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Critiques de Eric Ambler (44)
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Le masque de Dimitrios



Dans ma chronique de la biographie de l’auteur, Eric Ambler (1909-1998), par Ronald J. Ambrosetti du 30 mars 2018, j’avais indiqué avoir tout lu de lui et de ne pas avoir l’intention de relire un de ses thrillers pour ne pas m’exposer à une déception, vu mon grand enthousiasme pour son œuvre. Lorsque j’ai appris que les Éditions de l’Olivier allaient sortir une édition révisée de l’un de ses meilleurs romans de 1939, le 22 février dernier, je n’ai pas pu résister à la tentation de me commander aussitôt un livre que j’avais pourtant déjà lu deux fois, en 1977 et 1998.



Je suis ravi de l’initiative d’Olivier Cohen des Éditions de l’Olivier et de ce regain d’intérêt pour un auteur, qui dans son genre, à savoir le roman d’espionnage judicieux, profond et captivant, défie toute concurrence. C’est aussi l’avis d’un Alfred Hitchcock, pour qui "il serait difficile, voire impossible, de songer à un auteur de romans d’espionnage, combinant autant de qualités originales et admirables". Pour le grand John le Carré, c’est "notre maître à tous" et dans plusieurs de ses ouvrages, Graham Greene s’est référé explicitement et plein de respect à Eric Ambler.



Le protagoniste principal, Charles Latimer, un auteur britannique de romans érudits et policiers se trouve, au début du récit en congé à Istanbul, lorsque le chef de la police secrète turque lui raconte l’étrange histoire d’un criminel grec, Dimitrios Makropoulos, qui a été tué au couteau et dont le corps vient d’être repêché du Bosphore.



Intrigué par le récit du colonel Harki, notre romancier envisage déjà vaguement les contours d’un ouvrage pour lequel il mènera sa propre investigation policière, à la recherche d’un individu que l’auteur décrira un peu plus loin comme le Mal absolu.



Pour le lecteur, il s’agit du point de départ d’une aventure qui le conduira à Smyrne (l'actuel Izmir), Edirne, Athènes, Sofia, Genève, Marseille, Nice et Paris, avec des retours en arrière dans la France de 1928-1931 et Belgrade de 1926.



Dans ses déplacements, Charles Latimer rencontre une fine variété de caractères, parmi lesquels : l’étrange Frederik Petersen ; le maquereau hollandais Manus Visser ; Lydia Prokofievna, une Russe émigrée en France qui dans le milieu se fait appeler "la Grande-Duchesse" ; Wladislaw Grodek, un professionnel polonais de l’espionnage basé à Genève ; Irana Preveza, une Bulgare d’origine grecque, propriétaire de la boîte de nuit "La Vièrge Marie" à Sofia, etc.



Les déambulations de Latimer se font dans un contexte historique authentique, mais trouble avec les massacres des chrétiens par les Turcs et l’incendie de Smyrne en 1922 ; l’assassinat d’Alexandre Stamboliyski, ex-Premier ministre bulgare en 1923 ; L’attentat manqué sur Mustafa Kemal en 1926, l’exécution de Corneliu Codreanu, le chef de la "Garde de Fer" roumaine en 1938, etc.



Ce livre a inspiré plusieurs adaptations cinématographiques, la version la plus réussie est sans doute celle de Jean Negulesco de 1944 avec un terrible Peter Lorre dans le rôle de Charles Latimer (Cornelius Leyden à l’écran).



Finalement, c’est sans aucune déception que j’ai relu "Le masque de Dimitrios", bien au contraire et je dois avouer y avoir découvert des considérations et particularités qui m’avaient échappé au paravent.

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L'héritage Schirmer

Je connaissais Eric Ambler via ses romans d'espionnage, avec L'Héritage Schirmer l'auteur britannique emprunte d'autres chemins. Mais avec ces personnages et une histoire de succession, il nous fait vivre autant de péripéties qu'avec le Masque de Dimitrios ou Epitaphe pour un espion. Comme souvent, son héros est un quidam que rien de prédestinait à vivre des aventures difficiles en terrain miné.



Ici une dame âgée, sans héritier connu, trépasse et c'est George Carey, un avoué de Philadelphie qui est chargé de la succession. Peu de pistes s'offrent à lui, mais les archives d'un ancien administrateur le mettent sur la trace de l'ancêtre de la défunte, un sergent des Dragons d'Ansbach qui déserta en 1807, et changea son patronyme pour échapper à la justice.

D'une guerre à l'autre, Carey doit quitter les Etats-Unis pour l'Europe en ruines, afin de localiser le descendant des Schirmer, un soldat allemand du 94è régiment d'occupation dont la trace s'arrête en Grèce en 1944..

De l'Allemagne à la Macédoine, Carey, aidé d'une interprète originaire de Zagreb qui hait les Allemands de toutes ses forces, tente de mettre la main sur le dernier des Shirmer.



L'un des attraits du roman est qu'il est ancré dans les ruines encore fumantes de l'Europe, et surtout dans la poudrière où s'affrontent les Partisans de l'ELAS et l'armée grecque gouvernementale. L'autre est la constante mise en abime sur les thèmes de la guerre, de la bataille d'Eylau à Thessalonique, et de l'errance. En parcourant l'arbre généalogique, Eric Ambler nous interroge. Que gardons nous de nos ancêtres? «  Mon véritable héritage, c'est ce que vous m'avez appris sur mon sang et sur moi même. »
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Les visiteurs du crépuscule

Heureux comme un lecteur qui découvre Eric Ambler. Daniel Gauthier (un babéliotte) n'avait pas tort de l'écrire dans sa critique de mars 2010. J'ai mis du temps avant de lire cet écrivain. C'est vraiment le hasard qui m'a fait ouvrir "Les visiteurs du crépuscule"et si parfois j'ai rencontré quelques titres, couvertures si reconnaissables des éditions les humanoïdes associés, sur un vide grenier, une solderie, jamais je n'ai eu la moindre tentation. C'est étrange comme certains auteurs sont mis de coté, sans raison valable.

Ce livre n'est pas un roman d'espionnage, ni un roman policier (ce que j'avais cru en l'ouvrant). C'est plutôt un récit d'aventures. Dans un pays d'Asie un homme et une femme, comme un fétu de paille, sont pris dans le souffle d'un coup d'État militaire. Intrigue, passion, persévérance, fatalité sont les ingrédients de ce roman qui va m'attacher à l'auteur, de la même manière que j'ai aimée dès les premières pages un livre de Graham Greene.

Heureux lecteur que je suis au coeur de l'été. Encore un auteur que je vais traquer et au diable la hauteur de ma PAL !
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L'héritage Schirmer

un livre assez audacieux

pour sa sortie en 1963.

pas pour son intrigue un avocat qui cherche un héritier a un mort qui a décidé de changer de nom.

mais plutôt par la haine de

maria kolin pour les allemands,et son goût pour le cognac et les femmes.une bonne intrigue quand même avec deux personnages qui oscille entre force et vulnérabilité.c'est efficace et divertissant avec un bon suspense.👍
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Topkapi

Il y a bien longtemps que je n’étais pas tombé sur un roman d’espionnage. J’étais passé par des périodes thrillers, policiers, classiques, etc, et là je me suis trouvé dans un autre type d’histoire, dont on ne s’échappe pas facilement puisqu’elle vous tient en haleine d’un bout à l’autre du roman.



Arthur un « journaliste » un peu opportuniste, chauffeur de taxi occasionnel et pas trop déclaré, un peu glandeur, looser, plutôt arnaqueur, se croit malin en abordant à l’aéroport d’Athènes un américain sûrement « plein aux as ».

En fait, Arthur, personnage assez sympathique, va se révéler le pigeon idéal. Il se fait embaucher pour convoyer une voiture jusqu’à Istanbul. C’est plutôt bien payé et de toutes façons, son employeur (l’Américain) s’’est arrangé pour qu’il ne puisse pas refuser.

Mais à la douane Turque, les choses se compliquent et il se trouve embarqué dans une sale affaire de trafic d’armes.

Et le voici dans un second processus de chantage, organisé par la sécurité Turque cette fois-ci, qui le transforme en espion politique, taupe infiltrée. On suivra donc tout le montage de l’opération pour s’apercevoir que l’on est bien loin des histoires d’espionnage classiques (Mais pour cela, il faudra lire ce livre…)

L’histoire est plein d’inventions avec de très beaux exercices de déduction et d’élaboration de stratégie, en particulier lors des interrogatoires.

J’ai vraiment aimé ce roman dont Jules Dassin a tiré en son temps le scénario d’un film de 1964 avec Peter Ustinov.

De plus, si vous avez déjà séjourné à Istanbul, ce récit vous rappellera sans doutes quelques souvenirs sympathiques.

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Épitaphe pour un espion

En 1984, Eric Ambler vivait encore lorsque son roman «Epitaphe pour un espion» a été- republié en France.

Ce «polar» (?) écrit en 1938 est un condensé assez remarquable de la situation politique en Europe à la veille de la seconde guerre mondiale et des courants de pensée qui prévalaient alors dans les principaux pays futurs belligérants.

Le cadre de l'action est la pension de la Réserve à Saint Gatien non loin de Nice, une pension de famille, où séjournent des Américains, des Français, des Allemands, des Suisses, des Italiens, un Tchèque, et des Anglais.

Cette véritable allégorie pleine de tact, de justesse et de précision dans le ton, les dialogues et la psychologie des personnages est servie par le style simple et précis de Ambler.

Le héros, Vadassy, un prof de langue à l'origine indéfinie, dans le sillage de l'après première guerre mondiale, son pays de naissance, a migré de la Hongrie à la Yougoslavie, à l'Italie. Il parle plusieurs langues et exerce la profession de professeur dans un cours privé à Paris.

De fait, il est un Européen avant l'heure, et, c'est là son principal problème lorsqu'il est arrêté par la police française à son arrivée à La Ciotat.

L'arrestation sert de prétexte à transformer Vadassy en informateur de la police niçoise. Parmi les pensionnaires, se cache peut-être un ennemi de la France, un espion pour faire simple.

La tâche de Vadassy n'est pas simple, et les différents pensionnaires ne sont pas toujours ce qu'ils prétendent être.

Hésitant entre plusieurs personnes, Vadassy va aller de déconvenue en déconvenue, son instinct le pousse à fantasmer la réalité ou à sous estimer la nature de certains personnages.

Il n'est pour rien dans l'histoire qui lui arrive mais se voit contraint de procéder aux vérifications qui lui sont demandées non sans enchaîner les bévues et parfois en prenant des initiatives mal venues.

Il fait preuve de réalisme malgré tout, et ne se nourrit guère d'illusions : «Quand un homme se raconte, c'est encore une attitude ; on ne peut pas plus connaître un homme que l'on ne peut voir à fois les quatre faces d'un cube.»

Vadassy préfigure le personnage type de la littérature policière anglo-saxone, le héros malgré lui ou plutôt le non-héros malgré lui.

Saura-t-il défaire l'écheveau dans lequel il se trouve prisonnier :

Duclos, le Français professe un anti-communisme de bon aloi «Si l'industrie retse entre les mains des sans culottes qui nous gouvernent, le système financier de la France sautera et entraînera l'Europe dans sa chute.»

Schimller, l'Allemand dissimulé sous une identité tchèque, fuit les Nazis et a quitté son pays où «(...) la social-démocratie (...) espérait désarmer la force par la bonne volonté et désarmer un chien enragé en le caressant...en 1933, la social démocratie allemande fut mordue et mourut.»

Un livre relu avec le même plaisir 35 ans après une première lecture.
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Le masque de Dimitrios

Heureux les lecteurs français qui découvriront Eric Ambler, injustement méconnu dans notre pays. Commencera pour eux la traque aux 18 (excellents) romans de ce grand fondateur du livre d'espionnage : "looking for Eric"...

A vrai dire, même s'il a été salué par Ian Fleming et John Le Carré, Eric Ambler écrit plus que des romans d'espionnage : un peu à la manière de Graham Greene (pensez à "Un Américain bien tranquille" ou "Le troisième homme"), ses livres mettent en scène des quidams ordinaires (quoiqu'un peu ambigus) aux prises avec des forces aussi considérables qu'obscures.

"Le masque de Dimitrios" en est un bel exemple : à la fin des années 30, le romancier Charles Latimer essaie de sauver une affaire de famille auxquels s'intéressent de très près les autorités syriennes...

L'écriture est méticuleuse, obsessionnelle, les situations comme les personnages décrits avec beaucoup de soin, le rythme est alternativement lent et rapide - bref, ça se déguste comme une bonne tasse de thé.

Après ce livre, Eric Ambler écrira nombre de chefs d'oeuvre : "L'héritage Schimer", "le Levantin", "N'envoyez plus de roses", "Le brochet" - entre autres.
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L'héritage Schirmer

Il est des batailles qu’à défaut de pouvoir gagner, un homme avisé devrait savoir quitter avant d’apporter sa modeste mais tragique contribution à l'hécatombe finale. Voilà pour la version positive, quant à la version négative, vous l’avez deviné, elle se nomme désertion. Et depuis des temps immémoriaux, le déserteur a tellement mauvaise presse que, lorsqu’il rate son coup, il finit au bout du fusil de ses anciens frères d’armes. Déserter en sauvant sa peau n’est pas à la portée du premier troufion venu. Cela nécessite de la préparation (mais pas trop, parce que dans une débâcle le temps doit vous filer entre les doigts), du jugement, de la chance, bien sûr, beaucoup de chance, mais aussi des capacités physiques et une grande résistance aux privations et à la douleur. Le sergent Schirmer avait toutes ces qualités, en quittant le champ de bataille d’Eylau, dans l’espoir que la chance lui sourirait. « Les Dragons d’Ansbach comptaient peu de survivants et, parmi ceux-ci, quelques-uns seulement traverseraient les épreuves à venir. Ceux qui souffraient de blessures ou de gelures graves mourraient les premiers. Puis, quand les chevaux auraient été mangés ou perdus, la faim et la maladie n’épargneraient que les plus jeunes et les plus robustes. Vingt-quatre heures auparavant, le sergent pouvait espérer être du nombre. Mais c’en était fini maintenant. Il avait été lui-même blessé dans l’après-midi... »

L’histoire débute donc en février 1806, dans les plaines glacées et enneigées de Pologne pour se terminer quelque part à la frontière gréco-macédonienne en 1950. Il y est, comme le titre l’indique, question d’héritage ; un héritage substantiel de quelques millions de $ qui pourrait bien devoir revenir au dernier descendant du Dragon, sous réserve que le jeune avocat débutant chargé du dossier réussisse à le retrouver. C’est une belle histoire, bien menée, élégamment écrite et qui permet de s’interroger au passage sur la notion d’héritage. Qu’est-ce qu’un bel héritage ? Des millions ou un modeste livret d’épargne ? Quelques lettres ou quelques photos, souvenirs des jours heureux ? Ou autre chose de plus tangible pour peu qu’on y prête attention ? Partez donc à la poursuite des héritiers du sergent d’Eylau, dans les bourgades de l’Allemagne de l’immédiat après-guerre ou dans les montagnes de Macédoine. Une chose est certaine, Eric Amber a laissé un bel héritage dont nous pouvons tous profiter en lisant ses excellents romans.

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La croisière de l'angoisse

Eric Ambler tisse la toile d'une histoire d'espionnage en utilisant l'ensemble des ficelles inhérentes à ces histoires qui ont éclos en abondance à l'époque de la guerre froide, même si ici la trame a été créée dans le contexte du début de la seconde guerre mondiale.



Graham, un ingénieur britannique en voyage d'affaires en Turquie pour un contrat d'armement, se retrouve bien malgré lui embarqué dans une aventure dont l'issue pourrait lui être fatale, puisque « on » a décidé que ce contrat ne devait pas se finaliser, partant de là, qu'il devait donc ne pas arriver vivant en Angleterre.



Le moyen le plus sûr pour regagner Albion étant la voie maritime, il s'embarque donc sur un petit cargo n'accueillant que quelques passagers, représentant un panel intéressant de nationalités vélléitaires. Parmi cette joyeuse assemblée de couples ronchons ou endeuillés, se trouve un assassin mystère...



Se joue ainsi une sorte de drame en huis-clos, qui se déroule comme une partie de billards, où les personnages s'entrecroisent et s'entrechoquent dans des coups à plusieurs bandes.



Il ne s'agit peut-être pas du meilleur Ambler, « Le masque de Dimitrios » ou « Topkapi » peuvent éveiller davantage l'attention du lecteur, cela étant, on achève sa lecture en ayant le sentiment d'avoir retrouvé un peu de cette atmosphère particulière et surannée de la grande époque des agents et autres se(a)igneurs de l'ombre....
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Le masque de Dimitrios

Charles Latimer, auteur de romans policiers en quête d'une bonne histoire, est informé par le colonel Haki, chef de la police secrète turque, que le corps d'un criminel recherché depuis près de vingt ans par toutes les polices d'Europe, a été retrouvé flottant sur les eaux du Bosphore. L'écrivain se fait détective. A travers un périple qui le conduit à Athènes, Belgrade, Paris, Genève, il remonte la piste de Dimitrios, homme aux masques multiples et aux ressources infinies. Dans la veine de Graham Greene ou de Dashiell Hammett, ce n'est pas tant la solution qui importe que le chemin hasardeux, erratique et mal famé, nécessaire pour la trouver. Un peu déroutant dans sa première partie, le roman gagne en intérêt lorsque l'apprenti limier se rapproche de sa cible.

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Épitaphe pour un espion

Encore un très bon Ambler, dont l'intrigue, sous forme de huis-clos dans le sud de la France, n'est pas sans rappeler certains drames à la Agatha Christie, la petite touche d'espionnage en plus. Toute une galerie de personnages, qui nous accroche du début à la fin de l'histoire.
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Je ne suis pas un héros

Un accident, vraiment ? Par une nuit de brouillard, à Milan, un citoyen britannique (Ferning) est écrasé par une voiture. Le lecteur a tout vu: l’homme était suivi, la voiture lui a foncé dessus. Puis elle a refait un passage pour l’achever !



Ainsi débute cette histoire qui se passe en 1937. Le remplaçant du mort se nomme Nicky Marlow. Ingénieur, parlant italien, il se sent contraint pour échapper au chômage de s’expatrier en Italie pour prendre la direction d’une filiale de machine-outils, Spartacus. Problème: l’agence Spartacus fournit des machines destinées à la fabrication des obus. Nous sommes en 1938 et, en Europe, des bruits de bottes se font entendre...



« Les peuples tremblent, l’Amérique s’inquiète, le monde, désorienté, s’effraie. Quelque chose doit craquer, quelque chose va craquer... »



Ainsi parle le mystérieux et ambigu Zaleshoff, voisin de bureau de Marlow, importateur de parfums marocains qui insiste pour dîner avec lui et lui montre une photo de son prédécesseur.

Un autre homme, un général Yougoslave, Vagas, s’intéresse à Marlow et va lui proposer de l’argent en échange d’informations à propos des usines qu’il visite et des machines qu’il vend. La femme de Vagas glisse en secret un petit papier à Marlow lui disant que son mari a tué Ferning.

Zaleshoff lui dit que Vagas est un agent allemand et essaie de le convaincre de simuler l’espionnage pour donner de fausses informations. Dans un premier temps, Marlow, qui ne veut se mêler de rien d’autre que son travail, refuse. Mais il est tabassé dans la rue et sur le coup de la colère, il décide d’entrer dans le jeu. Il faut dire que depuis qu’il est arrivé en Italie, son passeport lui a été confisqué par les autorités et qu’il est sans cesse suivi par des hommes de la police secrète.



Marlow rencontre Vagas au bord d’une route et commence à feindre d’espionner pour lui. C’est Zaleshoff qui se charge de fournir de faux documents crédibles.

Mais les choses s’accélèrent. Vagas a été dénoncé par sa femme et s’est enfui. Marlow est recherché par l’OVRA la terrible police politique. Il risque fort d’être abattu sans sommation. Heureusement, Zaleshoff, sans doute le vrai héros du roman va conseiller, guider et littéralement prendre en charge Nicky Marlow, le narrateur.

C’est le début d’une traque épuisante, marcher sans se faire voir, sauter d’un train de voyageur en marche, ne pas dormir, se déguiser, être démasqué, se cacher dans un train de marchandise, être capturé, s’échapper, se cacher sur le toit d’un train, assommer un homme, se déguiser encore une fois en cheminot pour pouvoir prendre le train en troisième classe etc...Le lecteur se demande comment ça va finir.



Au bout de leur fuite, les deux hommes se retrouvent à passer la frontière italo-yougoslave en pleine tempête de neige ils perdent le chemin et se retrouvent à errer dans les montagnes.

Une lumière dans la nuit. C’est cette petite maison où une jeune femme, Simona, les accueille à l’abri. Et c’est une séquence magnifique, impromptue, dans ce roman d’espionnage et d’aventure, avec le vieux mathématicien qui pense avoir découvert la théorie du mouvement perpétuel et montre son oeuvre de vieux fous aux deux hommes épuisés...



Nicky Marlow finira par rentrer chez lui à Londres, laissant derrière lui Zaleshoff, sa soeur et leurs mystères. Qui était-il, un agent russe, un agent américain, un homme qui veut sauver le monde ? C’est tout le charme de ce roman que de ne boucler aucune intrigue - sauf la principale: Marlow s’en tire -, de ne donner aucune réponse définitive. Ecrit en 1938, il donne une idée du climat qui précède une guerre mondiale...
Lien : https://killing-ego.blogspot..
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Je ne suis pas un héros

Eric Ambler sait nous plonger dans l'ambiance feutrée mais agitée du monde de l'espionnage et du milieu obscur des affaires, en insuflant un rythme percutant à son récit, en jouant avec les soubresauts des événements. Ses personnages, répondant aux critères des combattants de l'ombre, conservent une vraie fraîcheur, qui nous les rend instinctivement proches et sympathiques.
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Le masque de Dimitrios

Tout amateur du genre aimerait pouvoir, une fois, commettre un bon roman policier. Tout auteur de roman policier (n’en étant pas, je le suppose) connait l’angoisse de la page blanche qu’il affronte bravement, une fois son sujet choisi, par une documentation étoffée et sans failles.

Prenez un écrivain anglais en quête d’une bonne histoire, envoyez le à Istanbul et mettez le en présence de l’un de ses lecteurs assidus, lequel aurait des velléités de prendre la plume en pensant tenir un excellent sujet de roman mais n’en a pas le loisir, pris qu’il est par une activité professionnelle qu’on pourrait qualifier d’exigeante. Nous sommes au printemps de 1939 et le lecteur se trouve être également chef de la police secrète turque.

Bien entendu le sujet de roman sympathiquement proposé par le lecteur à son auteur, s’il ravit le premier, se voyant déjà co-auteur, n’enthousiasme guère le second. Le dossier d’un vrai délinquant dont on vient de trouver le cadavre échoué sur une des rives du Bosphore fournirait assurément un bien meilleur sujet. Ce Dimitrios était un féroce délinquant aux multiples forfaits et aux multiples identités ayant sévi pendant près de quinze ans un peu partout en Méditerranée. Assassinats, trafics de drogue, prostitution, espionnage, attentat politique, il était partout et la police turque est ravie d’en avoir terminé avec lui. Voilà un personnage qui serait parfait si l’on pouvait remonter la piste de ses méfaits pour nourrir la documentation tellement nécessaire à la rédaction d’une bonne histoire. Notre auteur remercie son lecteur en lui promettant de réfléchir à son sujet qu’il abandonne sitôt seul pour se lancer sur la piste de ce Dimitrios, de Smyrne à Paris en passant par Athènes, Sofia ou Genève.

Résumons: un auteur consciencieux et ambitieux, un personnage principal avec un pédigrée long comme un jour sans pain, une bonne histoire et une documentation qui s’étoffe au fil des escales : tout semble réuni pour faire un excellent roman. Mais si, d’aventure, le personnage finissait par devenir tellement envahissant que l’intégrité physique de l’auteur soit remise en question, n’y aurait-il pas matière à regretter d’avoir dédaigné la tranquille banalité de l’intrigue proposée par le policier ?

C’est le sujet de ce roman étrange et original salué, en son temps, par d’aussi enthousiastes que fameux parrains tels que MM Alfred Hitchcock, Ian Fleming ou Graham Greene.

A conseiller aux amateurs du genre et même aux autres…

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Frontière des ténébres

Que peuvent avoir de commun l'éminent physicien Henry Barstow et un personnage aussi trouble que Simon Groon qui travaille pour l'une des plus grandes sociétés productrices d'armes? Et comment le paisible professeur Bastow a été amené à devenir un redoutable agent secret? La réponse à ces questions va se jouer dans les bas-fonds sordides d'Europe orientale. Car notre physicien bien tranquille Henry Barstow va déjouer les projets atomiques des Ixaniens.

Pionnier du thriller anglais, précurseur de Le Carré, salué par Hitchcock et Welles, Éric Ambler porte un regard vertigineux, à bien des égards prophétiques, sur la manière dont l'argent fait tourner le monde. Avec la Frontière des ténèbres, Ambler nous offre un roman où transparaissent les préoccupations de notre époque : guerre, révolution, trafic d'armes, terrorisme. Pour autant, mais ce n’est que mon avis, ce roman-ci est peu représentatif du talent d’Éric Ambler


Lien : https://collectifpolar.com/
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Le masque de Dimitrios

Le masque de Dimitrios est l'archétype réussi du roman d'espionnage-policier. D'une efficacité redoutable, reposant sur une intrigue, certes simple, mais conduite avec une telle habileté, une telle fluidité, que le lecteur se laisse conduire jusqu'au dénouement, en se disant à chaque instant: je suis en train de lire un petit chef-d'œuvre. Dimitrios, l'homme-mystère, comme toute la galerie des personnages de ce roman, nous fait regarder au travers des abîmes de l'âme humaine, et nous fait voyager dans cette vieille Europe, comme si nous étions dans un photomaton.
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Le masque de Dimitrios

Le meilleur livre d'espionnage que j'ai jamais lu. L'intrigue est particulièrement complexe et les personnages sont fouillés. Un livre à lire absolument.
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Le masque de Dimitrios

Un corps repêché dans le Bosphore, un écrivain en mal d’inspiration, tel est le début d’une quête nous menant de Turquie en Bulgarie, puis en Suisse et pour finir à Paris, où tout se dénoue. Écrit en 1939, cet étrange roman, qui ne fait curieusement aucune référence à la guerre, si proche pourtant, raconte le périple européen de Charles Latimer, économiste et écrivain de renom, qui s’est entiché du personnage se cachant derrière ce cadavre énigmatique. Tel Ulysse errant d’île en île dans un retour sans cesse différé, notre héros veut toujours en apprendre plus et encore plus sur ce Dimitrios Alexandropoulos, malfrat itinérant dont il va reconstituer patiemment l’itinéraire, recueillant témoignage sur témoignage, pour finir par se mettre en danger à l’approche de la vérité. Une enquête parfaitement gratuite, mais haletante à souhait. Dans cette Europe fantomatique, où des choses terribles se préparent, l’odyssée de Latimer semble futile à nos yeux d’aujourd’hui. Et pourtant, quel talent d’écrivain, et quelle traduction sublime ! Un chef-d’œuvre du genre ! Mais au fait, de quel genre s’agit-il ? Espionnage ? Thriller ? Policier ? Récit d’aventures ? Reportage ? Les cinq, mon général, et plus encore…
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Le masque de Dimitrios

Un mpust désuet mais toujouts aussi agréable à lire du roman d'espionnage. A redécouvrir : Eric Ambler.
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Le masque de Dimitrios

Une belle édition donne envie de lire : CQFD mais au moins c'est dit.

Édition avec une traduction révisée, ainsi que la promesse par les éditions de l'Olivier de poursuivre notre plaisir d'exploration de l'oeuvre d'Eric Ambler. C'est toujours intéressant d'investir pour l'avenir....

Ici on voit du pays connu de tous (Istanbul, Athènes, Sofia, Belgrade) et du pays plus confidentiel : andrinople (l'actuelle Edirne aux confins de la Turquie européenne), Chambésy (près de Genève) et même Belfort au lion remarquable.

Ici, on croise un écrivain qui joue au détective et récolte en conséquence des amitiés intéressantes quoique dangereuses.

C'est plaisant d'être dans l'antichambre littéraire des James Bond et des George Smiley. On y retournera volontiers.

Seul aspect dommageable : [la morale est sauve, quel ennui cette honnêteté !]
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