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Critiques de Eva Dolan (92)
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Les Chemins de la haine

Un polar oui parce que les deux enquêteurs tenteront de trouver qui a assassiné ce travailleur estonien brûlé vif mais aussi une espèce de chronique sociale sur le racisme, les crimes haineux et le travail (l'esclavage plutôt) des travailleurs migrants.

Ce premier récit d'Eva Dolan est très bien mis en scène, bien amené et bien conclu. On nous parle souvent du sort réservé aux femmes de l'est qui immigrent clandestinement et se retrouvent esclaves sexuels, ici le sort des hommes migrants venus chercher du travail n'est guère mieux. Prisonniers de "gangmaster", logés dans des baraquements à la limite de la salubrité, peu ou parfois pas payés, ces hommes venus chercher un meilleur ailleurs se trouvent sous le joug de la peur, de la brutalité et de la haine, se retrouvent là où leur vie n'a de valeur que si leurs muscles travaillent et encore. Et tout ça se passe dans une petite ville toute britannique. La particularité ou plutôt la sensibilité particulière de ce roman est que nos deux enquêteurs, Zigic et sa partenaire Ferreira sont eux-même issus de communauté culturelle immigrante, polonaise et portugaise. Ce qui leur donne une motivation particulière à travailler au bureau des Crimes de haine.

Eva Dolan nous a conduit dans un monde parallèle, tout juste à côté de chez soi, là où il ne fait pas bon vivre. Perturbant.
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Les Chemins de la haine

Dans la banlieue de Pertersborough, une ville de l'Est de l'Angleterre, au petit matin, l'abri de jardin d'un pavillon part en fumée. A l'intérieur, Jaan Stepulov, un SDF letton qui faisait le malheur des propriétaires de la maison. Violent, alcoolique, il squattait les lieux et terrorisait le couple Barlow. Poussés à bout, ont-ils allumé cet incendie mortel pour se débarrasser de leur locataire indésirable ? Ils sont en tout cas les premiers suspects de l'inspecteur Dushan Zigic et son adjointe le sergent Mel Ferreira, de la brigade des crimes de haine. Mais les autres pistes ne manquent pas. Crime raciste ? Crime familial ? Crime lié au travail des clandestins ? A charge pour Zigic et son équipe de démêler les fils dans un milieu qui pratique la loi du silence.



Bien loin des images de cartes postales d'une Angleterre bucolique et accueillante, Eva Dolan nous emmène dans le monde invisible des travailleurs clandestins exploités par les marchands de sommeil, les pourvoyeurs d'emplois peu regardants, les patrons peu scrupuleux, les contremaîtres intransigeants. Ici, les polonais, les portugais, les serbes, les chinois, les lettons et tous ceux qui viennent tenter leur chance à l'Ouest, se retrouvent prisonniers d'un système bien rôdé où tout le monde trouve son compte sauf eux bien sûr, précaires, mal payés, mal logés, assignés aux tâches les plus rudes, quand ils ne sont pas simplement réduits en esclavage, brimés, frappés, enfermés, pas rémunérés. Tous se taisent, par peur des représailles, par peur d'être renvoyés au pays, parce qu'ils n'ont aucun droit, aucune existence légale.

Issus eux-mêmes de l'immigration, lui est d'origine serbe, elle est portugaise, Zigic et Ferreira sont bien placés pour comprendre les difficultés, les peurs et les espoirs déçus de cette population clandestine. Ce n'est donc sans doute pas par hasard qu'ils se retrouvent à la brigade des crimes de haine, soucieux qu'ils sont de rétablir les droits de ceux qui souffrent de l'exil, de l'exclusion, du racisme et des préjugés.

Avec ces deux enquêteurs bien croqués, Zigic le pondéré et Ferreira l'impétueuse et sa volonté marquée de nous montrer en face la triste réalité d'une Grande-Bretagne touchée par la crise mais qui garde toujours son pouvoir d'attraction pour les migrants, Les chemins de la haine est un polar social très réussi qui énonce quelques vérités bien senties sur nos sociétés favorisées et la façon dont nous fermons les yeux sur ce qui nous dérange...Un livre qui fait réfléchir.
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Les oubliés de Londres

Gentrification : Phénomène urbain par lequel des personnes plus aisées s’approprient un espace initialement occupé par des habitants ou usagers moins favorisés, transformant ainsi le profil économique et social du quartier au profit exclusif d’une couche social supérieur.



Cela fait des années que Molly lutte. Elle a été de tous les combats et à soixante ans passés, elle livre peut-être sa bataille finale. S’il le faut elle sera la dernière habitante de son immeuble appelé à la destruction pour permettre la construction d’une résidence haut de gamme dans l’un des derniers quartiers populaire de Londres. Elle va se battre, Molly, avec l’aide de Sinclair un journaliste opiniâtre et surtout de Hella une jeune doctorante enragée qui lui rappelle sa fougueuse jeunesse. Molly et Hella vont bientôt être liées par un terrible secret, la jeune femme en état de légitime défense a tué un homme et Molly l’a aidé à se débarrasser du corps. L’histoire ne fait que commencer.



Nous avions découvert Eva Dolan avec « Les chemins de la haine » un polar de très bonne facture, l’année suivante « Haine pour haine » avait confirmé son immense talent.



Avec « Les oubliés de Londres » Eva Dolan rentre avec fracas dans la cour des grand(e)s.



Deux formidables portraits de femmes, une vraie étude sociologique et politique d’une ville dans son époque c’est déjà alléchant mais il y a aussi et surtout une construction romanesque diabolique et complètement addictive.



Eva Dolan devient une écrivaine incontournable. Pris dans une intrigue surprenante de bout en bout, le lecteur se met à imaginer la formidable mini-série que l’on pourrait réaliser avec un tel matériau.



Une idée de casting ? Mes deux Emma préférées, Thompson et Watson.



God Saves Eva Dolan, la correspondante anglaise de Virginie Despentes.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les Chemins de la haine

Il était mort, mais « sa famille [en Chine] poursuivrait le cours de son existence en pensant qu'il avait dû trouver là-bas quelque chose de mieux, quelque chose qui faisait qu'il les avait oubliés. Une autre femme, peut-être. Une meilleure vie. C'était pour ça qu'on allait en Angleterre, après tout. »



L'Angleterre, Eldorado pour de nombreux migrants, notamment en provenance d'Europe de l'est.

Mais plus souvent qu'un bon job et le salaire décent qui va avec, ils y trouvent des marchands de sommeil, qui les font travailler pour rien ou quasi, les vendent/louent à des industriels, des employeurs du bâtiment, des exploitants agricoles, des proxénètes.

La vie de ces femmes et de ces hommes ne vaut rien, et si la façon dont ils sont traités ne les en a pas encore convaincu, la haine des sympathisants des mouvements nationalistes britanniques sera là pour le leur rappeler. De même que l'inertie des pouvoirs publics, qui ferment les yeux à double tour car cette économie souterraine est bien pratique.

« Ceux qui avaient le pouvoir d'arranger les choses profitaient trop de la situation telle qu'elle était pour vouloir qu'elle s'améliore. »



Voilà le contexte de ce polar social.

On y rencontre des exilé(e)s fraîchement arrivé(e)s au Royaume-Uni, des victimes, des bourreaux et leurs complices. Et deux flics enfants d'immigrés - l'une fille de Portugais, l'autre descendant de Croates. C'est sans doute grâce à leurs origines que ces deux-là se battront pour aller au bout d'une enquête aussi complexe que périlleuse.



Ce roman est un précieux témoignage sur les conditions d'accueil de certains étrangers en Occident et sur la xénophobie des populations locales - aggravée par la crise économique.

J'ai peiné à le lire malgré l'intérêt du sujet. Est-ce la chaleur, ou l'intrigue est-elle particulièrement lente ?

J'étais rassurée de lire cette phrase (p. 431/525, quand même) : « Enfin du mouvement dans cette enquête. »



A compléter avec le roman 'Les Echoués' (Pascal Manoukian), la BD 'Chantier interdit au public' (Claire Braud & Nicolas Jounin, collection Sociorama), etc.
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Les Chemins de la haine

Bien des atouts !



• Une intrigue policière qui ne joue pas la surenchère en rebondissements inappropriés ou irréalistes,

• Une équipe d’enquêteurs constituant une cellule d’investigations en Crimes Haineux, collant à l’actualité contemporaine liée aux problèmes des migrants et au racisme ordinaire associé,

• Un sujet controversé sur la cohabitation d’une population britannique et d’immigrants illégaux exploités, et l’impact sur l’économie locale,

• Un décor de laideur et de tristesse dans une petite ville éreintée par la crise et une ruralité désespérante.



Eva Dolan nous embarque tranquillement mais sûrement dans une Grande-Bretagne multiculturelle par ce livre social et militant qui brouille les pistes avec savoir-faire, nous donnant aussi l’impression de plonger en enquête journalistique. Elle évite le manichéisme, façonnant des personnages complexes tels les enquêteurs issus eux-mêmes de l’émigration.



Derrière la plume, l’indignation semble palpable et l’intelligence de l’intrigue accroche.

La lecture devient addictive, tant par le désir d’aboutir à la vérité que par le contexte en grisaille de bidonvilles, de trafiquants d’esclavage moderne, d’exploitation des femmes et de familles brisées.



Une nouvelle voix dans le genre polar, qu’il conviendra de suivre si ses personnages deviennent récurrents.

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Haine pour haine

Peterborough au nord de Londres, déjà trois étrangers assassinés à coups de bottes dans la figure.



Les inspecteurs Zigic et Ferreira de la section des crimes de haine soupçonnent un groupe néo-nazi.



C'est sans doute pas mon truc, ça m'a semblé compliqué, j'ai souvent décroché.

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Les oubliés de Londres

Un roman sur l’embourgeoisement des centres-villes qui rejette les classes populaires à la périphérie. Il est axé sur deux femmes. Hella est jeune et issue d’une famille aisée et s’est engagée dans la défense d’un quartier où elle a fait la connaissance d’une photographe, militante de longue date. Le livre commence par un corps et ces deux femmes vont le pousser dans la cage d’ascenseur de l’immeuble quasi vide et voué à la destruction imminente où vit Molly.



Deux femmes et deux temporalités, une au présent et l’autre à rebours, en chapitres courts qui s’alternent pour amener à un dénouement qui se profile très tard.



Rien à dire au niveau de l’écriture et/ou de la traduction mais que c’est lent, lent, long, dilué, les indices et informations pertinentes sont noyées ! Tellement que je suis venue lire les avis pour voir s’il fallait que je termine cette pénible lecture ou que je l’abandonne sans remords !!



J’ai terminé ce roman et la fin a mérité une étoile de plus bien que l’ayant trouvé un peu précipitée après tant de temps à dispenser quelques infos ! Je tenterais une autre lecture d’Eva Dolan dans quelque temps, histoire de me faire une opinion, sa prose étant assez plaisante.



Challenge Jeux en Foli...ttérature X

Pioche Polar avril 2022 par Rennath
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Les Chemins de la haine

Dans une petite ville sinistrée d'Angleterre, on vient de découvrir le cadavre d'un homme, brûlé vif dans un abri de jardin. Il s'agirait d'un ressortissant estonien venu chercher fortune dans ce pays, comme beaucoup d'autres.

La brigade des crimes de haine, elle-même composée de policiers d'origine étrangère, est chargée de l'enquête.

J'ai découvert - tout en m'en doutant un peu - la vie dramatique des exilés en Grande-Bretagne : pour leurs employeurs, ils ne sont que du bétail, la population les méprise (d'ailleurs, même les policiers ayant un nom à consonance exotique doivent avaler des couleuvres), la corruption sévit et ils ne se respectent pas toujours entre eux. Et que dire de la condition des femmes qui pensaient trouver une vie meilleure dans un autre pays.

Je n'ai trouvé le fin mot de l'histoire que dans les avant-dernières pages, c'est donc un bon roman policier.

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Haine pour haine

« Toute ressemblance avec une situation existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence »… Eva Dolan nous décrit, avec une grande précision, la façon dont une société se dissout.



La ville de Peterborough a été choisie par Richard Shotton, qui dirige un parti d’extrême-droite, pour avancer ses pions. Il a fait le choix de jouer la carte de la respectabilité. Pour cela, il a dépensé beaucoup d’argent pour obtenir que les groupuscules néo-nazis se tiennent calmes : il lui faut à tout prix éviter les débordements. Voilà qui nous rappelle vaguement quelque chose… Mais avec ces deux affaires dans lesquelles des étrangers qui semblent être visés directement, il a bien du souci à maintenir sa ligne de conduite…



De leur côté, les différentes communautés sont elles-mêmes partagées par des lignes de faille. Musulmans, polonais, serbes, portugais… la question même de ce que signifie être étranger n’épargne personne, pas même nos deux enquêteurs, eux-mêmes directement concernés.



Ce qui est particulièrement intéressant dans ce roman, c’est la façon dont Eva Dolan met en scène la quasi-impossibilité qu’il y a à éviter les préjugés. Le sergent Ferreira voudrait tant que les réponses soient simples et univoques ! Au fur et à mesure que les suspects potentiels se présentent, elle veut se convaincre de leur culpabilité. Mais peut-être la vraie vie est-elle un peu plus complexe que cela…



Ainsi, chacun porte son petit secret, plus ou moins lourd, plus ou moins coupable, et s’obstine à le masquer. Et c’est au travers de tous ces faux-semblants que Zigic et Ferreira vont devoir trier entre fausses pistes et vrais mensonges.



Un roman noir, très noir, qui laisse peu d’espace à l’espoir. La haine, qui est – au moins dans ses titres – au centre des préoccupations d’Eva Dolan, est ici largement présente, transpirant à chaque page. Une écriture au rasoir, qui laisse sa marque sur les chairs mises à nu…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Haine pour haine

Des victimes dans les communautés d’origine étrangère de la Grande Bretagne, des gangs de mouvance néonazie, un parti politique d'extrême droite qui tente de faire croire qu’il a les mains toujours propres...



Un contexte réaliste, comme un second volet au premier roman remarqué* de l’auteure anglaise, qui continue à nous sensibiliser à la peur des étrangers et aux mécanismes pernicieux des conséquences de l’émigration, et la pauvreté et la violence qui s’y attachent.



L’essai n’est pourtant pas transformé pour moi. C’est même une déception. C'est laborieux, ça tourne en rond, on peine à avancer dans la recherche de la vérité, à l’image des pauvres enquêteurs qui passent de déconvenue en déconvenue au fil de leur enquête.

J'ai même fini par me mélanger les noms et conclure une lecture en diagonale, aucun ressort narratif ou aucun suspense devenant dynamiser le récit.



Eva Dolan s’attache à dénoncer la haine ordinaire dans une population de « gagne-petit », une tendance à la xénophobie, gangrène de certaines couches de la société anglaise très multiculturelle. Ce second roman apparaît moins convaincant dans son travail d'écriture et beaucoup plus convenu pour une réalité qui dépasse les frontières de son pays.



*Grand prix Polar des lectrices ELLE 2018

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Les Chemins de la haine

Un corps calciné dans l’abri de jardin d’un pavillon d’une triste banlieue, peut-être le cadavre d’un travailleur clandestin, esclave moderne, travailleur pauvre qui ne peuvent pas se payer un logement. Insécurité, chômage, peur de l’autre, fracture sociale, la récession économique n’en finit pas dans cette ville ouvrière de l’Est du pays.



Marchands de travail, marchands de sommeil, marchands de survie, bétail humain, nationalisme rampant, Zigic et Ferreira les deux policiers chargés de l’affaire le savent, l’Angleterre promise n’existe pas et les chemins de la haine mènent au pire de la condition humaine.



Autopsie du travail au noir, de ses dérives, et de l’exploitation des travailleurs précaires venus de l’Est de l’Europe, « Les chemins de la haine » est une enquête minutieuse et chirurgicale.



Qu’au commissariat de Peterborough soit ouvert une section des crimes de haine est un marqueur, cette région du Nord-Est de Londres a pris de plein fouet toutes les crises successives depuis que le terme crise économique existe. Ecriture froide, style implacable, le premier roman d’Eva Dolan redonne au polar social ses lettres de noblesse.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les oubliés de Londres

J’ai découvert Eva Dolan grâce au Grand Prix des Lectrices Elle et depuis je suis ce qu’elle écrit ; les deux premiers livres suivaient les enquêtes de deux inspecteurs dans une ville désindustrialisée- Peterborough- mais là, l’intrigue s’installe à Londres et s’intéresse à deux femmes. La première Molly, la soixantaine, est une activiste depuis des années, toujours en lutte contre les inégalités ; la deuxième une jeune femme Hella, fille de policier mais qui, depuis quelques mois, remue ciel et terre pour aider ceux que la spéculation immobilière dans Londres chasse de chez eux. Quel point commun entre ces deux femmes ? Un cadavre, celui d’un homme qui l’agressait dit Hella à Molly pour la convaincre de l’aider à se débarrasser de lui sans appeler la police ! Molly qui apprécie Hella accepte et toutes les deux balancent le corps dans la cage d’ascenseur de l’immeuble où habite Molly, un immeuble vidé de ses habitants qui, de gré ou de force, sont partis vivre ailleurs. Seules quelques personnes résistent dont Molly qui sait bien que la lutte sera vaine face à cette spéculation immobilière rampante. Une fois leur forfait accompli, les deux femmes se séparent, il ne reste plus qu’à attendre et à espérer que la disparition de cet homme ne soit pas découverte trop tôt.



Le roman suit alors une double chronologie : les jours qui passent pour Molly qui s’interroge sur l’identité du mort, sur les raisons qui ont poussé Hella à le tuer, et qui se met à douter de plus en plus sur cette jeune fille qu’elle a présentée à beaucoup de monde, activistes altermondialistes, anarchistes, contestataires de tout poil, etc… Est-ce que Hella est vraiment celle qu’elle prétend être, est-ce qu’elle saura se taire, ne va-t-elle pas craquer, faire tout retomber sur Molly ? En parallèle, on remonte la chronologie d’événements liés à Hella. Ce procédé m’a, au départ, agacée car je ne voyais pas le rapport avec l’intrigue. Mais rapidement j’ai compris que ce retour en arrière éclairait son acte qu’elle a présenté comme un accident, mettait en lumière sa personnalité trouble et ses véritables motivations. La fin est surprenante…Terrible… A lire absolument !

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Les Chemins de la haine

Une réussite !



Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un polar aussi bien ficelé et à l'intrigue totalement crédible et cohérente. Avec Les chemins de la haine, Eva Dolan réussit à nous tenir en haleine pendant 450 pages dont pas une n'est de trop !



À Peterborough, dans l'Est de l'Angleterre, les migrants des pays de l'est ne sont pas à la fête. Sitôt arrivés et sitôt alpagués par les gangmasters locaux qui leur promettent le gîte et le couvert en échange d'un travail dans le bâtiment. Derrière la promesse d'une épargne à venir pour bâtir un avenir meilleur, la réalité est toute autre : parqués dans des baraquements insalubres, exploités du matin au soir sans contrepartie financière, tout juste nourris, privés de liberté. Et parfois, en cas de velléité de rébellion, battus à mort.



Alors quand l'un d'eux est retrouvé carbonisé dans l'incendie d'une cabane de jardin qu'il squattait, puis un autre déchiqueté sous les roues d'un train, c'est naturellement vers ce monde à part - que tous les bons Anglais ont sous les yeux mais qu'ils préfèrent ne pas voir - que le sergent de police Zigic va se tourner.



L'intrigue est remarquablement déroulée, sans artifices ni twists à deux balles à chaque fin de chapitre, dans un rythme particulièrement agréable - en grande partie dû aux dialogues enlevés - qui fait entrer Les chemins de la haine dans le cercles fermé des "livres qu'on ne peut pas lâcher sans les avoir terminés". Sauf qu'ici, c'est vrai.



Eva Dolan travaille ses personnages et les rend particulièrement attachants - avec une mention particulière pour Ferreira - ce qui laisse penser au début d'une série. Elle ajoute un côté social objectif et jamais moraliste, sur cette Angleterre moderne à deux vitesses et ces communautés parallèles qui tentent de survivre au coeur d'une crise qui permet le retour à un esclavage moderne, dont la société s'accommode facilement en regardant ailleurs.



Vivement le prochain !
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Haine pour haine

Same player, do not shoot again !



Autant j'avais adoré le premier livre d'Eva Dolan, autant Haine pour haine - traduit par Lise Garond - m'a laissé sur ma faim, avec le goût amer d'avoir relu le même livre, en moins bien. Dommage...



J'étais pourtant content de retrouver ce même cadre de Peterborough, bourgade de l'Est de l'Angleterre, la même brigade anti-haine et le duo Zigic-Ferreira qui fonctionne si bien, et enfin ce contexte de migrants des pays de l'est échoués en Angleterre se refaisant une communauté expatriée dans un pays qui les regarde de travers.



Mais l'intrigue est inutilement compliquée, allongée et la couche politico-mafieuse ajoutée n'apporte pas la nouveauté d'intérêt attendue. D'où une certaine impatience devenue agacement au fil de ma lecture.



Il n'empêche que Eva Dolan est manifestement douée dans sa capacité à monter ses intrigues policières et à les placer dans un contexte noir et contemporain. Mais j'espère un peu de renouveau dans le prochain...
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Haine pour haine

« Haine pour haine » est le deuxième roman d’Eva Dolan traduit en français et mettant en scène une petite brigade de crimes de haine dans la ville anglaise de Peterborough. J’ai lu le premier tome « Les chemins de la haine » l’année dernière quand j’étais jurée pour le Grand Prix des Lectrices de Elle. Et j’avais beaucoup aimé ce roman policier plus sociologique que noir. Car, au-delà de l’enquête policière, Eva Dolan s’intéressait aux problèmes de l’immigration, de la difficile intégration pour ne pas dire acceptation de ces migrants venus d’Europe ou du monde qui peinent à trouver leur place dans une société en proie à des difficultés économiques.

On retrouve le même arrière-plan socio-économique avec une histoire tout aussi macabre que la précédente. La brigade doit mener de front deux enquêtes qui, au départ, ne semblent pas liées : une voiture renverse trois personnes devant un arrêt de bus, le chauffard s’est enfui. Particularité, ce sont des travailleurs immigrés qui ont été renversés. Est-ce un crime raciste ? La brigade peine à trouver un coupable et a d’autant mal à faire son travail qu’elle doit aussi résoudre trois meurtres d’immigrés, tabassés à mort par un individu qui s’est débrouillé pour faire un salut nazi devant une caméra de surveillance comme pour les narguer. Ces crimes racistes n’arrangent pas les affaires d’un député local d’extrême-droite qui s’inquiète, c’est un comble, des conséquences qu’ils pourraient avoir sur les prochaines élections. On voit là le cynisme d’un individu qui fait campagne contre l’immigration et tient des propos nauséabonds mais qui ne veut pas être débordé par des groupuscules néo-nazis jugés trop remuants. Zigic qui mène la brigade n’a pas beaucoup de temps pour résoudre ces meurtres qui pourraient déboucher sur des émeutes et des règlements de compte entre les différentes communautés de Peterborough.

J’ai beaucoup aimé ce roman et le climat dans lequel évoluent les deux personnages principaux, il montre le danger de tous ces replis communautaristes qui, si on ne fait rien, pourraient faire émerger les pires pouvoirs extrémistes. A lire donc !


Lien : https://labibdeneko.blogspot..
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Les oubliés de Londres

Un vieil immeuble londonien résiste aux pelleteuses dans un énorme chantier de rénovation, ses derniers habitants tenant de vivre dans des conditions de délabrement et d’insécurité, avec en point d’orgue un macchabée dans la cage d’ascenseur ...



Boom immobilier, prix exorbitants, destructions de vieux logements, expropriations…

Eva Dolan centre son intrigue sur les laissés-pour-compte de l’expansion économique et sur l’activisme de mouvements militants se mobilisant aux côtés des plus vulnérables. Ses personnages féminins, issus du courant protestataire de l’ère Thatcher, sont engagés, solidaires et déterminés.



Son roman s’équilibre en temporalités imbriquées (l’une avance, l’autre recule, en appui sur deux personnages: belle trouvaille!), se détournant du crime pour se centrer sur un thriller social où se dénoncent des méthodes policières musclées. La narration est sombre, en décor urbain comme en psychologie dans l’amitié trahie et la suspicion.



Partagée entre intérêt et un vague ennui au fil de la lecture, je ressors satisfaite et convaincue par une structure narrative intelligente, ronronnant traîtreusement sur une première partie, pour mieux surprendre par une conclusion inédite.

Preuve est faite avec ce troisième livre qu’il faut décidément compter avec les petites histoires sociales bien troussées de l’auteure.

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Les oubliés de Londres

Un bon roman noir sur fond de spéculation immobilière à Londres. Le mètre carré y devient hors de prix et de portée, alors on exproprie à tours de bras armés, on spolie, on fait pression. Les quartiers populaires subissent la gentrification. C’est tout à fait l’image que j’ai de cette capitale dont l’âme semble se diluer à chaque renoncement coupable de la mairie. Business is business. Voilà le cadre. Après, il y a les deux personnages principaux, Hella et Molly, deux amies réunies par un coup de matraque. Leur amitié tient le bouquin, jusque dans ses rebondissements les plus inattendus, car la victime n’est pas celle que l’on croyait. Leur couple antagoniste résume l’affrontement de deux générations de femmes. La plus ancienne : militante, engagée, que l’argent et la reconnaissance importent autant que la garde-robe de la reine d’Angleterre. La plus jeune : pragmatique sinon cynique, narcissique, pilotant sa vie à vue, au gré des opportunités. Rien n’est gratuit dans cette histoire de complicité et de renoncement, chacune d’entre elles paye un lourd tribut à son passé tourmenté. Eva Dolan dessine finement leurs portraits psychologiques. C’est rare qu’une autrice décortique avant autant d’acuité les motivations de ses personnages. On ne pardonne pas mais on comprend, au point de laisser l’empathie nous faire perdre tout jugement devant la réalité du crime. Machiavélique. La narration, conduite à rebours (on s’enfonce dans le passé d’Hella) est exigeante mais très intéressante. C’était le livre idéal pour rester confinée sans finir confite. Vive la lecture !

Bilan : 🌹🌹

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Les Chemins de la haine

Si je n’avais pas été conquis par ma précédente lecture de l’auteure anglaise, j’avoue que ce roman qui ausculte sous le couvert d’un roman policier de belle facture , la condition de ces travailleurs étrangers, attirés par les sirènes de l’Europe occidentale et celles du Royaume Uni en particulier , apporte une nouvelle saveur à un récit parfaitement maîtrisé.

Situé à Peterborough, dans l’Est de la Grande Bretagne, le roman nous entraîne dans ces quartiers périphériques, où les travailleurs immigrés de toutes origines , rêvant d’un avenir meilleur, se retrouvent entassés, qui dans des hôtels tout juste salubres tenus par des marchands de sommeil , qui dans des refuges provisoires, en attendant la bonne fortune, qui se fait cruellement attendre.

C’est justement dans un abri de fortune, plus précisément un abri de jardin , qu’est retrouvé le corps carbonisé d’un homme d’origine estonienne.L’inspecteur Dushan Zigic et sa collègue Mel Ferreira , qui font partie de la Section des crimes de haine , vont tenter de retrouver la trace du meurtrier , car assurément l’incendie est d’origine criminelle.

Leurs investigations vont leur faire découvrir la misère ordinaire de ces hommes et femmes venues ici pour fuir la misère de leurs pays respectifs, pour se retrouver quelques années plus tard dans une précarité permanente attisée par cette crise économique qui les frappe de plein fouet , les transformant en cibles idéales pour des profiteurs dénués de tout scrupule et de toute humanité.

Il faut avoir le cœur bien accroché quand on s’enfonce dans les coulisses peu reluisantes de ce monde des travailleurs immigrés. Ces esclaves d’un nouveau genre, à la merci de celui qui les emploie, pour un salaire de misère , pour réaliser des travaux pénibles par tous les temps. Employés dans un pays qui se dit civilisé alors qu’ils sont moins bien traités et moins bien considérés que des animaux…

Mi roman social mi roman policier, l’auteure britannique ne nous cache rien de cet univers-là, bien loin d’une fiction même s’il se déroule dans un roman et non dans un essai documentaire. Il fallait pour cela des personnages forts et Zigic et Ferreira sont de ceux-là. Des immigrés eux aussi qui ont dû trouver leur place et la mériter. On suit donc leurs investigations dans cet univers où l’omerta est la règle et la peur le régime qui prévaut dans cette jungle du prolétariat immigré. Le scénario, bien construit, nous embarque chaque page un peu plus loin vers les racines d’un racisme ordinaire, qui va vite se transformer en une haine farouche de l’autre, cet étranger qu’il est bon d’éliminer avant qu’il ne se reproduise.

Un témoignage nécessaire.



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Les oubliés de Londres

Après deux polars très noirs sur les ravages de la désindustrialisation et la difficile cohabitation entre les Anglais et les travailleurs immigrés, l'auteur aborde la question de l'urbanisation sauvage et de l'expropriation des plus démunis.

Le sujet est grave car c'est bien la gentrification des villes qui est abordée et la mise à l'écart de toute une partie de la population qui n'a d'autre solution que de s'éloigner du centre et donc des lieux de travail.

Suite à une fête dans un immeuble occupé, deux porte-parole militantes doivent se débarrasser d'un cadavre. Celle qui l'a tué était-elle en légitime défense, ou est-ce un meurtre ?

Des va-et-vient entre le passé et le présent vont dérouler ce qui a conduit à ce geste.





Le début est tellement poussif que j'ai dû lire quelques billets de Babelio pour me convaincre de continuer…

En effet les chapitres courts alternant le point de vue des deux femmes et les retours dans le passé ne me convainquaient pas.

La suite est en effet plus intéressante car elle pointe les zones d'ombre des activistes et des forces de police, et surtout la construction permet de faire monter le suspense avant une fin surprenante et excellente.

Mon avis est toutefois mitigé car le sujet est très centré sur la psychologie des deux femmes et la partie sociale beaucoup moins traitée que dans ses deux premiers livres, et c'est ce qui m'avait vraiment intéressée chez cet auteur.

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Haine pour haine

Dans une ville de l'Est de l'Angleterre, victime de la désindustrialisation, des assassinats d'immigrés d'origine africaine ou pakistanaise, ont lieu.

Puis, quelques jours après, ce sont trois personnes d'Europe de l'Est qui sont volontairement fauchées par une voiture.

L'affaire est prise en main par la brigade des crimes racistes, mais avec mission de ne pas trop l'ébruiter.

On est juste avant des élections et on essaie de minimiser le racisme dans cette ville.

Même le candidat d'extrême-droite essaie de se racheter une conduite et en public il condamne ces crimes et le salut nazi de l'assassin, filmé par les caméras extérieures.





Comme dans son premier roman, « Les chemins de la haine », Eva Dolan reconstitue très bien l'atmosphère de cette petite ville minée par le chômage de masse et par l'installation massive d'immigrés.

Là où le premier livre mettait l'accent sur le racisme des anglais de souche par rapport aux immigrés, dans celui-ci ce sont les rivalités communautaires qui sont mises en avant.

Ceux qui sont arrivés un peu avant se considèrent comme maîtres du territoire et sont encore plus violents que les anglais.

Le roman est très noir, heureusement on s'attache au duo de policiers que l'avait déjà rencontrés et cela permet un peu d'humanité et même d'humour.

L'intrigue est peut-être un peu moins fluide que dans le premier roman et on sent une certaine redite dans les thèmes abordés et la construction du livre.

Mais c'est un auteur qui aborde des thèmes importants et pour cela je la suivrai encore dans ses prochains livres.

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