AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Erwan Larher (99)


Les HURLEMENTS.
Pas stylisés, pas tarantinesques.
Le sang poisse vraiment.
La mort sent vraiment.
Commenter  J’apprécie          40
Un héros aurait surmonté le ridicule de la situation et, malgré la douleur, se serait redressé pour, d’une voix rauque altérée par une souffrance maîtrisée, « envoyer ces enfants de salauds en enfer ! » Super Lavette gît dans son sang et celui de ses voisins, ne peut pas bouger, feint d’être mort. Super Lavette ne cache personne, ne protège personne, n’aide personne à s’enfuir. Super Lavette ne panse aucun blessé, ne comprime aucune artère, ne cautérise aucune plaie. Super Lavette n’est pas habitué au vacarme effrayant des armes de guerre.
Au VACARME EFFRAYANT d’une rafale de kalachnikov.
La guerre. Chez nous. Pas les images dans les écrans, pas ce que ton cerveau a reconstitué entre les lignes du Sang noir, du Voyage au bout de la nuit ou des Bienveillantes. Pas la compassion fugace entre une clope et un coup de fil après avoir entendu à la radio que les combats font rage ici ou là. Dans notre calme démocratico-républicain, dans notre ouate de privilégiés : la barbarie, la peur et les hurlements.
Les HURLEMENTS.
Pas stylisés, pas tarantinesques.
Le sang poisse vraiment.
La mort sent vraiment.
Les détonations pas en Dolby Surround® déchiquètent projets d’avenir et bien-pensance.
Commenter  J’apprécie          40
Est-ce un impératif, que « ça sorte » ? Peut-être n’y a-t-il rien à l’intérieur, rien à sortir. Tu peux écrire cette histoire comme une dramatique ; tu as la technique pour le faire. Il te serait facile de verser dans la tragédie, de laisser les mots s’enfler de larmes. Tu ne le feras pas. Tu prémédites de rédiger au pathos un chapitre pastiche, faisant fi de toute pudeur, foin de retenue, pleurs dans les chaumières, pour t’amuser et amuser le lecteur, lui montrer à quoi il a échappé. Tu ne le feras pas.
Un objet littéraire, la bonne blague !
Point positif, te dis-tu quand tu désespères, écrire autour du Bataclan t’oblige à sortir de tes ornières littéraires. Pour t’extraire de toi, désorienter tes questions, leurrer tes doutes, tu as demandé à d’autres de te donner un texte. Quelques très proches et moins proches. Regards extérieurs. Points de vue autres que le tien. Beaucoup ont accepté.
Commenter  J’apprécie          40
Tout le monde est capitaliste, non? C'est comme le McDo: même ceux qui critiquent y mangent.
Commenter  J’apprécie          40
Ce n'est pas parce que les gens geignent qu'ils veulent que les choses changent - et encore moins faire changer les choses, l'humain est paresseux. Combien se plaignent de leur conjoint mais restent en couple? Combien se plaignent de leur patron mais ne démissionnent pas? La démocratie t'aperçois-tu, c'est la liberté de rouscailler.
Commenter  J’apprécie          40
Frédo me prend le bras et le serre, je vais hurler, je hurle, je hurle, personne n'ose bouger, personne ne dit rien, nos parents sont tétanisés et moi je hurle. Alors Frédo, Frédo le magnifique, t'aurais dû voir ça, mon amour, il se met à hurler lui aussi, comme moi, là, au bord du trou dans lequel tu vas être ensevelie, il hurle, et les autres avec, Fanfan, Tatane, Spirou, Max, tous se mettent à hurler, oh foutredieu t'aurais adoré mon amour, on s'est tous serrés les uns contre les autres, agrippés, c'est vraiment ça qui m'a empêché de tomber à genoux, de me jeter dans la fosse, j'avais tellement envie de m'écraser contre le cercueil et de rester là, les bras en croix contre toi, avec toi, pour toujours comme l'avait dit le prêtre, et on hurlait à s'en ébrécher la gorge, reprenant à peine notre souffle, on hurlait et toi t'es morte, t'es morte, t'es dans ce cercueil, putain !, mais comment c'est possible une douleur pareille ? Comment c'est possible ? C'est pas humain, bon sang, pas humain. Ils ont expédié l'enterrement, les funèbres pompeurs et le prêtre, pas du tout rassurés entre les punks hurleurs et les barbouzes impassibles.
Commenter  J’apprécie          40
Pourquoi le quotidien tuerait-il l'amour puisque précisément l'amour ne se vit qu'au quotidien ?
Commenter  J’apprécie          40
Elle a l'impression que ça n'existe pas quelqu'un. Il y a des moments de quelqu'un, des facettes de quelqu'un, des instantanés de quelqu'un. Elle n'est jamais une, elle se sent multiple, mouvante.
Commenter  J’apprécie          30
le corps ne se retape pas sans amour ; il faut lui donner une raison de lutter. Tu bénis ton naturel jovial, qui te fait non pas prendre mais recevoir l'épreuve à la légère. Il existe un mot en occitan : lou ravi
Commenter  J’apprécie          30
Le jour où tu eus la révélation que tu étais aussi con que les autres, tu décidas de te retirer du monde.
Commenter  J’apprécie          30
Elle secoue la tête puis reprend, comme si elle avait eu une illumination :
- Est-ce que vous voulez bien qu’on essaie quelque chose ?
- D’accord.
- Mettez-vous dans la position dans laquelle vous étiez quand la balle est entrée.
- En chien de fusil ?
- Oui.
Elle place alors une main sur la cheville droite et une sur la fesse gauche de l’Ecrivain. Qui commence à haleter, à frémir. Les doigts posés sur la cicatrice d’entrée du projectile lui brûlent la peau ; la brûlure s’enfonce dans la chair. Il vibre de l’intérieur tandis que dévalent de longs sanglots. Sa fesse gauche n’est que lave incandescente. De longues minutes durant, il trépide, il pleure, il se consume. Puis tout se calme. S’apaise. Il a l’impression physique d’avoir retrouvé une fesse normale. Anne-Cécile semble aussi troublée que lui. Elle bafouille un peu en lui expliquant que…
- … votre corps n’avait pas compris que la balle était ressortie. Alors je l’ai retirée. Enfin…je n’ai pas terminé, je finirai lors de la prochaine séance ».
Commenter  J’apprécie          32
Les gens heureux n’ont pas envie de mendier, pas envie de casser, pas envie d’arracher des sacs à main, de torturer pour une rançon. Encore moins de tirer au hasard dans la foule, de s’immoler par le feu ou de se suicider sur leur lieu de travail – quand ils en ont un. Le seul moyen de faire cesser la violence n’est pas de punir mais de rendre les gens heureux.
Commenter  J’apprécie          30
Un pion qui ôte la vie à d'autres pions pendant que rois et reines de chaque côté de l’échiquier dorment en sécurité à l'abri de leurs tours (p89).
Commenter  J’apprécie          30
Après l’effroi et l’angoisse, c’est maintenant la colère qui me domine. Colère contre ces barbares – qu’est-ce qu’ils croient ? -, colère contre ma patrie incapable de protéger sa jeunesse – alors voilà, on peut débarquer à Paris avec des kalachnikovs et ouvrir le feu au hasard, ou pas forcément au hasard mais sur n’importe qui – et Dieu est dans n’importe qui -, colère contre Erwan qui sort sans téléphone portable – comme si ça pouvait changer quelque chose à ce moment-là -, et colère à nouveau contre Erwan parce que je suis certain que, quand il va sortir de cet enfer, il ne va même pas leur en vouloir, il va continuer à regarder le monde avec sa tête de cyber ludion au charme en bandoulière – et c’est tant mieux.
Commenter  J’apprécie          30
Tu restes cloîtré des semaines dans ta géhenne, qui deviennent des mois. Les regards apitoyés et compatissants ta ramènent, agaçant ressac, à ton statut de vedette, de curiosité, de symbole, rayer les mentions inutiles. Pas une victime comme les autres dans un monde qui s’y entend pourtant à les engendrer en s’arrosant de pesticides, se goinfrant d’additifs, se saupoudrant de particules fines, harcelant ses femmes et ses salariés avant de les faire crever sur la route ou se pendre ; pas une victime comme les autres, non, un survivant des attentats les plus meurtriers perpétrés en France depuis soixante-dix ans. En te blessant, ils ont blessé chacun d’entre nous. Les réactions à ton égard vont bien au-delà de la solidarité : tu es une partie du corps social assailli. Ceux qui te soignent, te croisent, te soutiennent, t’aident ont été attaqués en même temps que toi. Tu es le paradigme d’une civilisation défiée, de la liberté agressée. Tu n’as compris cette identification que très tard, même si depuis ce 13 novembre 2015, sans cesse on te demande (« puisque vous êtes écrivain ») si tu vas écrire dessus.
Non. Tu vas écrire autour.
Commenter  J’apprécie          30
"Je délire, je divague, je t'aime"
Commenter  J’apprécie          30
"Chez Trust Me, on le surnommait Pourquoi, question dont il inondait en permanence ses collaborateurs. Il ne voulait rien qu'on fît sans se demander pourquoi, sans relâche, jusqu'à atteindre l'irréfragable*.

* Par exemple : sortons un nouveau produit / pourquoi / pour concurrencer Love U sur ce secteur / pourquoi / pour rester n°1 / pourquoi / pour faire des bénéfices / pourquoi / pour garder la confiances des marchés / pourquoi / pour ne pas que l'action baisse / pourquoi / parce que les actionnaires ne seront pas contents/ et alors ?
Commenter  J’apprécie          30
Sylvain bosse pour Sam l’Escargot. On le questionne sans cesse : Il est sympa ? Bizarre ? Qu’est-ce qu’il fait dans la vie ? Est-ce qu’il vit seul ? C’est un homme ou une femme ? Hein ? hein ? Allez, Sylvain, tu peux me le dire, à moi !
Commenter  J’apprécie          20
La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut être. Il faut tenter le pari. p237
Commenter  J’apprécie          20
Tu es un romancier qui invente des histoires, pas qui romance sa propre histoire. Tu as besoin de liberté. Tu ne veux pas décrire. L'odeur. Les HURLEMENTS. Au-delà des mots. Au-delà de l'imagination. Vous n'en saurez jamais rien, des HURLEMENTS, quelle que soit la plume.
Et puis tu as tendance à oublier ce qui t'as fait souffrir. A embellir. Enjoliver. Optimiser. C'est bien foutu, tout de même, le cerveau humain !
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Erwan Larher (554)Voir plus

Quiz Voir plus

Un couple : un chef d'oeuvre et son musée (n°2/2)

"Impression, soleil levant" de Monet

Musée d'Orsay à Paris
Musée Marmottan-Monet à Paris

10 questions
67 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , art , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}