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Citations de Eric Robertson Dodds (25)


Comme l’ont souligné des écrivains récents, c’est à Démocrite plutôt qu’à Platon que revient l’honneur contestable d’avoir introduit dans la théorie littéraire cette idée que le poète est un homme séparé du commun des mortels par une expérience intérieure anormale, et que la poésie est une révélation à côté et au-dessus de la raison.
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Reste le troisième type de démence « divine » dont parle Platon, celui qu’il définit comme « une possession (katokôchè) des Muses » et qu’il déclare indispensable à la production de la meilleure poésie. Quelle était l’ancienneté de cette notion, et quel était le rapport premier avec les poètes et les Muses ?
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Prenons comme point de départ l’expérience de la tentation ou de l’insufflation divine de la folie (atê) qui incite Agammemnon à compenser la perte de sa maîtresse en enlevant celle d’Achille : « Ce n’est pas moi » déclare-t-il plus tard, « qui suis coupable, mais Zeus, et le Destin, et l’Erinys qui marche dans l’obscurité : ceux-là, à l’assemblée, mirent sans mon entendement une atê farouche, ce jour où arbitrairement je dépouillai Achille de sa part d’honneur. Qu’y pouvais-je faire ? La divinité fera toujours ce qu’elle voudra. »
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Comme ces chapitres l'auront démontré, je l'espère, les hommes qui créèrent le premier rationalisme européen ne furent jamais - jusqu'à l'époque hellénistique - de « simples » rationalistes : je veux dire qu'ils étaient profondément et imaginativement conscients de la puissance, de la splendeur et du péril de l'irrationnel. Mais ils ne pouvaient décrire ce qui se passait sous le seuil de la conscience qu'en un langage mythologique ou symbolique ; ils n'avaient pas d'instrument pour le comprendre, encore moins pour le contrôler ; et à l'époque hellénistique un trop grand nombre d'entre eux commirent l'erreur de croire qu'ils pouvaient l'ignorer.

L'homme moderne commence à acquérir un tel outil. Il est encore loin d'être perfectionné, et il n'est pas toujours habilement employé ; ses possibilités et ses limites restent encore à explorer dans beaucoup de domaines, dont celui de l'histoire. Mais il semble justifier l'espoir que si nous l'employons avec prudence, nous parviendrons à la longue à mieux connaître notre monture ; et la connaissant mieux, que nous saurons mieux lui enseigner à surmonter ses craintes ; et enfin, la peur étant surmontée, que monture et cavalier feront un jour le saut décisif - et le feront avec succès. (pp. 251-252)
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Nous savons que le prophétisme extatique se pratiquait depuis des temps reculés au Moyen-Orient. Cela se produisait en Phénicie, comme l'atteste un document égyptien du XIe siècle ; et trois siècles avant, nous voyons le roi hittite Mursili II prier pour que lui soit envoyé un « homme divin » qui pourrait faire la chose qu'on demandait si souvent à Delphes : révéler pour quel péché le peuple était affligé de la peste. Ce dernier exemple serait particulièrement significatif si nous pouvions accepter (comme Nilsson tend à le faire) l'hypothèse de Hrozny pour qui Apollon, maître et médecin de la peste, ne serait autre que le dieu hittite Apulunas. Quoi qu'il en soit, il me semble à peu près certain, d'après les preuves fournies par l'lliade, qu'Apollon était, d'une façon ou d'une autre, originaire d'Asie. Et en Asie, tout comme en Grèce continentale, nous trouvons le prophétisme extatique associé à son culte.

Ses oracles à Claros près de Colophon et à Branchidée aux environs de Milet sont réputés avoir existé avant la colonisation de l'Ionie, et aux deux endroits le prophétisme extatique semble avoir été pratiqué. Il est vrai que nos témoignages sur ce dernier point nous viennent d'auteurs tardifs ; mais à Patara en Lycie - de l'avis de certains, la première patrie d'Apollon et certainement un centre ancien de son culte - à Patara, nous le savons par Hérodote, la prophétesse était enfermée dans le temple pendant la nuit en vue d'une union mystique avec le dieu.
(...)
A Delphes et, semble-t-il, à la plupart de ses oracles, Apollon produisait non pas des visions comme celles de Théoclymène, mais « l'enthousiasme » au sens premier et littéral. La Pythie devenait entheos, pleine du Dieu ; le dieu entrait en elle et se servait de ses organes vocaux comme s'ils étaient les siens, exactement comme le fait le « contrôle » chez les médiums spirites modernes ; c'est pourquoi les discours delphiques d'Apollon sont toujours mis à la première personne, jamais à la troisième. (pp. 76-78)
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