Je connaissais
Eric Ambler via ses romans d'espionnage, avec
L'Héritage Schirmer l'auteur britannique emprunte d'autres chemins. Mais avec ces personnages et une histoire de succession, il nous fait vivre autant de péripéties qu'avec
le Masque de Dimitrios ou Epitaphe pour un espion. Comme souvent, son héros est un quidam que rien de prédestinait à vivre des aventures difficiles en terrain miné.
Ici une dame âgée, sans héritier connu, trépasse et c'est George Carey, un avoué de Philadelphie qui est chargé de la succession. Peu de pistes s'offrent à lui, mais les archives d'un ancien administrateur le mettent sur la trace de l'ancêtre de la défunte, un sergent des Dragons d'Ansbach qui déserta en 1807, et changea son patronyme pour échapper à la justice.
D'une guerre à l'autre, Carey doit quitter les Etats-Unis pour l'Europe en ruines, afin de localiser le descendant des Schirmer, un soldat allemand du 94è régiment d'occupation dont la trace s'arrête en Grèce en 1944..
De l'Allemagne à la Macédoine, Carey, aidé d'une interprète originaire de Zagreb qui hait les Allemands de toutes ses forces, tente de mettre la main sur le dernier des Shirmer.
L'un des attraits du roman est qu'il est ancré dans les ruines encore fumantes de l'Europe, et surtout dans la poudrière où s'affrontent les Partisans de l'ELAS et l'armée grecque gouvernementale. L'autre est la constante mise en abime sur les thèmes de la guerre, de la bataille d'Eylau à Thessalonique, et de l'errance. En parcourant l'arbre généalogique,
Eric Ambler nous interroge. Que gardons nous de nos ancêtres? « Mon véritable héritage, c'est ce que vous m'avez appris sur mon sang et sur moi même. »