Rendre justice, c'est aussi réparer, panser, cautériser, nous sommes des médecins de la mémoire, tu comprends ?
"La mort lui aura appris à jouir des minuscules plaisirs qui lui restent ."
« Tu m’as offert une belle histoire. Trop courte, mais si belle. » Cette formule, qu’elle murmure tous les jours, est son arme secrète pour mener la guerre à l’oubli. Il n’avait que cinquante-neuf ans quand un cancer l’a emporté.
Le courage, c’est d’aller au delà du découragement.
Ils sont bronzés, souriants,déliés "comme si la vie les aimait".
Ceux qui vivent sont ceux qui luttent. Et ceux qui meurent?
Une amie psy de Dominique lui a un jour résumé la situation des femmes sous emprise : " Si on la plonge dans l'eau bouillante, la grenouille va s'échapper d'un bond. Mais si la température grimpe petit à petit, elle ne va pas prendre conscience du danger et finira par mourir ébouillantée."
Une famille est au pire unie par des habitudes, au mieux par de l’amour. Malgré nos affrontements, nous détenions l’amour mais il n’en reste qu’une mémoire en lambeaux. Papa parti, Isabelle et moi loin, maman seule.
La fraternité est sans doute le plus trouble, le plus ambigu des sentiments familiaux. La mauvaise herbe de cet amour qui vient du sang. Le plus compliqué à situer, le moins vital, parfois le plus léger et le plus joyeux aussi. C'est un territoire naturel où règne une brutalité sauvage. Les règles y sont tantôt d'airain, tantôt méprisées et balayées d'un souffle. Une zone où l'on se permet tout, sans seconde chance. "Parce qu'on est frères." "Parce qu'on est soeurs." S'aimer y semble évident, se détester est presque un droit, couper les ponts est une solution définitive osée si facilement. On ne se rend pas compte quand on fait trop mal. "A la vie, à la mort", la devise des frères d'armes. On peut aussi frôler des zones frontières comme l'amitié et le sexe, tout y est possible. En comparaison l'amour filial est presque simple, balisé par ses codes verticaux, le respect, l'autorité. La fraternité est horizontale, ouverte à la passion, la concurrence et la jalousie, l'admiration, le mépris et la haine. Surtout, elle n'a pas de limites.
Il y a deux mois j’étais curieux en me garant près de la maison de mon enfance. Aujourd’hui, je suis honteux d’y voir un refuge.