Donner des héritiers au trône était leur premier devoir. Jusqu’au XVIe siècle, on compte plusieurs annulations de mariage pour stérilité imputée à la femme du souverain. On n’imaginait pas que la semence royale pût être impropre à la procréation et on croyait volontiers que le sexe des enfants était déterminé par la nature de la mère. Culpabilisées à la naissance d’une fille, les reines versaient des larmes et promettaient de faire mieux la prochaine fois.
Christine renonçait au pouvoir pour rechercher le calme et la solitude, mais le monde entier l’attendait, curieux de connaître le destin qu’elle allait choisir. « J’avouerai que le repos que j’ai tant souhaité me coûte cher, mais je ne me repentirai pourtant pas de l’avoir acheté à ce prix et je ne noircirai jamais mon action, qui m’a semblé si belle, par un lâche repentir ».
Il y eut des coups de foudre et des mariages d’inclination… Femmes de pouvoir, héroïnes tragiques ou simples incarnations du devoir, les reines ont tissé l’histoire de l’Europe et je dirais, paraphrasant une phrase célèbre : « On ne naît pas reine, on le devient. »
Souveraines et princesses héritières font le bonheur des médias. Elles apparaissent presque quotidiennement sur des vidéos relayées par Internet. Les plus jeunes font « la une » de la presse dite « people » et soulèvent parfois des passions. Un public attendri suit leurs apparitions, commente leurs tenues, leurs coiffures, s’enflamme pour leurs amours et pleure sur leurs déboires conjugaux. Cette proximité factice fait naître la sympathie et rapproche ces icônes modernes du commun des mortels. Le feuilleton de ces existences renouvelé à chaque génération continue d’émouvoir les foules. Ces femmes dynamiques nourrissent les phantasmes et les rêves de millions de fidèles. Dans nos démocraties, elles incarnent, à leur façon, ce qu’on appelait autrefois le mystère de la monarchie.
Les mœurs ont changé. Rome n’est composé que de gens occupés de leur intérêt particulier et dont la religion doit faire la fortune. Pas un d’eux n’est dévot, mais nul ne se le confie et l’un pour l’autre, ils affectent une rigidité qui ne permet pas au chef le moindre relâchement.
On ne sait plus que faire, hormis jouer gros jeu et faire l’amour dans les appartements, dans les combles, dans les bosquets…
Ces femmes ont toutes des relations les unes avec les autres et forment une espèce de république dont les membres toujours actifs se secourent et se servent mutuellement : c’est comme un nouvel État dans l’État.
La crédulité n’avait d’égal que le désarroi des populations.
L’intelligence est indispensable, mais il faut laisser la nature faire le reste. Vouloir exagérer la nature, c’est la perdre.
Il n’est rien de plus intéressant pour le public que d’être propriétaire d’une belle femme dont chacun tâche d’avoir l’usufruit.