AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Fabrice Nicolino (97)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Bidoche

Un livre extrêmement complet et documenté sur le scandale de l'industrie de la viande.

Oui ça culpabilise et c'est bien normal. Il montre à quel point cette industrie ravage tout: économie, vie sociale, écologie et surtout la vie tout court. Et il faudrait ne pas culpabiliser? Trop facile!

Ce livre permet d'ouvrir les yeux, de cesser de faire l'enfant. Il met à nu des années de manipulations et retire toute excuse à ceux qui ne veulent pas voir.



Je suis déjà vegan et ce livre ne fait qu'appuyer mes convictions. Je vais le faire circuler autant que possible.



Lecture indispensable pour citoyen en mal de vérité!
Commenter  J’apprécie          40
Bidoche

Répugnant, révoltant, écœurant, immonde ! Et même si je faisais déjà partie de la "tribu de ceux qui savent", ce livre va me hanter pour longtemps.



Place du Carrousel

vers la fin d'un beau jour d'été

le sang d'un cheval

accidenté et dételé

ruisselait

sur le pavé

Et le cheval était là

debout

immobile

sur trois pieds

Et l'autre pied blessé

blessé et arraché

pendait

Tout à côté

debout

immobile

il y avait aussi le cocher

et puis la voiture elle aussi immobile

inutile comme une horloge cassée

Et le cheval se taisait

le cheval ne se plaignait pas

le cheval ne hennissait pas

il était là

il attendait

et il était si beau si triste si simple

et si raisonnable

qu'il n'était pas possible de retenir ses larmes



Oh

jardins perdus

fontaines oubliées

prairies ensoleillées

oh douleur

splendeur et mystère de l'adversité

sang et lueurs

beauté frappée

Fraternité.



Jacques Prévert
Commenter  J’apprécie          192
Bidoche

Indispensable!
Commenter  J’apprécie          00
Bidoche

L'industrie de la viande c'est tout le complexe agroalimentaire qui s'est développé autour de l'élevage industriel -porcs et poulets en batterie, par exemple. Fabrice Nicolino présente toutes les conséquences négatives de cette façon de produire de la viande.



Conséquences pour les animaux concernés qui ont une vie courte et pénible avant d'être abattus.



Conséquences écologiques : on détruit la forêt amazonienne pour planter du soja (OGM) qui est la base de l'alimentation de ces bêtes. "La France fait partie des principaux responsables de cette tragédie. Elle est en effet le premier consommateur européen de soja, principalement originaire du Brésil (22% du soja exporté du Brésil arrive en France)".



Par ailleurs un kilo de boeuf "coûterait" 15 500 litres d'eau à l'humanité. Il s'agit de l'eau qui a servi à faire pousser les végétaux qui ont nourri l'animal ajoutée à celle qu'il boit et à celle qui est nécessaire à son entretien.



Conséquences pour la santé humaine : dopés aux hormones et aux antibiotiques, veaux, vaches et cochons nous amènent à consommer toute une pharmacie. Des personnes allergiques aux antibiotiques peuvent faire une réaction en mangeant une côte de porc ! Alors, "les antibiotiques, c'est pas automatique" ? Quand on mange de la viande, si, semble-t-il.



Puis ces élevages où des milliers d'animaux sont concentrés sont l'endroit idéal pour que se développent des épidémies, transmissibles à l'homme, pourquoi pas, comme la grippe aviaire.



En France cette situation s'est mise en place dans les années 1970 grâce au travail main dans la main des pouvoirs publics et des entreprises de l'agroalimentaire. Aujourd'hui des responsables politiques (ministres, députés -des noms sont cités) continuent de couvrir des situations qui m'apparaissent scandaleuses. Il semble qu'il y a des cas où on est tellement embourbé qu'il est difficile de changer de direction. Je pense à la Bretagne, région en partie sinistrée écologiquement mais aussi économiquement par l'élevage intensif. Cet aspect de la complicité (ou de l'aveuglement ?) des politiques est un de ceux qui m'a le plus choquée. Une lecture instructive donc mais qui n'engage guère à l'optimisme.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          10
Bidoche

Merci Fabrice Nicolino pour ce livre à la démonstration implacable et imparable. Ecrit en 2009 et avec quelques petits progrès depuis (de la brioche vegan en grande distribution ! Un (seul) menu végé dans les cantines scolaires...), le livre reste d'actualité par les exemples frappants qu'il recense et par la dénonciation du lobby pro-viande.
Commenter  J’apprécie          00
Bidoche

Pour un pamphlet, il est plus qu'argumenté. Le principal danger (au sens de modification radicale du regard) de ce livre est que, loin de se limiter à un cri du coeur ou à un manifeste pro-animalier, il constitue une enquête journalistique sérieuse, documentée, fouillée, et passablement édifiante. Avis aux lecteurs 'sensibles', il contient des réalités douloureuses à la lecture.

Un ouvrage nécessaire, où s'effondrent un nombre non négligeable d'idées reçues et de conditionnements.

J'avais relié une interview de l'auteur ici :

http://laclefdefa.wordpress.com/2009/10/24/bidoche-par-fabrice-nicolino/

Une autre interview concernant Bidoche est lisible sur l'Ecologithèque :

http://www.ecologitheque.com/itwnicolino.html



(Cette lecture ne rend pas automatiquement végétarien ! J'ai ajouté cette étiquette car les thèmes alimentation industrielle et végétarisme peuvent se recouvrir.)
Commenter  J’apprécie          180
Bidoche

Par sa fine analyse, construite et argumentée de notre société, Nicolino, nous montre les dérives de notre système alimentaire. De la sortie de la guerre à nos jours, les 380 pages de Bidoches sont autant d'arguments pour enfin regarder nos "amis" les bêtes et qui sait, pourquoi pas devenir végétarien... C'est bon pour l'homme et pour la planète !!
Commenter  J’apprécie          10
Bidoche

Que ceux qui redoutent les donneurs de leçons se rassurent. Ce livre ne nous exhorte pas à devenir du jour au lendemain végétarien. L'auteur lui-même reconnaît volontiers qu'il ne l'est pas.

Par contre, l'investigation qu'il mène sur l'industrie de la viande peut difficilement être plus convaincante. En effet, les scandales de la vache folle et du boeuf aux hormones avaient retenti comme des sonnettes d'alarme. Fabrice Nicolino, lui, démonte méthodiquement les mécanismes de production de cette industrie qui banalisent les risques sanitaires, la pollution et qui, comble pour une activité agro-alimentaire, aggrave la famine!

Si la charge est lourde, elle n'en reste pas moins d'une extrême pertinence. Elle repose ainsi sur un historique détaillé et documenté de ce modèle de production qui, à l'échelle mondiale, est devenu une des représentations les plus malsaines du tout-économique.

Qui a dit qu'il était noble de vouloir nourrir le monde?
Commenter  J’apprécie          80
Bidoche

Le style n'est pas exceptionnel mais le livre tient sa promesse faire passer le goût de la viande même a un fan de la bidoche.

Explique parfaitement les liens existant entre l'explosion de la consommation de viande et les périls écologiques actuel (déforestation, ogm, émission GES). Sans parler du caractère inhumain de la filière et du côté savant fou des agronomes officiels qui transforme l'animal en machine
Commenter  J’apprécie          00
Bidoche

La bidoche nous la mangeons mais savons-nous tout ce qu'il y a derrière, élevage des animaux, leur conditions de vies, d’abattage. Que nous cachent-on pour nous faire manger toujours plus de viande, encore et encore ?

Réveillons-nous et regardons la vérité en face. Ce n'est pas le cochon qui se roule dans la merde, c'est nous qui avons le nez dedans!



Livre de référence de Nicolino sur la condition animale.
Commenter  J’apprécie          71
Bidoche

Un livre coup de poing, qui décrypte les rouages de l'industrie des produits à base de viande. En ce qui me concerne, je n'ai plus jamais mangé de viande après avoir lu ce livre, en espérant que mon modeste impact ait quelque valeur, et en espérant inciter d'autres à faire de même !
Commenter  J’apprécie          00
Bidoche

Fabrice Nicolino démonte, avec plusieurs arguments convaincants, l'industrie de la viande. Il n'est pas végétarien, mais défend avec vigueur ce mode de vie. Argumenté, concis, engagé, ce livre prouve que l'industrie de la viande, telle qu'elle est aujourd'hui, est bien plus néfaste pour notre santé, pour les animaux et pour l'environnement que l'on ne veut bien nous le dire.
Commenter  J’apprécie          00
Bidoche

Je le savais. Je le savais plus ou moins tout ce que l'auteur raconte. Je croyais le savoir. Je l'avais entendu à la radio, vu dans un film engagé. Mais ça n'imprimait pas dans mon cerveau. Là je sors du bouquin avec des images pas très reluisantes dans la tête. C'est bien fait on fait le tour de la question et je me rends compte du système global que je cautionne en achetant de la viande de base. Encore une des impasses de notre système. Encore un exemple de déconnexion du vivant pour répondre à un besoin perfusé par de la communication malsaine. A voir comment ma consommation déjà pauvre en viande va évoluer. C'est pas mal écrit tout ça merci Fabrice.
Commenter  J’apprécie          20
Bidoche

Fabrice Nicolino est un journaliste spécialisé dans le domaine de l'écologie. Il anime un très bon blog sur le sujet.

Le présent livre s'attaque à un sujet souvent abordé dans le monde de l'écologie mais rarement traité dans le détail: la consommation de viande et son impact écologique incroyablement important.

L'auteur fait un tour très complet de la question : l'évolution de l'élevage et des abattoirs dans les dernières décennies, l'impact sur la santé d'une grosse consommation de viande peu naturelle, sur l'atmosphère (gaz à effets de serre notamment), les épidémies d'origine animale, pollution des rivières (Bretagne..) etc...

L'intérêt d'un livre sur le sujet est que chacun peut en tirer des conclusions radicales sur son mode de vie.
Commenter  J’apprécie          60
Bidoche

Après avoir refermé l'ouvrage de Fabrice Nicolino, je me suis félicitée d'être végétarienne depuis une vingtaine d'années ! Je ne cacherai pas que cette lecture, bien que nécessaire et indispensable, est éprouvante. Parce qu'au-delà des problèmes liés à l'industrialisation de la production de viande (pollution de notre environnement, risques sanitaires, déforestation...) il s'agit aussi de parler d'êtres vivants transformés en machines, en produits, des animaux pour lesquels personne n'a de considération, de leur naissance à leur mort. Des misérables vies, des créatures condamnées à un univers carcéral pour finir par être... bouffées.



« Un Français mange en moyenne 92 kg de viande, 250 œufs et une centaine de kg de produits laitiers par an ».



Il serait vain de vouloir résumer ce livre foisonnant et très bien documenté, je me contenterai donc de retracer brièvement quelques faits parmi les plus édifiants : L’auteur nous fait découvrir comment nous sommes passés des fermes à cette industrialisation des élevages, les standards imposés, les innovations copiées sur le modèle américain. Dans les années 1970, l’INRA expérimente les vaches à hublot ( !!) pour mieux comprendre le mécanisme de digestion et décider ensuite que les bovins ne devaient plus manger d’herbe et de fourrage mais plutôt des céréales. C’est l’ère du productivisme, des élevages hors-sol (surtout porcs, poulets). On teste, on sélectionne, bref on torture pour accroître les rendements et les animaux doivent grossir de plus en plus vite.



Dans cet univers concentrationnaire où les risques de maladies sont démultipliés pour les animaux, on comprend vite l’utilité des antibiotiques. Une manne financière pour l’industrie pharmaceutique et la nutrition animale. Car tandis qu’on « soigne » (imaginez, 30 000 volailles parquées à 25 par mètre carré…) on en profite aussi pour « améliorer » : injections d’hormones, élaboration de nouvelles nourritures, le soja transgénique, etc. On retrouve sans surprise quelques grands noms : Rhône-Poulenc, Adisseo. Que dire aussi de Nucleus ? le leader français de la génétique porcine. Les chercheurs en blouse blanche, à l’abri d’unités top secrètes, nous concoctent pour l’avenir de la viande issue d’animaux génétiquement manipulés et clonés.



Pensez-vous que tout risque sanitaire soit écarté pour autant ? Absolument pas. Même sans lire le livre de Fabrice, il suffit de remonter dans les archives de la presse pour se remémorer tous les scandales : la vache folle, les veaux aux hormones, le poulet à la dioxine, la grippe aviaire, la grippe porcine… Ces maladies sont liées aux conditions d’exploitation des animaux mais aussi à la nourriture qui leur est donnée. Le pire n’est pas d’avoir remplacé l’herbe par des céréales mais d’avoir pensé aux fameuses farines animales, celles qui contiennent aussi les résidus de nos fosses septiques. Bon appétit !



Ces élevages industriels polluent aussi notre environnement, ce qu’on appelle la Nature, sols et eaux ne sont pas épargnés. Un seul exemple pour vous convaincre : la Bretagne. La production de viande est également responsable de la déforestation en Amérique du sud (pâturages et culture du soja), laquelle joue un rôle dans le réchauffement climatique. Sans compter que le besoin effréné de viande des pays occidentaux condamne à la famine les pays du Tiers-Monde…



La FAO y est même allée de son rapport, rappelant les volumes d’eau nécessaires pour produire de la viande. « L'élevage envoie 9% des émissions anthropiques de gaz carbonique (CO2) : fabrication et emploi de machines agricoles, quantités énormes d'énergie nécessaire à l'engraissement des animaux, transports, appauvrissement des sols, déforestation, - Il émet 37% du méthane ( produit par le système digestif des ruminants Une vache émet 100 kilogrammes de méthane par an ), qui a un pouvoir réchauffant global (PRG) 23 fois supérieur à celui du gaz carbonique CO2,



- Et 65% des émissions de protoxyde d'azote (émanant du fumier ou du lisier) qui a un PRG 296 fois plus élevé que le gaz carbonique ». L'élevage industriel représente 18% des gaz à effet de serre d'origine humaine, soit plus que le secteur transport (avions, trains, automobiles..) ».



Je ne parle même pas de la biodiversité des animaux de ferme, la plupart des races rustiques ont disparu.
Commenter  J’apprécie          306
Bidoche

Question: combien d'animaux sont tués, en France et par an, pour nos besoins alimentaires?

Ce livre est une enquête à travers l'industrie de la viande où rien ne nous est épargné:les lobbys, les liens incestueux entre industrie et recherche, le traitement violent fait aux animaux, les terres destinées à nourrir le bétail alors que les populations proches ont faim...

L'ouvrage est trés documenté et argumenté; depuis je ne mange plus de viande que le week-end!
Commenter  J’apprécie          50
Bidoche

La Bidoche… C’est derrière ce terme aux sonorités ronflantes, évocateur à lui seul de tout un arsenal symbolique de confort, de plaisir et d’authenticité bien franchouillarde que se dissimule ce qui, aujourd’hui et selon Fabrice Nicolino, n’a plus rien à voir –je veux parler de l’industrie agroalimentaire de la viande.





Fabrice Nicolino n’y va pas par quatre chemins : son livre réunirait à lui seul toutes les informations jamais dévoilées jusqu’alors concernant la bonne bidoche du supermarché, consommée à hauteur de 92 kg par an et par habitant en moyenne en France. Pour ce faire, il double son essai d’une construction narrative digne d’un thriller d’autant plus absorbant et scandalisant que tout est authentique. Même si, on le verra, à force d’être convaincante, la lecture de Bidoche risque de se prendre à son propre piège de fiabilité et d’objectivité des sources…





Il est indéniable en tout cas que Fabrice Nicolino n’emprunte aucune des voies déjà longuement arpentés par les écologistes les plus médiatisés. En cela, son livre diffère radicalement des propos parfois trop proprets destinés au grand public en recherche de rédemption, et livre des considérations surprenantes qui conduiront souvent le lecteur bien plus loin que prévu. Je n’aimerais pas énoncer quelques-uns des sujets abordés dans Bidoche car tout résumé serait forcément réducteur, mais comment rendre compte autrement de l’affolement justifié que provoque cette lecture ? Affolement qui ne tient pas à l’écriture sèche et ironique de Fabrice Nicolino, bien loin de l’alarmisme forcené de confrères qui chercheraient à convaincre le plus réfractaire aux avertissements écologiques. Ceux-ci sont sans doute pris au piège d’un dualisme étroit entre émotion –poids de l’imagerie populaire de force et de santé véhiculée par la viande, sentiment d’appartenance à la fratrie humaine victorieuse, vengeance assouvie de siècles de domination de la nature…- et raison –que Fabrice Nicolino cherche à renforcer en nous livrant maints arguments qui devront nous faire prendre conscience de l’influence gigantesque de l’industrie agroalimentaire animale. Croire que l’opposition à ce système se réduit à vouloir sauver de mignons animaux dans un monde qui relève de l’innocence des Bisounours, c’est poser des visières à son regard et limiter la viande à l’animal. Or, ce n’est pas le cas. La viande interroge également les questions du développement durable, de l’accès des populations pauvres à un mode de vie digne et respectueux des droits de l’homme, de la juste répartition des denrées alimentaires à travers le monde et des conséquences sanitaires d’une surconsommation d’antibiotiques. La viande nous apprend également que nous ne batifolons pas dans la plus transparente des sociétés, et que derrière les démocraties les plus perfectionnées en apparence, les lobbies continuent à se livrer à des duels dignes des assauts de cavalerie du Moyen Âge.





C’est dans ce dernier aspect que la Bidoche de Fabrice Nicolino commence véritablement à prendre le goût de la pourriture. Que l’industrie de la viande ait des conséquences néfastes sur l’environnement, le développement social et économique des populations pauvres ainsi que sur notre sécurité sanitaire est plus ou moins connu de tout le monde. Chez certains, comme le rappellera non sans humour Fabrice Nicolino, cet aspect prendra rapidement des tournures volatiles grâce au génie du déni tout-puissant :





« La conscience humaine dispose de mécanismes d’une rare puissance pour se préserver de l’angoisse de certaines révélations, du constat de certains faits. On regroupe ces phénomènes sous le nom de déni, et chacun sait que cela peut aller très loin. »





Non seulement cette réaction devrait-elle être mortificatoire par sa seule existence, elle est en plus encouragée par la manipulation de brillants membres des lobbies les plus puissants –ceux qui cherchent à affirmer la pérennité et l’hégémonie d’un système capitaliste dont la réussite se mesure à l’aune du taux de croissance. Présentée telle quelle, cette affirmation ne provoquera peut-être rien de plus que l’évidence : nous savons tous qu’aucune société n’est totalement transparente, que chacun cherche à défendre ses intérêts propres, mais ce que nous pouvons en revanche ignorer, c’est dans quelles proportions se manifeste ces concours de langues de bois. Pourquoi cherche-t-on à tout prix à nous refiler de la viande ? Pour le savoir, plusieurs points de départ sont admis. La première rupture peut être théologique : c’est celle qui met fin à un certain animisme et qui propose une religion au sein de laquelle les animaux deviennent les représentations malsaines des mauvais penchants de l’âme –le Diable/taureau en tête. Elle peut être aussi cartésienne : c’est celle qui réduit les animaux à la vision de machines. Elle peut enfin être économique : c’est celle d’une France détruite par les ravages de la Seconde Guerre mondiale et qui admire l’industrie triomphante et radicale de ses victorieux alliés les Etats-Unis. Fabrice Nicolino se concentre surtout sur cette dernière rupture pour expliquer l’achèvement de l’industrie agroalimentaire telle que nous la connaissons aujourd’hui, même si les précédentes ruptures ont également pu contribuer à la modification en profondeur des rapports entre l’homme et l’animal.





Ces chapitres sont passionnants. Ils montrent comment l’homme, dans sa quête du meilleur, dans les énormes appétits qu’il nourrit à court terme, peut se laisser griser par des solutions miraculeuses sans jamais réfléchir sur leurs conséquences. A partir des années 40, tout paraît simple : la relance économique de la France passerait par l’imitation du système économique américain. Une agriculture forte permettrait de relancer l’industrie, et le reste suivrait en fanfare. En quelques mesures, en quelques années, tous les problèmes disparaissent. Les animaux ne prennent plus de place : on les entasse en leur ôtant les moyens de réguler le stress résultant de la promiscuité. Les animaux coûtent moins cher : on leur donne de la merde à bouffer, les condamnant parfois au cannibalisme. Les animaux deviennent plus productifs : les antibiotiques augmentent rapidement leur croissance et les sélections des animaux les plus fertiles permettent de faire plus de marmaille plus rapidement. Entre autres. A se demander pourquoi personne auparavant n’avait jamais osé y penser.





Lorsqu’une réponse à cette dernière interrogation finit par prendre forme, lorsque les premiers signes de la non-durabilité de ce système commencent à apparaître, l’emballement est devenu tel qu’il n’est plus vraiment possible de faire marche arrière. Les mangeurs de bidoche sont déjà fermement convaincus que le confort et la modernité sont indéniablement liés à la consommation de viande. Pour éviter qu’ils ne changent d’avis, il faut continuer à les entretenir dans cette croyance. C’est l’éclatement kafkaïen d’une myriade d’institutions aux noms tous plus opaques les uns que les autres, employant des membres d’autant moins reconnaissables qu’ils passent d’un lobby à un autre avec une habile discrétion, rendant les tours de passe-passe difficilement reconnaissables. L’Inra perd son mythe d’objectivité scientifique lorsqu’on apprend que Coca-Cola peut financer sans problème une étude concernant l’hydratation des Français, et l’Eufic (Conseil européen de l’information et de l’alimentation) siégeant à Bruxelles ne semble pas non plus digne de confiance :





« Ne siègent au conseil d’administration de l’Eufic, outre Danone, Mc Do et Coca, bien connues de Mme Belliste, des représentants de Barilla, Cargill, Cereal Partners, DSM Nutrional Products Europ Ltd. , Ferrero, Kraft Foods, McCormick Foods, Mars, Nestlé, Novozymes, PepsiCo, Pfizer Animal Health, Procter et Gamble, Südzucker, Unilever… »





Au-delà des informations brutes suffisamment évocatrices livrées par Fabrice Nicolino, son livre nous pousse à nous interroger sur les raisons et les possibilités d’existence d’une pareille mauvaise foi, celle évoquée par Jean-Paul Sartre dans L’être et le néant. La disproportion entre les intérêts sauvegardés à court terme et les risques que nous encourons à long terme, par la survivance de ces premiers, relève d’une absurdité que le système inhumain de l’industrie animale traduit parfaitement.





Peut-être, pour se défendre dans ses propres habitudes de consommation, pour se reclure dans une bulle de confort que Bidoche ne parviendrait pas à atteindre, peut-on prendre Fabrice Nicolino à son propre piège et lui demander des comptes concernant ses propres sources et références. Celles-ci sont toujours indiquées et semblent bien n’avoir aucun rapport avec les lobbies économiques les plus puissants, mais qui peut vraiment savoir et revendiquer l’exactitude des chiffres, des faits ? L’industrie agroalimentaire a des conséquences sur le monde entier –c’est une des raisons de l’horreur qu’on ressentira à la lecture- et devant l’ampleur d’une telle domination digne d’un paradigme moderne, qui peut encore prétendre avancer des données exactes ?





On reconnaîtra là que ce n’est qu’un détail. Les statistiques et données chiffrés peuvent n’être pas tout à fait représentatives, ce serait encore de la mauvaise foi d’affirmer qu’un défaut de décimale ou de virgule, ainsi que le relève le site Agriculture et Environnement (lien), réduit à néant l’analyse et la réflexion que devront inévitablement provoquer la lecture de Bidoche. Encore plus convaincant que Jean-Paul Sartre, Fabrice Nicolino nous renvoit à nous-mêmes et à notre propre conscience. Lire Bidoche, c’est se forcer à se positionner vis-à-vis de la question de l’industrie agroalimentaire, aussi bien que l’on décide de ne rien faire et de nier les conséquences, ou que l’on décide de se remettre en cause à quelque niveau que ce soit.


Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          277
Ce qui compte vraiment

Le nouveau livre de Fabrice Nicolino traite d’un sujet qui lui tient à coeur, cette urgence écologique qui devrait pousser tout un chacun à réagir et agir de manière significative. Comme à son habitude, l’auteur présente de manière implacable, l’état du malade, notre planète, lequel est plus que préoccupant, et le diagnostic est sans appel. Choisissant cinq thèmes, la campagne française, la restauration des écosystèmes dans le monde; l’état des mers et océans avec un point sur la pêche; les rivières; et enfin la cohabitation avec les animaux, l’auteur déroule son argumentaire truffé d’exemples saisissants.



Pour le lecteur attentif du blog de Nicolino, Planète sans visa, certaines informations, pour ne pas dire la plupart, ne seront pas à classer dans les scoops ! Le journaliste a entrepris un travail colossal depuis plusieurs années consistant à écrire encore et encore maints billets sur l’écologie, et sur pratiquement tous les sujets ou peu s’en faut. Cet ouvrage est en quelque sorte une compilation de certains thèmes, et emprunte également des données de précédents livres comme celui sur les pesticides.



Mais pour le lecteur et le citoyen lambda, certaines de ces informations, qui sont peu ou pas relayées par les médias traditionnels, risquent fort de paraitre non seulement déprimantes mais surréalistes. Devant tant d’atrocités et d’horreurs commises pour mettre à genoux un bout de nature ou une espèce animale, il est difficile de ne pas être authentiquement « sonné » et on pourrait presque se dire que non, cela n’a pas pu arriver, ça se saurait, les gouvernements auraient réagi… Que nenni, et c’est bien là la tragédie.



Or, si on ne peut donc plus compter sur les élus, les politiques en cheville avec les puissants lobbies mortifères, que faire ? Résister, se secouer les puces et changer notre perspective du monde.



Et voilà où se situe, à mes yeux, le premier point faible du livre. Fabrice Nicolino propose bien, en fin de chaque chapitre, un autre regard, un début d’idée ou d’action. Mais après ? Qui fait quoi ? Qui a envie de faire quelque chose ? Vous, moi et quelques imbéciles heureux comme nous. Bon.



Je vais donner un exemple tout bête : on n’a jamais autant parlé de la crise climatique, même si elle n’a pas l’air d’affoler tout le monde, ni de la réelle nécessité de planter des arbres, de conserver les forêts. Chacun y va de son discours, réunions, plans d’actions, programmes dédiés, animations à tout-va, journée mondiale des forêts, etc. Et moi, dans mon petit département rural pas trop peuplé, depuis 2 ans, je n’ai jamais autant vu d’arbres coupés dans les bois et forêts ni de haies arrachées ou taillées au minimum. Juste dans mon département. Et faire quoi ? Se battre contre les forestiers, les collectivités locales, les agriculteurs ? Comment ? Maintenant que le mal est fait, dans une indifférence quasi générale, qui se soucie du sort de ces arbres, qui se lamente devant ce désastre qui se traduit par des paysages désolants où subsistent des moignons d’arbres ?



Fabrice Nicolino ne peut pas, et c’est bien compréhensible, donner de solution miracle, juste un peu d’espoir si on est encore assez optimiste pour y croire.



Le second point faible peut paraitre anecdotique mais je regrette qu’il ait passé sous silence ce qui constitue, selon moi, le plus préoccupant des problèmes : la surpopulation humaine, la démographie galopante d’homo sapiens. Certes, et j’en ai bien conscience, c’est un sujet à manier avec précaution, qui réveille de douloureux échos. Mais sur le strict plan écologique, ne pas évoquer le trop grand nombre d’humains sur terre, même inégalement réparti (mais pour combien de temps encore ? ) me parait regrettable. C’est une question de place, de qualité de vie – que nous devons à tous – de cohabitation avec les autres espèces. Si on ne règle pas ça, on ne règle rien. Peut-être que je me trompe, que je ne suis pas une scientifique, que je ne sais pas grand-chose au final, mais de cette constatation, je suis certaine.



Malgré ces deux réserves, mais mon opinion est personnelle et totalement subjective, je ne crains pas de dire que ce livre doit être lu. Et pour ne pas terminer sur une note pessimiste, je dois bien reconnaître que les choses et les gens bougent et changent, parfois de manière inespérée. Des initiatives se créent, des citoyens se mobilisent. Ces petits ruisseaux qui se créent un peu partout formeront-ils une grosse rivière ? Je n’ai pas la réponse, mais je l’espère.
Lien : https://labibliothequedefolf..
Commenter  J’apprécie          72
Ce qui compte vraiment

Voici un essai qui pour moi est à mettre entre toutes les mains. Je suis heureuse d’avoir lu un livre qui traite de l’écologie à échelle mondiale. L’individu que nous sommes n’est pas attaqué, ni agressé. Pas de dictature écolo. Ce sont les sociétés elles-mêmes qui sont pointées du doigt, les gouvernements, les ministres qui légifèrent à l’encontre de la logique, au détriment de la vie qui nous entoure et dont nous dépendons et, bien sûr, ce que nous savons tous, au bénéfice de leurs comptes en banque.



Ecologie. Définition du Petit Robert : Etude des milieux où vivent et se reproduisent les êtres vivants ainsi que des rapports entre ces êtres avec le milieu.



Et c’est bien de ça qu’il s’agit ici, l’étude des milieux. Terres, océans, roches, rivières, ciel, toutes ces biosphères modifiées, mortes pour nombre d’entre elles entraînant la disparition d’êtres vivants parmi la faune et la flore à une rapidité fulgurante.

Fabrice Nicolino est journaliste et écrivain. Il nous décrit des faits, il nous donne des noms, des chiffres absolument fous, il démontre les processus qui engendrent des bénéfices colossaux mais qui entraînent destructions multiples, pas seulement pour l’animal et son lieu de vie, mais pour tous les êtres vivants y compris l’homme, bien entendu. La folie de l’homme est bien réelle. Est-il possible de faire marche arrière ? L’auteur n’y croit pas, mais il a bon espoir d’un renouveau, d’une certaine harmonisation en nous citant des exemples concrets, récents, de quelques pays ou régions qui ont oeuvré pour une meilleure cohabitation entre l’homme et la nature environnante et qui ont porté leurs fruits.



Un essai très facile d’accès, au style vivant et percutant qui m’a bien donné envie de lire d’autres ouvrages de l’auteur.

Commenter  J’apprécie          245
Itinéraire d'une goutte d'eau

Une pure merveille des photos à couper le souffle!

Ce livre réunis 20 ans de travail de photos naturaliste.

Il nous fait rêver, voyager, tout au long des pages.

Une goutte d'eau, nous semble insignifiante et pourtant son voyage est digne des plus grands voyages de ce monde....

Gelée, à l'état gazeuse ou en masse on se laisse bercer pour la poésie de ce livre.
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Fabrice Nicolino (409)Voir plus

Quiz Voir plus

Quizz sur l' album de Tintin "les cigares du pharaon "

Quel est le nom de l 'égyptologue ? Philemon ...

Siclone
Ciclone
Siclonne
Ciclonne

10 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Les Cigares du Pharaon - Les Aventures de Tintin. Quatrième plat B14 / Dos jaune - 1955. de HergéCréer un quiz sur cet auteur

{* *}