peinture !
J’ai faim de nuit, soif d’étoiles à l’aplomb des toits

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Emmanuel Moses prête sa voix à des auteurs fantômes…

Wang Fo (VIIIe siècle) - Poète chinois (traduit de l’anglais)

Ce matin une caille se trouvait devant la porte de ma hutte
Le givre recouvrait la plaine
J’ai cru qu’une flûte jouait quelque part mais ce n’était que le souffle du vent glacé
Hiver doublement pénible de l’exil !
Dans le pauvre langage des hommes, je lui ai dit que l’attente était une erreur
Que le pin ni le jonc n’attendent
Elle a penché son cou et faisant fi de mes propos pompeux
M’a arraché la galette que je tenais à la main.
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Emmanuel Moses prête sa voix à des auteurs fantômes…

Pavel Gruza (1984 - ) - Poète tchèque (traduit de l’allemand)

À Beroun, place du marché, il y avait une synagogue
Les Juifs chantaient bien, à ce qu’on dit
Le samedi, jour de marché, on s’arrêtait même devant la porte
Avant de reprendre ses affaires ou ses courses
Pourquoi Dieu a-t-il cessé de les écouter
Alors qu’ils le louaient de toute leur voix
C’est une question qui a intrigué les Berounais
Et assis au café Belle époque
Sur la place du marché qui est déserte aujourd’hui
Devant mon verre de schnaps juif
Je me la pose aussi
Moi, le Chrétien de Smichov près de Prague


*

Poète à temps très partiel
Ivrogne à temps complet
Amant au chômage
C’est moi, Pavel Gruza,
Habitant Hrabakova 1972/5 Prague
Écrivez-moi si intéressés !
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Emmanuel Moses prête sa voix à des auteurs fantômes…

Jacob Al-Andalus (1030 ?-1095 ?) - Poète juif d’Espagne

Je me suis dit
Plus jamais elle ne franchira les portes de la ville
J’ai donné des ordres aux sentinelles
Posté des guetteurs sur les chemins
Mais elle a soudoyé les uns comme les autres
Pas sa beauté et la grâce de sa démarche
Nul ne lui a résisté
Et la voilà dans mes bras
Demandant après nos ébats ardents
Des musiciens et de la liqueur de rose
À croire qu’elle n’a jamais foulé mon cœur aux pieds
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Emmanuel Moses prête sa voix à des auteurs fantômes…

Tiago Domingues (1973- ) - Poète portugais

Nous nous sommes aimés jusqu’à perte de lune
Te souviens-tu des dernières étoiles qui s’éteignaient une à une ?
Dans nos corps enfin paisibles
Courait encore le vif-argent de l’âme…

*

La goutte d’eau refuse de quitter le robinet
Elle aussi éprouve comme nous autrefois
Le « sentiment océanique »
Mais il lui faudra bien s’en arracher
C’est la loi
Pour tomber et se fondre dans l’abreuvoir
Où les bêtes – agents de l’inévitable finitude –
Ne feront d’elle qu’une lapée.
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   À l’infini
  
  
  
  
Le fini est une porte sur l’infini
Un balcon qui surplombe l’infini
Un couloir qui mène à l’infini
L’infini se contacte pour se lover dans le fini
Comme un chat dans son panier
L’infini bat au cœur du fini
Et joyeusement circule sa sève en toute chose qui naît, vit et meurt
Avant de poursuivre alors sa route
À l’infini.
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J'ai un problème avec les morts
Faut-il les mettre dans la tête ou dans le cœur ?
J'ai un problème avec la mort
Faut-il l'inclure dans la vie ou la tenir en dehors de la vie ?
J'ai un problème avec les lieux où gisent les morts
Faut-il les considérer comme un point d'arrivée ou
comme un point de départ ?
(Jabrzeit)
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Chanteur de rue
Vends-moi ton chagrin pour trois pièces d'or
Je te demanderai trois sous pour le mien
Tu en feras une belle complainte
Et le soir tu rentreras chez toi les poches pleines
Moi aussi je rentrerai chez moi
Et avec ton chagrin cher payé
J'écrirai des poèmes bon marché.
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TARDIVES



Tout allait bien jusqu’au moment où tu es mort :
C’est alors que les choses se sont compliquées :
Personne ne t’avait appris à te débrouiller
                  sans tes cinq sens,
À voler hors de l’espace ni à nager hors du fleuve
                  du temps.
Et pourtant, tu t’en es sorti,
Oiseau, poisson de l’éternité !
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Ce matin, alors que cela faisait trois jours que ça me picotait la langue, je lui dis, alors qu'elle était, comme Albertine, chafouin des jours de pluie, « je t'aime ». Elle me répondit « si tu crois que ça va m'aider... » ("Le succès").
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II - Poème


MAIS VOILÀ IL Y A UN AU-DELÀ DES APPARENCES…

Extrait 3

L’indifférence de l’aigle qui vire en cercles larges et lents à
  hauteur de cime
Et pour l’œil brillant et minuscule de qui la vallée n’est rien,
  le fleuve n’est rien
L’activité humaine n’est rien, la circulation des automobiles
  et des trains, rien
La fumée des cheminées d’usines et les chantiers, les carrières,
  rien
Les champs et les prés, avec leurs tracteurs, leurs moissonneuses-
  batteuses, rien
Et même les moutons qu’ils enlèveront dans les airs sans parler
  des menus rongeurs
Ne sont rien sous leur regard souverain où on lirait le refus et le
  mépris
Si on pouvait l’observer de près
Voyez comme il promène sa silhouette cruciforme sur le fond
  du ciel d’azur
Et de quelle manière il joue avec les courants de l’air
Quelle leçon que les jeux de l’aigle en sa sagesse !
Le soleil décline devant ma fenêtre
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II - Poème


MAIS VOILÀ IL Y A UN AU-DELÀ DES APPARENCES…

Extrait 2

L’indifférence aux années qui roulent depuis toujours et sans fin
Peut-être que c’est cela Dieu : l’au-delà des apparences diverses
L’indifférence suprême, l’indifférencié suprême
Le temps, Dieu et les hommes, indifférents les uns vis-à-vis des
  autres
Tels les acteurs, le public, l’auteur, indifférents les uns envers
  les autres
Pour échapper à la mort
Et non pas comme événement individuel mais comme condition
L’indifférence arc-boutée à l’indifférence
L’une articulée à l’autre
Et formant ensemble un bras plus puissant que celui qui fendit
  les flots de la Mer rouge…
Un bras à défier les machines-robots qui déshumanisent
  l’homme en le dépossédant
Qui ont vaincu l’humanité comme Moïse vainquit l’onde
Pour y faire passer à pied sec son pauvre peuple
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La porte s’ouvre…


La porte s’ouvre
Une fillette en rouge s’approche à cloche-pied

Puis elle se détourne et s’éloigne vers le fond

Où il y a un immense paysage vide
Dans lequel elle va sur une seule jambe.
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